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24/10/2007

VALBERG: LE ROCHER DE L'OR DU DIABLE

De tout temps, l’attrait irrésistible de l’or, caché dans les entrailles de la terre, a troublé la conscience de l’homme. Du Veau d’or à l’alchimie médiévale, en passant par le mythe de Faust, cette passion millénaire ne devait pas épargner les gens des montagnes des Alpes Maritimes.

Là-haut, l’isolement et la pauvreté stimulèrent davantage cette quête éperdue où le succès apparaît aussi incertain que les aventures des chercheurs d’or de l’Ouest américain.

Au nord-est de la station de Valberg, sur les pentes du Mont Mounier, sous le col de Crousette où passe le G.R.5, ondule la «crête du rocher de l’or » qui renferme dans ses flancs, d’inestimables quantités d’or, sous forme de bijoux et de pièces de monnaie anciennes.

Ces trésors sont interdits à tous, sauf une fois l’an, le dimanche des Rameaux.

Les roches encore enneigées s’entrouvrent alors, pour quelques minutes quand les cloches des alentours annoncent l'instant de l’Elévation. Il faut naturellement beaucoup de courage et de dextérité pour se risquer dans cet antre. Des sorcières aux dents longues, des monstres horribles et répugnants sont là, prêts à capturer l’intrus de leurs ongles crochus. D’autres créatures  diaboliques, tout aussi effrayantes, tentent de faucher l’importun en lui criant : « Tu sais comment tu es entré, mais tu ne sais pas comment tu sortiras ! ». Un dragon aux yeux rouges souffle des flammes de sa bouche incandescente.

Le cœur battant, il faut s’activer et ramasser le plus d’or possible, sortir ensuite précipitamment avant que les cloches n’achèvent leur carillon ! Le malheureux qui s’attarde et ne réussit pas à se glisser dehors avant la fin du signal, restera prisonnier des monstres jusqu’à l’année prochaine.

 

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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22/08/2007

