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14/07/2010

SOSPEL, UN ADMIRABLE BOURG A DÉCOUVRIR

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SOSPEL

Cette fraîche station alpestre allonge de façon pittoresque ses vieilles maisons sur les deux rives de la Bévéra. Entourée de hautes montagnes, c'est un centre privilégié pour les excursions.

UN PEU D'HISTOIRE

Des fouilles pratiquées dans la grotte de l'Albaréa ont mis au jour des ossements caractéristiques d'une race brachycéphale et de petite taille, la race purement ligure. Ces restes humains étaient associés à des objets travaillés et à une quantité considérable de poteries grossièrement ornées. On a également recueilli des rondelles de cuivre, sans empreinte, premières monnaies de nos ancêtres. Depuis l'antique « Hospitellum », Sospel a conservé un peu partout en ses murs, l'empreinte des temps passés depuis plus de mille ans. Au Vème siècle, Sospel est déjà siège d'un évêché et au XIIIème siècle devient chef-lieu de la Viguerie du comte de Vintimille. Ces conditions, alliées à une économie florissante et une certaine indépendance lui confèrent une vocation de centre intellectuel prépondérant dans le Comté, de même que la ville est récompensée pour sa fidélité au Duché de Savoie par l'inféodation des bourgs de Castillon et Moulinet.

Lieu de passages et de séjours historiques, Sospel est devenu chef-lieu de canton sous la Révolution. Mais la ville a aussi subi les calamités et les épidémies au cours des siècles ; la population fut décimée, la ville ruinée. Citons les inondations de 1331, les orages de 1345-1346, la peste en 1348, 1371, 1374, et surtout en 1527-1528, 1620 et 1632. A chaque fois, la population construit une chapelle ou un oratoire dédiés surtout à Saint Roch, Saint Sébastien et Sainte Anne.

Au XVIIème siècle, il y avait 24 chapelles dans la campagne. Et les vocations étaient nombreuses. En 1776, la ville comptait 37 prêtres, 2 diacres, 11 sous-diacres et 12 séminaristes pour 3000 habitants.

En 1370, Sospel avait pris le parti du pape d'Avignon contre l'antipape de Rome : son église devint alors cathédrale pour un temps. Sospel fut de tout temps une place importante dont l'influence fut rehaussée en 1702 par le rayonnement intellectuel de « l'Académie des Occupés Littéraires », qui attira historiens, chroniqueurs et poètes. Sospel souffrit beaucoup des combats de 1944.

En 1901, on recense 3 570 habitants à Sospel et 2 885 en 1999. Le recensement de 2005 fait apparaître une population de 3 394 habitants.

Les habitants de Sospel sont les Sospellois.

  • Le Pont-Vieux est certainement le symbole et l’endroit le plus romantique de la ville. Ce pont fortifié enjambe la Bévéra qui coupe en deux parties la ville. Un pont similaire peut avoir existé depuis le XIIe siècle. Les deux arcs ont apparemment été remplacés en 1823 sur lesquelles la reconstruction a été basée. Sa tour centrale servait de poste de péage entre le Piémont et la Méditerranée de la fameuse route royale du sel entre Nice et Turin. Il fut entièrement restauré par les Beaux-Arts en 1953 avec des matériaux utilisés sur place, après les dommages causes en 1944 lors des combats pour la libération de la vallée. Il abrite actuellement dans cette tour le Syndicat d'initiative et le bureau saisonnier du Parc national du Mercantour.
  • La cathédrale Saint Michel : située sur une place bordée de maisons aux arcades du Moyen Âge, elle est de style baroque, seul le clocher du XIe siècle est de l'époque lombarde. Le dessus de la façade est de l'époque pré-baroque roman. Les deux statues à l'intérieur des niches représentent les protecteurs de la ville de Sospel « Saint-Hippolyte et Saint-Absende ». Sur la gauche, à l'intérieur de la cathédrale, se dresse la « Vierge Immaculée de Sospel ». Ce retable à trois volets a été réalisé par François Bréa membre d'une famille de peintres niçois des XVe et début du XVIe siècles, et sur la droite le retable de la vierge de pitié en bois sculpté.
  • La place Saint-Nicolas : ses maisons anciennes et son pavement de galets colorés.
  • A un kilomètre du centre du village, le fort Saint-Roch est une véritable ville souterraine à 50 m de profondeur. Le fort faisait partie de la ligne Maginot des Alpes construite pendant les années 1930 dans la région. Cet ouvrage militaire a été conçu pour verrouiller la vallée de la Bévéra, couvrir le col de Brouis et la sortie du tunnel ferroviaire de Breil-sur-Roya. Un funiculaire transportant les munitions menait aux postes de tir et aux salles d'artillerie. Des périscopes permettent d'avoir une vue intéressante des environs.

 L'église Saint-Michel

L'église Saint-Michel construite en 1115, était placée directement sous la tutelle du Saint Siège. De 1641 à 1720, l'édifice fut reconstruit sur l'emplacement de la précédente ; façade baroque à deux ordres de 1641. Ses dimensions sont surprenantes et en font la plus grande église des Alpes-Maritimes. Seul le clocher roman lombard construit au XIIème, siècle subsiste de nos jours.

A l'intérieur, de nombreux trésors existent encore, surtout des objets en bois sculptés. Les orgues historiques sont de facture italienne du XIXème siècle. On verra aussi une « Vierge immaculée », peinte par François Brea en 1520 ; une « Pietà », retable à trois compartiments peint par un anonyme (école de Provence) vers 1470 ; les stalles sculptées ; les ornements d'autel du XVIIème siècle ; la croix processionnelle du XVème siècle et les livres de chants de 1775.

Les ouvrages militaires

La caserne Mireur : dans les années 1930, le 27ème bataillon des chasseurs alpins était installé ici ; 3 000 soldats vivaient à Sospel et dans ses environs.

Le fort Séré-de-Rivières (mont Barbonnet), avec ses deux tourelles de 155 mm, a été construit à partir de 1880, le gouvernement français se méfiant de l'attitude de l'Italie à l'égard de la France.

Le fort du Barbonnet (dénommé fort Suchet), enfoui sous le vieux fort, fait partie des 13 gros ouvrages fortifiés de la ligne Maginot du sud des Alpes. Construit à partir de 1930, il a été restauré par l'association « Edelweiss », crée pour rappeler l'histoire de l'Armée des Alpes et sauvegarder ses fortifications. Il était occupé par 329 soldats.

L'ouvrage du Barbonnet a pris part activement à la défense de la frontière. Les Italiens ayant subi de grosses pertes reportèrent leurs efforts sur la route de la Corniche pour accéder à Nice.

Le fort de Monte Grosso est un des plus gros ouvrages de la ligne Maginot du sud-est; en juin 1940, il effectua de nombreux tirs sur l'envahisseur italien.

Le fort d'Agaisen a participé en juin 1940 à la défense de la région de Sospel.

Le fort de Saint-Roch, achevé en 1932, a lui aussi participé à la défense de Sospel.

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

08:45 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : découverte

05/07/2010

VILLENEUVE LOUBET EN 1830

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LA VIE A VILLENEUVE LOUBET EN 1830

ViIleneuve faisait partie du 'canton de Vence et avait une population de 700 habitants répartis en 120 feux dont 100 réunis en ville et 20 isolés dans la campagne. Bien que non cadastrée encore, son étendue des terres occupait 632 hectares, 45 ares et 59 centiares, dont 151 hectares de terres labourables, 90 de vignes, 88 d'oliviers, 287 de bois, 16 de prairies et 5 de jardins. Les friches et chemins occupaient 93 hectares et les propriétés bâties 1 hectare 67ares.

On récoltait 600 hectos de blé, insuffisants pour la Consommation (le reste venait d'Antibes) et on importait 540 hectares de seigle. Les 74 hectos d'avoine ne constituaient que la moitié de ce qui était nécessaire et la production de vin atteignait 250 hectos. Presque tous les raisins étaient portés à Nice où on le vendait 0 F, 10 centimes le kilo. Les deux moulins à huile du Loup et un autre à recense donnaient 15.200 kilos d'huile qui excédaient nettement les besoins locaux et le surplus était vendu à Antibes et Cannes.

On recueillait 200.000 pieds de tabac et 960 kilos de chanvre vendus aux marchés voisins 1,50 F le kilo. Les figues sèches, 6.000 kilos, étaient en partie consommées sur place. On envoyait du bois à brûler à Marseille qu'on vendait 0,50 F les 48 kilos sur place. Cependant, les transports locaux ne disposaient que d'une voiture à che­val pouvant charger 600 kilos. Tous les transports se faisaient à dos de mulet et on disposait de 80 chevaux ou mulets à cet effet. 60 ânes étaient utilisés et; pour la culture des terres. 45 boeufs permettaient les labours. Outre les moulins à huile, le Loup faisait tourner deux moulins à un tournant qui pouvaient moudre 36 hectos de blé en une journée, et une scierie à eau à deux lames donnant en un jour 25 douzaines de planches de 2 mètres de long et 0,02 d'épaIsseur qui étaient portées à Marseille où elles servaient aux emballages.

La population, outre ses 300 cultivateurs, se décomposait en 4 commerçants, 6 artisans. I boulanger, 3 bouchers, 3 cabaretiers, 2 tailleurs, 3 cordonniers, 1 maréchal-ferrant. 2 tisserands, 3 maçons et I charpentier..

Le chemin de Villeneuve à Cagnes était en bon état, les voitures pouvaient y passer aisément, sa largeur était de cinq mètres. « De Villeneuve à la grande route (celle d’Antibes), il y a deux chemins. Celui qui est situé sur la rive droite du Loup est le plus fréquenté, mais il est humide et souvent boueux dans la partie basse. On va lui donner une nouvelle direction, A l'aide de ce détour, il sera praticable dans toutes les saisons. Sa largeur est de quatre mètres. L'autre chemin passe auprès du mur du parc du Château et suit jusqu'à la route le sommet de la hauteur ».

Enfin, l'impôt foncier de l commune se montait à 8.465 F.

 

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

 

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09:54 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

28/06/2010

150ème ANNIVERSAIRE DU RATTACHEMENT DE NICE A LA FRANCE: LE « PAYS D’AZUR », LONGTEMPS DIVISÉ ENTRE PROVENCE ET COMTE DE NICE

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LE « PAYS D’AZUR », LONGTEMPS DIVISÉ ENTRE PROVENCE ET COMTE DE NICE 

Très long contentieux en effet puisqu'il dur, depuis neuf siècles.. Beaucoup aujourd'hui le résument à l'antagonisme économique entre Nice et Marseille sans en chercher les sources anciennes plus profondes. Un livre entier ne suffirait pas à dérouler en détail l'écheveau de l'histoire de Nice, et il convient de simplifier cette analyse en ne citant que des dates et faits marquants, ils suffiront au lecteur pour comprendre la trame longue­ment tissée d'une "incompré­hension" mutuelle qui perdure d'une manière souterraine, mais bien réelle.

On aura déjà campé le contexte en disant que les comtes de Provence et leurs successeurs les rois de France ont toujours prétendu que Nice leur était inféodée et que les Niçois ne l'ont jamais accepté. Des faits historiques on ne peut plus significatifs se passent de commentaires:

- 1108. Nice proclame son indépendance et instaure le Municipe. Elle nomme ses magistrats et dispose de la liberté de juridiction.

- 1153. Raymond Béranger 1er, comte de Provence, se rend à Nice et manu militari dépouille le podestat et les consuls de leur dignité, il investit J'évêque Arnaud de la pleine juridiction sur la ville.

- 1157. Les Rambaud, ex­ juges et consuls, reprennent le pouvoir à la suite d'élec­tions et lèvent l'étendard de la révolte. Ils sont excommuniés mais un accord intervient

après la médiation de l’archevêque d’Embrun.

- 1165. Le comte de Provence convoque ses vassaux à Tarascon pour l'hommage. Les consuls niçois déclarent qu'ils n'y sont pas soumis et se montrent disposés à résister par les  armes. .

- 1166. Nice insurgée s'allie aux Pisans et Raimond Béranger III promet de livrer la ville au pillage. Il met le siège devant Nice. Alors qu'il galvanise ses troupes devant les remparts, un archer niçois l'abat d'une flèche. Il meurt à 30 ans, laissant ses droits sur la Provence à son cousin Alphonse d'Aragon. Mais sa veuve épouse le comte de Toulouse qui se proclame comte de Provence. La guerre fait rage. Les Niçois s'allient avec Gênes et les consuls Riquier refusent la suzeraineté des comtes de Provence.

- 1169. Alphonse d'Aragon se dirige vers Nice avec une puissante armée. Les Niçois négocient mais n'ouvrent pas les portes de la ville. Contre argent sonnant et trébuchant, ils obtiennent la conservation de leurs privilèges ainsi que de nouveaux avantages. Alphonse 1er accepte même par avance leurs futurs privilè­ges !

-1215. Les Niçois, conduits par le premier consul Miro Badat, rejettent de nouveau le comte de Provence: "rejectis etiam comitibus provin­ciae.. .

- 1216. Les Niçois refusent de prêter hommage.

1246. Charles d'Anjou et Béatrix de Provence renou­vellent le traité de 1176. Le comte de Provence part en croisade et les Niçois en profi­tent pour se révolter de nouveau, ils rétablissent le gouvernement consulaire. Durant le siècle et demi suivant, l'histoire de Nice peut se décliner en guerres, obten­tions et confirmations de privi­lèges, occupations et révoltes perpétuelles, jusqu'à l'année 1388. A cette date, Nice est toujours en guerre avec la Provence, les troupes de la Maison d'Anjou campent déjà devant Saint-Paul de Vence. Les Niçois signent alors la dédition à la Savoie pour leur échapper. Le comte de Savoie, vassal du Saint ­Empire, gouverne alors le royaume d'Arles pour l'empe­reur, et déploie la bannière impériale quand il arrive devant Nice, de plus la Maison d'Anjou lui est redevable d'une somme considé­rable, les Angevins abandon­nent donc le terrain. Le traité de dédition institue un protectorat en faveur de la Savoie et octroie de très importants privilèges supplémentaires aux Niçois, il stipule que Nice ne pourra jamais être cédée ni vendue à quiconque et surtout pas au roi de France. En 1481, Louis d’Anjou lègue ses droits sur la Provence à Louis XI et en 1483, les Etats d'Aix déclarent la Provence "unie pour toujours au royaume de France". Le 10  septembre 1523 François 1er (fils de Louise de Savoie), qui désire obtenir la neutralité de la Savoie, déclare "renoncer solennellement à tous les droits que pourrait avoir la couronne de France sur Nice, au titre d'héritière du comté de Provence". Mais en 1543, doublement parjure, le roi "Très Chrétien" s'allie aux Turcs pour assiéger Nice qui résiste, ce qui donne l'oc­casion à Catherine Ségurane d'entrer dans la légende. Par la suite, les rois de France tenteront toujours d'inféoder Nice. Les tentatives de Richelieu et de Mazarin échoueront mais Louis XIV réussira provisoirement de 1691 à 1696 et de 1705 à 1713. En 1706, il fera démanteler le château de Nice dont les matériaux iront consolider les forteresses de Provence, les Niçois cepen­dant avaient obtenu lors de la reddition de ne pas être ratta­chés au gouvernement géné­raI de Provence. Pour ména­ger leur susceptibilité et percevoir les impôts, le roi de France se proclamera comte de Nice. Le 8 septembre 1706, les troupes françaises seront écrasées devant Turin et en 1713 le traité d'Utrecht restituera Nice à la Savoie.

En 1792, Nice connaîtra de nouveau l'invasion française (et provençale) puis l'occupa­tion jusqu'en 1814.

Durant toutes ces guerres, invasions et saccages, la Provence a fourni des troupes et servi de base arrière à Paris pour atta­quer Nice.

En 1860, Napoléon III obtiendra, de Victor ­Emmanuel la cession de Nice et de la Savoie, en échange d'une aide militaire en Italie du Nord afin de chasser les Autrichiens. Les troupes fran­çaises entreront à Nice le 1er avril 1860 et un plébiscite

truqué organisé à la hâte les 15 et 16 avril suivant, sous administration française, donnera le change aux puis­sances européennes qui voyaient d'un très mauvais œil l'annexion de Nice et de la Savoie. Lors du plébiscite, beaucoup de Provençaux furent illégalement inscrits sur les listes électorales niçoises et ils vinrent applaudir à la place des Niçois le jour de la passation des pouvoirs à la France, comme le relate le journaliste Fenochio dans une lettre célèbre. L'on aurait pu penser que l'annexion allait clore le chapitre de l'antago­nisme avec la Provence, puisque la France qu'elle soit royale, impériale ou républi­caine, avait repris à son compte les prétentions provençales et qu'elle avait fini par les imposer. Il n'en fut rien, car d'une part, la France, héritière du comté de Provence, avait réduit les Niçois "par la violence la corruption et la fraude" comme l'a dit Garibaldi, et d'autre part parce que Napoléon I", furieux de la résistance des Niçois à l'an­nexion, fit tout pour rétrogra­der Nice, qu'il mit sous la coupe administrative et économique de la Provence, son ennemie héréditaire: il supprima les écoles de chirur­gie, de médecine, de chimie, de droit et de pharmacie, la chambre de commerce et d'agriculture, le Consiglio d'Ornato et procéda à de nombreux déclassements. Le commandement de la gendarmerie et de la direction Ponts et Chaussées furent transférées à Marseille, celui de la marine à Toulon, les locaux du Sénat furent trans­formés en prison, la langue niçoise fut interdite et il pilla les avoirs (plus de 2 millions) de l'archiconfrérie des péni­tents noirs qui servait de caisse de secours. Nice, 4e ville des Etats sardes, devint une préfecture française de second ordre, pieds et poings liés à la Provence, son ancienne ennemie, trahissant les promesses de son repré­sentant le sénateur Pietri, Napoléon le Petit acheva "l’œuvre" de Louis XIV: comme il n'y avait plus de château à détruire, il supprima l'Université et la Cour d'appel de Nice, assu­jettissant les Niçois à celles d'Aix-en-Provence, ce qui était une humiliation de plus. Le feu couvait sous la cendre et les Niçois étant poli­tiquement bâillonnés, il reprit plus tard, cette fois dans le domaine culturel. Soutenu en sous-main par l'Etat français, Frédéric Mistral, avec sept poètes provençaux, avait créé le Félibrige en 1854. L'un de ses buts principaux était, offi­ciellement du moins, d'unifier graphiquement les langages occitans, en les alignant bien sûr sur le provençal. Le mouvement tenta de s'im­planter à Nice en 1880.

Le 5 mars 1882 les Provençaux inaugurèrent à Nice "L'Escola Bellanda», Mistral prononça un discours sans équivoque qui révolta les vrais Niçois : ". Qui m'aurait dit alors que, peut-être trente ans après en revenant à Nice, je la trouverais française et de plus en plus provençale, avec sa vaillante "école de Bellanda" qui arbore dans l'azur de votre golfe merveilleux, le gai drapeau du Félibrige. Que toujours, belle Nice, tu t'épanouisses au soleil, pour l'honneur de la Provence, pour la gloire de la France." Beaucoup de Niçois furent choqués par le fait qu'une association soit créée. à Nice "pour l'honneur de la Provence et la gloire de la France" et qu'en sus, elle porte le nom de "Bellanda", nom du château de Nice. En effet, ce nom est issu de l'adjectif verbal latin féminin bellanda : littéralement: "place sujette à être attaquée". Après la destruction du château, la seule tour qui en restait fut qualifiée de "tour Bellanda" : la tour du château.

1), rasé. par les troupes fran­çaises et provençales ! Un long combat s'engagea entre Provençaux désireux de nive­ler les particularités niçoises. L'avocat et érudit Pierre Isnard, dans un discours prononcé en 1930 (pourtant en l'honneur de Mistral), adressa une flèche acérée aux Provençaux, ainsi qu'un avertissement: ". Le 5 mars 1882, lors d'une assemblée générale de la Maintenance de Provençale à Nice, le Varois Sardou, encouragé par le gouvernement, fonde avec des étran­gers à notre province, l'école Bellanda. Cette tentative impopulaire échoue, mais apporte parmi nous un trouble non encore dissipé. Nice a son parti­cularIsme qu'elle conserve avec piété et qu'elle défend âprement. Avec son comté, elle est et entend rester une province spéciale." Pierre Isnard mena à l'Acadèmia Nissarda qui censurait souvent ses textes, une guerre de tranchée qui mérite d'être saluée, en janvier 1927 il protesta auprès du prési­dent à propos d'une fausse étymologie "provençalisée" : "Pourquoi chercher toujours à dénaturer notre beau dialecte pour essayer de lui donner une origine qui n'est pas la sienne ?" La crise provoquée par la "provençalisation" du niçois arriva à son apogée et il écri­vit à Joseph Giordan, secré­taire de l'association, mais également président du Caireu, association proven­çale: "M. Joseph Giordan est-il avant tout le secré­taire de l'Acadèmia, ou le président du Careu ?" et un peu plus tard: "Quoi qu'il advienne, je demeure plus que jamais fidèle à mon drapeau. " Un scandale éclata quand il osa publier dans son Armanach, la lettre de Fenochio qui relatait la peine des Niçois lors de la passation des pouvoirs à la France, ce qui démentait la version officielle. Louis Cappatti le soutint et une scis­sion s'opéra au sein de l'Acadèmia, présidée paf M. Roissard, baron de Bellet. le 29 mars 1931 le Caméléon titrait: "Sous là Coupole niçoise, qui l'emportera des "Cappatistes" ou des "Belletistes" ? Le torchon brûle au sein de la docte Académie, le président est démissionnaire. " Finale­ment le baron pro-Français démissionna et fut remplacé par le pro-Provençal Giordan. Pierre Isnard, Louis Cappatti, Stréphane Bosio, Eugène Ghis, et Edmond Raynaud, la fine fleur des érudits Niçois, démissionnèrent à leur tour au motif que l'esprit régnant à l'Acadèmia ne correspondait plus à leur idéal niçois.

Le second conflit mondial, l'occupation et un après ­guerre difficile mirent ces problèmes en veilleuse pendant trente 'ans, sans pour autant les faire disparaître. Dans les années soixante, François Fontan créa à Nice le Parti national occitan, la personnalité de l'homme était attachante, mais ses théories très intellectualisées sur l'eth­nisme, sont demeurées confi­dentielles et ne se sont pas étendues au-delà d'un petit cercle d'intimes, elles n'eu­rent pas d'écho significatif à Nice, mais furent reprises plus tard par ses amis instal­lés dans des régions appartenant à cette Occitanie mythique et théorique qu'il avait imaginée. Il s'agissait de construire une unité politique basée sur une langue "occitane" supposée commune à de vastes régions historiquement très différentes (Provence, Languedoc, Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Limousin, Auvergne, vallées italiennes). "L'ethnisme" est encore, à l'occasion, promu symboliquement à Nice par un artiste assez célèbre qui se veut défenseur de l'Occitanie. Il s'agit plus d'un sympathique clin d’œil à Fontan qu'il côtoyait jadis que d'un projet politique sérieux et viable compte tenu de la disparité géographique et historique des régions concernées. Le PNO en revanche existe toujours en Occitanie, dirigé lui aussi par un fidèle compagnon de Fontan dont la personnalité marqua très durablement son cercle d'intimes. Rebon­dissement inattendu, le PNO a récemment proclamé à Toulouse un "gouvernement provisoire occitan" censé représenter les "sept provin­ces d'Occitanie". Bien que cette initiative réponde proba­blement à des contingences de politique locale, le fait que la Provence soit censée dépendre de ce "gouverne­ment" est rédhibitoire à Nice : en effet, pour les Occitans, "Niça" appartient à la Provence, alors que les Niçois ont toujours fermement refusé sa domination poli­tique, économique et cultu­relle. Vouloir inféoder Nice à ce "gouvernement" du fait qu'elle "appartiendrait" à la Provence (ne fût-ce que par une langue supposée .commune, ce qui est inexact) s'apparenterait à la tentative de mainmise culturelle et morale sur Nice que Mistral tenta avec le Felibrige, soutenu en cela par le gouvernement français. Il semble que cette actualité ne soit qu'anecdotique (car ce fantoche "gouvernement du vent" est ridicule) mais elle rappelle par la force des choses de mauvais souvenirs aux Niçois qui ont toujours défendu jalousement leur identité et leur liberté poli­tique.

L'ancien contentieux avec la Provence semble s'estom­per aujourd'hui mais il a laissé de très profondes cicatrices dans l'inconscient collectif niçois. Ce d'autant que des problèmes récurrents demeu­rent, qui sont loin d'être anodins. Après une lutte diffi­cile, l'Université a été réinstal­lée à Nice, mais le problème de la Cour d'appel est toujours pendant et les Niçois réclament toujours vainement son rétablissement. L'anta­gonisme avec Marseille (et la Région) est toujours vivace, Nice étant toujours économi­quement et administrative­ment défavorisée au profit de la cité phocéenne. Une féroce rivalité footbalistique avec Marseille véhicule sans doute secrètement d'anciennes rancœurs. Des Occitans déguisés en Niçois ensei­gnent toujours un nissart provençalisé à Nice dans une petite structure, mais un lourd contentieux demeure sous-jacent et jamais pour un vrai Niçois, Nice sera « Niço » ou « Niça ».

La L.R.L.N. a initié à Nice et dans l'ancien comté un courant qui regroupe toutes les sensibilités autonomistes et indépendantistes, en très peu de temps, ces sources souterraines réunies sont devenues un fleuve dont le niveau ne cesse de croître. Ce grand mouvement de renou­veau pour Nice est devenu incontournable car il a pris une ampleur extraordinaire dans toutes les couches de la société niçoise et s'étend d'une façon exponentielle, son but immédiat est de pren­dre le pouvoir municipal pour remettre de l'ordre à Nice et rendre à la ville son caractère niçois, qu'on lui arrache chaque jour davantage, son second objectif est de sous­traire enfin la ville à la tutelle de Marseille, avant d'obtenir l'autonomie complète comme en bénéficient toutes les provinces des pays d'Europe, le but ultime étant pour l'ave­nir, l'indépendance de Nice. Privés illégalement de leurs droits jadis et considérés comme un peuple résiduel par le maire actuel, les Niçois ont perdu une bataille, mais ils ne se sont jamais soumis: ­comme autrefois ils ont repris la lutte. ­

 

 

D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.

Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

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