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21/09/2014

CORPORANDI D'AUVARE, UNE FAMILLE SEIGNEURIALE DU COMTÉ DE NICE

 

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 Seigneurs de La Croix sur Roudoule, puis du fief d'Auvare, érigé en baronnie en leur faveur en 1774 par le roi de Sardaigne, les Corporandi régneront sur de petits villages perchés, plaqués sur une crête rocheuse dominant la vallée de la Roudoule au-dessus de Puget-Théniers.

 Auvare, pittoresque village du bout du monde, est installé sur le bord d'une falaise qui en fait une forteresse naturelle, renforcée par des constructions datées du XIIIème siècle.

 La Croix et Auvare ne feront partie du Royaume de Sardaigne qu'après 1760, où la frontière est révisée à la suite du traité de Turin. Ce qui explique le destin tour à tour français et piémontais de la famille Corporandi. Les représentants de cette noble lignée s'illustreront dans l'armée et la marine aux XVIIIème et XIXème siècle.

 Le plus connu, Gaspard Corporandi d'Auvare est né et mort à La Croix (1722-1804). Engagé en 1745 dans le corps de génie de l'armée française. Il participe à toutes les guerres grimpant les grades successifs jusqu'à celui de maréchal de camp. Il se retire alors et prend sa retraite à Entrevaux.

 Mais au début de la Révolution, bien qu'âgé de 70 ans, il est rappelé comme général de division et affecté aux Pyrénées Orientales. Un peu plus tard, libéré définitivement, il retourna dans son village et fut confirmé dans son grade par Bonaparte.

 Plusieurs de ses descendants se distingueront dans l'armée sarde puis après 1861, au service du Royaume d'Italie.

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04/09/2014

LES INSURRECTIONS PROVENÇALES DE LA RÉSISTANCE EN 1944

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Lorsque le 'débarquement en Normandie eut lieu, les milliers de FFI provençaux furent mobilisés (plan rougej'à l'annonce du message Méfiez-vous du toréador comme si l'opération aéronavale avait eu lieu sur les côtes méditerranéennes et, comme les pa­rachutages d'armes promis n'intervinrent pas, les rassemblements d'hommes peu ou mal armés mais désireux d'en découdre avec l'ennemi n'échappèrent pas aux militaires de la Wehrmacht comme à leurs auxiliaires répressifs de la compagnie Brandebourg et de la Milice, débouchant sur des drames plus ou moins sanglants au cours des jours suivants dans les .Bouches-du-Rhône (une centaine de victimes autour de Charleval et la Roque d'Anthéron), les Basses-Alpes (une trentaine de victimes dans la vallée de l'Ubaye) et dans les Alpes-Maritimes (six FFI montés au maquis mobilisateur du Fé­rion étant fusillés à Saint-Julien du Verdon le Il juin), mais aussi sur de graves dissen­sions au sein des commandements FFI entre les «militaires» de l'ORA (qui avaient pris des initiatives risquées) et les « politiques» de l'Armée secrète (plutôt attentistes).

Dans l'intervalle entre les deux débarquements, les FFI issus de l'ORA et des FTPF entamèrent une guérilla généralisée dans les Basses-Alpes (où des villages furent occupés-libérés prématurément comme Colmars-les-Alpes le 14 juillet) et les cadres de l'ORA décidèrent de créer une «république libre» dans la haute-vallée du Var, une centaine d'hommes se massant autour de Beuil, Valberg, Guillaumes et Saint-Martin d'Entraunes à compter du 7 juillet, constituant un Comité de libération, arrêtant les maires vichystes de Guillaumes et de Beuil, exécutant quelques personnes suspectes de collaboration, organisant le ravitaillement et bénéficiant, les 3 et 12 août, de parachu­tages leur permettant, de disposer d'un armement conséquent au moment où une mis­sion alliée parachutée dans les Basses-Alpes (commandant Chasuble, capitaine Calice, major Bambous, lieutenant John) parvenait à Beuil afin de réorganiser le commande­ment FFI des Alpes-Maritimes au profit de l'ORA (commandant Sapin et capitaine Malherbe) mais aussi des FTPF (commandant Job).

Le 15 août, depuis Beuil, le commandement FFI déclencha l'insurrection géné­ralisée, les FTPF occupant Peille et Levens tandis que les détachements de l'ORA fai­saient capituler les petites garnisons allemandes de l'arrière-pays niçois (Puget­Théniers, Saint-Martin-Vésubie, Le Bancairon). Le 19 août, à l'initiative des FTPF, des Milices Patriotiques et de la CGT, Marseille et Toulon s'insurgeaient, des combats de rue se développant au fur et à mesure de l'avance des troupes débarquées sur les côtes varoises.

Le 24 août, alors que Cannes, Grasse et Antibes se libéraient par l'action con­jointe des FFI (qui avaient occupé les bâtiments publics) et des parachutistes américa­no-canadiens, un comité insurrectionnel était constitué à Nice, à l'initiative de la mou­vance communiste (PCF, CGT, FTPF, FTP-MOI, MP), afin de soulever le chef-lieu du département maralpin au moment jugé le plus propice, ce qui intervint le soir du 27, au moment où-les unités alliées parvenaient sur la rive droite du fleuve Var et où les FFI regroupés à Levens subissaient des échecs répétés face à l'armement lourd dont dispo­saient les soldats de la 148e Ersatz Division. Le 28 août, des accrochages intervinrent autour du carrefour Cessole-Garnier, des places Gambetta, Masséna, Garibaldi, Saluzzo comme des bâtiments occupés par les FFI de toutes les tendances (Préfecture, Mairie, Hôtel des Postes, Lycée de Garçons, Usine à Gaz, dépôts SNCF à Saint-Roch et des TNL à Sainte-Agathe, Etablissements Michel, Garage Renault), faisant 32 tués et 280 blessés parmi les insurgés et 25 tués et 105 prisonniers parmi les ennemis qui quittèrent une «ville infestée de terroristes» au début de la nuit. Au même moment, les Allemands capitulaient à Marseille ainsi qu'à Toulon, les FFI ayant perdu une cen­taine d'hommes dans la capitale régionale et soixante-dix dans le grand port militaire varois au cours d'une phase insurrectionnelle ayant duré plus d'une semaine.

La Résistance paya donc un lourd tribut lors du soulèvement des trois grandes villes provençales mais elle allait en retirer deux avantages: politique dans l'immédiat puisque les Alliés acceptèrent sans rechigner la relève politico-sociale préparée dans la clandestinité, mémorielle sur le long terme puisque la libération ne se réduisit pas, comme dans la plupart des communes normandes, bretonnes, ligériennes et franci­liennes à la seule entrée des troupes alliées (françaises à Marseille et Toulon, améri­caines à Nice) dans les principales localités de la région, conférant à la Résistance inté­rieure un rôle majeur, comme dans la capitale française.

                                                             Jean-Louis PANICACCI

29/08/2014

LE DÉBARQUEMENT EN PROVENCE DU 15 AOÛT 1944

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Sujet de polémique entre les dirigeants alliés, l'opération aéronavale Anvil (Enclume) présentait l'intérêt majeur de libérer rapidement le territoire français par la conjonction des troupes débarquées le 6 juin en Normandie avec celles devant débarquer en Provence le 15 août et; secondairement, de capturer les divisions allemandes stationnées dans le Sud-ouest qui se trouveraient encerclées.

Sans atteindre l'ampleur de l'opération Overlord, l'opération Anvil (rebaptisée Dragoon le l " août) mobilisa 2000 navires de guerre et de transport partis pour la plupart de Naples, la Corse servant de porte-avions fixe à 200 km des côtes provençales, ce qui permettait de disposer de la suprématie aérienne afin de bombarder les défenseurs au cours des jours précédant le débarquement puis de les mitrailler au matin du Jour J avec 2100 appareils.

Autre différence importante avec Overlord, Dragoon mobilisa davantage de troupes françaises (6 divisions d'infanterie et 1 division blindée) qu'américaines (3 divisions d'infanterie et 1 division aéroportée), ces dernières devant pénétrer rapidement vers les Alpes du Nord par la vallée de la Durance et remonter la vallée du Rhône en direction de Lyon alors que les unités commandées par le général de Lattre devaient s'emparer des deux places fortes de Toulon (J + 20) et de Marseille (J + 40).

Contrairement à Overlord, les 250000 soldats de la Wehrmacht ne disposaient pas de réserves et leurs fortifications étaient moins impressionnantes, bien que nombreuses (121 dans les Alpes-Maritimes, 173 dans le Var et 275 dans les Bouches-du-Rhône), complétées par environ 500.000 mines antipersonnel et antichar dispersées sur les plages entre le delta du Rhône et la frontière italienne.

Dans la nuit du 14 au 15 août, des commandos français débarquèrent aux deux extrémités du dispositif afin de réduire au silence les batteries du Cap Nègre qui battaient de leurs canons la plage la plus occidentale (opération réussie par les Commandos d'Afrique) et de détruire les routes reliant Cannes à Fréjus (échec sanglant du Groupe naval d'assaut de Corse à Théoule-L'Esquillon avec onze tués, dix neuf blessés graves et trente-cinq prisonniers), tandis que la 1° Special Service Force occupa les Iles d'Hyères sans grande difficulté et que la 1° Air Borne Task Force fut parachutée dans la cuvette du Muy, sur les arrières des défenseurs du littoral et à proximité du QG de Draguignan. Le 15, les premières unités américaines débarquèrent assez facilement à Cavalaire, Pampelonne, La Nartelle, Le Dramont et Anthéor, rejointes le lendemain par les divisions françaises, le général de Lattre fixant à Saint-Tropez son' quartier général.

La phase d'exploitation fut une grande réussite puisque la Task Force Butler, guidée et renforcée par des FFI varois et bas-alpins, parvint à Digne le 19 août et à Gap le 21, Grenoble étant libérée le 22 et Lyon le 3 septembre tandis que l'Armée B s'emparait de Toulon avec sept jours d'avance sur les prévisions (2700 tués et blessés français contre 7000 allemands et 18000 prisonniers) et de Marseille avec vingt-six jours d'avance (1500 tués français contre 5000 allemands et 10000 prisonniers), ce qui, malgré quelques destructions portuaires, allait permettre aux troupes débarquées de bénéficier d'un ravitaillement plus conséquent qu'en Normandie, d'où une progression ra­pide vers le nord (Grenoble étant libérée six jours plus tôt que les trois grandes villes provençales et Lyon trois jours plus tôt que Menton).

                                                                   Jean-Louis PANICACCI