04/01/2011
LES ESCLAVES BLANCS DES SEIGNEURS DU MOYEN AGE, UNE HISTOIRE IGNORÉE
S'il est admis que le servage existait au Moyen Age, la pratique de l'esclavage, peu connue, est surtout attribuée aux Infidèles venus razzier les côtes. Des testaments et des textes juridiques attestent pourtant de la possession d'esclaves dans la région à la fin du Moyen Age par d'authentiques chrétiens. Pour mieux connaître les écrits d'Edmond Rossi cliquez sur:
Ainsi dans le testament de Romée de Villeneuve, cet homme de confiance du comte de Provence, placé par Dante dans son «Paradis», on peut lire à la date du 15 décembre 1250: «Item je veux que tous les Sarrasins et Sarrasines de Villeneuve (Loubet) soient vendus». L'usage semble ici s'inverser.
Il apparaît que le maître possédait un droit absolu de propriété lui permettant de vendre et de transmettre ses esclaves comme l'indique le testament de Jean de Grimaldi en 1454: «Item je laisse un esclave ou un affranchi de la maison même du testateur».
Il demeurait possible d'affranchir un esclave et de lui donner alors le nom de son ancien maître comme à l'époque romaine. Toujours dans le testament du pieux Seigneur Jean de Grimaldi: «Item j'affranchis Guillaume Jean et lui accorde la liberté pleine et entière».
Les esclaves représentant un bien appréciable, se devaient d'être protégés. On relève en 1412 que «Pierre Martini de Nice paye une amende de 10 florins, pour avoir enlevé une esclave mariée, et l'avoir retenue plusieurs jours malgré son mari». Enfin en l428 «Noble Guillaume Litti fils de Demoiselle Castellane, seigneur de Dosfrayres (près du Broc) et autres lieux, a eu des relations avec une esclave de Barthélemy de Maffe et paye une amende de 100 sous coronas».
Certains auteurs n 'hésitent pas à mentionner le marché aux esclaves de Grasse où se négociait annuellement cette main d’œuvre indispensable à l'agriculture. Les épidémies qui ravageaient périodiquement la région la vidant de ses habitants expliquent cette pratique, tout comme les repeuplements de nombreux villages par des colons venus de la Ligurie italienne au cours du XVème siècle.
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01/01/2011
REINE JEANNE DE NAPLES ET DE PROVENCE
Voici plus de six siècles que s'est éteinte Jeanne 1ère dite la «Reine Jeanne», arrière petite-nièce de Saint Louis roi de France (Charles 1er, frère de Louis IX après avoir épousé Béatrix fille du Comte Raymond Bérenger, avait fondé la dynastie angevine.)
, petite fille du roi Robert de Naples dit «le Sage», fille de Charles d'Anjou duc de Calabre et de Marie de Valois, souveraine de Naples, de Sicile et de Jérusalem, duchesse des Pouilles et de Calabre, comtesse de Provence, de Forcalquier et de Piémont. Personnage à la fois réel et légendaire, le roman de sa vie (1326- 1382) se déroule à travers un Moyen Age violent et contrasté au milieu d'une cour brillante et voluptueuse où les passions vives de l'amour et de la vengeance bouleversent les destinées. Sous son règne, la Provence, le Pays d’Azur et le Piémont forment alors un seul et vaste état qui sera secoué par les luttes perpétuelles dues aux incessants renversements des alliances. Les revers du destin de cette souveraine extraordinaire vont très vite lui attirer la sympathie et l'attachement de ses sujets. Idéalisée, la Reine Blonde à l'éclatante beauté va promener son fantôme de rêve dans la mémoire de chaque village y multipliant les hypothétiques témoignages de sa présence. Ruines de châteaux, vieilles chapelles, ponts, fontaines, jardins, rues feront référence à la Reine Jeanne tant en Provence qu'au Pays d’Azur ou au Piémont.
Son grand-père Robert de Naples fiance Jeanne à l'âge de six ans à son cousin André de Hongrie, un prince-enfant qu'elle ne connaît pas, dans le but de «garder intacte et indivisible la couronne à trois fleurons».
Lorsqu'il décède, sa petite fille se retrouve princesse régnante à l'âge de dix neuf ans. Placée sous de sombres auspices puisque célébrée le 20 janvier 1343, jour des funérailles de Robert de Naples, cette union malheureuse entraînera les deux jeunes gens vers des inclinaisons contraires. Jeanne se laisse vite emporter par le tourbillon frivole de la cour, trouvant là de multiples satisfactions amoureuses grâce à la bienveillante complicité d'une lavandière. André, «de complexion peu vigoureuse et gaillarde» tombe sous l'emprise d'un austère moine cordelier. Des favoris indiscrets envenimeront la situation et lorsque André réclamera tous les pouvoirs, il sera étranglé au château d’Aversa proche de Naples, le 18 septembre 1345. Bien que Jeanne n'ait pas donné l'ordre fatal, la rumeur l'accusera d'être coupable de la mort d'un époux devenu gênant.
Contrariée à nouveau dans ses désirs, elle doit céder à la pression de Catherine de Valois, la mère de son amant Robert de Tarente, et épouser en secondes noces son frère Louis le 20 août 1346. Jugé par Pétrarque «violent, menteur, débauché et cruel, jeune par l'âge et vieux d'esprit» Louis de Tarente, après s'être dressé contre Jeanne, la traitant plutôt «en servante qu'en femme» selon le Pape Clément VI, meurt le 28 mai 1362, à l'âge de quarante deux ans. Un chroniqueur de l'époque, César de Notre-Dame écrit à propos de la mort du prince: «Quelques-uns uns ont pensé que la trop déréglée accointance et les continuels jeux d'amour qu'il exerçait avec sa femme, l'une des plus belles et avenantes dames de son temps qui, à raison de sa jeunesse gaillarde et bouillante, était bien aise de recevoir les escarmouches d'une telle et si douce guerre, dont elle ne pouvait souffrir les trêves, lui avancèrent ses jours et sa mort». Durant cette union, Jeanne, chassée de ses états de Naples par les armées de Louis de Hongrie (frère du défunt André), se réfugie en Provence, y rencontre le Pape Clément VI à qui elle vend Avignon pour la modique somme de 80000 florins (9 juin 1348).
A nouveau veuve à 36 ans, la belle Jeanne épouse peu après Jayme d'Aragon, infant de Majorque, un cousin douze ans plus jeune qu'elle. Les amours de cette reine ardente et insatiable furent-elles funestes à la santé du jeune prince, ou fut-il victime de quelques tours de sorcellerie fréquents à la cour de Naples ? Toujours est-il qu'une semaine après le mariage le malheureux Jayme perdit la raison. Un médecin du palais diagnostiqua «une frénésie due à l'influence de la lune, parce que le mal se fait sentir durant la nuit, à l 'heure où cette planète règne dans sa plénitude». L'écume aux lèvres le forcené devra être enfermé dans sa chambre six mois durant, avant d'être envoyé dans une douteuse expédition de reconquête de son royaume de Majorque. Après diverses péripéties Jayme, miné par la maladie et par la fièvre, mourra en Catalogne en janvier 1375.
Pendant les longs jours de deuil qui vont suivre, la souveraine doit faire face dans la solitude à de lourdes menaces qui mettent son royaume en péril. Les armées milanaises s'approchent du Sud de l'Italie, occupent les Abruzzes semant la terreur et la désolation parmi les populations. Naples à bout de ressources verra Jeanne revêtir l'armure des chevaliers pour bouter l'ennemi hors d'Italie à la tête de ses hommes. La prise de Visconti, chef des Milanais, monnayée par une lourde rançon renflouera pour un temps le trésor du royaume. La reine exprime alors sa générosité et ses beaux sentiments en construction d 'hôpitaux et en aide aux ordres charitables. Elle signe des édits réprimant les abus de justice des nobles et des évêques, allant jusqu'à réfréner les mœurs dissolues qui prévalaient à la cour! Mais son veuvage lui pèse, elle décide alors d'une quatrième alliance avec Othon de Brunswick de la maison de Saxe, vieux guerrier sexagénaire tombé en pauvreté, chevalier d'aventures, expert aux armes. De haute taille, grisonnant, balafré, il offre, en hommage, tous ses exploits «à la dame de son cœur».
La sœur de Jeanne, Marie, avait épousé en secret Charles Duras qui périra décapité par Louis de Hongrie. La famille des Duras, cousins de la Reine, avait été très frustrée de ses droits à la succession de Robert de Naples. Les Duras comploteront tout au long du règne de Jeanne pour tenter de récupérer le royaume de Naples, s'opposant ou s'alliant tour à tour aux Hongrois selon les circonstances. La Reine n'eut qu'un fils, Charles Martel, né de son union avec André de Hongrie, ce dernier mourra en Hongrie à l'âge de deux ans après avoir été enlevé par Charles Duras. Plus tard en 1372, Jeanne, sans descendance légitime, adopte et élève avec tendresse le fils d'un Louis Duras prénommé lui aussi Charles. Elle lui fera épouser sa nièce Marguerite. Mais en 1375, à l'âge de 16 ans, manœuvré par la maison de Hongrie Charles va s'opposer avec ingratitude à sa bienfaitrice. Jeanne transfère alors son affection à Louis de France, Duc d'Anjou, fils du Roi Jean. Ce changement sera fatal à la souveraine en déclenchant la guerre dans le royaume de Naples.
Duras, soutenu par le Pape Urbain VI, assiège la Reine dans le Castel Nuovo de Naples en 1381. En dépit de la vaillance d'Othon de Brunswick et de l'arrivée tardive des galères du Prince d'Anjou, Jeanne est faite prisonnière. Enfermée dans la sinistre forteresse de Muro au fond du Basilicate, la captive périra six mois plus tard le 22 mai 1382.
Les opinions des historiens divergent sur sa fin. Selon les plus crédibles elle serait morte étouffée dans sa chambre entre deux matelas, d'autres avancent qu'elle aurait pu être décapitée.
Son séjour dans ses terres de Provence et de Nice qu'elle a magistralement marquées de son souvenir se limite à six mois, du 15 janvier 1348 au 24 juillet de la même année. Il s'agit d'un voyage qui la conduira de Brégançon à Château Arnoux et de là en Avignon auprès du Pape Clément VI qui la blanchira du meurtre de son premier mari André de Hongrie. Personnage fabuleux, Jeanne aurait interrogé dans sa jeunesse l'astrologue provençal Anselme pour connaître le nom de son mari, il lui aurait répondu: «Maritabitur com aljo» ALJO porte en effet les premières lettres des prénoms de ses quatre époux: André, Louis, Jayme, Othon. Au-delà de son attrait physique et de son penchant à la volupté, la Reine possédait un goût très sûr pour les sciences et les arts. De nombreux savants et artistes fréquentaient d'ailleurs sa Cour. Non dénuée de piété, prudente et sage quant aux choses du royaume, elle se montra toujours libérale dans la conduite de son gouvernement.
Sur cette vie extraordinaire s'est greffé le mythe d'une femme infortunée, contrariée dans ses désirs et ses amours. Qu'il s'agisse du sinistre festin de Roccasparvièra près de Coaraze, où on lui servit ses enfants à manger pouf le réveillon de Noël ou de l'assassinat de son amant, le page Aubépin, une nuit semblable, au château du Malvans près de Vence, sans oublier Saint Paul où jaillit sa source, Jeanne s'identifie aux fantasmes populaires de ses sujets. Reine d'amour et de douleur, elle se verra aussi bien chargée des charmes et des vertus les plus séduisantes que plongée dans les drames les plus sordides. Omniprésente, fée et sorcière à la fois, Jeanne, chantée par les poètes Mistral et Paul Arène, va mêler sa troublante légende à la réalité romanesque de sa prodigieuse destinée.
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25/12/2010
LA MYSTÈRIEUSE PYRAMIDE DE FALICON
Au nord de Nice, à une centaine de mètres à gauche, après le carrefour de l'Aire Saint Michel, sur la route du petit village de Falicon, un chemin conduit au vieux hameau des Gaïnes, de là, un sentier balisé aboutit en un quart d'heure à un gouffre naturel dominé par une pyramide de sept à huit mètres de côté au sommet très abîmé.
L'ouverture de la grotte ainsi qu'une face de la pyramide qui la surmonte sont sensiblement orientées au sud. De ce fait, au début de l'été (solstice ), les rayons du soleil éclairent l'intérieur.
La grotte des «Ratapignata» (chauves-souris en niçois) se compose de plusieurs salles. La première, accessible par une échelle de corde, est une vaste rotonde de 22 m sur 15 au centre de laquelle s'élève une énorme stalagmite semblable à une statue.
A l'ouest, une autre gigantesque concrétion est soudée au plafond comme une colonne. Au sud, un escalier de sept marches descend vers une plate-forme recouverte de pierrailles. Au nord, une petite ouverture en fente permet d'accéder à l'étage inférieur où dans une seconde salle une rigole recueille un filet d'eau. Près de l'escalier, au pied d'une paroi verticale de forme triangulaire, s'ouvre une étroite fissure qui débouche sur une vaste salle, basse de plafond.
La première mention historique de la grotte et de sa pyramide remonte à 1804. Un certain Domenico Rossetti, avocat siennois, amateur d'antiquités, venu à Cimiez, décrit dans un poème en trois chants d'une centaine de vers, la grotte ouverte sur les flancs du «Monte Calvo» (le Mont Chauve) par où s'échappent le soir des nuées de «ratapignata»: la renommée des lieux est faite.
Au XIXème siècle, les monographies et les guides qui suivent citent désormais la «Grotte des Ratapignata» en ignorant souvent la pyramide et l'escalier à sept marches. Un piton de fer et des arceaux sont scellés pour faciliter la descente. Avant la dernière guerre, des articles commencent à émettre l'hypothèse d'un lieu de culte (Pythonisse) de l'époque romaine ou, plus obscur, remontant «très haut dans la nuit des temps».
En 1970, une importante étude de Maurice Guinguand «Falicon, pyramide templière, la Ratapignata» lance la question sur le terrain des théories douteuses rejetées par le monde scientifique. S'y mêlent l'astrologie, l'occultisme et des notions historiques discutables.
Six ans plus tard, Henri Broch récidive dans «la mystérieuse pyramide de Falicon». Examinant tour à tour les différentes hypothèses d'un lieu de culte celtique ou romain, il penche lui aussi en faveur d'une fréquentation des lieux par les Templiers. Son raisonnement se base sur la découverte, à proximité de la grotte, d'un tunnel souterrain relié à un puits comblé. Bien que de tels captages de sources soient communs dans la région depuis l'époque romaine, il n'hésite pas à y pressentir le passage des Templiers. Son opinion s'appuie sur une légende véhiculée dans le quartier selon laquelle: «les Templiers qui ont occupé la Bastide (voisine) connaissaient l'existence d'un souterrain menant à une salle du, gouffre et y ont enfoui un butin».
Face à ces suppositions laissant la part belle à l'imaginaire, quelles sont les réalités archéologiques tangibles de la grotte et de sa pyramide? Pierre Bodard, scrupuleux interprète du très sérieux «Institut de préhistoire et d'archéologie des Alpes Maritimes», en dresse le bilan en 1970.
Il cite la découverte de quelques ossements fossiles d'ours des cavernes recueillis en 1851 par le Dr Naudot. Puis, il s'intéresse aux deux monuments: la pyramide et l'escalier intérieur, posant la question capitale de leurs origines. Malheureusement, l'analyse des mortiers des deux constructions n'a pas permis de conclure qu'ils soient contemporains; par contre les matériaux de la pyramide et des marches (grès) sont semblables. Reprenant ensuite les vestiges découverts alentour: stèles funéraires, tuiles, point de départ de l'aqueduc alimentant l'antique Cemenelum (Cimiez), P. Bodard y inclut la Pyramide de Falicon dans un vaste ensemble d'origine gallo-romaine. Il écarte ensuite l 'hypothèse templière, cet ordre n'ayant pas eu de possessions répertoriées en ces lieux par les spécialistes.
Les fameux signes gravés vus par certains, se limitent à un A visible sur le revêtement de la face sud de la pyramide. P. Bodard écarte le reste: figure humaine de la grande stalagmite (Baphomet pour d'autres !), les croix et autres svastikas qui ne seraient que des concrétions adventives ou des fissures naturelles. Puis faisant la part des hypothèses fondées sur des éléments connus et acquis et, des suppositions de l' archéologie-fiction, P . Bodard adopte l'idée que l'ensemble pyramide-escalier constituerait les restes d'un temple dédié à Mithra. Il développe ensuite son idée en précisant ce grand culte rival du christianisme qui s'étendit dans l'Empire romain dès l'aube du lIème siècle après J.C.
Fondé sur le sacrifice du taureau (taurobole), ce culte s'exerçait de préférence dans une cavité naturelle ou dans un temple obscur (mithreum) près desquels devait couler une source. L'ouvrage «Mithra, ce dieu mystérieux» du Dr M. Vermaseren spécialiste de la question précise encore: «En Iran déjà, Mithra était belliqueux de caractère, toujours paré au combat et prêt à assister ses compagnons dans la lutte pour le Bien et à les mener à la Victoire. Dans ses mystères, l'un des grades est «miles»: soldat; son culte est un service militaire et la vie, ici-bas, une campagne au service d'un dieu victorieux. Que des légionnaires romains de tous grades, souvent aussi en provenance du Levant, se soient sentis attirés par Mithra n'est donc pas étonnant. A tous ceux qui s'engageaient sous les aigles romains, le dieu pouvait prêter son puissant appui. Cette assistance sur le champ de bataille ainsi que la discipline militaire qu'il exigeait furent des facteurs importants dans la propagation du culte de Mithra et sa reconnaissance officielle. Il suffisait que les aigles romaines soient plantées dans un «castrum» pour que le culte de Mithra s'y installât aussitôt; ce fut indubitablement ce qui se passa à partir du lIème siècle après J.C.».
Puis s'intéressant au lieu du culte, il ajoute: «La grotte symbolise la voûte céleste... L'idée dominante est toujours de représenter le dieu Mithra tauricide dans une grotte... Le chiffre sept reçut, dans le culte de Mithra, une signification dominante. Certains reliefs des régions danubiennes représentent sept cyprès (arbres solaires) alternant avec sept poignards, coiffés d'un bonnet Phrygien. A Doura sept marches donnent accès à la niche rituelle... Souvent le temple était orienté vers le Levant pour permettre aux premiers rayons du soleil d'y pénétrer par une fenêtre ou une ouverture pratiquée dans la voûte et de frapper directement l'effigie du dieu».
Toutes ces données caractéristiques se retrouvent à Falicon: les sept marches correspondant aux sept degrés de l'initiation mithraïque accédant à la plate-forme sur laquelle le prêtre pouvait officier, le filet d'eau de la source de la salle voisine, l'ouverture méridionale de la grotte vers le soleil, reste la pyramide ?
Bien que compatible avec ce culte oriental véhiculé par les légionnaires séjournant tout près de là, à Cemenelum, rien ne prouve qu'elle soit contemporaine de l'escalier intérieur, ni nécessaire à la destination religieuse de la grotte.
La réponse nous est donnée avec preuves à l'appui par un autre membre éminent de l'Institut de Préhistoire et d'Archéologie des Alpes Maritimes. Dans le tome XIII des Mémoires de cette société, le Dr C.R. Cheveneau rapporte que le long du chemin conduisant de Cimiez à Falicon des tombes romaines décorées de gravures de cornus (têtes de bœufs avec cornes, ou cornes seules comme au Bégo) et des sarcophages avec glaives et croix (emblèmes du culte de Mithra) ont été mis au jour voici quelques années. Plus loin, il précise qu'au IVème siècle, une légion provenant d'Alexandrie vint tenir garnison à Cimiez, dès lors tout s'éclaire! Mithra était particulièrement à l'honneur en basse Egypte, il n'est donc pas étonnant que ces légionnaires aient aménagé un lieu pour pratiquer leur culte selon les rites et même qu'ils aient édifié une pyramide comme chez eux pour rehausser le temple.
Donc une pyramide construite par d'authentiques Egyptiens bien loin de leur pays, on ne peut que rêver sur cet antique témoin égaré, menacé aujourd'hui par de multiples dégradations.
D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55. Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore. La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor. Cet environnement propice ne devait pas manquer de produire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité. Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants. Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende. Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil». Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
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