21/01/2009
RIGAUD ET SA COMMANDERIE TEMPLIÈRE (5ème PARTIE)
Les restes de cet important hospice, placé à deux kilomètres au nord du village, sont encore nettement identifiables de nos jours. Accrochés sur une pente surplombant de 200 mètres le torrent du Var, les ruines bordent l’ancien chemin grimpant vers le col de la Cayolle. On y accède depuis la route surmontant le site. Les quelques pans de murs, dépourvus du linteau daté de 1143 selon Durante ou de 1564 selon Canestrier et Liautaud, présentent l’intéressante structure archéologique de l’ensemble. Image émouvante de l’un de ces antiques établissements, dressés sur le bord des chemins du Moyen-Age, pour accueillir les pèlerins et voyageurs qui les parcouraient.
D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
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14/01/2009
GREOLIÈRES ET SON CHATEAU CHARGÉ D'HISTOIRE
Gréolières situé au bord d’une voie d’accès conduisant vers le Haut-pays contrôle depuis l’Antiquité un carrefour qui explique son rôle stratégique. Il est cité pour la première fois en 1038.
Trois châteaux à l’origine de trois villages distincts sur trois sites différents surgissent au Moyen Âge : Majone, Gréolières Basses et Gréolières Hautes. Ces trois châteaux vont s’échanger et se confronter sur un fond de guerre de conquête, entreprise par les comtes de Provence.
Tout débute vers l’an mille, lorsque est fondé le « castellum » de Majone. Le site choisi est le baou de Saint Jean surplombant la vallée du Loup, face au hameau actuel de Saint Pons.
Mais en 1070, des raisons économiques et stratégiques incitent Rostang, seigneur de Gréolières à quitter Majone pour s’installer à l’ouest et faire bâtir un donjon défensif sur un promontoire qui domine l’actuel village de Gréolières et supporte encore les restes d’un château.
Le Comte de Provence entreprend en 1200 une campagne militaire destinée à maîtriser et vaincre la résistance de la noblesse locale.
La victoire du Comte de Provence n’est acquise qu’après la soumission définitive du château de Gréolières Basses.
Pour y parvenir le Comte de Provence dresse un troisième château, en 1220, ce sera celui de Gréolières Hautes.
Les restes du château de Gréolières Basses se dressent au-dessus du village actuel de Gréolières. Sa partie orientale a été remaniée aux XVIIème et XVIIIème siècles alors que subsiste à l’ouest une avancée datable du Moyen Âge.
Le château de Gréolières Hautes après des destructions est reconstruit en 1390. Cette construction est bâtie avec un appareil de pierres assemblées par lits réguliers. Des ouvertures percent le bas du rempart, alternant avec des archères.
La rampe d’accès grimpe le long de la façade orientale pour aboutir à l’ancienne poterne. Son orientation obligeait l’assaillant à s’aligner avec son bouclier à l’extérieur pour être plus vulnérable.
Au voisinage du château, l’église romane Saint Etienne, très dépouillée, surmontée d’un simple clocher à peigne, domine le champ désolé des ruines du village aujourd’hui abandonné.
D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au
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Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.
Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?
Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.
Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.
La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.
Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.
L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.
Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.
Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.
Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.
Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.
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17/12/2008
ALPES MARITIMES: EXORCISME ET CHASSE AUX SORCIÈRES (SUITE)
Mais à côté de ces innocentes croyances populaires, confirmant un terrain propice à l’accueil de pratiques plus audacieuses, les chroniques du passé nous restituent les tragiques épisodes d’une impitoyable chasse aux sorcières.
Les potences et les bûchers vont se dresser aux quatre coins des Alpes Maritimes, pour punir les malheureuses « mascas » accusées de pactiser avec le Diable.
En 1428, plusieurs femmes seront pendues devant la population rassemblée à Sospel. Dans cette même bourgade, en 1446, une femme sera brûlée vive à cause de ses maléfices. Plus haut, à Saint Etienne de Tinée, une femme et ses deux filles monteront sur le bûcher en 1437 pour crime de sorcellerie. Une autre sera pendue en 1451 à Nice. Ces exécutions étant indépendantes de celles évoquées précédemment, relatives à la poursuite des partisans des hérésies.
A cette époque, l’Eglise pouvait rendre la justice, ce privilège ne sera aboli en France qu’en 1790. Jusque-là et particulièrement au XV ème siècle, les autorités ecclésiastiques persécutèrent sans relâche tous ceux qui s’écartaient des préceptes par leur conduite, s’exposant dans leurs égarements à l’hérésie ou à la sorcellerie.
S’il est admis, « qu’il n’y a qu’un sorcier pour dix mille sorcières » et que la « masca » est du féminin, nombreux furent les hommes poursuivis devant les tribunaux pour les mêmes délits
L’enquête initiée au XIX ème siècle par Mgr Dominique Galvano, évêque de Nice, permet de connaître l’état d’esprit des populations des Alpes Maritimes à cette époque, en matière de pratique et de croyance religieuse.
En 1836, le prélat adresse à tous les curés de son diocèse un imprimé en préalable à ses visites pastorales de 1838, 1839 et 1840.
Une rubrique, relative aux superstitions et aux rites étrangers à l’Eglise, reflète les mentalités des habitants, particulièrement sensibles à la sorcellerie dans le Haut-Pays.
Voici quelques exemples révélateurs, extraits de ces notes.
A Guillaumes, le curé Coste précise au sujet des gens du hameau de Bouchanières que « les superstitions, vices et abus principaux sont ceux-ci : croire aux sorciers et agir en conséquence ; placer la lune presque en tout ; croire que le son des cloches garantit de la grêle et autres ridiculités semblables ».
Le prêtre de Saint Antonin signale : « Dans leur misère et leur infortune et aussi leur grossièreté, il y a des gens qui croient que les sorciers sont leurs ennemis et c’est pourquoi ils croient aussi aux devins et ils vont les consulter jusqu’à trois fois ».
Plus bas, à Sigale, : « Certains croient, mais en petit nombre, aux sortilèges, aux devins que l’on consulte en cas d’infortune ou de maladie ».
A La Penne : « On croit aux sortilèges ».
Toujours dans la vallée de l’Esteron, à Roquesteron : « On va consulter les « devineuses » et on pratique ce qu’elles prescrivent pour guérir les maladies ».
Et encore à Cuébris : « l’on croit quelques fois aux devineresses et on les consulte dans leurs adversités ».
Plus loin à Toudon : « Certains croient aux sortilèges et aux maléfices et à la vertu des cloches qui protègent contre les effets des tempêtes et des bourrasques ».
Dans la vallée du Var, à Villars, « On sonne les cloches en temps de tempête ou lorsque tombe la grêle ». De même à Beuil où l’on fait appel aux cloches, « pour chasser le mauvais temps ».
Jugée efficace, cette pratique était authentifiée au point que de nombreux villages des Alpes Maritimes comme Belvédère, Coaraze, Guillaumes, La Tour, Saint Jeannet, Valdeblore possédaient un carillonneur attitré que sa fonction entraînait vers le clocher à la moindre alerte. Certains d’entre eux perpétuent encore cet usage profane et d’autres possèdent toujours une cloche baptisée « Salva Terram » qui sonnait spécialement les jours d’orage.
Enfin, le curé de la paroisse niçoise de la cathédrale de Sainte Réparate reprochait à ses fidèles « d’avoir recours aux cartes pour tenter de gagner à la loterie » !
Toujours au XIX ème siècle, la fin troublante du grand violoniste Paganini à Nice est toute aussi révélatrice de la mentalité de la société de cette époque.
Le 27 mai 1840, une étrange nouvelle se répandait dans la ville : « Le Diable est mort ! ». Pourquoi ce qualificatif inquiétant ?
Dans le Vieux-Nice, on se méfiait de la présence de cet individu bizarre, au profil d’aigle, squelettique, au visage sans joues, aux cheveux sales couvrant le col. Depuis quelques semaines il n’apparaissait plus, était-il malade ? Oui, un pharmacien confirmait la nouvelle, il était atteint d’un cancer au larynx.
La rumeur s’enflait quand on apprit qu’un curé, Don Caffarelli, s’était présenté
plusieurs fois chez lui, pour lui administrer l’extrême onction et chaque fois dans un démoniaque sursaut d’énergie, Paganini avait envoyé le prêtre au Diable !
Dans le passé aussi, chaque fois qu’un représentant de l’Eglise était venu le solliciter pour des dons, il s’était fait sauvagement mettre à la porte.
De plus, ruiné, après la faillite d’un casino monté à Paris, il avait dû se réfugier à Nice, pour fuir la police française jetée à ses trousses.
Il se cachait au 23 rue du Gouvernement (l’actuelle rue de la Préfecture), dans un appartement mis à sa disposition par un de ses admirateurs, le Comte de Cessole, président du Sénat de Nice. Pourquoi portait-il cette étiquette diabolique ?
Il fallait lui reconnaître un tempérament volcanique qui s’exprimait par une surprenante virtuosité. Tous les musiciens du monde étaient à ses pieds, car partout où il jouait, il mettait ses auditoires en transes.
Nice se souvenait de ses concerts donnés quatre mois plus tôt, en décembre, le journal relatait alors la réaction d’un aveugle, ne voulant pas croire que Paganini était seul sur scène, à tirer autant de sonorités de son violon : « s’il est vraiment seul, c’est le Diable ! Fuyons, Fuyons ! ».
Il était même question de son « secret », évoqué par le poète Rosalinde Rancher, chacun souhaitait qu’il le révèle avant sa mort !
Enfermé dans son appartement du Vieux-Nice, Paganini restait sourd à ces sollicitations. Pourtant, n’avait-il pas déclaré au poète allemand Heine : « J’ai un secret : C’est le Diable qui me guide par la main ! ».
Deux jours après sa mort son corps était transporté à l’hôpital Saint Roch, pour y être embaumé.
Déjà la légende d’un être surnaturel, voir satanique, se répandait autour du port où des marins venus de Gênes, rappelaient les origines du violoniste, fils d’un docker de là-bas. A la veille de sa naissance, le 27 octobre 1782, sa mère avait vu le Diable en songe et celui-ci lui avait annoncé : « Teresa, forme un vœu pour ton fils Niccolo qui va naître !
– Qu’il soit le plus grand violoniste du monde !
– Il le sera ! ».
Les soupçons devenaient des doutes, la légende faisait place aux certitudes et les Niçois se persuadaient sérieusement que Satan venait de mourir chez eux. Les femmes se signaient dans la rue du Gouvernement où des musiques insolites émanaient des murs de l’appartement du défunt.
Cette émotion atteignit jusqu’à l’évêque Mgr Galvano qui prit la décision d’écarter Paganini de toute sépulture chrétienne. Son corps serait jeté dans le Paillon ! Etrange fin pour le plus grand violoniste de tous les temps ! Son ami le comte de Cessole ne pouvait l’admettre.
Sans s’opposer à la décision épiscopale, il cacha le corps de celui que l’Eglise estimait habité par Satan, d’abord dans une cuve à huile de sa propriété.
Les errances posthumes de Paganini se poursuivront ensuite pendant plus d’un demi-siècle, après que son cas fut examiné par le roi Charles Albert et le pape Grégoire XII ! Elles s’achèveront à Parmes dans la consécration et la gloire, en 1896.
A cette même époque, dès 1873, le Carnaval de Nice développe ses fastes avec une intensité nouvelle, exhibant dans les rues des personnages allégoriques où le Diable occupe une place privilégiée. Satan, Faust, Lilith et ses sorcières règnent en maîtres sur les chars, particulièrement en 1879. Méphisto sera tout aussi majestueux plus tard, en 1929. En 1884, « l’Enfer au Carnaval », tout comme en 1890 « La Redoute aux Enfers » et 1895 avec « La Fumisterie » (cuisine infernale) reprennent le thème avec complaisance. Le « Babaou », sorte de dragon cracheur de feu, apparaît dès 1882. Ce monstre effrayant, tout comme l’horrible « Ratapignata » (chauve-souris), fréquentera ensuite les corsi avec assiduité et une vigueur ostentatoire.
Les sorcières, accueillies avec la même ferveur, étalent leurs sabbats endiablés dès 1884. Leur présence animera avec fougue la suite des cortèges carnavalesques jusqu’à nos jours. Ces expressions traduisent les fantasmes d’une population qui mêle pour un temps, l’imaginaire au vécu, dans un psychodrame destiné à conjurer ses propres craintes.
Plus près de nous, dans l’entre-deux-guerres, les Niçois se rendaient à Saint-Jeannet, renommé pour être le village des sorcières, ces affidés du Diable.
Là, dans ce creuset de pratiques magico-superstitieuses et de remèdes de bonne femme d’un autre âge, chacun savait pouvoir trouver le réconfort et la paix du corps et de l’âme.
D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?
Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.
Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».
De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.
Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.
Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.
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