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25/05/2010

A SAINT DALMAS LE SELVAGE : LES QUARTIERS DES SORCIÈRES

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Les sorcières menaient leurs sabbats de préférence sous les noyers. Mais leurs terres d’élection se situaient dans ces zones sauvages d’altitude où la vie humaine disparaît, sur ces plateaux des solitudes alpestres, les « Balaours », propices aux ballets nocturnes.

Transformées parfois en animaux, ces êtres malfaisants conduisaient leurs rondes infernales sur les deux balcons du Gélas, au Balaour du Mont Archas dans la haute Vésubie, à la cime de Bal dans la haute Tinée, au Plan Balaour au-dessus de Tende et, bien sûr, dans la Valmasca, cette vallée qui leur est consacrée, au pied de la cime du Diable dans la Vallée des Merveilles.

Près des sources de la Tinée, Saint Dalmas le Selvage conserve la simplicité pittoresque d’un village de haute montagne (1450 m ), marqué par la présence des Templiers.

Sur son territoire se trouve le hameau le plus élevé des Alpes Maritimes : Bousieyas à 1800 m d’altitude.

Saint Dalmas le Selvage, situé au XIX ème siècle à 33 heures de marche de Nice, va se maintenir longtemps dans un particularisme farouche accentué par son isolement.

L’autarcie régnait ici comme une nécessité vitale quotidienne, encore plus évidente de novembre à avril, avec le long sommeil des hivers neigeux. Les hommes valides partaient alors sur les routes de l’Europe, comme vielleux, montreurs de marmottes ou de lanternes magiques.

Repliés dans la chaleur des étables durant les veillées d’hiver, les anciens cultivaient la mémoire du village avec des récits à la fois terribles et merveilleux. Ainsi, ici comme dans les villages voisins, se perpétuaient les contes et les légendes, adaptés aux réalités spécifiques de chaque vallée : accidents du terrain, souvenirs historiques, originalité des coutumes, composant la matière de développements où l’invraisemblable s’agrémentait de détails réalistes et de noms de lieu connus.

Si le Diable s’activait partout, disputant parfois le premier rôle à son compère le loup, le domaine de ses exploits restait les hautes terres désertiques, comme nous l’avons vu à propos de la Vallée des Merveilles.

Les fées, rares dans les Alpes Maritimes, opéraient parfois dans la haute Tinée. En fait chaque village détenait un répertoire d’histoires extraordinaires remises souvent au goût du jour.

A Saint Dalmas le Selvage, Diable, loups et sorcières fréquentaient les abords du village durant les longues nuits d’hiver, guettant les malheureux inconscients qui s’y aventuraient.

Néanmoins, les sorcières possédaient leur quartier réservé, afin de ne pas troubler la quiétude des habitants. Elles se rencontraient dans l’hostile vallon de la Combe. Là reléguées à l’écart du village elles pouvaient à loisir s’y livrer à leurs bacchanales.

Un autre lieu consacré aux servantes du Diable offrait sa plate-forme à 2200 m d’altitude, sous la crête frontalière dominant le sauvage vallon de Salso Moreno. Il s’agit du Balaour du Mont Bal. L’ensemble est situé au nord-est du hameau alpestre de Bousieyas.

Qualifiée de « Vallée Sainte », la Tinée a donné jadis de nombreux prêtres qui ont su protéger ses habitants des atteintes du Mal. Ainsi s’explique la relégation des adeptes et serviteurs du Diable, repoussés et confinés là-haut, loin des villages, dans des solitudes désolées aux limites extrêmes de la vallée.

Cette démarche éprouvée semble avoir inspiré les vallées voisines de la Vésubie et de la Roya qui possèdent également des Balaours, placés à l’écart et sur les sommets, pour y contenir les sabbats des sorcières.

Ainsi, à Saint Martin Vésubie, certaines nuits de pleine lune, les villageois pouvaient apercevoir au nord d’inquiétants feux follets dansant sur le Balaour du Mont Archas où devaient folâtrer les sorcières du coin !

Les balcons du Gélas, jadis aussi fréquentés, dominent le vénérable sanctuaire de la Madone de Fenestre.

Selon une épouvantable légende, l’hospice tenu par les Templiers devint le théâtre d’un horrible massacre à la suite de leur arrestation en 1308.

Accusés de pactiser avec le Diable, quinze frères seront décapités sur place.

Depuis ce tragique événement, leurs spectres persistent à hanter les abords du sanctuaire, niché au pied des diaboliques Balaours du Gélas.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?

Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que  vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.

Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».

De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.

Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

16:39 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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