LES LOUPS ET TONIN LE MULETIER

En ce temps là, le village de Tende palpitait au rythme des allées et venues de ses muletiers courageux et tenaces. De génération en génération ils se transmettaient leur dur métier et l'amour du pays. C'est ici que grandissait Tonin qui aimait courir à travers champs avec l'insouciance de la jeunesse. Son père assurait les besoins de la famille en transportant des marchandises à dos de mulet. L'homme et l'animal étroitement liés, partageaient, depuis de nombreuses années, déjà, peine et fatigue. Depuis longtemps, ils prenaient le chemin qui conduit vers la mer et attendaient l'arrivée des goélettes dans le port de Villefranche. Là, s'effectuait le chargement de la plus précieuse des denrées, le sel. Alors commençait pour eux deux, la longue et pénible route qui mène à Cuneo. Le père de Tonin, sentant ses forces l'abandonner, décida un jour, que l'heure était venue de transmettre à son fils tout ce que son propre père et la montagne lui avaient appris. Mais, l'homme vieillissant avait trop attendu pour entreprendre un tel voyage. Il devait pourtant respecter son engagement et assurer la livraison aux tanneries. Il s'arrêta soudain en chemin, plaça les rênes dans les mains de son fils et lui dit: « Tu es encore bien jeune pour traverser seul les montagnes, mais j'ai confiance en toi, pars avec le mulet. Au bout de la route, tu auras grandi mon enfant, allez-va ! ». Tonin reçut le message de son père avec gravité. Troublé d'abord par la responsabilité qui l'attendait, il jeta un regard vers l'homme immobile, l'embrassa et s'engagea sur la route en lançant un « avanti » énergique au mulet. L'enfant et la bête quittèrent le bord de mer en direction de l'intérieur des terres. Les bruits de la ville s'estompaient, les cris des pêcheurs qui ramenaient les poissons se perdaient dans la brise marine. L'animation citadine était derrière eux. Les maisons se faisaient rares. Ils se dirigeaient vers des lieux plus calmes, plus silencieux. On n'entendait plus que les bruits des sabots qui martelaient le sol et le tintement des cloches du harnais. L'ensemble émettait une musique joyeuse qui rythmait les pas du jeune garçon. Le paysage changeait. Tonin admirait les collines environnantes, il écoutait le bruissement des branches des arbres que balançait un vent léger. A l'odeur acre de transpiration du mulet se mêlaient les parfums subtils des fruits, de la terre humide et de l'herbe mouillée par la rosée du matin. Il respirait la nature et s'enivrait de toutes ces senteurs. Il allait d'un pas léger, quand, soudain, au détour du sentier, il fut contraint de s'arrêter. Des arbres immenses, recouverts de piquants, aux troncs torturés, aux branches entrelacées, l'empêchaient d'avancer. Courageux, il essaya de se frayer un passage, mais il se piqua. Il comprit qu'il fallait trouver une autre solution car, s'il insistait, le mulet se blesserait et les sacs se déchireraient. Comment franchir cet obstacle ? Alors qu'il cherchait désespérément une solution une drôle de branche attira son attention, elle ressemblait étrangement à une flûte. Surpris, il essaya d'en jouer, mais il n'obtint que des sons stridents. « Peu importe, j'aurai tout le temps d’apprendre en route » pensa-t-il, tout en soufflant encore une fois. Aussitôt le bruit étrange émis par la flûte eut un effet inattendu, les rameaux se tordirent, les arbres se rompirent, le bois craqua. La voie était  libre. Tonin et le mulet reprirent la route et atteignirent l'Escarène sans encombre. Aux premières inquiétudes succédèrent les souvenirs, ceux-là mêmes qui allaient le guider. Pendant les veillées, les anciens parlaient souvent de deux voies qui se détachaient à l'Escarène. La première à gauche conduisait vers trois cols, la deuxième, celle qu'il devait emprunter, vers deux autres cols. Toutes deux se rejoignaient à Borgo San Dalmazzo, là où commençait la plaine. Alors même que leurs paroles faisaient écho en lui, il entendit des hurlements lointains. Les loups ! La peur le cloua sur place tandis que les cris se rapprochaient. Le mulet, proie idéale, céda à la panique. Les deux mains cramponnées sur la longe, Tonin tentait désespérément de remédier aux écarts et ruades de la bête. Tout à coup la corde fila entre les mains moites de l'enfant et l'animal libéré fonça droit devant lui puis s'arrêta net, tout près d'un oratoire bien connu des muletiers. Dans un flot de larmes, Tonin laissa échapper quelques mots " Petite Madone...  je t'en supplie, aide-moi... ". Quelque peu soulagé par ces paroles, il eut alors l'idée d'allumer un feu pour éloigner les loups. En hâte, il ramassa du bois sec et fit une belle flambée. Les loups tout proches s'immobilisèrent à la vue des flammes. Gagné par la rage de vaincre, Tonin s'empara d'une poignée de sel qu'il lança dans le feu en hurlant. Les flammes s'élevèrent en un feu d'artifice improvisé entraînant un mouvement de recul dans la meute. Tonin brandit alors son bâton de pèlerin vers l'agresseur tout en menaçant: "Maudites bêtes, partez" Les loups reculèrent jusqu'à la lisière de la forêt puis, à la queue leu-leu, s'enfoncèrent entre sapins et les mélèzes. L’enfant métamorphosé par la victoire, s'approcha du mulet encore inquiet et le caressant lui murmura à l'oreille: " On les a eus, on est les plus forts! " Puis songeur, il savoura cette force qui naissait en lui. Héritier d'une longue tradition, il refit les gestes maintes fois effectués par les anciens: Il cueillit des gentianes, des lys et des carlines et composa un bouquet en offrande, à la Madonette. Les rênes de son mulet bien en main il emboîta alors le pas à tous ceux qui, avant lui, avaient gravé leur passage dans la pierre. Quand ils arrivèrent devant la tour du Pont Vieux qui enjambait la Bevera, le chemin à parcourir semblait interminable à l'enfant. Fatigue et solitude augmentaient son inquiétude à l'approche de la nuit, souveraine des lieux. Mieux valait s'arrêter! Il abrita son mulet sous des branchages et s'allongea sur des planches recouvertes de mousse, les yeux rivés au ciel. De Cassiopée ou de la Petite Ourse, avec laquelle de ces constellations trouverait-il le sommeil ? Soudain une ombre gigantesque masqua le ciel étoilé, des nappes de brouillard montaient de la vallée et enveloppaient le paysage. Il devait rapidement sortir du bois avec son mulet. Accroché aux buis et aux genévriers il tentait vainement de se frayer un chemin. Devancé par les éclairs, il fut pris dans un vacarme assourdissant. Le tonnerre gronda et résonna d'une montagne à l'autre. Tandis que les roulements s'intensifiaient, la foudre embrasa les cimes. La pluie mêlée à la grêle tambourinait sur les branches. Plus rien ne contenait les éléments déchaînés. Un véritable ouragan pliait tout sur son passage. Arc-bouté sous l'assaut des rafales de vent, Tonin avançait en éclaireur dans la tourmente. Et puis tout s'apaisa. La résistance des deux compagnons leur permettait maintenant de rejoindre la vallée. Là, sans doute avec l'accueil et le réconfort d'une petite auberge retrouveraient-ils des forces pour affronter les éléments hostiles. Après une bonne nuit de repos, Tonin re-bâta son mulet, arrima les sacs et reprit la route abandonnant derrière lui toutes ses préoccupations d'enfant. Il longea quelques temps des terrasses complantées d'oliviers puis pénétra dans une enfilade de gorges creusées dans les roches mauves et vertes. Il retrouvait là les couleurs des lauzes de son village. Il entrait dans le canyon comme dans la gueule d'un monstre et progressait le long d'un sentier étroit et pierreux véritable menace pour le moindre faux pas. Tonin guidait prudemment son mulet, quand tout à coup, un individu surgit de derrière un rocher en lui barrant la route. Petit, trapu, le regard sévère, le « gabelier » exigea le versement d'un Louis, taxe réclamée à tous les muletiers. Dépourvu d'argent, Tonin se trouvait dans l'embarras. Ne pas payer signifiait rebrousser chemin. Pour ne pas en rester là, il se mit en quête d'une solution et se souvint soudain de la flûte. Taillée dans une essence mystérieuse pourrait-elle servir de monnaie d'échange ? Le cœur serré à l'idée de s'en séparer, il s'apprêtait à en proposer le marché quand un phénomène insolite se produisit. Une force étrange l'anima, l'obligeant à porter l'instrument à sa bouche. Ses doigts d'une extraordinaire agilité s'animèrent malgré lui. Cette fois, plus de sons gémissants et tourmentés mais une mélodie ensorcelante qui s'échappait de la flûte. Tonin virtuose, élevait sa musique produisant un véritable enchantement. Aux premières notes, les paupières de 1'homme se firent lourdes, ses jambes se dérobèrent, il tomba dans un profond sommeil. Sans perdre un instant, Tonin s'empara des rênes du mulet et se hâta de franchir les gorges. Il savait que bientôt, sur les hauteurs se profilerait Tende à qui il n'accorderait que la faveur d'un regard. Il traversa son village et s'engagea sur la route du col, dernière étape, ultime difficulté avant d'atteindre son but. La nuit tombait, les nuages et la                         brume enveloppaient le paysage. Il était las, las d'avoir marché des jours et des jours, las de la solitude. A sa fatigue s'ajoutait l'inquiétude. Il entendait encore les derniers conseils de son père avant son départ : « Lorsque tu franchiras le Col de Tende, redouble de vigilance! ». L'anxiété s'empara alors de lui. Il se souvint que les muletiers évoquaient souvent les dangers de cette sente rocailleuse marquée par les sabots des bêtes. Il pensa à cette suite interminable de lacets qui serpentaient à flanc de montagne et aux gorges vertigineuses où tant d 'hommes avaient déjà péri.  Non! C'en était trop! Il n'avait plus le courage d'avancer. Epuisé, son être entier refusait de poursuivre. Instinctivement, son mulet d'ordinaire si calme, perçut sa fatigue et s'agita. A plusieurs reprises, il poussa Tonin de la tête pour l'encourager à réagir croyant à un jeu de sa part, Tonin répliqua aussitôt : «Arrête, je n'ai pas envie de jouer ! » Mais le mulet sensible au découragement de son maître reprit de plus belle. Leur survie était en jeu. Tous deux devaient unir leurs efforts pour livrer leur chargement. Tout à coup, complices avec l'animal, de fortes rafales de vent balayèrent les nuages en un instant et la lune apparut. Majestueuse et parfaitement ronde, elle inondait le paysage de ses reflets d'argent. Eclairées, les hautes cimes devenaient plus rassurantes et le paysage grandiose. Tonin regardait l'étroit chemin pierreux qui conduisait au sommet, le long des pentes abruptes. Il devait s'y engager et accomplir sa mission. C'est alors qu'il aperçut, dominant la vallée, une imposante construction. La Cà, dernier refuge pour l'homme et la bête, semblait lui faire signe. S'ils l'atteignaient, ils pourraient y reprendre des forces. Le vent frais des cimes amena vers lui un air de « courentà ». D'autres muletiers sans doute ! Transporté par cette musique joyeuse et entraînante il caressa son mulet et reprit sa route. Chaque pas plus léger, il accéléra son allure et vint à bout de ce désert rocailleux. Dès l'aube, il fila le long des derniers lacets, assuré désormais qu'aucun obstacle ne l'arrêterait. Sur les hauteurs des cimes l'enfant et son mulet s'immobilisèrent. Tonin, songeur, promena son regard dans le lointain. Fasciné par la lumière du jour naissant, il contempla la mer, minuscule tache bleue au fond de 1 'horizon. Des yeux, il redescendit la sente sinueuse.

La lutte de l'enfant et du mulet, indissociables, était là, inscrite dans la terre et dans la roche. Fier du labeur accompli, l'enfant s'effaçait pour faire place au muletier.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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08/08/2007

LE DIABLE DANS LES CONTES DE L'EST DES ALPES MARITIMES

A la fin du XIX ème siècle, le britannique James Bruyn Andrews, en patient ethnologue, récolte entre Menton et Gênes ses « Contes Ligures ». Ces récits traditionnels, collectés en dialecte, puis traduits avec fidélité, relatent entre autres les prouesses du Diable. Ces écrits méritent notre intérêt par leur touchante authenticité. Les Alpes Maritimes sont concernées par les localités de Roquebrune, Menton et Sospel.

 ROQUEBRUNE Le conte suivant, recueilli à Roquebrune, s’intitule : « La Fille du Diable ». Bien qu’averti par son père, un jeune pêcheur téméraire posa ses filets dans les eaux interdites d’un lac où séjournait le Diable. Devenu son prisonnier, il devra relever trois défis pour éviter sa mort. Il réussira à assécher le lac grâce à la complicité bienveillante de la fille cadette du Diable. De même, avec l’aide de la jeune fille, il parviendra à récupérer un nid contenant deux œufs, au sommet d’une haute tour. Le Diable lui promet alors une de ces filles, s’il retrouve un anneau, égaré au fond d’un puits. Pour réussir cette ultime épreuve, le pêcheur aura encore recours à l’assistance de l’aimable fille du Diable laquelle lui demande pour cela, de la découper en morceaux et de la jeter dans le puits. Elle reviendra à la surface reconstituée, mais privée d’une phalange du petit  doigt de pied. Cette mutilation malheureuse permettra au jeune pêcheur de l’identifier et de la choisir les yeux bandés, parmi ses cinq sœurs. Auparavant, le Diable toujours aussi fourbe, tentera de le supprimer pendant son sommeil, en l’écrasant sous une meule de moulin, ceci afin de ne pas avoir à honorer son contrat. Mais prévenu par sa fille, il avait su cette nuit là, éviter de coucher dans son lit. Après cela, menacés par les foudres du père, les deux jeunes mariés s’enfuient en lui volant un cheval. Sur le point d’être rattrapés, la fille confie à son époux qu’elle dispose de trois dons. Elle utilise le premier, en transformant le cheval en chapelle, son mari en curé et elle en servante. Trompé par le curé qui dit n’avoir pas vu les fugitifs, le Diable retourne chez lui dépité. Là, sa femme lui explique la nature réelle du faux curé et de sa servante. Il repart pour être à nouveau mystifié par le couple : le cheval devenant rosier, le gendre changé en chasseur et la fille en oiseau. Le Diable rentre chez lui où sa femme l’éclaire encore sur les apparences trompeuses qui l’ont abusé. Nouvelle traque du Démon, obligeant sa fille à utiliser son dernier don pour transformer le cheval en rivière, son mari en pêcheur et elle en anguille. Après que le pêcheur lui eut dit n’avoir rien vu, le Diable retourne chez lui où sa femme le renvoie sur la piste des fuyards qui l’avaient encore une fois berné. Sur le point de les rattraper, aux limites de son royaume, le Diable ne réussira qu’à s’emparer de la moitié du cheval, le reste emportant les amoureux hors de son domaine. Enfin sauvés, les jeunes gens rejoignirent la maison de la famille du pêcheur où ils vécurent heureux grâce à la fille du Diable.

 MENTON Une variante mentonnaise de « La Fille du Diable » rapporte les aventures toutes aussi scabreuses du gendre du Démon. Le timide fils unique d’une riche famille, s’ennuyait au point que sa mère l’encouragea à se dégourdir. Entraîné dans la passion du jeu, il perdra sa fortune. Désespéré, il erre alors dans la campagne où il rencontre un étrange vieillard qui lui propose de gagner dix fois ce qu’il a perdu, pour peu qu’il vienne ensuite le rejoindre chez lui, là haut dans la montagne. Pari tenu, le garçon joue et recouvre sa fortune. Le lendemain il part pour la montagne. Perdu, il retrouve son chemin grâce à trois sympathiques colombes. Il parviendra le soir dans une vieille masure où le vieux réside avec ses trois filles. Après le souper, débute la mise à l’épreuve du visiteur. Il devra le jour suivant, ouvrir une clairière en coupant de nombreux arbres, la labourer, y semer du blé qu’il devra moissonner, puis le transformer en farine et en pain ! Inquiet, le malheureux garçon reçoit la nuit la charitable visite d’une des filles qui le rassure et lui remet une poudre à priser, lui permettant d’exécuter, sans faillir, toutes les tâches exigées par le vieux. Le soir suivant, le jeune homme se présente au maître des lieux avec le pain cuit. Etonné par ses capacités, il lui demande s’il ne serait pas sorcier ? L’autre s’en défend. Le vieux lui donne ensuite sa mission du lendemain : il devra promener le cheval noir remisé à l’étable. A minuit, la fille lui recommande de fatiguer et bâtonner le cheval qui ne sera autre que son père. Le soir suivant, le vieux courbé et épuisé lui propose d’aller récupérer un diamant qu’il  a perdu au fond d’un lac. S'il y parvient, il lui accordera la main d’une de ses filles. La cadette qui l’a jusque là assisté, lui confirme la nuit venue qu’elle   l’accompagnera dans cette épreuve avec un sabre et une marmite en terre. Elle le prie de la découper en morceaux et de mettre ces derniers dans la marmite, puis de la jeter dans l’eau du lac, tout cela sans perdre une goutte de sang, ce qui empêcherait sa résurrection. Le garçon s’exécute, mais comme une goutte de sang s’était répandue, la jeune fille perdit le bout du petit doigt. Ayant rapporté le diamant découvert au fond du lac par sa complice, le jeune homme se voit alors proposer une des filles du vieux. Bien qu’ayant les yeux bandés, il identifiera sans peine sa promise au doigt mutilé. Marié dans la forêt  par un ermite, le couple décide de s’enfuir pour éviter au gendre d’être assassiné par le père. Les fuyards après avoir emporté les livres du vieux, sont bientôt rattrapés par celui-ci. Sa fille, grâce à sa poudre magique arrête son père, en dressant l’obstacle d’une rivière. Furieux, ce dernier lance une terrible malédiction sur les jeunes mariés : « Que le premier des parents du mari qui l’embrassera, lui fasse perdre la mémoire et qu’ainsi il ne reconnaisse plus sa femme ! » Parvenu chez lui, le jeune marié tombe dans les bras de sa mère et ne peut éviter qu’elle l’embrasse. Son épouse devient alors une étrangère qui s’embauche comme fille d’auberge. De nouveau célibataire, le garçon se remarie avec une nouvelle femme. Son repas de noce se déroule dans l’auberge où son ancienne épouse œuvre en cuisine. A la fin du repas, cette dernière propose aux invités des jeux de société et parmi ceux-ci, celui qui consiste à plonger dans une marmite un pigeon découpé en morceaux, ainsi que l’anneau nuptial de l’épousée. Le miracle s’opère lorsque la servante soulève le couvercle de la marmite et que le pigeon apparaît l’alliance au bec ! Cette image forte réveille la mémoire du marié qui part avec sa première épouse, la magicienne «fille du Diable », abandonnant ses proches dans la douleur et la consternation.

 LE DIABLE JOUÉ PAR SA FEMME Selon cette relation mentonnaise du XIX ème siècle, les parents de Marguerite une tendre et douce jeune fille, voulaient la marier à un bon parti. Ils se mettent en quête et réussissent à lui trouver un homme beau et riche, bien que leur fille se fut contentée d’un prétendant de moindre qualité. Impatient d’aboutir, le bel homme enlève sa dulcinée pour l’installer dans son repaire : une grotte profonde, là il la charge de veiller sur le feu où mijote d’énormes chaudrons. Il lui recommande de ne surtout pas regarder leurs contenus : « Si tu le fais, je le devinerai et à mon retour je t’assomme ! ». La curiosité étant la plus forte, en son absence, elle se penche sur l’une des marmites, elle entend alors : « Marguerite que  fais-tu là en Enfer ? ». Elle reconnaît la voix de son grand-père qui l’avertit : « Essuie-toi les mains à ce torchon magique, le Diable ne saura pas que tu as trahi sa confiance. Laisse s’éteindre le feu et accorde-nous un peu de calme, tu le rallumeras le soir, avant le retour de ton époux. Je vais t’indiquer comment sortir de là. ». Le Diable ne remarqua rien après qu’elle se fut essuyé les mains. Rassuré, il lui demanda gentiment si elle désirait quelque chose ? Elle répondit souhaiter qu’il apporte un souvenir à ses chers parents. Bien disposé le Diable promit qu’il leur apporterait le jour suivant, une caisse de pièces d’argent. Marguerite, habillement dissimulée dans la caisse, se trouva sur le dos du Diable, en route vers ses beaux-parents. Il avançait d’autant plus vite qu’il  entendait répéter : « Je te vois ! ».Ces paroles venues de la caisse, sonnaient comme un reproche adressé à sa piètre conscience. Effrayé, il déchargea son précieux fardeau sans en vérifier le contenu et s’en retourna comme un malappris. Etonnés et ravis de retrouver leur fille, les parents de Marguerite appelèrent le médecin et le curé, pour apaiser son corps et son âme. Elle finira religieuse.

LA FEMME EMPLUMÉE Ce conte de Menton rapporte qu’un père de famille de treize enfants, ne savait comment trouver un parrain à son dernier. Il rencontre un soir un vieillard qui l’envoie chez un grand seigneur, tout disposé à parrainer l’enfant, à condition qu’il le lui donne à l’âge de sept ans et trois mois. Un peu surpris par cette exigence et faute de mieux, le père accepte sans réfléchir. La mère le rassure : « Dis à ton compère que le jour venu, il devra deviner avec trois propositions, la nature d’une bête inconnue enfermée chez nous. ». Richement doté par son parrain, entouré de l’affection de ses proches, l’enfant vit arriver le jour de ses sept ans et trois mois. Alors sa mère se déshabilla et une fois nue s’enduisit de miel, avant de se vautrer dans un drap rempli de plumes. Couverte de plumes, les cheveux dénoués elle s’offrit ainsi à la curiosité du parrain qui n’était autre que le Diable. Après avoir supposé identifier l’animal comme une cigogne, puis comme un tigre et enfin comme un loup, mais s’étant trompé trois fois sur sa vraie nature, la femme écarta alors ses cheveux et lui montra son vrai visage. Bon perdant, le parrain abandonna ses prétentions sur l’enfant. Il constata simplement que « les femmes ont un point de plus que le Diable ». Déçu, il franchit la porte et partit sans se retourner.

