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17/09/2011

LE CITRON DE MENTON

 

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« La femme sera toujours le danger de tous les paradis. »

Paul Claudel

La légende rapporte qu’Eve, chassée du paradis et décidément incorrigible, emporta avec elle en souvenir de son éden perdu, un magnifique agrume : le citron. Redoutant la colère divine, Adam enjoignit à sa compagne de se débarrasser au plus vite de ce fruit. Mais la première femme déclara qu’elle ne l’abandonnerait que dans un lieu lui rappelant le mieux le paradis.

Après avoir parcouru plaines et vallons, montagnes et rivages, Eve conservait toujours l’unique vestige de leur bonheur disparu, n’ayant découvert aucun paysage digne de justifier son choix.

Parvenue sur les bords de la Grande Bleue, elle aperçut à ses pieds Garavan, le golfe paisible, une baie admirable, ses rivages, la douceur de son climat, la végétation luxuriante. « C’est ici dans ce cadre de rêve que je retrouve le paradis » déclara-t-elle et elle enterra alors le citron dans ce sol qui allait devenir Menton.

 

 

D’après «Les Contes et Légendes du Pays d’Azur» (Editions Sutton),

 

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 23 euros, plus frais d’envoi, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

 Les « Contes du Pays d’azur » ont pour cadre l’extraordinaire décor qui s’étend des Alpes du massif du Mercantour aux rivages de la Côte d’Azur.

Dans cet univers tout est possible, puisque les outrances de la nature dépassent souvent les excès de l’imaginaire.

Les contes, histoires orales nées de la tradition populaire, attestent au travers du merveilleux de réalités historiques authentiques.

Reflets du passé, ces récits constituent les fondements de la mémoire collective d’un terroir au particularisme évident.

Edmond Rossi, écrivain niçois, auteur de différents ouvrages traitant de la riche histoire de sa région, témoigne à nouveau ici, en présentant une anthologie des contes les plus passionnants du Pays d’Azur.

Ce fabuleux florilège s’étend des mythes des origines aux relations insolites précédant l’apparition de la télévision, fatale à l’expression orale des veillées.

Les « Contes du Pays d’Azur » nous ouvrent la porte d’un  univers où l’émotion se mêle souvent à la magie du mystère.

Pour un temps, laissons-nous entraîner vers ce monde troublant pour y retrouver la chaude et naïve simplicité des récits de nos ancêtres.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur 

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 

04/09/2011

A SAINT JEANNET LE "TRÉSOR" DU CASTELLET

LE CASTELLET DE SAINT JEANNET 3.jpg

 

Circulant entre Saint Jeannet et Vence, aux abords de la Cagne, votre regard a probablement été attiré par une construction isolée, dressée à l’est au sommet d’une crête dominant la vallée.

Il s’agit du Castellet avec sa tour-donjon accolée à une longue bâtisse sans étage. Aujourd’hui, partiellement ruiné, ce petit château, comme son nom l’indique, occupe un point défensif privilégié au milieu des solitudes de la garrigue, à l’extrémité d’un monticule situé à l’ouest du célèbre Baou de Saint Jeannet. Protégeant le passage d’une voie donnant accès à la haute vallée de la Cagne (Coursegoules, Bézaudun), cette construction a repris l’emplacement occupé par un castellaras (enceinte préhistorique) édifié en éperon barré, comme l’atteste les fondations en gros blocs appareillés.

Le Castellet apparaît dans l’Histoire en 1250, grâce au testament du légendaire Romée de Villeneuve, premier baron de Vence et sénéchal de la Provence (dès 1236). Voyageant de château en château, bien que sa résidence favorite soit Villeneuve Loubet, il rédige son testament aux Arcs. Atteint par la fièvre (il ne décédera pourtant qu’en 1257), il désigne comme héritier direct et universel son fils Paul. Il lui lègue la seigneurie de la Gaude, St Jeannet, le Castellet et la co-seigneurie de Vence. Il demande que son second fils Pierre rentre dans les ordres pour devenir dominicain, que sa fille soit élevée dans un monastère, que ses dettes soient réglées en vendant ses biens de Villeneuve et Cagnes, enfin que l’on vende tous ses esclaves sarrasins ou qu’on les rende libres ”. A la lecture de ces actes, il apparaît qu’au XIIIème siècle la seigneurie du Castellet est tout aussi importante que ses voisines de La Gaude ou St Jeannet.

