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15/05/2010

DECOUVERTE DES SITES TEMPLIERS DE COURSEGOULES A THORENC

86 COURSEGOULES, LA CHAPELLE ST. MICHEL DE LAGNERIS page 86.jpg

Après avoir rejoint Vence, emprunter la D2 pour franchir le col de Vence et atteindre le village de Cousegoules, première étape de cette excursion.

Abandonner votre véhicule, pour vous diriger à pied jusqu’à la chapelle Saint Michel. Un sentier balisé, en direction du nord-ouest, vous conduit à cette ancienne possession templière.

La chapelle romane Saint Michel, située au quartier de Lagneris rappelle qu’une communauté de moines occupait déjà ce lieu au VI ème siècle.

L’édifice dont  l’abside est caractéristique du haut Moyen-Age, constituait le centre d’un prieuré qui appartint à l’origine à la puissante Abbaye de Lérins.

Les ruines des bâtiments d’habitation, ainsi qu’un intéressant captage de source, tout comme les restanques installées alentour rappellent l’activité agricole de ce modeste « moustier ».

Une curieuse pierre tombale gallo-romaine, découverte dans le sanctuaire porte une épitaphe latine.

Voici la traduction de ce texte : « A Fuscus et Favor, fils de Secundus, morts l’un à 19, l’autre à 13 ans, Secundus fils de Nicentus et Velia, fille de Favor leurs parents ont élevé ce monument ».

La pierre gravée est dressée devant l’entrée.

Le prieuré de Saint Michel de Lagneris a certainement été occupé par les Templiers qui possédaient à Coursegoules leur propre maison et y prélevaient 4 services et 8 redevances foncières en particulier à Lagneris.

De retour à Coursegoules, reprendre la route pour Gréolières et poursuivre au-delà vers Thorenc.

Au nord du village de Gréolières, 500 m après, quitter le véhicule pour admirer les ruines classées du village médiéval de Gréolières Haute (à son propos, voir du même auteur : «  Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes »).

Sont encore visibles les vestiges du château du XIII ème siècle des Villeneuve, vaste parallélépipède avec ses courtines, archères et une partie de l’enceinte. L’ancienne église romane de Saint Etienne, avec double clocher latéral est datée du XI ème ou XII ème siècle. Les nombreux restes d’habitations s’échelonnent eux, jusqu’au XV ème siècle, témoignant d’un abandon progressif au profit de Gréolières Basse. Si les Templiers sont absents de Gréolières au Moyen-Age, la visite de ce magnifique ensemble restitue l’image authentique d’une de ces nombreuses communauté des Alpes Maritimes où ils s’implantèrent.

Poursuivre par la D2 pour atteindre le plateau agreste de Thorenc, jusqu’au croisement avec la D5, qu’il faut emprunter à gauche, en direction de Grasse durant un kilomètre, stopper au-delà d’un petit col. Repérer à droite le sentier balisé du « Castellaras », sur lequel il faudra s’engager pour grimper vers la colline bien visible, couronnée par les ruines mythiques de ce qui fut longtemps admis comme une remarquable citadelle templière (voir description dans le chapitre de Grasse).

Après une demi-heure de marche le visiteur parvient aux vestiges du village fortifié du XII ème au XIV ème siècle, comprenant : une poterne, des tours, les courtines du château, la chapelle romane ruinée et une bergerie.

Bâti à 1400 m d’altitude, le Castellaras domine le croisement stratégique des voies régionales est-ouest et nord-sud, reliant Vence et Grasse à Castellane.

La présence des chevaliers hospitaliers à Thorenc a entraîné une confusion favorable à l’attribution des vestiges muets de ce site, aux « mystérieux » Templiers.

De plus, la rumeur locale persistante d’un trésor caché au milieu des décombres amplifie cette fascination !

Lieu magique et protégé, le Castellaras nous offre la représentation réduite d’une forteresse calquée sur le Krak des chevaliers, dressé en Orient face à la menace des Infidèles.

Le retour s’effectuera au plus direct, par Gréolières, les gorges du Loup, La Colle sur Loup, Cagnes et Nice.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

16:35 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

06/05/2010

"LA VIE DE CHATEAU AU MOYEN AGE

CHATEAU DE REVE (3).JPG

« Quand je veux prendre l’air, je vais au XIIme siècle. Je rends visite à ces brutes, ces guerriers, ces troubadours qui caressaient d’une main légère une branche de cerisier ou le prénom d’une femme aimée » Christian Bobin

Le décor classique du Moyen Âge, présenté par les livres d’images d’autrefois et les films d’aujourd’hui, se compose souvent d’une salle haute d’un vaste château chauffée par d’immenses cheminées, éclairée de plusieurs ouvertures en ogives.

Dans cet intérieur austère, évoluent les silhouettes sveltes de dames coiffées de hennins marivaudant avec des hommes en chausses. Des banquets autour de longues tables réunissent une société servie par des cohortes d’échansons et de valets, portant aiguières et plats de sangliers ou autres chevreuils rôtis et  qui se faufilent entre des lévriers étendus sur le sol.

Ces évocations suggestives, construites à partir des divagations des romantiques du XIXme siècle entichés de Moyen Âge, offrent une image tardive des grands châteaux du nord de la Loire au XVme siècle, bien éloignée de la réalité prosaïque des manoirs ruraux des Alpes Maritimes du XIIme et XIIIme siècle.

Les salles exiguës et sombres des petits châteaux montagnards ou  des demeures un peu plus confortables des villages fortifiés, présentent plus souvent sur leurs tables des potées rustiques ou des soupes de pois chiches que des mets délicats concoctés dans de vastes cuisines seigneuriales !

Il faut avoir parcouru, au cœur de l’été, les sentiers de chèvres qui escaladent les collines où s’accrochent aujourd’hui les ruines de ces castels, pour réaliser ce qu’il fallait d’endurance aux habitants de ces sites perchés, pour s’y maintenir tout au long de l’année. Accordons une mention spéciale, aux servantes et aux valets qui effectuaient les corvées d’eau vers le ruisseau en contrebas, lorsque celle des citernes était croupie qui portaient bois et sacs de nourriture depuis le village situé à mi-pente et  pas toujours à l’aide d’un âne ou d’un mulet !

Dans ces nids d’aigle, les fortifications épousaient les contours de l’éperon, laissant un espace plutôt restreint aux bâtiments destinés à la vie privée, compte tenu de l’étroitesse de la plate forme rocheuse.

Dans le champs clos, délimité par les murs d’enceinte, des châteaux de ce type, se regroupent plusieurs constructions : la chapelle privée réservée à la famille seigneuriale, la salle d’apparat, la chambre principale et les minuscules pièces dans les murs de la tour ou  de l’édifice résidentiel. On y trouve également certains équipements comme les latrines, les dépendances nécessaires à l’entretien de la maisonnée, les écuries et les citernes.

Pour limiter l’entassement, de petites cours intérieures prolongent la grande salle d’armes ou les cuisines ; c’est dans ces espaces à ciel ouvert que l’on se livre à l’exercice des armes ou des activités domestiques. L’hiver, on s’assemble près du feu, dans la « salle » installée dans une tour, elle n’est jamais très grande.

Après 1150, la nouvelle génération des seigneurs construit une pièce rectangulaire dans la cour, plus vaste, indépendante de la tour, elle répond aux exigences d’un confort naissant. L’ancienne salle, avec sa cheminée, sert alors de chambre aux malades, aux jeunes enfants et à leur nourrice.

 

La société aristocratique dès XIIme et XIIIme siècles, est fortement hiérarchisée et  les châteaux en sont l’expression.

Au sommet, les nobles de grands lignages (ducs, Comtes, vicomtes) dominent des régions entières. Leurs origines sont issues des familles dominantes carolingiennes. Viennent ensuite de puissants personnages, hommes de pouvoir, dirigeants d’opulentes seigneuries, assujetties à plusieurs châteaux, bâtis sur des emplacements stratégiques, veillant sur un territoire comtal ou vicomtal. Ces vassaux des Comtes ou vicomtes sont dits « barons ».

Le 3ème degré réunit des seigneurs de châteaux plus modestes, au pouvoir réduit ou  localisé. Ils représentent la moyenne aristocratie, la plus répandue dans les Alpes Maritimes.

Vient enfin la petite noblesse urbaine ou terrienne qui connaît des difficultés pour tenir son rang. Elle vit mal des revenus limités d’héritages ou  de rentes tirés de la terre ou  encore des maigres loyers urbains.

Le XIIme siècle est avant tout urbain, bâtisseur et expérimental en matière d’architecture. C’est autour de 1200 que naissent les innovations techniques, conduisant à une révolution de l’habitat d’abord en ville, puis à la campagne. La demeure change et devient plus spacieuse et diversifiée. La cellule familiale échappe à la promiscuité des salles communes, le confort né des découvertes dans l’art de chauffer et de s’éclairer améliore les conditions de vie.

Avant le XIIme siècle, si les possibilités de s’isoler existaient, elles étaient rares, l’entassement s’imposait et  il restera de règle chez les moins riches.

La lumière sera conquise grâce à des baies géminées,, ce qui tempérera l’austérité des volumes massifs. Deux sortes de demeures seigneuriales coexistent avant 1300. L’une se situe à l’intérieur de l’enceinte d’un château isolé, établi sur un site plus ou moins perché, associant deux fonctions défensives et d’habitat. L’autre est une maison-forte dominante, entourée par des habitations des familles de chevaliers, artisans et paysans.

Le mot latin « castrum » désigne les deux structures bâties, abritant la maisonnée du seigneur et une cour aux dimensions variables.

Certains châteaux, à vocation purement militaire, ne sont, eux, occupés que par une petite garnison. Avant 1100, le cadre de vie de la tour laisse peu d’intimité familiale et ne ménage pas la pudeur féminine.

La chambre unique de la tour sert de lieu de vie et de réunion, de salle d’apparat et de chambre à coucher où  s’entassent hommes et femmes de la moyenne aristocratie. Ce n’est qu’après 1150 et, davantage après 1200 que les conditions changent offrant un réduit conjugal, une chambre des dames pour les assemblées amicales et  la vieille chambre de la tour, pour les malades ou les accouchées. La salle d’apparat ou salle d’armes est réservée aux hommes.

Au XIIIme siècle, l’espace bâti se diversifie et  la vie privée commence à trouver ses aises. La chambre des dames, inspirée des gynécées de l’antiquité, refuge protecteur pour les femmes de la maisonnée, peut être aussi située dans le village.

La vie commune d’un couple seigneurial connaît des périodes d’éloignement, liées aux départs en croisade ou à la guerre et  tout simplement aux visites des paysans à l’époque des récoltes.

Les intérieurs recèlent peu de meubles : un lit, luxe des riches, plusieurs sortes de sièges, des coffres et coffrets. Ce mobilier transportable peut très vite s’installer dans une seconde résidence.

La salle réservée aux réceptions et la chambre sont séparées par une simple tenture ou  une cloison en bois. Les fenêtres peuvent être obstruées, grâce à des peaux de bêtes. Dans la chambre, on conserve le trésor dans un coffre, contenant les pièces d’orfèvrerie, les bijoux et l’or. Livres et archives sont enfermés dans une armoire. C’est dans la chambre que se trouve évidemment le lit seigneurial fait de lattes de bois.

 

Le matelas est en laine ou  en plumes recouvert de draps de lin, de couvertures de laine ou de soie et d’étoffes plus ou moins raffinées. Plusieurs oreillers et coussins brodés garnissent le tout.

Les proches et les invités de marque dorment sur des coffres-bancs, servant de banquette et de rangement et  sur lesquels on place la nuit des sacs en étoffe rembourrés de laine, de cosses de poix ou de paille.

Les chevaliers de la maison et les hôtes de moindre importance sont couchés sur des paillasses, sorties d’un réduit et  posées sur le sol de la salle de garde ou  dans les couloirs. Tapis et tapisseries réchauffent les murs par leur présence, ils recouvrent les dallages de la chambre principale et de la grande salle.

Un siège d’apparat, appelé chaire est réservé au maître de maison. Fait de bois et de forme carrée avec un dossier court, ce symbole, trône, entouré de bancs, bancs-coffres à dossier (dits archi-bancs) est souvent recouverts de coussins. Des escabeaux à trois ou quatre pieds, des pliants en bois ou métal et même de simples billots de bois servent également de sièges.

Les coffres plus ou moins ouvragés permettent de ranger les vêtements, la literie, la nourriture ou les grains. Des réchauds mobiles en fer, chargés de braises, réchauffent les espaces dépourvus de cheminée ou éloignés de l’âtre.

Chandeliers, lampes à huile de métal ou de terre cuite sont suspendus pour l’éclairage ou placés dans des niches.

Comme dans les campagnes du XIXme siècle, les banquets interminables des fêtes ponctuent une vie à l’ordinaire simple et frugal. L’abondance du gibier et des épices classe la renommée d’une table, digne des grandes occasions. Mais les repas quotidiens sont faits le plus souvent de soupe au pain ou au fromage, rarement améliorée d’un morceau de viande.

Le pain blanc de froment est celui des riches, il est moins apprécié lorsque mêlé de froment de seigle ou d’orge.

Dans les soupes, rentrent légumes et céréales parfois de la viande, mais le plus souvent du pain trempé pour les lier et leur donner de la consistance. Le poisson frais ou salé est consommé les jours maigres (mercredi, vendredi et samedi) et le carême. Mouton, chevreau, volaille, porc accompagnent les fromages frais ou secs de brebis et de chèvre.

Vergers et jardins fournissent des fruits tels que pommes, poires, prunes, prunelles, cerises, baies, raisins, figues, noix, amandes, ces dernières donnent un lait destiné à lier crèmes, farces et gâteaux. L’eau est la principale boisson, les vins blancs sont les plus appréciés, les clairets rouges, à faible teneur en alcool, doivent être consommés dans l’année.

Les épices, importées d’Orient, sont des produits de luxe que l’on découvre, ainsi que les dattes, les pistaches, l’abricot et l’échalote. Pas de tomate ni de piment, aujourd’hui liés à la cuisine méridionale.

Calissons, nougats fabriqués avec des fruits secs parfumés à la rose, à l’anis ou au gingembre évoquent les loukoums et autres friandises orientales connues des croisés.

Oignon, ail, herbes aromatiques, moutarde restent les assaisonnements ordinaires à cotés des épices abondantes (safran, gingembre, poivre, clou de girofle, noix muscade, coriandre, cannelle, cumin, cardamome). Réduits en poudre au mortier, ces condiments sont délayés dans du vinaigre et versés sur les plats à servir. Ces spécialités sont destinées à sublimer le goût des mets.

Le mortier, typique de la Provence avec l’aïoli, est fait en bois, pierre ou marbre avec un pilon de même matière. Amandes, noix, ail, céréales, légumes secs sont pilés ou réduits en farine pour servir différents pistous (de « pister » : écraser). La cuisson s’opère à la braise ou dans des ustensiles huilés à la graisse de porc ou  à l’huile d’olive ou de noix. On utilise : poêle, chaudron, marmite, « tian » et  poêlon couvert pour la cuisine à l’étouffée, ces ustensiles sont métalliques ou en terre cuite vernissée.

 

L’art culinaire atteint ses sommets vers 1300, après avoir acquis ses bases auparavant.

Plusieurs plats différents étaient disposés sur la table, mais ne circulaient pas de convive à convive, chacun ne goûtant que ceux qui se trouvaient à sa portée

Le repas débutait par des fruits frais de saison ou des salades apportant une sécrétion acide à l’estomac, pour mieux digérer les autres aliments. Suivaient des potages et le « rôt » couronnant le repas et présenté avec différentes sauces épicées, mélangeant sans complexe le salé et le sucré ainsi que l’aigre-doux apporté par le vinaigre et le verjus (un suc de raisin vert ou de feuilles d’oseille macérées dans un jus d’agrume).

Venait ensuite « l’entremet » qui désignait alors une pose au cours de laquelle les convives assistaient à un divertissement de jongleurs ou de musiciens. Il précédait la « desserte » correspondant à nos desserts actuels.

Le menu s’achevait par« l’issue de table »offrant fromages, fruits confits et gâteaux légers pour « fermer » l’estomac.

La boisson de ces grandes occasions se composait de vin pur ou d’hypocras (mélange de vin et de miel épicé) de vin infusé au thym ou de Malvoisie, un vin liquoreux importé de Grèce et de Chypre. Les convives quittaient la table en consommant encore un « boute hors » composé de dragées, de gingembre confit destinés à faciliter la digestion tout en parfumant l’haleine.

Les grandes tables se distinguent par la qualité et la variété des viandes qui y sont servies ; on y trouve : porc, génisse, agneau ou gibier notamment du cerf et de l’ours chassés dans les forêts du haut pays. La table est constituée par un plateau rectangulaire monté sur des tréteaux et démonté à la fin du repas. Deux nappes la recouvrent, la principale posée sur le dessus est appelée le « doublier ».

Les mets les plus raffinés sont placés près des hôtes de marque. Chacun s’assoit devant les écuelles à bord évasé, des gobelets et des couteaux à pointe recourbée. Si la fourchette est inconnue, la cuillère individuelle commence à se généraliser.

Jusqu’au XIIIme siècle, la vaisselle de table est en bois, elle sera ensuite en terre au XIVme siècle.

Au XIIme siècle, manger assis à table est une marque de savoir-vivre. Mais, jusque là, on mangeait sans table en buvant au même gobelet. On se sert avec ses doigts dans le plat, commun à tous les convives. Le couteau sert à trancher le pain qui reçoit la viande (pain tranchoir).

Le raffinement consiste à éviter la gloutonnerie et les grosses bouchées !

La tenue vestimentaire de ce temps est simple. Le vêtement masculin comporte trois pièces essentielles, le« bliaud »qui couvre la chemise, la « chainse » et les « braies » héritées des Gaulois. Matières recherchées et innovations s’imposent après 1100 où  les cheveux et les vêtements s’allongent en dépit des protestations de l’Eglise qui y voit une féminisation et une dégénérescence des mœurs. Cette mode dite « barbaresque »est adoptée vers 1140.

Le bliaud féminin moule le corps et souligne la sveltesse des dames et jouvencelles. Deux parties le composent : une tunique à encolure ronde ajustée aux hanches et  une jupe finement plissée descendant au sol, taillée dans une autre étoffe (mousseline ou crêpe de soie). Le bliaud est lacé très serré dans le dos ou sur les côtés. Certains présentent une encolure plus large avec fente latérale : « l’armigaut ». Les manches sont cousues sur le bliaud, enfilées et lacées. La ceinture est portée lâche jusqu’au milieu du XIIme siècle, c’est une cordelière de soie, de laine ou de lin, elle sera plus tard en cuir finement orné.

Le bliaud masculin va s’allonger au point de gêner la marche, la jupe des femmes va s’évaser en de nombreux plis et l’ensemble sera brodé au col et aux poignets avec recherche.

Un nouvel élément du costume du noble sera la « cotte »passée sous le bliaud ; il s’agit d’une sorte de tunique longue à manches avec des poignets étroits. Sous la cotte, on portera une chemise légère et plissée. L’hiver, on s’enveloppe dans un manteau d’une seule pièce sans manches comme une vaste cape.

Fin XIme et début XIIme, on chausse des bottes plates, en cuir souple, teintées, cousues sur le dessus avec un lien les retenant aux chevilles.

Les poulaines, ces chaussures longues à la pointe recourbée, venues du Nord, dissimulent les pieds déformés, elles ne se répandent dans le Midi que vers 1150. Les bottes de Cordoue comme les étoffes somptueuses venues d’Orient (mousseline, drap de soie et d’or) ne sont réservées aux XIIme siècle qu’à un cercle limité.

Ces articles importés grâce aux Croisés seront diffusés à la suite d’un commerce actif. Les tissus se parent de broderies appelées « orfrois »mêlant galons de soie d’or et d’argent et s’enrichissent parfois de pierres précieuses.

Peu de bijoux, si ce ne sont des bagues d’or ou d’argent et même de bronze, des broches rondes décorées de pierreries ou de corail de la Méditerranée.

Jusqu’aux alentours de 1140, les hommes portent visage glabre et cheveux courts mais ceux des femmes restent longs. Ensuite, la chevelure masculine s’allongera comme les vêtements.

Au XIIme siècle, les chevelures blondes sont les plus appréciées, les femmes retiennent la leur à l’aide d’un cercle d’orfèvrerie ou la noue sur la nuque avec un ruban. Parfois, elles nattent leurs cheveux, les torsadent et portent une frange sur le front.

Bonnets, chapeaux, coiffes et chaperons vont ensuite s’imposer devenant compliqués en prenant de la hauteur.

Le bain, accompagne les actes les plus importants de la vie tant privée que sociale, soit la veille soit le jour suivant du mariage, adoubement, accouchement, naissance.

Si les riches possèdent leurs étuves personnelles, les plus modestes fréquentent en ville des bains publics mixtes jusqu’à ce que l’Eglise les interdise au XVme siècle. Grâce à ces établissements, inspirés des thermes romains à trois salles, et, d’expériences acquises en Orient, lors des croisades, les soins du corps se généralisent par l’usage de cuves en bois cerclées en métal, sorte de grands baquets.

La pharmacopée à base de plantes et d’épices renoue avec un savoir antique revu et corrigé par les Arabes. Arnaud de Villeneuve (1245-1313), le plus célèbre médecin du Moyen Âge né à Villeneuve près de Vence (Villeneuve-Loubet) développera les connaissances et les pratiques thérapeutiques de son temps.

Depuis l’Antiquité, une route relie l’Italie à l’Espagne (voie Aurélienne, puis Julienne) en traversant les Alpes Maritimes. Chemins muletiers parfois dallés, les « ferrades »ou sentiers de transhumance les « drailles » partent de cet axe pour rayonner vers l’intérieur. Les convois et troupeaux circulent ainsi des plaines du littoral vers la montagne.

Les divers recensements effectués au Moyen Âge pour le prélèvement de l’impôt dans la région des Alpes Maritimes révèlent une présence humaine concentrée dans l’intérieur. La vie agricole et commerciale est très active comme le prouvent les productions et les foires et marchés où s’opèrent les échanges.

La côte soumise à l’insécurité et au paludisme apporté par les marécages est presque vide de population en dehors de quelques rares ports.

Les saisons rythment la vie de cette société essentiellement rurale, en suivant les travaux des champs et les récoltes.

Le calendrier illustre par série de douze mois ce cycle immuable où  s’imposent les grandes fêtes solaires et religieuses.

Seule la guerre trouble cette sérénité apparente. Au XIIme siècle, elle n’est souvent qu’une courte et brutale chevauchée. Ces manœuvres d’intimidation vont très vite aboutir à des campagnes de conquêtes dont les croisades seront les plus fameuses.

La langue véhiculaire, parlée dans les châteaux est celle des troubadours. Langue d’oc pratiquée dans cette vaste Occitanie qui s’étend de l’Aquitaine à la Catalogne, de l’Auvergne au Languedoc (le bien nommé) jusqu’à la Provence.

Nous en retrouvons les accents dans les textes poétiques et vigoureux des troubadours des Alpes Maritimes tels que Guigue Blacas de Carros, Raymond Féraud d’Ilonse, Pierre de Châteauneuf (de Contes) et Ludovic Lascaris de Tende. Leurs œuvres chantées ou récitées, soulignées par les sonorités de la vielle (la « sansougna »), résonnaient dans les châteaux devant les cénacles de la noblesse locale.

Langue romane universelle de cette époque, l’occitan, diffusé et apprécié jusque dans les cours des deux proches péninsules et  même jusqu’en Angleterre, conservera son prestige jusqu'au XVIme siècle, avant de s’effacer devant l’usage du français.

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au

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Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

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05/04/2010

LA BRIGUE: DANS LES TOURMENTS DE L’ENFER

67 JUGEMENT DERNIER A LA BRIGUE page 67.jpg

Notre Dame des Fontaines, sanctuaire situé à 4,5 km à l’est de La Brigue, dans un cadre agreste, à presque 900 m d’altitude, a été qualifiée de « Sixtine » des Alpes Maritimes à cause de l’abondance et de la qualité de ses fresques.

Ce sont environ 220 m2 de peintures qui occupent la totalité des murs et du chœur de la chapelle.

Les plus célèbres sont celles de Giovanni Canavesio, peintre piémontais qui travailla dans les Alpes Maritimes entre 1480 et 1490. Il est l’auteur des scènes de la Passion  et du Jugement dernier, visibles sur les murs latéraux et le mur du fond.

Si la contemplation des corps torturés et de la douleur «cet invincible vertige des curiosités abominables », si bien décrit par Mirbeau dans «Le Jardin des Supplices », devait trouver son expression, ce serait indubitablement avec le « Judas pendu » de Canavesio.

Sa figure convulsée, son corps atrocement déchiré, laissant pendre ses entrailles, attirent encore l’intérêt cruel d’un diable, venu là pour arracher l’âme de ce corps supplicié.

La cavalcade des vices est traitée avec encore plus d’ampleur qu’à La Tour et soulignée par les gesticulations expressives de plusieurs diables.

Le Jugement Dernier étale les tourments effroyables et variés de l’Enfer, adaptés aux diverses catégories de pécheurs. Les « traditori et desperati, laroni, rufiane con li soy adulteri, usurari, rapinatori » sont dévorés par des monstres, déchiquetés par une roue à crocs dont un diable tourne la manivelle, tenaillés de griffes acérées, étranglés par les nœuds de multiples serpents.

L’ensemble de ce grouillement est dominé par le grand écart d’un gigantesque squelette, alors que le Léviathan ouvre une gueule énorme, darde son œil fixe et souffle des flammes par ses nasaux.

Cette débauche de sauvagerie et de supplices est heureusement compensée par la paix et la sérénité des Justes, accueillis dans la joie du Seigneur.

Un demi-siècle plus tard, à la suite du Concile de Trente (1545-1563), la production des fresques et des peintures sur bois se tarit.

Avec le changement des mentalités, le Diable est relégué ensuite au magasin des accessoires.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?

Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que  vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.

Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».

De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.

Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.

 

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09:35 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire