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14/06/2006

LES SECRETS DU PAYS D'AZUR

LA CHASSE AUX TRESORS

(2ème partie)

 

 

  Nombreux sont les lieux qui ont été fouillés par les chercheurs de trésors: ruine de vieux châteaux et de villages désertés, voisinage d'antiques murailles écroulées, grotte et souterrains profonds, parcelles de champs abandonnés bordant une grange oubliée, lisière de bois. D'après un vieil usage, on ne manquait jamais de mettre quelques pièces de monnaie sous les fondations d'une maison, et de préférence, des pièces portant une croix. On supposai que les lointains seigneurs, fidèles à cette coutume, avaient déposé de généreuses offrande sous la pierre angulaire de leur château.

Très souvent, on a trouvé un peu partout une marmite remplie de pièces ancienne d'or et d'argent: une «pignata d'or» ! Ces marmites en terre, dissimulées dans les murs de caves au milieu des pierres taillées et maçonnées, ne pouvaient être décelées que par le son creux qu'elles émettent sous un choc. Ces découvertes fortuites ont stimulé les chercheurs qui se sont empressés de consulter les oracles pour connaître l'emplacement des éventuel trésors. On a ainsi exhumé des magots là où on s'y attendait le moins: dans des terres depuis longtemps en friche, au milieu d'un bois, en arrachant la souche d'un olivier, en creusant un fossé, en traçant une route. On a trouvé plusieurs de ces «pignata» dans les ruines de Châteauneuf de Contes, dans celles de Roccasparvièra (au-dessus de Coaraze), dans divers quartier champêtres et déserts d'Utelle, de Duranus, de Coaraze, de Tourette, de Lucéram.

A la Tour sur Tinée, on en a exhumé au col de Sainte Elizabeth, au quartier Monégas, de l'Arène, du Sardariout... En 1904 à Clans, un ouvrier travaillant au tracé de la route forestière dans le ravin du Mounar déterra un ensemble de bracelets, de broches et autres bijoux datant de l'âge du bronze. Dans chaque vallée, on a mis à jour des vases remplis de monnaies datant de l'occupation romaine et des marmites contenant des pièces moins anciennes.

Carrefour à 1 'Histoire mouvementée, le Pays d’Azur a connu les invasions barbares, des siècles d'incursions sarrasines et le passage de nombreuses armées en campagne. A l'approche des troupes ennemies, pendant ces longs siècles d'insécurité, les villageois cachaient leur argent, leurs biens les plus précieux dans quelque coin inculte du sol ou dans un endroit peu soupçonnable de receler un trésor. Longtemps errèrent dans le pays des bandes de brigands. Pendant une vingtaine d'années, les pillages des Barbets du type bandit, qui succédèrent aux patriotes des premières années de la Révolution, menacèrent les populations rurales. Ces hors-la-loi razziaient le pays, dévalisant les voyageurs, s'introduisant la nuit dans les fermes pour exiger des sommes d'argent sous menace de mort. Ils arrêtaient les courriers des armées, enlevaient la caisse du trésor. Ils enterraient ensuite leur butin dans un bois, dans une caverne, sous les décombres d'une masure, dans un endroit repéré où ils espéraient plus tard le reprendre. Nombre d'entre eux furent arrêtés, exécutés, disparurent sans avoir récupérer leur dépôt. Seul le hasard permettra un jour de retrouver, au cours de travaux, ces caches pleines de pièces d'or.

Il arriva plus rarement qu'un Barbet arrêté put faire connaître à l'un des siens l'emplacement du trésor. Ainsi l'un d'eux, condamné à mort par un tribunal révolutionnaire put recevoir la visite d'un parent la veille de son exécution. Se sachant perdu, il lui indiqua l'endroit où se trouvait une marmite d'or, à Tourette, au pied du mont Chauve, au quartier l'Ubac, près du moulin à huile, sous un poirier, à cinquante pas de la porte d'entrée du moulin, à huit «pans» (2 m) de profondeur. Au lieu indiqué, le parent trouva en effet le trésor. Il eut garde d'en parler. Cette aubaine donna l'aisance à sa famille.

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11/06/2006

LES SECRETS DU PAYS D'AZUR

            LA CHASSE

     AUX TRESORS (1ère partie)

 

  De tout temps, l'homme a rêvé trouver un trésor qui mettrait fin à sa misère croyant que dans le sol dorment inutilement des magots insoupçonnés. Paul Arène a symbolisé cette conviction des populations provençales dans son conte «La chèvre d'Or». L'auteur l'a rencontrée près de Vallauris sur le plateau des Encourdoules «semé d'étranges ruines et d'où la vue s'étend si belle par delà les bois d'orangers». Il aurait pu tout aussi bien la croiser en de nombreux autres lieux du Comté de Nice. Sur la côte comme dans les vallées, la tradition veut en effet qu'un trésor mystérieux soit enfoui quelque part dans la terre.

Depuis l'Antiquité, une chèvre d'or ou un veau d'or serait caché près du col d'Eze et du mont Pacanaglia sur le plateau de Sembola en bordure de la célèbre voie héracléenne. Selon la légende, les Sarrasins auraient eux aussi enterré une chèvre d'or, plus près de Nice vers les Quatre-Chemins. Les Infidèles auraient caché divers trésors dans la région de Menton: dans la ville même, à la tour Valetta, à Saint Roch, à l'Ubac Fossan, sur la route de Menton à Sospel (à Monti), sous les ruines de la chapelle Saint Pancrace près de Gorbio, à la Madonnette et au col de Peille...

La légende de Saint Hospice reflèterait une tradition analogue. Les Lombards croyaient que le vieil ermite gardait jalousement un trésor caché dans la presqu'île de Saint Jean. Pour le lui faire avouer, ils posèrent sous ses pieds des barres de fer rougies au feu. Comme l'ermite se contentait de prier, un barbare leva sa hache sur la tête du vieillard et son bras se raidit.

On a cru longtemps qu'un fabuleux trésor gardé par des esprits gisait dans le souterrain de l'antique château d'Ascros. Nul n'avait jamais osé s'y aventurer jusqu'en 1793, où des soldats de la Révolution se moquant de ces superstitions firent sauter l'entrée à la dynamite. Après avoir déblayé l'accès, ils visitèrent les galeries et ne trouvèrent qu'un énorme tas de blé calciné. Sans doute la provision de grain du seigneur Grimaldi, atteinte en 1621, lors de l'incendie du château d'Annibal par les troupes de Savoie.

Les vieillards de Bairols transmettaient à la veillée la croyance d'un trésor caché dont la découverte tirerait la population de la misère.

«Un jour, annonçaient-ils, une fleur rouge se montrera au bout d'une tige, sortant d'un de ces tas de pierres qui bordent les champs, pour révéler la présence d'un trésor enfoui à cet endroit».

L'historien Bouche rapportait l'aventure d'un gentilhomme provençal, venu prospecter à Cimiez dans la propriété de Jean Baptiste Gubernatis sur les conseils d'un sorcier niçois: «Après avoir fait ses invocations, le magicien fut vu emporté en l'air, bien battu et entendu pleurant avec de grands cris et lamentations. Finalement remis à terre, il fut vu par deux assistants tout livide sur sa personne et tout meurtri de coups, détestant ses charmes et ses invocations».

Au-dessus de Villeneuve d'Entraunes, au sommet de la colline qui porte la chapelle Sainte Marguerite apparaissent les traces d'un ancien château féodal. C'est là, dans la marne noire, au pied de la tour carrée, que reposerait oublié mais protégé par le fantôme de son propriétaire, le trésor de guerre en pièces d'or d'Archimbald d'Abzac capitaine des «Grandes Compagnies». A la tête d'une de ces bandes de mercenaires, d'Abzac vint semer la mort et la désolation dans la région depuis sa lointaine Gascogne. Son repaire, installé dans la Bastide en contrebas de la chapelle, permit à ce brigand sanguinaire et féroce de piller et ravager le Haut Var de Guillaumes à Entraunes. Enfin capturé par les troupes provençales du Roi René en 1446, Archimbald d ' Abzac aurait avoué au bourreau venu le pendre:

«Se me fas gaïre soffrir lou trésor es a tu, damoun a Villanova au pen de la tourre au soun de la couola» ( Si tu me fais peu souffrir, le trésor est à toi, là haut à Villeneuve, au pied de la tour, au sommet de la colline ).

Dans quelles souffrances le terrible capitaine rendit son âme noire ? ... Seul son fantôme peut nous répondre.

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07/06/2006

AVEC LES "BARBETS" AU TEMPS DE LA REVOLUTION

SAUVAGES ET HEROIQUES

 BARBETS (4 ème partie)

 

Mais plus l'on sévissait, plus les Barbets frappaient dans l'ombre.

Ils continuèrent leurs scélératesses en 1795 et conspirèrent même contre les jours de Kellermann. Le vainqueur de Valmy , montant en voiture la pente escarpée qui conduit sur les hauteurs de l'Escarène, au même endroit où Sallicetti avait failli périr, entend le sifflement d'une balle qui traverse la portière et effleure son front. L'aide de camp s'élance aussitôt, et le pistolet à la main court aux brigands, et aidé de ses hommes, il parvient à en arrêter trois, qu'on expédia bien vite...

«Pour en finir, on forma des meilleurs tireurs et des gens les plus décidés une troupe de chasseurs qui eurent pour chef le Corse Albertini, et dont le quartier général fut à Lantosque. On mit de nouveau à prix la tête des Barbets. C'est ainsi que nous lisons sur les registres de Belvédère 50 fr. de gratification à Joseph Castelli de Belvédère pour avoir tué de sa main le Barbet, Otto de Lantosque. Le maire de Lantosque écrit au juge de Coni que le Barbet Salari, dit Renard, poursuivi par ses gardes nationaux, s'est réfugié dans sa province. Grasse, Saint-Paul, Puget-Théniers, tous les districts en 1795 font la chasse aux Barbets.» Parmi les chefs de bandes, un des plus fameux Charles Christini de la Vésubie se livra à toutes sortes d'exactions, faisant trembler les habitants de la vallée par le seul énoncé de son nom. Passé plusieurs fois au travers des mailles du filet, il revint à la fin de la guerre à Roquebillière pour y terminer une existence paisible et s 'y éteindre en 1844. Sur ses vieux jours, il se vantait encore avoir tué plus de Français qu'il n'avait de cheveux sur la tête! On affirmait alors qu'il avait enfoui des trésors dans le vallon d'Espagliart, malheureusement perdus à cause des crues.

Dans les villages de la montagne, de nombreuses familles se flattent encore aujourd'hui d'avoir eu comme ancêtre un de ces terribles Barbets, défenseurs en leur temps des valeurs traditionnelles du Pays de Nice.

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