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18/02/2012

A COURSEGOULES : L’ETRANGE CHAPELLE SAINT MICHEL

CHAPELLE SAINT MICHEL DE COUSEGOULES.jpg

 

Coursegoules, à 17 kilomètres au Nord de Vence, étalé sur le revers Sud de la longue arête du Cheiron (1778m) - exposé au midi - bénéficie d’un climat moins rude que ne le laisserait supposer son altitude voisine de 1000 mètres. L’étymologie de son nom dériverait de sa fondation par une colonie corse originaire de la vallée du Golo, venue là on ne sait comment. Une communauté de moines avait déjà au VIème siècle ou VIIème siècle (époque mérovingienne) occupé un site voisin de l’actuel village, à une demi-heure à pied au Nord-Ouest. Là, ils édifièrent la chapelle St Michel, dont l’abside est caractéristique du haut Moyen Age.

Mais au-delà de l’architecture de cette construction en pierres de taille bien conservée, placée à un carrefour de voies de transhumance, le visiteur remarquera à l’intérieur une curieuse dalle. Celle-ci, gravée en latin, a dû servir de pierre d’autel.

De la chapelle St Michel, située au quartier Lagneris, on peut en grimpant vers le Nord franchir la crête du Cheiron, pour rejoindre, à travers les solitudes, le village des Ferres dans la vallée de l’Esteron, soit poursuivre vers l’Ouest, en direction de Gréolières sur le flanc Sud du Cheiron. La “ Via Ventiana ”, l’antique voie romaine au départ de Vence, vient également buter au pied de la chaîne montagneuse, pour bifurquer à l’Ouest vers Gréolières et la vallée supérieure du Loup.

Le groupe de recherches de l’Institut des fouilles de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes, qui enquêta sur le passé de la chapelle, admet qu’elle devait remplacer un édicule romain au bord de la “ Via Ventiana ”.

Le plan de la chapelle est très simple avec une nef unique de deux travées, suivie d’une abside semi-circulaire. Après avoir remplacé un temple païen, elle appartint au puissant monastère de Lérins qui y entretenait une petite communauté de moines logés dans des bâtiments voisins. Au milieu de la nef, un mur bahut, à peu près ruiné, servait de clôture pour isoler les moines de la partie de la chapelle réservée aux fidèles. Aujourd’hui, dressée verticalement face à l’entrée, la belle pierre gravée a fait l’objet d’un moulage, visible au musée Grimaldi d’Antibes.

L’inscription latine, difficile à déchiffrer parce qu’en partie effacée et constituée d’abréviations, a néanmoins été traduite : “ A Fuscus et Favor, fils de Secundus, mort l’un à 19, l’autre à 13 ans, Secundus fils de Nicentus et Velia, fille de Favor leurs parents, ont élevé ce monument ”.

Le texte est surmonté de deux têtes sculptées, probablement les défunts, ainsi que d’un croissant, deux cyprès et deux “ ascia ”. On sait que les Romains plaçaient souvent leurs tombeaux sous des symboles protecteurs et en particulier la hache.

Certains ont vu dans les deux creux encadrant le fronton deux petites cuvettes destinées à recevoir des offrandes aux morts, constituées souvent de grains de blé.

La chapelle est placée sous le patronage de l’archange Saint Michel, exorciseur des lieux infestés par le démon qu’il transperce de la hampe de son oriflamme. C’est lui qui devait rassurer le voyageur s’engageant dans la hasardeuse traversée de la montagne semée d’embûches.

L’Histoire mentionne Saint Michel de Coursegoules en 1312, avec son prieur de Sancti Michaelis Laugninis, puis en 1351 le Bénéfice qui en est retiré et enfin en 1715 le quartier dit Lagneris avec son cimetière médiéval et sa chapelle.

Dans un cadre champêtre, ce pur joyau de l’art roman à l’écart des routes, témoigne des riches origines de notre région. Borne chargée d’Histoire, elle nous interpelle par-delà les siècles pour peu qu’on aille à sa rencontre.

 EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR":

LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

 De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr 

Notez qu'EDMOND ROSSI signera ses livres le samedi 25 février à partir de 15 heures dans le cadre de la Bibliothèque de Saint Laurent du Var, en face de la nouvelle Eglise.

11/02/2012

ROQUEFORT LES PINS: LA TRAGIQUE DISPARITION DU PREMIER VILLAGE

CHAPELLE RUINÉE DU CASTELARAS DE ROQUEFORT.jpg

Les restes de l’église du Castellas de Roquefort où officiait le prieur Féraud, de sinistre mémoire

 

L’actuel Roquefort les Pins, né à une époque récente, au bord de la route reliant Nice à Grasse, possède un ancêtre oublié dont le destin mérite d’être connu.

Baptisé le Castellas de Roquefort, ce village fortifié accroché sur une falaise dominant le Loup, était occupé par une population nombreuse au XIIème siècle. Il ne présente aujourd’hui que des ruines témoignant de sa gloire passée.

Ces vestiges ont été visités et répertoriés en 1988 par les spécialistes de l’Institut de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes. Mais leurs travaux restent muets sur les causes et la période d’abandon du site. Nos recherches personnelles nous permettent d’avancer une explication datée sur la disparition du premier village de Roquefort.

Par son nom même, Castellas (château) et Roquefort (rocher fortifié), le lieu indique déjà un village organisé autour d’une position militaire.

Les ruines actuelles, éparpillées dans les taillis, s’étalent sur quelques 2200m2. Le village a la forme d’un arc de cercle décrit autour d’un éperon sur à-pic, le tout entouré de deux murs d’enceinte. Au sommet, on trouve un donjon rectangulaire de 8 mètres sur 4,4 mètres, ne subsistent que la base et le mur d’angle nord-est de la tour ; installé cinq mètres au-dessus d’une plate-forme, il n’était accessible que par un étroit passage en escalade sur le rocher. Avec des murs de près d’un mètre, cette construction se poursuit vers le nord par un rempart accroché au-dessus de la pente abrupte, il n’en subsiste qu’un pan de 2 mètres sur 1,70 mètres de hauteur.

Le château, belle bâtisse voisine de 8 mètres sur 4,20 mètres, avec chemin de ronde relié au mur d’enceinte, présente deux pièces dont une de 6 mètres sur 4,30 mètres. Un escalier devait conduire à un étage supérieur. Le mur arrière ouest, haut de 4 mètres, se raccordait à la butte sommitale où s’ouvrent deux portes : une donne sur un chemin d’accès au village, depuis l’angle, l’autre à l’est, vers une citerne d’environ 7,30 mètres.

La partie basse est cernée par une muraille en arc de cercle de 13 mètres de long, haute de 2 mètres depuis la falaise jusqu’à la butte. Cet ouvrage s’achève sur des terrasses permettant la surveillance du vallon.

Des restes de poternes et de bastions subsistent près des portes. L’église romane de 10 mètres sur 5 mètres et de 3,5 mètres de hauteur, possède une abside en cul de four. A proximité de la porte en arc de plein cintre, les experts ont identifié le coffre d’une tombe.

Diverses constructions ruinées sont éparpillées dans l’enceinte. Hors les murs, deux grandes constructions de 8 mètres sur 7 mètres et de 8 mètres sur 6 mètres devaient permettre de loger les animaux. L’ensemble était construit en pierres de taille calcaire bien appareillées.

Les témoignages de la Protohistoire sont nombreux sur la commune de Roquefort, en particulier des camps à enceinte ou castellaras datables en général de la fin du premier millénaire avant notre ère.

Lorsqu’on se penche sur le passé historique de Roquefort, on découvre que cette possession de l’abbaye de Lérins est achetée par la commune de Saint Paul de Vence en 1241. Cette dernière sera à l’origine de la destruction du fier Castellas. En plus du Castellas, le Haut Moyen Age a laissé les traces de la chapelle, aujourd’hui ruinée, de Saint Pierre au quartier d’Aspres. Cet édifice religieux est plusieurs fois cité selon l’historien L. Cappatti, d’abord en 1113 (Sancti Petrum de Rocafort), puis en 1344 (Bénéfice du prieuré de Sancti Petri d’Aspris), enfin en 1788 (San Peyre de l’Aspre ou de l’Ulmo). Le témoignage relatif à la fin du Castellas nous est donné par des archives de Saint Paul, citées dans l’ouvrage “ L’Abbaye de Lérins ” de H. Moris.

C’est en 1341, sur ordre du roi Robert de Provence, que fut décidée la destruction du château et du village de Roquefort, devenus comme ceux voisins de La Garde, un repaire de dangereux brigands conduits par un moine. Voici la relation des faits : “ Féraud de Cabris, moine et prieur de Rochefort, ayant rassemblé un grand nombre de gens d’armes dans les châteaux de Rochefort et de La Garde, faisait des grandes vilenies contre les voisins et passans, et, ayant grossi ses troupes, feust assiéger le chasteau de Draguignan, où il mist le feu et brusla ceux qui estoient dedanz et, continuant ses courses et violences par toute la Provence, le Roy Robert donna commission à la communauté de Grasse de s’en sésir ou s’en deffaire ; lesquels estans allés à Rochefort pour exécuter l’ordre du Roy, feurent repoussés et maltraités, ce que le Roy ayant apris, donna la commision à la communauté de Saint Paul ; lesquels ayant espié le temps que son monde estoit allé à la petite guerre et que lui restoit avec peu de gens, touts les habitants de Saint Paul, hommes, femmes et enfans, y feurent, investir le chasteau de touts coustés et, s’estans mis en deffance, ne peut pas empescher qu’ils ne missent le feu au chasteau, et qu’il ne feust bruslé avec touts ceux qui estoient dedanz, comme il avoit faict à Draguignan. Le procés en abolition est dans les archives de la communauté de Saint Paul ”.

A la suite de ce drame, un article des statuts du monastère de Lérins, dont dépendait le fougueux prieur Féraud de Cabris, interdira aux religieux de porter publiquement des armes ... si ce n’est sous la robe !

Ainsi devait finir le château et le village fortifié du Castellas de Roquefort, victimes des folles entreprises d’un moine devenu chef de bande et dont l’ascendant coupable avait dévoyé une population pacifique.

Une tentative de repeuplement aura lieu en 1537, grâce à des habitants de Saint Paul chassés de leurs maisons rasées, pour permettre l’édification des fortifications de François Ier.

Si cette transplantation réussira à la Colle sur Loup, à Roquefort seuls quelques hameaux reprendront vie. Mais le Castellas restera définitivement abandonné jusqu’à nos jours.

 

Pour visiter le Castellas, se rendre à la Colle-sur-Loup et de là vers le bord de la rivière (2km), prendre le CD7 à gauche vers le Rouret durant 1km, puis tourner à gauche sur la piste forestière où on laisse son véhicule. Emprunter le premier sentier à gauche dans les chênes pour grimper vers le monticule où se dressent les ruines (10 minutes à pied).

  

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

 

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com 

04/02/2012

LES MYSTERIEUSES RUINES DE HAUTES GRÉOLIÈRES

 116 GREOLIERES HAUTE, L'EGLISE ST. ETIENNE page 116.jpg

Empruntant la route qui quitte au nord l’actuel village de Gréolières, vous n’avez pu manquer d’être surpris par les ruines imposantes d’un autre vaste village, dominées par une église romane et les hauts murs d’un ancien manoir.

La tradition voudrait que ce premier Gréolières fut bâti au VIème siècle, alors que la terrible peste dite de “ Justinien ” infestait les maisons situées plus bas au voisinage de l’ancienne “ via Ventiana ” (voie romaine reliant Vence à Castellane). Si les origines de cet ample ensemble de facture médiévale peuvent apparaître incertaines, son abandon reste tout aussi mystérieux. Nous allons essayer d’en retrouver les traces au travers des vestiges et de l’Histoire.

Le château, vaste parallélépipède en pierres de taille, avec ses meurtrières archaïques, sa rampe d’accès caractéristique (obligeant les assaillants à grimper avec leur bouclier à gauche) a été daté du XIIIème siècle par les spécialistes*. C’est sans doute la raison pour laquelle certains historiens l’ont qualifié de “ templier ” alors que l’Ordre n’avait aucune possession en ce lieu.

Le château de Gréolières Hautes a été édifié par le comte de Provence Raymond Bérenger V dans le courant de la première moitié du XIIIème siècle. (Il a sans doute été commencé entre 1220 et 1232). Ce site était alors inoccupé tandis que celui de Gréolières Basses avait déjà été fortifié depuis le XIème siècle. Il faut remarquer que dans cette construction de Gréolières Hautes les meurtrières sont déjà abondamment utilisées alors que le flanquement y est encore inconnu ”.

L’église romane, avec son double clocher latéral, dédiée à Saint Etienne, est datable également du XIème ou XIIème siècle. Les nombreux restes d’habitations s’échelonnent eux jusqu’au XVème siècle.

L’Histoire nous donne quelques repaires permettant de suivre l’abandon progressif du village accroché aux flancs méridionaux du Cheiron.

Autour de l’an mille, signalons que l’Abbaye de Saint Victor de Marseille possédait le prieuré de Notre Dame de Verdelay proche de Gréolières et que l’Abbaye de Saint Pons de Cimiez détenait le prieuré de Saint Pons, entre Gréolières et Coursegoules. L’actuel hameau de Saint Pons date de cette lointaine époque.

L’étymologie de Gréolières vient de Graularias (1033) dérivant du latin Graulus et du provençal Graulo signifiant corneille. Groleriis supérius, puis Grolleriis subterius sera seigneurie de la célèbre famille des Villeneuve-Vence dès le XIIIème siècle.

En effet, Romée de Villeneuve reçoit le 15 Décembre 1229 les terres de Gréolières retirées à des seigneurs qui avaient pactisé avec la ville de Grasse en rébellion contre le comte de Provence. Le 9 Mars 1252, Gréolières réapparaît au testament de Romée. C’est en 1315 que Hautes Gréolières est le plus prospère, 86 feux soit 560 habitants y sont alors recensés !

Les malheurs vont alors s’acharner sur cette florissante communauté rurale : de 1348 à 1350 la hideuse “ peste noire ” décime la population, à partir de 1356-57 des bandes armées ravagent la région jusqu’à la fin du siècle, en 1364 la famine s’installe après la sécheresse et une invasion de sauterelles. En 1368, on repeuple les proches villages de Cipières et Caussols devenus vides. Mais c’est en 1385 que le coup fatal sera porté à Hautes Gréolières, à la suite des combats opposant les armées des héritiers de la reine Jeanne.

Selon l’historien G. Bres, Gréolières et ses environs sont complètement dévastés par “ le passage des troupes victorieuses ” qui détruisent tous les blés, vignes et fruits du terroir. La confirmation est donnée par les recensements de la population des Hautes Gréolières qui chute à 6 feux soit 39 habitants, en 1400. Le chiffre des feux remontera péniblement à 15 feux soit 98 habitants en 1471, mais ne connaîtra plus jamais celui acquis au XIVème siècle.

Au XVème siècle, les activités économiques essentiellement agricoles portent sur les labours (céréales), les pâturages (élevage et hivernage des troupeaux). On y compte 47 boeufs de labour, 20 vaches, 24 chevaux, 4 ânes et 900 ovins et caprins. Ces modestes données reflètent ce qui pouvait être les atouts de la richesse du début du XIVème siècle, avant la crise économique et les ravages conjugués de la peste et des bandes armées.

L’Histoire se poursuit, mais lorsqu’il est question de Gréolières, il s’agira désormais de Basses Gréolières, avec son église et son propre château. En 1654, dix maisons sont encore occupées à Hautes Gréolières ; G. Doublet (spécialiste de l’Histoire religieuse) y signale 28 communiants, les habitants descendent alors pour les offices à Basses Gréolières, leur prêtre “ n’a presque rien à faire ”. Bouchenu, autre écrivain religieux du XVIIIème siècle, remarque que le nombre des communiants s’y stabilise : 47 en 1715, 49 en 1722. De plus, il note que le cimetière y étant “ interdit ”(!), on enterre les défunts dans l’église. Il poursuit en précisant que le vicaire prend peu soin “ de ses brebis qui ne se montent pas à une cinquantaine ”, mais que ce dernier “ refuse la confirmation à des enfants dont les uns sont trop jeunes et les autres trop ignorants ”. Enfin, il ajoute que “ les deux parties de Gréolières sont à 300 pas l’une de l’autre ” et qu’il reste là-haut “ les ruines d’un château ayant appartenu dit-on aux Templiers ”.

Le dernier habitant de Hautes Gréolières quittera son village au début de notre siècle pour rejoindre ses concitoyens regroupés au bas de la colline. Aujourd’hui devenu un village fantôme avec ses ruines grises confondues à la rocaille, Hautes Gréolières nous parle d’une époque heureuse et prospère, vieille de plus de sept siècles.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

 

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Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

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