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29/08/2010

ALPES MARITIMES, CATACLYSMES ET CATASTROPHES NATURELLES

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Les pluies et les Inondations

Les pluies extraordinaires et les inondations consécutives seront au long des siècles tout aussi destructrices.

1094     Une terrible inondation emporte tous les moulins de Roquebillière.

1330     La pluie va tomber six mois durant sans discontinuer détruisant l’ensemble des récoltes. La misère la plus noire va sévir dans le Comté ainsi que la famine et la maladie qui emporteront le tiers de la population.

1525     Le 20 Octobre, à Puget-Théniers, la crue des torrents anéantit des quartiers d’habitation.

1530     “ Des pluies continuelles pendant l’été et l’automne 1530 ruinèrent entièrement les récoltes.

            Le Dimanche 9 Octobre, les campagnes essuyèrent une inondation générale. Le Var et le Paillon couvrirent de leurs eaux orageuses toute la plaine qui s’étend le long des collines, renversant murailles, maisons et arbres. Ces inondations firent plus de 300 morts à Nice.

            La peste suivit, s’étendit du midi vers le Nord, elle emporta Jeanne de Savoie ”. Durante après Gioffredo nous a conservé les noms de plusieurs riches gentilshommes qui se dévouèrent lors de la grande inondation du Paillon.

            Les habitants du faubourg Sincaire abandonnèrent leurs foyers pour chercher asile dans l’intérieur de la ville. Le faubourg Sincaire s’étendait le long du quartier de Riquier, où s’élevaient plusieurs couvents.

            Le Paillon coulait entre la ville de Nice et son faubourg, qu’il séparait dans toute son étendue. Il a souvent “ semé la dévastation ” sur ses deux rives.

            Ludovic Revelli indique à propos de cette inondation de 1530 : “ La violence des eaux fut telle que la plaine de Roquebillière et de Lympia en furent couvertes, aucune partie du sol ne paraissait plus ”. L’année suivante, le pont fut reconstruit plus solidement aux frais de la ville. Les trois quarts de la population y travaillèrent avec une ardeur infatigable. L’évêque attacha le bénéfice d’indulgences à cette œuvre d’utilité publique.

1576        Nouvelle crue signalée à Nice.

1596     Pluie ininterrompue du 22 Septembre à la fin Mai. A la même époque, des inondations dues à des débordements de torrents de montagne anéantissent des quartiers d’Isola, Entraunes et la Brigue.

1601     Le 15 Août, un gros nuage provoqua une inondation telle “ que le territoire de Nice n’en avait connu de pareil depuis plusieurs siècles ”. Des pluies torrentielles dévastèrent toute la plaine et les collines jusqu’au Var, entraînant tout sur leur passage.

            Le Paillon déborda renversant les remparts sur la rive gauche et les maisons du faubourg St Jean Baptiste sur la rive droite. Une partie du pont St Antoine fut emportée, on le répara en plaçant sur une arcade une statue de la Madone.

1610        Villeneuve d’Entraunes, situé dans la haute vallée du Var, fut ravagé plusieurs fois par les débordements du torrent du Bourdous. La chapelle votive de N.-D. des Grâces conserve un grand tableau ex-voto en souvenir d’un sinistre analogue survenu en 1610.

1616     Le 29 Novembre, le Paillon emporta deux arches du pont à Nice, et la Vésubie renversa 22 maisons à Lantosque. Leur effondrement causa la mort de plusieurs personnes.

1743     Le 22 Février, tout un quartier de Roquebillière est détruit par une inondation.

1751        Nouveau débordement du Paillon qui, modifiant son cours, se jette dans le port Lympia.

1772     Le 29 Septembre, une crue catastrophique provoque de sérieux dégâts à Roquebillière.

1800     “ En Novembre 1800, la jolie plaine de Drap est inondée par les eaux du vallon de Châteauneuf, et les dommages furent irréparables ” (Abbé Raveu).

1802     “ Les 20 et 21 Novembre, de fortes pluies sur les montagnes des environs de Nice déclenchèrent de terribles inondations au quartier de l’Abre et de la Bourgade. Les eaux furieuses du Paillon entrèrent dans l’église et dans les maisons. Les dégâts furent considérables ; on a prétendu qu’ils s’élevèrent à deux millions ” (Bonifacy).

1828     En Mai, a Bendejun et dans le canton de Contes, une pluie abondante et persistante emporta au sol la récolte d’olives. Les habitants ne purent les ramasser et les faire triturer rapidement. Imbibées d’eau, les olives ne pouvant se conserver furent perdues.

1889-92        Violentes crues destructrices dans la Moyenne Vésubie.

Sécheresses, famines

Toute aussi préjudiciable, la sécheresse va semer la désolation au cours des siècles avec son cortège de misère et de famine.

1138     “ On éprouva depuis le 1er Mai 1138 jusqu’à la fin Mars de l’année suivante, une sécheresse si grande qu’à peine tomba-t-il une pluie aussi légère que la rosée du matin. Toutes les sources tarirent, celles qui, auparavant, étaient abondantes même dans le fort de l’été ne fournissaient pas cette année là, de l’eau pour boire dans le cœur de l’hiver ... La mauvaise qualité des aliments jointe aux influences malignes d’un air embrasé suffirent pour occasionner la plus grande mortalité. L’année suivante, les arbres périrent en grand nombre ”.

