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10/10/2006

PRES DE NICE, UN CHATEAU CHARGE DE MYSTERES

                    LE CHATEAU DE REVEL

Tout près de Nice à la sortie de l’autoroute de Nice Est, une petite route grimpe en lacets vers l’Abadie, en direction du Plan de Revel, une dizaine de kilomètres plus haut, la vue s’étend vite sur Nice, de son port jusqu’au Cap d’Antibes et l’Estérel.

Au col où débute la descente vers Tourrette-Levens, un chemin conduit aux ruines du château de Revel dont les murailles quadrangulaires s’élèvent sur un promontoire rocheux. Le site du château, situé en bordure d’une ancienne voie romaine, dut servir à l’implantation d’un castellaras ligure avant d’être un poste d’observation romain.

La première mention du château date de 999, lorsque Roger Miron, vicomte de Nice, premier seigneur de Tourrette-Levens et son épouse Odile lèguent aux moines de l’Abbaye de Saint Pons le vaste domaine de Revel correspondant précisément au territoire de l’Abadie dont le toponyme dérive d’Abbaye.

La crainte de la venue de l’an mil avec la fin du monde entraîne les seigneurs vers ce type de legs pour garantir la protection de leur âme.

Roger Miron, chef de guerre local, possesseur d’un immense domaine et compagnon de Guillaume le libérateur qui vient de bouter les Sarrasins hors de Provence, redoute l’apocalypse prophétisée pour l’an mil.

L ‘ effroi devant l’inconnu guide son acte de générosité.

Le castrum de Revel est attaqué et détruit par les Laugier, Revel voit alors son territoire absorbé pour l’essentiel par Châteauneuf.

La destruction du château est donc datable du début du XIIIème siècle.

Aujourd’hui subsistent les vestiges du logis et des courtines.

La tradition veut que les hommes du château de Revel soient à l’origine du pillage d’un village primitif nommé « le Poët » qui précéda celui de Clans dans la vallée de la Tinée.

Les gens du Poët accusés d’avoir commis de graves excès furent tous passés au fil de l’épée.

Le fief de Revel aboutit aux Thaon en 1687, ce quartier fut alors érigé en fief comtal par la Maison de Savoie. Les Thaon de Revel en perpétuent le nom.

Extrait des « Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage de  20 € : téléphoner au 04 93 39 07 41.

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07/10/2006

LOUPS : UN TEMOIGNAGE LEGENDAIRE

               LE FEU PERDU 

Il faisait froid et en rentrant des champs Aline s'étonna, après avoir tisonné les cendres de la cheminée, de constater que le feu était bel et bien éteint. Un seul remède: envoyer la petite Clotilde jusqu'à la maison la plus proche, avec un morceau de bois gras pour qu'elle rapporte la flamme.

Sans tarder, l'enfant partit d'un pas rapide dans le froid vif de cet après-midi de janvier, en suivant le chemin bordé de roures déplumés, plantés le long du canal.

Il fallait bien une bonne demi-heure de marche avant d'atteindre la maison des Giauffret. En cette saison, le sol gelé et les plaques de neige glacée ne facilitaient pas le trajet. Clotilde, emmitouflée dans sa pèlerine ne laissant apparaître que son nez retroussé et sa frange rousse, chantonnait pour se donner du courage.

Parvenue aux abords de la ferme, la visiteuse, flairée par les chiens, déclencha leurs aboiements hurleurs, bien vite apaisés par la voix calme du maître de maison.

Rémy s'avançait sur l'aire à la rencontre de la petite dont les galoches claquaient en écho sur les dalles sonores. Ils s'engouffrèrent dans la chaude demeure, suivis par les chiens rassurés. Tante Amélie, experte, enflamma le bois résineux pendant que Clotilde réchauffait ses mains engourdies par le froid. Lorsque l'enfant quitta les « Sagnes » le jour déclinait.

Le flambeau sautillant au rythme de ses pas disparut au détour du chemin, point lumineux attardé dans la nuit qui obscurcissait la vallée.

Aline, inquiète, remonta pour la troisième fois jusqu'au « Gourgeon » situé au-dessus de la ferme, d'où la vue dominante permettait une belle envolée sur les environs.

Le temps passait et la fillette ne revenait toujours pas. Maintenant la nuit noire s'imposait et il fallait se rendre à l'évidence: Clotilde s'était égarée sur quelque chemin de traverse. Le père et Étienne le fils aîné décidèrent donc d'aller à sa recherche. Quelques minutes plus tard à mi-chemin de chez Giauffret, les deux hommes, rassurés, aperçurent une lueur jaune se déplaçant dans leur direction.

Nul doute c'était elle qui s'avançait vers eux. Criant et sifflant, agitant leur lampe, ils se dirigèrent à grands pas vers la flamme qui s'immobilisait. Bientôt ils avaient rejoint Clotilde, gisant sur le bord du canal.

Son petit corps traîné, à moitié dévoré par les loups, s'éclairait aux lueurs tremblotantes du brandon qu'elle serrait dans sa main comme une ultime trace de vie.

Extrait des « Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage de 18 € : téléphoner au 04 93 39 07 41.

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04/10/2006

LES POSSESSIONS TEMPLIERES DES ALPES MARITIMES

        LES DOMAINES ET

       LEUR EXPLOITATION

       (DEUXIEME PARTIE)

Les Templiers de Provence vont recevoir de nombreux biens, durant plus d’un siècle, la diversité des donations, jointes aux acquisitions, aboutiront à former le plus souvent possible des domaines d’un seul tenant.

Les donations étaient faites par des hommes libres ou par des hommes dépendants d’une seigneurie qui étaient assujettis au Temple.

Les actes des donations, effectuées par les hommes libres, indiquent la nature du bien : jardin, vigne, moulin, droit ou maison. Pour les hommes attachés à une seigneurie, seule la redevance est précisée.

D’autres systèmes de possession sont également signalés comme les «affars » ou les « casements », auxquels s’ajoutait la « manse ».

L’« affar » est un ensemble de biens et de droits importants, tenus par un propriétaire unique. Ainsi comme à Biot où Rainard Clavier possédait avant 1236, un « affar » sous la juridiction du Temple, comprenant : une maison, un jardin, une condamine, deux ferrages, cinq terres, un pré et certains droits non spécifiés de caractère seigneurial.

Le propriétaire d’un « affar » pouvait concéder ses biens, à des tenanciers de diverses conditions, en échange d’une redevance annuelle. Ainsi en 1250, à Guillaumes, sous la suzeraineté du Comte de Provence, les frères Chabert détiennent un « affar » composé d’une maison, de nombreux casaux, de trois jardins, deux vignobles, un pré, de diverses terres, ainsi que plusieurs censives et d’une vingtaine de services, accomplis par des tenanciers inférieurs, le tout relevant du Temple.

Le « casement » se composait aussi de plusieurs biens, mais tenus directement par des personnes domiciliées sous la juridiction de l’Ordre. Cette tenure d’origine servile, différait de « l’affar » tenure roturière.

Le Temple possédait également des tenures isolées, résultant d’un véritable morcellement des propriétés, cette division occasionnant leur éparpillement géographique.

Les Templiers exploitaient ainsi indirectement leurs biens, chaque maison possédant des domaines assujettis à divers types de productions : casaux, jardins, vignobles, condamines, cannebières, ferrages, etc … Précisons que l’Ordre n’exploitait directement ses possessions que dans les localités pourvues d’une commanderie ou d’une maison dépendante, les domaines les plus éloignés étant placés en tenure.

Les maisons templières se situaient dans les grandes villes comme Grasse, Vence et Nice, mais également dans des localités de moindre importance comme : Le Broc, Coursegoules, Touët sur Var, Rigaud, Puget-Théniers, Tourrettes, Biot, certaines attribuées à des tenanciers contre un cens annuel, complété parfois, comme à Grasse, d’un jambon offert au commandeur, dans le cas d’un élevage porcin.

L’usage de rentabiliser les biens du Temple, en ayant recours à des tenanciers, personnes étrangères à l’Ordre, était pratiqué à cette époque par tous les autres ordres monastiques.

Quatre types de contrats liaient les tenanciers à l’Ordre : le bail à tasque (ou champart) qui fixait un taux de prélèvement à effectuer sur les récoltes du bien concédé ; le bail emphytéotique qui établissait un taux invariable du cens et des services en nature ; le bail à temps dont  l’échéance déterminait la redevance et le bail gratuit où la concession n’était soumise qu’au lods ou droit de mutation.

Les biens à tasque paraissaient peu pratiqués, ce sera néanmoins le cas en 1264 à Nice où le commandeur Pierre Geoffroi inféode une terre située à Caucade, à R. Rainoard qui s’engage à planter la terre en vignes et en figuiers dans les quatre ans et à céder chaque année à l’Ordre 1/5 ème de tous les fruits récoltés.

Simultanément, un acte pour une autre terre sise à Caucade est accordé à cinq habitants de Nice, dans des conditions similaires, en échange d’une livraison annuelle de blé, légumes et autres semences, qu’ils feront au Temple.

Avec le bail emphytéotique, le preneur payait soit en argent soit en nature ou en mélangeant les deux formules. Ce bail le plus souvent à cens et « services perpétuels » va s’imposer avec des taux variables, allant de un à dix huit deniers à Grasse pour les maisons ou les terres, de quatre deniers et huit coupes de vin pour une vigne, de un à vingt deniers plus trente paires d’oignons pour un jardin. A Vence, le cens allait de deux à dix huit deniers pour les terres et de un à six pour les maisons. Ces écarts suivaient en fait les fluctuations monétaires, induites par les dévaluations successives de Philippe le Bel.

Plus exceptionnels en Provence, les baux à temps s’achevaient sur quatre termes choisis soit à la Noël, soit à Pâques ou au 25 mars, à Pentecôte ou à la Saint Michel.

La location se faisait pour un ou deux termes et payable d’avance. Ainsi en 1268, l’Ordre loue pour deux termes de six mois à Raibaud de Nice, le tiers du moulin qu’il possède à Grasse, moyennant 18 sous, à condition que la somme serve à réparer l’édifice. Le commandeur se réserve le droit de reprendre l’édifice à la fin du premier terme de location et de rembourser alors le second terme.

Le bail gratuit ou concession locative en franchise, apparaît rarement, il est signalé en 1308 à la saisie des biens à Annot.

Autre mode d’exploitation, utilisé exceptionnellement par les Templiers provençaux, les travaux ou corvées que devait effectuer une famille pour payer la location d’un bien.

Les champs formant une grande partie du domaine de l’Ordre, étaient ensemencés selon le sol et le climat avec diverses variétés de céréales, comme le froment, l’avoine, le seigle, l’orge ou le mil.

Biot produisait du blé et le Haut-Pays de l’avoine.

L’historien Urbain Bosio, indique dans son ouvrage « La Province des Alpes Maritimes » que : « Dans les villages situés dans le rayon d’une commanderie, les Templiers avaient une maison où ils se rendaient et séjournaient aux époques du paiement de la dîme. Cette maison était généralement placée près de la porte d’entrée du village. On la distingue encore, dans plusieurs localités, des autres constructions, par les bras de fer scellés dans les murs de la façade, formant râteliers, sur lesquels les hommes de l’escorte des Chevaliers disposaient leurs hallebardes. Près de la porte d’entrée était placée l’auge en pierre ronde et percée au fond d’un trou qui servait à mesurer les grains que livraient les habitants en paiement de leur dîme ». Ces auges se retrouvent encore à  Touët, Châteauneuf d’Entraunes (près de l’aire de battage, au haut du village), ainsi qu’à La-Croix-sur-Roudoule. Des moulins à farine et à foulon, traitaient ces récoltes céréalières.

Le vin constituait une des principales récoltes du Temple, produite par des vignobles répartis dans toutes les Alpes Maritimes, jusqu’à des latitudes et des hauteurs élevées comme à Guillaumes.

Les forêts sont mentionnées comme des services spéciaux, composés de divers chênes (verts, blancs, lièges) leurs sous-bois étaient affermés aux pâtres, pour des troupeaux de chèvres et de moutons ou encore de porcs en liberté, comme à Biot.

Les prairies et pacages du Temple s’étalaient dans la plaine de la Brague à Biot, aux alentours de Grasse, à Rigaud, à Saint Pierre dans le Val de Chanan, à Annot, au Fugeret, ils faisaient l’objet d’une exploitation intensive.

Les vergers se composaient de figuiers, noisetiers, noyers, châtaigniers, amandiers produisant des fruits faciles à conserver et à transporter. Séchées sur des claies, dans des espaces aménagés sous les toits, dans les « grasiserios », les figues, véritable providence du peuple, se cueillaient dans les « figayretos » de Biot, Nice, Touët sur Var et Entrevaux.

Au XIII ème siècle, curieusement, le Temple ne mentionne qu’une olivaie à Biot dont  les fruits sont triturés dans un moulin à bras ou « torcular ». L’huile en quantité limitée est conservée dans des jarres en terre cuite à Biot et dans de gourdes (les coucourdons) à Rigaud.

Les légumes cultivés dans les jardins, offraient une gamme de produits, allant des légumineuses telles que les pois chiches, vesces, lentilles, aux oignons, choux, salades et blettes.

La commanderie de Biot se distingue par un élevage intensif de chevaux, laissant supposer un véritable haras, à la lecture de l’inventaire de 1308.

Lors d’une razzia effectuée en 1300, par les gens de Villeneuve, il est question de l’enlèvement d’une trentaine de juments et de leurs poulains.

24 chevaux seront recensés à la saisie de 1308, auxquels s’ajouteront 70 bovins, 56 porcs, 10 pourceaux et 250 moutons et chèvres. Il est fait mention antérieurement, d’un troupeau transhumant, envoyé à l’alpage de Tende.

Après avoir réduit le morcellement de leur terres, les Templiers entreprennent de cultiver scientifiquement leurs parcelles, grâce à l’assolement triennal, combinant différentes espèces de céréales, afin d’éviter l’épuisement des sols.

La culture biologique, mise au point à partir de divers composts, adaptés à la nature du sol et aux difficultés d’irrigation (voir la méthode illustrée), s’inspirait de traditions agricoles pratiquées au Moyen-Orient que les Templiers découvrirent et rapportèrent en Occident.

Différentes méthodes de greffe et de taille des arbres, parvenaient à assurer une production à fort rendement, adaptant les espèces aux climats et aux sols.

Les instruments aratoires recensés  lors de la saisie, assez  limités en nombre, laissent supposer leur présence au domicile des domestiques, chargés des travaux des champs. La main d’œuvre pouvait être attachée au bien toute l’année ou simplement employée pour de gros travaux saisonniers.

L’âne et les bœufs de labour sont signalés comme auxiliaires indispensables à l’agriculture.

Quel était le rendement des terres exploitées par l’Ordre ? Les actes apparus tout au long de sa courte vie, ainsi que les inventaires dressés à sa suppression, révèlent une exploitation fructueuse d’un rapport financier évident. Ces profits, joints aux sommes d’argent reçues, ne s’accumulaient pas dans d’improductifs trésors, mais servaient à soutenir l’effort de guerre des troupes stationnées en Terre Sainte.

La vente des produits récoltés et de l’élevage, contribuait d’une part à l’entretien des communautés productrices, mais surtout à financer les campagnes militaires d’Outre-mer.

Les céréales constituaient l’apport essentiel de l’agriculture templière, avec pour Biot, selon J.A. Durbec, les chiffres conséquents de : 704 setiers de blé, 264 d’orge, 176 de méteil, 288 d’avoine et plus de 28 de fèves. La conversion du setier, mesure variable selon le produit, a été évaluée à environ 48 kgs.

Les 80 fosserées de vignes du terroir biotois, produisaient au moins 50 saumées de vin (environ 48 hl). Le rapport  de l’élevage n’est pas chiffré, mais l’ensemble du cheptel est estimé à 700 livres. A titre de comparaison, il fallait alors dix livres par an, pour les besoins d’un ouvrier agricole, en nourriture, logement et habillement.

A Grasse, le rapport de l’Ordre s’élevait, grâce aux cens et services en argent, à 7 livres annuelles, fournies par le tiers d’un moulin, avec en plus la valeur de 67 coupes de vin, 30 cobles d’oignons et quelques jambons, sans compter les revenus de l’église Saint Jacques.

Les services du bailliage de Puget-Théniers relevant de la commanderie de Rigaud, se chiffraient à 21 livres en céréales, avec 23 setiers de blé et le tiers en avoine, auxquels s’ajoutaient des corvées, des droits de repas et d’alberge.

Les tenures de la commanderie de Vence ne s’élevaient qu’à trois livres, partagées entre les domaines de Vence et du Broc. La Gaude fournissait trois setiers d’avoine.

Il est important de rappeler que les prélèvements provenaient de 724 tenures ou groupes de tenures, pour 654 tenanciers, bienfaiteurs, individus ou collectivités, versant à l’Ordre, une redevance en argent ou un service en nature.

Au total le Temple, à son abolition, rapportait chaque année 245 livres à Biot, pour l’ensemble des services de cette commanderie et seulement 28 livres pour les commanderies réunies de Grasse, Vence et Rigaud, les données de la commanderie de Nice n’étant pas connues.

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