11/06/2008
ANTIBES ET SES CHÂTEAUX DU MOYEN ÂGE
Ces deux donjons, marquent par leur présence la création de l’état provençal.
A Antibes, tout débute en 1176 par la mise au pas de la noblesse alliée aux sires de Grasse, à l’initiative de l’évêque d’Antibes ami du Comte.
Le château de l’évêque ou château Grimaldi, se dresse sur un rocher calcaire situé sur le front de mer à 92m d’altitude.
Une plaque de marbre résume en quelques mots le passé prestigieux de ce lieu : « oppidum ligure, acropole grecque, castrum romain, évêché du Bas Empire, château fort médiéval, demeure seigneuriale, résidence du gouverneur ».
Le donjon présente un angle offensif face à son concurrent de la cathédrale.
Ce premier château appartint d’abord aux princes d’Antibes vers 972 puis à l’évêque en 1113. Il sera défendu par une tour de vigie élevée vers 1208 par l’évêque pour contrer les menées hostiles des sires de Grasse-Antibes.
Le donjon carré de 7m de côté, d’une hauteur de 23m possède des murs de 1,70m d’épaisseur. L’entrée s’ouvre à l’est à 5m du sol dans un souci de défense.
Un escalier intérieur de 60 marches escalade la tour en longeant les murs.
Antibes devenue une place forte privilégiée du Comte de Provence appartint ensuite à Antoine Grimaldi, Viguier de Provence nommé par la Reine Jeanne.
Antibes restera propriété des Grimaldi jusqu’en 1608, date à laquelle ils vendent leur fief 250 000 florins au Roi de France Henri IV.
L’antique palais épiscopal, reconverti en château seigneurial, devient alors la résidence d’un gouverneur, pour revenir à la ville en 1923.
Le château abrite actuellement le « Musée Picasso ».
Le château des Princes ou clocher de la cathédrale est situé à proximité, il se dresse à 20m au-dessus du niveau de la mer, face à l’entrée de la cathédrale.
Ce château des Princes sera définitivement acquis par l’évêque en 1238.
Son donjon carré, bâti plus haut à 30m défiait son rival voisin. Large de 7,50m, il possède des murs d’une épaisseur de deux mètres.
D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au 04 93 24 86 55Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.
Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?
Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.
Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.
La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.
Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.
L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.
Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.
Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.
Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.
Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.
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10:44 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
28/05/2008
PEILLE, VILLAGE DE LÉGENDE ET DE TRADITIONS
Le festin des baguettes se déroule à Peille, situé au Nord de Nice, le 1er Dimanche de Septembre. L’origine de cette coutume où la jeune fille offre une baguette enrubannée à son danseur ou à son fiancé se confond avec la légende.
En 1357, Peille se trouva brusquement privé d’eau, l’unique source qui l’alimentait ayant brusquement disparu au cours d’un éboulement. La vie était donc devenue pénible au village, les citadins étaient contraints d’emporter, depuis les campagnes éloignées, leur provision d’eau.
Le Seigneur de la cité s’en trouvant fort affecté, convoqua aussitôt un jeune berger dénommé « Gioanin » auquel on attribuait de larges dons de sourcier et même de sorcier. N’avait-il pas prédit quelques années auparavant un terrible orage qui devait décimer tout un troupeau de chèvres ?
La matin même de la catastrophe, il refusa de conduire le troupeau sur les pentes du Baudon. On l’invectiva d’abord, mais on regretta ensuite de ne pas l’avoir écouté, de nombreuses chèvres ayant été foudroyées.
Fort de ce succès, le Seigneur le pria d’exercer ses dons afin de rendre à la communauté cette source, cause de tous les malheurs. La pâtre hésitait, était-ce une vengeance des « Forces souterraines » envers les Peillois qui n’avaient pas tenu compte de ses prédictions ?
Comprenant la gravité du moment, Roussetta, la fille du seigneur, un rameau d’olivier à la main, s’avança vers lui : « Gioanin, lui dit-elle, prends cette baguette, devine-nous la source, je te promets en échange ... mon coeur ».
Convaincu par cette douce proposition, le berger se décida. Saisissant la baguette magique, il fit quelques pas dans les rochers, s’arrêta. Miracle ! la baguette vibra et tourna, indiquant la circulation souterraine de l’eau.
« Creusez ici, à quelques mètres, vous trouverez l’eau ». Les travaux commencèrent aussitôt. Effectivement, quelques jours après, l’eau fut retrouvée, et d’ailleurs, de nos jours vous pouvez encore la déguster sur la place de la République, ex-place de « l’Aïga », elle est fraîche et légère ...
Roussetta tint ses promesses et pour fêter cet heureux événement fut créée la fête des Baguettes, que nos deux héros présidèrent longtemps.
La fête de la pomme fleuri ou « poum » qui était autrefois une pomme remplacée aujourd’hui par une orange se célèbre au 1er Janvier. Le curé et l’abat-mage (ou premier commissaire élu de la fête) présentent aux garçons une orange dans laquelle il pique une branche de buis, une fleur de néflier et des œillets. Chaque garçon offrira le « poum flourit » à la jeune fille de son choix.
Sur la place Saint Roch, on chante, on danse et on fait circuler des paniers d’oranges fleuries. Ce n’est plus forcément de leurs fleurs naturelles car on pique à l’endroit du pédoncule aujourd’hui, souvent, un bouquet des fleurs de saison : giroflées et les traditionnels œillets ou buis. On enveloppe chaque orange selon le rite, d’une feuille de bibassier (ou néflier du Japon).
Au cours du bal, lorsque les couples sont saisis par le démon de la danse, tout à coup, un commandement est lancé qui les arrête net : « Grand rond ... grand rond ...! » et c’est alors « lou rodou » qui se forme. Filles et garçons font cercle autour de la place en se tenant par la main, et les corbeilles d’oranges fleuries leur sont alors présentées à la grande joie de tous.
D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé :
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21/05/2008
VALLÉE DES MERVEILLES, DES SORTILÈGES AUX MALÉFICES
La tradition a conservé pour ces sites étranges ou merveilleux des noms évoquant les sentiments divers partagés par les audacieux qui s’y hasardaient.
Que de fantasmes sont nés de ces paysages sauvages inaccessibles une grande partie de l’année, de ces roches abruptes dominant des déserts de pierrailles battus par les vents et les orages, de ces figures insolites tracées sur la pierre !
Ces appréhensions, ces craintes se sont concrétisées dans des dénominations révélatrices qui ont véhiculé jusqu’à nos jours les mentalités des premiers visiteurs.
A ce titre, ces noms de lieux constituent des vestiges spécifiques à la Vallée des Merveilles, capables de fournir des informations sur son passé et sur les frayeurs qu’elle a fait naître.
Nous classerons cette toponymie en trois groupes : le premier relevant du culte ou de la peur inspirée par le site, le second des pratiques pastorales et le dernier des termes descriptifs.
Centre de gravité sur lequel pivotent toutes les exigences culturelles de la région : le Bégo a vu son nom décliné dans toutes les langues. De Bégum venant du radical Beg, signifiant seigneur en indo-européen, il est devenu Bekkos, dieu chez les Grecs, Baigorix avec le même sens chez les Celtes, Bog chez les Russes et même Bâga en mongol, l’étymologie étant toujours d’origine divine.
Plus prosaïquement, nous proposerons : Bégo, du gaulois becco ou bec, pointe, sommet. Mais la filiation des deux termes reste la même : Beg, radical signifiant le dominateur, le sommet ou le dieu.
Bobba appuie son explication sur une légende selon laquelle une divinité rustique Bekkos, correspondant au Pan des latins, aurait présidé la religion du Bégo dans l’Antiquité…
Dans l’esprit du culte taurin répandu à la préhistoire, il est bon de signaler : la Cima del Toro dominant le chemin d’accès, depuis la vallée du Gesso et le Piémont par le col de Sabion. Il existe plusieurs exemples en rapport avec les cornes, thème majeur des Merveilles, mais aussi attributs caractéristiques du Diable.
Le premier est situé sur le chemin de Transhumance (draille) s’ouvrant vers la Provence dans le massif de l’Authion, il s’agit des Mille-Fourches, voisinant le quartier de la Forcat qui en confirme l’étymologie.
Dans la même vallée, le lac Forcat ou Fourcat reprend cette idée du fourchu.
Plus explicite encore, la pointe de la Corne du Bouc retient la même notion, elle fait face aux pentes sud du Bégo. Le même animal cornu est repris à proximité du col de Sabion, avec la cime et le col Vei del Bouc (d’où l’on voit le Bouc).
Ne figurant plus que sous son nom de col de Tende, la grande porte alpine conserva jusqu’au XVII ème siècle l’appellation de col de Cornio, en relation avec le site voisin des Merveilles où pullulaient les insignes d’un culte en forme de cornes ou peut-être en souvenir du terrible brigand Jean de Cornio, détrousseur des voyageurs franchissant ce passage.
Ces terres minérales, aux cimes effrayantes, forment une zone métallifère exceptionnelle, porteuse d’uranium radioactif, chargée d’oxydes teintant les roches et de plus propres à attirer la foudre tout comme à dérégler les boussoles !
Les influx émis par ces propriétés du relief ne pouvaient que troubler les visiteurs de ces lieux déjà sous le charme du décor.
En ce qui concerne les anciennes frayeurs dégagées par ces paysages, la liste en est abondante : le col, la cime et le lac du Trem (tremblement de terreur), près de la cime du Diable, le mont del Frisson au-dessus du vallon du Sabion, le val d’Enfer, la cime du Diable (Testa del Inferno en italien), la Valmasque (vallée des sorcières jeteuses de sort), le val et la cime des Merveilles avec ses sortilèges et ses maléfices où la beauté fascinante côtoie les pires dangers.
Plus haut dans le nord, le mont Matto (le mont fou), la cime de la Maledia (la malédiction) ajoutent leurs épouvantes à la Rocca de l’Abisso (l’abîme).
Plus anecdotiques, la cime et le col des Verrairiers (des gens sincères) rappellent les châtiments qui menaçaient les menteurs pénétrant sur les terres du Diable.
Provocateur et téméraire, le mont Sainte Marie se dresse au nord du Bégo pour faire échec au paganisme. Couronnant le val d’Enfer criblé de lacs, le mont Macruère recèle dans ses syllabes le sens de la cruauté associée au sang, mais garde le secret de ses origines.
Le second groupe où transparaissent les pratiques pastorales nous offre : Le Chanvrairée ou Cianvraireo (plateau des chèvres), l’Arpette (l’alpage), les monts Agnel et Agnelet (agneau et berger), la cime de la Nauque (auge abreuvoir) sans compter les multiples gias (bergeries).
Plus classique le dernier ensemble présente les termes descriptifs habituels : lac noir, vert, carbon (charbon), la cime de Chamineye (couloir, ravin, cheminée), cime de la Charnassère (forêt), cime du Scandail (escandail, balance romaine), cime de la Lusière (billante, luisante, lumineuse), lac de l’Huile aux eaux figées et dormantes comme l’huile, Valaurette (petite vallée ventée, pour certains vallée dorée !), cime du Capelet (de cap, pointe), mont Paracouerte (pierre couverte : dolmen non repéré), Peyrafica (pierre plantée, fichée : menhir à retrouver), Ciappe ou Chape (roches lisses), vallon du Caïros (éboulis de pierres).
A cette dernière série, nous pourrions associer les noms dérivés des récits ou légendes mettant en scène tour à tour : la muette (de peur ?) du lac de la Moute (muta) ; un habitant de Saorge, proche village de la Roya, dans le lac Saorgine ; le bât d’un mulet perdu dans le lac du Basto, ainsi que la fontaine blanche
( comme l’albâtre) de la Fontanalbe.
Ce bref coup d’œil sur une toponymie pittoresque née des angoisses du passé serait incomplet sans la découverte des contes, fables et autres histoires, découlant de ces lieux impressionnants, propres à frapper l’âme humaine.
D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
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