Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/04/2009

RIGAUD ET SA COMMANDERIE TEMPLIÈRE (SUITE ET FIN)

TEMPLIERS (1).jpg

La vallée du Var effectue un large coude dans les Alpes de Haute Provence après Puget-Théniers, pour recevoir sur sa droite la vallée du Coulomp, entièrement située dans ce département.

Comme Entrevaux : Saint Benoît, Braux, Annot, Le Fugeret et Méailles sont des localités où les Templiers détenaient des possessions au bénéfice de la commanderie de Rigaud.

Annot : Les Templiers y possédaient une « maison », une terre, des droits divers avec 5 hommes. Ils y retiraient 21 redevances et services personnels, 29 redevances foncières et 9 tenures soumises au droit de trezain.

Selon la monographie de J.L. Damon, le domaine de Vérimande constituait l’établissement principal de l’Ordre du Temple à Annot.

Vérimande aurait été légué  aux Templiers par l’Abbaye de Saint Victor de Marseille qui l’avait acquis en 1042 d’Hermerincus, seigneur du lieu.

Les Templiers se seraient installés à compter de 1130 dans ce secteur, avec une maison mère au Fugeret et des dépendances à Méailles, Braux et Saint Benoît.

La chapelle de Vérimande, avec son cimetière attenant, aurait été édifiée par l’Ordre du Temple vers 1130. La tour voisine, dite des Templiers, serait reliée au prieuré par un souterrain où aurait été cachée la cloche d’or de la chapelle.

La tour de pierre du bâtiment, installée sur le domaine, témoigne encore de la lointaine présence des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

La tradition veut également qu’une « maison » du Temple, implantée dans Annot, ait été incendiée en 1574 pendant les guerres de religion.

Il a été question d’un établissement important au Fugeret où le Temple ne relevait pourtant qu’une seule redevance foncière en 1308. L’église Saint Pons témoignerait pour certains de la présence templière dans cette localité.

Si la partie orientale de la vallée de l’Esteron relevait de la commanderie de Vence dans quatre villages, le reste du bassin dépendait de celle de Rigaud, avec des possessions recensées dans 9 localités. L’Ordre possédait des biens à Ascros, La Penne et Cuébris. Les églises de ces villages ont été déclarées bâties par les Templiers. Moris et Pauty sont à l’origine de ces rumeurs, basées sur quelques détails architecturaux, confirmant l’origine médiévale de ces monuments, alors que les frères du Temple fréquentaient ces lieux.

Ces attributions hâtives sont beaucoup plus hasardeuses pour l’église Saint Michel de Sigale et le village de Saint-Antonin où E. Pauty indique : « Une maison témoignant du siège d’une commanderie ».

Aucune possession templière n’a été recensée lors de la saisie des biens en 1308 dans ces deux localités.

Indépendamment des archives, la toponymie nous restitue souvent, par delà les siècles, le souvenir émouvant de la présence des Templiers. C’est le cas de certains quartiers ou vestiges, comme à Aspremont (sur les pentes ouest du Mont Chauve), également à La Gaude (bâtisse ruinée au Chemin de la Garbasse), à Biot (quartier Saint Philippe), ainsi qu’à Valbonne et Villeneuve-Loubet.

La seule mention d’une rente ou d’un lopin de terre au profit de l’Ordre du Temple, dans les inventaires ou une pseudo construction, a parfois suffit pour qualifier un lieu-dit de templier.

Nombre de chapelles romanes ont bénéficié sans raison du même label flatteur, alors qu’au Moyen-Age la construction de tels édifices, porteurs de prébendes, était prétexte à d’âpres marchandages avec le clergé local.

Enfin, il ne faut pas oublier la présence des Hospitaliers, détenteurs d’importantes possessions dans les Alpes Maritimes. Comme l’écrit L. Dailliez beaucoup de sites templiers « n’ont jamais vu de frères au blanc manteau à la croix rouge, mais bien des frères au manteau noir à croix blanche ».

La mission de ces deux ordres militaires et religieux contemporains, tout aussi glorieux et estimables, a pu faire naître de possibles confusions.

Seul le mystère lié à la disparition tragique de l’Ordre du Temple, peut expliquer la fascination qu’il persiste à exercer sur l’imaginaire populaire, après plus de sept siècles.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

10:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

15/04/2009

GRASSE, CITÉ FORTIFIÉE DU MOYEN AGE

45 VILLE FORTIFIEE SEMBLABLE A GRASSE, TABLEAU DE FRA ANGELICO page 45.jpg

La ville de Grasse s’étale autour de la vieille cité médiévale, chargée de vestiges témoignant de la richesse de son passé.

Mentionné dés 1040, Grasse relève des princes d’Antibes dont un représentant réside dans un château entouré par l’agglomération fortifiée.

Le premier Grasse, protégé en hauteur des dernières incursions sarrasines comme des pirates fréquentant le littoral, est également un carrefour important de voies de communication.

La ville s’étend rapidement au XIIème siècle.

L’évêque assoit son autorité sur Grasse avec l’aide du Comte de Provence, opposé aux princes d’Antibes rebelles à son pouvoir.

Constamment sur ses gardes, l’évêque veille jalousement à son autorité, avec le soutien actif du Comte de Provence. Le Consulat lui est soumis et si son contrôle lui échappe, il le supprimera temporairement.

Charles 1er d’Anjou recense en 1251 les ouvrages défensifs suivants : le château résidence du seigneur évêque, les tours du Portail de la Foux, du Puy et  de Porte-Ayguière.

Au XIVème siècle une ceinture de remparts élevés cernait la totalité de la ville.

Aujourd’hui, le bâtiment défensif le plus significatif du Moyen Âge reste la Tour Carrée, bâtie en pierre brune de calcaire coquillé, cet ouvrage militaire constituait le donjon de la forteresse primitive du XIIème siècle. Cette tour devait être à l’origine plus élevée et couronnée de créneaux. Elle est intégrée à l’Hôtel de Ville qui occupe l’ancien palais épiscopal,

Place du 24 août, s’élève la Tour de l’Horloge, ancienne tour du Consulat du XIIIème siècle, elle abrite aujourd’hui les services techniques municipaux.

La vieille ville, privée au XIXème siècle des remparts qui la ceinturaient, développe un réseau sinueux de rues étroites, avec des demeures élevées, aux austères façades d’inspiration génoise.

Au Moyen-âge, Grasse, célèbre pour ses foires possédait aussi un marché aux esclaves florissant si l’on en juge par deux actes notariés de 1445.

Ils ont trait tous les deux à l’achat par noble Barthélemy Grimaldi, seigneur d’Antibes, d’une « esclave blanche de patrie russe âgée de vingt cinq ans … avec toutes ses tares », selon la formule usuelle des contrats d’achat de bestiaux, pour le prix de trente ducats.

 

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au

 04 93 24 86 55

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

18:24 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

08/04/2009

"PROMENONS NOUS DANS LE BOIS..."

0 COUVERTURE LE CHAPERON ROUGE.jpg

 

« PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS

TANT QUE LE LOUP N'Y EST PAS »

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour. Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mère-grands » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne. Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages. Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Dans les Alpes-Maritimes, des bandes de loups descendaient sur le littoral avant la Révolution. Ainsi en 1751, Saint-Laurent du Var en était infesté au point que des battues durent être organisées par la seigneur du lieu. Plus tard, en 1802, on signale un loup abattu dans la banlieue de Nice.

Dans les vallées du Comté de Nice et de la Provence orientale, les bois sombres, les « loupières » ou « loubières », conservent encore le souvenir de ces terribles animaux. Entre Villeneuve d’Entraunes et Bantes, un énorme rocher placé au bord du chemin, la « Peïra déou loup » rappelle l’histoire d’un paysan du coin qui, attaqué par un loup une nuit d’hiver, n’avait eu la vie sauve qu’en grimpant sur la pierre. Ainsi posté, il avait pu appeler et attendre du secours.

Les bergers transhumant avec leurs troupeaux étaient plus exposés que quiconque. Dans les pacages, pour défendre les bêtes des attaques des loups (et des ours jusqu’au XIXème siècle), ils disposaient de molosses protégés d’un collier à trois rangs de clous : les chiens de parc. Le soir, les enclos abritant le bétail avaient le haut de leurs murs garni de grosses pierres pointues pour décourager ces mêmes rôdeurs.

Mais c’est au siècle passé que s’allonge la liste des cruelles exactions recensées dans chaque village, plongeant nos grands-parents dans un climat de frayeur permanente.

Vivant par bandes aux abords de Nice, de Saint-Martin de Lantosque (Vésubie), à Aspremont, Falicon, Tourrette Levens, les loups attaquent bêtes et gens, sans vergogne, de jour comme de nuit. Leurs meutes descendent jusqu’aux portes de Nice, à Saint André, Saint Pons, Bellet, Fabron, Magnan, Saint Pierre de Féric pour y commettre leurs méfaits.

Le 11 Avril 1804 (21 Germinal an XI), le Conseil Municipal de Nice organise une battue pour détruire ces bêtes malfaisantes. Romey, maire de l’époque, confia cette mission au chef du quatrième bataillon de la Garde Nationale. Il fut d’autre part décidé d’offrir une prime de soixante livres à chaque citoyen qui apporterait une tête de loup à la Mairie dans les huit jours qui suivraient sa mort. Passé ce délai, il ne serait remis qu’une somme moindre (Archives Municipales de Nice, Délibérations XIII).

Un loup est tué tout près de là sur la Côte, en 1815, à Roquebrune Cap Martin. Cet événement motive le Prince de Monaco à autoriser le port du fusil pour le propriétaire d’une fabrique de tuiles de cette commune « pour se garder des loups ».

En 1826, le naturaliste Risso rapporte que le loup « séjournait dans nos bois et y apparaît toute l’année. » Si leur menace est écartée de la Côte, les loups continuent

de se multiplier dans le Haut Pays de 1840 à 1850. Leur présence est constante près de Breil et dans les vallées de la Roya et de la Vésubie. Pas un jour ne passe sans une attaque ou morsure de ces animaux affamés ou enragés. La population terrifiée n’ose plus voyager ou s’écarter des villages et hameaux. Pour s’assurer de la présence d’un loup dans les parages, les paysans imitent son hurlement dans l’attente d’un cri semblable. Chaque berger porte un fusil et, le soir venu, on allume de grands feux pour éloigner les féroces rôdeurs. C’est à qui trouvera un moyen pour les détruire. En plus des pièges et autres collets, on dépose sur leur passage des bêtes mortes, à la chair empoisonnée. Des chasseurs spécialisés vont d’un village à l’autre, sur invitation des conseils municipaux, pour tenter de les éliminer.

Le zoologiste J.B. Vérany, signale qu’en 1862 les frères Isoard de Clans, intrépides chasseurs, ont apporté à l’intendance de Nice plus de 150 loups et 100 lynx.

Vérany ajoute : « Il est regrettable pour ce département que la prime accordée pour chaque loup ou lynx soit réduite au taux minimal de 18 francs pour une louve pleine, 15 francs pour une louve non pleine, 12 francs pour un loup et 6 francs pour un louveteau. Ces primes ne dédommagent pas les chasseurs des fatigues et des pertes de temps. »

Si en 1865, il est rassurant de ne plus rencontrer les loups autour de Nice, il n’en est pas de même en montagne, dans les bois du secteur de Beuil, à 1500m d’altitude. Un des derniers tués dans ces parages le sera en 1886 à la Tête de Pérail, au-dessus de Pierlas, où un vacher trouve un matin dans son étable, un gros loup étripé par son bœuf.

A la Gaude, lors du terrible hiver de 1870, un loup mange le chien de la famille Boniffacy, dans leur propriété du Trigans. « C’était un loup maigre et affamé, il ne laissa que quelques os. » (A. Féraud).

même hiver, des attaques similaires sont signalées à Touët et Utelle. A Roubion, le préfet des Alpes-Maritimes distribue du poison au maire et organise une battue au quartier du Larzé.

A Massoins, dans les hivers de 1880, les loups ne craignaient pas de s’avancer jusque dans le village (Ch. Malaussena). A la même époque (dernier quart du XIXème siècle), Alice André rapporte qu’un jeune instituteur, se rendant de Pélasque à la Tour par le bien nommé col de Gratteloup, armé d’un revolver avec six balles, ne devait plus réapparaître.

On ne retrouvera sur place que six cadavres de loups, une chaussure et les lunettes de l’infortuné jeune homme. Tout près de là, entre Utelle et la Tour, un muletier parti seul avec ses bêtes vécut une nuit de cauchemar. Poursuivi par une meute affamée, il réussit à se réfugier avec sa « cavalerie » dans une grange isolée où il se barricada.

Observant ses agresseurs, il assista à une folle sarabande ; les loups tournaient dans une ronde infernale autour du bâtiment jusqu’à la chute du plus faible, dévoré alors par ses congénères. Apaisée, la meute disparut ensuite (A. André).

En cette fin de siècle, d’autres aventures tout aussi troublantes hantent encore la mémoire de nos villages. Dans le Valdeblore, allant visiter sa bergerie un soir d’hiver avec sa lampe, un habitant du lieu vit briller dans la nuit les yeux de quelques loups en quête de nourriture. Sachant que la serrure était parfois récalcitrante, il trembla de frayeur, mais cette fois là, miracle ! Elle s’ouvrit opportunément au premier tour de clé (A. Testor). Traversant de nuit ce même Valdeblore, sans lumière, un cordonnier rencontre un loup qui l’accompagna de Saint Dalmas à la Roche, tantôt le précédant, tantôt le suivant. Par bonheur, un paysan de la Roche sortit de son écurie avec une lanterne, mettant fin à cette inquiétante filature.

L’histoire de l’enfant, parti chercher du feu dans une ferme voisine avec un brandon de résineux, attaqué au retour et emporté par le loup avec sa torche enflammée courant la campagne, est un épisode repris dans plusieurs vallées : le Valdeblore, le Touyet (au-dessus d’Entrevaux), Barels (hameau de Guillaumes).

Entre le Prignolet et la Sagne, au-dessus de Saint Auban, près de l’oratoire des sept loups, un muletier avec sa bête s’est vu, la nuit, entouré par une meute de loups. Pris de peur, il attacha sa mule, l’abandonnant pour mieux fuir. Le matin, revenu sur les lieux, il retrouva surpris ses sept agresseurs, tués par la mule à coups de sabot (M. Brun).

Un autre muletier de Lantosque, parcourant l’antique route du sel vers la Madone des Fenestres, vit sa monture emportée par une avalanche. Il ne put en récupérer la viande qu’en la partageant avec une louve, « un morceau à moi, un morceau à toi »
(C. Borriglione).

Un jeune homme de Gourdon, qui faisait son service militaire à Antibes en 1880 fut une nuit dévoré par des loups alors qu’il rejoignait son village pour y passer une courte permission. Le vieux curé de Gourdon se rappelait en 1955 avoir participé dans sa jeunesse à des battues et à des « charivaris et tintamarres » faits avec de vieilles casseroles pour éloigner ces fauves des troupeaux et des bergeries. Il reste encore, sur les plateaux des Pré-Alpes de Grasse, de nombreux courtils, enclos dont les ruines ont été quelquefois confondues avec des « castellaras » préhistoriques.

En 1882, devant ses menaces, sous la présidence de Jules Grévy, une loi du 3 Août codifia et tarifa les primes à verser en cas de destruction des loups, 100 francs par tête de loup, 150 francs par tête de louve pleine, 40 francs par tête de louveteau (c’est-à-dire un animal pesant moins de 8kgs). Mieux cette même loi signalait encore l’attribution d’une prime de 200 francs, si l’on prouvait que le loup tué s’était jeté auparavant sur des êtres humains.

Au début du siècle, un loup pourchassé réussit à s’échapper dans le secteur de Séranon. A la même époque, on ferme le soir les portes du village d’Ilonse pour s’en protéger.

C’est en 1906 que les derniers loups seront aperçus : 4 du côté de Péone et 1 vers l’Argentera dans la Haute Vésubie.

J. Plent de Saint Martin de Vésubie rapporte que son père et des collègues, au début de notre siècle, avaient rencontré deux loups au Boréon. Un autre loup solitaire rôdait lui autour de la Madone des Fenestres après la guerre de 1914-1918. Plus tôt, vers 1890, un certain Roaino de Venanson était trappeur de loups, touchant primes de la mairie et du département, pour protéger les troupeaux. Lorsqu’il venait à Saint Martin, ses vêtements étaient imprégnés par l’odeur du loup au point que les chiens le suivaient en grondant, prêts à mordre ! Tous les moyens furent alors employés pour détruire les loups : fusil, piège et poison. C’est par ce dernier qu’ils furent anéantis.

Le dernier loup des Alpes-Maritimes aurait été tué en 1913 par M. Maurel de Belvédère. Néanmoins dans l’entre-deux-guerres, en Juin, au quartier du Villard proche de Saint Martin de Vésubie, une chute de neige tardive entraîna l’attaque par une louve et ses petits d’un troupeau de génisses remisé dans un abri sous roche. Le vacher assista impuissant au massacre de deux de ses bêtes depuis son cabanon. La meute mordait la queue des victimes qui tournaient en rond jusqu’à épuisement. Alors, les loups les égorgeaient (J. Plent).

A la même époque, Jean-Baptiste Plent, monté une année en Avril à la Madone des Fenestres, s’était assoupi après avoir cassé la croûte. Réveillé par un léger bruit, il vit un loup à quelques pas, prêt à bondir sur lui ! L’animal s’enfuit dès que l’homme se redressa. Le malheureux montagnard resta trois mois malade de peur.

Pas loin de là, à Mollières, entre Tinée et Vésubie, Madame Giuge témoigne qu’entre les deux guerres son père s’était fait attaquer par un loup, aussi pour éloigner la menace, les gens du lieu allumaient de grands feux la nuit, autour du village.

Ma propre tante, institutrice à Barels, au début des années vingt, rejoignait notre village de Villeneuve d’Entraunes, armée d’un revolver pour se protéger d’une possible attaque des loups. Au-delà du col de la Lombarde, au-dessus d’Isola 2000, dans les années trente, le gardien du sanctuaire de Sainte Anne de Vinadio prétendait apercevoir des loups en hiver autour de son refuge (Dr. Paschetta).

Enfin, plus près de nous, des excursionnistes fréquentant dans les années soixante dix l’ancien refuge des Adus (Boréon), ont relevé dans la neige des empreintes attribuables à des loups (M. André).

On prétend aujourd’hui que le dernier loup tué en France l’a été en 1942 en Haute-Marne et qu’un autre l’aurait été en 1981 dans l’Ariège. C’est encore une fois oublier les réalités des Alpes-Maritimes ! En effet, rappelons qu’à Bergue, sur la commune de Fontan, un superbe loup a été abattu en 1987. L’animal naturalisé trône dans la mairie de cette commune.

Brusquement, tout s’amplifie : en Novembre 1992, on signale deux loups dans le secteur de Mollières inclus dans le Parc du Mercantour. En Juin 1994, six loups sont recensés dans la Haute Vésubie. D’autres spécimens sont repérés à la même époque par des chasseurs au-dessus de Châteauneuf d’Entraunes ! Venu d’Italie centrale (Abruzzes) à travers les Apennins, le retour flatteur de ce féroce carnassier devrait promouvoir l’image de marque du Parc du Mercantour, lieu naturel sauvage chargé d’émotion. Déjà les visiteurs affluent à la recherche de sensations fortes !

Il semble que cette fois l’homme souhaite dominer sa crainte ancestrale pour accepter la présence du loup et le côtoyer, mais à quel prix ?

Un débat difficile s’est ouvert entre éleveurs et responsables du Parc, chacun restant sur des positions inconciliables. Seul l’avenir donnera une réponse que nous souhaitons conforme aux intérêts des amoureux de la montagne et de ceux qui y vivent.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 


17:54 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire