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08/04/2009

"PROMENONS NOUS DANS LE BOIS..."

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« PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS

TANT QUE LE LOUP N'Y EST PAS »

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour. Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mère-grands » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne. Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages. Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Dans les Alpes-Maritimes, des bandes de loups descendaient sur le littoral avant la Révolution. Ainsi en 1751, Saint-Laurent du Var en était infesté au point que des battues durent être organisées par la seigneur du lieu. Plus tard, en 1802, on signale un loup abattu dans la banlieue de Nice.

Dans les vallées du Comté de Nice et de la Provence orientale, les bois sombres, les « loupières » ou « loubières », conservent encore le souvenir de ces terribles animaux. Entre Villeneuve d’Entraunes et Bantes, un énorme rocher placé au bord du chemin, la « Peïra déou loup » rappelle l’histoire d’un paysan du coin qui, attaqué par un loup une nuit d’hiver, n’avait eu la vie sauve qu’en grimpant sur la pierre. Ainsi posté, il avait pu appeler et attendre du secours.

Les bergers transhumant avec leurs troupeaux étaient plus exposés que quiconque. Dans les pacages, pour défendre les bêtes des attaques des loups (et des ours jusqu’au XIXème siècle), ils disposaient de molosses protégés d’un collier à trois rangs de clous : les chiens de parc. Le soir, les enclos abritant le bétail avaient le haut de leurs murs garni de grosses pierres pointues pour décourager ces mêmes rôdeurs.

Mais c’est au siècle passé que s’allonge la liste des cruelles exactions recensées dans chaque village, plongeant nos grands-parents dans un climat de frayeur permanente.

Vivant par bandes aux abords de Nice, de Saint-Martin de Lantosque (Vésubie), à Aspremont, Falicon, Tourrette Levens, les loups attaquent bêtes et gens, sans vergogne, de jour comme de nuit. Leurs meutes descendent jusqu’aux portes de Nice, à Saint André, Saint Pons, Bellet, Fabron, Magnan, Saint Pierre de Féric pour y commettre leurs méfaits.

Le 11 Avril 1804 (21 Germinal an XI), le Conseil Municipal de Nice organise une battue pour détruire ces bêtes malfaisantes. Romey, maire de l’époque, confia cette mission au chef du quatrième bataillon de la Garde Nationale. Il fut d’autre part décidé d’offrir une prime de soixante livres à chaque citoyen qui apporterait une tête de loup à la Mairie dans les huit jours qui suivraient sa mort. Passé ce délai, il ne serait remis qu’une somme moindre (Archives Municipales de Nice, Délibérations XIII).

Un loup est tué tout près de là sur la Côte, en 1815, à Roquebrune Cap Martin. Cet événement motive le Prince de Monaco à autoriser le port du fusil pour le propriétaire d’une fabrique de tuiles de cette commune « pour se garder des loups ».

En 1826, le naturaliste Risso rapporte que le loup « séjournait dans nos bois et y apparaît toute l’année. » Si leur menace est écartée de la Côte, les loups continuent

de se multiplier dans le Haut Pays de 1840 à 1850. Leur présence est constante près de Breil et dans les vallées de la Roya et de la Vésubie. Pas un jour ne passe sans une attaque ou morsure de ces animaux affamés ou enragés. La population terrifiée n’ose plus voyager ou s’écarter des villages et hameaux. Pour s’assurer de la présence d’un loup dans les parages, les paysans imitent son hurlement dans l’attente d’un cri semblable. Chaque berger porte un fusil et, le soir venu, on allume de grands feux pour éloigner les féroces rôdeurs. C’est à qui trouvera un moyen pour les détruire. En plus des pièges et autres collets, on dépose sur leur passage des bêtes mortes, à la chair empoisonnée. Des chasseurs spécialisés vont d’un village à l’autre, sur invitation des conseils municipaux, pour tenter de les éliminer.

Le zoologiste J.B. Vérany, signale qu’en 1862 les frères Isoard de Clans, intrépides chasseurs, ont apporté à l’intendance de Nice plus de 150 loups et 100 lynx.

Vérany ajoute : « Il est regrettable pour ce département que la prime accordée pour chaque loup ou lynx soit réduite au taux minimal de 18 francs pour une louve pleine, 15 francs pour une louve non pleine, 12 francs pour un loup et 6 francs pour un louveteau. Ces primes ne dédommagent pas les chasseurs des fatigues et des pertes de temps. »

Si en 1865, il est rassurant de ne plus rencontrer les loups autour de Nice, il n’en est pas de même en montagne, dans les bois du secteur de Beuil, à 1500m d’altitude. Un des derniers tués dans ces parages le sera en 1886 à la Tête de Pérail, au-dessus de Pierlas, où un vacher trouve un matin dans son étable, un gros loup étripé par son bœuf.

A la Gaude, lors du terrible hiver de 1870, un loup mange le chien de la famille Boniffacy, dans leur propriété du Trigans. « C’était un loup maigre et affamé, il ne laissa que quelques os. » (A. Féraud).

même hiver, des attaques similaires sont signalées à Touët et Utelle. A Roubion, le préfet des Alpes-Maritimes distribue du poison au maire et organise une battue au quartier du Larzé.

A Massoins, dans les hivers de 1880, les loups ne craignaient pas de s’avancer jusque dans le village (Ch. Malaussena). A la même époque (dernier quart du XIXème siècle), Alice André rapporte qu’un jeune instituteur, se rendant de Pélasque à la Tour par le bien nommé col de Gratteloup, armé d’un revolver avec six balles, ne devait plus réapparaître.

On ne retrouvera sur place que six cadavres de loups, une chaussure et les lunettes de l’infortuné jeune homme. Tout près de là, entre Utelle et la Tour, un muletier parti seul avec ses bêtes vécut une nuit de cauchemar. Poursuivi par une meute affamée, il réussit à se réfugier avec sa « cavalerie » dans une grange isolée où il se barricada.

Observant ses agresseurs, il assista à une folle sarabande ; les loups tournaient dans une ronde infernale autour du bâtiment jusqu’à la chute du plus faible, dévoré alors par ses congénères. Apaisée, la meute disparut ensuite (A. André).

En cette fin de siècle, d’autres aventures tout aussi troublantes hantent encore la mémoire de nos villages. Dans le Valdeblore, allant visiter sa bergerie un soir d’hiver avec sa lampe, un habitant du lieu vit briller dans la nuit les yeux de quelques loups en quête de nourriture. Sachant que la serrure était parfois récalcitrante, il trembla de frayeur, mais cette fois là, miracle ! Elle s’ouvrit opportunément au premier tour de clé (A. Testor). Traversant de nuit ce même Valdeblore, sans lumière, un cordonnier rencontre un loup qui l’accompagna de Saint Dalmas à la Roche, tantôt le précédant, tantôt le suivant. Par bonheur, un paysan de la Roche sortit de son écurie avec une lanterne, mettant fin à cette inquiétante filature.

L’histoire de l’enfant, parti chercher du feu dans une ferme voisine avec un brandon de résineux, attaqué au retour et emporté par le loup avec sa torche enflammée courant la campagne, est un épisode repris dans plusieurs vallées : le Valdeblore, le Touyet (au-dessus d’Entrevaux), Barels (hameau de Guillaumes).

Entre le Prignolet et la Sagne, au-dessus de Saint Auban, près de l’oratoire des sept loups, un muletier avec sa bête s’est vu, la nuit, entouré par une meute de loups. Pris de peur, il attacha sa mule, l’abandonnant pour mieux fuir. Le matin, revenu sur les lieux, il retrouva surpris ses sept agresseurs, tués par la mule à coups de sabot (M. Brun).

Un autre muletier de Lantosque, parcourant l’antique route du sel vers la Madone des Fenestres, vit sa monture emportée par une avalanche. Il ne put en récupérer la viande qu’en la partageant avec une louve, « un morceau à moi, un morceau à toi »
(C. Borriglione).

Un jeune homme de Gourdon, qui faisait son service militaire à Antibes en 1880 fut une nuit dévoré par des loups alors qu’il rejoignait son village pour y passer une courte permission. Le vieux curé de Gourdon se rappelait en 1955 avoir participé dans sa jeunesse à des battues et à des « charivaris et tintamarres » faits avec de vieilles casseroles pour éloigner ces fauves des troupeaux et des bergeries. Il reste encore, sur les plateaux des Pré-Alpes de Grasse, de nombreux courtils, enclos dont les ruines ont été quelquefois confondues avec des « castellaras » préhistoriques.

En 1882, devant ses menaces, sous la présidence de Jules Grévy, une loi du 3 Août codifia et tarifa les primes à verser en cas de destruction des loups, 100 francs par tête de loup, 150 francs par tête de louve pleine, 40 francs par tête de louveteau (c’est-à-dire un animal pesant moins de 8kgs). Mieux cette même loi signalait encore l’attribution d’une prime de 200 francs, si l’on prouvait que le loup tué s’était jeté auparavant sur des êtres humains.

Au début du siècle, un loup pourchassé réussit à s’échapper dans le secteur de Séranon. A la même époque, on ferme le soir les portes du village d’Ilonse pour s’en protéger.

C’est en 1906 que les derniers loups seront aperçus : 4 du côté de Péone et 1 vers l’Argentera dans la Haute Vésubie.

J. Plent de Saint Martin de Vésubie rapporte que son père et des collègues, au début de notre siècle, avaient rencontré deux loups au Boréon. Un autre loup solitaire rôdait lui autour de la Madone des Fenestres après la guerre de 1914-1918. Plus tôt, vers 1890, un certain Roaino de Venanson était trappeur de loups, touchant primes de la mairie et du département, pour protéger les troupeaux. Lorsqu’il venait à Saint Martin, ses vêtements étaient imprégnés par l’odeur du loup au point que les chiens le suivaient en grondant, prêts à mordre ! Tous les moyens furent alors employés pour détruire les loups : fusil, piège et poison. C’est par ce dernier qu’ils furent anéantis.

Le dernier loup des Alpes-Maritimes aurait été tué en 1913 par M. Maurel de Belvédère. Néanmoins dans l’entre-deux-guerres, en Juin, au quartier du Villard proche de Saint Martin de Vésubie, une chute de neige tardive entraîna l’attaque par une louve et ses petits d’un troupeau de génisses remisé dans un abri sous roche. Le vacher assista impuissant au massacre de deux de ses bêtes depuis son cabanon. La meute mordait la queue des victimes qui tournaient en rond jusqu’à épuisement. Alors, les loups les égorgeaient (J. Plent).

A la même époque, Jean-Baptiste Plent, monté une année en Avril à la Madone des Fenestres, s’était assoupi après avoir cassé la croûte. Réveillé par un léger bruit, il vit un loup à quelques pas, prêt à bondir sur lui ! L’animal s’enfuit dès que l’homme se redressa. Le malheureux montagnard resta trois mois malade de peur.

Pas loin de là, à Mollières, entre Tinée et Vésubie, Madame Giuge témoigne qu’entre les deux guerres son père s’était fait attaquer par un loup, aussi pour éloigner la menace, les gens du lieu allumaient de grands feux la nuit, autour du village.

Ma propre tante, institutrice à Barels, au début des années vingt, rejoignait notre village de Villeneuve d’Entraunes, armée d’un revolver pour se protéger d’une possible attaque des loups. Au-delà du col de la Lombarde, au-dessus d’Isola 2000, dans les années trente, le gardien du sanctuaire de Sainte Anne de Vinadio prétendait apercevoir des loups en hiver autour de son refuge (Dr. Paschetta).

Enfin, plus près de nous, des excursionnistes fréquentant dans les années soixante dix l’ancien refuge des Adus (Boréon), ont relevé dans la neige des empreintes attribuables à des loups (M. André).

On prétend aujourd’hui que le dernier loup tué en France l’a été en 1942 en Haute-Marne et qu’un autre l’aurait été en 1981 dans l’Ariège. C’est encore une fois oublier les réalités des Alpes-Maritimes ! En effet, rappelons qu’à Bergue, sur la commune de Fontan, un superbe loup a été abattu en 1987. L’animal naturalisé trône dans la mairie de cette commune.

Brusquement, tout s’amplifie : en Novembre 1992, on signale deux loups dans le secteur de Mollières inclus dans le Parc du Mercantour. En Juin 1994, six loups sont recensés dans la Haute Vésubie. D’autres spécimens sont repérés à la même époque par des chasseurs au-dessus de Châteauneuf d’Entraunes ! Venu d’Italie centrale (Abruzzes) à travers les Apennins, le retour flatteur de ce féroce carnassier devrait promouvoir l’image de marque du Parc du Mercantour, lieu naturel sauvage chargé d’émotion. Déjà les visiteurs affluent à la recherche de sensations fortes !

Il semble que cette fois l’homme souhaite dominer sa crainte ancestrale pour accepter la présence du loup et le côtoyer, mais à quel prix ?

Un débat difficile s’est ouvert entre éleveurs et responsables du Parc, chacun restant sur des positions inconciliables. Seul l’avenir donnera une réponse que nous souhaitons conforme aux intérêts des amoureux de la montagne et de ceux qui y vivent.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 


17:54 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

31/03/2009

SAINT DALMAS DE VALDEBLORE: LES LOUPS DANS LE VILLAGE !

101 SAINT DALMAS DE VALDEBLORE, L'EGLISE page 101.jpg

 

A SAINT DALMAS DE VALDEBLORE,

UNE INQUIÈTANTE PRÉSENCE

 

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LA SERRURE DIFFICILE A OUVRIR…

 

 Témoignage de ALFRED TESTOR, Juin 1982

 

« Des histoires de loups, j'ai entendu, j'en ai pas vu, mais il yen avait, racontées par des personnes de mon âge. Et vous savez, ils faisaient attention, parce qu'il y avait pas de lumières et ni rien.

 

Moi ça m'a été raconté qu'un jour, il y avait une campagne du côté du vallon, là, ils avaient une bergerie, et le soir il allait toujours voir ses bêtes, avec la lanterne. Et il avait une serrure qui ouvrait très difficilement. Et ce soir-là, il te voit briller les yeux des loups, qui étaient affamés, c'était l'hiver, il se dit: maintenant j'en ai pour une heure à ouvrir, je crois que ce soir je suis fait ! Et du premier coup il a ouvert ! ».

 

LE LOUP ET LE CORDONNIER

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 Témoignage de M. Mario ERNEST, Juin 1982

 

« Maintenant j'ai entendu dire, moi j'ai pas connu, que dans le temps, les cordonniers, quand vous vouliez faire une paire de chaussures, c'était le cordonnier qui venait à la maison. Et il y avait un cordonnier qui était "l'écoumet", il avait été chez quelqu'un faire une paire de chaussures, et le soir, bien entendu, il fallait faire la paire de chaussures dans la journée, tout à main, on cousait tout à main et tout, et quand la nuit est venue il avait pas fini, il est resté jusqu'à tant qu'il a eu fini. Il est parti de Saint-Dalmas vers les 11 heures ou peut-être minuit. Et quand il a été dans le quartier de Saint-Sébastien, il y a un loup qui s'est approché de lui, mais lui il avait pas de lumière, il avait rien à ce moment-là on marchait dans la nuit comme en plein jour, hein ! Ça nous fait rien d'aller en montagne dans la nuit, sans lumière et par moments ce loup l'a suivi; par moments il l'avait devant et par moments le loup était derrière. Il a dit:

- "Maintenant quand j'arrive au vallon de Saint-Joseph, il va me manger ! Mais quand même le loup il est pas arrivé après lui, il l'a toujours suivi. Et quand il est arrivé à La Roche, là où c'est qu'a construit Pietri, il y a un grand vallon, il s'est dit:

- "Maintenant quand il est là, le loup il me saute dessus"; mais le loup par moments il était devant, par moments il le suivait tout le temps, par moments il était derrière.

Et quand il a été là, qu'il a pris la descente il y a une personne qui est sortie à la Roche à ce moment-là de la lumière, il yen avait pas -, il est sorti à l'écurie avec une petite lanterne, et le loup quand il a vu la lumière, il a foutu le camp. C'est là qu'il a pu revenir à la Bolline sain et sauf, parce que peut-être que le loup l'aurait attaqué.»


L'ENFANT QUI ETAIT ALLE CHERCHER DU FEU (Thème récurrent)

 

Témoignage de Mme Marcelle GINNALESCI, Juin 1982

 

« Voilà, je vais vous raconter une histoire, mais c'est peut-être vrai. Ça se passe, tu vois où il y a ta cousine Adrienne? (cousine de M. Mario Ernest ), c'était le premier village d'ici, c'était le "Bourjau", la première maison de la Bolline ça c'est appelé le quartier de la Bourjau; et alors dans le temps, il y avait pas des allumettes. Ils laissaient toujours couver une petit peu de brasier, et une mémé elle donnait du feu à l'autre.

 

Alors elle avait été aux champs, et le soir quand elle est arrivée, son feu s'était éteint, c'était dans la maison des Audoli, par-là. Alors elle lui (à son fils) dit:

 

- "Tu vas aller jusque là-haut chez ta tante, et puis je te donne un morceau de bois gras,  c'était un morceau de bois résineux, tu vas chercher du feu là-haut". Et alors le petit, il est parti avec ce bois gras, et la tante lui a donné le feu, il est sorti avec le feu allumé, et puis en descendant dans la ruelle, le loup l'a rattrapé et il est allé le manger dans un canal, là au-dessus. Et alors, la maman disait: "Mais comment ça se fait qu'il ne vient pas!" Elle est sortie, elle appelait, elle appelait, mais ils l'ont plus vu. Et ils ont vu un petit bout de flamme, qui brûlait là-haut dans le canal, il avait même rôti un petit peu la bordure ils sont montés, ben le petit était à moitié mangé par les loups là-haut ».

 

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

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26/03/2009

VENGEANCE DIABOLIQUE A ILONSE

 

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A Ilonse, au-dessus de la vallée de la Tinée, Justine et Jean allaient régulièrement faucher l’herbe sur les hauts pâturages dominant le village.

Chaque matin, alors qu’ils travaillaient dans les prés, un gros serpent venait soustraire une partie de leur repas déposé dans un panier à l’intérieur de la grange. Justine demanda à Jean de tuer cette sale bête, mais l’homme hésitait. Elle insista comme si elle flairait quelque chose d’anormal.

Un matin, lassé par ses doléances, Jean décida, un peu à contrecœur, de satisfaire au désir de sa femme. Il asséna un coup de bâton magistral au reptile, capable de rompre l’échine d’un mulet. Par chance, la bête réussit tout de même à s’enfuir.

Quelques jours après, Jean descendit aux provisions à Saint-Sauveur-sur-Tinée.

Chemin faisant, il rencontra une femme sur qui son habit, à l’élégance inhabituelle, dut faire de l’effet, puisqu’elle lui dit : « Oh ! Jean où allez-vous de ce pas ? ». Surpris d’être apostrophé par son nom, Jean lui demanda :

 « Comment me connaissez-vous ?

– Nous nous sommes rencontrés voilà bien longtemps. Vous ne me remettez pas ? Je sais que vous êtes un brave homme ». Elle tira alors de son couffin un joli châle en soie et pria Jean de l’offrir à sa femme.

De retour, Jean pense au beau cadeau qu’il allait faire à sa Justine et pour mieux apprécier l’effet qu’il produirait sur les épaules de sa femme, il s’arrêta, déploya et attacha le fichu au tronc d’un arbre.

Comme il nouait les pointes, l’arbre prit feu et fut réduit en un instant en une bûche calcinée.

Le malheureux paysan réalisa alors qu’il avait été victime d’une sorcière, capable de prendre plusieurs aspects, comme celui de la couleuvre bâtonnée sur l’insistance de Justine. Par chance, sa femme avait échappé à sa vengeance, orchestrée avec un raffinement diabolique.²

 

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?

Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que  vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.

Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».

De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.

Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.

 

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19:03 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire