25/02/2011
CONTES ET LÉGENDES DES ALPES MARITIMES : «L'ELDORADO» D’ARGENTON A AURENT…
La vallée de l'oret de l'argent, perdue au milieu de deux chaînes de montagnes culminant à plus de deux mille mètres d'altitude sur les confins sauvages des Alpes Maritimes et des Alpes de Haute Provence, n'est fréquentée que par quelques rares bergers solitaires y poussant leurs troupeaux transhumants. Ce vaste canyon désolé, où serpente un mince filet d'eau gonflé seulement par les orages d'été, aboutit au village abandonné d ' Aurent (le pays de l'or des Romains), plus bas sur sa rive, s'accroche le hameau d'Argenton à l'étymologie évidente, où vivent encore trois ou quatre habitants.
Sur les cartes géographiques cette combe hostile s'étire parallèlement à la haute vallée du Var sur une trentaine de kilomètres, baptisée tour à tour vallon des Pasqueires, puis ravin de Grosse Plane, pour devenir enfin près d ' Annot le Coulomp et bifurquer pour rejoindre le Var à Pont de Gueydan.
Pour atteindre Aurent point de route carrossable, seule une piste au départ du col de Fa accessible depuis la vallée du Var; Argenton est toutaussi isolé puisque ne pouvant être rejoint que par le village de Méailles, au-dessus d'Annot.
Cette vallée à son début traverse un paysage de planète morte, jadis recouvert de vastes forêts comme l'attestent des textes du Moyen Age. Terre de confins entre le Royaume de France et les Etats de Savoie, «l'Eldorado» à cause de ses richesses fut disputé durant des siècles par les communes environnantes pour aboutir enfin à un statut très particulier.
La montagne de Pasqueires, où naît la vallée, voisine avec les territoires de Colmars, Castellet, Sauze, St Martin et Villeneuve d'Entraunes. Elle était au XVème siècle couverte de pâquis (pâturages), de bois touffus de sapins et de beaux mélèzes. Les pâturages seuls rapportaient parfois 300 livres. D'abord propriété de Valle-Clusa et de Pierre de Léone, elle fut achetée le Comte de Savoie et louée en emphytéose à la commune de Villeneuve in perpétuum. S'il est par admis que les Ligures, premiers habitants des lieux, retiraient du minerai d'argent au bas de la vallée, la tradition veut que l'or soit également présent dans les limons charriés par les eaux temporaires du vallon. Ainsi apparaît le double intérêt de cette terre offrant ses ressources sur et sous le sol.
Le Pasqueires est devenu pour ces raisons évidentes une inépuisable matière à procès, il a valu, à la longue, la faillite de la commune de Villeneuve acharnée à le posséder. En 1698 et en 1773, les deux sommets de son histoire, la communauté fut invitée à présenter ses titres comme locataire, puis comme propriétaire. II a fallu compulser le vieux «Léopardus» des archives de Turin, transcrire sur parchemin toutes les inféodations et reconnaissances ducales. Le Pasqueires était soumis à la taille, puis devint terre d'immunité comme les biens d'église. Par le traité d'échange conclu à Turin le 14 mars 1760 entre le Roi de France et le Roi de Sardaigne, le versant cédé à Villeneuve se trouve compris dans les territoires passés à la France, quoique le village reste en pays sarde. La France doit-elle reconnaître l'immunité octroyée par la maison de Savoie ou bien peut-elle soumettre la montagne à l'affouagement ? Gros procès, pour lequel vingt notaires ou avocats ont écrit quantité de mémoires. Les raisons en faveur de l'exemption prévalurent.
Aujourd'hui le Pasqueires absolument chauve est moins tentant, quant à l'or et l'argent tirés de ses flancs ce n'est plus qu'une légende colportée par les bergers et les chasseurs de chamois qui parcourent-encore ces solitudes.
AURENT RENAISSANCE D’UN VILLAGE OUBLIÉ…
Et si la machine à remonter le temps n'était qu'un simple chemin de randonnée? Pas besoin de formule magique. Juste ses pieds et une bonne carte pour changer d'époque. Quarante-cinq minutes de marche dans une nature luxuriante avant l'arrivée, Aurent dans les Alpes de Haute Provence : un bond au milieu du XXe· siècle. Un retour en arrière à mesure que l’on avance. Pour découvrir enfin un lieu qui ne veut pas se moderniser.
Connaissez-vous Aurent un ancien village aujourd’hui abandonné niché au creux d’une verte vallée près des sources du Coulomp, affluent du Var ?
Déjà au XIe siècle s’élevait là une motte castrale. Au début du XIXe une auberge, un poste de douane regroupait une brigade d’agents à cheval témoignaient de sa vitalité au voisinage de la frontière avec le royaume de Piémont-Sardaigne. La dernière habitante du village est morte seule en 1936.
La vie en 1936
Sous la végétation, les maisons, en pierres d'époque, tentent de se faire une place. Tombées en ruines entre 1936 et 1960 au moment où le village était inhabité, elles reprennent aujourd'hui des couleurs. Depuis vingt-cinq ans, elles sont retapées par André, sa famille et ses amis: « On vient ici tous les étés. Ça nous permet de nous ressourcer avec nos proches. Nous sommes une quarantaine pendant quinze jours. On en profite pour réhabiliter notre havre de paix », indique celui qui habite toute l'année près d'Avignon. Ce changement de cadre est leur oxygène. Alors, dans leur reconstruction, ils s'attachent à préserver l'esprit d'antan. Nettoyer son linge au lavoir, vivre sans téléphone et produire sa propre électricité avec un petit coup de pouce de la technologie. Une tranche de vie qui date de plus d'un demi-siècle pour ces citadins. Ce patrimoine, ils le transmettent aux randonneurs dans le petit musée qu'ils ont créé. Il abrite du matériel d'agriculture, des photos d'époque, des journaux aux noms oubliés et ce carnet daté du 20 avril 1915...
Dans ce village où le temps semble s'être arrêté et qui n'aura certainement jamais d'accès par la route, la question posée il y a 95 ans demeure éternelle: « Est-il vrai de dire que le temps perdu ne se rattrape jamais? » Quand on voit Aurent, on veut bien croire que oui. Et c'est parfait comme ça.
S'y rendre :
A 1 h 20 de Nice, direction Digne. Puis prendre vers Guillaumes après Entrevaux. A Enriez, monter vers Castellet Ies Sausses puis vers le col du Fa. Après la partie goudronnée, continuer sur la piste. Il faut passer un grand champ et arriver dans un virage en épingle vers la droite où se garer. Marcher sur la voie sans issue vers Aurent.
Gite d’étape ouvert dans l’ancienne école pour passer la nuit.
D’après «Les Contes et Légendes du Pays d’Azur» (Editions Sutton),
En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com
ou dédicacé, au prix de 23 euros, plus frais d’envoi, en téléphonant au
04 93 24 86 55
Les « Contes du Pays d’azur » ont pour cadre l’extraordinaire décor qui s’étend des Alpes du massif du Mercantour aux rivages de la Côte d’Azur.
Dans cet univers tout est possible, puisque les outrances de la nature dépassent souvent les excès de l’imaginaire.
Les contes, histoires orales nées de la tradition populaire, attestent au travers du merveilleux de réalités historiques authentiques.
Reflets du passé, ces récits constituent les fondements de la mémoire collective d’un terroir au particularisme évident.
Edmond Rossi, écrivain niçois, auteur de différents ouvrages traitant de la riche histoire de sa région, témoigne à nouveau ici, en présentant une anthologie des contes les plus passionnants du Pays d’Azur.
Ce fabuleux florilège s’étend des mythes des origines aux relations insolites précédant l’apparition de la télévision, fatale à l’expression orale des veillées.
Les « Contes du Pays d’Azur » nous ouvrent la porte d’un univers où l’émotion se mêle souvent à la magie du mystère.
Pour un temps, laissons-nous entraîner vers ce monde troublant pour y retrouver la chaude et naïve simplicité des récits de nos ancêtres.
Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
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21/02/2011
LE MERCANTOUR RACONTÉ, "DU MISTRAL SUR LE MERCANTOUR" VU PAR LA CRITIQUE
ROSSI : L’ENCHANTEMENT DU MERCANTOUR
LIVRES : LE DERNIER OUVRAGE DE L'HISTORIEN LAURENTIN FAIT REVIVRE AVEC VERVE LES VALLEES DE SON ENFANCE
Pays des dieux depuis la nuit des temps, le Mercantour captive toujours. Lui-même fasciné par les montagne de son enfance, Edmond Rossi, originaire du Val d'Entraunes, « nous invite pénétrer l’âme de ces vallées » qui lui a été dévoilée de manière inattendue grâce à la découverte fortuite de manuscrits d'un de leurs habitants. Titré « Du mistral sur le Mercantour » le dernier livre de l'historien laurentin en tire le meilleur, sous la forme de vingt savoureuses nouvelles.
Un journal des vallées
Tombé par un hasard de la vie sur quatre vieux cahiers d'écolier aux pages noircies par l'écriture de l'ancien géomètre Félicien Giraud, Edmond Rossi y a trouvé une sorte de journal de la vie des vallées. Sa propre verve lui a permis de transmuter en or des faits-divers souvent assez tristes.
Les protagonistes de ces faits bien réels étant décédés, il publie à présent ces récits en ayant pris soin de modifier les noms. Toute ressemblance avec des personnages ou des événements ayant existé n'est donc pas fortuite, et les anciens des vallées en reconnaîtront certainement.
Certains laurentins se retrouveront sur les illustrations anciennes parsemées au fil des pages par Edmond Rossi afin de faire revivre l’atmosphère d’antan.
Reviens notamment plusieurs fois le personnage d’un maire radical socialiste, que l’on voit jouer bien malgré lui les Pepone avec le Don Carrillo local un jour où ils se sont retrouvés bien malgré eux naufragés en duo durant des heures dans la nacelle d'une remontée mécanique.
Contre toute attente, certaines histoires se terminent même à l'autre bout du monde, en Argentine, ou dans le Rif marocain où l’on volt une nonne devenir « reine » du harem d'un caïd local!
La plume est alerte, pleine d'humour, et parfois leste, car dans les villages comme ailleurs, l'amour mène la vie. Mais à travers ces récits, perce beaucoup de tendresse pour les montagnes et leurs habitants d'aujourd'hui comme d'hier
Laurent Quilici (Nice Matin)
Savoir +
«Du mistral sur le Mercantour, récits et faits-divers d'antan», d'Edmond Rossi, aux Editions Alan Sutton, 127 pages 21 euros. Une idée de cadeau de fin d’année, disponible en librairie, sur le site des Editions Sutton, ou avec dédicace au 04 93 24 86 55
09:58 Publié dans Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : memoire
11/02/2011
LES ALPES MARITIMES AU MOYEN ÂGE
Les châteaux et vestiges médiévaux, témoins d’une partie de l’Histoire des Alpes Maritimes, s’intègrent dans le cadre d’une société aux multiples facettes qui lui sert de toile de fond.
Les Seigneurs
Les seigneurs apparaissent dès le XIme siècle comme des militaires capables de s’armer et de s’entraîner au combat. Les tournois au-delà du spectacle expriment comme la chasse cet aspect guerrier.
Les rivalités guerrières entretiennent des guerres endémiques. L’Eglise essaie de tempérer ces ardeurs belliqueuses par la cérémonie de l’adoubement et l’appel à la croisade, pour la conquête des lieux saints.
La société est dominée par cette caste guerrière tant militairement qu’économiquement. Elle possède sous sa dépendance les paysans non libres et en dispose pour les corvées. Le seigneur est propriétaire foncier, il concède ses terres moyennant le paiement du cens. Il rend la justice et exerce le droit de ban dans son fief en faisant payer l’usage des bâtiments dont il a l’exclusivité tels les moulins, les fours, les pressoirs et les péages des routes et des ponts.
La hiérarchie féodale est dominée par les familles les plus anciennes avec les chefs militaires que sont les Comtes de Provence, les Grimaldi, les Villeneuve mais également les abbés des monastères et les évêques.
Les petits seigneurs sont des vassaux liés par hommage et serment de féodalité. L’expression du rapport liant le vassal à son supérieur est symbolisé par la concession d’un fief transmissible de père en fils.
Ces fiefs reçoivent au début une modeste tour de guet qui correspondent entre elles, avant d’être entourées de murs d’enceinte. Ce n’est qu’au XIme siècle que les familles seigneuriales les plus importantes feront construire des châteaux au sommet de sites faciles à défendre. C’est la période des affrontements avec Gênes sur les confins de la Provence orientale.
Plus tard au XIIIme siècle, les châteaux sont rarement des demeures seigneuriales permanentes, mais destinés à recevoir une garnison. Le XIVme siècle voit disparaître le donjon du château qui adopte un plan rectangulaire avec parfois des tours d’angle.
L’Eglise
Le renouveau de la vie monastique se manifeste à compter du XIme siècle en s’opposant à la mainmise des évêques et des grandes familles.
Les anciennes abbayes bénédictines sont alors reformées. Le monastère de Lérins fondé en 410 qui suit la règle de Saint Benoît depuis 528 ; dépend directement du pape. L’abbaye de Saint Pons à Nice s’émancipe de la tutelle de l’évêque de Nice pour s’allier à celle de Saint Victor de Marseille.
Leur prestige s’accroît et elles acquièrent des donations importantes en terres et biens divers. Les Chalaisiens de Boscodon fondent l’abbaye de Notre Dame des Près en 1199 à Valbonne. Au XIIIme siècle, la montée des hérésies, le souci de se rapprocher du peuple fait naître de nouveaux ordres. Les Franciscains fondés en 1210 s’installent à Nice et à Grasse en 1240. Les Dominicains, fondés en 1215 s’établissent à Nice en 1243. Les Templiers occupent également la région grâce à l’implantation de cinq commanderies importantes à Nice, Biot, Grasse, Vence, Rigaud et leurs multiples dépendances. Supprimés en 1312, leurs biens seront transférés aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
Les bâtiments dressés par ces différents ordres religieux reflètent leur organisation et leur fonctionnement ; on retrouve ainsi des églises et chapelles mais également des monastères avec leurs cellules, dortoirs, réfectoires, ateliers bibliothèques, des hospices, des fermes, répartis aux quatre coins des Alpes Maritimes. Le monastère de Lérins, le plus célèbre, soumis aux assauts perpétuels des Sarrasins apparaît comme un véritable château fort.
Au Moyen Âge, la Provence orientale compte sept diocèses : Antibes (transféré ensuite à Grasse), Vence, Glandèves (Entrevaux), Senez , Fréjus, Nice, Vintimille. Le chapitre des chanoines de la cathédrale de Nice élit l’évêque, ce qui lui donne une importance notable. Le haut clergé recrute les cadets des familles seigneuriales, ses pouvoirs judiciaires et temporels sont considérables. Le patrimoine dont il dispose assure ses ressources.
