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08/08/2007

LE DIABLE DANS LES CONTES DE L'EST DES ALPES MARITIMES

A la fin du XIX ème siècle, le britannique James Bruyn Andrews, en patient ethnologue, récolte entre Menton et Gênes ses « Contes Ligures ». Ces récits traditionnels, collectés en dialecte, puis traduits avec fidélité, relatent entre autres les prouesses du Diable. Ces écrits méritent notre intérêt par leur touchante authenticité. Les Alpes Maritimes sont concernées par les localités de Roquebrune, Menton et Sospel.

 ROQUEBRUNE Le conte suivant, recueilli à Roquebrune, s’intitule : « La Fille du Diable ». Bien qu’averti par son père, un jeune pêcheur téméraire posa ses filets dans les eaux interdites d’un lac où séjournait le Diable. Devenu son prisonnier, il devra relever trois défis pour éviter sa mort. Il réussira à assécher le lac grâce à la complicité bienveillante de la fille cadette du Diable. De même, avec l’aide de la jeune fille, il parviendra à récupérer un nid contenant deux œufs, au sommet d’une haute tour. Le Diable lui promet alors une de ces filles, s’il retrouve un anneau, égaré au fond d’un puits. Pour réussir cette ultime épreuve, le pêcheur aura encore recours à l’assistance de l’aimable fille du Diable laquelle lui demande pour cela, de la découper en morceaux et de la jeter dans le puits. Elle reviendra à la surface reconstituée, mais privée d’une phalange du petit  doigt de pied. Cette mutilation malheureuse permettra au jeune pêcheur de l’identifier et de la choisir les yeux bandés, parmi ses cinq sœurs. Auparavant, le Diable toujours aussi fourbe, tentera de le supprimer pendant son sommeil, en l’écrasant sous une meule de moulin, ceci afin de ne pas avoir à honorer son contrat. Mais prévenu par sa fille, il avait su cette nuit là, éviter de coucher dans son lit. Après cela, menacés par les foudres du père, les deux jeunes mariés s’enfuient en lui volant un cheval. Sur le point d’être rattrapés, la fille confie à son époux qu’elle dispose de trois dons. Elle utilise le premier, en transformant le cheval en chapelle, son mari en curé et elle en servante. Trompé par le curé qui dit n’avoir pas vu les fugitifs, le Diable retourne chez lui dépité. Là, sa femme lui explique la nature réelle du faux curé et de sa servante. Il repart pour être à nouveau mystifié par le couple : le cheval devenant rosier, le gendre changé en chasseur et la fille en oiseau. Le Diable rentre chez lui où sa femme l’éclaire encore sur les apparences trompeuses qui l’ont abusé. Nouvelle traque du Démon, obligeant sa fille à utiliser son dernier don pour transformer le cheval en rivière, son mari en pêcheur et elle en anguille. Après que le pêcheur lui eut dit n’avoir rien vu, le Diable retourne chez lui où sa femme le renvoie sur la piste des fuyards qui l’avaient encore une fois berné. Sur le point de les rattraper, aux limites de son royaume, le Diable ne réussira qu’à s’emparer de la moitié du cheval, le reste emportant les amoureux hors de son domaine. Enfin sauvés, les jeunes gens rejoignirent la maison de la famille du pêcheur où ils vécurent heureux grâce à la fille du Diable.

 MENTON Une variante mentonnaise de « La Fille du Diable » rapporte les aventures toutes aussi scabreuses du gendre du Démon. Le timide fils unique d’une riche famille, s’ennuyait au point que sa mère l’encouragea à se dégourdir. Entraîné dans la passion du jeu, il perdra sa fortune. Désespéré, il erre alors dans la campagne où il rencontre un étrange vieillard qui lui propose de gagner dix fois ce qu’il a perdu, pour peu qu’il vienne ensuite le rejoindre chez lui, là haut dans la montagne. Pari tenu, le garçon joue et recouvre sa fortune. Le lendemain il part pour la montagne. Perdu, il retrouve son chemin grâce à trois sympathiques colombes. Il parviendra le soir dans une vieille masure où le vieux réside avec ses trois filles. Après le souper, débute la mise à l’épreuve du visiteur. Il devra le jour suivant, ouvrir une clairière en coupant de nombreux arbres, la labourer, y semer du blé qu’il devra moissonner, puis le transformer en farine et en pain ! Inquiet, le malheureux garçon reçoit la nuit la charitable visite d’une des filles qui le rassure et lui remet une poudre à priser, lui permettant d’exécuter, sans faillir, toutes les tâches exigées par le vieux. Le soir suivant, le jeune homme se présente au maître des lieux avec le pain cuit. Etonné par ses capacités, il lui demande s’il ne serait pas sorcier ? L’autre s’en défend. Le vieux lui donne ensuite sa mission du lendemain : il devra promener le cheval noir remisé à l’étable. A minuit, la fille lui recommande de fatiguer et bâtonner le cheval qui ne sera autre que son père. Le soir suivant, le vieux courbé et épuisé lui propose d’aller récupérer un diamant qu’il  a perdu au fond d’un lac. S'il y parvient, il lui accordera la main d’une de ses filles. La cadette qui l’a jusque là assisté, lui confirme la nuit venue qu’elle   l’accompagnera dans cette épreuve avec un sabre et une marmite en terre. Elle le prie de la découper en morceaux et de mettre ces derniers dans la marmite, puis de la jeter dans l’eau du lac, tout cela sans perdre une goutte de sang, ce qui empêcherait sa résurrection. Le garçon s’exécute, mais comme une goutte de sang s’était répandue, la jeune fille perdit le bout du petit doigt. Ayant rapporté le diamant découvert au fond du lac par sa complice, le jeune homme se voit alors proposer une des filles du vieux. Bien qu’ayant les yeux bandés, il identifiera sans peine sa promise au doigt mutilé. Marié dans la forêt  par un ermite, le couple décide de s’enfuir pour éviter au gendre d’être assassiné par le père. Les fuyards après avoir emporté les livres du vieux, sont bientôt rattrapés par celui-ci. Sa fille, grâce à sa poudre magique arrête son père, en dressant l’obstacle d’une rivière. Furieux, ce dernier lance une terrible malédiction sur les jeunes mariés : « Que le premier des parents du mari qui l’embrassera, lui fasse perdre la mémoire et qu’ainsi il ne reconnaisse plus sa femme ! » Parvenu chez lui, le jeune marié tombe dans les bras de sa mère et ne peut éviter qu’elle l’embrasse. Son épouse devient alors une étrangère qui s’embauche comme fille d’auberge. De nouveau célibataire, le garçon se remarie avec une nouvelle femme. Son repas de noce se déroule dans l’auberge où son ancienne épouse œuvre en cuisine. A la fin du repas, cette dernière propose aux invités des jeux de société et parmi ceux-ci, celui qui consiste à plonger dans une marmite un pigeon découpé en morceaux, ainsi que l’anneau nuptial de l’épousée. Le miracle s’opère lorsque la servante soulève le couvercle de la marmite et que le pigeon apparaît l’alliance au bec ! Cette image forte réveille la mémoire du marié qui part avec sa première épouse, la magicienne «fille du Diable », abandonnant ses proches dans la douleur et la consternation.

 LE DIABLE JOUÉ PAR SA FEMME Selon cette relation mentonnaise du XIX ème siècle, les parents de Marguerite une tendre et douce jeune fille, voulaient la marier à un bon parti. Ils se mettent en quête et réussissent à lui trouver un homme beau et riche, bien que leur fille se fut contentée d’un prétendant de moindre qualité. Impatient d’aboutir, le bel homme enlève sa dulcinée pour l’installer dans son repaire : une grotte profonde, là il la charge de veiller sur le feu où mijote d’énormes chaudrons. Il lui recommande de ne surtout pas regarder leurs contenus : « Si tu le fais, je le devinerai et à mon retour je t’assomme ! ». La curiosité étant la plus forte, en son absence, elle se penche sur l’une des marmites, elle entend alors : « Marguerite que  fais-tu là en Enfer ? ». Elle reconnaît la voix de son grand-père qui l’avertit : « Essuie-toi les mains à ce torchon magique, le Diable ne saura pas que tu as trahi sa confiance. Laisse s’éteindre le feu et accorde-nous un peu de calme, tu le rallumeras le soir, avant le retour de ton époux. Je vais t’indiquer comment sortir de là. ». Le Diable ne remarqua rien après qu’elle se fut essuyé les mains. Rassuré, il lui demanda gentiment si elle désirait quelque chose ? Elle répondit souhaiter qu’il apporte un souvenir à ses chers parents. Bien disposé le Diable promit qu’il leur apporterait le jour suivant, une caisse de pièces d’argent. Marguerite, habillement dissimulée dans la caisse, se trouva sur le dos du Diable, en route vers ses beaux-parents. Il avançait d’autant plus vite qu’il  entendait répéter : « Je te vois ! ».Ces paroles venues de la caisse, sonnaient comme un reproche adressé à sa piètre conscience. Effrayé, il déchargea son précieux fardeau sans en vérifier le contenu et s’en retourna comme un malappris. Etonnés et ravis de retrouver leur fille, les parents de Marguerite appelèrent le médecin et le curé, pour apaiser son corps et son âme. Elle finira religieuse.

LA FEMME EMPLUMÉE Ce conte de Menton rapporte qu’un père de famille de treize enfants, ne savait comment trouver un parrain à son dernier. Il rencontre un soir un vieillard qui l’envoie chez un grand seigneur, tout disposé à parrainer l’enfant, à condition qu’il le lui donne à l’âge de sept ans et trois mois. Un peu surpris par cette exigence et faute de mieux, le père accepte sans réfléchir. La mère le rassure : « Dis à ton compère que le jour venu, il devra deviner avec trois propositions, la nature d’une bête inconnue enfermée chez nous. ». Richement doté par son parrain, entouré de l’affection de ses proches, l’enfant vit arriver le jour de ses sept ans et trois mois. Alors sa mère se déshabilla et une fois nue s’enduisit de miel, avant de se vautrer dans un drap rempli de plumes. Couverte de plumes, les cheveux dénoués elle s’offrit ainsi à la curiosité du parrain qui n’était autre que le Diable. Après avoir supposé identifier l’animal comme une cigogne, puis comme un tigre et enfin comme un loup, mais s’étant trompé trois fois sur sa vraie nature, la femme écarta alors ses cheveux et lui montra son vrai visage. Bon perdant, le parrain abandonna ses prétentions sur l’enfant. Il constata simplement que « les femmes ont un point de plus que le Diable ». Déçu, il franchit la porte et partit sans se retourner.

LA FILLE AUX BRAS COUPÉS Ce conte cruel du terroir mentonnais, rapporte qu’un pêcheur misérable, avec trois enfants à charge, vendit la plus âgée de ses filles à un inconnu, contre un sac d’écus. La jeune fille très pieuse fit le signe de croix avec de l’eau bénite, avant de quitter sa famille ce qui eut pour effet d’empêcher l’homme de l’approcher. Il demanda au père de l’essuyer, mais elle recommença son geste avec la même ferveur, agacé, l’étranger dit au père : « Coupe lui les bras ou rends-moi mon argent ! ». Le père se décida à mutiler sa fille après qu’elle eut accepté ce cruel sacrifice. Le lendemain, l’individu vint prendre possession de celle qu’il convoitait. Il lui avoua avec un rire sonore : « Maintenant, je puis enfin te prendre, car tu ne peux plus faire le signe de croix ! ». Le Diable s’était ainsi démasqué. Emportant sa proie sur ses épaules, l’Ange du Mal parcourut un long chemin à travers des terres désertiques. Avec la complicité bienveillante du Très Haut, son fardeau devenait toujours plus pesant, au point qu’épuisé il décida de s’en séparer. Abandonnée au bord du sentier, la fille se réfugia dans une grotte où elle fut soignée et régulièrement nourrie par le chien d’un roi. Découverte par ce souverain, elle connut un sort enviable dans son palais, malgré l’hostilité de la reine mère. Il l’épousera en dépit de son handicape. Un fils et une fille naîtront de cette union, hélas brisée par le départ du monarque pour les croisades. Durant son absence, maltraitée par sa belle-mère, la jeune femme sans bras partit un matin une besace autour du cou, avec ses deux enfants. Ces derniers étant entraînés par le courant rapide d’une rivière, elle se précipita à leur secours les sauva et retrouva ainsi ses deux bras ! Seule une intervention divine pouvait expliquer ce miracle. Son sort va encore s’améliorer grâce à cette protection céleste. Accueillie avec ses deux enfants dans un nouveau palais, elle s’y installe et vit désormais comme une reine. Un soir d’orage, un voyageur égaré se présente pour demander l’hospitalité. Les deux enfants traitent l’inconnu comme un père. L’étranger, inconsolable, confie son chagrin né de la perte de sa femme sans bras et de ses chers petits. Lorsque l’hôtesse lui révèle être la femme qu’il a perdue et que ses deux enfants sont les siens, il ne peut la croire. Il sera convaincu en voyant l’anneau nuptial qu’il lui avait donné, pendu à son cou. Ils retournèrent au pays, prirent la mère du roi et la brûlèrent.

SOSPEL LES AVENTURES DE JEAN DE L’OURS La femme d’un bûcheron, perdue dans la forêt, s’abrita dans une caverne où elle vécut hébergée et nourrie par un ours qui lui fit un fils : Jean. Revenue auprès de son mari, l’enfant fut adopté et envoyé sans succès à l’école et en apprentissage. Jean fugue et trouve en chemin deux mauvais garçons, doués d’une force surhumaine : Palet-de-moulin et Tourne-montagne. Les trois compères s’installent dans le château du Diable où ils reçoivent à tour de rôle une bastonnade du maître des lieux, seul Jean résiste et l’assomme définitivement. Débarrassé du propriétaire, Jean explore son château. Pénétrant dans un puits profond, il découvre deux jeunes filles cloîtrées dans des chambres. Libérées, chacune lui donne un talisman : un anneau pour aller où il souhaite et une serviette capable de «mettre la table ». Il délivre également un vieillard hargneux et une femme revêche qu’il assommera… Après avoir remonté les deux filles du puits, ses complices les enlèvent. Retourné à l’air libre, Jean de l’Ours utilise la bague pour les retrouver. Il leur offre ensuite un bon repas, grâce à la serviette magique, puis assomme les deux traîtres. Jean prendra la plus belle des filles pour femme et l’autre comme servante. Ces récits recueillis de la bouche des conteurs dans chaque localité, restituent l’importance initiatique du Diable dans la tradition des Alpes Maritimes.  

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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A la demande des organisateurs de la "Fête des Gueyeurs" et en qualité d'historien local, Edmond ROSSI vous informe qu’il animera un débat publique « A la rencontre des Gueyeurs », le samedi 11 août à 16 h place de la Fontaine, au cœur du Vieux Village de Saint Laurent du Var.   A cette occasion, l’auteur dédicacera ses ouvrages.   Nul doute, que les fidèles lecteurs de notre blog profiteront de cette rencontre.

09:05 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

01/08/2007

LA LEGENDE DE SAINT ARNOUX, UNE HORRIBLE MEPRISE...

Homme ordinaire à tous égards, ne s’étant jusque-là jamais fait remarquer par aucun acte saillant dans son existence, Arnoux, marié, résidait près de Tourrettes-les-Vence à proximité de son père et de sa mère qu’il chérissait et qui le lui rendaient bien.

Un jour, devant se rendre à la foire de Grasse, il quitte sa femme en la prévenant qu’il ne reviendrait que trois jours plus tard. Mais en cours de route, il réalise avoir oublié sa bourse de sorte qu’il rebrousse chemin.

Parvenu chez lui dans la nuit, il se propose de surprendre agréablement sa femme en pénétrant discrètement dans la chambre à coucher. Mais surprise ! Au moment de se glisser dans le lit conjugal, il s’aperçoit de la présence incongrue de deux têtes sur l’oreiller. Profitant de son absence, un homme et une femme sont étendus là sans vergogne. Fou de rage, aveuglé par la colère, Arnoux tire le couteau de sa ceinture et le plonge dans le coeur de celui qu’il croit être son rival, en compagnie de sa femme infidèle.

Les deux victimes ont tout juste rendu le dernier soupir qu’il réalise avec terreur avoir tué son père et sa mère. En effet, peu de temps après son départ, ses parents arrivaient chez lui avec l’intention d’y passer un court séjour. Sa jeune femme, pleine de déférence et d’affection pour ses beaux-parents les avait accueillis de son mieux. Après leur avoir servi un bon souper et pour qu’ils puissent être plus à l’aise, elle leur offrit sa chambre, allant elle-même coucher au grenier.

