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13/02/2010

LA FIN DES GLACIERS DES ALPES MARITIMES

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LES GLACIERS DES ALPES MARITIMES VONT-ILS DISPARAITRE ?

Le réchauffement climatique pourrait aboutir à la disparition quasi totale des glaciers alpins d'ici la fin du XXIème siècle. Ne subsisteraient plus que les glaces au-dessus de 4000 mètres d'aItitude, concentrées autour du mont Blanc. Mais la mer de Glace ne serait plus, elle, qu'une mer de pierres sur la plus grande partie de son parcours. Triste !

Quant aux glaciers des Alpes Maritimes ils ne seront pIus, qu'un lointain souvenir. Les vestiges actuels auront totalement disparu.

Pour Claude Raybaud, cette extinction n'est peut-être pas inéluctable. Et même si elle se produit, les glaciers prendront leur revanche d'ici quelques siècles ou quelques millénaires. Il suffit d'être un peu patient !

« Les glaciers avancent et reculent »

Ce spécialiste en veut pour preuve l'évolution observée depuis la fin des dernières glaciations: « Les glaciers n'ont jamais cessé d'avancer et de reculer. Ils peuvent regonfler très vite et reprendre leur marche en avant, il suffirait d'un refroidissement étalé sur plusieurs décennies ».

Ceux du Mercantour avaient presque entièrement disparu au Moyen Age. lls se sont reformés à la faveur de ce que les climatologues ont appelé le « petit âge glaciaire » entre 1600 et 1850.

Au XVème siècle, le glacier du Clapier dans la haute Gordolasque s'étend sur près d'un kilomètre et demi de long! Celui du Gélas sur 500 m, celui de la Malédie sur 300 m.

En revanche, entre 1920 et 1960, on assiste à un réchauffement important, avec une forte perte de consistance pour les glaciers tant en longueur qu'en volume.

A partir des années 1960, un refroidissement favorise une nouvelle crue glacière dans les Alpes. Mais elle est insuffisante pour redonner de la vigueur aux icebergs du Mercantour. Depuis 1985, l'atmosphère se réchauffe, au grand désespoir des glaciologues et de tous ceux que fascinent ces énormes masses en mouvement perpétuel.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 

 

10:40 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

25/01/2010

"PAYS D'AZUR": LE VIN ET LES VENDANGES D'AUTREFOIS...

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LES VIGNES D'AUTREFOIS

(par Jean Emelina)

 

Malaussène, sur son arête au bas du mont Vial, n'a jamais prétendu s' enorgueillir, comme certains villages mieux exposés, d'un glorieux vignoble. Cependant, comme dans tous les villages de la vallée où l'on vivait plus ou moins en autarcie, tout le monde, naguère, y faisait son vin et sa brande (eau-de-vie). De coopérative, point. Chacun avait sa crote (cave), son tuorch(pressoir), ses tomous (grosses bouteilles vertes) et ses boutes (tonneaux). Quant à la tine (cuve), celle-ci n'avait longtemps connu pour fouloir que les pieds des hommes. Du vin, on en faisait souvent juste assez pour pourvoir à la consommation familiale: 300 ou 400 litres par an. Les mieux lotis qui dépassaient 2 000 litres pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Aujourd'hui, un seul vrai vignoble demeure, près du village, mais quelques uns achètent encore du raisin dans le Var à l'automne, acharnés à faire "leur" vin.

 

Elles couraient partout autrefois les vignes! Au bord des planches des potagers, sur les treilles des jardins et des cabanons avec leurs pendous(grappes) de chasselas, de framboises mauves ou de rolles blancs. Elles se déployaient en filagnes (rangées} sur les terres de l'adret qu'on avait dû d'abord "défoncer", c'est-à-dire retourner au magaù (pioche) jusqu'à un mètre de profondeur, tenues par des escarassouns (échalas) d'acacia, d'olivier ou, mieux encore, de fustet (sumac) et de chaï (cade), car ces bois ne pourrissaient pas. Souvent, des cannes attachées avec des amarines (brins d'osier) faisaient office de fils de fer. Des vignes, on peut en voir encore des traces au diable vert, sur les pentes qui mènent vers les sommets, vieilles cèpes pathétiques {souches) perdues au milieu des pins des buis et des roumegas (ronces). Quel fou s'était avisé d'aller en planter si loin et si haut ?

