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22/04/2009

RIGAUD ET SA COMMANDERIE TEMPLIÈRE (SUITE ET FIN)

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La vallée du Var effectue un large coude dans les Alpes de Haute Provence après Puget-Théniers, pour recevoir sur sa droite la vallée du Coulomp, entièrement située dans ce département.

Comme Entrevaux : Saint Benoît, Braux, Annot, Le Fugeret et Méailles sont des localités où les Templiers détenaient des possessions au bénéfice de la commanderie de Rigaud.

Annot : Les Templiers y possédaient une « maison », une terre, des droits divers avec 5 hommes. Ils y retiraient 21 redevances et services personnels, 29 redevances foncières et 9 tenures soumises au droit de trezain.

Selon la monographie de J.L. Damon, le domaine de Vérimande constituait l’établissement principal de l’Ordre du Temple à Annot.

Vérimande aurait été légué  aux Templiers par l’Abbaye de Saint Victor de Marseille qui l’avait acquis en 1042 d’Hermerincus, seigneur du lieu.

Les Templiers se seraient installés à compter de 1130 dans ce secteur, avec une maison mère au Fugeret et des dépendances à Méailles, Braux et Saint Benoît.

La chapelle de Vérimande, avec son cimetière attenant, aurait été édifiée par l’Ordre du Temple vers 1130. La tour voisine, dite des Templiers, serait reliée au prieuré par un souterrain où aurait été cachée la cloche d’or de la chapelle.

La tour de pierre du bâtiment, installée sur le domaine, témoigne encore de la lointaine présence des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

La tradition veut également qu’une « maison » du Temple, implantée dans Annot, ait été incendiée en 1574 pendant les guerres de religion.

Il a été question d’un établissement important au Fugeret où le Temple ne relevait pourtant qu’une seule redevance foncière en 1308. L’église Saint Pons témoignerait pour certains de la présence templière dans cette localité.

Si la partie orientale de la vallée de l’Esteron relevait de la commanderie de Vence dans quatre villages, le reste du bassin dépendait de celle de Rigaud, avec des possessions recensées dans 9 localités. L’Ordre possédait des biens à Ascros, La Penne et Cuébris. Les églises de ces villages ont été déclarées bâties par les Templiers. Moris et Pauty sont à l’origine de ces rumeurs, basées sur quelques détails architecturaux, confirmant l’origine médiévale de ces monuments, alors que les frères du Temple fréquentaient ces lieux.

Ces attributions hâtives sont beaucoup plus hasardeuses pour l’église Saint Michel de Sigale et le village de Saint-Antonin où E. Pauty indique : « Une maison témoignant du siège d’une commanderie ».

Aucune possession templière n’a été recensée lors de la saisie des biens en 1308 dans ces deux localités.

Indépendamment des archives, la toponymie nous restitue souvent, par delà les siècles, le souvenir émouvant de la présence des Templiers. C’est le cas de certains quartiers ou vestiges, comme à Aspremont (sur les pentes ouest du Mont Chauve), également à La Gaude (bâtisse ruinée au Chemin de la Garbasse), à Biot (quartier Saint Philippe), ainsi qu’à Valbonne et Villeneuve-Loubet.

La seule mention d’une rente ou d’un lopin de terre au profit de l’Ordre du Temple, dans les inventaires ou une pseudo construction, a parfois suffit pour qualifier un lieu-dit de templier.

Nombre de chapelles romanes ont bénéficié sans raison du même label flatteur, alors qu’au Moyen-Age la construction de tels édifices, porteurs de prébendes, était prétexte à d’âpres marchandages avec le clergé local.

Enfin, il ne faut pas oublier la présence des Hospitaliers, détenteurs d’importantes possessions dans les Alpes Maritimes. Comme l’écrit L. Dailliez beaucoup de sites templiers « n’ont jamais vu de frères au blanc manteau à la croix rouge, mais bien des frères au manteau noir à croix blanche ».

La mission de ces deux ordres militaires et religieux contemporains, tout aussi glorieux et estimables, a pu faire naître de possibles confusions.

Seul le mystère lié à la disparition tragique de l’Ordre du Temple, peut expliquer la fascination qu’il persiste à exercer sur l’imaginaire populaire, après plus de sept siècles.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

 

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15/04/2009

GRASSE, CITÉ FORTIFIÉE DU MOYEN AGE

45 VILLE FORTIFIEE SEMBLABLE A GRASSE, TABLEAU DE FRA ANGELICO page 45.jpg

La ville de Grasse s’étale autour de la vieille cité médiévale, chargée de vestiges témoignant de la richesse de son passé.