Arnoux, fou de douleur après cette horrible méprise, sortit de la chambre et quitta la maison pour partir droit devant lui. Il erra dans la nature songeant à quelque précipice où plonger pour se donner la mort. Mais, homme pieux, il ne voulut pas ajouter un nouveau crime à ceux qu’il avait commis, aussi évita-t-il la tentation offerte par les gouffres qu’il rencontra.

Parvenu dans les sauvages gorges du Loup, il s’installa dans la grotte qui porte encore son nom. Il passa là le restant de ses jours comme un ermite, en faisant pénitence, ne subsistant que grâce à des végétaux et à quelques racines, couchant sur la roche dure. La recherche du pardon dura si longtemps dans cette austère retraite que son crâne laissa son empreinte sur la roche qui lui servait d’oreiller.

Le repentir exemplaire du malheureux Arnoux, ajouté à la pureté admirable de son existence, le distinguèrent pour être sanctifié après sa mort.

La source fraîche, issue de la grotte où il s’était retiré, reçut alors le don de guérir nombre de maladies rebelles et plus particulièrement celles affectant la peau.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

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29/07/2007

LES TEMPLIERS A VENCE (SUITE)

D’après J.C. Poteur, au début du XIII ème siècle l’église Saint Martin, bâtie au pied du Baou, aurait été fortifiée par le Comte de Provence, à l’occasion des luttes  l’opposant  aux aristocrates. Le château Saint Martin aurait alors contrôlé la voie reliant Vence au Haut Pays, tout en permettant le siège de la forteresse de Saint Laurent La Bastide, échappée pour un temps à la tutelle des Templiers, alliés fidèles du Comte. Les opérations achevées, Raymond-Bérenger V Comte de Provence cède par acte du 15 décembre 1229 à son loyal serviteur le baron Romée de  Villeneuve, entre autres fiefs, ceux de Vence et de Saint Laurent de Vence. Cette décision mettra définitivement fin au consulat de la cité de Vence. J.C. Poteur émet l’hypothèse d’une éventuelle cession du château saint Martin aux dévoués  Templiers, à cette  même époque. Soucieux de stimuler l’économie de Vence, Romée de Villeneuve va  y attirer les populations des alentours. Néanmoins, Saint-Laurent-la-Bastide moins peuplée apparaît affouagée en 1252, puis en 1297, dans l’enquête dite de Saint Jean et encore en 1315. Seule la Bastide est maintenue comme forteresse, avec son église  paroissiale. Le château Saint Martin, faussement désigné comme «castrum »(village fortifié) en 1232, a été supposé devenir au XIV ème siècle une forteresse des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ces héritiers et successeurs des Templiers. Ils auraient géré depuis cette maison leurs possessions locales de Vence et Saint Jeannet. Cette attribution, à un ordre militaire et religieux, a contribué à amplifier la confusion sur la présence templière en ces lieux, certains y voyant le siège d’une commanderie. Or les biens du Temple à Vence n’étaient plus, dès 1338, dans l’enquête de ceux relatifs à l’Hôpital, ils avaient déjà été concédés aux seigneurs de Vence. Le château Saint Martin édifié au début du XIII me siècle par le Comte de Provence, pour asseoir son autorité lors de la guerre contre les aristocrates rebelles du lieu, sera d’abord remis à son fidèle lieutenant Romée de Villeneuve en 1229 et restera ensuite propriété de la famille des Villeneuve-Vence, jusqu’à sa destruction en 1707, par un régiment hongrois des troupes impériales. Il est donc improbable que cette forteresse ait pu être dévolue aux Templiers puis aux Hospitaliers pour servir de siège à une quelconque commanderie. Le destin de la première seigneurie templière de Saint-Laurent-la-Bastide va se poursuivre au XV ème siècle où son nom apparaît en juin 1439, dans une contestation des consuls de Vence. Au XVI ème siècle la Bastide-Saint-Laurent est citée le 4 novembre 1553 au côté de Saint Martin, comme nantie d’une chapelle en prébende, sur la liste des paroisses de la viguerie de Grasse. A l’issue de la deuxième guerre de religion, en 1570, les Protestants en font leur camp retranché. De ce siège régional de la communauté réformée partent les raids qui ravagent la contrée. Le 22 janvier 1591, une réunion des trois ordres à Aix prend la grave décision de démolir la Bastide-Saint-Laurent, fief et possession du turbulent baron Claude de Villeneuve et refuge important des Calvinistes de la région. Cette mise en ruine d’une possession seigneuriale est renouvelée quelques années plus tard par Richelieu. L’assemblée dans le souci d’aboutir, décide d’une amende de mille écus en cas de non-exécution. Puis le silence s’installe jusqu’en 1778 où il est question, (A. D. Fond G.) d’un seigneur des Bastides Saint Laurent. Rappelons que dans la moitié du XVI ème siècle, la Bastide-Saint-Laurent était devenue un puzzle de coseigneuries comptant jusqu’à sept seigneurs. Sur place, c’est à dire au sommet du Baou des Blancs, falaise abrupte de calcaire dominant Vence, on découvre une plate-forme (abordable par les pentes septentrionales) où des vestiges de murs d’enceinte sont encore visibles. Ce site dont l’occupation est attestée depuis l’âge du fer, est cerné en éperon  barré. Les blocs protohistoriques servent par endroit, de fondation à la muraille médiévale. Ailleurs, elle suit la dénivellation du terrain. Au nord-est, sur le point le plus élevé, se dressait le château, avec des murs plus soignés. On distingue encore les restes d’une chapelle et d’une citerne bâtie à même le rocher. Le tout est daté par les spécialistes de l’époque romane, soit de la fin du X ème ou XI ème siècle. Cet ensemble de ruines qui parle à notre imagination, est facilement accessible en vingt minutes à pied, depuis la route reliant Vence à Coursegoules (départ d’un sentier balisé à proximité de la carrière). Du bord de la plate-forme sommitale, un vaste panorama s’offre au visiteur, vers le sud sur la côte, du Cap Ferrat à l’Esterel, le même que celui scruté jadis par les guetteurs templiers. Dans l’évêché de Vence, l’Ordre disposera de 88 services, le rendement en espèces des tenures s’élevait à 3 livres dont  une livre et 4 sous à Vence, 1 livre et 10 deniers au Broc, 4 sous et 10 deniers à Tourrettes, etc…La Gaude, seule, fournissait ses prestations en nature, celles-ci modestes s’élevait à 3 setiers et 3 émines d’avoine. Une tasque sur 4 pièces de terre et 5 albergues complétaient ces revenus, sans que soient précisés ceux de coseigneurie perçus par l’Ordre au Broc. Comme toute commanderie, celle de Vence est censée conserver un trésor templier, nous avons vu l’intérêt porté à celui-ci par le chancelier allemand Konrad Adénauer qui aurait fait des recherches dans le périmètre du domaine Saint Martin où il résida. De plus, l’histoire locale a longtemps prétendu que les Templiers adoraient en ces lieux une idole en or, un Baphomet, qu’ils auraient enfouie avec leur trésor avant de quitter leur commanderie perchée au sommet du Baou de Blancs. Les biens de la maison de Vence vont être inventoriés lors de l’arrestation des Templiers en Provence. A cette occasion les représentants du Comte : Etienne de Vence, Bertrand Falcoz, Paul de Palena, Guillaume Mayfred et Guillaume Beroard de Vence visitent le bailliage de Villeneuve. Ne connaissant ni les membres ni les censitaires de l’Ordre, répartis dans le bailliage, les officiers de Villeneuve procédèrent à une criée en langue provençale, dans les diverses localités du diocèse de Vence, pour que les intéressés se présentent devant Guillaume Gaillard, châtelain de Villeneuve, jusqu’aux premiers jours de février. Cette mesure peu discrète alerta les derniers Templiers des lieux qui purent ainsi échapper aux sergents en armes. Le recensement releva : le 24 janvier, 2 services à Villeneuve, le 26 janvier, 4 services à Saint Paul de Vence, le 27 janvier, 44 services à Vence, ils ne trouvèrent, oublié là, qu’un pauvre frère lai totalement illettré, le 28 janvier, 10 services à La Gaude, le 28 janvier, 21 services au Broc, le 30 janvier, 3 services à La Caînée, le 30 janvier, 1 service à Toudon, le 3 février, 6 services à Tourrettes-sur-Loup, le 3 février, 4 services à Bezaudun, le 3 février, 2 services à Coursegoules. D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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