Le Castellet sera encore cité en 1309, un an après la saisie des biens des Templiers, avant de disparaître des chroniques pour rentrer ensuite dans la légende.

Après environ deux heures de marche, par un bon sentier balisé, au départ de la chapelle de N.-D. des Champs, située à l’ouest du village de St Jeannet, on découvre une importante bâtisse quadrangulaire à étages, haute d’une dizaine de mètres, partiellement délabrée, adossée à une vaste bergerie de 37 mètres de long. Les génoises, les fenêtres géminées, les voûtes des étables attestent d’un aménagement au XVème siècle de cette belle ferme seigneuriale fortifiée. Les destructions seraient imputables aux obus tirés par la marine alliée en Août 1944 lors du débarquement.

Dans sa monographie de Saint Jeannet, de 1909 "Evolution  d'un village de Provence (Alpes-Maritimes)", J.-E. Malaussène  indique : « Cet édifice, appelé le Castellet, ne servit jamais qu'à l'usage de ferme et de bergerie. Il a donné son nom à un vaste domaine y attenant, d’une superficie d'environ 270 hectares, dont 150 en nature de pâturage, 130 en celle de bois, et le surplus en terres labourables. Cette propriété, aujourd'hui pour partie communale, fut un fief seigneurial. Elle apparaît déjà sous ce caractère dans divers documents du XIIIe siècle, enfouis dans nos archives communales ».

Les deux textes ci-dessous sont extraits du livre de François Cali :"La maison neuve sur la place, Histoire d’une maison de village en Provence du 18e au 20e siècle" (1978). Dans ce texte, François Cali fait parler Frédéric Euzière né à Saint-Jeannet en 1767.

« J'avais 22 ans quand en mars 1789, je pris à bail la ferme du Castellet de M. Jean-Paul Clapier, ci-devant marquis de Cabris, le beau-frère de M. de Mirabeau. A une heure de marche du village, en arrière de son Baou, c'était une ferme immense et misérable, la récolte de blé n'y atteignait pas 7 charges (charge de blé ; environ trente deux décalitres) et suffisait à peine à nourrir le rentier, d'autant que la convention passée avec M. de Cabris m'obligeait à lui en remettre 10, indépendamment des 800 livres que je devais lui compter tous les ans en deux termes égaux. Je tirais mon plus gros revenu de la vente des fumiers des moutons et des chèvres que j'entretenais sur les 200 hectares de la forêt.

Enfin, en 1815, il m'avait cédé  (mon oncle) son domaine du Castellet pour 15300 frs... Ainsi m'étais-je rendu maître de ce beau domaine dont j'avais été  le rentier, on imagine ma satisfaction. Je  le donnais d'abord à bail à Louis Octobon, avec un troupeau de cent têtes, chèvres et moutons de bonne qualité, de recette et du pays, puis je l'affermai en 1820 à Honoré Gazagnaire pour 8 ans, à 900 frs par an, avec l'obligation  de me porter chaque  année à la maison 8 kilos de fromage, 8 kilos de recuite salée, 2 agneaux et 2 chevreaux gras, 216 oeufs de poule, 9 paires de poulets, tout en me laissant tous mes droits sur les truffes et les rapaces. »

Et enfin, dans un autre passage du livre : « Quant au Castellet, on n'y tient plus de bêtes ; le toit éffondré, sa grande bergerie est en ruine. De la tour de M. de Cabris (n.b. le seigneur des chèvres), il ne reste qu'une vironne à ciel ouvert suspendue  sur le rocher depuis que les Allemands, l'été 44, l'ont bombardée au mortier, refuge d'un groupe de partisans qui leur avait tué un sous-officier parti imprudemment à la promenade aux sources de la Cagne... »

Mais par-delà l’Histoire, le Castellet est l’objet d’une légende tenace, rapportée par Bérenger-Feraud dans son ouvrage de 1887 “ Contes populaires des Provençaux de l’Antiquité et du Moyen-Age ”. Cette révélation fait état d’un cousin de Romée, Arnaud de Villeneuve, médecin, astrologue et alchimiste illustre au Moyen Age.

Ce savant universel fit halte chez son cousin Paul en 1296, en son château de La Gaude et séjourna dans son manoir du Castellet, alors qu’il avait quitté le pape Boniface VIII à Rome pour se rendre à Paris.

Né en Catalogne (comme le père de Romée), vers 1245, Arnaud avait été nommé en 1285 premier médecin du roi d’Aragon Pierre III.

Ayant soutenu des thèses peu orthodoxes, il fut excommunié et dut se réfugier auprès de Frédéric le Beau en Sicile. Quelques temps après, de nouveau envoyé en France pour soigner le pape Clément V, il périt en 1313 dans la traversée près de Gênes. Il fut, dit-on, le maître de Raymond Lulle dit « l’Illuminé », auteur du Grand Art (Ars Magna) 1275. Arnaud de Villeneuve réussit à Rome (devant la cour pontificale) la mutation du fer en or et chercha le secret de la pierre philosophale.

Pourquoi le séjour d’un tel érudit dans ce modeste castel isolé ? D’après l’ “ Ars transmutatoria ” attribué à Jean XXII, certains lieux où s’activent les forces telluriques favoriseraient la transformation de la matière, d’où le choix probable de ce promontoire calcaire au contact de la ligne de faille de la Cagne. Ces conditions exceptionnelles expliqueraient la présence de ce célèbre chercheur dans un endroit aussi singulier.

Mais la légende est rejointe et confirmée par la réalité lorsqu’en 1938, l’occupant de la bergerie - un certain Janin Trastour - découvre dans un mur une poterie remplie de pièces d’or et de curieux lingots de taille réduite de même matière ! Incrédule, le pâtre aurait confié son secret à un ancien du village, M. B. Gastaud, disparu depuis

N’oublions pas que les crêtes des Baous dominant Vence servirent de refuge aux populations lors des invasions successives du Moyen Age, puis des périodes troublées qui suivirent. A chaque menace, les familles s’abritaient sur ces hauteurs avec leurs biens les plus précieux, en attendant que le péril s’éloigne.

Le trésor du Castellet provenait-il des restes laissés là par l’alchimiste Arnaud de Villeneuve, à la suite de fructueuses expériences menées en ce lieu propice ? Ou bien s’agit-il tout simplement du magot de quelque notable fortuné de St Jeannet, venu cacher là sa “ pignata d’or ” loin du danger des pillards ?

Toujours à l’écart des vivants, insolite et muet, le nid d’aigle du Castellet conserve dans ses flancs, par-delà les siècles, le secret d’un trésor oublié.

A propos des caractéristiques de ce lieu, signalons qu’aujourd’hui la Géobiologie est enseignée au CAUE06

Des stages de formation assurés par Dominique Petry Amiel Architecte géobiologue en précisent l’historique, rappellent les Grands Maîtres, expliquent les ondes cosmo-telluriques, leur présence dans l'architecture, leurs effets sur la santé des personnes.

La détermination sur site, par chaque participant, des réseaux H, C et P, la recherche des cheminées cosmo-telluriques, et la modification de ces réseaux à l'aide d'outils adaptés complètent cette expérience par la pratique.

Rappelons la fonction du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement des Alpes Maritimes (CAUE06) un organisme départemental d'information, de conseil, de formation, de concertation et d'initiation, ouvert aux élus, collectivités territoriales, administrations, professionnels de l'acte de bâtir et aux particuliers. Il assure des missions de service public.

Participant au développement local, il rassemble le plus grand nombre de partenaires pour réfléchir et travailler sur la qualité du cadre de vie, la préservation du patrimoine, la valorisation des richesses et des particularités du département des Alpes-Maritimes.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

28/08/2011

A TOURRRETTE LEVENS : LE SITE DU CHATEAU DE REVEL

11 LES RUINES DU CHATEAU DE REVEL.jpg

 

Tout près de Nice à la sortie de l’autoroute de Nice Est, une petite route grimpe en lacets vers l’Abadie, en direction du Plan de Revel, une dizaine de kilomètres plus haut, la vue s’étend vite sur Nice, de son port jusqu’au Cap d’Antibes et l’Estérel.

Après s’être arrêté au col où débute la descente vers Tourrette-Levens, il faut abandonner son véhicule pour partir sur le chemin conduisant aux ruines du château de Revel dont les murailles quadrangulaires s’élèvent à un quart d’heure de là sur un promontoire rocheux. Louis Cappatti indique dans ses « Castra Dirupta » que « la route romaine qui traversait les Alpes Maritimes du Sud au Nord passait au Plan de Revel ». Des inscriptions funéraires et des fragments de monuments romains confirment cette hypothèse. Le site du château, situé en bordure de cette voie, dut servir à l’implantation d’un castellaras ligure avant d’être un poste d’observation romain.

La première mention du château date de 999, lorsque Roger Miron, vicomte de Nice, premier seigneur de Tourrette-Levens et son épouse Odile lèguent à l’Abbaye de Saint Pons le vaste domaine situé au-dessous de la « place forte » de Revel et qui correspond précisément au territoire de l’Abadie (il en a conservé la toponymie dérivée d’Abbaye).

La crainte de la venue de l’an mil et de la fin du monde entraîne les seigneurs vers ce type de legs pour garantir la protection de leur âme.

Roger Miron, chef de guerre local, possesseur d’un immense domaine et compagnon de Guillaume le libérateur qui vient de bouter les Sarrasins hors de Provence, redoute l’apocalypse prophétisée pour l’an mil. Un effroi devant l’inconnu est certainement à l’origine de cet acte de générosité.

A quelques jours de l’échéance fatale, il fait don de ses terres aux moines de Saint Pons, à charge pour eux de prier pour la sauvegarde de son âme.

Le manuscrit original, recopié et conservé dans le chartrier de l’Abbaye reconstitué par Caïs de Pierlas, indique encore : « Moi, Miron et mon épouse Odile qui avons les mêmes pensées au sujet de la miséricorde de Dieu et craignons le jour du Jugement … Nous faisons don au monastère, c’est le quart du domaine que l’on appelle Roc Saint André. »

Le castrum de Revel est attaqué et détruit par les Laugier durant la guerre qui porte leur nom, Revel vit alors son territoire absorbé pour l’essentiel par Châteauneuf. Il sera fait mention du château détruit, dans l’Enquête de Charles 1er d’Anjou en 1251-52 ; sa destruction est donc datable du début du XIIIème siècle. Aujourd’hui ne subsistent que les vestiges du logis et des courtines.

La tradition veut que les hommes du château de Revel soient à l’origine de la destruction d’un village primitif nommé « le Poët » qui précéda celui de Clans dans la vallée de la Tinée.

Les gens du Poët accusés d’avoir commis de graves excès furent tous passés au fil de l’épée.

Le fief de Revel comprenait les trois quarts de Saint André (l’Abadie) et le quartier de Tourrette appelé Revel. Ce fief après avoir appartenu aux « vicomtes » de Nice puis aux Châteauneuf passa aux Chiabaudi, leurs héritiers, les Peyrani, le cédèrent aux Thaon en 1687, ce quartier fut alors érigé en fief comtal par la Maison de Savoie. Les Thaon de Revel en perpétuent le nom.

Anecdote :

Une légende tenace entoure les ruines sévères du castel de Revel.

« Château des voleurs »,  si les voleurs ont disparu, bien peu de choses nous restent de cette austère construction. Les Tourrettans l’appelle encore le « Château du Diable » nous plaçant déjà aux portes de l’étrange. En face, à Falicon où  l’on aperçoit le plus grand pan de mur, on le traite irrévérencieusement de « Capelette » (petit chapeau) car ce fut une immense bâtisse. On ne saurait mieux comparer le château du Plan de Revel, c’est cette fois son identité officielle, à celui de Montségur, la citadelle cathare tout aussi gâtée par le mystère.

Ce dernier nom de Revel se rattache à l’une des plus anciennes familles nobles du comté de Nice – les Thaon de Revel – qui s’illustrèrent à la tête des armées de la Maison de Savoie aussi bien pendant les guerres contre-révolutionnaires de 1792-96 que durant la seconde guerre mondiale.

Comme Montségur, la demeure des Revel s’implante sur une terrasse naturelle en forme d’éperon allongé. Du château du Diable, il ne subsiste qu’un angle encore imposant et quelques morceaux de murailles fort épaisses, mais rasées presque au sol.

Si certains chercheurs n’ont pas craint de découvrir à Montségur un immense calendrier astronomique, nous nous garderons bien de les suivre à Revel. Bien que ces ruines, assez fantastiques et malaisées à atteindre, indiquent que le bâtiment était lui aussi construit en à pic sur toutes ses faces et approximativement orienté comme le célèbre temple, refuge de la foi cathare.

Notons que l’Histoire confirme la présence des Albigeois dans la Provence orientale, zone carrefour, située au XIIIème siècle entre les colonies du Languedoc et celles de l’Italie du Nord, voisine du monde bogomile à l’origine de la nouvelle religion.

Romée de Villeneuve, sénéchal de Provence, fut dans l’obligation de lutter contre les hérétiques. Venant d’Italie ou chassés du Languedoc par la croisade des barons du Nord, les Cathares s’installent dans la région, principalement à La Gaude. Une église est installée et nous trouvons mention d’un évêque cathare.

Bientôt, l’Inquisition s’en mêle, ses archives de Lombardie à Milan font état de quatre « brûlements » à Vence, au lieu-dit l’Enfer, en présence de l’inquisiteur de Nice, frère Giacomo et  de l’évêque du lieu, le 19 juillet 1241. Il en sera de même à La Gaude et à Gattières. Les bûchers purificateurs s’allumeront plus tard à Péone et à Sospel pour anéantir les derniers Albigeois venus s’y réfugier.

Mais là ne s’arrête pas le mystère du château du Diable (pourquoi ce nom synonyme d’hérétique ?). La tradition, reprise par des ésotériques contemporains, affirme qu’un fabuleux trésor est caché sous ses amas de pierres. Voici environ une soixantaine d’années, un curieux personnage mobilisa les cultivateurs du Plan de Revel pour en assurer la recherche. Après quinze jours de fouille, il s’avoua vaincu et reparti sans le fameux pactole.

En fait, tout le quartier proche du château conserve une auréole de mystère. Au pied du promontoire, près du col, deux bâtisses ruinées couvertes de ronces sont toujours désignées sous le nom de « Maison des Barbets » . Avant l’ouverture récente de la route dans les gorges du Paillon, l’ancienne voie antique pour se rendre de Nice à Levens passait à la « colle de Revel ». Chemin parcouru de tout temps par les caravanes de voyageurs et de commerçants attendus là, sans doute par les terribles Barbets, à l’époque trouble de la Révolution française.

Les vieux se souviennent, qu’avant la première guerre mondiale, des paysans découvrirent des restes macabres en labourant les champs de vignes proches des deux bâtiments. Au total, près d’une cinquantaine de squelettes furent exhumés rangeant les « Maisons des Barbets » au nombre des sinistres « auberges rouges ». Quel trésor se cache encore en ces lieux chargés de présence ? Celui des Cathares pourchassés comme hérétiques ? Ou celui des Barbets détrousseurs de voyageurs ? « Château du Diable » ou « des voleurs », le « Montségur niçois » dissimule encore une large part de ses mystères.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

 Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

 Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

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