03/12/2006
SUR LES TRACES DES PREMIERS HOMMES
ENTRE VENCE ET NICE
LES PREMIERS HABITANTS DE LA GAUDE
A la lumière des découvertes archéologiques faites sur le vaste territoire de la commune de La Gaude, il apparaît que la fréquentation humaine des lieux remonte aux premiers âges de l’humanité.Les indices initiaux débutent dans les stations de plein air du bassin de la Cagne (Vence, La Gaude, Saint Jeannet) qui ont été fouillées par A. Mellira (Institut de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes), dans les années cinquante. Comme tous les gisements de surface, ils comprennent des pièces qui, typologiquement, s'étendent du Paléolithique moyen au Néolithique. Toutefois, la prédominance du Méso-Néolithique est nette, notamment dans la région de Vence : lamelles, petits burins d'angle, tranchets campigniens. La céramique est en général grossière: type des camps.
Pour mieux dater ces stations précisons que le Paléolithique, littéralement « époque de la pierre ancienne », est un terme utilisé par les préhistoriens dans un sens chronologique.
Le Paléolithique moyen se situe de 200 000 ans environ à 35 000 ans avant notre ère et couvre le Tayacien, le Micoquien et le Complexe moustérien.
Le Néolithique plus proche de nous se situe environ 6000 ans avant notre ère.
Dans son rapport du 26 avri1 1983, la direction Régionale des Affaires Culturelles a mentionné un certain nombre de vestiges découverts sur notre territoire communal de La Gaude.
C'est ainsi que figurent :
a) au titre des antiquités préhistoriques.
- "La Carrière du plateau de La Gaude"a fourni du mobilier métallique, du bronze ancien (hache), ainsi que des vestiges d'habitat sur le plateau et les bancs voisins (Palausi - SPF 1973).
b) au titre des antiquités historiques.
- "Les Bastides". Chemin de la Baronne: Deux urnes funéraires avec inscription et un fragment de poterie sigillée.
- Prés du Château de La Gaude: contrepoids de pressoir.
- "La Baronne" : des vestiges gallo-romains.
Le fait de l'occupation romaine est attesté d'une manière tout aussi évidente par les traces de deux voies de communication.
La voie romaine principale, (voie Julia-Augusta) quittant Cimiez, remontait vers le Ray (aujourd'hui quartier nord de Nice), le col de la Serena et Saint-Roman de Bellet, pour passer le Var à la hauteur de Saint-Sauveur, lieu qui sera plus tard consacré comme gué (Saint-Christophe) et christianisé.
Ce gué de Gattières, sur la rive droite, a donné des tombes, des restes de voie et peut-être les vestiges d'un sanctuaire.
De Gattières à Saint Jeannet, la voie est presque intacte: elle passe au pied de l'actuel château de La Gaude, chargé quelques siècles plus tard de surveiller le passage du Var situé à l'est.
A cet emplacement, selon Tisserand, les Romains avaient élevé un poste militaire. Il est à remarquer, en effet, que les fondements du château sont de construction différente du reste de l'édifice et paraissent avoir été les bases d'un ouvrage romain, sinon plus ancien.
L’itinéraire de cette voie vers Vence se poursuit après les Quatre Chemins pour traverser la Cagne en contre-bas et suivre le tracé de l’ancienne voie ferrée du Chemin de Fer de Provence.
M.C. Grassi, dans sa thèse « Les voies de Communication en Provence Orientale de l'époque romaine à la fin du XVIIIème siècle » (1970), précise que la principale voie romaine du littoral, de Plaisance au Var, porte le nom de Via Julia Augusta, attesté par les « milliaires », sa construction remonte en 13 avant J.C.
En 117, Hadrien fait restaurer la Via Julia et planter de nouvelles bornes, en 211 Caracalla fera de même.
A l'ouest du Var, les milliaires ne portent plus d'appellation, le nom de Via Aurelia ou voie aurélienne, n'a pas valeur originelle. Il sera donné plus tard par analogie avec la route venant de Rome par les côtes tyrrhéniennes et liguriennes qu'elle continuait.
La voie aurélienne, qui reliait Rome à la Ligurie par Pise et Gênes, fut par la suite prolongée jusqu’à Antibes, Fréjus et Aix. Cette voie postérieure à la voie Julia est attribuée à Aurélius Cotta censeur de Rome.
Selon cette étude les incertitudes subsistent sur le tracé exact de la voie à l'ouest du Var et des fleuves côtiers, que seules des fouilles ultérieures pourraient vérifier.
Au-delà de Saint Jeannet, la voie Julia Augusta atteignait ensuite Vence d'où l'on pouvait remonter sur Castellane et Digne ou redescendre vers Antibes par Cagnes et Biot.
.Signalons que lors du règlement de janvier 27, intervenu entre Auguste et le Sénat, l'ancienne province Transalpine était devenue la Narbonnaise, province impériale jusqu'en 22, sénatoriale depuis. Le Var formait, à cette époque, la frontière entre la Narbonnaise et 1'Italie. La numérotation des milliaires confirme ce que les textes nous apprennent. Les milliaires qu'Octave Auguste fit placer sont numérotés en partant de Rome jusqu'au Var. Passé le fleuve, la numérotation change.
Une seconde voie romaine, de caractère secondaire, empruntait l’itinéraire précédent sur la rive gauche, avant de traverser le Var au gué de la Baronne.
De là, elle se dirigeait vers l’actuel village de La Gaude par la baisse du Pilon, après avoir parcouru le tracé de l’actuel chemin Allo Marcellin. Elle suivait ensuite le chemin des Ambonnets, puis celui de la Garbasse, pour devenir ensuite la bien nommée Voie Romaine.
Après avoir rejoint le Trigan, elle prenait l’ancien chemin de Vence pour plonger vers la Cagne qu’elle franchissait sur un pont encore visible, avant de rejoindre Vence, par le quartier de Vosgelade.
Un magnifique sarcophage romain borde aujourd’hui cette antique voie, après sa réhabilitation. Il est visible un peu avant le centre culturel de la Coupole.
Les historiens locaux ayant cité à la Baronne, au quartier Sainte-Pétronille, une pierre écrite formant l'escalier de la maison Euzière (vers 1900) nous avons essayé sans succès de la retrouver. Tisserand en parle dans ses études sur Vence et Nice.
E. Blanc l'a examinée et déclarée fausse. Son inscription partielle pouvait laisser croire à un autel dédié au dieu Hermès.
En voici la transcription partielle indiquée par la Forma Orbis Romani.
Blanc: Tisserand: (Vence)
ENNE AMAS-SPES
RMAE SPES CIVIOM
CIVIVM
AIAIDV
Tisserand: (Nice)
////////
///HERMES
///SPES
CUVIOMI///
D’après « Les Histoires et Légendes de La Gaude », pour commander cet ouvrage tllustré et dédicacé de 10 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.
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27/11/2006
LES TRESORS DES TEMPLIERS DANS LES ALPES MARITIMES
Qui n’a pas rêvé de chasse au trésor, de ces trésors cachés, oubliés au carrefour du passé ?
La tradition populaire en relie à chaque période troublée de l’histoire des civilisations, de sorte que certains, comme celui des Templiers, hantent indéfiniment l’imaginaire collectif.
Le trésor des Templiers est recherché un peu partout en France, selon Didier Audinot, auteur du célèbre « Dictionnaire des Trésors » qui s’est fait une spécialité dans ce type de recherche, il serait encore caché en Champagne.
En effet, la persécution de l’Ordre dans sa soudaineté, n’aurait pas permis aux commanderies de faire remonter leurs valeurs jusqu’à la Maison Mère de Paris, comme le leur ordonnaient les Grands-Maîtres.
Certaines de ces richesses seraient peut-être encore enterrées quelque part, aux alentours des principales places templières, à moins qu’elles aient été depuis discrètement découvertes, n’oublions pas que la chasse au trésor des Templiers a commencé dès 1307.
Il n’est donc plus question d’un unique trésor, mais de plusieurs magots, disséminés sur l’ensemble du territoire national, Provence comprise.
Nous verrons que dans les Alpes Maritimes, les histoires de trésors templiers les plus passionnantes ont pour cadre les ruines de la commanderie de Vence, les souterrains de l’ancien château de Nice et les hauteurs sauvages de la vallée de l’Esteron.
Dans un ouvrage antérieur : « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », nous recensions les pistes les plus crédibles qui font de la Côte d’Azur, une région où les richesses ne sont pas qu’apparentes, mais souvent secrètes et enfouies dans son sol depuis des siècles.
Les prospecteurs actuels, très organisés, armés de détecteurs de métaux ultrasensibles, de photos satellites et de caméras à infrarouge, arpentent inlassablement forêts, châteaux, abbayes, fermes, caves, cimetières et ruines, à la recherche du moindre indice.
La chasse, au-delà de la mise en œuvre de ces moyens sophistiqués, s’élabore parfois au départ, sur des données totalement irrationnelles où l’Histoire se mêle à la légende.
Certaines traques naissent même de songes prémonitoires ou de contacts supposés avec l’au-delà (!) où quelques Templiers prévenants, visiteurs dévoués, se proposent pour orienter la recherche, en délivrant des messages sibyllins.
Nombreuses sont les rencontres extraordinaires de ce type, mêlant les fantasmes hallucinés d’une quête hasardeuse où le chercheur reste évidemment sur sa faim.
Si les Templiers troublent par leur réputation d’hommes secrets, leurs trésors cachés contribuent à épaissir encore davantage la part de mystère qui les entoure.
Le Temple s’est vu prêter une tradition occulte et des ressorts ésotériques, particulièrement évoqués par les historiens du XIX ème siècle, dans l’atmosphère du Romantisme et plus près de nous dans les années soixante dix, avec le courant du Réalisme Fantastique.
Aujourd’hui, beaucoup plus concret, L. Dailliez affirme à ce sujet : « Il n’y a aucun mystère qui reste entier ou à moitié ou au tiers. Les mystères des Templiers existent mais ils ne sont pas ceux qu’on a voulu nous mettre sous les dents, car ceux-ci ne tiennent pas debout et s’écroulent au moindre coup de vent et toutes les théories s’effondrent les unes à la suite des autres. Les Templiers ne cachèrent jamais leurs secrets…On a voulu compliquer les Templiers par de pseudo-règles, des hiérarchies secrètes qui n’ont jamais existé nous en avons les preuves flagrantes ».
Régine Pernoud dénonce également «l’hermétisme » et «l’ésotérisme de pacotille » dans lesquels on a voulu enfermer les Templiers, ajoutant que leur «trésor » à découvrir, reste tout simplement, celui d’une exploration archéologique méthodique de leurs anciennes commanderies et des vestiges qui en subsistent.
Quant au culte secret du Baphomet, sorte d’idole adorée par les frères, les historiens ne voient dans cette appellation que la simple déformation du nom de Mahomet. Son assimilation à une sorte d’Antéchrist ferait parti du folklore du temps.
Enfin les discrétions relatives à la règle et aux réunions du chapitre n’auraient rien de mystérieux, cette démarche étant commune à tous les ordres religieux. Elle éviterait de plus, la violence qu’aurait pu faire naître, chez des hommes d’armes, la révélation de fautes dévoilées au chapitre.
Ces «mystères » écartés, la possibilité pour les Alpes Maritimes de tenir dissimulés un ou plusieurs trésors templiers sur leur territoire, reste fort possible et n’aurait rien d’extravagant.
Le contexte historique est déjà favorable à cette hypothèse, compte tenu du décalage de trois mois, séparant la rafle opérée dans le Royaume de France, de celle effectuée en Provence.
Le comté de Provence a pu servir de base arrière, de terre d’asile, voir d’abri pour accueillir ou soustraire pour un temps, les valeurs menacées par la convoitise respective des deux souverains.
C’est vers l’extrémité orientale des terres provençales, dans les Alpes Maritimes, avec ses ports et au voisinage des principautés autonomes d’Italie que pouvait s’organiser au mieux, une entreprise de dissimulation des biens les plus précieux.
De plus, si le coup de filet lancé par Philippe le Bel avait bénéficié d’un effet de surprise certain, celui opéré trois mois plus tard en Provence, laissera à l’Ordre le temps de se reprendre, en préparant un prudent repli stratégique, évitant l’arrestation massive des frères, comme la saisie de leurs valeurs
Averti, comme nous l’avons vu, le Temple avait pu organiser la fuite de ses membres et le recel de ses richesses.
Pour retrouver les cachettes probables, plusieurs pistes sont possibles, certaines fondées sur d’authentiques possessions détenues par l’Ordre restent les plus valables.
D’autres, plus aléatoires, trouveront tout de même leur place ici, pour la merveilleuse légende qui les a portées jusqu’à nous.
La commanderie de Vence, installée à la Bastide-Saint-Laurent, en situation dominante, au sommet et au bord des falaises du Baou des Blancs, surplombant la « Cité des Arts », a toujours bénéficié d’une position défensive idéale.
Sous les murs aujourd’hui écroulés, de ce qui fut l’une des cinq commanderies majeures des Alpes Maritimes, serait caché le fameux trésor du Temple. L’hypothèse prit forme, lorsque, après la seconde guerre mondiale, le chancelier allemand, Konrad Adenauer, vint régulièrement séjourner au tout proche château Saint-Martin. Erudit et grand amateur de l’histoire médiévale de l’Occident chrétien, ce haut personnage visita à plusieurs reprises les ruines de la citadelle templière du sauvage Baou des Blancs.
Possédait-il des indices sérieux pour orienter ses recherches vers ce nid d’aigle ? Son obstination nous force à l’admettre.
A Nice où le Temple possédait une importante Maison située, selon certains actes, à l’ouest de la ville, avec des dépendances intra-muros, le magot réapparaît sous le titre « Le Trésor du Malonat », dans une relation d’Alexandre Lacoste, tirée de son ouvrage « Nice et Monaco à travers les âges ». Etayée par aucune donnée historique référencée, le romanesque récit évoque les amours coupables d’un Templier nommé Guillaume Guigonis (nous l’avons rencontré à Biot) avec la fille du bailli de Nice, Bertrade d’Arlac. Les deux tourtereaux se rejoignaient la nuit venue, en empruntant les souterrains du château paternel.
Prévenus de la prochaine arrestation des Templiers, grâce à la complicité de la belle, les frères de la commanderie niçoise auraient alors transporté le trésor, en secret, dans les sous-sols du château, en profitant de la confusion du Carnaval et d’une distribution charitable.
L’or et les bijoux amassés dans la Maison du Temple, cachés ainsi dans les souterrains de la forteresse, grâce à ce subterfuge, attendraient encore les chercheurs après la disparition tragique des deux amants.
Le sous-sol de la colline calcaire du Château de Nice, percé comme un véritable gruyère, avec des galeries souterraines multiples, n’a jamais été totalement exploré. Mais au-delà d’un site propice, comment à pu naître cette passionnante histoire, soutenue par quelques éléments crédibles ?
Il est fait notamment état d’une dalle gravée des mystérieuses initiales des protagonistes, datée de 1307 qui aurait été mise au jour en 1822, lors de l’aménagement de la colline du château (?).
Reconnaissons le talent du conteur qui s’adresse aux touristes visiteurs de la Côte d’Azur, pour leur offrir une fiction historique, habillement élaborée, chargée de tout l’attrait souhaitable.
Au-delà de ce qui peut être jugé comme une anecdote fantaisiste, il faut se rappeler qu’une légende est par définition un récit merveilleux et populaire, reposant sur un fondement historique.
Dans le cas présent, le fait que les Templiers aient pu être avertis de l’imminence de leur arrestation et qu’ils aient alors dissimulé leurs biens les plus précieux, est effectivement attesté par les recherches historiques : peu de frères arrêtés et saisie dérisoire de quelques objets usuels dans les Maisons de l’Ordre.
Une légende, tout aussi passionnante, hante encore la mémoire de la pittoresque et âpre vallée de l’Esteron. C’est vers les sources de cette rivière, dans un lieu reculé que les Templiers auraient prudemment caché le butin de quelques pillages effectués en Terre Sainte. Le magot rapporté d’Orient après la chute de Saint Jean d’Acre, enfoui dans une bastide accrochée aux pentes de la montagne du Teillon, dominant le village de Solheias, devait réapparaître curieusement au XV ème siècle, dans de bien troublantes circonstances.
Peu de temps après la disparition des Templiers, en 1388, une bande de mercenaires à la solde des Duras, venue pour investir le village aux mains des Angevins, ne fut repoussée que par l’incendie de la forêt du Teillon. La bastide du Temple disparut alors dans les flammes. Ce n’est que deux siècles plus tard, qu’un berger découvrit une pépite d’or charriée par l’Esteron. Il eut la candeur de l’apporter au seigneur du lieu. Ayant deviné sans mal son origine, le baron réduisit au silence son naïf serviteur, en lui tranchant la langue. Puis ingénieux, il fit placer un fin grillage en travers de l’étroit cours d’eau, sous le prétexte d’user de son droit de pêche.
Pendant les décennies qui suivirent, la famille du hobereau s’enrichit au gré des crues, puisant l’or dans les limons du ruisseau. Un malheureux éboulement ensevelit un jour la grille et le filon, mettant un terme à la précieuse dîme prélevée sur l’Esteron.
Historiquement, la commanderie du Ruou, une des plus importantes de Provence, possédait effectivement des biens recensés à Solheias. En plus de cette certitude historique, des combats violents opposèrent en 1388 dans la vallée de l’Esteron, les fractions rivales, se disputant la succession de la Reine Jeanne.
Signalons également que l’orpaillage dans la rivière de l’Esteron, est une pratique authentifiée par la géologie.
Enfin, en 1706, la présence au château voisin de Saint Auban, du célèbre « faiseur d’or » De Lisle, venu y procéder à des expériences concluantes, explique peut-être aussi cette anecdote ?
Au-delà de ces réalités tangibles, s’installe là encore, la part de la légende, tissant le thème de cette attrayante histoire, depuis des pistes où la recherche de l’or semble avoir toujours préoccupé cette haute vallée perdue des Alpes Maritimes.
Comme la tradition ne prête qu’aux riches, la chapelle de Vérimande, édifiée en 1130 par les Templiers, à proximité d’Annot, aurait possédé une cloche d’or qui carillonnait agréablement pour appeler les frères à leurs dévotions.
La tour voisine, dite des Templiers, serait reliée à la chapelle par un souterrain qui recèlerait encore la précieuse cloche, ainsi que bien d’autres richesses ! Nous verrons qu’Annot accueillit une importante communauté templière sur le domaine de Vérimande, avec une Maison mère au Fugeret et des dépendances à Méailles, Braux et Saint Benoît.
Tout aussi fabuleux, mais sans fondement sérieux, signalons les cachettes templières souvent citées de Vallauris, La Gaude, Falicon, Utelle, Toudon, Saint Martin Vésubie et Saint Martin d’Entraunes.
Le territoire de Vallauris est cédé en 1038 par l’évêque d’Antibes, à l’Abbaye de Lérins qui y conservera ses droits jusqu’au XVIII ème siècle, excluant de ce fait toute présence de l’Ordre du Temple en ces lieux. Il est donc improbable que puisse s’y cacher un trésor templier.
A La Gaude, la chapelle Saint Pierre appartenait aux moines de Lérins dès le X ème siècle et le château voisin construit en 1280 par Pierre de Villeneuve (second fils du grand Romée de Villeneuve) n’avaient en dépit de certaines affirmations aucun lien particulier avec les Templiers.
Néanmoins, si l’Ordre possédait 10 services dans cette localité, il est douteux qu’il puisse y avoir dissimulé quelque magot.
Avec Falicon et sa grotte de la « Ratapignata » surmontée d’une pyramide, nous abordons le domaine des élucubrations ésotériques les plus fantaisistes. Nous avons fourni l’explication archéologique la plus convaincante dans « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », sur l’usage de cette cavité à l’époque romaine, comme lieu du culte au dieu Mithra.
En faire ensuite un lieu secret de célébration templier, destiné à adorer le Baphomet et peut-être y abriter un trésor de l’Ordre, relève de la plus totale invraisemblance.
Un tunnel aurait permis jadis une liaison souterraine entre la bastide voisine, soi-disant occupée par les Templiers et la grotte, consacrée à un culte mystérieux, bien que la légende soit belle, aucune preuve historique n’atteste de la présence de l’Ordre du Temple dans ces lieux.
Utelle, plaque tournante du commerce médiéval, au carrefour des voies muletières de cette époque, avec ses anciennes maisons aux linteaux de pierre sculptés d’inscriptions et de gravures énigmatiques, ne pouvait manquer d’évoquer la mystérieuse présence des Templiers, associée à un trésor dissimulé sous ses vieux murs.
Hélas, aucun acte n’atteste du séjour des chevaliers à la croix pattée dans cette localité, à l’époque où ses hommes libres pouvaient porter le couteau à la ceinture.
Toudon, avec un seul service, prélevé par le Temple de Biot, recensé à la saisie de 1308, possède encore les vestiges de l’ancien château seigneurial. L’édifice était occupé au XIII ème siècle, (1232), par Jean de Glandèves, assiégé et chassé en 1252, par son voisin Raibaud d’Ascros. Construite avec les pierres d’un ancien château seigneurial, l’église Saint Jean, dite templière (selon Urbain Bosio), de facture romane avec clocher pyramidal du XII ème siècle, a été en partie restaurée au XVII ème siècle.
La faible implantation du Temple dans ce village, écarte toute possibilité de receler un trésor.
A Saint Martin Vésubie, l’installation des Templiers à la Madone de Fenestre dès 1136, à la suite des bénédictins, est toujours discutée par les historiens, faute de document l’authentifiant sans ambiguïté.
Occupant l’hospice, devenu sanctuaire de la Madone à leur arrivée, à proximité du col passant le plus direct entre Nice et le Piémont, les Templiers y auraient été surpris, arrêtés et suppliciés en 1308.
Cet événement fatal sera prétexte à de nombreuses légendes, mettant en scène les spectres des malheureux frères persécutés dans leur chair, venant régulièrement hanter les abords du sanctuaire de la Madone.
Peut-on supposer trouver dans ce brouillard d’incertitudes, autre chose que des hallucinations et des superstitions, nées du sort funeste prêté aux Templiers arrêtés ?
Saint Martin d’Entraunes, au bout de la vallée du Var, ne connut aucune présence templière attestée, seule son église, véritable forteresse du XIII ème siècle, à l’architecture dépouillée, avec un portail latéral gothique, surmonté d’un emblème ressemblant à celui des Templiers : croissant, soleil, glaive cruciforme, a pu troubler les convictions de plus d’un historien. Fort de l’hypothèse de la construction de l’édifice par l’Ordre du Temple qui y aurait caché un trésor, des fouilles seront entreprises en 1921. Les recherches aboutirent à la découverte d’une niche funéraire dissimulée dans le mur nord.
Si les Templiers font rêver les chercheurs de trésor, les Alpes Maritimes leur offrent des pistes diverses, souvent hasardeuses, puisque nées de fabuleuses histoires que seule la certitude historique pourrait étayer.
En attendant la découverte de documents inédits, sources d’une démarche de recherche archéologique rationnellement fondée, seule l’intuition peut conduire à vérifier ces légendes, transportées jusqu’à nous depuis la nuit des temps.
D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.
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21/11/2006
UN SUPERBE CHATEAU-DONJON PROCHE DE NICE
LE CHATEAU DE TOURRETTE LEVENS
Le vieux village de Tourrette et son château s’élèvent sur la pointe d’un éperon, alors que le bourg plus récent s’étage plus bas sur une déclivité formant un petit col.
A la fin du Xe siècle, Tourrette et ses dépendances sont entre les mains de la famille seigneuriale de Nice.
Au début du XIIIème siècle, le fief de Tourrette passe dans le domaine des Chabaud.
C’est ainsi que les Chabaud vont posséder de temps immémorial le fief de Tourrette, puis par la suite ceux voisins d’Aspremont et Saint Blaise.
Présent dès 1232, Tourrette nous laisse admirer aujourd’hui un magnifique château féodal classé Monument Historique.
La famille Chabaud va se perpétuer à Tourrette y dominant nettement même s’ils partagent la co-seigneurie avec d’autres feudataires dans des proportions variables et suivant les époques.
Ce n’est que le 17 avril 1671 que le Duc de Savoie élève Tourrette au rang de comté.
A cette époque le dernier des Chabaud laisse le fief à un vassal François Canubio de Torrisella.
Il faut grimper pour aboutir aux ruines du vieux village regroupées au pied de l’ancien château partiellement restauré.
L’édifice se présente comme un donjon carré à créneaux avec logis attenant et une enceinte fortifiée. Datable du XIme siècle, il offre l’aspect massif et sévère de ces constructions féodales primitives.
A l’origine de la toponymie du lieu, la Tour a marqué l’Histoire de ce fief. De plus et c’est ce qui expliquerait le pluriel de Tourrette à ses débuts et jusqu’en 1860, le château possédait quatre tours, lesquelles figurent encore sur le blason des Chabaud.
Trois furent détruites au cours des siècles et le château pillé à la Révolution.
Après avoir été propriété privée, le château a été acheté par la municipalité pour devenir un espace culturel.
D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
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