Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/02/2008

LES TEMPLIERS DE NICE, LES POSSESSIONS: 1ère partie

La documentation relative à la saisie des biens que possédait l’Ordre dans l’évêché de Nice est très fragmentaire, ne subsiste que celle concernant le bailliage de Puget-Théniers. Les procès verbaux de saisie relatifs à la viguerie de Nice et des petits bailliages de la rive gauche du Var (Peille, Val de Lantosque et comté de Vintimille) ne nous sont pas parvenus. Cette lacune entraîne des hypothèses, parfois étayées par l’enquête très détaillée des biens hospitaliers de 1338. Ce recensement permet de situer certaines possessions qui appartenaient initialement aux Templiers et qui furent attribuées ensuite aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem après la suppression de l’Ordre du Temple. Les possessions du bailliage de Puget-Théniers, bien que dépendantes pour certaines du diocèse de Nice, ont été attribuées dans leur totalité à la commanderie intérieure de Rigaud. On y distingue : Tournefort avec 15 services, Villars : 3 services, Touët sur Var : 38 services, Saint Sauveur : 1 service, Saint Etienne : 1 service, Saint-Dalmas-le-Selvage : 23 services, soit un total de 81 services. Nous examinerons ces possessions avec les autres tenures dépendantes de Rigaud. Sur le territoire de la commanderie de Nice (répartie sur la Viguerie de Nice, les bailliages de Peille, du Val de Lantosque et du comté de Vintimille), s’offre à notre perspicacité une liste impressionnante de prétendus sites templiers, soutenus parfois par d’intéressants vestiges archéologiques. Ils débouchent sur des attributions incertaines, voir impossibles, lorsqu’elles sont rejetées par l’Histoire. Etudiant l’origine des biens hospitaliers, d’après le recensement de 1338, J.A. Durbec fait une remarque importante concernant les vigueries de Nice et du comté de Vintimille, sur lesquelles subsiste un doute pour leur appartenance au Temple. Il précise qu’à Nice, Levens, Berre, Lucéram, relevant de la Viguerie de Nice et à  Sospel, Breil, Saorge, Tende, Vintimille, Pigna, Roqueta et Savor, dans la Viguerie du comté de Vintimille, les Hospitaliers détenaient de biens anciens à l’origine de cet ordre, mais il ajoute : « étant entendu que les Templiers avaient pu avoir quelques tenures isolées dans l’une ou l’autre de ces localités ». Néanmoins parmi ces possibles lieux d’accueil des Templiers, les historiens ont particulièrement retenu Levens, Lucéram, Sospel. Levens: C’est à P. Canestrier que nous empruntons l’intéressante hypothèse relative au rôle militaire et religieux du sanctuaire de Saint Michel du Férion au Moyen-Age, le plaçant dans le droit fil des préoccupations des Templiers à cette époque. La crête du Férion culmine à 1412 m. d’altitude, plusieurs sentiers gravissent ce sommet, tout comme une piste forestière carrossable, l’ensemble au départ du carrefour Saint Roch ou des Grands Prés. La chapelle Saint Michel sur le Férion est blottie dans les arbres, ses ruines séculaires furent restaurées en 1939. Suivant la tradition, le 29 septembre, la population de Levens monte en pèlerinage vers ce petit sanctuaire, reconstruit sur les ruines de l’antique église d’un obscur hameau déserté vers la fin du XIII ème siècle. Entouré de cèdres magnifiques, le site de la chapelle Saint Michel offre au visiteur un panorama exceptionnel de la mer à la chaîne des Alpes, en passant par les diverses vallées déployées en éventail. Les folkloristes et mythologues modernes s’intéressent au culte de Saint Michel, récurrent en Italie au mont Gargano, en France sur la célèbre éminence insulaire jaillie de la Manche et en Angleterre
sur un sommet de Cornouailles. Ces exemples révèlent en commun, à l’origine, une vision d’un saint évêque, la substitution du culte de l’archange à celui d’une déité païenne et la construction du sanctuaire sur une hauteur à l’approche des invasions.
Au sommet du Férion ces données sont respectées avec le voisinage d’enceintes celto-ligures, établies sur la ligne de crête, occupée avant l’ère chrétienne par des tribus idolâtres. Elles précèdent la fondation du sanctuaire, lors de la menace des invasions barbares, puis sarrasines, à l’instigation du clergé local. P. Canestrier ajoute que cette cime permet d’entrevoir ou de situer une vingtaine d’églises paroissiales placées curieusement, bien avant 1200, sous le patronage de Saint Michel. « La plupart sont juchées sur un sommet ou un palier de la montagne : La Turbie, Moulinet, Castillon, Sigale, Roya, Tourette-du-Château, Clans, Venanson, Ilonse, Menton, trois sont situées au fond de la vallée : Sospel, Roquebillière, Saint Sauveur sur Tinée. Quelques autres, depuis des siècles, ne sont qu’une chapelle rurale : Roccasparvièra, Anao, au-dessus de Villefranche, Saint Michel de Barbalata, près de Falicon, d’un lieu-dit Polet Garnier près de Clans, Gast près de Roquebillière ou même simplement un souvenir consigné dans de vieux documents comme Saint Michel de la Platea, sur la colline du château de Nice. Trois paroisses ont été vouées à l’archange après l’an 1200 : Villefranche, Duranus et Castagniers ». Plus intéressant, la présence dans toutes ces localités de vestiges de cultes païens d’époque gallo-romaine : autels votifs, inscriptions en l’honneur de Jupiter, etc… Lors des invasions barbares, puis sarrasines, les populations se réfugièrent sur les sommets et se retranchèrent à l’abri d’épaisses murailles, tout en se plaçant sous la protection de Saint Michel Archange vainqueur du Démon ». De l’un à l’autre de ces villages fortifiés, on communiquait par des signaux, directement ou par relais en cas d’alerte et selon P. Canestrier, Saint Michel du Férion se trouvait au centre de ce réseau de transmission. Cette opportunité défensive n’a pu échapper à l’attention de la milice du Temple, en charge précisément au XIII ème siècle, de la surveillance et de la protection d’une région menacée par les incursions sarrasines. Saint Michel du Férion apparaît dès lors comme un observatoire stratégique privilégié que l’Ordre du Temple n’a pu manquer d’exploiter. De plus la présence saugrenue en ce haut lieu d’une forêt de cèdres du Liban plusieurs fois centenaires ne peut manquer de surprendre. Ces conifères venus d’Orient, étrangers à la région, forment une allée majestueuse conduisant au sanctuaire. Les Templiers chargés de veiller là haut sur la paix d’un vaste territoire furent peut être à l’origine de l’introduction de ces essences exotiques ? A Levens, les Hospitaliers percevaient des droits chiffrés à 3 sous et 9 deniers en 1338, J.A. Durbec admet la possibilité d’une tenure isolée du Temple dans cette localité. Lucéram : Durante note à propos de cette commune : «  Les Templiers y avaient une église dont on ne voit plus que les principales murailles ». Il s’agirait de la chapelle de la Madona Routa (restaurée en 1961), située dans un ancien prieuré bénédictin ou des ruines attenantes d’une église du XIII ème siècle ? L’empreinte urbanistique et les magnifiques remparts crénelés ceinturant le bourg sont autant d’éléments propres à convaincre certains auteurs comme Salvetti et Raynaud voyant là, des preuves archéologiques templières. Si L. Dailliez rejette toute présence du Temple à Lucéram, J.A. Durbec plus prudent classe la localité parmi les cas incertains. Il indique que si les Hospitaliers y prélevaient 5 sous 4 deniers et 100 oboles, rien n’écarte une possibilité de cohabitation avec les Templiers. Sospel, avec son prieuré de Saint Gervais, a conduit à des certitudes affirmées par plusieurs auteurs, bien qu’encore discutées. Située à 1,5 km à l’est du bourg, la chapelle du prieuré encore visible aujourd’hui aurait été édifiée par les Templiers en 1180. On découvre également, à proximité, la «Ferme des Templiers » avec un four d’angle. L’historien local d’Alberti indique que nombre de Sospellois participèrent à la première croisade (1096-1099) et à la prise de Jérusalem, aux côtés des 20 000 croisés du contingent du Midi, conduits là-bas par Raimond IV de Toulouse et Adhémar de Monteil. En 1338, Sospel fournissait aux Hospitaliers un service d’un sou et six deniers avec une origine du bien antérieure à l’abolition de l’Ordre du Temple. Si J.A. Durbec doute de l’authenticité templière du prieuré, L. Dailliez l’exclut en arguant que : «  Le prieuré de Saint Gervais de Sospel appartenait à des chanoines réguliers de Saint Augustin qui prirent par la suite celui de Saint Michel appartenant aux bénédictins de Saint Pons de Cimiez ». Plus audacieux et suivant les conclusions d’Alberti et Raynaud, les auteurs du récent répertoire des « Sites templiers de France » n’hésitent pas en plus du prieuré de Saint Gervais, à gratifier le Temple du château de la « Commande », au nom révélateur, mais construit par la famille Vachieri.

 

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé :

Cliquez sur http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 

 

17:10 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : HISTOIRE

Commentaires

Bonsoir Monsieur,

Vous parlez des "services" de quoi s'agit-il exactement ?

Bien cordialement


Lea Raso

Écrit par : RASO | 14/03/2015

Les commentaires sont fermés.