14/06/2010
150ème ANNIVERSAIRE DU RATTACHEMENT DU COMTÉ DE NICE A LA FRANCE, LA FAUSSE NOTE !
LA PROTESTATION OFFICIELLE DE GARIBALDI AU PARLEMENT DE TURIN
HYPOTHEQUE POUR TOUJOURS LE PLEBISCITE TRUQUE DE 1860
Après être intervenus au parlement avant même le vote sur la ratification du traité du 24 mars 1860 qui cédait Nice et la Savoie à la France, les deux députés de Nice, Garibaldi et Laurenti Roubaudi avaient adressé leur démission au président de cette assemblée. Le texte de cette lettre est capital puisqu'en droit, il constitue la protestation officielle de la représentation nationale niçoise après le plébiscite frauduleux. En voici ra teneur:
"Monsieur le Président, "Vu le résultat du vote du comté de Nice, qui a eu lieu le 15 courant, sans aucune garantie légale, en violation manifeste de la liberté et de la régularité du scrutin et des promesses solennelles stipulées dans le traité de cession du 24 mars ; "Attendu, qu'un tel vote, s'est déroulé dans un pays qui nominalement appartenait encore à l'Etat sarde et qui était libre de choisir entre celui et la France, mais qui se trouvé en réalité complètement aux mains de cette dernière puissance, occupé militairement et soumis à toutes les influences de la force matérielle, comme nous le prouvent sans contestation possible les témoignages de la Chambre et du pays ; "Attendu que le présent vote s'est déroulé avec de très graves irrégularités, mais que l'expérience du passé nous refuse toute espérance de voir ordonner une enquête à ce sujet ; "Nous soussignés, croyons de notre devoir de déposer notre mandat de représentants de Nice, en protestant contre l'acte de fraude et de violence perpétré, en attendant que le temps et les circonstances permettent à nous et à nos concitoyens de faire valoir avec une réelle liberté nos droits, qui ne peuvent être amoindris par un pacte illégal et frauduleux."
Giuseppe Garibaldi Laurenti-Roubaudi
La protestation officielle de la représentation nationale niçoise en 1860 est capitale, car juridiquement elle réserve les droits de Nice pour l'avenir. En effet, en d'autres circonstances, la France et la communauté internationale, se basant sur une semblable protestation ont annulé une annexion illégale faite par la force. Après la désastreuse guerre de 1870, initiée par Napoléon III contre la Prusse, l'Empire Allemand fut proclamé à Versailles ; le nouvel empire, comme on le sait, annexa des provinces françaises occupées, et la France vaincue, fut contrainte d'accepter cette perte de territoire lors signature de l'armistice. Néanmoins, le 17 février 1871 devant le parlement français réfugié à Bordeaux, M. Emile Keller, au nom des députés du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Meurthe et Moselle, protesta contre l'annexion de l'Alsace et la Lorraine par l'Allemagne afin de préserver les droits de ces populations et de la France. Quarante-sept ans plus tard, à la fin de la guerre de 1914-1918, quelques heures seulement après l'armistice signé le 11 novembre, l'Assemblée nationale française se réunit en séance extraordinaire, la séance fut ouverte à 14h45, et les députés réclamèrent immédiatement à la communauté internationale le retour des provinces perdues lors de la précédente guerre. Il est très intéressant de noter sur quelles bases légales s'est appuyée cette réclamation : on exhuma le procès-verbal de la protestation du député Keller qui dormait dans les archives depuis quarante sept ans, on le relut en séance, et cet acte suffit à établir juridiquement les droits de la France sur ces territoires:
Ainsi, la protestation officielle de Garibaldi et de Laurenti-Roubaudi revêt-elle une importance capitale, d'autant qu’elle se termine par une phrase on ne peut plus significative : "… en" attendant que les temps et les circonstances permettent à nous et à nos concitoyens de faire valoir avec une réelle liberté nos droits, qui ne peuvent être amoindris par un acte illégal et, frauduleux
Cette protestation officielle des députés niçois est donc une épée de Damoclès éternelle qui hypothèque l'annexion de Nice... Cette épée, pour l'instant demeure intacte dans son fourreau, mais en des circonstances favorables, le peuple niçois, seul habilité pour le faire, peut demander à ses représentants de l’en tirer pour faire valoir les droits inaliénables de Nice...
D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.
Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.
Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.
Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.
Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
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01/06/2010
“CHRONIQUES D’UN MILLENAIRE DE CATASTROPHES VÉCUES DANS LES ALPES MARITIMES"
Cataclysmes naturels, épidémies, calamités diverses s’échelonnent tout au long de l’Histoire des Alpes-Maritimes.
Il nous est apparu intéressant de les recenser pour donner un reflet réel de la ténacité et de la patiente obstination des générations successives qui occupèrent la région.
Après le passage de ces catastrophes dévastatrices, les survivants recommençaient inlassablement avec courage à rebâtir leur cadre de vie. Face à des forces aveugles qu’ils ne pouvaient maîtriser, les hommes ne savaient opposer que leur simple volonté de vivre et leurs prières.
Cruel destin des humbles que l’Histoire marginalise parfois au profit de héros et de faits jugés plus glorieux.
Pendant ce millénaire, l’homme des Alpes-Maritimes, occupé avant tout par des activités en relation avec la nature, a souvent éprouvé le besoin d’interroger le ciel pour en deviner les caprices.
Parmi les événements remarquables qui ont bouleversé l’ordre des saisons, détruisant le sol, les récoltes et parfois même les habitations, nous avons retenu au fil des siècles les plus sévères, ceux qui ont marqué la mémoire collective de nos aïeux, laissant une trace écrite dans les annales. Le froid, la grêle, les pluies diluviennes, la sécheresse, les ouragans comme les éboulements sont autant de calamités météorologiques cycliques auxquelles nous avons ajouté les attaques imprévues des insectes et du feu.
Aujourd’hui, au seuil d’un nouveau millénaire, cette rétrospective est riche d’enseignement sur la modestie dont doit faire preuve l’homme vis-à-vis de son milieu naturel. “ On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ” (Bergson) ; cette règle, scrupuleusement observée par nos ancêtres, ne les a pas toujours mis hors d’atteinte d’imprévisibles agressions.
Bien souvent trompeur, le ciel d’azur de ce beau pays sera traversé au cours des siècles par les menaces de nuées destructrices. Rien ne peut nous assurer aujourd’hui encore que le même climat ne reproduise les mêmes effets.
Saisons précoces et tardives :
Au XIXème siècle, la précocité comme le retard des saisons ont été observés et notés dans le Pays niçois.
Voici relevés quelques écarts intéressants :
1822 La chaleur est si précoce qu’on débute les vendanges le 10 Août (pour la
St Laurent) de Châteauneuf à Contes, et de Tourrette à Peille. A la St Michel, les feuilles avaient déjà disparu sur les vignes et les figuiers.
1825 Même phénomène avec de plus un hiver très doux.
1829 Cette année reste mémorable par la belle apparence de toutes les récoltes qui n’aboutirent pas en raison d’une saison tardive.
1830 Au milieu d’Octobre, il ne subsistait plus une seule figue sur les figuiers puisqu’elles avaient déjà mûri “ chose très rare et non vue depuis longtemps ”.
1882 Sera également une année de vendange précoce, les figues suivirent puisque mises au séchoir début Août.
1889 A l’inverse, cette année là, les vendanges se firent seulement à la fin Octobre et la récolte de figues ne débuta qu’à la fin Septembre. Le beau temps et la chaleur seront ensuite présents, facilitant le séchage des figues jusqu’en Décembre. On en cueillait encore sur les arbres à la Noël.
1924 Plus près de nous en Décembre 1924 dans le canton de Contes, plusieurs amandiers étaient en fleurs et la vigne bourgeonnait déjà. Les paysans se méfiaient de cette floraison hâtive. De fait, l’été fut très frais et les vendanges tardives ne purent parvenir à maturité.
Le froid, la neige et la grêle :
Le froid, la neige, la grêle plus spectaculaires dans leurs effets destructeurs sont notés très tôt dans les chroniques.
765 Des froids exceptionnels sont signalés dans le Midi du Comté de Nice et en Provence. Les rivières gelèrent.
1239 Papon indique des chutes de neige continuelles suivi d’un froid intense dans toute la région “ occasionnant des gelées dommageables pour la campagne ”. Le vin gela dans les tonneaux et d’énormes glaçons s’amoncelèrent sur le bord des cours d’eau. Le Var charriait des glaçons. Jourdan Badat, gentilhomme niçois, consacra sa fortune au soulagement des malheureux.
1364 L’hiver fut des plus rigoureux. Les fleuves et les rivières gelèrent.
1494 Un froid très vif brûla les oliviers.
1623 Cette année là, le 5 Janvier, le Paillon fut gelé d’une rive à l’autre et l’eau ne coulait que sous la glace.
1709 La rigueur de l’hiver fut telle que les 6, 7 et 8 Janvier le froid détruisit toutes les campagnes. On eut jusqu’à 9° sous zéro. “ Il neigeait le jour, et la nuit le ciel était serein. A Lucéram, à Contes et lieux voisins, tout périt ” (Bonifacy).
Selon Durante : “ Sur toute l’étendue des campagnes de Nice, il ne resta que deux jeunes plantes d’oliviers, à Châteauneuf de Contes, dans un enclos abrité ”.
Sur les souches des arbres coupés repoussèrent de nouveaux rejetons. Ce fléau mit la population dans le désespoir et la faim qui s’en suivit fit de nombreuses victimes. La mortalité doubla dans certains villages.
1762 Les oliviers gelèrent à nouveau.
1763 Cette année, les orangers gèleront également.
1767 Le 7 Janvier, les oliviers, les orangers, les citronniers gèlent à nouveau.
1789 L’hiver sera très rigoureux, à Bendejun, un vent glacial brûla les bourgeons des arbres, fendit l’écorce entraînant le gel de la sève qui pendait aux branches. Durante signale que le 11 Janvier tous les arbres périrent jusqu’aux racines. Le poids de la neige renversa les arbres les plus robustes. Le vin gela dans les caves.
1825 Le froid tardif survint après un hiver très doux. En Janvier, on avait envoyé de St Etienne de Tinée une branche de poirier fleuri ainsi que des fraises et des violettes cueillies à St Martin Vésubie. En Avril, le froid brûla les feuilles de mûriers, ainsi que les roseaux et les vignes dans la vallée du Paillon.
1846 Du 12 Décembre au 31 Janvier, le sol gela à deux pieds de profondeur, dans toute la vallée du Paillon. Ce froid détruisit heureusement la morphéa, une maladie de l’olivier.
1789 1815 - 1840 et 1883 sont des années marquées par d’abondantes chutes de neige dont le poids endommagea gravement les arbres.
1909 Du 10 au 11 Février, en une nuit, les oliveraies seront ravagées par la force de la pluie conjuguée au poids de la neige qui abattra une bonne partie des arbres. L’Etat dut indemniser les propriétaires oléicoles.
1782-87 La grêle a souvent ravagé le Pays niçois, ainsi durant cette période elle causa d’énormes dégâts dans tout le Comté.
1791-92 La grêle détruisit les récoltes des vignes et des oliviers.
1822 Le 16 Septembre, un violent orage met à mal les territoires des communes de Contes, Bendejun et surtout Coaraze.
1825 En Juillet, deux orages destructeurs anéantissent les moissons. Le blé sera perdu.
1827 Année terrible: “ Le 6 Juillet une grande tempête s’abattit sur St Jeannet, Aspremont, Tourrette et Contes. Les dommages se firent sentir pendant deux à trois ans et peut-être même davantage ... ”
Le 18 de ce même mois, une tempête horrible se déchaîna sur Roure, Roubion, St Sauveur et Marie. Elle détruisit tout, et l’on ramassa des grêlons d’une livre.
Le 27 Août suivant, un orage épouvantable éclate à Tourrette et Contes, les vieillards disaient n’en avoir jamais vu de semblable : “ non mai piu véduta a mémoria d’uomini ”. Mais tout avait déjà été dévasté le 6 Juillet. A Tourrette, l’orage détruisit le tiers de la récolte et le festin le 8 Septembre d’Aspremont fut annulé à cause de la misère régnant au village.
1828 Gros orage à Levens et Coaraze, Bonifacy dit qu’il tomba “ un bon palme de grêle ”.
1839 Durante et Toselli rapportent que le 14 Septembre fut un jour néfaste pour Nice et ses environs. Vers deux heures de l’après-midi, pendant dix minutes, la plaine et les collines sur un rayon de 8 kilomètres furent couverts de grêlons d’une grosseur prodigieuse : le spectacle était affreux. Les légumes, fruits et olives furent anéantis et les arbres saccagés.
1926 Le 31 Octobre, dans la nuit précédent la Toussaint, un orage d’une violence inouïe, accompagné des sourds grondements du tonnerre, éclata sur toute la région niçoise. D’énormes grêlons tombèrent en abondance à deux reprises, hachant tout dans la campagne. En particulier, une belle et prometteuse récolte d’olives fut anéantie.
D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.
Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.
Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.
Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.
Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.
Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.
Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
16:48 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoir
25/05/2010
A SAINT DALMAS LE SELVAGE : LES QUARTIERS DES SORCIÈRES
Les sorcières menaient leurs sabbats de préférence sous les noyers. Mais leurs terres d’élection se situaient dans ces zones sauvages d’altitude où la vie humaine disparaît, sur ces plateaux des solitudes alpestres, les « Balaours », propices aux ballets nocturnes.
Transformées parfois en animaux, ces êtres malfaisants conduisaient leurs rondes infernales sur les deux balcons du Gélas, au Balaour du Mont Archas dans la haute Vésubie, à la cime de Bal dans la haute Tinée, au Plan Balaour au-dessus de Tende et, bien sûr, dans la Valmasca, cette vallée qui leur est consacrée, au pied de la cime du Diable dans la Vallée des Merveilles.
Près des sources de la Tinée, Saint Dalmas le Selvage conserve la simplicité pittoresque d’un village de haute montagne (1450 m ), marqué par la présence des Templiers.
Sur son territoire se trouve le hameau le plus élevé des Alpes Maritimes : Bousieyas à 1800 m d’altitude.
Saint Dalmas le Selvage, situé au XIX ème siècle à 33 heures de marche de Nice, va se maintenir longtemps dans un particularisme farouche accentué par son isolement.
L’autarcie régnait ici comme une nécessité vitale quotidienne, encore plus évidente de novembre à avril, avec le long sommeil des hivers neigeux. Les hommes valides partaient alors sur les routes de l’Europe, comme vielleux, montreurs de marmottes ou de lanternes magiques.
Repliés dans la chaleur des étables durant les veillées d’hiver, les anciens cultivaient la mémoire du village avec des récits à la fois terribles et merveilleux. Ainsi, ici comme dans les villages voisins, se perpétuaient les contes et les légendes, adaptés aux réalités spécifiques de chaque vallée : accidents du terrain, souvenirs historiques, originalité des coutumes, composant la matière de développements où l’invraisemblable s’agrémentait de détails réalistes et de noms de lieu connus.
Si le Diable s’activait partout, disputant parfois le premier rôle à son compère le loup, le domaine de ses exploits restait les hautes terres désertiques, comme nous l’avons vu à propos de la Vallée des Merveilles.
Les fées, rares dans les Alpes Maritimes, opéraient parfois dans la haute Tinée. En fait chaque village détenait un répertoire d’histoires extraordinaires remises souvent au goût du jour.
A Saint Dalmas le Selvage, Diable, loups et sorcières fréquentaient les abords du village durant les longues nuits d’hiver, guettant les malheureux inconscients qui s’y aventuraient.
Néanmoins, les sorcières possédaient leur quartier réservé, afin de ne pas troubler la quiétude des habitants. Elles se rencontraient dans l’hostile vallon de la Combe. Là reléguées à l’écart du village elles pouvaient à loisir s’y livrer à leurs bacchanales.
Un autre lieu consacré aux servantes du Diable offrait sa plate-forme à 2200 m d’altitude, sous la crête frontalière dominant le sauvage vallon de Salso Moreno. Il s’agit du Balaour du Mont Bal. L’ensemble est situé au nord-est du hameau alpestre de Bousieyas.
Qualifiée de « Vallée Sainte », la Tinée a donné jadis de nombreux prêtres qui ont su protéger ses habitants des atteintes du Mal. Ainsi s’explique la relégation des adeptes et serviteurs du Diable, repoussés et confinés là-haut, loin des villages, dans des solitudes désolées aux limites extrêmes de la vallée.
Cette démarche éprouvée semble avoir inspiré les vallées voisines de la Vésubie et de la Roya qui possèdent également des Balaours, placés à l’écart et sur les sommets, pour y contenir les sabbats des sorcières.
Ainsi, à Saint Martin Vésubie, certaines nuits de pleine lune, les villageois pouvaient apercevoir au nord d’inquiétants feux follets dansant sur le Balaour du Mont Archas où devaient folâtrer les sorcières du coin !
Les balcons du Gélas, jadis aussi fréquentés, dominent le vénérable sanctuaire de la Madone de Fenestre.
Selon une épouvantable légende, l’hospice tenu par les Templiers devint le théâtre d’un horrible massacre à la suite de leur arrestation en 1308.
Accusés de pactiser avec le Diable, quinze frères seront décapités sur place.
Depuis ce tragique événement, leurs spectres persistent à hanter les abords du sanctuaire, niché au pied des diaboliques Balaours du Gélas.
D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?
Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.
Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».
De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.
Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.
Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.
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