Les diocèses sont divisés en 153 paroisses dirigées chacune par un curé formant le bas clergé. Ce patrimoine paroissial est géré par des groupements de paroissiens : les fabriques.
Les modestes églises bâties au IXme siècle possèdent une architecture romane d’influence rhodanienne et lombarde. Les bâtiments plus vastes du XIIme siècle présentent des arcs doubleaux, des voûtes brisées et de rares fenêtres ainsi que des décorations de bandes lombardes. On conserve le plan basilical roman. L’art gothique n’apparaît que tardivement à la fin du XIVme siècle.
La Paysannerie
La paysannerie compose la grande masse de la population. Le paysan ou vilain cultive sur un domaine ou villa. Au XIme siècle, la majorité de ces agriculteurs sont des serfs. Traités par les seigneurs comme inférieurs et méprisables les serfs sont attachés à la terre et vendus avec elle, ils ne peuvent se marier sans l’autorisation de leur seigneur. Le servage disparaîtra progressivement au XIIme siècle.
Lorsqu’il est libre, le paysan doit payer un fermage pour l’usage de la terre, il s’agit du cens représentant une partie de la récolte. De plus, il doit régler au seigneur un impôt en argent : la taille. A cela, s’ajoutent les corvées exigées pour l’entretien des châteaux et des routes, rendant difficiles et précaires les conditions de vie de la paysannerie.
Logés dans une pièce unique avec les animaux, les populations rurales en seront séparées en montagne par un étagement, l’étable étant surmontée par le logement et le grenier.
L’autosuffisance est de règle, imposée par l’absence de communication qui entraîne quelquefois la famine. Le XIVme siècle, améliore la condition paysanne par un allégement de la taille, des redevances et des corvées. L’économie médiévale est essentiellement agricole.
La culture prédominante est celle des céréales qui constitue la base de l’alimentation. L’absence d’engrais, le relief accidenté et la sécheresse estivale expliquent la faiblesse des rendements. Pour y remédier, on pratique l’assolement triennal, les progrès suivent la diffusion de l’outillage en fer (socs de charrue, haches, scies, pelles, faux, serpes et faucilles). Les vignobles sont nombreux même en altitude. Le chanvre et le lin destinés au tissage constituent des cultures à caractère industriel assez répandues. Les fruits et légumes sont produits en abondance dans la campagne niçoise. La forêt qui accueille les troupeaux est exploitée pour son bois de chauffage et de construction. L’abus de cette exploitation oblige à une réglementation draconienne établie par les autorités.
Parmi les élevages, celui des ovins reste le plus ancien et le plus vivace. La transhumance déplace les troupeaux vers la côte, durant l’hiver, sur des terrains loués par des seigneurs ou des communautés : les « bandites ». A l’inverse, l’été les troupeaux de Provence occupent les alpages par millier de têtes.
Les jours maigres prescrits par l’Eglise sont nombreux, ce qui active la pêche en mer comme en eau douce. Les pêcheurs en mer sortent nuit et jour et utilisent des filets fixes, pour ramener thons, daurades, sardines, anchois et même des dauphins. Ces poissons seront vendus frais sur les marchés des ports ou salés et expédiés vers l’arrière pays. La pêche est une activité florissante, strictement réglementée par des droits de pêche.
La dominante de la vie rurale ne doit pas masquer l’émergence des bourgades et des villes.
La Ville
Avec l’arrivée des invasions barbares, les sites romains de plaine, trop exposés, sont abandonnés et les agglomérations s’installent sur des lieux perchés.
Mais au XIIIme siècle, un retour s’opère vers la plaine mieux approvisionnée en eau et plus favorable au commerce. Le plan choisi est généralement circulaire pour assurer une meilleure défense.
Au XIVme siècle, les communautés dressent des remparts pour protéger leur bourg des attaques des « Grandes Compagnies »et des armées en mouvement.
Les tours placées le long des enceintes au XVme siècle sont ouvertes à la gorge pour éviter qu’elles puissent être retournées contre la garnison intérieure.
Avec l’afflux de la population du XIIIme siècle, s’opère une extension de l’habitat. En dépit d’une restauration et de l’agrandissement des ceintures de remparts, les faubourgs se développent.
Dans la cité, le château domine l’habitat perché et voisine l’église. Compte tenu de la forte densité des habitations, les maisons sont bâties en bloc et en hauteur. L’occupation de l’espace exclut les places et les jardins ne laissant que le passage d’une rue principale grimpant de la porte la plus importante au château. Des enclos intérieurs abritent le bétail alors que l’eau est stockée dans des citernes. Le développement des villes est consécutif, au XII siècle, à l’essor économique et démographique.
Le consulat, nouvelle forme d’organisation de la vie sociale urbaine, affirme une volonté d’indépendance à l’égard du pouvoir comtal.
Les communautés, inspirées de l’exemple italien de la fin du XIme siècle, développent ce type de gestion collective et démocratique.
Nice sera gérée par un consulat dès 1144, Grasse suivra en 1155, Drap en 1164, Peille en 1176 ; viendront ensuite Utelle, Saint Martin Vésubie et Venanson. Lorsqu’il sera fondé en 1295, Villefranche s’inspirera du même principe pour garantir l’octroi de ses franchises.
Les tensions seront parfois vives entre les consulats et les évêques qui défendront leurs droits seigneuriaux. Le Comte désireux de consolider son pouvoir, supprimera les consulats au XIIme siècle. Mais les villes retrouveront leur autonomie au XIVme siècle.
Les consuls possèdent de larges pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Ils peuvent signer des alliances, établir des actes officiels, percevoir l’impôt grâce au clavaire et faire la police. Le podestat arbitre les différents possibles entre consuls et fait régner l’union. Lorsque surviennent les troubles de la fin du règne de la reine Jeanne et les querelles dynastiques qui suivent sa mort, les routiers seront contenus grâce aux interventions politiques des consuls.
Les communautés villageoises, plus modestes, resteront sous la domination de leur seigneur.
La vie sociale urbaine est organisée en classes. En 1250, on distingue ainsi à Nice parmi les membres de la communauté les « nobles milites »(nobles et chevaliers) les prud’hommes ou notables et le reste, les « cives »(bourgeois et citoyens). Au XVme siècle, la société niçoise sera officiellement divisée en quatre classes : les nobles, les marchands (ou « majores »), les artisans et les laboureurs ou « minores ». A Grasse, après une opposition entre nobles et roturiers, les classes suivantes sont définies : les nobles, les bourgeois (hommes de loi, artisans, commerçants) et enfin les ouvriers agricoles et les mendiants. Mais les statuts de chaque catégorie sociale peuvent être transgressés par des mariages entre nobles et bourgeois favorisant l’ascension de familles humbles.
La société provençale du Moyen Âge compte une proportion appréciable de Juifs en particulier dans les cités commerciales.
Les Juifs tenus à l’écart de la vie publique, s’investissent dans les transactions commerciales et le crédit, utiles à leur activité et qu’ils sont seuls à pouvoir pratiquer. Ils s’adonnent également à la médicine et à l’artisanat d’art. Bien que reconnus égaux en droit avec les chrétiens, ils n’en seront pas moins victimes de mesures discriminatoires, comme le port d’une rouelle d’étoffe rouge, prescrite par le Duc de Savoie à Nice ou leur assignation dans un quartier réservé (ghetto) comme à Nice et Puget-Théniers.
Le climat d’insécurité qui s’installe au XIVme siècle, explique la tolérance des autorités municipales en matière d’armement individuel de la population.
La sécurité des villes est garantie par la fermeture des portes, l’interdiction de sortir la nuit dans les rues sans éclairage et les rondes des vigiles.
L’Economie
Au XIme siècle, un mouvement de reprise économique se manifeste dans toute l’Europe continentale. La Provence est également touchée par cette impulsion qui stimule les activités et les échanges. Les autorités s’efforcent d’assurer la sécurité de la circulation, mais l’état des routes restera déplorable tout au long du Moyen Âge. Si le réseau est plus étoffé et plus souple que celui des antiques voies romaines, il est aussi moins solide. Les routes ne sont que des pistes très vite endommagées par les intempéries.
L’axe essentiel de la Provence orientale relie Nice à Avignon, par Grasse, Draguignan et Aix. Le franchissement du Var, au gué de Saint Laurent du Var, s’opère lors des crues à l’aide d’une barque après règlement d’un péage.
Nice est relié par des axes secondaires à Digne par Le Broc, Coursegoules, Séranon, Castellane, à Puget-Théniers et Entrevaux par la vallée de l’Esteron et au Piémont par la Vésubie ou la Roya. Lorsque les Ducs de Savoie s’approprient le comté de Nice en 1388, la priorité est mise sur l’axe Nice-Cuneo-Turin.
Les villages sont reliés par des sentiers muletiers suivant les crêtes. Le cabotage est utilisé parallèlement à la voie terrestre malgré les dangers de la piraterie qui infeste la Méditerranée.
Le port de Nice se limite à la plage des Ponchettes, celui de Villefranche ne sera installé qu’en 1295, bien que relié à Nice et à ses accès, il sera surtout une étape de transite vers Gênes et Pise. Cannes et Antibes seront les ports de la ville de Grasse. Le commerce régional et international progresse tout au long du Moyen Âge, même pendant les crises du XIVme et XVme siècle.
Grasse et Nice, de par leur position carrefour, servent d’intermédiaires entre la Provence et l’Italie.
La période de commerce la plus prospère pour ces deux villes se situe au milieu du XIIIme siècle et dans la première moitié du XIVme siècle, lorsque la papauté s’installe à Avignon.
Les marchandises transitent alors par Nice et Grasse : draps italiens, épices et produits du Levant, à l’inverse draps, toiles, cuirs, fourrures du Nord. Nombre de marchands étrangers ouvrent un comptoir à Nice. Des commerçants marseillais tiennent aussi boutique (une loge).
Le déclin s’opère après 1335 lorsque la route d’Avignon est moins sûre et après le départ des papes.
Au XVme siècle, Nice retrouve son rôle d’intermédiaire international à la faveur de la neutralité savoyarde, tenant la ville à l’écart des conflits opposant la Maison d’Anjou (de Provence) à la couronne d’Aragon.
Tout au long du Moyen Âge, au-delà du grand commerce, les seigneurs développent des lieux d’échanges régionaux comme les marchés et les foires.
Ces courants commerciaux favorisés par les autorités permettent d’en tirer profit, souverains, seigneurs et communautés perçoivent des droits sur les marchandises. Le sel, produit indispensable à la conservation des aliments, est vendu dans les greniers des grands féodaux tels les Comtes de Provence ou le Duc de Savoie (Fréjus, Grasse et Nice sont des centres de redistribution). Dans ces greniers, le précieux sel est vendu à sa valeur marchande, augmentée d’un droit : la gabelle.
Du XIme au XIIIme siècle, la phase d’essor des villes médiévales est due à la prospérité agricole qui fournit des denrées en quantité considérable et une main d’œuvre abondante consécutive à l’essor démographique.
Cette expansion urbaine favorise la naissance d’activités artisanales et marchandes et, par-là même, la croissance de la classe des artisans et commerçants.
Lorsque surviendra la crise des XIVme et XVme siècles avec son cortège de famines et d’épidémies, l’artisanat décline avec la raréfaction de la main d’œuvre, la hausse des salaires et la diminution de la clientèle.
Cette situation rompt l’alliance entre marchands et artisans et des conflits apparaissent entre maîtres et valets. A cette époque, les métiers sont définis avec leurs statuts. Nice et Grasse, sont les deux principaux centres de la Provence, orientale avec une prépondérance de l’industrie du cuir alimentée par un élevage abondant. L’importance des troupeaux d’ovins induit une production de médiocre qualité.
Dès le Xe siècle, la force hydraulique entraîne les moulins à foulon pour le travail des draps et de peaux dans les tanneries où les lavoirs utilisent cette même ressource.
Crise et Repeuplement
Si l’essor démographique est important au XIIme et XIIIme siècles, une crise s’amorce au début du XIVme siècle, consécutive à de mauvaises récoltes. Les années 1323, 1329 et 1332 sont marquées par une famine généralisée dans tout le Midi.
En cas de disette, la Provence importait des céréales de Sicile, d’Italie ou du Languedoc, mais la guerre interrompt les circuits de ravitaillement. A partir de 1348, la peste noire, sévissant depuis plusieurs années en Asie, s’ajoute à la famine. Cette maladie de forme bubonique atteignit l’Europe après s’être répandue en Italie et en Provence. La moitié de la population provençale est emportée et la peste s’installe à l’état endémique dans la région. Des réapparitions auront lieu durant la fin du XIVme siècle et au cœur du XVme siècle.
Face à ce péril, la population reste impuissante. L’interdiction faite aux habitants de se rendre dans les zones infestées est contrariée par la pratique des processions et des cérémonies publiques destinées à conjurer le mal.
Au Moyen Âge, les soins aux malades sont l’affaire de l’Eglise qui en soulageant la détresse physique soutient et veille au salut de l’âme.
Les évêques et les ordres religieux se chargent d’assurer cette mission charitable grâce au soutien financier de dons et de legs.
Les fondations hospitalières se multiplient à compter du XIIme siècle, à cause des épidémies, mais aussi des pèlerinages. Les établissements vont de l’Hôtel-Dieu (Nice, Grasse) qui accueillent les malades de tous âges, aux hospices (Saint Laurent du Var) réservés aux pèlerins pauvres, aux vieillards démunis et aux léproseries où sont retenus les lépreux.
Les conditions d’hygiène préoccupent les hommes du Moyen Âge qui édictent des prescriptions dans ce sens, notamment après les épidémies du XIVme siècle.
La qualité de l’eau et des aliments est alors surveillée. En 1405, Nice est décrite comme une ville propre où s’opère une collecte très efficace des ordures. Mais cette exception n’est pas de règle dans bien des cités. Une rigole centrale dans les rues en pente (la calade) sert de tout à l’égout, drainant les eaux usées à la faveur du passage de l’eau d’un canal ou du ruissellement des eaux de pluie (Saint Martin Vésubie).
A la suite des ravages des guerres et des épidémies, des régions entières sont totalement dépeuplées. Nice tombe ainsi de 13500 habitants en 1340, à 5000 en 1388 et à 3500 en 1421. Grasse connaît le même déclin, chutant de 6500 habitants en 1323, à 1300 en 1451. De nombreux villages sont abandonnés dès la seconde moitié du XIVme siècle, surtout le long de la côte et dans l’arrondissement de Grasse.
Le repeuplement s’opère sur l’initiative des autorités soucieuses de rentabiliser leurs fiefs par la venue de populations de la proche Ligurie. Il débute en 1460. Ainsi, Saint Laurent du Var « déshabité »accueille trente familles d’Oneglia en 1468, à l’initiative de son seigneur l’évêque de Vence.
Si l’abandon de certains villages est consécutif à la guerre, d’autres dans les vallées du Paillon, de la Vésubie et de la Bévéra le sont par leur mise à l’écart des nouvelles voies de communication et des flux commerciaux.
Les seigneurs attirent les nouveaux habitants en leur proposant des actes d’habitation avec des baux emphytéotiques qui leur garantissent la possession de leurs biens et de leurs droits.
La Napoule (1461), Saint Laurent du Var (1468), Biot (1470), Cabris et Mouans Sartoux (1496), Auribeau (1497) et plus tard La Gaude vont renaître grâce à cette émigration.
La peste noire va marquer les mentalités des populations également confrontées aux troubles politiques et aux ravages destructeurs des « Grandes Compagnies », dans ce contexte de menace les sentiments religieux vont s’exacerber.
La piété s’exprime par le culte des reliques et des saints. L’importance des reliques se manifeste devant chaque confrontation où s’exprime l’incertitude du destin. Si l’on prête serment sur les reliques, on leur demande aussi d’écarter les fléaux, la menace d’un ennemi et de soutenir l’ardeur des combattants. Leur possession est source de prestige, de renommée et de richesse pour l’église ou l’abbaye qui les détient, grâce aux pèlerins qu’elles attirent et aux offrandes qu’elles rapportent.
Les images comme les sculptures et les tableaux sont un moyen d’instruire un peuple ignorant. Les dons de peinture pour décorer une église constituent une expression de piété fidèle, elles sont souvent votives. De même, les dons de crucifix, objets du culte, reliquaires, statues de saints et l’ornementation des églises, chapelles par des peintures murales témoignent de la ferveur des communautés particulièrement au XVme siècle. Les décors peints reprennent les thèmes populaires de la Vierge de miséricorde, de la Passion et de la vie des saints protecteurs.
L’expression d’une foi ardente et le souci d’affirmer l’importance de la cité entraîne les populations à consacrer de fortes sommes d’argent dans l’exécution et l’acquisition de précieux objets d’art sacré, destinés à orner chapelles et églises.
De riches particuliers se distinguent également par des commandes et des offrandes de grande valeur. Les testaments témoignent d’une foi religieuse intense et d’un souci du salut de son âme marqué par de multiples legs pieux.
Les confréries de pénitents groupant des laïques dans le but charitable d’aider les plus démunis encadrent les communautés et veillent à la stricte observance des règles morales définies par l’Eglise.
Le sentiment religieux intensifie son empreinte sur une vie sociale où les repères sont bouleversés par les crises.
La Vie Privée, Sociale et Culturelle
Les inventaires suivant les décès révèlent un ameublement et des ustensiles domestiques assez rudimentaires.
La nourriture est fonction de la situation sociale avec comme base le pain et la viande, surtout du porc conservé salé et du poisson pour satisfaire aux prescriptions religieuses. La figue apparaît en bonne place parmi les fruits consommés. Le costume est sobre, il diffère selon la classe sociale. Il évoluera dans les milieux aisés.
Les actes notariés permettent de retrouver la réalité des contrats, dots et testaments. La constitution des dots aux fiançailles et aux mariages indique la nature des associations et les rapports des époux avec leur famille et les étrangers. Les nouveaux époux vivent le plus souvent chez les parents du mari, plus rarement chez ceux de la femme où le gendre devient alors un fils adoptif. Un fondement économique prévaut dans les alliances qui visent à l’exercice commun d’une activité agricole, artisanale ou commerciale. Lorsque ces communautés d’intérêt se rompent, les conséquences en sont souvent très graves.
La violence prévaut dans la vie quotidienne et chacun possède des armes dans sa maison, aussi les querelles dégénèrent-elles rapidement en coups et blessures. Certaines catégories de la population sont particulièrement agitées comme les prostituées installées dans les villes. Leur présence est souvent contenue dans les maisons spécialisées particulièrement surveillées à cause des démêlés qu’elles provoquent.
Les campagnes sont la proie des bandits de grand chemin détroussant les voyageurs, pillant les fermes et s’emparant des troupeaux.
L’enseignement reste l’apanage de l’Eglise jusqu’à la fin du Moyen Âge où des écoles d’Avignon, Bologne, Montpellier accueillent les étudiants.
Le livre est rare, car copié sur parchemin puis sur du papier à partir du XIVme siècle. Le manuscrit enluminé, décoré de lettres ornées, est un objet précieux jusqu’à la venue de l’imprimerie. Les pages rassemblées en cahiers n’ont qu’une diffusion limitée à quelques bourgeois éclairés.
Un Niçois, François Pellos, compose dans son dialecte un traité de mathématiques à l’usage des négociants. L’invention de l’imprimerie propage vers 1450 la lecture du livre dans les milieux les plus divers.
Au XIIIme siècle, si la vie intellectuelle est pauvre en Provence, elle n’est pas totalement absente. Le latin des scribes s’améliore jusqu’au Xe et XIme siècles. Néanmoins, la langue et la littérature provençale s’affirme face au latin, réservé à l’usage administratif. La langue vulgaire provençale prévaut ; on la parle et on la pratique dans les comptes communaux des censiers comme dans les requêtes des tribunaux. Mais le développement du droit romain, jusqu’au XIVme siècle, élimine progressivement les transcriptions provençales au profit du latin dans les actes officiels.
Le provençal est un langage aux particularismes variés comme le dialecte nissart ou le gavuot de la montagne, il est aussi la langue dans laquelle s’expriment les troubadours.
Au XIme et XIIIme siècles, la littérature des troubadours se développe en Provence et s’internationalise. Chantés de cour en cour, leurs poèmes vantent l’amour courtois, les exploits chevaleresques ou les légendes édifiantes.
Le chant et la musique sont pratiqués par tous, même par les plus humbles. Ils font partie intégrante des cérémonies religieuses. De plus, le chant accompagne les travaux physiques et exprime les joies et les peines de l’existence.
Si au XIme siècle la musique est l’affaire de l’Eglise, le raffinement des princes et des bourgeois la répand avec la venue au XIIme siècle, des ménestrels jongleurs et troubadours. Harpe, tambourin, viole accompagnent les poèmes chantés.
La peinture connaît une période particulièrement brillante dans le Comté de Nice à la fin du XVme siècle où s’illustrent des artistes désignés aujourd’hui comme les « Primitifs Niçois ». Leurs origines sont diverses ; les Bréa et Durandi sont niçois, Canavesio et Baleison sont piémontais, Andrea de Cella est ligure.
La crise économique en Italie attire ses peintres dans le Comté où, devenus itinérants, ils satisfont aux commandes des communautés.
Peintures murales de chapelles rurales (La Brigue, Sigale, La Tour, Venanson, Roubion, Roure, Vence) ou retables composés de panneaux de bois assemblés (Biot, Nice, Bar sur Loup, Lieuche, Châteauneuf d’Entraunes, Saint Martin d’Entraunes) ces témoignages de piété constituent autant de trésors artistiques.
Entraînés par une foi très vive et le souci d’affirmer le prestige de leur cité, les communautés rivalisent également dans la possession d’objets d’art précieux destinés à orner leurs chapelles et leurs églises.
Croix processionnelles (Bar sur Loup, Gréolières, Le Broc, Coaraze, Isola), statuettes (Saint Paul de Vence), reliquaires (Lucéram, Saint Laurent du Var) attestent des sacrifices financiers consentis pour la possession de pareils trésors.
La défense et le Pouvoir
Le système militaire du Moyen Âge est basé sur deux types d’armées :
- L’armée féodale, constituée par la réunion temporaire des vassaux autour de leur suzerain pour une opération de défense. S’ajoute à ce service de l’ost la participation des communautés tenues à la « cavalcade »ou « chevauchée ».
- La milice mobilisant les citoyens pour des périodes d’activité réduites, mais soumise à l’entraînement et aux revues. Chacun fournit alors ses armes et son équipement souvent inégal et disparate.
La défense des villes est du ressort de la milice. Les gardes et les frais de fortification sont réglés par des taxes perçues sur les marchandises et les produits de consommation.
Si la poudre est connue dès la fin du XIIIme siècle, les armes blanches restent prépondérantes.
Les troupes soldées qui apparaissent au XIVme siècle (mercenaires des « Grandes Compagnies ») préfigurent les armées permanentes recrutées dès le milieu du XVme siècle. Sur mer, seules les galères représentent la flotte de guerre, conçues pour la course ; elles sont construites aux frais des provinces et des grandes villes.
L’équipage est constitué de volontaires et d’esclaves ou de prisonniers pour la traction des rames.
En opération, le chef de la flotte est l’amiral, mais son équipage relève du capitaine recruteur. Les pirates utilisent leurs propres galères pour traquer les navires marchands qui, dans ses conditions, doivent être armés.
En cas de besoin, les souverains réquisitionnent des navires marchands pour constituer leur escadre.
En Provence, avec la dynastie angevine, le pouvoir central s’affirme ; il s’accentue par la reprise en main des communautés. Si la Provence, terre d’empire, avait connu au début les efforts des Comtes catalans soucieux d’imposer leur domination, avec la Maison d’Anjou, l’influence française se précise grâce à l’efficacité de l’administration. La désignation de viguiers chargés de surveiller les communautés, comme celle des juges et des bailes comtaux renforce le pouvoir central. Juristes clercs et fonctionnaires sont surtout français.
Les Comtes angevins, après des enquêtes minutieuses, récupèrent les droits féodaux de puissants seigneurs. La gabelle du sel devient leur privilège et un droit public provençal est codifié sous le règne du roi René.
Dans le comté de Nice, sous domination de la Savoie, la même œuvre unificatrice est entreprise après 1388.
L’histoire des Alpes Maritimes durant ce millénaire, auquel on réserve traditionnellement le nom de Moyen Âge, est riche de faits connus. De plus, elle peut s’enorgueillir d’avoir laissé des vestiges parmi lesquels les châteaux et forteresses constituent un précieux héritage.
D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au 04 93 24 86 55 Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs. Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ? Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités. Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur. La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus. Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître. L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées. Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi. Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes. Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres. Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants. Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
20:08 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0)