Jadis, dans le Haut Pays, la vie était simple et les longues veillées hivernales se déroulaient dans la douce chaleur de l’étable à vaches, quand le froid était rigoureux on n’hésitait pas à y passer la nuit dans une bienfaisante tiédeur. Villeneuve-Bargemont signale « que l’usage est général de passer les soirées et même une partie des journées d’hiver dans l’étable à vaches. » Dans les hautes vallées des Alpes Maritimes cette pratique, développée au nord des Alpes était encore courante au début du XXè siècle. Les veillées favorisaient les rencontres, si on y écoutait les conteurs on s’amusait aussi en jouant et en chantant. Dans ces villages isolés écrasés sous le poids de la neige et du froid, tout n’était pourtant pas toujours aussi gai. Antoine Froment, chroniqueur régional du XVIIè siècle, rapporte la hardiesse d’un loup, venu s’inviter à l’une de ces soirées à Roya, en mettant la tête à la « fenêtre de l’étable pleine de gens. » Il poursuit, signalant que cette même nuit « une villageoise éstant sortie pour aller où elle était requise en personne, il l’a saisie, et elle, ne sceut se déffendre si bien, ne le soudain secours, qui à son cri accourut, que cet animal n’emporta partie de sa fesse, par où il l’avait surprise. » Du même auteur voici un autre récit tout aussi cruel : « Le mercredi des Cendres 1633, les loups furent manger deux femmes au terroir de Roubion, l’un d’iceux vint à trois maisons écartées du village de Roure attaquer une autre femme qui attisait son feu dans sa fougaigne, il l’a tiroit derrière par le gros plis de ses robes, elle croyant que se fut quelques caresses de son mari, lui tenoit toujours, dit « laissez cela », jusqu’à ce que le sentant un peu extraordinaire et rude, elle se tourna et toute effrayée et surprise se prit à crier : « Hay ! lou loup », d’une voix néanmoins moins charmée. » Les bandes de loups étaient encore nombreuses de la Tinée à la Vésubie dans l’entre-deux-guerres. Ainsi, Madame Giuge de Mollières témoigne qu’après l’attaque de son père par un de ces féroces animaux, les gens du lieu allumaient la nuit de grands feux autour du village pour éloigner la menace. Aujourd’hui, le retour du loup ravive le souvenir de ses indésirables visites vécues par nos ancêtres dans les vallées du Pays d’Azur. Ainsi tout près de nous, en 2003, toujours à la lisière du village prédestiné de Mollières, il nous a été rapporté par un habitant du lieu, M. Capella, l’attaque surprise d’un jeune mouflon, emporté sous les yeux de sa mère par un loup solitaire. La scène observée derrière les carreaux d’une fenêtre, prouve l’audace de l’animal peu soucieux de la présence humaine. Ce même loup réapparut à plusieurs reprises, guettant de manière provocante les allées et venues des gens du village, avec une curiosité tout aussi inquiétante que celle connue jadis par leurs ancêtres.
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