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16/04/2008

TRÉSOR DES TEMPLIERS A NICE, UNE LÉGENDE TENACE

C’est en 1135 que les chevaliers du Temple, s’établirent à Nice, occupant plus tard en 1154 un édifice désigné sous le nom de « Temple », situé dans l’actuelle rue de la Préfecture.

Hors les murs, ils disposaient de deux autres établissements, l’un, sorte d’hospice ouvert aux voyageurs franchissant le Var, installé sur la rive gauche du fleuve ; l’autre, dit de Sainte Marie, bâti dans la campagne du Ray baptisé aujourd’hui encore quartier du Temple.

C’est dans ces différentes retraites que le 24 Janvier 1308 seront interpellés, comme ailleurs en Provence, les « chevaliers aux blancs manteau » du bailliage de Nice. Cet événement avait été précédé par la rafle opérée le 13 Octobre 1307 dans tout le Royaume de France sous l’ordre de Philippe le Bel. A la suite de ce premier coup de filet, la fameux trésor du Temple avait été acheminé clandestinement dans le Midi pour être transporté ensuite en lieu sûr vers les possessions d’Orient. Il était prévu de l’embarquer au port provençal d’Antibes.

C’est dans ce contexte que se situe le récit qui suit. Chaque nuit, lorsque la cloche du donjon sonnait le huitième quart du guet, une ombre sortait du Temple du quartier Saleya, puis longeant les murs des ruelles, elle grimpait jusqu’à l’actuelle rue de Malonat au pied de la courtine imposante du bastion Saint Elme.

Parvenu devant une maison anonyme, l’homme s’arrêtait pour s’assurer de ne pas être suivi, puis se décidait à choquer la porte. S’ensuivait un rituel bien réglé : le guichet s’entrouvrait et une voix chuchotait : « Baphomet », l’inconnu répondait « Abaddon », la voix lui réclamait alors le nom ? S’établissait ensuite un dialogue où chacun donnait alternativement une des lettres formant le nom d’Emmanuel. Puis, rassemblant ces huit lettres, le visiteur prononçait le nom donné par le prophète Isaïe au Rédempteur : « Emmanuel ». La porte lui livrait alors passage.

Toutes ces précautions de conspirateur devaient aboutir à l’amoureuse rencontre d’Auger Guigonis, chapelain du Temple, avec Bertrade d’Arlac, fille du gouverneur du château de Nice. Nourri des principes ésotériques de son ordre, prudent et jaloux à l’extrême, l’amant ténébreux imposait ce protocole mystérieux pour parvenir jusqu’au nid de sa colombe. Les deux jeunes gens consacraient ensuite le reste de la nuit aux jeux d’un amour d’autant plus intense qu’il était secret.

Pourtant, cette nuit là, au delà des mots doux chuchotés à l’oreille, la douce Bertrade ouvrit son cœur pour exposer à son ami un tout autre discours.

La fille du gouverneur connaissait la disgrâce qui avait frappé les chevaliers du Temple dans le Royaume de France et l’influence exercée par Philippe le Bel sur Charles II d’Anjou, Comte de Provence et lieutenant du Roi de France.

Des bribes de conversation saisies au château faisaient état de la haine portée aux Templiers, dont la réussite et la puissance constituaient une menace parce que sorte d’état dans l’état. Les préparatifs de contingents de ces moines-soldats destinés à une nouvelle croisade, mais opérant en réalité une prudente retraite, avaient momentanément apaisé ces rumeurs.

Bertrade fit part de ses craintes à Auger et décidée à en savoir davantage, elle affirma pouvoir mieux l’informer dès le lendemain.

Bien que conscient de la menace qui pesait sur sa communauté, Auger Guigonis restait incrédule. La fuite vers l’Orient, habilement organisée, devrait mettre hors d’atteinte les glorieux chevaliers du Temple.

Disposant d’une totale liberté de mouvement, la jeune fille circulait à sa guise dans l’immense forteresse, simplement accompagnée d’une servante dévouée. Son père, militaire dur et impitoyable, n’y trouvait rien à redire se contentant simplement de lui faire un jour cette intuitive remarque : « Sachez jouvencelle que l’honneur de mon nom repose en partie sur votre tête, si un jour vous l’oubliez, je vous tuerai de ma main. » Il n’y eut plus d’autre commentaire.

Voilà comment la jeune demoiselle abandonnée à elle-même ayant rencontré le chevalier Auger de Guigonis s’en était éprise. Lui-même, avait succombé à son charme en dépit de son  vœu de chasteté. Paradoxalement, cette inobservance de la règle écartait tout soupçon sur leur tendre relation.

Fidèle à son rendez-vous, Bertrade traversait chaque soir une galerie souterraine reliant le bastion Saint Elme à la petite maison de la rue Malonat. Nous étions le 20 Janvier 1308. La fille du gouverneur avait entendu parlé de lettres closes qui ne devaient pas être ouvertes avant la nuit du 23 au 24 Janvier. Consciente du danger menaçant son amant, sa décision fut bientôt prise. A la faveur d’une absence du gouverneur, elle s’empara des fameuses lettres et osa en violer le secret.

Son entreprise fut facilitée par la bague, cadeau de sa marraine Brunissande de Foix, un temps maîtresse de Charles d’Anjou et de qui elle tenait ce bijou gravé aux armes de Provence. Ainsi les sceaux brisés purent être remplacés sans éveiller l’attention de quiconque. Lorsque la nuit venue Auger rencontra sa douce aimée, son visage était triste. L’assemblée des commandeurs de Provence avait décidé de hâter le départ pour la Terre Sainte. La croisade, décidée par le Concile de Poitiers, se préparait activement.

Déjà 37 chevaliers de l’Ordre regroupés dans le bailliage de Nice avec armes et bagages, suivis des « tueropoliers » (sorte de fantassins) se dirigeaient vers Antibes pour y être embarqués. A Nice, seule une douzaine de frères et leurs écuyers restaient encore dispersés dans les trois établissements de l’Ordre.

Auger était du nombre, bien que regrettant de ne pouvoir participer à cette campagne lointaine, il se réjouissait de ne pas abandonner l’objet de sa flamme. Bertrade l’écouta puis se décida à lui avouer ce qu’elle savait. « Auger vous êtes en danger de mort, comme vos frères du Royaume de France, vous serez arrêtés le 24 Janvier, il n’y aura plus de Temple en Provence. »

Atterré, Auger regagna en hâte la commanderie pour informer ses frères qui, au début incrédules, se rendirent bien vite à l’évidence quand il dévoila non sans quelque trouble l’origine de ses sources. L’indignation et la colère suivirent ces révélations avant qu’on ne tint conseil. Il n’était pas question d’engager un vain combat contre les séides du Comte de Provence, mais plutôt de sauver à tout prix le trésor du Temple, objet des convoitises de Philippe le Bel et Charles d’Anjou.

« Frères, même si nous sommes morts ou prisonniers, notre ordre ne pourra renaître que si nous savons protéger ces ressources qui nous ont été confiées. L’amas d’argent et de bijoux constituant le trésor du Temple doit être enfouis en lieu sûr dans les meilleurs délais. De sa possession dépend la survie de notre confrérie aujourd’hui menacée. » Ainsi parla Auger. Comme il ne pouvait être question de conserver la fortune des Templiers dans un de leurs établissements, il fallait le transporter sans tarder dans une cachette insoupçonnable, avec prudence pour ne pas éveiller l’attention de quiconque. Auger eut encore recours à Bertrade pour organiser ce délicat transfert.

C’est ainsi que, déguisé en mendiant, il réussit à contacter la dévouée Marie, servante de sa bien-aimée, avant d’obtenir un rendez-vous avec sa maîtresse sur la place du marché.

Bien que prise au dépourvu la jeune fille lui proposa de trouver un moyen avisé de transporter jusqu’au Malonat tout l’or qui pourrait être enlevé. « Agissez de nuit, la rafle n’aura lieu que demain matin à l’aube ; d’ici là, j’aurai trouvé une cache sûre dans les galeries perdues des fortifications. Ce n’est point au château qu’on viendra quérir votre mont-joie. Que Dieu vous aide, je vais prier pour vous et n’oubliez pas votre serment. »

Sur ces paroles, la jeune fille s’éloigna non sans avoir laissé tomber une pièce destinée au faux mendiant qui s’abaissa, le cœur réchauffé par le simple regard de sa douce maîtresse.

La veille avant de le quitter, Bertrade lui avait demandé de venir s’enfermer au Malonat avec ses compagnons pour échapper au coup de filet et d’attendre là que le danger disparaisse.

Mais comme le jeune homme refusait, elle répondit : « S’il vous arrive malheur, je fais serment de me précipiter du haut des remparts sur les rochers du rivage, l’un de nous ne doit pas survivre à l’autre. » Auger avait promis de ne pas s’exposer par bravade, d’ailleurs que pouvaient entreprendre quatre chevaliers contre une compagnie armée ?

De retour de sa brève entrevue, le chapelain du Temple cloua sur la porte de la Commanderie un parchemin où l’on pouvait lire : « Au nom du Père du Fils et du Saint Esprit. A tous ceux qui lisent le présent, salut et miséricorde. Ce jourd’hui vingt troisième jour de Janvier de l’an de grâce et du seigneur mille trois cent et huit.

En l’honneur de Saint Barnard, il sera fait au coucher du soleil, en l’office de ce temple, une distribution générale d’aumônes, vivres et vêtements aux indigents, malingres et gagne-deniers de cette bonne ville. Saint Bernard soit loué ! »

Sitôt connue, cette bonne nouvelle se répercuta dans le petit monde des mendiants de tout espèce qui pullulaient au Moyen Age à Nice comme ailleurs. Leur fructueux métier était non seulement protégé par les mœurs mais aussi par la loi. Le soleil commençait juste à décliner derrière les collines, que déjà une foule étrange d’éclopés de tous âges et de tous sexes se mettait bruyamment en route : boiteux, estropiés, borgnes, aveugles, manchots, lépreux, guenilleux criant, gueulant, braillant, accourus des quartiers de la ville basse, cette meute de chiens hargneux se bousculait comme à la curée devant le Temple.

Lorsque les lourds battants de la porte s’entrouvrirent, une poussée brutale projeta en avant un troupeau où se coudoyaient hommes, femmes, enfants, vieillards se ruant en vociférant et jurant. Cette mêlée humaine envahit la cour intérieure de la Commanderie. Des rues voisines, débouchaient encore des retardataires clopinant, se traînant avec la dernière énergie.

La bousculade était telle que la distribution se poursuivit tard dans la nuit. Alors que les pauvres se disputaient avidement les aumônes du Temple, des ombres encapuchonnées, chargées de lourdes besaces se livraient à un étrange manège, circulant du Temple à la modeste maison de la rue Malonat.

Retournant avec leurs sacs vides, les compagnons de l’Ordre et leurs serviteurs transportèrent, telles des fourmis et sans se faire remarquer, la totalité du trésor.

Abritée dans des fondations du château, repérées grâce à un plan primitif qu’avait consulté la fille du Gouverneur, la fortune du Temple pouvait attendre là des jours meilleurs à l’écart des convoitises.

Le plan de la cachette fut partagé en quatre et remis à chacun des chevaliers pour garantir le maximum de sécurité. Avec les premières lueurs de l’aube, l’impitoyable processus d’arrestation décidé par Charles d’Anjou s’accomplissait dans toute sa rigueur.

Le Sire d’Arlac avait comme convenu ouvert les plis et dans la hâte d’en connaître le contenu n’avait pas remarqué leur violation.

A la tête d’une troupe d’hommes en arme, le gouverneur investit très vite la commanderie niçoise, abandonnée par les Chevaliers du Temple. Quelques meubles, du linge, des outils, des armes seront son seul butin. Après avoir laissé des hommes sur place, d’Arlac s’élance vers le Temple du Var. Un détachement placé sous les ordres de Mathieu Riquier de Levens grimpe vers Sainte Marie et cerne cette autre possession du Temple.

Les huit chevaliers préparés à la garde de ces deux postes, bien que secrètement alertés par Auger Guigonis n’avaient pas cru en la réalité de la menace. Ils se défendirent avec bravoure mais succombèrent sous le nombre. Pris, ils furent conduits jusqu’à Meyrargue et Perthuis où étaient regroupés les prisonniers.

Quand aux trente sept Templiers embarqués à Antibes, ils avaient déjà gagné la haute mer. Auger et ses amis, cachés au Malonat, restaient en contact avec leurs écuyers, qui, sous divers déguisements, parcouraient la région en attendant la suite des événements.

A quelque temps de là s’ouvrit à Aix le procès des Templiers de Provence, Guigonis et ses frères tinrent en dépit des risques à y assister. Presque tous condamnés à mort, leurs compagnons monteront sur les bûchers pour y être brûlés en public. Ainsi mêlés à la foule, Guigonis et les siens seront remarqués et reconnus par leurs infortunés frères qui les accuseront de traîtrise. Interpellés, ils périront eux aussi dans les flammes des bûchers.

Quelques jours après leur mort, on devait découvrir le corps déchiqueté de Béatrice d’Arlac sur les rochers battus par les vagues, au bas des tours du château. L’Histoire a conservé par delà les siècles les noms des malheureux compagnons de Guillaume Auger Guigonis ; il s’agit de Pons Béranger, Hugues Giaume et Julien Jusbert.

C’est par hasard lorsqu’on débarrassa en 1822 les restes de l’ancien château ruiné, pour transformer son site en promenade publique, que l’on mis au jour une dalle de pierre dont l’inscription intrigua les archéologues de l’époque. On y lisait cette étrange inscription :

AG      GB + EMMANUEL HA      IV

MCCC            VIII

La colline du château, truffée de souterrains et de catacombes encore partiellement explorés de nos jours, conserve dans ses flancs l’énigme du mystérieux trésor des Templiers épargné grâce à l’amour et caché là depuis près de sept siècles.


 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

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09:22 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

13/04/2008

SAINT LAURENT DU VAR, SON HISTOIRE

ROSSI Edmond
SAINT LAURENT DU VAR A TRAVERS L’HISTOIRE 17.00EUR
[format :22X22 cm***ISBN :2-913637-36-1]  
Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire ou quand le présent rejoint l’Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise : « DIGOU LI, QUÉ VENGOUN», (DIS LEUR QU’ILS VIENNENT). Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s’étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Saint-Laurent-du-Var n’en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants, son Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

10:01 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

09/04/2008

LA VALLÉE DES MERVEILLES: UN ANCIEN LIEU DE CULTE

La Vallée des Merveilles, avec ses gravures préhistoriques, connut un culte mystérieux venu du fond des âges dont l’évolution aboutira à célébrer celui du Diable.

Pour connaître les origines de cette adoration, examinons dans quel cadre historique se développa la civilisation du Mont Bégo, montagne sacrée placée au centre de ce site.

Considérant la parenté des alignements de pierres trouvés aux abords du Bégo, avec les lointaines civilisations mégalithiques, nous avons recherché les vestiges similaires de cet âge dans les Alpes Maritimes.

Nous les retrouvons à l’ouest du fleuve Var, sur les bases des probables tribus transhumant l’été vers la Vallée des Merveilles, de Saint Raphaël à Saint Cézaire (au nord–ouest de Grasse) et vers Vence où près de 33 dolmens ont été répertoriés et fouillés. Notons que seulement trois dolmens ont été recensés à l’est du Var, précisément sur la route des transhumances : à La Trinité-Victor, Peillon et Peïra-Cava.

Ces vestiges, datés de 2500 avant J.C., furent dressés par les peuplades dites du Chasséen, caractérisées comme les  premiers agriculteurs constructeurs de villages. Or d’autres découvertes attestent de leur présence sur la Côte.

Ils seraient à l’origine des peuplades adoratrices du Bégo. Venu de l’est, ils parviennent dans les Alpes par la plaine du Piémont, le couloir rhodanien et la Provence.

Il existe d’ailleurs une parenté évidente entre les signes gravés de la Vallée des Merveilles et ceux retrouvés tout au long de l’arc alpin, de l’Autriche à la Suisse, du Val d’Aoste au Piémont. Cette ressemblance prouve une origine commune venue de l’est.

Parmi ceux-ci les plus célèbres sont situées dans le Val Camonica, à cent kilomètres au nord de Milan. Leurs thèmes sont voisins de ceux développés aux Merveilles mais avec plus de réalisme. La technique est la même, un piquetage de la roche.

En Autriche, en Italie auprès du lac de Garde, dans le Valais suisse, au Val d’Aoste, ainsi que dans les Alpes piémontaises (Germanasca, Lanzo, au nord de Pinerol ), on trouve des roches gravées depuis le Néolithique.

A Contes, au-dessus de Nice, à Puget-Rostang, ainsi qu’à Eze, des gravures de signes cornus rappellent la diffusion du culte des Merveilles, florissant au II ème millénaire avant notre ère. Mais, la pierre de Hesse (Luxembourg) reproduit aussi ce même signe (?).

Des formes de poignards de l’âge du bronze gravés autour du Bégo témoignent d’un cousinage avec la civilisation de la Polada (Plaine du Pô), de même les hallebardes du type de l’Unitice renvoient à une filiation venue d’Europe centrale.

Enfin, certains poignards figurés aux Merveilles ne se trouvent curieusement qu’en Bretagne.

Lorsque arrive la fin de l’âge du Bronze, un centre de production régional de ce métal existe dans les Alpes Maritimes. Sa présence est attestée par les découvertes de bracelets de même type dans divers points du Pays Niçois (Cimiez, Clans, Mont Gros) et de la proche Ligurie (Borniga).

De 1200 à 750 avant J.C., les guerriers des Champs d’Urnes, caractérisés par des tombes à incinération, envahissent l’Europe. Leur vagues se diluent en Provence. Avec eux, s’éteint la civilisation de la Vallée des Merveilles.

Au VI ème siècle avant J.C., les Ligures, repoussés par les Celtes armés d’épées de fer, acceptent leur venue dans la région. Ils se mêleront à eux au IV ème siècle avant J.C..

Déjà les premiers Grecs de Phocée relâchent sur la côte, fondant les comptoirs d’Antibes, Nice et Monaco. Les Romains ne vont pas tarder, ils s’installeront après une guerre de deux siècles conduite contre les Ligures, descendants des peuples graveurs du Bégo.

Quelle est la signification du mythe développé au Bégo ?

Placé au départ sous le signe du taureau, ce point de convergence  tellurique et géologique, ce château d’eau dispensateur de fertilité couronné d’orages, va accueillir les vagues de pèlerins. Leurs ex-voto, gravés sur place, se composent à 60% de corniformes.

Le taureau associé à la déesse mère traverse la mythologie. Le principe mâle du taureau et celui femelle de la terre forment un couple venu d’orient à travers la Méditerranée par la Crête, les Cyclades, la Sicile et la Sardaigne.

Zeus brandit la foudre, il prendra l’aspect d’un taureau blanc pour séduire Europe et l’emporter des rives d’Asie en Crête où naîtra Minos. Culte méditerranéen persistant dans la tauromachie, il se répandra pendant deux millénaires vers le Danemark, la Hollande et l’Irlande.

C’est aux Merveilles que son culte se manifeste avec  le plus de vigueur. Ce Parnasse européen sanctifiera le taureau, trésor fertilisateur de la nature.

La légende de la Maledia rapporte que ces lieux retirés accueillirent un culte célébré aux déesses mères, sans doute antérieur à celui du dieu taureau. Des pastourelles, jeunes vierges, sorte de prêtresses, gardaient ces montagnes inhospitalières avant d’en être chassées par des guerriers venus du nord.

Plus tard, un culte solaire d’essence celtique va s’installer aux Merveilles, à base de gravures de rouelles et de cercles de pierres laissés sur place.

Lorsque les Etrusques développent leur civilisation (au IV ème siècle avant J.C.) entre Rome et la Ligurie, on retrouve dans leur panthéon Bégoé, nymphe qui aurait enseigné aux hommes : le maniement de la foudre et l’art d’interpréter ses manifestations, ainsi que la limitation des champs (enclos). Ne faut-il pas y voir comme un lointain écho du culte du Bégo ?

Les Romains en célébrant le culte de Mythra et en pratiquant le taurobole (sacrifice expiatoire) reprennent à leur compte le culte du taureau.

La venue du christianisme dans les Alpes Maritimes sera tardive, les anciennes religions païennes restant vivaces jusqu’au départ des Sarrasins vers 973.

Les légendes de Saint Dalmas vers 250 et de Saint Erige vers 600 attestent de l’hostilité des tribus montagnardes attachées à leurs croyances.

La Vallée des Merveilles deviendra ensuite le haut-lieu de la sorcellerie où le Diable régnera en maître sur un monde à part.

Vallée aride, rochers ruiniformes, dalles d’un rouge sang couvertes de signes étranges : le décor est déjà propice à l’angoisse et à l’épouvante.

Comment ne pas voir dans les multiples corniformes gravés dans ces lieux hostiles, des représentations complaisantes de diables cornus et fourchus ?

Ces terres maudites, aux orages impressionnants, ne peuvent être hantées que par le Diable et ses actives servantes les sorcières.

Les alentours du Bégo deviendront la banlieue de l’Enfer, un territoire damné chargé de maléfices sataniques qu’il vaudra mieux éviter.

L’Eglise ignorera cet outre-monde où se retrouveront les mages, les astrologues et les disciples des Cathares et Vaudois brûlés en place de Sospel.

Des inscriptions datées, attestent de l’engouement médiéval porté à ces lieux ensorcelées, refuges des puissances occultes.

Signes kabbalistiques, scènes d’accouplement et de bacchanales associent leurs tracés magiques et revendicatifs dans la célébration des anciennes certitudes agraires.

La venue du monothéisme imposera le respect de la Loi qui va étouffer l’expression des désirs, entretenue jusque là par les cultes des divinités païennes.

Après une légère accalmie au XVIII ème siècle, des personnages marginaux puis des bergers prendront possession des Merveilles. Bandits d’honneur, « barbets », déserteurs, insoumis viennent alors chercher asile dans ces terres sauvages.

La période moderne verra s’accélérer le processus de fréquentation.

Dans la région, les pèlerinages alpins reprendront la démarche des premiers croyants, en honorant la Vierge Mère à la Madone de Fenestre, Sainte Anne de Vinadio et à Castelmagno dans le Val Grana où les troupeaux de vaches sont encore bénis aujourd’hui. L’Eglise a ainsi repris à son compte les anciennes pratiques venues d’un lointain passé.

La Vallée des Merveilles, lieu magique, conservera tout au long de l’histoire l’empreinte d’un culte venu du fond des âges. Aujourd’hui, menacée par son succès, les visiteurs détériorant les gravures, la Vallée des Merveilles doit être, plus que jamais, protégée.

Avec le regain d’intérêt écologique, la renaissance de l’amour de la nature, chaque année de nombreux visiteurs, modernes pèlerins, dirigent leurs pas vers cet univers de solitude majestueuse où l’homme a toujours connu la ferveur spirituelle dans un décor envoûtant.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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