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21/01/2011

"FANTASTIQUE VALLÉE DES MERVEILLES" D'EDMOND ROSSI, UN LIVRE À SUCCÈS RÉÉDITÉ...

LE CHEF DE TRIBU, GRAVURE DE L'AGE DU BRONZE, VALLEE DES MERVEILLES.jpg

A PROPOS DE « FANTASTIQUE VALLÉE DES MERVEILLES »

 D’EDMOND ROSSI

"NOUVELLES DU PASSÉ"

HORS DES VALLÉES BATTUES

L'été ramène 'les grandes transhumances touristiques au creux des vallées battues par les longues files de fourmis vacancières. La Loire, le Rhin, le Rhône, la Moselle, la Dordogne, tant d'autres... Que de souvenirs historiques étique­tés y attendent les curieux du passé !

Mais peu de Français savent qu'un site encore sauvage, chargé d'histoire et de mystères, attend, à une quarantaine de kilomètres au nord de Nice, ceux qui auront le courage de s'arracher aux mollesses planifiées de la Côte d'Azur. Il s'agit de la Vallée des Merveilles, sur laquelle un livre complet et sérieux, que M. Edmond Rossi vient de publier chez Laffont, attire l'attention en donnant, toutes les précisions voulues sur ses conditions d'accès. L'un des plus grands musées à ciel ouvert du monde, accessible seulement, (à pied ou en jeep) du 15 juin au 15 octobre, s'est constitué pendant des millénaires à deux mille mètres d'altitude. On ne s'y bouscule pas encore et pour cause, mais enfin, en 1978, près de quinze mille visiteurs ont fait l'excursion pour découvrir une faible partie des quelque cent mille gravures rupestres tracées là dans des pierres à couleur de sang par une micro-civilisation vouée au culte de la nature, entre la préhistoire et l'époque romaine.

Par temps clair, si l'on séjourne au bord de mer, entre Cannes et Menton, et qu'on regarde au Nord, on peut apercevoir parmi d'autres cimes presque toujours enneigées, même en été, l'imposante rondeur du mont Bégo, planté comme une gigantesque borne alpine aux confins de la France et de l'Italie. Il faut se diriger vers lui par les lacets tourmentés de la nationale 204, qui donne accès au pays de Tende, français seulement depuis le traité de paix avec l'Italie, en 1947. Cette région frontière, paradis des chasseurs alpins ... et des chasseurs de chamois, a été « préservée ", pendant l'époque contemporaine par les secrets militaires. D'où sa virginité relative.

Quand on franchit le Val d’Enfer à travers des masses de rochers éboulés, on découvre un site minéral d’une beauté foudoyante entre les miroirs des petits lacs et quelques mélèzes tenaces. Là, règne un micro-climat sur lequel les rares bergers rencontrés sont intarissa­bles : végétation polaire, montagnes magnéti­ques qui dérangent les boussoles. orages imprévisibles et violents. A mesure qu'on avance à travers les roches rouges ou vertes, d'apparence vitrifiée, on déchiffre sur elles une prolifération de hiéroglyphes, allant de la grosseur de la main à la grandeur d'un homme, dont la plupart évoquent les idéogrammes des caractères asiatiques. D'autres sont proches des portraits stylisés d'êtres vivants, d'armes ou d'objets que l'on trouve dans les grottes du néolithique. Il s'y mêle parfois les dernières alluvions des messages apportés par la mince pellicule de temps qui nous sépare de Jésus-Christ: inscriptions romaines, dont certaines érotiques, cris brefs échappés par miracle au silence du Moyen Age et de la Renaissance, où l'homme cultivé tournait le dos aux montagnes. Il s'y ajoute, hélas, depuis peu, un vandalisme de pissotières inspirant les couteaux de poche des petits malins du XXe siècle, pressés de graver leur nom là. On n'arrête pas le progrès.

Il reste cet immense livre où toute une humanité balbutiante a gravé ses obsessions, avant la découverte du fer, puis après elle, mais encore avant l'existence des écritures histori­ques, au carrefour de cinq ou six vallées, dont celle des Merveilles est la plus significative. Le mont Bégo semble veiller là comme un grand guerrier pétrifié sur l'un des plus grands lieux d'un culte naturel où les hommes, à la recherche de leurs dieux tentaient de projeter sur les pierres l'image confuse qu'ils s'en faisaient en eux-mêmes, parfois déjà un homme, le plus souvent un taureau, symbole de la nature partout redoutée, partout adorée, en propitiation.

 

La Vallée des Merveilles, c'est la cathé­drale de l'Europe préhistorique et sa nouvelle mise en lumière ne pouvait pas mieux tomber. Elle commence à peine. à nous livrer ses secrets.

           

Claude MANCERON (Dauphiné Libéré et Républicain Lorrain du 3 juin 1979)

 

Aujourd'hui réédité après un tirage de 12000 exemplaires, ce document exceptionnel sur la mystérieuse Vallée des Merveilles est disponible dédicacé au prix de vente de lancement de 10 € en téléphonant au 04 93 24 86 55

01/01/2011

REINE JEANNE DE NAPLES ET DE PROVENCE

L'AMOUR COURTOIS.jpg

Voici plus de six siècles que s'est éteinte Jeanne 1ère dite la «Reine Jeanne», arrière petite-nièce de Saint Louis roi de France  (Charles 1er, frère de Louis IX après avoir épousé Béatrix fille du Comte Raymond Bérenger, avait fondé la dynastie angevine.)
, petite fille du roi Robert de Naples dit «le Sage», fille de Charles d'Anjou duc de Calabre et de Marie de Valois, souveraine de Naples, de Sicile et de Jérusalem, duchesse des Pouilles et de Calabre, comtesse de Provence, de Forcalquier et de Piémont. Personnage à la fois réel et légendaire, le roman de sa vie (1326- 1382) se déroule à travers un Moyen Age violent et contrasté au milieu d'une cour brillante et voluptueuse où les passions vives de l'amour et de la vengeance bouleversent les destinées. Sous son règne, la Provence, le Pays d’Azur et le Piémont forment alors un seul et vaste état qui sera secoué par les luttes perpétuelles dues aux incessants renversements des alliances. Les revers du destin de cette souveraine extraordinaire vont très vite lui attirer la sympathie et l'attachement de ses sujets. Idéalisée, la Reine Blonde à l'éclatante beauté va promener son fantôme de rêve dans la mémoire de chaque village y multipliant les hypothétiques témoignages de sa présence. Ruines de châteaux, vieilles chapelles, ponts, fontaines, jardins, rues feront référence à la Reine Jeanne tant en Provence qu'au Pays d’Azur ou au Piémont.
Son grand-père Robert de Naples fiance Jeanne à l'âge de six ans à son cousin André de Hongrie, un prince-enfant qu'elle ne connaît pas, dans le but de «garder intacte et indivisible la couronne à trois fleurons».
Lorsqu'il décède, sa petite fille se retrouve princesse régnante à l'âge de dix neuf ans. Placée sous de sombres auspices puisque célébrée le 20 janvier 1343, jour des funérailles de Robert de Naples, cette union malheureuse entraînera les deux jeunes gens vers des inclinaisons contraires. Jeanne se laisse vite emporter par le tourbillon frivole de la cour, trouvant là de multiples satisfactions amoureuses grâce à la bienveillante complicité d'une lavandière. André, «de complexion peu vigoureuse et gaillarde» tombe sous l'emprise d'un austère moine cordelier. Des favoris indiscrets envenimeront la situation et lorsque André réclamera tous les pouvoirs, il sera étranglé au château d’Aversa proche de Naples, le 18 septembre 1345. Bien que Jeanne n'ait pas donné l'ordre fatal, la rumeur l'accusera d'être coupable de la mort d'un époux devenu gênant.

Contrariée à nouveau dans ses désirs, elle doit céder à la pression de Catherine de Valois, la mère de son amant Robert de Tarente, et épouser en secondes noces son frère Louis le 20 août 1346. Jugé par Pétrarque «violent, menteur, débauché et cruel, jeune par l'âge et vieux d'esprit» Louis de Tarente, après s'être dressé contre Jeanne, la traitant plutôt «en servante qu'en femme» selon le Pape Clément VI, meurt le 28 mai 1362, à l'âge de quarante deux ans. Un chroniqueur de l'époque, César de Notre-Dame écrit à propos de la mort du prince: «Quelques-uns uns ont pensé que la trop déréglée accointance et les continuels jeux d'amour qu'il exerçait avec sa femme, l'une des plus belles et avenantes dames de son temps qui, à raison de sa jeunesse gaillarde et bouillante, était bien aise de recevoir les escarmouches d'une telle et si douce guerre, dont elle ne pouvait souffrir les trêves, lui avancèrent ses jours et sa mort». Durant cette union, Jeanne, chassée de ses états de Naples par les armées de Louis de Hongrie (frère du défunt André), se réfugie en Provence, y rencontre le Pape Clément VI à qui elle vend Avignon pour la modique somme de 80000 florins (9 juin 1348).

A nouveau veuve à 36 ans, la belle Jeanne épouse peu après Jayme d'Aragon, infant de Majorque, un cousin douze ans plus jeune qu'elle. Les amours de cette reine ardente et insatiable furent-elles funestes à la santé du jeune prince, ou fut-il victime de quelques tours de sorcellerie fréquents à la cour de Naples ? Toujours est-il qu'une semaine après le mariage le malheureux Jayme perdit la raison. Un médecin du palais diagnostiqua «une frénésie due à l'influence de la lune, parce que le mal se fait sentir durant la nuit, à l 'heure où cette planète règne dans sa plénitude». L'écume aux lèvres le forcené devra être enfermé dans sa chambre six mois durant, avant d'être envoyé dans une douteuse expédition de reconquête de son royaume de Majorque. Après diverses péripéties Jayme, miné par la maladie et par la fièvre, mourra en Catalogne en janvier 1375. 

Pendant les longs jours de deuil qui vont suivre, la souveraine doit faire face dans la solitude à de lourdes menaces qui mettent son royaume en péril. Les armées milanaises s'approchent du Sud de l'Italie, occupent les Abruzzes semant la terreur et la désolation parmi les populations. Naples à bout de ressources verra Jeanne revêtir l'armure des chevaliers pour bouter l'ennemi hors d'Italie à la tête de ses hommes. La prise de Visconti, chef des Milanais, monnayée par une lourde rançon renflouera pour un temps le trésor du royaume. La reine exprime alors sa générosité et ses beaux sentiments en construction d 'hôpitaux et en aide aux ordres charitables. Elle signe des édits réprimant les abus de justice des nobles et des évêques, allant jusqu'à réfréner les mœurs dissolues qui prévalaient à la cour! Mais son veuvage lui pèse, elle décide alors d'une quatrième alliance avec Othon de Brunswick de la maison de Saxe, vieux guerrier sexagénaire tombé en pauvreté, chevalier d'aventures, expert aux armes. De haute taille, grisonnant, balafré, il offre, en hommage, tous ses exploits «à la dame de son cœur».
 
La sœur de Jeanne, Marie, avait épousé en secret Charles Duras qui périra décapité par Louis de Hongrie. La famille des Duras, cousins de la Reine, avait été très frustrée de ses droits à la succession de Robert de Naples. Les Duras comploteront tout au long du règne de Jeanne pour tenter de récupérer le royaume de Naples, s'opposant ou s'alliant tour à tour aux Hongrois selon les circonstances. La Reine n'eut qu'un fils, Charles Martel, né de son union avec André de Hongrie, ce dernier mourra en Hongrie à l'âge de deux ans après avoir été enlevé par Charles Duras. Plus tard en 1372, Jeanne, sans descendance légitime, adopte et élève avec tendresse le fils d'un Louis Duras prénommé lui aussi Charles. Elle lui fera épouser sa nièce Marguerite. Mais en 1375, à l'âge de 16 ans, manœuvré par la maison de Hongrie Charles va s'opposer avec ingratitude à sa bienfaitrice. Jeanne transfère alors son affection à Louis de France, Duc d'Anjou, fils du Roi Jean. Ce changement sera fatal à la souveraine en déclenchant la guerre dans le royaume de Naples.
Duras, soutenu par le Pape Urbain VI, assiège la Reine dans le Castel Nuovo de Naples en 1381. En dépit de la vaillance d'Othon de Brunswick et de l'arrivée tardive des galères du Prince d'Anjou, Jeanne est faite prisonnière. Enfermée dans la sinistre forteresse de Muro au fond du Basilicate, la captive périra six mois plus tard le 22 mai 1382.
Les opinions des historiens divergent sur sa fin. Selon les plus crédibles elle serait morte étouffée dans sa chambre entre deux matelas, d'autres avancent qu'elle aurait pu être décapitée.
Son séjour dans ses terres de Provence et de Nice qu'elle a magistralement marquées de son souvenir se limite à six mois, du 15 janvier 1348 au 24 juillet de la même année. Il s'agit d'un voyage qui la conduira de Brégançon à Château Arnoux et de là en Avignon auprès du Pape Clément VI qui la blanchira du meurtre de son premier mari André de Hongrie. Personnage fabuleux, Jeanne aurait interrogé dans sa jeunesse l'astrologue provençal Anselme pour connaître le nom de son mari, il lui aurait répondu: «Maritabitur com aljo» ALJO porte en effet les premières lettres des prénoms de ses quatre époux: André, Louis, Jayme, Othon. Au-delà de son attrait physique et de son penchant à la volupté, la Reine possédait un goût très sûr pour les sciences et les arts. De nombreux savants et artistes fréquentaient d'ailleurs sa Cour. Non dénuée de piété, prudente et sage quant aux choses du royaume, elle se montra toujours libérale dans la conduite de son gouvernement.
 
Sur cette vie extraordinaire s'est greffé le mythe d'une femme infortunée, contrariée dans ses désirs et ses amours. Qu'il s'agisse du sinistre festin de Roccasparvièra  près de Coaraze, où on lui servit ses enfants à manger pouf le réveillon de Noël ou de l'assassinat de son amant, le page Aubépin, une nuit semblable, au château du Malvans près de Vence, sans oublier Saint Paul où jaillit sa source, Jeanne s'identifie aux fantasmes populaires de ses sujets. Reine d'amour et de douleur, elle se verra aussi bien chargée des charmes et des vertus les plus séduisantes que plongée dans les drames les plus sordides. Omniprésente, fée et sorcière à la fois, Jeanne, chantée par les poètes Mistral et Paul Arène, va mêler sa troublante légende à la réalité romanesque de sa prodigieuse destinée.