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14/08/2009

LE LOUP ET L’ÉGLISE: CROYANCES ET POUVOIRS MAGIQUES

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Selon le pape Paul VII,. il existait dans les temps anciens de sulfureuses prières destinées à se protéger des loups, ce qui offusquaient fort l’Eglise. Voici l’une d’elles :

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, loups et louves, je vous conjure et charme, je vous conjure au nom de la très-sainte et sur-sainte, comme Notre-Dame fut enceinte, que vous n'ayez à prendre, ni écarter, aucune bête de mon troupeau, soit agneau, soit mouton, ni leur porter tort.

Loup, louve et louvinet, je te conjure de la part du Dieu vivant. Tu n'auras aucun pouvoir sur moi ni sur mes bêtes pas plus que le Grand Diable n'en a sur les prêtres, lors qu'ils donnent la messe. Que le bon saint Georges te ferme la gorge. Que le bon saint Jean te casse les dents.

Après avoir crié ces néfastes abjurations, les bonnes gens n'oubliaient pas de réciter les patenôtres suivantes, uniquement au lever du soleil.

Sainte Agathe, liez-lui les pattes,

Saint Remo, serrez-lui les boyaux,

Saint Gesippe, serrez-lui les tripes,

Saint Grégoire, serrez-lui la mâchoire,

Saint Loup, tordez-lui le cou

Après ces invectives, difficile au loup de ne pas vivre caché au plus profond des bois afin d'éviter la mise en oeuvre de semblables menaces et malédictions.

Ainsi, les bons croyants pensaient se libérer quelque peu du poids de leurs écrasants fardeaux de vieilles terreurs, en apostrophant les loups pour en écarter la menace.

 En les accusant d'être des mécréants de la pire espèce, les églises chrétiennes ont avili les loups, à défaut de les détruire intégralement, en leur forgeant une détestable renommée.

A contre-courant de cette infâme manœuvre, on découvre parfois des témoignages réputés véridiques. Aussi des anecdotes romanesques émanant de saints ou de nobles personnages qui ont en commun de ne pas avoir été en parfaite odeur de sainteté, épisodiquement ou constamment, durant leur existence. Certains ont même exhalé une forte odeur de soufre et n'ont été réhabilités que d'extrême justesse.

Ainsi la filleule de Louis XI, Jeanne Laisne qui allait devenir célèbre sous le nom de Jeanne Hachette, tomba dans une embuscade tendue par le duc de Bourgogne, elle en fut sauvée par les loups...

En 1472, elle se vengea du duc, au siège de Beauvais. Charles le Téméraire, lui, périt devant Nancy et fut en retour, justement dévoré par les loups.

Saint Colomban, au terme d'un long voyage, s'arrêta à Luxeuil, où il fonda un monastère au VI siècle, pour s'y retirer. On dit qu'il se fraya un passage au milieu des loups qui étaient très nombreux en cet endroit sauvage. Au lieu de se montrer fort méchants et fort mécréants, ceux-ci se changèrent en dévoués auxiliaires de la Foi.

Au VII siècle, c'est St Déodat qui arriva dans les Vosges, dévastées par de nombreuses invasions. Il n'y avait âme qui vive en cette contrée. Ce furent les loups qui lui apportèrent, jour après jour, sa pitance.

St Florent, à la même époque, mais à Strasbourg, apprivoisa les loups qui saccageaient les potagers, conclut un accord avec eux, comme St -François avec le loup de Gubbio et en fit ses gardiens afin de préserver sa retraite.

Vers l'an mil, St  Odon, attaqué dit-on par des renards, aurait été sauvé par des loups.

Mais d'autres saints hommes n'hésitèrent pas à faire accomplir aux loups toutes sortes de besognes.

Saint Gentius laboura curieusement ses champs. On rapporte qu'aux côtés d'un bœuf, un loup tirait bravement la charrue.

Saint-Malo ayant eu son âne dévoré par des loups, entreprit de convaincre un de ceux-ci pour remplacer le pauvre domestique. Ce que le loup fit pendant bien des années, fort fidèlement.

Saint Norbert obligea un loup à relâcher et à épargner sa proie, une gentille brebis jeune et appétissante. Pour le punir d'avoir voulu la croquer, il le força à veiller sur elle... Edifiant n'est-ce pas ?

En dépit de ces charitables exceptions aux tortures et aux tueries, l'Eglise condamne de plus belle l'animal le plus diabolique de la création : le moins enclin, prétend-elle, à la contrition parmi toutes les créatures terrestres. Elle tance, révoque, exclut les esprits faibles ou pervers qui s'évertuent à conduire le loup au repentir et au rachat des fautes commises ou, sur le point de l'être.

Décidément, malgré ses contradictions, I'Eglise s'en tire toujours à son avantage... Bien entendu aux dépens des autres.

On ne peut que se perdre en conjectures devant le fatras mystificateur élaboré par l'Eglise pour nier l'évidence de l'âme animale. Certains théologiens et philosophes ont voulu restreindre l'intelligence et l'affectivité non-humaines, au simple instinct. En contestant le "droit à l'âme" des animaux, ils ont ouvert la porte à tous les débordements, toutes les violences criminelles. Si l'animal n'est qu'un objet, les pires atrocités deviennent licites, de la vivisection aux combats de coqs armés de lames de rasoir. Les horreurs des arènes romaines ou espagnoles où seul le trépas apporte la délivrance, nous le démontrent encore, hélas ! N'est-il pas significatif de voir le torero revêtu de son habit de lumière, faire le signe de croix avant de pénétrer dans l'amphithéâtre ? Ce signe est révélateur de la responsabilité de l'Eglise envers les animaux suppliciés.

Descartes conçut péniblement une théorie absurde qui assimilait les animaux à des machines. Une grande partie du clergé et de la noblesse suivit aveuglément la thèse du nouveau maître à penser et se livra à des pratiques abominables sur les animaux. il ne faut pas oublier que les impitoyables jansénistes, du fond de leur monastère de Port-Royal, furent les ancêtres de nos vivisecteurs.

En assurant que les animaux étaient dépourvus d'âme et n'étaient que des sortes d'automates, Descartes coupa définitivement les ponts entre l'homme occidental et la Nature. L'animal pouvait être livré à la géhenne. S'il faisait preuve d'intelligence ou de sentiments, il ne pouvait s'agir que de satanisme.

On ne compte plus les procès d'animaux intentés par l'Eglise. Procès qui se terminaient toujours par des condamnations aux tourments du feu, de l'écartèlement ou de la pendaison.

C'est une curieuse histoire que celle de Saint-Hubert. Un jour qu'il se livrait à son plaisir favori, la chasse, ce jeune débauché, issu d'une riche famille d'Aquitaine, aurait vu une croix lumineuse, briller sur l'animal qu'il allait tuer. Le choc fut tel que le chasseur féroce se transforma en brebis et se convertit séance tenante.

Cette histoire n'a rien de plus extraordinaire que celles évoquées précédemment. Ce qui, à moi, me paraît infiniment plus bizarre, c'est que les chasseurs aient pris cet individu pour Saint-Patron et implorent sa bénédiction avant les battues !

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

09:18 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

07/08/2009

VALLÉE DES MERVEILLES, UN SANCTUAIRE A DÉCOUVRIR

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Les Alpes plongent à l’est de Nice. Sur l’horizon nord de la Côte, à 40 km, se dresse le massif du Mont Bégo voisinant les 3000 m d’altitude, sa silhouette domine la Côte d’Azur et la Riviera italienne, de Saint Tropez à Vintimille.

A ses pieds convergent trois vallées dans un paysage désolé, sans végétation, à l’aspect lunaire. Ce site dantesque est criblé de lacs noirs, semblables à des cratères de volcans. Les roches sont de couleurs vives : pourpres, violettes et vertes. Des cimes déchiquetées, des escarpements ruiniformes, rappelant ceux du fameux canyon du Colorado, entourent ces dépressions.

L’une d’elles se creuse entre deux sommets de 3000 m, la Vallée des Merveilles, célèbre aujourd’hui dans le monde entier, elle s’étage de 2500 à 2700 m.

Pourquoi cette renommée ? Elle vient essentiellement des découvertes archéologiques faites dans ce lieu à la beauté fantastique. En effet, sur cinq kilomètres de rayon autour de la pyramide du Bégo, près de 100 000 gravures, dont 40 000 préhistoriques, ont été sculptées sur 3500 dalles rocheuses polies par les glaciers.

C’est un musée archéologique unique en Europe, exposé à ciel ouvert sur douze km2, qui attire annuellement quelques 30 000 visiteurs.

Ces vestiges d’une civilisation disparue dateraient d’environ 5000 ans, c’est à dire de l’époque où les Egyptiens dressaient leurs grandes pyramides.

Par qui ont-ils été tracés ? Et pour quels motifs ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.

Tout d’abord, examinons les lieux. Le massif alpin du Bégo est exceptionnel à bien des égards :

       Placé au sud des Alpes, il voisine la mer.

       Près du Col de Tende, il est à proximité du col le plus bas et le plus facile d’accès de la chaîne alpine. De plus, ce passage est un carrefour faisant communiquer la Provence et le Pays niçois avec le Piémont.

       Ce massif est un vaste château d’eau d’où partent plusieurs vallées (Roya, Gordolasque, Gesso).

       Son relief primaire est exceptionnel dans sa composition géologique, il rehausse les couches profondes du socle jusqu’à en faire des cimes. Ces couches sont particulièrement riches en métaux divers tels que le fer, le cuivre, le plomb, le zinc et l’uranium.

       On y a observé de curieux phénomènes de dérèglement de boussoles, dus au magnétisme rémanent du sol riche en fer.

       D’autre part, par la haute teneur métallique de son sol, le Bégo est un véritable parafoudre naturel captant les orages d’été particulièrement violents. L’ionisation de l’air et l’accumulation des nuées déclenchent alors des éclairs caractéristiques en forme de V.

       Enfin, les eaux radioactives de la vallée furent exploitées à Saint-Dalmas-deTende dès le Moyen-Age, jusqu’au XIX ème siècle.

Ce sol riche a été modelé par les glaciers entre 1 700 000 et 10 000 ans.

A la disparition de ceux-ci, à la fin de la période géologique du Würm, le décor est prêt pour accueillir l’homme.

Ce faisceau de données originales ne devait pas manquer d’attirer l’attention de nos lointains ancêtres sur un site aux vertus propres à frapper l’imagination.

Le Bégo va alors devenir une montagne sacrée aux pouvoirs surnaturels.

Couvert de neige et de glace huit mois durant, de novembre à juin, le Dieu n’acceptera les hommes sur ses pentes que pendant la courte période d’été, du solstice à l’équinoxe d’automne.

Comment se fit à travers l’histoire la découverte des Merveilles par le monde scientifique ?

La première trace de témoignage sur les gravures date du XVII ème siècle.

L’historien niçois Gioffredo rapporte vers 1650 la relation du curé de Belvédère Onorato Laurentis, ce dernier parle de dessins sur les roches dus aux plaisanteries des bergers. L’ensemble est qualifié de « Meraviglie », le nom est lancé ! Les cartes du XVIII ème siècle commencent à mentionner le site de la Vallée des Merveilles. En 1821, Fodéré y voit les armes gravées des guerriers d’Hannibal, franchissant les Alpes pour combattre Rome.

Elysée Reclus, en 1864, ne remarque que des stries glaciaires. Moggridge sera le premier à visiter la Vallée en 1868 pour y effectuer des relevés, sa communication au Congrès de Préhistoire de Norwich fera pénétrer le sujet dans la connaissance du monde scientifique. Emile Rivière, le premier, date les gravures de l’âge du Bronze en 1878.

Suivront, jusqu’en 1897, de brèves incursions d’érudits locaux qui notent, dans des articles destinés aux revues savantes, leurs impressions sur les gravures.

De 1897 à 1918, vingt et un ans durant, Clarence Bicknell entreprend l’étude de l’iconographie du Mont Bégo. Pasteur œcuménique, écologiste avant la lettre, espérantiste, botaniste, Bicknell, venu sur la Côte pour des raisons de santé, va se passionner jusqu’à sa mort, pour percer le secret des gravures rupestres.

Résultat, 14 000 gravures identifiées, 3000 moulages relevés, toujours visibles au musée Bicknell de Bordighéra, son travail polarise l’Internationale de l’étude du monde préhistorique, de Londres à Berlin et Saint Peters bourg.

Piero Barocelli reprend le flambeau de la recherche et fait édifier en 1920 le refuge des savants. Il transmettra sa mission au sculpteur piémontais Carlo Conti, lequel prolonge et amplifie les travaux entrepris par Bicknell pendant quinze années consécutives. Ce patient travail aboutira en 1943, au recensement de 36 000 gravures et à la définition de cinq périodes de datation, échelonnées du troisième millénaire avant J.- C. à l’époque romaine.

En 1947, le rattachement du territoire de la Vallée des Merveilles à la France entraîne l’Ecole française dans la poursuite des recherches.

La discussion s’installe sur l’âge des gravures : Maurice Louis, Segui, Escalon de Fonton, Isetti, Lamboglia, Hirigoyen affinent l’âge des séries de signes identifiés.

De 1967 à 1977, l’équipe du Laboratoire de Paléontologie de Marseille, dirigée par H. de Lumley avec M.E. Fontvieille et J. Abelanet, poursuit le relevé des gravures. Elle parviendra au chiffre estimatif de 100 000 signes gravés.

Des campagnes de travail se succèdent chaque été, suivies d’analyse en laboratoire où l’ordinateur rentre en jeu. Ainsi s’établit progressivement le répertoire des 100 000 gravures.

En 1976, le Congrès de préhistoire de Nice attire le monde savant sur les lieux, projetant dans tout l’univers la réalité de la Vallée des Merveilles.

L’école italienne ne reste pas inactive, Enzo Bernardini poursuit ses recherches et révèle l’existence des peintures rupestres du Val d’Enfer.

Des tentatives d’explication globale à l’aide de la paléopsychologie (Hirigoyen) et de l’histoire comparée des religions (Lambert) relancent l’intérêt en 1980.

Mais c’est sans conteste le colloque international de juillet 1991, réuni à Tende, qui va apporter les ultimes démarches des quelques cent chercheurs venus de seize pays pour s’interroger sur la religion des populations de l’âge du Bronze dans les Alpes méridionales.

J. Cauvin et E. Masson vont présenter des théories supports, capables d’interpréter le culte du Bégo. Cauvin explique qu’au début de l’âge du Bronze l’homme a le souci de maîtriser les forces célestes (orages), il affronte alors le dieu taureau. Emilia Masson donne une chronologie dans la création successive de trois générations de couples primordiaux de dieux, mieux elle les situe géographiquement en faisant fi des datations antérieures.

Ces positions où l’histoire des religions remplace la patiente analyse d’Henri de Lumley aboutissent à des antagonismes évidents : l’intuition s’oppose à la méthodologie rigoureuse qui ne néglige aucun aspect du culte.

Plus récemment, des approches visant à déchiffrer l’ensemble des gravures comme un vaste livre écrit avec un alphabet formé d’idéogrammes et de symboles, n’ont pas encore abouti. Ceci, en dépit d’une fragmentation des gravures, prenant en compte leur datation.

 

Que découvre le visiteur des Merveilles ?

Deux types de gravures, piquetées et linéaires, les unes sont martelées les autres griffées sur la roche.

Les piquetées, avec seulement 40 types différents, recouvrent trois thèmes fondamentaux : les cornus (60%), les armes (20%), les dessins géométriques (14%), restent les anthropomorphes (1%) et les motifs idéographiques (4%).

Les cornus sont les emblèmes d’un culte rendu au taureau. Ils reproduisent des images abondantes et stylisées de toutes formes et de toutes dimensions : en U, V, Y, avec des cornes développées divergentes, convergentes, établissant des combinaisons variables.

Que représentent ces signes ? Des bovidés, la preuve en est fournie par leur attelage à des charrues. Il s’agirait d’un culte agraire que nous analyserons ultérieurement.

Les armes et les outils figurent :

            – Des poignards (18%) de cinquante sortes, variant selon la forme du pommeau du manche, de la garde ou de la lame. 

       Des hallebardes ou faux (2,5%), sortes de poignards emmanchés, connues comme des armes typiques de l’âge du Bronze.

       Apparaissent aussi de mystérieuses formes géométriques : notamment les « réticulés », brillamment analysés par l’Abbé Hirigoyen grâce à la méthode de l’observation morphologique qui l’a conduit à définir des enclos, des cabanes couvertes, des parcelles, des dominos frangés interprétés comme des séchoirs à céréales.

Les gravures linéaires, faites de griffures, d’incisions, varient aussi dans leurs thèmes : arboriformes, arbalétiformes, marelles, signes en Ø, zig-zags, flèches, rouelles. Ces signes apparaissent ailleurs dans les lieux de passages des tribus celtes, depuis l’Europe centrale au couloir rhodanien et jusqu’aux Pyrénées.

D’autres inscriptions historiques et datables, constituent de véritables archives de la Vallée. Elles s’échelonnent de l’époque romaine (inscription en latin du III ème siècle) pour se poursuivre du Moyen-Age à la Renaissance (noms, dates, blasons, inscriptions d’alchimistes et d’astrologues du XV ème siècle, gravures de pèlerins venus là pendant les grandes pestes du XVI ème siècle, bateaux de ce même XVI ème siècle contemporains de Lépante) et aussi des graffitis de bergers du XIX ème siècle.

S’y ajoutent des incisions tracées par des bandits comme Bensa, de Barbets, déserteurs et fuyards venus se réfugier là, dans cette zone marginale, à l’écart des lois, dans cet outre-monde maudit tout au long des âges.

Qu’a-t-on trouvé aux Merveilles en plus des gravures ?

       Récemment, en 1972, des peintures à l’ocre dans un Gias (abri de berger), comparables à celles découvertes en haute Provence (Verdon, Tourves) datables du début de l’âge du Bronze.

       Des vestiges divers et par couches dans le Gias del Chiari (fragments de poteries, de pierres taillées et polies, d’os d’animaux, de 2500 AV J.C. à l’âge du Fer).

       Les structures d’un temple à la côte 2193, sous la forme de cercles de pierres de cent mètres de diamètre, d’une allée pavée de 50 m, large de 1,20 m, bâties avec des blocs d’un demi-mètre cube, le tout aboutit à un rocher (autel) que jouxtent deux enceintes (de 8,60 et 6 m de diamètre).

       Des ovales en forme de V, autour du Lac Long, orientés face au Bégo.

La surface du plus grand cercle de pierres pouvait accueillir près de 3000 personnes.

Ces vestiges mégalithiques, de par le courant culturel qui les fit naître se rattachent au III ème millénaire AV J.C., tout comme les cromlechs bretons.

Basés sur des observations astronomiques, ces vestiges sont l’expression d’un culte lunaire et solaire, sorte de calendrier, leur orientation obéit à des règles particulières (points cardinaux, ombres au solstice).          

       Le « petit guerrier » du Bégo statuette de bronze découverte en 1901 dans la mine de plomb de Valauria (Minière), personnage de 8,8 cm, casqué, portant tunique, est visible au Musée archéologique de Cimiez. Sa filiation avec la dame aux bras levés de Parzin Alpe (Tyrol), de 8 cm et de même facture est évidente. Elle a été datée de la civilisation des « champs d’urnes » (1200 AV J.C.). Ces statuettes votives étaient destinées à reproduire l’image du croyant et devaient être déposées dans des lieux consacrés, pour apporter une protection magique.

       Des outils de pierre furent découverts sur le site : en 1938, une double hache en pierre porphyrique polie trouvée au pas de l’Arpette, analysée par Sacco et datée de 2500 ans AV J.C. ;

en 1952, un burin de pierre de 20 cm recueilli par un berger, et, quelques années plus tard, une lame de pierre.

 Ces objets de roche porphyrique, matière étrangère à la région, viennent probablement du gisement le plus voisin situé dans l’Esterel (soit de la ryolite rouge, soit de l’esterellite, porphyre résistant de couleur bleue).

La toponymie véhicule aussi les traces d’un culte où se mêlent la peur et le surnaturel.

       Bégo, vient du radical indo-européen Beg, décliné dans toutes les langues européennes, cette racine signifie seigneur, dominateur, dieu.

       Les indices d’un culte rendu au taureau : Cime du toro (Gesso), Les Millefourches (Authion), le lac Forcat, le col de Cornio (col de Tende au XVII ème siècle) et à un degré moindre la Corne de Bouc.

       Les noms liés à l’épouvante et à la malédiction jetée sur ces lieux désolés par la religion chrétienne : Tête de l’Inferno, cime du Diable, Valmasque (Vallée des sorcières), Malédie (maudite), Matto (fou).

       Au-delà de la toponymie, des contes et légendes rapportent les craintes et les fantasmes des visiteurs confrontés aux sortilèges du site. Nous retiendrons l’histoire du berger de Fontanalbe victime d’un mirage et du berger de Saorge noyé dans le lac Saorgino. La légende de la sorcière de Tende, contrainte à l’exil dans la Vallée des Merveilles,  rejoint celle de ses consœurs de la Valmasque, imposant leur tribut aux bergers assujettis à leur menace. Ceux-ci ne pourront se dégager de cette emprise que par l’intervention d’un ermite graveur de pierre, après l’échec cuisant de sept moines exorcistes.

       De plus, lorsque le Diable se manifeste en Pays niçois, comme dans les vallées du Paillon, son refuge immuable reste les lacs sombres des vallées du Bégo où la religion semble avoir eu tant de mal à s’imposer.

La datation des gravures piquetées n’a pu se faire qu’au prix d’un patient classement de celles-ci, selon leur style. Ce travail a abouti à une période échelonnée de la fin du Néolithique au Bronze final soit de 3200 à 1500 AV J.C.

L’école italienne prend en compte l’évolution esthétique allant du travail le plus fruste au plus raffiné. Cette approche couvre une période plus large de 3500 à 14 AV J.C.

Les gravures linéaires sont attribuées à l’âge du Fer, à l’époque romaine et au haut Moyen-Age (de l’Hallestatt vers 800 AV J.C., au V ème siècle AP J.C.). La superposition des gravures a confirmé ces datations.

Ces milliers de gravures sont le témoignage de la pensée spirituelle et des manifestations religieuses de peuples alpins pasteurs et agriculteurs.

La plupart des représentations : bœufs, attelages, araires, faux évoquent ce monde rural des premiers âges de l’humanité.

Les peuples du Bégo avaient déjà domestiqué le bœuf puisqu’ils savaient l’atteler. Ils avaient inventé le joug, connaissaient l’agriculture, puisque leurs champs étaient labourés grâce à l’araire et délimités de manière précise.

Le sens de la propriété individuelle et collective semble déjà acquis.

Quels étaient les hommes de cette civilisation disparue ?

Leur type humain se retrouve dans les hautes vallées reculées du Mercantour, c’est l’homme alpin peint sur les retables des primitifs au XV ème siècle exposés dans le Comté de Nice

Les spécialistes précisent qu‘il s’agit d’une race adaptée au milieu, venue de l’Ibérie par la Côte et le nord du Piémont après avoir été refoulée par les envahisseurs du Bronze au III ème millénaire. La démographie indique 75 % de décès avant trente ans, 40 % avant dix ans, il s’agit donc d’une population jeune.

Comme le montrent les gravures, leur fonction sociale de pasteurs-agriculteurs s’ajoute à celle de chasseurs et de guerriers.

Pour quelle raison ces peuplades fréquentaient-elles les hauts lieux entourant le mont Bégo ? La climatologie donne une réponse, en signalant une sécheresse torride vers 1800 avant notre ère. Sous l’effet de cette canicule persistante les pasteurs de Provence et du Piémont refluèrent avec leurs troupeaux vers le cœur des Alpes, à la recherche d’eau et d’herbages. Ces courants de transhumance, devenus saisonniers, seront repris tout au long de l’histoire et se perpétuent encore de nos jours.

L’hiver, la température se maintient aux Merveilles au-dessous de moins dix degrés, éloignant les hommes et leurs troupeaux.

Pouvaient-ils s’installer dans les hautes vallées voisines ? Certainement pas, car il aurait fallu engranger huit mois de nourriture pour le bétail. Cela viendra plus tard. La transhumance s’impose alors, expliquant pour cette période l’absence de villages ou de tombes, retrouvés par contre ailleurs, dans la proche Provence.

L’alimentation des peuples du Bégo ressemble à celle des paysans du Moyen-Age : soupe de végétaux, bouillie de céréales, crêpes de farines diverses, fromages et laitages, mais peu de viande et de fruits. Cette nourriture fruste était servie dans une vaisselle de céramique, identique à celle retrouvée dans les « gias » et les castellaras (camps) de la Côte.

L’Histoire permet de retrouver les orientations fondamentales des courants de transhumance et par-là même les origines géographiques des peuples du Bégo.

Les actes de la Curie épiscopale de Fréjus rapportent qu’au XIII ème siècle les territoires du Muy, Puget et Roquebrune-sur-Argens en Provence, au-delà de l’Esterel, accueillaient l’hiver les troupeaux des vallées de Tende. Le bétail arrivait en novembre et repartait fin mars début avril, un mois était nécessaire pour le voyage aller ou retour. D’autre part au XV ème siècle, la région de Cagnes, Biot, Antibes expédiait ses troupeaux dans les alpages de Tende. De même au XVIII ème siècle les bergers de Tende venaient hiverner avec leurs troupeaux sur le territoire de la commune d’Aspremont, au-dessus de Nice. Enfin, au XVIII ème et XIX ème siècles, les habitant de la haute et moyenne Roya iront passer l’hiver sur la Côte niçoise et tenter de s’y faire embaucher le temps d’une saison.

Les déplacements des troupeaux étaient rythmés par les dates de la Saint Jean (24 juin) pour l’arrivée dans le Haut Pays et de la Saint Michel (29 septembre)  pour la descente vers la Côte.

Mais, au-delà des alpages, les hommes du Bégo trouvèrent dans les Alpes Maritimes le cuivre nécessaire à leur métallurgie débutante : dans la Vallée de la Vésubie à Belvédère, la Bollène et Salèse, dans la vallée de la Tinée à Roure et Saint Etienne, enfin dans la moyenne vallée du Var à Léouvé et Daluis. Le plomb était présent à Belvédère et à Saint-Dalmas-deTende au pied du Bégo.

Où logeaient les hommes du Bégo ?

L’été dans des cabanes légères couvertes de chaume, de bois ou de lauze et dans des abris sous roche (gias).

En hiver, ils séjournaient sur les collines de la Côte, installés dans des enceintes (castellaras) où s’entassaient bêtes et gens.

Comment étaient vêtus les hommes du Bégo ?

Les Romains, appelaient leurs descendants les « Capillati » (chevelus), ils portaient les cheveux longs, une cape, des vêtements de cuir, des chaussures tressés de même matière (sortes de mocassins) et enfin un long poignard à la ceinture. Nul doute que ces hommes, malgré leur taille réduite, devaient avoir fière allure.

En effet, les premiers témoignages des auteurs gréco-latins qui entrèrent en contact avec les descendants des hommes du Bégo, un millénaire après la période florissante des Merveilles, nous renseignent sur leur type humain et leurs traits de caractère, décrivant ces « Ligures », comme travailleurs, durs à la tâche, indépendants, guerriers intrépides, agiles et de petite taille.

Ces tribus de l’âge du Fer se mêleront progressivement aux Celtes (Gaulois) descendus du Nord pour former les Celto-Ligures.

Les Romains venus conquérir la Côte, vont devoir mener une guerre impitoyable de 217 à 14 AV J.C. pour venir à bout des Ligures de la montagne. Le Trophée d’Auguste, à La Turbie, symbolise l’écrasement d’une civilisation dite barbare par l’armée romaine.

Les hommes du Bégo, comme leurs descendants Ligures, possédaient une langue différente du latin. Ce langage persiste à transparaître dans les suffixes prélatins et préceltiques en ates, nt, sk, usc, asc, comme dans Gordolasque, Lantosque, Blausasc, Brusc.

Possédaient-ils une écriture ?

Au-delà du seul aspect religieux, certains signes particuliers des Merveilles, assemblés dans un ordre évident, inclinent à le penser. H. de Lumley n’hésite pas à évoquer des hiéroglyphes rappelant certains caractères sumériens. D’autres savants admettent qu’il puisse s’agir là d’idéogrammes primitifs, ancêtres de l’écriture.

Examinons dans quel cadre historique se développa la civilisation du mont Bégo.

En remarquant la parenté des alignements des pierres découverts sur le site, avec les lointaines civilisations mégalithiques, nous avons recherché les monuments et vestiges de cet âge sur la Côte.

Nous les retrouvons essentiellement à l’ouest du Var, sur les bases des tribus transhumantes, de Saint Raphaël à Saint Cézaire (au nord de Grasse) et vers Vence où près de 33 dolmens ont été répertoriés et fouillés. On ne retrouve que trois dolmens à l’est du Var, situés sur la route de transhumance vers le Bégo, à La Trinité, Peillon et Peïra-Cava. Ces vestiges datés de 2500 AV J.C. furent dressés par les peuplades du Chasséen, caractérisées comme les premiers agriculteurs constructeurs de villages. Or, d’autres découvertes attestent de leur présence sur la Côte, ils seraient à l’origine des tribus adoratrices du Bégo.

Venus de l’Est, ils parvinrent dans les Alpes par la plaine du Piémont et le couloir rhodanien en traversant la Provence. Il existe d’ailleurs une parenté évidente entre les signes gravés de la Vallée des Merveilles et ceux retrouvés tout au long de l’arc alpin de l’Autriche à la Suisse, du Val d’Aoste au Piémont. Cette ressemblance prouve une origine commune venue de l’Est. Parmi celles-ci, les plus célèbres sont situées dans le Val Camonica, à cent kilomètres au nord de Milan. Leurs thèmes sont voisins de ceux retrouvés aux Merveilles, mais avec plus de réalisme. L’origine de ces gravures s’étage, selon Anati, de 8000 à 16 AV J.C., la technique des gravures est la même, un piquetage de la roche.

En Autriche, en Italie auprès du Lac de Garde, dans le Valais suisse, au Val d’Aoste, ainsi que dans les Alpes piémontaises (Germanasca, Lanzo, au nord de Pinerol) on trouve des roches gravées depuis le Néolithique.

De 1200 à 750 AV J. C., les guerriers des Champs d’urnes, caractérisés par des tombes à incinération, envahissent l’Europe, leurs vagues se diluent en Provence. Avec eux, s’éteint la civilisation des Merveilles.

Lorsque arrive la fin de l’âge du Bronze, un centre de production régional de ce métal existe dans les Alpes Maritimes, sa présence est attestée par les découvertes de bracelets de même style en divers points de la région (Cimiez, Clans, Mont Gros) et de la proche Ligurie (Borniga).

A Contes, au-dessus de Nice, à Puget-Rostang ainsi qu’à Eze, des gravures de signes cornus rappellent la diffusion du culte des Merveilles. Mais curieusement, la pierre de Hesse (Luxembourg) reproduit aussi ce même signe !

Des formes de poignards gravés témoignent d’un cousinage avec la civilisation de la Polada (Plaine du Pô), de même, les hallebardes du type de l’Unitice renvoient à une filiation venue d’Europe centrale. Enfin, certains poignards figurés aux Merveilles ne se trouvent étrangement représentés ailleurs qu’en Bretagne (?).

Au VI ème siècle AV J.C., les Ligures, repoussés par les Celtes, acceptent leur venue dans la région avant de se mêler à eux au IV ème siècle AV J.C..

Déjà, les premiers Grecs de Phocée relâchent sur la Côte, fondant les comptoirs d’Antibes, Nice et Monaco. Les Romains ne vont pas tarder, ils s’installeront après une guerre de deux siècles conduite contre les Ligures, descendants des peuples graveurs du Bégo.

Quel est la signification du mythe développé au Bégo ?

Placé au départ sous le signe du taureau, ce point de convergence tellurique et géologique, ce château d’eau dispensateur de fertilité, couronné d’orages va accueillir les vagues de pèlerins. Le taureau associé à la déesse mère traverse la mythologie. Le principe mâle du Taureau et celui femelle de la Terre forment un couple venu d’Orient à travers la Méditerranée, par la Crête, les Cyclades, Malte, la Sicile et la Sardaigne. Zeus brandit la foudre, il prendra l’aspect d’un taureau blanc pour séduire Europe et l’emporter des rives de l’Asie en Crête où naîtra Minos. Culte méditerranéen revivant dans la tauromachie, il va se répandre vers le Nord pendant deux millénaires, en Irlande, en Hollande et au Danemark. C’est aux Merveilles que son expression se traduit le mieux.

Ce sanctuaire européen sanctifiera le taureau, trésor de la nature.

Une légende rapporte que ces lieux retirés célébrèrent un culte aux déesses mères, sans doute antérieur à celui du dieu taureau, comme au Moyen-Orient, vers le VI ème millénaire. Ce récit relate que des pastourelles, jeunes et jolies vierges, veillaient sur ces montagnes hostiles, avant d’en être chassées par des guerriers venus du Nord, probablement les hommes du Bronze. C’est la légende de la Malédie. Le culte marial rendu dans les divers sanctuaires alpins de la région (Utelle, Fenestre, Vinadio) ne serait qu’une résurgence de cette lointaine ferveur.

Plus tard, sous l’influence celtique, un culte solaire s’installera aux Merveilles, à base de rouelles et de cercles de pierres retrouvés sur place.

Lorsque les Etrusques développent leur civilisation au IV ème siècle AV J.C. entre Rome et la Ligurie, on retrouve Bégoé, nymphe qui aurait enseigné aux hommes le maniement de la foudre et l’art d’interpréter ses manifestations, ainsi que la limitation des champs (enclos). Ne faut-il pas y voir comme un lointain écho du culte du Bégo ?

Les Romains en célébrant le culte de Mythra et en pratiquant le taurobole (sacrifice expiatoire), reprendront le culte du taureau.

La venue du christianisme dans les Alpes Maritimes sera tardive, les anciennes religions païennes restant vivaces jusqu’au départ des Sarrasins vers 973.

Les légendes de Saint Dalmas vers 250 et de Saint Erige vers 600 attestent de l’hostilité des peuplades montagnardes attachées à leurs croyances.

La Vallée des Merveilles deviendra ensuite le haut lieu de la sorcellerie où le Diable régnera en maître sur un domaine propre. L’Eglise ignorera cet outre-monde où se retrouveront les mages, les astrologues et les disciples des Cathares et des Vaudois brûlés en place de Sospel.

Les pèlerinages alpins reprendront la démarche des premiers croyants, en honorant la Vierge à Fenestre et Vinadio, par contre à Castelmagno dans la Valle Grana les troupeaux de vaches seront bénis jusqu’à nos jours. Ainsi, l’Eglise a repris à son compte les pratiques religieuses antérieures, venues d’un lointain passé.

En conclusion, H. de Lumley avouait récemment avoir mis trente ans « pour apprendre à lire la pierre », à déchiffrer ce que nos ancêtres avaient inscrit aux Merveilles. Rien d’autre, selon ce savant que l’éternelle histoire du dieu Taureau, apparue avec la sédentarisation agricole, symbolisé par les corniformes et de la déesse mère, la Terre, plus ancienne, représentant la nature sous la forme des champs cultivés (les réticulés).

Ainsi, en plus du Taureau, les poignards symboliseraient son alliée la foudre et les organes sexuels mâles fécondant la Terre porteuse de promesses d’abondantes récoltes. Grâce à une analogie comparative, « le couple divin primordial » que célébrèrent les mythes théogoniques de la Méditerranée orientale, permettrait enfin une explication formelle de 62 % des gravures du Mont Bégo.

De plus, un total de 40 symboles fondamentaux associés dans 150 combinaisons répétitives formeraient des idéogrammes significatifs, traduisant clairement les préoccupations religieuses et économiques des peuples graveurs du Bégo.

Dernièrement la même équipe du professeur de Lumley a décrypté deux ensembles de gravures reproduisant les étoiles de la constellation des Pléiades, susceptibles d’être interprétés comme l’ébauche d’un calendrier astronomique propre à rythmer les activités agricoles des peuplades du Bégo.

 

La Vallée des Merveilles, lieu magique, a conservé tout au long de l’Histoire l’empreinte d’un culte venu du fond des âges. Aujourd’hui, menacée par son succès, les visiteurs détériorant les gravures, la Vallée des Merveilles doit être plus que jamais protégée dans le cadre du Parc du Mercantour.

Avec le regain d’intérêt écologique et une renaissance de l’amour de la nature, chaque année de nombreux visiteurs, modernes pèlerins, dirigent leurs pas vers ce site enchanteur où l’homme a toujours su trouver la paix de l’âme dans un décor envoûtant.

 

31/07/2009

FÊTE DES GUEYEURS

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LES GUEYEURS, UNE TRADITION HISTORIQUE ORIGINALE

 

A l’origine Saint Laurent du Var fut bâti au bord du Var pour en assurer la traversée.

Rappelons que déjà en 1005 l’abbé de Saint Véran reçut une habitation dans un hameau dénommé Varum, sur la rive droite du fleuve, où Saint Laurent s’est installé par la suite.

Au XIIè siècle un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins.

La création d’un hospice confié à des religieux va poursuivre cette coutume pendant les siècles suivants jusqu’au XVè siècle. « La barque de l’hospice » assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.

Lorsque Saint Laurent est repeuplé en 1468 par son seigneur l’évêque de Vence, Raphaël Monso, désireux de garantir la sécurité du gué, obligation est faite aux nouveaux venus, de tenir une barque sur le Var pour en assurer le passage. Ces premiers gueyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et  maintenir leur activité jusqu’au XIXè siècle.

Les gueyeurs disparaîtrons lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière définitive en 1864. Ils avaient été durant plus de huit siècles les maîtres du fleuve.

Laissons Smolett les décrire: «Au village de Saint-Laurent, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu'à la ceinture, avec de longues perches en main, prirent soin de notre voiture et, par mille détours, nous conduisirent sains et saufs à l'autre bord.»

 Et Papon, dans son «Voyage en Provence», de préciser : «... si l'on ne passe (le Var) ni en voiture, ni à cheval, on s'assied sur l'épaule de deux hommes qui se tiennent l'un contre l'autre».

Aujourd’hui le souvenir des gueyeurs se perpétue dans le Vieux Village par une modeste rue portant leur nom, elle relie la place de la Fontaine à la rue des Remparts.

Récemment, en 2000, un rond point au carrefour des rues du 11 novembre, du Point du Jour et de l’Ancien Pont s’est vu paré d’une sculpture représentant une voyageuse à califourchon sur le dos d’un de ces porte-faix, acteurs glorieux de l’Histoire de la cité.

Saint Laurent du Var possède, grâce aux gueyeurs, un patrimoine original, unique en France.

Ces données historiques fondées sur la tradition locale ne peuvent négliger le plus illustre des gueyeurs, leur patron  Saint Christophe, dont la fête est célébrée en août grâce au « Comité de sauvegarde du vieux village de Saint Laurent du Var. »

Pour la quatrième année le 8 août, ce même Comité vous invite à participer aux diverses festivités qu'il organise à la gloire des célèbres gueyeurs.  

 

Edmond ROSSI

18:35 Publié dans TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire