24/06/2006
VILLAGES FANTOMES
MYSTERIEUX VILLAGES
DISPARUS ( 2 )
Plus étonnants vont être les villages médiévaux abandonnés au profit d'un village plus moderne. Des textes permettent parfois de suivre cette migration. Roccasparvièra, «la Roche de l'Epervier», (situé à une trentaine de kilomètres au nord de Nice et à 3 kilomètres au nord-ouest de Coaraze) dresse ses ruines confondues à la roche grise dont elle émane à 1100 mètres d'altitude, au-dessus du col Saint Michel reliant les vallées de la Vésubie et du Paillon. Ce village fantôme porte l' empreinte de légendes sanglantes, où curieusement le crime se mêle à l' anthropophagie dans un contexte de vengeance. Au Moyen Age, ce lieu sera maudit par la Reine Jeanne, après l'assassinat de ses enfants servis au repas du réveillon de Noël 1357. Plus tard, pendant les guerres de la Révolution, de sauvages Barbets, réfugiés dans ses ruines, feront manger à des soldats le cœur de l'officier meurtrier de leur père.
Véritable nid d'aigle ou plutôt d'épervier selon son nom, le village, dominé par les restes de son château, s'accroche sur une crête rocheuse surveillant le col, passage obligé d'une voie intervallée empruntée depuis les origines de l'humanité. Pour l'atteindre aujourd'hui à partir des routes modernes, il faut compter une bonne heure de marche, au départ du hameau de l'Engarvin au nord de Coaraze ou de Duranus.
Une cinquantaine de bâtisses ruinées s'entassent dans une enceinte, avec les traces d'un four et d'une citerne. Seule subsiste intacte, sur une plate-forme au sud, la chapelle Saint Michel, restaurée en 1924 sur les restes de la paroissiale.
La découverte de céramiques et de tuiles romaines atteste d'une occupation des lieux dès cette époque, probablement poste de guet. On y a même trouvé un silex taillé et une hache en serpentine verte polie, qui repoussent la fréquentation du site à des temps plus lointains (néolithique ).
Roccasparvièra pénètre pour la première fois dans I 'Histoire dans deux chartes du XIIème siècle, recensant les paroisses dépendantes de l'évêché de Nice, on y dénombre 15 feux en 1264 (environ 86 habitants).
En 1271 , l'église paroissiale est déjà dédiée à Saint Michel, pourfendeur du démon, exorciste des lieux élevés, remplaçant souvent une divinité païenne de la montagne. A la même époque, profitant de la faiblesse du pouvoir central, le premier seigneur augmente son autonomie avant d'être soumis brutalement comme d'autres feudataires de la région.
Le fief est confisqué en 1230 et racheté partiellement en 1239 par Guillaumes Richieri (Riquier), sans l'approbation de Raymond Béranger V. L'enquête de Charles 1er en 1251 recense les droits et revenus du village avec exemption de corvées.
Le 6 mars 1271, un des membres de l'illustre famille niçoise des Riquier prête hommage au souverain, ils seront coseigneurs de Roccasparvièra avec un certain Faraud en 1309. Un état des feux de 1316 en attribue 26 à Roccasparvièra (67 à Coaraze), soit environ 150 habitants.
Une acquisition progressive du fief par le domaine royal devient définitive en 1351. Cette année là l'église rapporte 14 sols de bénéfice au diocèse. Huit ans plus tard, Pierre Marquesant rachète la totalité du fief pour 700 florins d'or.
C'est à cette époque que se situe l'invraisemblable légende de la Reine Jeanne, succédant à son grand-père Robert à la tête de la Provence en 1343. Chassée de Naples, contrainte à se réfugier dans son comté de Provence, elle erre de Nice à Roccasparvièra poursuivie par ses ennemis. La pieuse reine s'en absente la nuit de Noël 1357 , pour assister à la messe de minuit à Coaraze. Profitant des circonstances, on saoule l'aumônier, tue ses enfants pour en confectionner un plat, servi au retour de la reine. A la nouvelle qu'elle vient de manger le fruit de ses entrailles, elle s'enfuit comme une folle en hurlant des imprécations contre ce lieu maudit où s'est accompli un aussi abominable forfait: «Rocca rouquina, rocca malina, un jou vendra que su la tieù cima, cantera plus ni gai ni galina» (Roche rouge, roche méchante, un jour viendra où sur ta cime ne chantera plus ni le coq ni la poule).
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20/06/2006
VILLAGES FANTOMES
MYSTERIEUX
VILLAGES DISPARUS ( 1 )
Perdues au milieu des herbes folles, les ruines de villages abandonnés se dressent par dizaines sur les collines du Pays niçois. Le mystère de leur disparition trouble encore plus d'un spécialiste.
Plus on recule dans le temps, plus les circonstances de l' abandon restent obscures. Pour ceux datant de la préhistoire ou de la protohistoire, on avance des raisons d'ordre climatique, changeant un paysage vert et boisé en un autre plus désertique et minéral. La dégradation du climat, passant du frais et humide au chaud et sec au cours des derniers millénaires avant l' ère chrétienne, serait la cause essentielle de cette brutale transformation. L'abondance des troupeaux de chèvres et d'ovins aurait fait le reste. Ces villages en forme d'enceintes à gros blocs souvent appelés «castellaras» * ne sont pas toujours urbanisés. Seuls deux exemples présentent des «rues» se coupant en angles droits, bordées de murs bien alignés: la Troubade, en bordure du plateau de Cavillore sur la commune de Gourdon et la Clapissa sur les pentes occidentales du Mont Agel.A l' époque romaine, avec le retour de la sécurité, des villages ouverts s'installent dans les vals fertiles, à proximité des points d'eau, mais cette paix sera de courte durée. Dès le Moyen Age, le choix d'un site inaccessible et protégé par un promontoire regroupe les habitants qui évacuent les sites antérieurs trop exposés. Auvare, Tournefort, Bairols, ont connu cette migration prudente. Lorsqu'ils apparaissent dans l 'Histoire, ils existent déjà blottis au pied de leur château-fort et entourés d'enceintes protectrices. Les abandons de ces premiers villages, échelonnés du Vème au XIème siècle seraient liés à une menace extérieure: Barbares du Vème siècle, puis Sarrasins, ne craignant pas de s'infiltrer jusque dans les Alpes. Parmi les villages nés de cette reconstitution depuis un village romain citons: le Cros d'Utelle, Gars, la Penne, Utelle, Villeneuve-Loubet, Eze, Peille, Levens, Duranus et Clans.
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17/06/2006
LES SECRETS DU PAYS D'AZUR
LA CHASSE AUX TRESORS (3ème partie)
Que d'arpents de terre inculte, que de décombres de manoirs féodaux et d'antiques monastères furent fouillés au siècle dernier ! «Il ne se passe guère d'années sans que quelques amateurs essaient de faire tourner la verge de coudrier dans le vieux cimetière, autour de la fontaine. Ils ont, ces enragés, avec leurs pioches et leurs pics, aux trois quarts démoli la chapelle et sacrilègement retourné les os des ermites qui dorment là» écrivait déjà Paul Arène à propos de la vieille chapelle de la famille Gazan. Depuis, les prospecteurs, armés de détecteurs de métaux, ont affiné la quête de ces premiers chercheurs. Dans les ruines imposantes de Châteauneuf, on a sondé à coup de pioche toutes les murailles, éventré tout ce qui sonnait creux, retourné les dalles et les pavés, ravagé les voûtes épaisses et les citernes. On a fouillé de même les ruines du vieil Aspremont, les premiers villages de Roure, de Roubion, les souterrains St Dalmas de Valdeblore, les balmes de Vence, Peille et Sauze où les populations emportaient leurs biens pendant les invasions. Seul espoir pour les contemporains, les villages abandonnés loin des routes, perdus au fond des vallées où les heures de marche se comptent sur les doigts de la main!
Jusqu'à notre époque triomphante de l'électronique, pour percer le secret du sol, les audacieux interrogeaient les sorcières: les «masca». Celles-ci, grâce aux pouvoirs concédés par les «esprits malins» et aux incantations magiques, pouvaient faire apparaître dans un seau d'eau, un miroir, une poêle remplie d 'huile, des images de personnes et de lieux. Ainsi entrevu, l'endroit où gisait le trésor n'avait plus qu'à être fouillé. Mais le plus souvent, le hasard dictait sa loi. Tel ce paysan qui, plantant une vigne, heurta de sa pioche une amphore pleine de deniers des Césars. Ou encore ce terrassier de Menton qui éventra un tombeau romain, décapitant le cadavre à son insu. Dans les nuits qui suivirent, une dame drapée de blanc erra comme un fantôme au-dessus de la tranchée portant sa tête sous son bras.Une nuit de printemps 1885, des jeunes gens, accompagnés d'un sorcier, escaladaient au clair de lune un contrefort du Mont Férion près de Bendejun, à la recherche d'un trésor enfoui par les Barbets. A minuit la baguette de coudrier vibra, se mit à tourner indiquant au sorcier l'emplacement de la marmite d'or. Après avoir déblayé les pierres, ses compagnons creusèrent la terre meuble alors que tout autour affleurait le rocher. Le sorcier descendit dans la fosse où la baguette vibrait de plus en plus fort confirmant les indications. Alors que le groupe se rassemblait dans le fond, une grêle de cailloux tomba du ciel. Epouvantés les jeunes gens s'enfuirent abandonnant pelles et pioches. Le lendemain le sorcier consulta la «masca» du village qui interrogea ses esprits familiers. La réponse fut simple: «Le trésor existe mais vous ne pouvez pas le prendre !». La vérité sur cette mésaventure fut connue plus tard; avertis de l'entreprise, d'autres jeunes de Bendejun les avaient suivis à distance avant de les assaillir de cailloux. Le trésor n'a pas été recherché depuis... Quant au sorcier, il a consacré sa science à détecter les sources, estimant que la poursuite des trésors réclamait trop de «tension nerveuse».
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