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27/05/2009

ALPES MARITIMES: DE LA PEUR A « LA MORT DU LOUP »

10 LOUP EN MARAUDE page 10.jpg

Depuis le passé le plus lointain, la menace des loups a provoqué chez l’homme une peur collective qui ne s’est calmée qu’avec la disparition partielle de ces animaux. Cette crainte à tout naturellement fait naître des croyances et des mythes véhiculés par les cultes et les traditions.

Symboliquement associé aux forces obscures (la nuit encourageant ses attaques) le loup, venu des ténèbres ou de l’ombre des forêts, apparaît vaincu par Saint Loup qui guérit la cécité. De même, Saint Hervé, aveugle, sera guidé par un loup. L’imagerie religieuse développera sur les fresques des églises et chapelle le loup comme un animal féroce et maléfique.

Représentant le Diable chez les Scandinaves et les Germains, il sera le complice des sorciers espagnols qui le chevaucheront à l’envers pour se déplacer. Il exprimera également la gloutonnerie plus souvent que le porc. Mais c’est lors des calamités vécues par nos ancêtres qu’il donnera toute la mesure de sa cruauté. En effet, sa présence va accompagner les famines, les épidémies et les guerres.  Trouvant là un terrain favorable, le loup va y prélever son tribut, excitant davantage l’hystérie collective par la terreur qu’il provoque.

Mieux, on assistera lors des famines à la multiplication des cas de « folies louvrières » (lycanthropie). Le cannibalisme, solution extrême à la faim, entraîne des êtres frustres à tuer leurs semblables. Certains iront jusqu’à détacher les corps des suppliciés suspendus aux gibets pour se procurer une horrible nourriture (selon J. Delumeau « La peur en Occident »).

Le goût de la chair humaine étant pris, d’autres dépravés se couvriront d’une peau de loup pour harceler et tuer d’innocentes victimes. Le XIVème siècle est fertile en témoignages de loups-garous circulant à quatre pattes, cachés sous une peau de loup pour mieux commettre leur monstrueux forfaits. Dans ces temps de misère et d’impuissance suivant famine et disette, les épidémies (et plus particulièrement la peste) seront tout comme les loups mis au compte des punitions divines. Le clergé développera cette explication passive. Trompeur et rusé avec ses yeux de braise, le loup sera plus que jamais identifié au Diable dans sa haine d’une espèce humaine affaiblie (Pierre de Beauvais XVIème siècle).

Enfin, durant des siècles, les guerres périodiques et leurs massacres vont constituer une véritable aubaine pour les loups. Morts et blessés fournissant un aliment de choix leur donneront goût à la chair humaine (G. Ragache « Les loups en France »). Il sera alors question de ces loups accoutumés à la chair humaine, attaquant les hommes de préférence, devenus aussi des loups-garous (loups dont il faut se garer).

De plus, porteur de la rage, terrible maladie à l’issue fatale, le loup complice du Diable plongera l’enragé dans des crises de convulsions avec morsures, comparables à celles d’un possédé.

L’exorcisme, pour délivrer l’esprit du mal, doit alors intervenir après que le fer rouge ait cautérisé la plaie.

Doué de tels pouvoirs, le loup intervient tout naturellement dans la sorcellerie et la médecine populaire, grâce aux pouvoirs de sa dent, de son œil, de ses os, de son cœur ou son foie, pour protéger ou écarter diverses maladies. Frappant l’imaginaire, le loup a laissé son souvenir dans de nombreuses expressions qui tendent à disparaître avec lui. Nous en connaissons certaines comme : « être connu comme le loup blanc », « marcher à pas de loup », « entre chien et loup », « hurler avec les loups , ou des proverbes du genre « quand on parle du loup on voit sa queue », « l’homme est un loup pour l’homme » ou « enfermer le loup dans la bergerie ».

Déjà présent à l’époque des Romains, dans la relation de la louve allaitant Romulus et Remus, jusqu’au « Livre de la Jungle » de R. Kipling où la louve Akéla élève Mowglie, contes et légendes feront leur profit de cet animal mythique et ambivalent. Associé à la pleine lune comme à la sombre forêt, tanière des frayeurs populaires, le loup peut se changer en homme à la faveur de ces domaines obscurs. Animal ou loup-garou, cet être sorti de l’ombre ne peut symboliser que le mal, opposé à sa victime favorite le doux agneau à la pure et blanche innocence. Véhiculant toutes ces tares « le grand méchant loup » ne pouvait que perdre son procès et être condamné à disparaître.

La lutte exterminatrice débuta par de significatives battues organisées dès le Moyen Age sous l’Ancien Régime, les dimanches et les jours des fêtes carillonnées, à l’issue des offices religieux. Battues et primes vont constituer l’arsenal répressif contre la menace des loups. Sa chasse, devenue une affaire de légitime défense des populations rurales, visera à la totale destruction de l’espèce.

Au XVIème siècle, c’est le seigneur qui organise les battues en réquisitionnant hommes et chiens, s’y ajoute l’incitation d’une prime pour chaque bête abattue. Dans un souci d’efficacité, l’autorité royale créera la Louveterie, ce service remonte à Charlemagne. Les abus, commis lors du prélèvement des rétributions auprès des communautés rurales, par les fonctionnaires chargés d’éliminer les loups, entraînent divers règlements au fil des siècles. Véritable administration, chargée sans partage d’une mission d’intérêt général, la Louveterie est dirigée par un Grand Louvetier assisté d’officiers et sergents de Louveterie. Cette institution disparaît en 1787 à la suite d’abus réitérés.

Une nette recrudescence des loups suit la naissance de la première République de 1790 à 1804. Pour lutter contre ce fléau, de nouvelles mesures sont préconisées, comme l’empoisonnement à la strychnine et l’encouragement à la destruction au moyen de primes.

Ce dernier procédé était un peu utilisé sous l’Ancien Régime. La loi de 1882 hâtera l’extermination des loups : 1300 loups détruits en 1883 sur le territoire national, puis quelques centaines chaque année jusqu’en 1902.

Dans les Alpes-Maritimes (divisées par la frontière du Var de 1815 à 1860), les informations recueillies par Frédéric Muyard dans son étude sur « les loups et la loi » nous indiquent une lettre significative du maire de Levens du 12 prairial an X (1802). Il est question d’un couple de loups apparaissant en plein jour avec une « gueule effroyable ». Ces provocateurs égorgent les bestiaux domestiques, nécessitant l’intervention rapide des six meilleurs chasseurs du canton.

Dix-huit vont être abattus de 1800 à 1806, dans le département à Séranon, Roquesteron, Puget-Théniers, Clans, Roquebillière, Saorge et Tende, souvent les louves sont pleines de trois à cinq louveteaux.

Rappelons que la louve s’accouple en Janvier ou Février. Au bout de 63 jours de gestation, elle mettra bas de quatre à cinq petits, qu’elle allaite de cinq à six semaines. Mais les louveteaux ne peuvent suivre leur mère qu’à l’âge de deux mois. F. Muyard signale également qu’en 1806 dans les Basses Alpes, le Préfet ordonne une « battue générale » face aux ravages causés par les loups, « dans tous les bois et forêts, avec chiens et armes à feu. »

En 1844, sous le régime royal de Piémont-Sardaigne, l’intendant général Des Ambrois diffuse un manifeste sur tout le territoire de la « Province de Nice pour lutter contre les loups » qui infestent le pays. Le tarif des primes est de 200 lires pour une louve pleine, 150 pour une louve ordinaire, 100 pour un mâle et 25 pour un louveteau, quant aux lynx et loups-cerviers la prime reste fixée à 100 lires.

Ces primes n’eurent pas toujours le succès espéré, car il fallait souvent dépenser plus pour se déplacer et transporter la dépouille de l’animal tué jusqu’à Nice.

La chasse aux loups devenait souvent un privilège de riches qui, seuls, possédaient des chiens et des armes à feu.

Le piège et le poison étant reconnus comme moyen de lutte (1882), la traque va se démocratiser et les tableaux de chasse vont s’accroître. Les primes sont augmentées encourageant les prises. Le 14 Avril 1890, Clapier Joseph de Saint Sauveur reçoit
150 francs pour avoir pris au piège une louve pleine. Le 16 Décembre 1890, les sieurs Mallet et Ségur perçoivent une prime de 100 francs pour avoir tué une louve de 16kgs. A Villars sur Var, le 25 Février 1901, Toccia, un cultivateur, touche 100 francs pour avoir empoisonné un loup. La liste s’achève là et les rares apparitions du loup ne relèveront plus désormais que du fait divers.

Auteur et victime d’une psychose meurtrière, le loup a été presque totalement éliminé. Mais voilà qu’il réapparaît aujourd’hui dans nos forêts, auréolé d’une éternelle passion, poursuivant un nouveau destin discutable.

Décidément, nos rapports avec cet animal ne seront jamais simples.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

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05/05/2009

SAINT MARTIN VÉSUBIE AU TEMPS DES LOUPS

101 LE LOUP AU PAYS D'AZUR page 101, 4ème DE COUVERTURE.jpg

Témoignage de M. Jean Plent, Juin 1980 :

« Mon père avec ses collègues ont vu,  une fois, deux loups vers le Boréon. Après la guerre de 1914, il y avait un loup qui rôdait du côté de la Madone. Mais ça n'existait pour ainsi dire plus.

Mais j'ai connu des vieux (qui disaient que) les portes étaient fermées parce que, si vous sortiez dans la rue, il y avait les loups qui rôdaient par-là. Et les fourniers, (chargés du four communal) quand ils allaient commander les femmes pour faire le pain, ils sortaient avec des tisons comme ça parce qu'ils risquaient de se faire dévorer par les loups. Il yen avait des loups à ce moment-là!

C'était à l'époque de mon père. Il est né en 1873. C'était à ce moment-là, dans les années 1870-1880. Mon père se rappelait encore.

Il yen avait un de Venanson qui s'appelait Roaino et qui cherchait les loups. Mon père l'a bien connu. Les chiens, tous les chiens lui couraient derrière quand il venait à Saint-Martin parce qu'il sentait l'odeur du loup. Ils allaient tous pour le mordre. C'était un trappeur de loups.

On les chassait avec des pièges mais après on employait le poison et, c'est par le poison, qu'ils ont été détruits.

Lui, il touchait une prime de la mairie et du département même. C'est que les loups faisaient des dégâts dans les troupeaux.

J'ai connu un vieux qui gardait la génisserie là-haut, du côté du Villar. C'était au mois de juin, il était tombé de la neige. Lui était dans le cabanon: c'était une pierre qui fait "barmo" (grotte) et puis c'est tout. Eh bien, la nuit, les loups se sont jetés sur les bêtes, sur les génisses. Ils en ont tué deux quand même. Et les petits se tenaient en haut. Il disait qu'il voyait briller les yeux d'en bas. Les vieux se sont jetés sur les bêtes et les petits étaient là-haut qui regardaient, ils attendaient. Toute la nuit, ils ont eu affaire contre les loups. Les loups mordent les bêtes par la queue et puis, ils les font tourner, tourner. La bête quand elle est prise par la queue comme ça, elle tourne, tourne, tourne jusqu'à ce qu'elle se foute par terre. Quand elle est par terre, vlan ! Ils se plantent à la gorge. Ça c'est la malice du loup.

Tenez, Jean-Baptiste Plent, le père du guide, je l'ai bien connu. Eh bien! Un jour il était monté à la Madone. C'était à peu près à cette époque (en avril) et il était au

Sanctuaire, au bout de la promenade où arrive le chemin. Alors, il disait qu'il faisait bon. Il se dit, tiens je mange, je casse un peu la croûte et puis il s'est couché. Il s'est un peu endormi il faisait tellement bon et, je ne sais pas, un instinct: il a entendu un petit bruit de quelque chose, il s'est réveillé. Il a vu un loup d'ici à là. Le loup était là pour lui sauter dessus. Eh bien ! Il a été malade pendant trois mois, de la peur. L'effet que ça lui a fait ! Quand il s'est relevé, le loup a foutu le camp mais il est resté trois mois malade.

Les chiens de bergers, ici, je me rappelle, avaient des colliers larges comme ça.

Des colliers avec des clous pour empêcher les loups d'égorger les chiens. C'étaient des colliers de l'ancien temps. »

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

 

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29/04/2009

A SOSPEL : UNE IMPITOYABLE SORCIÈRE

75 BIS SUR LE MANGIABO... page 75.jpg

A Sospel, un brave homme nommé Clément vivait une existence sans problème.

Vieux célibataire, il n’avait jamais voulu se donner le mal de fonder une famille.

Travaillant pour avoir le peu qu’il lui fallait, il profitait avec sagesse des petits plaisirs de la vie.

Tout bascula le jour où il rencontra Anaïs, une jolie brunette qui devint sa maîtresse. On l’avait prévenu que la belle qu’il allait régulièrement voir au Moulinet, faisait commerce de sorcellerie. Il avait haussé les épaules, n’accordant pas plus de cas à cet avis qu’au reste.

Un soir, devant la chapelle Sainte Ursule, il rencontra un beau chat noir qui vint vers lui se frotter amoureusement à ses mollets tout en ronronnant de plaisir.

Caressante, la bête réussit à se faire prendre dans les bras du bonhomme. Tout en minaudant, elle se glissa dans la chemise entrouverte, passant son museau humide sur les lèvres de Clément. Mais comme il semblait insensible à ses marques d’affection, le chat sans prévenir le griffa méchamment à la poitrine.

Surpris, l’homme le saisit alors et l’envoya brutalement contre un arbre. L’animal disparut dans la nuit, boitant et hurlant de douleur.

Quand, quelques jours plus tard, Clément retourna chez Anaïs, il la trouva alitée.

« Qu’est ce qu’il t’arrive ?

– C’est la Roussette qui m’a donné un coup de sabot lorsque je la trayais ».

Il suspecta tout de suite la vérité. Mais la femme en bonne sorcière, lui dit insinuante : « Si tu veux que je guérisse vite, va dans le bois de la Barivière et cherche-moi de l’herbe de la Saint Jean ».

Anaïs connaissait bien la forêt de la Barivière où elle allait préparer ses maléfices en invoquant les démons et les défuntes sorcières.

Dévoué, malgré la nuit, Clément grimpa jusqu’au bois. Parvenu là-haut dans la clairière, il se sentit entouré d’étranges présences. Bientôt des dizaines d’yeux phosphorescents brillèrent dans l’obscurité, alors que le vent se levait, portant à travers les arbres un chœur de gémissements et de cris.

Glacé de peur, les cheveux dressés sur la tête, Clément s’enfuit comme un fou en hurlant dans la nuit. Il continua à crier ainsi jusqu’à l’aube !

Les nuits suivantes, l’écho de ses clameurs résonnèrent jusque dans les villages environnants. Elles s’éteignirent un matin, au lever du soleil, lorsque quelqu’un remarqua au sommet du Mangiabo une étrange silhouette humaine pétrifiée.

Cette forme, faite de pierres amoncelées, ressemblait à un de ces cairns qu’on rencontre souvent sur la cime des montagnes.

A partir de ce jour, on n’entendit plus les cris de terreur du malheureux Clément.

Sur le Mangiabo, les arbres dépérirent et séchèrent, laissant apparaître une zone sommitale déserte, privée de toute végétation.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?

Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que  vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.

Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».

De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.

Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.

 

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