 

La vigne occupait les pensées, les conversations et les jours. De la taille aux vendanges, point de répit. L'olivier, le figuier ou l'amandier, le blé, les pois chiches ou l'herbe des prés, peu ou prou, ça poussait tout seul, et les récoltes se gardaient sans problèmes, mais la vigne!.. Avec elle, pour elle, la peine ne se mesurait pas : tailler, lier, bêcher, fumer, désherber, sulfater, soufrer, couper regreùs et cibencs (rejetons et cimes des rameaux), soufrer, sulfater encore. Aux vendanges le raisin se transportait dans de gros gourbins (hottes  d’osier) à dos d’homme ou à dos d’âne.

Il fallait encore, au cœur de l’hiver, remonter les murettes de pierres sèches éboulées et veiller au vin, trembler pour un vin fragile qui risquait sans cesse de se piquer, soufrer les bonbonnes, transvaser une fois, deux fois, trois fois, et par ciel clair boucher les bouteilles.

 

Que de soins, de fatigues, de peurs ! Gelées meurtrières d'avril, mildiou, oïdium, étés pourris ou trop secs. En une demi-heure, un orage de grêle pouvait ruiner des mois de travail. Le pire, au terme de tant d'efforts, à deux doigts du triomphe; c'était les ravages des renards des blaireaux et des sangliers, Qui, alors, aurait pu s'offrir le luxe de tout grillager ? Les épouvantails ne suffisaient pas. Quelques-uns uns quand les grappes commençaient à mûrir, s’en allaient même dormir dans leur cabanon au bord de leur vigne. Un fil de fer enroulé autour du poignet courait entre les filagnes, muni d'une clochette qu'on secouait par intermittence pour effrayer les pillards.

J’ai vu un vieux, fou de rage, s'acharner sur un sanglier tué par les chasseurs. Il lui secouait les défenses, hurlant en « patois » : « Ah, crapule ! On t'a eu ! Toi, au moins tu n'en mangeras plus du raisin ! »...

Piètres vignobles, piètres récoltes en vérité, frôlant parfois la piquette; mais qu’importe ! A la manière de Saint Exupéry, comme pour la rose du Petit Prince, il faut dire « C'est le temps que tu as perdu pour ta vigne qui fait ta vigne si importante ».

 

Elle était orgueil et joie. Quel honneur quand on vous invitait dans une cave -haut lieu de convivialité- pour goûter le vin ! Il fallait le humer, le tâter à petites goulées; le garder en bouche. « Il n’est pas mauvais n’est ce pas ? » Alors d’un air concentré on laissait tomber le verdict : « Pas mauvais ma foi, pas mauvais !" On avait fait un heureux.

 

C'est là, le dimanche, que les hommes tenaient bruyamment salon, "gourmands de.vin », comme j'ai entendu dire, On dissertait, le verre à la main sur les mérites de telle ou de telle cave. (Avoir "une bonne cave" était une marque de haut prestige). On comparait les vertus de la clairette et du gros plant, du cinsault, du pineau, du jaquet ou de l'aramon; on parlait aussi de bœufs et de maïs, du canal ou des grives, et puis montaient les chansons, toujours les mêmes, « Jeanneton », « Ah le petit vin blanc! » ou « La Madelon »,de plus en plus haut. Aux soirs de fêtes, "le tour des caves", véritable rite, s'imposait, car chacun tenait à rendre l'invitation. Des bandes éméchées tournaient alors en zigzaguant dans les carrières de crote en crote, au grand désespoir des épouses qui n’en pouvaient mais. Le dernier carré tenait jusqu'à l'aube.

 

Ainsi vivaient les villages, qui étaient encore des villages: sueur et clameurs, labeurs, joies bruyantes, éclats de voix, chansons, jurons, tours de reins. On ne met plus de tonneaux à gonfler sous les gouttières en septembre et les belles filagnes bleues de "vitriol" ont disparu des coteaux. L'odeur des vendanges en octobre, quand chacun, pendant que "ça bouillait", "enfonçait sa tine" pour empêcher le moût de remonter en surface, a disparu des carrières, et aussi celle de la raque brûlante et fumante (marc bouilli), quand on avait distillé. Les caves ont été pillées par les antiquaires. Les tuorchs et les alambics, polis, astiqués, vernis sont devenus pièces de musée.

 

Quelque chose meurt toujours quand meurt la vigne. Un goût à vivre, un langage une façon d'être au monde et d'être aux autres... Comme un amour.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

 

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17/01/2010

2010: 150ème ANNIVERSAIRE DU RATTACHEMENT DU COMTÉ DE NICE A LA FRANCE, "LES MAINS AMIES" SELON CERTAINS...

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« LES MAINS AMIES » ALAIN ROULLIER-LAURENS REPOND

A M. RAOUL MILLE

 

Monsieur,

C'est avec stupéfaction que j'ai pris connaissance de vos écrits dans la Lettre du maire de septembre 2009 à propos de l'annexion de Nice en 1860. Vous parlez de mariage d'amour, de corbeille de mariage, et vous trouvez une explication à cet amour brûlant qui selon vous, aurait conduit les Niçois à s'unir à la France: « Un mariage d'amour, chacun apportant dans la corbeille ce qu'il avait de plus précieux, de plus beau de plus singulier. Depuis la deuxième moitié du XVllle siècle, Nice s'était ouverte aux étrangers, les Niçois avaient trop connu les guerres et les invasions pour ne savoir pas recon­naître les mains amies ». Les mains amies, dites vous ? J'ai cru rêver!!! Seul un non-niçois ou un « niçois administratif » peut oser parler de mains amies, car toutes les guerres et inva­sions que vous évoquez ont été des agressions de la France, contre Nice et les Niçois. Dans la « corbeille de mariage » ou plutôt de deuil, la France apportait surtout le souvenir de flots de sang et de souffrances sans nombre qu'elle avait imposé aux Niçois au cours des siècles, ainsi que l'assurance de la destruction de l'identité niçoise, transformée en folklore à deux sous. La puis­sance annexante, a résumé nos vingt-cinq siècles d'his­toire par le pan-bagnat et le festin des cougourdons.

Puisque vous semblez l'ignorer, je vais vous dire ce que les « mains amies » ont fait subir aux Niçois de cette époque et donc à mes an­cêtres, comme à ceux de mes concitoyens qui ne sont pas des Niçois « administra­tifs » et également, par exten­sion à tous ceux qui n'étant pas Niçois, ont voulu le deve­nir, car ils adhèrent à nos valeurs et compatissent sincèrement à nos malheurs passés et présents.

 

- AU MOYEN AGE, les « mains amies » de la Maison d'Anjou issue de la famille royale de France, et régnant sur la Provence, agressèrent constamment les Niçois, qui jamais ne voulurent leur céder.

- En 1536, les « mains amies » des agents du Trésor français, confisquèrent tous les biens que les Niçois, possédaient en Provence.

- En 1543, les « mains amies » du Roi Très Chrétien François 1er  signèrent l'ordre d'attaquer Nice. Il jeta aussi contre les Niçois ses alliés Turcs qui en tant qu'amis des amis français, les aidèrent à tuer les habitants en les écra­sant sous les boulets chauf­fés à blanc; à brûler le couvent de Sainte-Croix, à violer les religieuses, à piller et ravager la ville basse; à razzier un millier de prisonniers dans le haut pays, pour les vendre comme esclaves sur les marchés d'Alger. Fort heureusement ils furent libé­rés par la flotte de Doria.

- En 1629, les « mains amies » organisèrent l'inva­sion du pays de Nice; le 14 mars 17000 Français commandés par le duc de Guise et le maréchal d'Estrées attaquèrent Nice ; ils furent repoussés, mais commirent des déprédations chiffrées à 131808 ducatons.

 - En 1691, les « mains amies » de Louis XIV, signent l'ordre d'envahir le pays de Nice. Le pays sera pillé, et pressuré durant six ans.

- En 1705, les « mains amies » du Roi-Lune, si­gnèrent de nouveau l'ordre d'envahir le pays niçois, avec cette très amicale recomman­dation: « Brûlez, brûlez bien leur pays! ».

Les « mains amies » firent pleuvoir sut les Niçois, selon la comptabilité royale: « pour 2624794 livres et 2 sols de munitions ». Du 11 novembre 1705 au 4 janvier 1706, soit moins de deux mois, les batteries françaises servies par des « mains amies » et utilisant 644396 livres de poudre, firent pleuvoir sur les Niçois: 400 bombes de 5 535 bombes de 12 pouces, 273 bombes de 9, 8208 boulets de 18, 29153 boulets de 24, et 9888 boulets de 36… Le Château fut détruit, le pays pillé et les Niçois spoliés et écrasés d’impôts et de contributions de guerre.

- Le 6 juin 1705, l'Intendant français Gaillot, en pleine trêve, fit arrêter illéga­lement une jeune niçoise, Catherine Ribauda, qui apportait un panier de vivre à un parent se trouvant dans le Château assiégé, et la « main amie » du français Gaillot, signa l'ordre de la pendre haut et court à la porte Pairolière pour terroriser la population, comme les Allemands firent beaucoup plus tard avec Torrin et Grassi. Cette très amicale occupation française durera jusqu'en 1713.

- Le 29 septembre 1792, les troupes révolutionnaires envahirent Nice. Elles instal­lèrent une Société populaire et une Convention des Colons marseillais, compo­sées et dirigées par des Provençaux. Ces institutions illégales soumirent le pays de Nice à une dictature si féroce qu'elle laisse loin derrière elle l'occupation allemande, qui pourtant ne fut pas une partie de plaisir. Pillage des métaux précieux, des biens des parti­culiers, du sel, du tabac, du bétail, des récoltes et jusqu'aux paillasses et aux chiffons; emprunts forcés, confiscations, réquisitions sans nombre, institution d'une carte de pain; famine, épidémies, assassinats, fusillades; la guillotine à Nice qui fonctionnait sans relâche, exécution sommaire des résistants Barbets par cen­taines, tortures; le chef Barbet François Fulconis fut exécuté, son cadavre fut cloué sur la porte de sa mère à l'Escarène, puis traîné dans les rues de Nice... Les Allemands nazis ne pouvaient faire mieux... Spoliation des biens des émigrés niçois lesquels étaient en quasi-totalité des artisans et des gens du peuple, loi des suspects, qui frappait n'importe quel habi­tant qui déplaisait aux jaco­bins, loi condamnant les parents et les ascendants à dénoncer leurs enfants et petits-enfants émigrés ou insoumis sous peine de voir leurs biens vendus et d'être jetés à la rue, loi raciste inter­disant les mariages entre les blancs et les noirs, loi ordon­nant la délation, considérée comme l'une des plus gran­des vertus républicaines, conscription forcée etc.. Invasion de la foule marseillaise qui coupa des têtes et les promena sur des piques, obligeant les passants à les embrasser…

- En 1804. Proclamation de l'Empire; nouvelles réquisi­tions, nouveaux impôts, cons­cription, poursuite des réfrac­taires et des Barbets, interdiction de la langue niçoise, etc..

 

Après ce petit aperçu, très succinct, car on pourrait en remplir des pages, nous voilà déjà convaincus... Nous comprenons tout à fait, Monsieur Mille, qu'en 1860, les Niçois, en souvenir des bienfaits qu'ils devaient à ces mains amies se soient préci­pités dans les bras de la France. Compte tenu de leur amour débordant, on se demande même pourquoi les « mains amies », armées d'inoffensifs fusils crurent bon d'occuper militairement le Pays de Nice deux semaines avant le vote, en vertu du mémorandum secret signé en même temps que je traité de Turin. On se demande aussi, pourquoi les « mains amies », sans doute par un inutile excès de prudence, furent contraintes de truquer gros­sièrement un plébiscite qui, à l'ombre des baïonnettes, était gagné d'avance, en édictant une loi électorale de circons­tance, en confiant aux seuls agents français le soin de dresser les listes, d'y inscrire des masses d'étrangers au Pays, en n'imprimant pas de bulletins négatifs, en impo­sant un vote public et non secret, en se réservant le droit de statuer sommai­rement sur les réclamations, et encore en étalant le vote sur deux jours, afin de confier les urnes, toute une nuit, à leur agent stipendié le syndic François Malausséna qui en avait les clefs et le cachet municipal les scellant… Mais voilà l'explication à ces étran­getés: c'était un plébiscite entre amis... et les douze mille Niçois qui quittèrent Nice aussitôt après le « mariage d'amour » étaient sûrement des esprits grin­cheux. Ceux qui, en masse, refusèrent de voter sous occupation militaire, aussi. Et puis, l'histoire d'amour ne s'arrête pas là, Monsieur Mille... Après la mascarade du plébiscite à l'ombre des baïonnettes, les « mains amies » ont continué à répandre à profusion leurs bien­faits sur le Pays de Nice colo­nisé : suppression de la Cour d'appel, de l'Université et du tribunal de Commerce l'un des plus anciens d'Europe, suppression des écoles de Chimie, de Médecine, de Chirurgie, de Commerce, de droit et de théologie, direction de la Gendarmerie et direc­tion des Ponts et Chaussées transférées à Marseille, direc­tion de la Marine transférée à Toulon. Les bâtiments de l'an­cien Sénat transformés en prison, le patrimoine niçois laissé à l'abandon, la langue niçoise interdite dans les écoles les administrations et l'armée, et dévaluée systé­matiquement, etc..

- En 1871. Après les élec­tions législatives du 8 février lors desquelles les candidats séparatistes obtinrent 90 % des voix dans le Pays de Nice, les « mains amies » envoyèrent illico chez nous des vaisseaux de guerre, dix mille fusiliers marins, la gendarmerie, la cavalerie, des canons et des mi­trailleuses, mais nous comprenons que c'était par amour car l'on souffre toujours quand un être aimé veut se séparer de nous... Et par la suite les « mains amies » donnèrent des coups de règle sur les doigts aux enfants niçois qui avaient l'outrecuidance de parler leur langue à l'école, quand on ne leur faisait pas mordre dans un pain de savon pour laver symboliquement les bouches salies par la langue niçoise. Amicales plaisanteries que tout cela, nous en conservons un souvenir ému.

L'annexion de 1860, direz-­vous, nous a fait bénéficier du « cadeau du chemin de fer » ce qui est le grand argument de propagande habituel, mais qui à l'étude se révèle totale­ment faux… Car ce fut en réalité une excellente affaire pour l'État français, lequel ne déboursa pas un demi­ centime et récupéra gratuite­ment le réseau 80 ans après. Le chemin de fer fut payé par un emprunt de la société PLM qui désirait que son réseau français atteigne l'Italie afin de multiplier ses bénéfices, et pour cela il devait obligatoirement passer par Nice. On a dit faussement aux Niçois que ce « cadeau » coûta la somme énorme de près de 40 millions, mais on ne leur a pas dit  que cette somme était le coût total de la ligne Toulon-Frontière italienne et non celui des quelques kilomètres reliant Saint-Laurent du Var à Nice, qui ne coûtèrent pas deux millions, car il ne s'agissait que d'un pont sur le Var, de quelques kilo­mètres de rails et d'une gare. On ne leur dit pas non plus que l'État français, durant les dix ans de l'Empire avait perçu chez nous près de 50 millions d'impôts, et n'avait investi que 23 913 411 francs dans tout le département dont 20% pour la ville de Nice.

Et vous prétendez que « l'annexion » permit de faire bondir Nice dans le progrès, alors que Nice était déjà citée par les historiens antiques comme cité très importante. Henri Sappia indique que l'historien et géographe Grec Strabon (58 - 25 avant J-C) plaçait par ordre d'importance Roma Regia et immédia­tement après Nicaea Massiliensium avant toutes les autres villes d'Italie. Toselli indique: « Nice devait être bien importante puisque Ptolémée, qui vivait sous l’empereur Hadrien, parlant des principales villes d'Italie, la nomme immédiatement après la capitale de l’Empire… » Depuis le XVIIIe siècle et plus encore dans la première partie du suivant, toute l'Europe couronnée et bourgeoise venait déjà à Nice et l'afflux de touristes de l'époque moderne est du au climat exceptionnel de notre ville. Le soleil et notre climat, ce n'est pas la France qui nous les a donné en 1860; nous aurions beaucoup mieux exploité et tiré profit de nos richesses tous seuls, alors qu'elles sont aujourd'hui captées par la France.

 

Les « mains amies » ont aussi fait subir aux Niçois deux guerres meurtrières qui nous coûtèrent un océan de sang, sans compter les inter­ventions et guerres colo­niales. Et aujourd'hui les « mains amies » nous font gentiment partager la totale déliquescence de la France, sa faillite économique et morale, une immigration galo­pante et sans frein, la perte de nos valeurs et l'invasion de pseudo « cultures » étrangères qui notoirement veulent se substituer à la nôtre et ­nous imposer des usages moyenâgeux que nous reje­tons totalement; et pour finir nous imposer des conflits ethniques sur notre sol, comme nous l'avons vu il y un peu plus de six mois, en plein centre de Nice. Ainsi, Monsieur Mille, l'histoire d'amour se poursuit donc, un siècle et demi après l'an­nexion frauduleuse, mais vous comprendrez que beau­coup de Niçois n'appréciant , vraiment pas ce qu'ils sont contraints de vivre et l'avenir que « les mains amies » préparent à leurs enfants, songent sérieusement au divorce. Dans la corbeille de mariage, sous vos fleurs de pure rhétorique, il y avait des menottes sur un coussin de cactus.

Vous terminez votre message sucré, M. Raoul Mille, par une benoîte interrogation:

« Aujourd'hui, qui ­pourrait sérieusement mettre en doute l'indéfectibilité d'une union forgée par le respect mutuel et l'amour réci­proque ?».

Et bien je vais répondre à votre question : les milliers d'adhérents et sympathisants de la L.R.L.N.(Ligue pour la Restauration des Libertés niçoises, téléphone: 06 12 86 25 05), moi-même, et encore beau­coup d'autres, ne voyons ni amour ni respect réciproque, dans cette prétendue « union », mais en revanche, le mépris de notre identité et de nos droits, la dilapidation de nos ressources, et un avenir catastrophique en perspective, nous mettons donc en doute ne vous en déplaise, « l’indéfectibilité » d’une union forcée où l’on ne trouve pas une once d’amour ni de respect  pour nous, mais l’asservissement à un système jacobin centralisateur qui détruit notre identité et dilapide nos richesses et nous enchaîne à sa perdition.

Pour finir, je vous suggère d'apprendre l'histoire de Nice avant de vous essayer à la commenter, même succinc­tement, car on ne peut juger d'un film dont on a seulement entendu parler; il serait bon également que vous ouvriez les yeux sur ce que subissent les Niçois aujourd'hui et sur ce qui les attend, car fata­lement vous le subirez aussi.

Croyez, Monsieur, à ma parfaite déploration, pour vos affirmations péremptoires, qui sont inacceptables car totale­ment contraires à la vérité historique et à ce que nous vivons tous les jours.

 

Pour en savoir plus voir le livre « Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.

Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.

 

Pour en savoir plus sur un village frontière typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

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