1364        Longue période de sécheresse.

1500     La sécheresse débute cette année là pour persister cinq années durant. Le sol reste stérile et la population manquant de vivres fut poussée au désespoir.

1630     Il ne plut pas pendant neuf mois, faute de récolte, une famine s’ensuivit.

1660     “ La plupart des habitants des montagnes furent réduits à se nourrir d’herbes et de racines sauvages ” (Alberti).

1733-34 Durante indique une sécheresse exceptionnelle. Aucune pluie ne tombe pendant deux ans et demi. Les habitants de Contes, Tourrette, etc ... conduisaient leurs troupeaux jusqu’au Var pour les abreuver.

            Aussi ce furent deux années d’affreuse famine. Plusieurs personnes durent se nourrir de glands, de baies de genièvre, de paille hachée, de racines, car même l’herbe n’avait pu pousser.

            Ces privations provoquèrent une épidémie qui fit un grand nombre de victimes de tous âge dans l’ensemble du Comté.

            A Nice, en dépit d’une procession à St Alexandre et de pénitences, la sécheresse ne prit fin qu’à la St Michel de 1734. L’historien Bonifacy précise : “ A Contes, beaucoup se nourrissaient de glands, heureusement il y en avait d’une saveur douce. Les vieux du pays racontent encore ce qu’ils avaient entendu de cette terrible calamité. A Lucéram, on allait abreuver les bœufs et le gros bétail à la rivière (St Jean la Rivière, au bord de la Vésubie) ... On construisit des moulins au Var, vu que les sources avaient séché, ainsi que les eaux qui alimentaient les moulins de campagne. Ce fléau s’étendit à tout le Comté. Une pluie abondante vint vers la fin Septembre 1734 ”.

            A cause de cette grande sécheresse, 1734 fut surnommée “ l’année mortelle ”.

1802     La maladie des oliviers est imputée à la sécheresse.

1816-17

            Cette année va connaître une des plus grandes sécheresses vécues dans le Comté de Nice.

            “ Le 23 Juin 1816, l’atmosphère se couvrit de nuages noirs, le ciel était menaçant, nous nous attendions à quelques orages proches lorsqu’une pluie douce et tranquille vint d’abord arroser notre sol brûlant, mais bientôt succéda un déluge et ce que l’on avait peine à croire, c’est qu’en dépit de la saison, l’eau tombait à gros bouillon se montrant toujours au même degré et ne discontinuant que sur la fin du quatrième jour. Tous les torrents grossirent, débordèrent et dévastèrent tout ce qui s’opposa à leur passage. Depuis cette époque, le ciel se ferma à la pluie et se montra sec obstinément jusqu’à la nuit du 12 au 13 Avril 1817 ”.

            La sécheresse fut telle, que la ville de Nice fut obligée de prendre des mesures pour faire construire des moulins à farine sur la rive droite du Var ; on fut tenté de faire des moulins à vent !

            “ Les sources avaient tellement décru que le petit nombre qui en restait fut loin de pouvoir suppléer aux besoins journaliers ”.

1845-1851-1877

            Les chroniques mentionnent des processions répétées en vue d’obtenir la pluie.

Destruction des récoltes par les insectes

Autres agents dévastateurs des campagnes : les insectes et chenilles qui apporteront leur lot de misère tout au long des siècles.

1364     Fin Mai, à la suite d’une longue sécheresse un vent impétueux et violent souffla du fond de l’Afrique apportant dans les Alpes-Maritimes et la Provence une invasion de sauterelles.

            Ces prédateurs obscurcirent le ciel de leurs nuages avant de tomber au sol pour y dévorer l’herbe, les plantes et jusqu’aux feuilles des oliviers. Un témoin indique : “ Tout ce qui peut leur servir de nourriture fut dévoré en un instant, et on eut dit que le feu y était passé ”.

            La Reine Jeanne vint au secours des habitants en leur faisant envoyer du blé et des légumes de la Sicile et du Royaume de Naples.

1601     En plus des terribles inondations signalées plus haut, il y eut un autre fléau tout aussi déplorable. Des nuées d’insectes dénommés “ vers-chenilles ” détruisirent toutes les récoltes, n’épargnant pas même les feuilles des arbres.

Les ouragans

Plus subits et destructeurs, les ouragans ont laissé leur trace redoutable dans la mémoire collective. Leur soudaine brutalité a surpris à plusieurs reprises les habitants des Alpes-Maritimes toujours désarmés face à ces tornades dévastatrices.

1516     Le 15 Septembre, une tempête épouvantable ravage le littoral. Les dégâts seront nombreux dans tout le Comté de Nice, où l’on ne compte pas les arbres déracinés et les toitures envolées.

            A Nice, les toits des maisons furent arrachés, la darse ensablée et les remparts de la Marine crevés par les flots à l’occasion de ce formidable coup de vent d’ouest.

            A Villefranche, beaucoup de maisons seront abattues par le vent, alors que dans la rade 26 vaisseaux ayant rompu leurs chaînes se brisèrent sur les rochers. A Monaco, les assises du rocher tremblaient sous les assauts de la mer en furie. Bosio rapporte : “ le clergé sortit processionnellement, portant le Saint Sacrement et les reliques des Saints. Le Prince Lucien et Anne de Pontevès sa femme marchaient derrière, ceints d’une corde. Les habitants les suivaient marchant pieds nus ”.

1536     Une forte tempête se lève le 24 Septembre. Elle engloutit 24 navires à Nice et à Villefranche.

1576     Un ouragan détruit sept galères.

1732     Un très violent orage détruit presque la totalité des récoltes.

1857     Le 19 Octobre, un ouragan se déchaîne sur la ville de Nice entre quatre et cinq heures. Un très violent vent d’est, accompagné de pluie, emporte de nombreux arbres.

            Des oliviers centenaires seront déracinés. Des meules de paille sont emportées comme de simples fétus. Les dégâts furent considérables dans la ville.

            L’orage ne se termina qu’à 22 heures, mais les pluies continuèrent pendant trois jours.

Eboulements en montagne

Le relief accidenté des Alpes-Maritimes le prédispose naturellement aux mouvements de terrain. Les chroniques nous transmettent les plus spectaculaires d’entre eux.

1612     “ Ce qui ne fut ailleurs qu’une secousse sismique se traduisit en catastrophe dans le Val de Blore : une crevasse s’ouvrit dans le sol, des flammes jaillirent et brûlèrent le petit village de Saint Jacques, que l’on a reconstruit plus bas sous le nom de la Bolline avec St Jacques pour patron. Une dalle rustique marque l’emplacement du village disparu : “ Hic omnes disparuerunt recquiesant in pace - 1612 ” (P. Canastrier).

            Un phénomène analogue, d’origine volcanique se produisit à la même époque sur le mont Raton, près de Beuil. Le savant Peyresc y fit prélever des fragments de lave vomie au cours de l’irruption.

1694     A la suite de pluies abondantes, une partie du village de Lucéram est emporté par une formidable masse de terre et pierrailles, partie du quartier dit la Terra sur les contreforts du Mont Auri.

1926     Dans la nuit du 24 au 25 Novembre, la veille de la grande foire de la Ste Catherine, un sinistre effroyable vint semer l’épouvante et la consternation dans le village de Roquebillière.

            Après plusieurs jours de fortes pluies, une crevasse se produisit au nord de Belvédère, puis, brusquement, une immense masse de terrain s’abattit sur la partie sud du village de Roquebillière, ensevelissant 15 maisons et causant la mort de 19 personnes. La catastrophe se produisit à trois heures du matin, au milieu de l’obscurité la plus complète. Ce ne fut qu’avec le jour que l’on put se rendre compte de l’ampleur du désastre. Les secours affluèrent de tous côtés, mais on ne put rien entreprendre de peur de provoquer un nouveau glissement de terrain.

            Il fallut se résigner à abandonner les morts au sein des décombres et le village dû être évacué. Le malheureux Roquebillière détruit pour la troisième fois au cours des siècles, sera reconstruit au quartier du Cros selon le désir des survivants. Une croix est plantée au-dessus de la masse d’éboulis, tous les ans une cérémonie commémorative y est célébrée.

1948     Le 31 Janvier, un flanc de la montagne glisse à 3km en aval de Puget-Théniers, barrant le lit du Var et formant un immense lac artificiel auquel les Services Techniques durent trouver une issue. Aucune victime ne sera à déplorer.

La foudre et les incendies

Autre composante néfaste des orages, la foudre qui souvent a provoqué des dégâts considérables en déclenchant des incendies. J.B. Martel dans sa monographie de Châteauneuf de Contes, a recensé en 1677, 1670, 1871, 1876, 1879 et 1906 des décès de personnes du lieu, frappées par la foudre dans des circonstances diverses. Il signale en particulier les dégâts sérieux de la nuit du 23 Février 1879 où la foudre tombant sur l’église endommagea le clocher, la toiture et brisa les vitres des habitations voisines.

Nul doute que des atteintes similaires ont endeuillé et détruit des villages du Comté de Nice, bien que non signalées dans les annales consultées.

1470     Le 25 Janvier, le feu consume une grande partie de St Martin Vésubie. Fabriques de draps, entrepôts de laine et marchandises diverses d’une valeur de 160.000 florins or sont la proie des flammes.

            Depuis cet événement, la population effectue annuellement un pèlerinage spécial au sanctuaire de N.-D. de Fenestre qui préserva plusieurs quartiers du bourg et épargna les habitants.

            Dans l’église paroissiale de Saorge, un bas relief atteste là encore de la protection du village, menacé d’un incendie, par la Vierge aidée de
St Claude. Dans les villages de montagne, les toits serrés de bardeaux de mélèze furent de tout temps exposés à devenir la proie du moindre incendie.

            On relève en :

1565     Celui qui détruisit Villeneuve d’Entraunes et trois autres à Entraunes en l’espace d’un siècle !

1594     Le 19 Juillet, St Etienne flambe à l’exception de son beau clocher en pierres de taille.

1682     Le feu ravagea la citadelle de Guillaumes, et commença à dévorer le bourg lorsque la Vierge l’aurait protégé.

            Un imposant tableau de 1722, placé dans la chapelle champêtre de N.-D. du Buey la représente planant au-dessus de Guillaumes menacé. Les soldats et les habitants emportent les enfants et les malades, déménageant hâtivement les hardes et les meubles.

1924        Villeneuve d’Entraunes est à nouveau partiellement détruit par le feu.

1929     En Août, St Etienne de Tinée est encore ravagé par les flammes.

 

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

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20/08/2010

TEMPLIERS DANS LES ALPES MARITIMES 1

73 VALBONNE, L'ABBAYE CHALAISIENNE page 73.jpg

Maison du Temple de Biot
Département : Alpes-Maritimes, Arrondissement : Grasse, Canton : Antibes-Biot - 06
L'étude de la commanderie de Biot est de beaucoup plus intéressante étant donné l'importance de la seigneurie que possédèrent les Templiers. La fondation de Biot en tant que maison du Temple possède les mêmes origines que Montfort-sur-Argens. A la fin du mois de mars 1209, Alphonse II, comte de Provence, donnait à la milice du Temple, représentée par Guillaume Candeil, maître de Provence, tous les droits qu'il avait sur la ville, la châtellenie et le territoire de Biot (1). L'acte fut passé à Grasse et Bernard Cornut, évêque de Fréjus assistait à la passation des pouvoirs. Les Templiers s'installèrent bientôt, non loin d'Antibes, siège de l'évêché et aussi port sur la Méditerranée. La dernière invasion musulmane venait d'avoir lieu sur les côtes. Les Templiers de Nice durent se retirer à l'intérieur des terres et en 1195, l'évêque de Vence leur donnait la bastide Saint-Laurent.
Alphonse II voulait-il, par là faire comme son ancêtre en Aragon pour protéger les grands axes face à de futures invasions ? Peut-être.
A Biot, les frères reçurent de nombreuses donations tout en restant sous la dépendance directe du commandeur de Grasse qui prit rapidement le titre de commandeur de Grasse et Biot. Dès 1211, des frères résidants sont cités (2). Les habitants connaissaient cette particularité et lorsque, 1e 9 mars 1213, Narbona et ses fils vendent une pièce de terre située à Biot, ils le font à la maison du Temple de Grasse (2). Tout comme Raimonde qui donne sa terre de Biot au lieu dit Touche Bosse au commandeur de Grasse, Olivier Aidier (2). Biot devint maison régulière, semble-t-il, le 15 août 1233, encore faut-il y voir une union avec Grasse et Nice, ces deux dernières étant déjà réunies sous un même commandeur. Ce jour-là, Bernard de Cambolano, commandeur des maisons de Grasse et Biot par la voie du retrait féodal, prenait possession, au nom de l'Ordre de tous les biens situés à Biot et Saint-Julien, qu'il venait d'acheter à l'évêque d'Antibes, lequel les avait obtenus le 15 octobre 1227 de Raimond de Biot et ses fils (2).
Les achats effectués par les Templiers sont de plus en plus nombreux et même que le commandeur porte le titre des trois, la maison de Biot fut la plus importante si bien que l'on peut sans risque de se tromper dire que vers 1240-1250, le commandeur porte plus facilement sa résidence à Biot plus qu'à Grasse. A Biot le commandeur était tout de même châtelain et surtout il se trouvait tout près de l'évêque qui avait sa résidence à Antibes. C'est aux environs du milieu du XIIIe siècle que l'évêque d'Antibes choisit Grasse comme siège épiscopal. Des divergences éclatèrent. Il faut dire que l?évêque ne demeura pas longtemps sur le siège n'étant pas très commode pour ses ouailles. Lors de son départ d'Antibes la population accepta difficilement ce changement. Il en fut de même des populations environnantes. Plusieurs différents eurent lieu entre Biot et Grasse. Deux arbitres furent désignés et rendirent leur sentence le 3 janvier 1247. L'évêque de Grasse, Raimond de Villeneuve et Geoffroi de Grasse, commandeur de Grasse, Nice et Biot, choisirent Guillaume, évêque de Vence et Rostang de Comps, maître du Temple en Provence (2). Les problèmes de la Provence et surtout l'héritage de Béatrice, fille de Raimond Bérenger V occasionnèrent de nombreuses enquêtes. Ayant épousé le roi de Naples, la comtesse de Provence l'associa au trône et en 1250, lors de l'enquête sur les droits du nouveau comte, le frère P. Capion, commandeur de Biot est cité en témoin (3).
Les biens du Temple de Biot s'étendaient dans la région immédiate. A Valbonne ce furent des biens donnés par R. Salnioze, moine de Valbonne, de l'Ordre de Chalais qui se faisant templier entraîne avec lui tous ses biens meubles et immeubles, ecclésiastiques et laïcs (3)
A la fin du XIIIe siècle deux grandes affaires éclatèrent entre les habitants d'Antibes et de Villeneuve et les templiers de Biot. Il en fut de même au sujet des bois de Clausonne.
Au lieu de Clausonne, les Templiers acquirent quelques biens. Le 12 décembre 1258 une sentence était rendue par Guillaume Aicard bailli de Vence au sujet des biens situés à Clausonne que les habitants contestent. Les Templiers ayant été reconnus dans leurs droits, le bailli de Vence rendit le fief de Clausonne à frère Guillaume Clumans, commandeur de Biot, au nom de Bernard de Bellano, commandeur de Grasse et Nice (4). Les habitants d'Antibes ne paraissent pas avoir été en mesure de tenir cette décision. Le 26 décembre 1286, les antibois après avoir molesté les frères du Temple, se retrouvèrent et volèrent plusieurs têtes de bétails qu'ils transportèrent sur leur propriété. Devant ces crimes, Foulques Bérenger, commandeur des maisons du Temple de Nice, Grasse et Biot demande aux officiers de la cour de Grasse d'ouvrir une instruction judiciaire contre plusieurs habitants d'Antibes qu'il accuse des méfaits proférés sur le territoire du castrum de Biot. Le juge de Grasse confie l'enquête au notaire Amboise qui s'en voit dessaisir à la demande de l'évêque qui montre un privilège de juridiction (5). Plusieurs sentences furent rendues par la cour de Grasse. Une affaire à peu près semblable eut lieu avec les habitants de Villeneuve. Certains habitants furent surpris par les hommes du Temple en délit de ramassage de bois dans les forêts de l'Ordre. Les villageois répliquèrent aux semonces en dérobant une ânesse et deux boeufs à la maison du Temple de Biot. Le commandeur s'adressa alors aux juges de Nice qui répondirent vouloir faire le nécessaire pour que les animaux soient restitués (2). Les templiers gagnèrent juridiquement, mais les habitants de Villeneuve ne s'arrêtèrent pas là. En juin 1298, le bailli de Villeneuve fit enlever deux hommes du Temple qu'il fit enfermer dans la forteresse. Un fut libéré, tandis que l'autre resta dans cette prison forcée, aussi le frère Pons Ycard, au nom de Pierre Ricaud son commandeur s'adressa au viguier de Nice lui demandant de faire libérer leur homme surtout que non contents de cela, les habitants continuèrent à commettre toujours quelques méfaits sur le domaine du Temple (2). Les Templiers voyant la lenteur et la carence de la justice du viguier de Nice et du juge de Grasse, furent comme les habitants de Villeneuve et s'emparèrent d'objets appartenant à plusieurs villageois. Le contraire n'étonne pas, le juge de Grasse intervint aussitôt et rendit sa sentence obligeant les Templiers à restituer le plus rapidement possible les biens pris aux villageois. Les frères du Temple furieux de voir comment ils étaient traités, alors que leurs hommes étaient toujours dans la forteresse de Villeneuve déléguèrent le frère Pons Ycard interjeter appel de la sentence, ce qui fut fait le 4 septembre 1298 (2). La lutte ne s'arrêta pas malgré deux sentences rendues par les cours de Nice et de Grasse. Au mois de mai 1300 un autre enlèvement eut lieu. Les habitants de Villeneuve, sous la direction de leur propre bailli enlevèrent 23 juments et 8 poulains aux Templiers de Biot. Le 9 mai, le juge de Grasse, Jean Rodolphe, saisi les officiers de la cour de Nice et leur précisa qu'ils restituent les délinquants à sa juridiction et qu'ils fassent rendre le bétail usurpé (6). Le lendemain, 10 mai, le juge de Grasse recevait la réponse des Chevaliers Bertrand de Reggio et Isnard de Rosseto. Les deux officiers sont prêts à leur donner satisfaction, mais avant tout, ils voulaient entendre les explications des habitants de Villeneuve.
Pour cela le frère Pons Ycard devait se rendre à Villeneuve le jeudi suivant (7).
Cette affaire alla jusque par devant le sénéchal de Provence, Raimond de Lecto qui écrivit au viguier et juge de Grasse ainsi qu'au baillie de Villeneuve leur signifiant qu'il avait appris l'enlèvement du bétail des Templiers de Biot. Il leur ordonne de faire restituer le bétail aux Templiers, lesquels devaient rendre les gages pris aux gens de Villeneuve (7). Quoiqu'il en soit l'homme resta dans la forteresse. On ne sait s'il y mourut ou quoi, la seule chose dont nous sommes certains, c'est que le conflit fut définitivement réglé par le commandeur de l'Ordre de Saint Jean en 1320.
Cela n'empêcha pas les Templiers d'acquérir d'autres biens pendant cette période.
1. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5270.
2. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5268.
3. Paris Bibliothèque Nationale, ms. latin. 10125.
4. Nice Archives Départementales, H 516.
5. Nice Archives Départementales, G 192.
6. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5269.

Sources : Laurent Dailliez - Les Templiers en Provence - Alpes-Méditerranée-Editions - Nice 1977

Maison du Temple de Biot
En octobre 1207, Alphonse II remit au maître du Temple en Provence, Guilhem Jaufred, le castrum de Montfort avec tous ses droits, dont l'albergue, les cavalcades et les justices. Ce site, où l'ordre établit ou bien réoccupa un point d'appui fortifié « fortalicium », fut rattaché à la maison du Ruou. Deux années plus tard, le comte devait encore concéder aux Templiers la seigneurie sur la villa de Biot. Cette investiture en franc-fief fut à nouveau accompagnée de tous les droits régaliens - albergues, questes, cavalcades, justices.
Raimon Bérenger V, continua à favoriser les établissements des Templiers en Provence orientale, et notamment les commanderies du Ruou, de Biot et de Grasse. En avril 1233, il fait une donation aux maisons de Biot et de Grasse et en novembre 1235, il exempte de péage la commanderie du Ruou, « Recueil des Actes des Comtes de Provence Raimon Bérenger V, n° 176 et 248. »
A Biot, le commandeur du Temple refusa à la fin du XIIIe siècle, de s'acquitter de la taxe imposée par le comte pour la surveillance maritime. En outre, l'érudition a fait remarquer depuis longtemps la pauvreté de l'armement conservé dans les commanderies au moment de l'arrestation des Templiers.
Sources : Damien Carraz - l'Ordre du Temple dans la Basse Vallée du Rhône - 2005. Lyon

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

 

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14/08/2010

LES GRANDES DATES DU MOYEN ÂGE DANS LES ALPES MARITIMES

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« L’ennemi, c’est le passé, le barbare Moyen Âge … » Jules Michelet

Cette chronologie présente les faits historiques intéressant les Alpes-Maritimes et qui ont pu être datés avec précision par les spécialistes du Moyen Âge.

-   410 :   Saint Honorat fonde l’Abbaye de Lérins. Avec la fin de l’Empire romain et le passage destructeur des invasions, l’Eglise reste le seul lien social constitué.

-   508-536 :   les Ostrogoths gouvernent la Provence.

-   536 :  Le roi Théodat abandonne la Provence aux Francs.

-   721 :  premières incursions des Musulmans ou Sarrasins venus de la péninsule ibérique.

-   734 :  Retraite des Musulmans qui brûlent et saccagent Lérins et Cimiez.

-   736-739 :  Charles Martel conduit plusieurs campagnes en Provence contre des Provençaux alliés aux Musulmans de Narbonne, dirigés par le Patrice Mauronte.

-   775 :  Fondation de l’Abbaye de Saint Pons à Nice

-   813 :  Nouveaux raids sarrasins sur la Provence et Nice.

-   843 :  Partage de l’Empire Carolingien.

-   871 :  Les péripéties de la succession placent Boson, un fidèle de l’Empereur Charles le Chauve à la tête d’un royaume unissant les Lyonnais, le Viennois et la Provence.

-   882 :  Le pouvoir de Boson s’effondre. Après l’intérim de son petit-fils Louis III, son cousin Hugues d’Arles devient duc de Provence ; il cédera ses droits à Rodolphe II de Bourgogne en 935. La Provence sera alors incorporée au Saint Empire Germanique.

-   883 :  Installation d’une petite troupe de Sarrasins à La Garde Freinet près du Golfe de Saint-Tropez qui essaime au Cap Ferrat (Pointe de Sainte Hospice) et à Eze.

-   884-972 :  Depuis leurs bases, les Sarrasins ravagent la région. Ils attaquent et dévastent Nice, La Turbie, Vence, Grasse et la Basse Provence.

-   942 :  Hugues, Comte d’Arles, lance une première offensive contre le Freinet avec le soutien de la flotte grecque.

-   974 :  Les fils de Boson, Guillaume et Roubaud, avec l’aide d’Ardouin, marquis de Turin, conduisent une croisade qui vient à bout des Sarrasins du Freinet. Les nouveaux Comtes victorieux affirment leur prépondérance sur le clan bourguignon du roi Rodolphe III resté passif. Aux environs de l’an mille, une vingtaine de familles de l’entourage du Comte Guillaume dit le « libérateur » vont accaparer de larges parts de l’ancien domaine public et des terres de l’Eglise.

-   1030 :  Les Reillane-Vence et Orange-Mévouillon originaires de l’extrémité occidentale de la Provence, mettent la main sur les Alpes-Maritimes dont elles se partagent un vaste secteur.

Reillanne s’implante à Vence, La Gaude, Gattières et  Orange dans le Pays Grassois à Andon, Coursegoules ainsi qu’à Cagnes, Saint Laurent du Var et Nice.

Les différentes branches de la famille issue de Boson et Guillaumes qui avaient maintenu le comté indivis n’ayant que des héritières, celles-ci épousent les Comtes rivaux de Toulouse et Barcelone.

Les Comtes catalans de Barcelone l’emportent et vont se succéder pendant plus d’un siècle à la tête de la Provence. Tour à tour, le destin du comté sera entre les mains de Raymond Bérenger 1er (1113-1131), Raymond Bérenger II (1131-1144), Raymond Bérenger III (1144-1166), Alphonse 1er (1166-1178), celui-ci est également roi d’Aragon, Raymond Bérenger IV (1178-1181). Alphonse 1er reprend le comté de 1181 à 1191 avant de le laisser à son fils Alphonse II (1191-1209) puis à Raymond Bérenger V (1209-1245) dont l’oncle Sanche assurera la régence pendant sa minorité jusque vers 1220.

-   1117 :  Raymond Bérenger 1er reprend possession de la Provence orientale et s’implante fortement à Gattières, Nice, Aspremont et Tourrette Levens.

-   1140-1155 : Cette période voit émerger des consulats à la tête des cités indépendantes de Grasse, Nice et Sospel.

-   1150 :  Des châteaux sont édifiés par le Comte, à Agrimont (près de l’actuel St Laurent du Var), Carros, Olive et Dos Fraïres (commune du Broc), Malvan, Tourrettes sur Loup, Courmes.

-   1164 :  Lutte contre la République de Gênes qui s’allie à Nice.

-   1189 :  Révolte en Haute Provence du baron Boniface de Castellane qui rejette l’autorité comtale. Ce soulèvement fragilise les fiefs du haut Pays Grassois et de la vallée de l’Esteron.

-   1176 :  Alphonse 1er, Comte de Provence, reprend Nice. Pour mieux contrôler le Pays niçois, le Comte implante des châteaux à Lucéram, Contes, Berre, Coaraze, Châteauneuf de Contes, La Turbie et Ongran (au nord du Peille) dans les vallées des Paillons.

-   1196 :  Une expédition à lieu au départ de Grasse, pour atteindre Saint Auban sur les marches du fief de Castellane.

-   1199 :  Création de l’Abbaye de Valis Bona (Valbonne) par les moines de l’ordre de Chalais.

-   1200 :  Un accord est signé à Grasse, maîtrisant les velléités d’indépendance du consulat de la ville.

-   1207 :  Le Comte de Provence donne le château de Pugnafort près de Thorenc, aux chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, charge à eux de défendre la région menacée par les menées subversives de Boniface de Castellane.

-   1215 :  Nice se donne à nouveau aux Génois, profitant de l’affaiblissement de l’autorité comtale, minée par la régence de Sanche, occupé en Aragon.

-   1220 :  Avec Raymond Bérenger V, la maison des Comtes de Barcelone et de Provence entreprend d’imposer son autorité aux seigneurs et aux villes de la Provence orientale que ses prédécesseurs avaient eue jusque là du mal à tenir en mains.
Il va s’appuyer pour ça sur un petit nombre de fidèles, principalement des chevaliers catalans. Parmi eux, Romée de Villeneuve, homme de confiance et principal conseiller du Prince qui sera placé à la tête de la baillie de Fréjus – Outre Siagne (l’actuel arrondissement de Grasse). C’est lui qui achèvera la soumission de la Provence Orientale.

Les opérations débutent au nord de Grasse par le siège du château d’Andon grâce à la forteresse de Pugnafort. Le château de Gréolières est également assiégé et celui d’Agrimont dominant le passage du Var est détruit ; pour le remplacer, un château est dressé plus au nord sur la colline du Puget.

La moitié méridionale du pays de Vence tombe sous la domination du Comte, obligeant les seigneurs locaux à s’enfuir vers le Haut Pays (sur les hauteurs des Baous) où ils se fortifient pour résister le long des crêtes au bord des plateaux à : Courmes, Malvan, La Bastide Saint Laurent, Le Castelet, Olive.

Le Comte fait bloquer ces places fortes en installant une ligne de défense soutenue par les châteaux de Courmettes, Saint Martin de Vence, Saint Jeannet, Le Broc, Bezaudun, Bouyon.

- 1227 :                  Grasse est contrainte de renoncer à son consulat.

- 1227-1235 : Conquête par Romée de Villeneuve des fiefs rebelles situés à l’Est du Var, suivie d’une mise en place d’un réseau castral, destiné à surveiller les nouveaux territoires annexés.

- 1229 :  Soumission des cités consulaires de Vence et Nice, alliées de Gênes.

- 1231 :  Le Pays de Vence entièrement soumis est confié dans sa presque totalité au fidèle Romée de Villeneuve, une quinzaine de châteaux y sont alors construits.

- 1235-1237 : N’échappent alors à l’Est, à l’autorité comtale que la Baronnie de Castellane, le diocèse de Glandèves (Entrevaux), le Nord de l’évêché de Nice avec les vallées du Cians, de la Tinée et de la Roya, soumises au Comte de Vintimille.

                  Après 1235, la baillie de Puget-Théniers regroupait les familles seigneuriales des : Faraut, Glandèves, Rostaing, Saint Sauveur qui résistèrent au Comte de Provence jusque sous le règne de Charles 1er en 1273-1276.

- 1235-1241 : Entre la fin 1235 et le printemps 1241, Romée entreprend une expédition destinée à soumettre tout le pays entre le cours de la Tinée et la frontière du comté. En 1235, la vallée de l’Esteron (entre Esteron et Var) est annexée. Puis, prenant appui sur le château de Saint Auban, il récupère six « castra »de l’évêché de Glandèves avant d’obtenir la soumission totale des évêchés de Glandèves et de Nice. Les biens de Guillaumes II, Comte de Vintimille, à Saint Martin Vésubie et Venanson seront saisis à la suite de cette campagne en 1240.

- 1245 :  La prise en main de la région par le Comte s’est faite en dix ans. Le pouvoir est solidement établi comme le démontre les deux quittances délivrées par Raymond Bérenger V à Romée de Villeneuve les 25 mai 1241 et 7 juin 1245 où la soumission des évêchés de Glandèves et Nice est attestée. Romée administre la baillie de Fréjus et celles de Grasse, Vence, Nice et l’évêché de Glandèves. Seuls résistent encore la Baronnie de Castellane au Nord et les territoires dépendants à l’Est de l’autorité du Comte de Vintimille.

                  Raymond Bérenger V meurt prématurément en 1245 et  en l’absence d’héritier mâle, le comté revient à sa quatrième fille, Béatrix qui épouse Charles d’Anjou, le frère de Louis XI (Saint Louis) roi de France. La Provence devient « angevine ».

                  Le nouveau Comte Charles 1er (1246-1285) connaît des débuts difficiles ; il est capturé avec son frère Saint Louis à Mansourah, à l’occasion d’une croisade commune. La longue absence du Comte de 1248-1250 encourage le réveil des forces d’opposition.

- 1249 :  Nice compte 4000 habitants ; elle en comptera 7000 en 1286. C’est une période de croissance économique et d’essor démographique qui s’amorce.

- 1258 :  Charles 1er poursuit l’expansion vers l’Est en absorbant une partie de comté de Vintimille. Cette acquisition sera reconnue par Gênes en 1262.

- 1259-1260 :  Le Comte étend son domaine au-delà des Alpes dans le Piémont.

- 1261-1262 :  Une vague d’agitation secoue la Provence. Le soulèvement de Boniface de Castellane est maté et le baron doit s’enfuir en Italie, en abandonnant ses terres au Comte de Provence.

- 1273-1276 :  La guerre oppose Charles 1er d’Anjou à la République de Gênes.

- 1289 :  Le contentieux entre Charles II (1285-1308) et les Comtes de Vintimille soutenus par Gênes est définitivement réglé.

- 1290 :  Une nouvelle viguerie est créée à l’Est du comté, celle du comté de Vintimille et du Val de Lantosque.

- 1295 :  Charles II établit un port franc à Villefranche.

- 1308 :  L’influence française prépondérante s’affirme le 24 janvier par l’arrestation des Templiers de Provence.

- 1325 :  Robert le Sage (1309-1343), fils de Charles II, acquiert Vintimille. Après cette ère de prospérité et de liberté, le demi-siècle suivant avec le règne de la reine Jeanne (1343-1382) ne sera qu’une période troublée et douloureuse pour la Provence.

- 1347 :  La peste noire sévit en Provence et l’épidémie effectue de terribles retours en 1361 et de 1371 à 1373.

- 1357-1358 :  La reine Jeanne eut quatre maris mais pas d’enfant. Deux héritiers se présentent à sa mort : Charles Duras et Louis d’Anjou ; ils seront tour à tour assassinés. Louis s’alliera à Amédée VI de Savoie.

                  Dès avant la mort de la reine, les rivalités des candidats à sa succession entraînent des troubles. Des routiers commandés par Arnaud de Cervole, dit « l’Archiprêtre »font irruption en Provence en quête de butin. D’autres mercenaires du comté d’Armagnac seront appelés pour contrer les précédents avec des effets tout aussi désastreux.

- 1370 :  Fin de la menace des routiers.

- 1382-1387 :  Guerre entre « l’union d’Aix »qui regroupe les villes de Provence et  la noblesse provençale restée fidèle à Louis 1er d’Anjou Comte de Provence. Après la mort de Louis 1er en Italie (1384), sa veuve, Marie de Blois, met fin aux troubles et aux intrigues.

- 1388 :  Une partie de la Provence persiste dans le refus de la domination angevine : Nice et sa viguerie, Puget-Théniers, le Val de Lantosque et  la baillie de Barcelonnette se donnent au Comte de Savoie. Les seigneurs de Beuil, Jean et Louis, seront les actifs artisans de la dédition du comté de Nice à la Savoie.

- 1388-1399 :   Durant dix ans, un aventurier va dévaster la partie provençale des Alpes-Maritimes. Sous prétexte de revendications de fiefs et de droits, Raymond de Turenne mène la guerre contre le pape et contre le Comte.

                  Il faudra la détermination de la reine pour en venir à bout. Cette période d’insécurité modifie l’aspect des villes : enceintes neuves ou rénovées, faubourgs abandonnés, couvents transférés à l’intérieur des murs. Le paysage rural s’est transformé : villages désertés, rétractation de l’espace cultivé.

- 1471 :  Le « bon roi René »de la maison d’Anjou, Comte de Provence et roi de Sicile, se fixe en Provence dans son palais d’Aix. Il veillera au destin de la partie occidentale des Alpes-Maritimes, restée provençale.

 

                  A son initiative, les seigneurs repeuplent leurs terres en attirant des colons ligures par des « actes d’habitation » (notamment dans la viguerie de Grasse : St Laurent du Var, La Gaude, Biot, Valbonne, Auribeau, etc. .)

                  Les crises du XIVme siècle avaient entraîné la disparition de nombreux villages comme le précise l’affouagement de 1471 (Dos Fraïres, La Gaude, Malvan, Courmettes).

- 1480-1482 :  Le roi René décède en 1480 en léguant la Provence à son neveu Charles du Maine (Charles III) qui doit faire face aux prétentions du petit-fils René, duc de Lorraine, lequel provoque des troubles sporadiques en Provence orientale en 1481.

                  Charles III décède en 1481 après avoir légué la Provence au roi de France, Louis XI. Côté Savoie, le duc Philibert 1er meurt en 1482 en laissant la couronne à son jeune frère de 14 ans, Charles 1er, élevé par son oncle, Louis XI. Le roi de France décèdera également deux ans plus tard.

                  La disparition de ces monarques tourne la page du Moyen Âge laissant les Alpes-Maritimes divisées par la frontière du fleuve Var, avec à l’Est l’enclave irréductible du comté de Tende.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au

 04 93 24 86 55

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

EDMOND ROSSI dédicacera ses derniers ouvrages au "Festival du livre de montagne" samedi 21 août 2010 à GUILLAUMES  dans la haute vallée du Var.

 

 

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