Mentionné dés 1040, Grasse relève des princes d’Antibes dont un représentant réside dans un château entouré par l’agglomération fortifiée.

Le premier Grasse, protégé en hauteur des dernières incursions sarrasines comme des pirates fréquentant le littoral, est également un carrefour important de voies de communication.

La ville s’étend rapidement au XIIème siècle.

L’évêque assoit son autorité sur Grasse avec l’aide du Comte de Provence, opposé aux princes d’Antibes rebelles à son pouvoir.

Constamment sur ses gardes, l’évêque veille jalousement à son autorité, avec le soutien actif du Comte de Provence. Le Consulat lui est soumis et si son contrôle lui échappe, il le supprimera temporairement.

Charles 1er d’Anjou recense en 1251 les ouvrages défensifs suivants : le château résidence du seigneur évêque, les tours du Portail de la Foux, du Puy et  de Porte-Ayguière.

Au XIVème siècle une ceinture de remparts élevés cernait la totalité de la ville.

Aujourd’hui, le bâtiment défensif le plus significatif du Moyen Âge reste la Tour Carrée, bâtie en pierre brune de calcaire coquillé, cet ouvrage militaire constituait le donjon de la forteresse primitive du XIIème siècle. Cette tour devait être à l’origine plus élevée et couronnée de créneaux. Elle est intégrée à l’Hôtel de Ville qui occupe l’ancien palais épiscopal,

Place du 24 août, s’élève la Tour de l’Horloge, ancienne tour du Consulat du XIIIème siècle, elle abrite aujourd’hui les services techniques municipaux.

La vieille ville, privée au XIXème siècle des remparts qui la ceinturaient, développe un réseau sinueux de rues étroites, avec des demeures élevées, aux austères façades d’inspiration génoise.

Au Moyen-âge, Grasse, célèbre pour ses foires possédait aussi un marché aux esclaves florissant si l’on en juge par deux actes notariés de 1445.

Ils ont trait tous les deux à l’achat par noble Barthélemy Grimaldi, seigneur d’Antibes, d’une « esclave blanche de patrie russe âgée de vingt cinq ans … avec toutes ses tares », selon la formule usuelle des contrats d’achat de bestiaux, pour le prix de trente ducats.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au

 04 93 24 86 55

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

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18:24 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

18/03/2009

LES TEMPLIERS CHASSÉS DE BIOT

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LA FIN DE L’ORDRE DU TEMPLE A BIOT (2ème partie, suite) 

 

La fin du XIII ème siècle est marquée par de graves conflits opposant les Templiers de Biot à leurs voisins, les habitants d’Antibes et de Villeneuve, entre autre à propos des droits d’usage sur le territoire de Clausonne.

Après avoir acquis quelques biens au quartier de Clausonne, proche de Biot, les Templiers virent cette transaction contestée par des habitants d’Antibes, au point qu’il fallut une sentence du 12 décembre 1258, de Guillaume Aicard bailli de Vence, pour faire reconnaître leurs droits.

Confirmation du fief fut faite à Guillaume Clumans, commandeur de Biot, au nom de Bernard de Bellano commandeur de Grasse et Nice. Néanmoins, des incidents vont éclater.

Ainsi, Foulques Bérenger, commandeur de la Maison du Temple de Grasse, Nice et Biot, demande le 4 mai 1286, aux officiers de la Cour de Grasse, d’ouvrir une instruction judiciaire, contre plusieurs habitants d’Antibes, qu’il accuse d’avoir commis, toute sorte de méfaits, dans le castrum et le territoire de Biot.

Le juge de Grasse confie l’enquête au notaire Ambroise, puis s’en dessaisit au profit de l’évêque de cette ville qui lui avait présenté un privilège de juridiction.

Contestant la décision de justice, des habitants d’Antibes organisent le 26 décembre 1286, une expédition punitive contre les Templiers de Biot. Après avoir molesté deux frères, ils s’emparent de plusieurs têtes de bétail qu’ils ramenèrent sur leur propriété.

Selon J.A. Durbec, ils récidiveront de même, le 9 mai 1296, sous la conduite du baile d’Antibes, détruisant les cultures et amenant quelques têtes de bétail.

La Cour de Grasse rendra plusieurs sentences à ce sujet, attestant de la persistance et de la vigueur du conflit.

Une affaire similaire éclate quelques années après, avec des habitants de Villeneuve, certains d’entre eux, ayant été surpris en délit de ramassage de bois dans les forêts de l’Ordre. En représailles, les Villeneuvois s’emparent alors d’une ânesse et de deux bœufs, de la Maison du Temple de Biot.

Invités à rendre les bêtes, ils ne restituent que les bœufs. Aussi, le 17 mars 1298, à la demande du commandeur P. Ricau, le juge de Grasse, Jacques « de Vastalla » écrit à son collègue de Nice, Pierre Bérard, pour le prier de faire rendre, à la Maison du Temple de Biot, une ânesse saisie dans les bois de cette localité.

Les Templiers eurent gain de cause, mais les démêlés rebondirent lorsqu’en juin 1298, le bailli de Villeneuve fait enlever deux hommes du Temple de Biot, circulant sur « le chemin royal », pour les enfermer dans sa forteresse. Un seul ayant été libéré, le frère Pons Ycard demande le 21 juin 1298, à Paul Fabre, viguier de Nice, au nom du commandeur Pierre Ricau, de faire relâcher le prisonnier, homme du Temple que les officiers de Villeneuve détiennent comme otage dans leur forteresse.

En effet, les Templiers enlevés par les Villeneuvois, devaient leur permettre de poursuivre, en toute impunité leurs méfaits, dans le domaine du Temple de Biot.

Devant les lenteurs de la justice, les Templiers de Biot vont suivre l’exemple des gens de Villeneuve et s’emparer d’objets leur appartenant. Cette dernière manœuvre entraîne une sentence immédiate du juge de Grasse, ordonnant aux Templiers de restituer les biens dérobés aux Villeneuvois. Face à une attitude aussi partiale, Pons Ycard fait appel de la décision le 4 septembre 1298.

L’affaire traîne, puisqu’un an plus tard, le 15 septembre 1299, Pons Ycard se présente à Grasse, comme délégué du commandeur devant le sénéchal de Provence Raymond de Lecto. Il lui montre différentes pièces de son procès contre Villeneuve et interjette appel d’une sentence rendue en cette cause, par la Cour de Grasse.

Un mois après, le 29 octobre 1299, le même Pons Ycard s’adresse au lieutenant du juge de Nice, Guillaume de Biot, pour faire transférer dans la viguerie de Grasse, deux hommes qui relevant de la juridiction du Temple, ont commis un larcin à Clausonne et sont retenus dans la forteresse de Villeneuve.

Mais, au-delà de l’imbroglio juridique et des jugements rendus par les Cours de Nice et Grasse, le conflit s’envenime au mois de mai 1300, à l’occasion d’un nouvel enlèvement délibéré, opéré par les gens de Villeneuve, lesquels entraînés par leur propre bailli, raflent 23 juments et 8 poulains dans le domaine du Temple de Biot !

Le 9 mai, Jean Rodolphe, juge de Grasse, expose aux officiers de la Cour de Nice que plusieurs habitants de Villeneuve ont enlevé 23 juments et 8 poulains à la Maison du Temple de Biot. Il les prie de renvoyer les coupables devant sa juridiction et de faire restituer le bétail saisi.

La réponse ne tarde pas et le lendemain, le 10 mai, le juge de Grasse est informé par les chevaliers Bertrand de Regio, viguier et Isnard Rosseto, juge de Nice, qu’ils sont disposés à lui donner satisfaction, mais après avoir entendu les explications de gens de Villeneuve (!).

Ils invitent le frère Pons Ycard à se rendre dans cette localité le jeudi suivant.

L’affaire va remonter jusqu’au sénéchal de Provence Raymond de Lecto qui le 23 mai suivant, écrit au viguier et au juge de Grasse, ainsi qu’au bailli de Villeneuve, qu’après avoir été informé que le bétail du commandeur de Biot avait été razzié, il ordonne aux habitants de Villeneuve de le restituer. Il charge par ailleurs, le juge et le viguier de Grasse, de rendre la justice, non sans avoir fait remettre aux gens de Villeneuve, les gages que la Maison de Biot pouvait avoir pris.

Il semble que le Templier, otage prisonnier de la forteresse de Villeneuve, ne fut pas libéré, on ne sait s’il y mourut ? Seule certitude, le conflit ne trouvera sa conclusion qu’en 1320, réglé alors par le commandeur de l’Ordre  de Saint Jean de Jérusalem, héritier des biens du Temple.

Parallèlement, les Templiers poursuivaient l’acquisition d’autres biens meubles et immeubles, (des terres, des prés) sur le territoire de Biot, les actes précisent les dates de 1235, 1240, 1248, 1277, 1297 et 1301.

Les Templiers de Biot se livrent à une exploitation directe de leur riche domaine. Le commandeur emploi des domestiques attachés en permanence à sa Maison et temporairement, un certain nombre d’étrangers ou de personnes de basse condition, appelés à répondre à des corvées ou à des journées au moment des grands travaux.

Ces employés gardaient avec eux leurs instruments aratoires, absents des maisons templières lors des saisies.

Les meilleures prairies du Temple dans la région, se trouvaient dans la plaine de la Brague où elles feront l’objet d’une exploitation intensive.

Les forêts autour de Biot, comme celle de Clausonne, offraient en plus du bois de pin et de divers chênes (chênes verts, chênes blancs et chênes lièges), de vastes sous bois que le commandeur affermait aux pâtres. Ainsi les troupeaux de porcs divaguaient dans les bois de la Baume.

L’élevage constituait la principale ressource de la Maison de Biot, comme en témoigne les produits de razzias, opérées tour à tour par leurs voisins d’Antibes et de Villeneuve.

Le quartier de la « Cavalerie » rappelle l’existence d’un véritable haras. Le bétail élevé servait aussi bien d’animaux de trait que pour le commerce.

Le recensement de 1308, indique : 22 bœufs de labours et 24 chevaux de trait, 48 bœufs ou vaches et 16 veaux, 56 porcs et 10 pourceaux, 250 chèvres et moutons. J.A. Durbec estime à 70 livres la valeur du gros bétail (équidés, bovins et porcins) saisis le 25 janvier 1308, ce qu’il juge comme une somme importante pour l’époque.

Biot possédait en outre un troupeau d’ovins transhumant l’été à Tende, sous la conduite du berger Aubert Bonnard.

La Maison disposait de 35 ruches et d’une très belle basse-cour.

Parmi les produits des récoltes, signalons, les figues de plusieurs « figayretos », conservées après séchage sur des claies, les olives d’une « olivette » qui après passage au moulin à bras : le « torcular », donnaient une huile conservée dans des jarres.

A son abolition, le domaine de Biot fournit à l’Ordre 704 setiers de blé, 264 d’orge, 176 de méteil, 288 d’avoine, 28 de fèves, 90 setiers de mil et 2 setiers et 1 émine de pois chiche (1 setier valait 48 kilos).

Les 80 « fosserées » de vignobles de ce pays rendaient 50 « saumées » de vin.

40 saumées de vin, réparties dans trois cuves, seront saisies en 1308 (1 saumée valait environ 100 litres).

Au total le domaine de Biot, avec ses 1168 setiers de céréales donne une valeur voisine de 245 livres, équivalait à  9 fois le montant des cens et services en argent, des biens inféodés dans les autres localités de la commanderie (chiffré à seulement 28 livres). Cet ensemble représentait un patrimoine agricole prospère.

A cela, venait s’ajouter les revenus d’un important troupeau de bétail et la production de vin et de fourrage.

A titre de comparaison, sachons qu’un setier de blé représentait une valeur de 5 sous et qu’un bon ouvrier touchait alors annuellement, une somme d’environ 7 à  10 livres (une livre valant 20 sous) pour salaire, nourriture et frais d’habillement. Soit l’équivalent de 40 setiers de blé, ceci établi d’après les archives de l’époque.

Uniquement préoccupé d’accroître l’importance et le rendement de leur domaine, les Templiers se comportent comme des gestionnaires surtout attentifs au profit, ne se souciant apparemment plus, de disposer des moyens les plus élémentaires de défense, contre les rapines commises sur leur territoire par les gens d’Antibes et de Villeneuve.

Leur rôle militaire s’estompe au XIII ème siècle, comme le révèlent deux actes confirmant la distance prise par l’Ordre à l’égard de cette fonction.

Ainsi, Geoffroi de Grasse, commandeur des Maisons de Grasse, Nice et Biot, demande à Foulques du Cannet, le 3 janvier 1248, de venir à son secours, pendant deux ans, en cas de besoin, en échange d’une mule appelée « Pontia » (!).

Le frère Bertrand Sylvestre refusera de payer 30 sous au viguier de Grasse, le 30 décembre 1291, au service des galères, pour assurer la défense de la côte, sous prétexte que sa Maison jouit d’un privilège d’exemption.

Le  24 janvier 1308, avant l’aube, selon l’ordre d’arrestation lancé par le Comte de Provence le 13 janvier précédent, Michel « de Cocharello », viguier de la Cour de Grasse, Pierre de Montagnagol clavaire, P. Rebuffel, notaire et quatre sergents de cette Cour quittent Grasse pour rejoindre Biot. Ils interpellent là, sans la moindre résistance, les frères Hugues Alberge et Jacques Vilglonus résidant au château.