LA FILLE AUX BRAS COUPÉS Ce conte cruel du terroir mentonnais, rapporte qu’un pêcheur misérable, avec trois enfants à charge, vendit la plus âgée de ses filles à un inconnu, contre un sac d’écus. La jeune fille très pieuse fit le signe de croix avec de l’eau bénite, avant de quitter sa famille ce qui eut pour effet d’empêcher l’homme de l’approcher. Il demanda au père de l’essuyer, mais elle recommença son geste avec la même ferveur, agacé, l’étranger dit au père : « Coupe lui les bras ou rends-moi mon argent ! ». Le père se décida à mutiler sa fille après qu’elle eut accepté ce cruel sacrifice. Le lendemain, l’individu vint prendre possession de celle qu’il convoitait. Il lui avoua avec un rire sonore : « Maintenant, je puis enfin te prendre, car tu ne peux plus faire le signe de croix ! ». Le Diable s’était ainsi démasqué. Emportant sa proie sur ses épaules, l’Ange du Mal parcourut un long chemin à travers des terres désertiques. Avec la complicité bienveillante du Très Haut, son fardeau devenait toujours plus pesant, au point qu’épuisé il décida de s’en séparer. Abandonnée au bord du sentier, la fille se réfugia dans une grotte où elle fut soignée et régulièrement nourrie par le chien d’un roi. Découverte par ce souverain, elle connut un sort enviable dans son palais, malgré l’hostilité de la reine mère. Il l’épousera en dépit de son handicape. Un fils et une fille naîtront de cette union, hélas brisée par le départ du monarque pour les croisades. Durant son absence, maltraitée par sa belle-mère, la jeune femme sans bras partit un matin une besace autour du cou, avec ses deux enfants. Ces derniers étant entraînés par le courant rapide d’une rivière, elle se précipita à leur secours les sauva et retrouva ainsi ses deux bras ! Seule une intervention divine pouvait expliquer ce miracle. Son sort va encore s’améliorer grâce à cette protection céleste. Accueillie avec ses deux enfants dans un nouveau palais, elle s’y installe et vit désormais comme une reine. Un soir d’orage, un voyageur égaré se présente pour demander l’hospitalité. Les deux enfants traitent l’inconnu comme un père. L’étranger, inconsolable, confie son chagrin né de la perte de sa femme sans bras et de ses chers petits. Lorsque l’hôtesse lui révèle être la femme qu’il a perdue et que ses deux enfants sont les siens, il ne peut la croire. Il sera convaincu en voyant l’anneau nuptial qu’il lui avait donné, pendu à son cou. Ils retournèrent au pays, prirent la mère du roi et la brûlèrent.

SOSPEL LES AVENTURES DE JEAN DE L’OURS La femme d’un bûcheron, perdue dans la forêt, s’abrita dans une caverne où elle vécut hébergée et nourrie par un ours qui lui fit un fils : Jean. Revenue auprès de son mari, l’enfant fut adopté et envoyé sans succès à l’école et en apprentissage. Jean fugue et trouve en chemin deux mauvais garçons, doués d’une force surhumaine : Palet-de-moulin et Tourne-montagne. Les trois compères s’installent dans le château du Diable où ils reçoivent à tour de rôle une bastonnade du maître des lieux, seul Jean résiste et l’assomme définitivement. Débarrassé du propriétaire, Jean explore son château. Pénétrant dans un puits profond, il découvre deux jeunes filles cloîtrées dans des chambres. Libérées, chacune lui donne un talisman : un anneau pour aller où il souhaite et une serviette capable de «mettre la table ». Il délivre également un vieillard hargneux et une femme revêche qu’il assommera… Après avoir remonté les deux filles du puits, ses complices les enlèvent. Retourné à l’air libre, Jean de l’Ours utilise la bague pour les retrouver. Il leur offre ensuite un bon repas, grâce à la serviette magique, puis assomme les deux traîtres. Jean prendra la plus belle des filles pour femme et l’autre comme servante. Ces récits recueillis de la bouche des conteurs dans chaque localité, restituent l’importance initiatique du Diable dans la tradition des Alpes Maritimes.  

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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A la demande des organisateurs de la "Fête des Gueyeurs" et en qualité d'historien local, Edmond ROSSI vous informe qu’il animera un débat publique « A la rencontre des Gueyeurs », le samedi 11 août à 16 h place de la Fontaine, au cœur du Vieux Village de Saint Laurent du Var.   A cette occasion, l’auteur dédicacera ses ouvrages.   Nul doute, que les fidèles lecteurs de notre blog profiteront de cette rencontre.

09:05 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE