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17/12/2011

A TOURRETTES SUR LOUP : « LE TOMBEAU DE L'ANCETRE »

LE MENHIR DU TOMBEAU DE L'ANCETRE A COURMES.jpg

Le Pays d’Azur possède de nombreux vestiges de la prestigieuse civilisation mégalithique, étudiés et répertoriés par les spécialistes.

Ces témoignages du passé, à l'aspect imposant, nous ramènent à la première civilisation européenne s'étalant de - 4500 à - 1500. Plus abondants à l'ouest du Var, les dolmens, menhirs et autres pierres levées conjuguent leurs mystères avec les bories, ces étranges «igloos» de pierres sèches. Sans ignorer l'intérêt des quelques cinquante monuments connus dans la région, essayons à travers l'un d'eux de remonter au temps de ces «premiers bâtisseurs». A près Vence, près de Tourrettes sur Loup, au quartier des Courmettes, en 1973, lors du tracé d'une route pare-feu, un amateur d'archéologie repéra une pierre dressée menacée par le bull­dozer, la promptitude de son intervention devait aboutir à la sauvegarde du précieux vestige. L'étude des lieux devait conduire à la découverte surprenante d'un véritable ensemble protohistorique. A droite du sentier descendant vers Courmettes, se dresse, au sommet d'une butte, un castellaras de grande dimension. Son accès en pente douce est aisé, mais sa façade ouest surplombe un à-pic d'environ deux cents mètres. Or, fait curieux, c'est au sommet de la pente la plus raide que l' on trouve les plus solides murailles composées d’énormes blocs aménagés, alors que le côté opposé n'est protégé que d'un mur en petit appareillage. Sur la butte, au sommet d'un vaste réseau de banquettes, constituant plusieurs plate formes super­posées en vastes escaliers, apparaissent des vestiges assez énigmatiques.

A première vue, certains pourraient indiquer la présence de deux citernes rectan­gulaires effondrées et comblées. En surface, du mobilier archéologique a été récolté: tessons de céramiques antérieures à l'époque romaine, anses d'amphores romaines, tessons de sigillées, une fusaïole, un fragment de meule en basalte de 50 cm de diamètre, des scories de fer attestant une activité métallurgique. Au nord-ouest, au-delà d'une vaste prairie connue sous le nom de Clos de la ville, s'élève une colline sur laquelle existe encore une borie assez bien conservée. Au pied des murs de l'enceinte, part une allée artificielle large en moyenne de dix mètres. Construite en parements moyens encore visibles à travers la densité de la végétation, d'une longueur d'environ 500 m, elle descend en pente douce jusqu'au col de Courmettes où passe la route pare-feu qu'elle traverse. Elle se prolonge ensuite en direction d'un curieux édifice de pierres sèches, dissimulé dans un bosquet de chênes, affectant la forme d'un trèfle. Bergers et chasseurs connaissent depuis toujours l'existence de ces murailles dessinant trois cercles imbriqués, ils leur ont donné le nom étrange de «Tombeau de l'Ancêtre». Pourquoi ce nom ? Là une relation recueillie en 1950 semble donner la réponse. Vers cette époque un cultivateur du village voisin de Courmes découvrit un sarcophage: «l'inhumé était un homme à grande barbe blanche... Il était intact quand on a relevé le couvercle. Le paysan a eu peur. Il est allé chercher des voisins qui sont venus, et sous leurs yeux le cadavre s'est dissout, dissipé, ne laissant au fond du sarcophage qu'un peu de terre. Les spectateurs en sont encore tellement impressionnés qu'ils n'ont pas ébruité l'affaire et restent persuadés qu'ils ont vu non pas le corps du mort mais son esprit». (Bulletin de l'Institut des Fouilles de Préhistoire et d'Archéologie des Alpes Maritimes 1955-1956).

Le rapprochement de cette curieuse histoire et du mystérieux «Tombeau de l'Ancêtre» à l'allée majestueuse a troublé plus d'un chercheur. Notons qu'en plus du menhir de 1,90 m, dressé au bout de l'allée, quatre autres pierres levées s'étageant de 1,40 m à 1,50m entourent cet énigmatique mausolée. Il est admis que la civilisation mégalithique, née des préoccupations agraires des premiers hommes, empruntait ses mythes aux puissances de la nature. Dans ce contexte, le tombeau à la forme trifoliée, placé au levant, et la butte du castellaras, à l'opposé au couchant, constituent deux pôles caractéristiques, reliés par l'allée, définissant la course du soleil.

Le sommet du castellaras, renforcé d'un mur cyclopéen vers l'à-pic, devient une sorte de temple, puisque la valeur défensive de cette construction est inutile en ce point. Les pierres levées, balisant les alentours comme d'autres menhirs, devaient permettre une heureuse relation entre les forces telluriques et celles de l'air et du ciel. L'Ancêtre, sorte de grand prêtre vénéré par la tribu, initié aux mystères de la nature, dignement enterré vers la lumière du levant devait apporter sur tous la paix et l'espoir par ses connaissances. Quelles cérémonies propitiatoires s'accomplissaient au sommet de la plate-forme où l'on observait chaque soir l'inquiétante plongée de l'astre du jour vers le néant ? Ce belvédère largement ouvert sur l'ensemble de la région a dû conserver au fil des siècles sa vocation de sanctuaire jusqu'à l'époque romaine comme en témoignent les vestiges découverts en surface. Enfin précisons que G. Altenbach et B. Legrais dans un ouvrage récent «Lieux magiques et sacrés de France» (R. Laffont, Paris 1987) citent les gorges du Loup placées à l'aplomb du site de Courmettes et le village de Gourdon, situé en face à 2,5 km à vol d'oiseau. Ces deux chercheurs ont eu la curiosité de contrôler au géodynamètre l'intensité cosmo-tellurique qu'ils définissent comme «onde de vie» et au radioactivité-mètre les impulsions minutes de ces lieux. Leurs conclusions ne manquent pas de corroborer les suppositions établies à partir des vestiges archéologiques. Au vue des résultats obtenus par les mesures, ils définissent ces points comme «un réel haut lieu sacré». Ils ajoutent: «Pour s'en rendre compte il suffit d'assister à un lever de soleil... Le pèlerin chercheur ressentira rapidement que ce haut lieu a connu un passé culturel intense, prêt à ressurgir selon les informations véhiculées par les êtres qui l'approchent».

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

 Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr

10/12/2011

DURAND DE LA PENNE, UN HÉROS ORIGINAIRE DES ALPES MARITIMES

PORTRAIT DE DURAND DE LA PENNE.jpg

 

DURAND DE LA PENNE (1914-1992)

« L’HOMME QUI S’ÉTAIT CONDAMNÉ A MORT »

 

Luigi Durand de La Penne, héros italien de la seconde guerre mondiale était originaire du village de La Penne, situé dans la vallée de l’Esteron (Alpes Maritimes). Sa famille noble, qui n’avait pas admis le rattachement du Comté de Nice à la France de 1860, avait émigré à la cour de Turin. Ses ancêtres conservaient néanmoins le "Pavillon du Marquis", leur résidence située au « Plan » en contre bas du village.

Voici son acte d’héroïsme raconté par Pierre Bellemar :

«Quand il a terminé ses derniers préparatifs, le lieutenant de vaisseau Luigi Durand de La Penne s’attaque au plus difficile : passer de l’état de vivant à celui de mort en sursis.
Pour cela, il referme la porte de sa cabine et commence à se dépouiller de tout ce qu’il a sur lui, c’est-à-dire des accessoires d’un aristocrate italien, officier de marine : le petit carnet de moleskine noire sur lequel il note pêle-mêle ses impressions, un stylo, sa montre-bracelet. Il hésite un instant avant de retirer son alliance. Il prend encore quelques affaires qu’il a déjà dispersées au pied de son lit et place le tout dans un sac imperméable sur l’étiquette duquel on peut lire : « A remettre, après ma mort, à ma femme Mme Valeria de La Penne, à Gênes. »
Puis il s’assoit devant la petite planchette qui lui sert de bureau, prend une feuille de papier blanc et commence à écrire : « Ceci est mon testament. »
Au fur et à mesure qu’il écrit, un sentiment assez inhumain s’empare de Luigi Durand de La Penne : il lui semble qu’il est devenu un étranger et que ce mort dont il est question n’est pas lui.
Brusquement, l’image de Valeria, sa femme, lui provoque un choc… Une émotion violente qui l’oblige à reprendre son souffle.
Il imagine Valeria, assise, dans le grand bureau de l’amirauté, à Gênes, tandis qu’on lui lit ce dernier message.
Afin de se redonner du courage, il s’oblige, pour la centième fois, à donner à sa mort les dimensions d’une servitude purement technique. Elle lui paraît ainsi plus facile à envisager.
Ce qui lui donne du souci, c’est l’idée qu’il n’aura peut-être pas le temps, sans se faire repérer, d’aller fixer la tête explosive de 300 kilos sur la coque du navire de mouillage…
Car le lieutenant Luigi Durand de La Penne, chef d’un commando d’hommes-grenouilles de la marine italienne dont les exploits durant la dernière guerre sont légendaires, va se lancer dans la mission la plus périlleuse qu’il ait jamais entreprise… Une aventure tellement étonnante qu’on en a tiré un roman, un film et une pièce de théâtre.
Le navire que Luigi de La Penne a décidé de couler, c’est le « Vailant », de la marine britannique, au mouillage dans le port d’Alexandrie, en Egypte, avec une partie de la flotte anglaise qui s’y est réfugiée, car, en ce mois de décembre 1941, les sous-marins italiens rôdent dans les eaux de la Méditerranée.
Le plan de Luigi de La Penne : détruire les navires anglais jusque dans leur abri, puisqu’ils n’osent plus se risquer sur la mer où on les guette.
Mais le port d’Alexandrie est bien défendu.
Plusieurs filets, auxquels sont mêlés des câbles électriques, en interdisent l’entrée, ne s’ouvrant que devant les navires amis sur un mot-code transmis par radio, pour se refermer aussitôt après leur passage. La seule façon de pénétrer à son tour dans le port, sans donner l’alerte, consisterait donc à se dissimuler dans les parages à la faveur de la nuit, pour se faufiler à la suite d’un de ces convois anglais devant qui la porte s’ouvre durant quelques instants.
Or, cet exploit, qu’un sous-marin trop volumineux ne peut accomplir sans être repéré, des hommes-grenouilles, chevauchant à califourchon ces minuscules sous-marins qu’on appelle des « cochons «, peuvent le tenter et le réussir…
Il leur suffit simplement de savoir que la porte se refermera derrière eux comme la grille d’une nasse. Une nasse où ils vont eux-mêmes semer la mort.
Il est 10 heures du soir, le 18 décembre 1941.
La nuit est maintenant si noire qu’on a peine à distinguer la surface de la mer.
Le sous-marin italien « Scipé », qui a attendu toute la journée, posé sur le fond, émerge lentement de l’eau.
A un kilomètre au sud, il y a le phare de Ras El-Tit, qui ne s’éclaire que quelques minutes par nuit, à l’approche des patrouilleurs anglais…
Doucement, les trois « cochons » sont mis à la mer. Les hommes-grenouilles viennent les chevaucher, deux sur chaque appareil. Avec leur combinaison en caoutchouc, leur masque et leurs bouteilles d’oxygène, ils ressemblent à d’étranges centaures marins…
3 h 30 du matin.
Le phare de Ras El-Tit vient de s’allumer… Trois torpilleurs anglais approchent, tous feux éteints. Les filets de protection vont s’ouvrir pendant quelques secondes…
-Allons-y, souffle Durand de La Penne.
Dans le sillage des trois navires, les étranges cavaliers marins se faufilent.
La Penne, transi de froid immobile dans l’eau, entend que le filet se referme derrière eux.
Tout se passe comme il l’a voulu.
La tête de chacun des trois « cochons » est constituée par une énorme ogive explosive de 300 kilos... que les hommes doivent détacher au dernier moment pour aller la fixer par des ventouses sur la cible elle-même. Les trois « cochons » se séparent…
La cible pour La Penne, c’est le « Valiant », le cuirassé amiral… La deuxième équipe doit se charger d’un autre cuirassé, le « Queen Elizabeth ». La troisième, d’un grand pétrolier plein de carburant…
Voici maintenant La Penne et son compagnon, un scaphandrier professionnel, à une centaine de mètres du « Valiant ».
C’est alors que, brusquement, le « cochon » sur lequel ils sont assis tressaille, bascule et plonge…
Luigi de La Penne plonge à son tour… Il atteint le fond de vase à dix-sept mètres.
Inutile de vous dire que par dix-sept mètres, sur un fond de vase, la nuit, même avec une lampe électrique, on ne voit pas très loin… Pourtant, La Penne retrouve son « cochon »… Mais où diable est passé son compagnon scaphandrier ?
Et puis, impossible de faire repartir le petit sous-marin : un filin d’acier faisant partie du système de protection du « Valiant » s’est enroulé autour de l’hélice… Il est tellement emmêlé, serré, qu’il ne faut pas songer à le défaire à la main.
Le scaphandrier a disparu… Mais la masse énorme du « Valiant », elle, est là… vivante. Il voit la lumière bleue du poste de la chambre de veille… Il entend le ronronnement sourd des dynamos des moteurs et des pompes… C’est là, au milieu, sous la tourelle, point névralgique du navire, qu’il faut placer la bombe…
La Penne regarde l’heure à sa montre : 4 h 5 mn. Il est convenu qu’il doit régler le mouvement d’horlogerie de l’ogive explosive à 6 h 5 mn… Dans deux heures exactement… Avant, le « Valiant » risquerait de sauter alors que les deux autres équipes n’ont pas fini leur travail. Après, les deux autres navires ayant explosé, l’équipage du « Valiant », alerté, aurait peut-être le temps d’explorer la coque et de trouver la bombe.
Luigi de La Penne repère alors, à la boussole, la position du « Valiant » et, seul, plonge à nouveau vers son « cochon ».
4 h 50 mn.
Parvenu au fond, Luigi de La Penne a desserré les vis, tiré sur l’énorme ogive… Pendant quarante-cinq minutes, dans un long effort épuisant, il traîne l’ogive mètre par mètre dans la vase du fond… Celle-ci se soulève… Il ne voit plus rien, même pas sa boussole à son poignet… D’ailleurs, son masque est complètement embué… L’eau est glacée.
Il pense au petit mouvement d’horlogerie qui bat au cœur de l’énorme bombe et dont il a presque l’impression, par instant, d’entendre le tic-tac.
4 h 51 mn.
4 h 52 mn.
4 h 53 mn…
La Penne sent qu’il s’épuise,…
L’air dans ses bouteilles, aussi…
Il risque évidemment de perdre connaissance… Aura-t-il le temps de fixer la tête explosive sous la tourelle du « Valiant » ?... Le plus possible sous la tourelle ?...
4 h 55 mn…
La Penne est en position sous la tourelle. Il voudrait pouvoir tenter un dernier effort pour fixer l’engin avec les ventouses à même la coque du navire anglais, mais, épuisé… sans oxygène, il sait qu’il n’en est plus capable… et il est à deux doigts de perdre connaissance…
Mais ses efforts ne sont pas inutiles… L’ogive explosive va faire son effet… sous la coque du navire, à très courte distance des tôles… Alors… il règle la minuterie… Explosion à 6 h 5 mn…
Maintenant, vite de l’air… de l’air… Il remonte à la surface et arrache son masque.
Mais, en arrivant à la surface, contre la coque du « Valiant », le corps de La Penne a fait un petit « floc » imperceptible…
Le marin de vigie l’a entendu, il a entendu ce petit clapotis… anormal… Et puis quelque chose a brillé… pendant une seconde. Là-haut, sur le pont du « Valiant »… le marin de vigie se penche et hurle…
Jusque-là… après tout, Luigi Durand de La Penne n’a fait qu’accomplir une mission… difficile, peut-être, mais dont il avait lui-même fixé les paramètres et dont il connaissait les risques. Brusquement, tout va changer… Il va se trouver dans une situation imprévue, évidemment dramatique… est c’est là que sa mission devient vraiment une aventure.
5 h 1 mn.
Dans soixante-quatre minutes, la bombe doit exploser.
La Penne, dès qu’il sent qu’on l’a repéré, veut s’enfuir entre deux eaux… Mais, n’ayant plus d’air dans les bouteilles, il est obligé de venir respirer à la surface… Alors une grêle de balles fait gicler l’eau autour de lui.
Et, maintenant, il est comme cloué, par les faisceaux convergents de plusieurs projecteurs, contre la bouée d’amarrage du « Valiant » à laquelle il s’est accroché.
Sur la bouée, d’ailleurs, il y a un homme : son scaphandrier… éjecté du « cochon » au moment où celui-ci a coulé. Ayant perdu son masque, il ne peut qu’attendre, depuis cinquante minutes, que Luigi de La Penne ait fini son travail.
Une chaloupe à moteur s’approche, tandis que les deux hommes s’interrogent… « Est-ce que les deux autres équipes, au moins, ont réussi ? »
Dans ce cas, dans une heure, le port d’Alexandrie va s’embraser en un gigantesque bouquet de dynamite…
5 h 35 mn.
Depuis un temps qui lui paraît interminable, La Penne est debout, dans sa combinaison ruisselante, dans le bureau du commandant de ce navire amiral… le commandant Morgan…
L’interprète est là aussi pour traduire.
Mais il n’y a rien à traduire.
La Penne n’a consenti à parler que pour dire son nom et son grade :
-Luigi Durand de La Penne, lieutenant de vaisseau.
Pour le reste, il n’a rien voulu dire, ni ce qu’il était venu faire, s’il était seul, s’il était là depuis longtemps ou s’il venait d’arriver. A l’époque, les exploits des hommes-grenouilles, qui allaient devenir légendaires, sont encore mal connus, et le commandant Morgan et ses officiers se perdent en conjonctures…
Ils sont loin d’imaginer qu’une tête explosive de 300 kilos repose, en cette seconde, juste au-dessous d’eux et que le mouvement d’horlogerie va s’arrêter dans trente minutes, à 6 h 5.
5 h 47 mn.
Dans dix-huit minutes, le navire va sauter.
On vient d’enfermer Luigi Durand de La Penne, qui se refusait toujours à parler, dans une cellule… Dans la soute… Dans les fonds.
5 h 55 mn : dans dix minutes, le navire va sauter.
Or, en dix minutes, il est impossible, maintenant, d’équiper des plongeurs, de les mettre à l’eau avec l’éclairage adéquat, pour explorer la coque de l’énorme navire… Alors, Luigi de La Penne se met à frapper, de toute la force de ses poings, contre la porte de fer.
-Le commandant ! Vite ! Je veux parler au commandant !
Le commandant Morgan est là, sous la coursive, devant la porte ouverte.
-Dans dix minutes, dit lentement Luigi de La Penne, le navire va sauter. Il vous reste dix minutes pour évacuer l’équipage.
6 h 1 mn.
Derrière la porte de son cachot, La Penne a deviné la dernière galopade des hommes dans les coursives…
Il est seul, enfermé dans l’immense navire. La Penne ne quitte plus sa montre des yeux. Si les calculs sont bons, dans quatre minutes il va mourir, déchiqueté ou noyé au milieu du déluge de fer et de feu qu’il a déclenché.
Dans deux minutes, si les autres équipes ont réussi leur travail, le « Queen Elizabeth » va ouvrir le feu d’artifice.
6 h 2 mn 30 s.
La Penne n’a plus que quelques secondes à vivre… Deux minutes et demi exactement…
Il entrevoit la petite silhouette droite de sa femme… Valeria. Assise en face d’un officier au visage grave, dans le grand bureau de l’amirauté, à Gênes… Sur la table, il y a un paquet pour elle. Un paquet enveloppé dans un sac de toile imperméable, avec une lettre…
6 h 4 mn…
Une immense lueur embrase le port d’Alexandrie : le « Queen Elizabeth » a sauté.
Dans son cachot, Luigi Durand de La Penne ferme les yeux et comptes les secondes : une, deux, trois…
… cinquante-cinq, cinquante-six, cinquante-sept, cinquante-huit, cinquante-neuf, soixante !
Une formidable explosion… Juste en dessous. Luigi de La Penne, projeté à terre, se relève… L’explosion a été telle que tout semble avoir bougé autour de lui… et le « Valiant » a pris 5 degrés de gîte.
Luigi de La Penne s’aperçoit alors, avec étonnement, qu’une volute de fumée se glisse sous la porte… L’huisserie s’est déformée et la porte s’est ouverte…
Luigi s’élance dans la coursive. De coursive en échelle, d’échelle en escalier… il fait irruption sur la plage arrière. Là, des marins le regardent sans rien dire, tandis que le commandant et ses officiers donnent calmement des ordres pour essayer de sauver leur navire. La plus grande partie de l’équipage est déjà dans les chaloupes.
En le voyant, le commandant Morgan lui demande :
-Lieutenant, jurez-moi sur l’honneur que vous n’avez posé qu’une seule bombe.
Comme Luigi refuse de répondre, le commandant Morgan se détourne avec un geste de colère vers ses officiers :
- C’est bon, qu’on évacue aussi cet homme.
Le « Valiant » n’a pas coulé… Gravement endommagé, il sera longuement immobilisé sur le fond du port… Mais aucun homme n’a été tué ni noyé.
Après la guerre et une longue captivité, le lieutenant de vaisseau Luigi Durand de La Penne sera décoré par les Italiens pour son courage. Mais, chose beaucoup plus rare, il recevra des anglais, pour avoir permis de sauver la totalité de l’équipage, la médaille d’or de la valeur militaire… Et l’officier qui lui remettra cette médaille ne sera autre que le commandant Morgan, commandant du navire amiral « Valiant ».

Après le 8 Septembre 1943 et l’Armistice de l’Italie avec les Alliés, Durand de La  Penne, aristocrate fidèle au roi, se voit offrir l’opportunité d’être libéré en acceptant de combattre aux côtés des Alliés. Il y consent et reprend du service comme homme-grenouille.

Le 22 juin 1944, il  participe à une opération conjointe Italien-Anglais contre les Allemands. Une équipe formée de plongeurs britanniques et italiens sera transportée par le destroyer italien Grecale pour une attaque contre La Spezia port aux mains des Allemands. Ils couleront les croiseursGorizia et Bolzano avant qu'ils puissent être utilisés pour bloquer l'entrée du port.

Après la guerre, de La Penne poursuit sa carrière dans la « Marina Militare”. Il serapromu au grade de Capitano di Fregata ( commandant ) en 1950 et Capitano di Vascello ( capitaine ) en 1954. En 1956, il sera nommé attaché naval au Brésil. Il sera également adjoint de l'Italie au Parlement européen pour la deuxième législature comme sixième candidat indépendant. Il prit sa retraite avec le grade de Ammiraglio di Squadra ( vice-amiral ).

En son honneur, la Marine italienne nommera ses nouveaux destroyers de la classe de 1993 le premier Luigi Durand de La Penne, le second Francesco Mimbelli.

 

Luigi de La Penne, grand géant blond, terminera son existence à Gênes en 1992, après avoir effectué de courts séjours à La Penne, dans les murs du château familial devenu aujourd’hui une luxueuse et accueillante résidence hôtelière.

03/12/2011

DRAP POSSÈDE D'ANCIENNES FORTERESSES DU MOYEN ÂGE

CHATEAUX DE REVE (9).JPG

 

Le castrum de Drapo, village primitif, se situait sur la colline avec comme église paroissiale l’actuelle chapelle Sainte Catherine, de nos jours à trois kilomètres à l’est du bourg.

Cité dès 935 dans le Cartulaire de Saint Pons, puis en 1025, Drapo puis Drapum est cédé le 21 avril 1073 par Pierre, évêque de Vaison à Raymond 1er, évêque de Nice et  à ses successeurs avec tous ses droits.

L’évêque de Nice devient alors Comte de Drap. Le territoire de la commune de la Trinité faisait intégralement partie du fief nommé « le Tercier de Drap ».

Le castrum de Drapo traverse le Moyen Âge de 1232 où  il est recensé dans la Liste des Castra, à 1235 où il figure dans les Statuts de Fréjus, puis dans l’Enquête de Charles d’Anjou (1251-52) et sera inclus dans la Viguerie de Nice en 1325.

Aujourd’hui, les ruines du vieux village, détruit par le tremblement de terre de 1564, ont entièrement disparues dans le « Concas », nom de quartier signifiant « l’éboulis ». Du château féodal ne subsistent que les restes d’un donjon écroulé en 1953, d’un logis attenant et de courtines. Durante décrit en 1848 le château des Comtes-évêques où  ils ne résideront jamais et  une proche fontaine couverte d’une voûte dont le frontispice s’orne d’une inscription.

Dressée sur l’emplacement d’une forteresse romaine, cette bâtisse profitait d’une admirable position dominante.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

 

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com