Ils dressent ensuite, en présence de ces derniers, un inventaire complet du mobilier et des biens appartenant à l’Ordre. Le tout est placé en gérance provisoire et confié à frère Guillaume Fraynet, donateur, probablement un religieux de la localité.

L’inventaire du mobilier révèle essentiellement des coffres et des caisses, des ustensiles de ménage variés, une vaisselle dépourvue de couverts (!), la literie limitée à des paillasses sans lit, au total un ensemble de biens rudimentaire, pour la plus riche commanderie de la région !

Pas de descriptif de la Maison, située dans le château, les archives indiquent qu’elle comprenait  la chambre du commandeur, une vaste pièce servant à la fois de chambre, de cuisine et de magasin, une cave, un cachot, une tour et de vastes dépendances avec écuries et étables.

Les Hospitaliers y installeront un oratoire, après que l’édifice leur sera remis, entre 1313 et 1320.

En 1387, le bâtiment sera presque entièrement détruit par les bandes de Raymond de Turenne, lors des luttes opposant les partisans de la Maison d’Anjou et ceux de Charles Duras.

La Maison, tenue par l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, sera reconstruite au XV ème siècle.

Biot cité par J.A. Durbec, comme « le fief du Temple par excellence dans les Alpes Maritimes » ne conserve à son avis, « aucun vestige apparent des maisons et casaux que cet Ordre y trouva en 1209 ou que ses hommes firent construire au XIII ème siècle.

Presque tout a disparu dans les tourmentes qui à partir du XIV ème siècle, ruinèrent entièrement le vieux « castrum de Buzoto ».

Certaines parties de la belle place des Arcades et quelques voûtes sur piliers, non visibles de l’extérieur, peuvent seules être contemporaines du Temple…Le château (la « Maison ou « sala ») ne fut pas construit par les Templiers ». Compris en 1209, dans les biens du Comte dont  la seigneurie passa à l’Ordre, cette forteresse dépendait alors de Raimond de Biot, lequel la vendra à l’évêque d’Antibes en 1227. Les frères du Temple la reprendront en 1233, pour s’y installer peu après comme l’atteste le premier acte de l’Ordre signé sous son portique le 9 août 1246.

Antérieurement, les notaires opéraient en 1211, « devant l’église sous les palmiers » et en 1213, au domicile des tenanciers, à la demande du commandeur.

Laurent Dailliez, dans son « Atlas », situe des biens relevant de la commanderie de Biot à Villeneuve, Valbonne, Saint Julien, Clausonne, Antibes avec une maison dépendance établie à la Brague.

Objet d’attaque et de marques évidentes d’hostilité, les Templiers de Biot apparaissent comme des gêneurs en cette fin du XIII ème siècle qui précède leur arrestation.

Les deux frères qui furent arrêtés à Biot, tout comme ceux de Grasse, seront dirigés à Pertuis, pour y être emprisonnés, nous perdons leur trace après leur transfert à Aix en 1308.

Edmond Blanc, dans son « Epigraphie des Alpes Maritimes », cite la « Tour de Clausonne » ou de « la Chèvre d’Or », comme un authentique vestige templier. Plus prudent, J.A. Durbec n’y voit qu’une construction gallo-romaine, un mausolée massif, utilisé un temps comme oratoire.

En Provence les monuments étranges ou les cavités naturelles associées au mythe de « la Chèvre d’Or », sont sensés dissimuler un magot, accessible à celui qui rencontrera l’animal légendaire, porteur de fortune. La présence templière étant affirmée ici, au voisinage de la plus importante commanderie de la région, le mausolée classé de Clausonne est apparu comme le probable réceptacle, d’un des fabuleux « trésors » du Temple.

Biot, après avoir été partiellement dépeuplé par la peste noire en 1348-50, puis vidé de ses habitants, obligés, sous la menace, de se réfugier en 1367 à La Garde, sera rasé par Raymond de Turenne en 1387, le village ne sera plus au début du XIV ème siècle, qu’un lieu abandonné servant de refuge à des malfaiteurs et des pirates.

Sa renaissance, digne de ses riches heures templières, ne s’opère qu’en 1470, avec la venue de 50 familles de colons, originaires du Val d’Oneglia, dans la proche Ligurie, ceci à l’initiative de ses coseigneurs l’évêque de Grasse pour un tiers et des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, successeurs des Templiers.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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