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19/12/2007

LES TEMPLIERS A NICE

Le Temple va étendre son domaine agricole autour de Nice. Par un acte passé le 14 avril 1235 dans le cimetière de Saint Michel, le nommé Brun, sa femme Palme et Doulce fille de Palme, vendent à la maison du Temple de Nice, 3 sesterés d’une terre sise à  «Crémat », signe le commandeur Bernard «de Combolambo ». Geoffroi de Grasse, précepteur des maisons du Temple de Nice et de Grasse, confirme le 27 octobre 1246 la vente faite par Raimonde et Guillerma Fournier d’un vignoble sis à Nice au quartier de la «Bouche noire », probablement à Bellet. Les possessions sont situées au gré des actes, comme ici, lorsque le 30 novembre 1264, Pierre Geoffroi, commandeur des maisons du Temple de Nice et Grasse, accense à R. Rainoard une terre sise à Caucade sur les collines dominant la basse vallée du Var. Confirmation de l’exploitation de ce terroir est faite ce même jour, par un second acte où cinq citoyens niçois acceptent  la concession de la terre de Caucade et s’engagent à servir annuellement au commandeur Pierre Geoffroi, toutes les semences qu’ils feront sur cette terre, avant qu’elle ne soit plantée, conformément au contrat d’accensement. Par contrat en emphytéose perpétuelle, le commandeur de Nice et Grasse, J. de Valono donne à plusieurs habitants de Nice une terre sise dans le domaine de cette  ville, au quartier du «Paillon ». Le 18 décembre 1292, Pierre Geoffroi commandeur du Temple de Nice et Grasse échange des biens avec Isnard de Flayosc. Il lui cède ses droit sur le château d'Esclapon en échange de terres sises à Nice au lieu dit « Champ Long » confrontant le moulin des «Alloses » et la vigne de Michel Bermond. L. Dailliez indique d’autres possessions dans son «Atlas » au «Molin » proche du Var, ainsi qu’à Fabron, Saint Isidore et à Saint-Laurent-du-Var, sur la rive droite du fleuve (voir chapitre précédent). Les documents parvenus jusqu’à nous recensent les possessions successivement établies autour de Nice à : Alba Lanna ou Sana vers Sainte Marguerite, le long du Paillon, à Caucade (in Cavalcadis), à Font Gairaut, au Puy Saint Martin près de Saint Pons, à Crémat, à Longchamp (in Campo lungo), à Bouche noire (ad Bucam Nigram), « in Aura » ( ?). « La Maison » est parfois désignée au quartier de « Cavalaria » où était établi l’hospice signalé comme « Domo Ospitalis Templi » en 1274. L’ensemble domanial du Temple est implanté  sur les terres les plus fertiles ceinturant  la ville, avec une nette préférence pour les quartiers ouest et les basses collines dominant le Var où se situait « la Maison » servant d’hospice aux voyageurs et pèlerins franchissant le fleuve.    Le Chapitre Général de 1253 mentionne la commanderie Sainte Madeleine du Var près de Nice, géographiquement placée par L. Dailliez, entre le quartier de la Madeleine et les rives du Var, au pied de Fabron où le Temple possédait des terres. L’élevage était également une source de rapport pour l’Ordre comme l’atteste cet acte  du 19 novembre 1306 où le Comte de Provence prescrit à son viguier et aux juges de Nice, de faire indemniser les habitants de cette ville dont les possessions ont été ravagées par le bétail du Temple et des autres ordres religieux. A Nice, comme à Grasse et Biot, le Temple connut des démêlés avec les évêques et le clergé local, jaloux de ses prérogatives, accordées par le Pape. Nous voyons ainsi, le 25 mars 1269, le chevalier Pierre Girard  commandeur de la maison de Nice s’associer à son homologue B. Suca des Hospitaliers  de cette ville, pour protester  contre l’évêque, décidé à les faire participer aux frais de passage et de séjour d’un cardinal.
Le Temple possédait diverses maisons à Nice, en plus de l’hospice du Var. Nous avons évoqué celle située au quartier du Ray, au nord de la ville qui a laissé au lieu le nom de Temple. Dans le centre de la cité, Caïs de Pierlas cite une maison proche de la «Boucherie », y plaçant le siège de l’Ordre, probablement la même que celle indiquée par Durante, aux abords de la rue Saleya, en référence à la charte de 1154.
Il ne subsiste aucun vestige de ces vénérables constructions templières.

Enfin, s’il est notoire que Nice devint le plus important port templier après Marseille, là encore il n’en reste rien. Rappelons que pour le cabotage commercial, âprement disputé à Gênes, les Templiers étaient implantés dans plusieurs ports dont Antibes, puis s’échelonnant en direction de l’Italie, à Villefranche, Beaulieu, Monaco et Menton.

 

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12/12/2007

LE CHÂTEAU DE CARROS

Le "castrum de Carrosi" est mentionné en 1156 ; la construction du château est attribuée à Rostaing à cette même date. Ce premier seigneur édifie un haut donjon quadrangulaire. Cet ensemble constitue le tiers du château féodal définitif.

Fief des Rostaing, possesseurs depuis le Xe siècle de tout le Haut Pays, Carros passe ensuite aux Blacas. La famille seigneuriale des Blacas apparaît en 1180 en la personne de Guigues, vaillant guerrier, tour à tour croisé puis troubadour. Il se plaisait à répéter fièrement : "Que les barons qui manquent de cœur, en prennent en mangeant le cœur de Blacas". Les Blacas possèdent la seigneurie au XIIIème siècle quand Durand, seigneur de Carros, ajoute la partie médiane du château, doublant ainsi l'édifice primitif en lui donnant une forme carrée. Lorsque le Var devient frontière en 1388, les Blacas sont ruinés par la perte des revenus de leurs propriétés situées en Pays niçois. Les Ronciglione les remplacent avec les Giraud du Broc. Mais grâce à un mariage roturier et en plaçant leurs cadets dans l'Ordre de Malte, les Blacas reprennent progressivement leur fief de Carros. La  troisième tranche de construction du château démarre au XIVème siècle à l'ouest, collée au corps du logis, deux tours cylindriques sont dressées, reliées par une courtine dominant la route. A l'est, une troisième tour est édifiée, flanquant la porte d'accès du bourg. En 1668, Claude de Blacas redevient l'unique seigneur. Son fils Pierre prend le titre de Marquis de Carros. De cette époque daterait le grand escalier et la grande salle avec cheminée monumentale. L'ensemble a été remanié au XIXème siècle et plus récemment. Aujourd'hui, le château avec ses tourelles aux angles, surmontées d'une pyramide aplatie, s'harmonise avec le clocher. A l'entrée, la tour du corps de garde est encore en parfait état, la partie centrale du XIIIème et les tours est du XIVème complètent l'ensemble.

Classé Monument Historique, le château accueille à la haute saison des expositions à l'initiative de la municipalité, offrant ainsi l'occasion de visiter l'intérieur de cette intéressante demeure.

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05/12/2007

LES LOUPS, VISITEURS INDÉSIRABLES

Jadis, dans le Haut Pays, la vie était simple et les longues veillées hivernales se déroulaient dans la douce chaleur de l’étable à vaches, quand le froid était rigoureux on n’hésitait  pas à y passer la nuit dans une bienfaisante tiédeur. Villeneuve-Bargemont signale « que l’usage est général de passer les soirées et même une partie des journées d’hiver dans l’étable à vaches. » Dans les hautes vallées des Alpes Maritimes cette pratique, développée au nord des Alpes était encore courante au début du XXè siècle. Les veillées favorisaient les rencontres, si on y écoutait les conteurs on s’amusait aussi en jouant  et en chantant. Dans ces villages isolés écrasés sous le poids de la neige et du froid, tout n’était pourtant pas toujours aussi gai. Antoine Froment, chroniqueur régional du XVIIè siècle, rapporte la hardiesse d’un loup, venu s’inviter à l’une de ces soirées à Roya, en mettant la tête à la « fenêtre de l’étable pleine de gens. » Il poursuit, signalant que cette  même nuit « une villageoise éstant sortie pour aller où elle était requise en personne, il l’a saisie, et elle, ne sceut se déffendre si bien, ne le soudain secours, qui à son cri accourut, que cet animal n’emporta partie de sa fesse, par où il l’avait surprise. » Du même auteur voici un autre récit tout aussi cruel : « Le mercredi des Cendres 1633, les loups furent manger deux femmes au terroir de Roubion, l’un d’iceux vint à trois maisons écartées du village de Roure attaquer une autre femme qui attisait son feu dans sa fougaigne, il l’a tiroit derrière par le gros plis de ses robes, elle croyant que se fut quelques caresses de son mari, lui tenoit toujours, dit « laissez cela », jusqu’à ce que le sentant un peu extraordinaire et rude, elle se tourna et toute effrayée et surprise se prit à crier : «  Hay ! lou loup », d’une voix néanmoins moins charmée. » Les bandes de loups étaient encore nombreuses de la Tinée à la Vésubie dans l’entre-deux-guerres. Ainsi, Madame Giuge de Mollières témoigne qu’après l’attaque de son père par un de ces féroces animaux, les gens du lieu allumaient la nuit de grands feux autour du village pour éloigner la menace. Aujourd’hui, le retour du loup ravive le souvenir de ses indésirables visites vécues par nos ancêtres dans les vallées du Pays d’Azur.

Ainsi tout près de nous, en 2003, toujours à la lisière du village prédestiné de Mollières, il nous a été rapporté par un habitant du lieu, M. Capella, l’attaque surprise d’un jeune mouflon, emporté sous les yeux de sa mère par un loup solitaire. La scène observée derrière les carreaux d’une fenêtre, prouve l’audace de l’animal peu soucieux de la présence humaine. Ce même loup réapparut à plusieurs reprises, guettant de manière provocante les allées et venues des gens du village, avec une curiosité tout aussi inquiétante que celle connue jadis par leurs ancêtres.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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