29/04/2009
A SOSPEL : UNE IMPITOYABLE SORCIÈRE
A Sospel, un brave homme nommé Clément vivait une existence sans problème.
Vieux célibataire, il n’avait jamais voulu se donner le mal de fonder une famille.
Travaillant pour avoir le peu qu’il lui fallait, il profitait avec sagesse des petits plaisirs de la vie.
Tout bascula le jour où il rencontra Anaïs, une jolie brunette qui devint sa maîtresse. On l’avait prévenu que la belle qu’il allait régulièrement voir au Moulinet, faisait commerce de sorcellerie. Il avait haussé les épaules, n’accordant pas plus de cas à cet avis qu’au reste.
Un soir, devant la chapelle Sainte Ursule, il rencontra un beau chat noir qui vint vers lui se frotter amoureusement à ses mollets tout en ronronnant de plaisir.
Caressante, la bête réussit à se faire prendre dans les bras du bonhomme. Tout en minaudant, elle se glissa dans la chemise entrouverte, passant son museau humide sur les lèvres de Clément. Mais comme il semblait insensible à ses marques d’affection, le chat sans prévenir le griffa méchamment à la poitrine.
Surpris, l’homme le saisit alors et l’envoya brutalement contre un arbre. L’animal disparut dans la nuit, boitant et hurlant de douleur.
Quand, quelques jours plus tard, Clément retourna chez Anaïs, il la trouva alitée.
« Qu’est ce qu’il t’arrive ?
– C’est la Roussette qui m’a donné un coup de sabot lorsque je la trayais ».
Il suspecta tout de suite la vérité. Mais la femme en bonne sorcière, lui dit insinuante : « Si tu veux que je guérisse vite, va dans le bois de la Barivière et cherche-moi de l’herbe de la Saint Jean ».
Anaïs connaissait bien la forêt de la Barivière où elle allait préparer ses maléfices en invoquant les démons et les défuntes sorcières.
Dévoué, malgré la nuit, Clément grimpa jusqu’au bois. Parvenu là-haut dans la clairière, il se sentit entouré d’étranges présences. Bientôt des dizaines d’yeux phosphorescents brillèrent dans l’obscurité, alors que le vent se levait, portant à travers les arbres un chœur de gémissements et de cris.
Glacé de peur, les cheveux dressés sur la tête, Clément s’enfuit comme un fou en hurlant dans la nuit. Il continua à crier ainsi jusqu’à l’aube !
Les nuits suivantes, l’écho de ses clameurs résonnèrent jusque dans les villages environnants. Elles s’éteignirent un matin, au lever du soleil, lorsque quelqu’un remarqua au sommet du Mangiabo une étrange silhouette humaine pétrifiée.
Cette forme, faite de pierres amoncelées, ressemblait à un de ces cairns qu’on rencontre souvent sur la cime des montagnes.
A partir de ce jour, on n’entendit plus les cris de terreur du malheureux Clément.
Sur le Mangiabo, les arbres dépérirent et séchèrent, laissant apparaître une zone sommitale déserte, privée de toute végétation.
D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?
Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.
Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».
De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.
Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.
Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.
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10:12 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
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