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04/09/2014

LES INSURRECTIONS PROVENÇALES DE LA RÉSISTANCE EN 1944

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Lorsque le 'débarquement en Normandie eut lieu, les milliers de FFI provençaux furent mobilisés (plan rougej'à l'annonce du message Méfiez-vous du toréador comme si l'opération aéronavale avait eu lieu sur les côtes méditerranéennes et, comme les pa­rachutages d'armes promis n'intervinrent pas, les rassemblements d'hommes peu ou mal armés mais désireux d'en découdre avec l'ennemi n'échappèrent pas aux militaires de la Wehrmacht comme à leurs auxiliaires répressifs de la compagnie Brandebourg et de la Milice, débouchant sur des drames plus ou moins sanglants au cours des jours suivants dans les .Bouches-du-Rhône (une centaine de victimes autour de Charleval et la Roque d'Anthéron), les Basses-Alpes (une trentaine de victimes dans la vallée de l'Ubaye) et dans les Alpes-Maritimes (six FFI montés au maquis mobilisateur du Fé­rion étant fusillés à Saint-Julien du Verdon le Il juin), mais aussi sur de graves dissen­sions au sein des commandements FFI entre les «militaires» de l'ORA (qui avaient pris des initiatives risquées) et les « politiques» de l'Armée secrète (plutôt attentistes).

Dans l'intervalle entre les deux débarquements, les FFI issus de l'ORA et des FTPF entamèrent une guérilla généralisée dans les Basses-Alpes (où des villages furent occupés-libérés prématurément comme Colmars-les-Alpes le 14 juillet) et les cadres de l'ORA décidèrent de créer une «république libre» dans la haute-vallée du Var, une centaine d'hommes se massant autour de Beuil, Valberg, Guillaumes et Saint-Martin d'Entraunes à compter du 7 juillet, constituant un Comité de libération, arrêtant les maires vichystes de Guillaumes et de Beuil, exécutant quelques personnes suspectes de collaboration, organisant le ravitaillement et bénéficiant, les 3 et 12 août, de parachu­tages leur permettant, de disposer d'un armement conséquent au moment où une mis­sion alliée parachutée dans les Basses-Alpes (commandant Chasuble, capitaine Calice, major Bambous, lieutenant John) parvenait à Beuil afin de réorganiser le commande­ment FFI des Alpes-Maritimes au profit de l'ORA (commandant Sapin et capitaine Malherbe) mais aussi des FTPF (commandant Job).

Le 15 août, depuis Beuil, le commandement FFI déclencha l'insurrection géné­ralisée, les FTPF occupant Peille et Levens tandis que les détachements de l'ORA fai­saient capituler les petites garnisons allemandes de l'arrière-pays niçois (Puget­Théniers, Saint-Martin-Vésubie, Le Bancairon). Le 19 août, à l'initiative des FTPF, des Milices Patriotiques et de la CGT, Marseille et Toulon s'insurgeaient, des combats de rue se développant au fur et à mesure de l'avance des troupes débarquées sur les côtes varoises.

Le 24 août, alors que Cannes, Grasse et Antibes se libéraient par l'action con­jointe des FFI (qui avaient occupé les bâtiments publics) et des parachutistes américa­no-canadiens, un comité insurrectionnel était constitué à Nice, à l'initiative de la mou­vance communiste (PCF, CGT, FTPF, FTP-MOI, MP), afin de soulever le chef-lieu du département maralpin au moment jugé le plus propice, ce qui intervint le soir du 27, au moment où-les unités alliées parvenaient sur la rive droite du fleuve Var et où les FFI regroupés à Levens subissaient des échecs répétés face à l'armement lourd dont dispo­saient les soldats de la 148e Ersatz Division. Le 28 août, des accrochages intervinrent autour du carrefour Cessole-Garnier, des places Gambetta, Masséna, Garibaldi, Saluzzo comme des bâtiments occupés par les FFI de toutes les tendances (Préfecture, Mairie, Hôtel des Postes, Lycée de Garçons, Usine à Gaz, dépôts SNCF à Saint-Roch et des TNL à Sainte-Agathe, Etablissements Michel, Garage Renault), faisant 32 tués et 280 blessés parmi les insurgés et 25 tués et 105 prisonniers parmi les ennemis qui quittèrent une «ville infestée de terroristes» au début de la nuit. Au même moment, les Allemands capitulaient à Marseille ainsi qu'à Toulon, les FFI ayant perdu une cen­taine d'hommes dans la capitale régionale et soixante-dix dans le grand port militaire varois au cours d'une phase insurrectionnelle ayant duré plus d'une semaine.

La Résistance paya donc un lourd tribut lors du soulèvement des trois grandes villes provençales mais elle allait en retirer deux avantages: politique dans l'immédiat puisque les Alliés acceptèrent sans rechigner la relève politico-sociale préparée dans la clandestinité, mémorielle sur le long terme puisque la libération ne se réduisit pas, comme dans la plupart des communes normandes, bretonnes, ligériennes et franci­liennes à la seule entrée des troupes alliées (françaises à Marseille et Toulon, améri­caines à Nice) dans les principales localités de la région, conférant à la Résistance inté­rieure un rôle majeur, comme dans la capitale française.

                                                             Jean-Louis PANICACCI

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