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21/02/2011

LE MERCANTOUR RACONTÉ, "DU MISTRAL SUR LE MERCANTOUR" VU PAR LA CRITIQUE

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ROSSI : L’ENCHANTEMENT DU MERCANTOUR

LIVRES : LE DERNIER OUVRAGE DE L'HISTORIEN LAURENTIN FAIT REVIVRE AVEC VERVE LES VALLEES DE SON ENFANCE

 Pays des dieux depuis la nuit des temps, le Mercantour captive toujours. Lui-même fasciné par les montagne de son enfance, Edmond Rossi, originaire du Val d'Entraunes, « nous invite pénétrer l’âme de ces vallées » qui lui a été dévoilée de ma­nière inattendue grâce à la décou­verte fortuite de manuscrits d'un de leurs habitants. Titré « Du mistral sur le Mercantour » le dernier livre de l'historien laurentin en tire le meilleur, sous la forme de vingt sa­voureuses nouvelles.

Un journal des vallées

Tombé par un hasard de la vie sur quatre vieux cahiers d'écolier aux pages noircies par l'écriture de l'an­cien géomètre Félicien Giraud, Ed­mond Rossi y a trouvé une sorte de journal de la vie des vallées. Sa pro­pre verve lui a permis de transmu­ter en or des faits-divers souvent assez tristes.

Les protagonistes de ces faits bien réels étant décédés, il publie à présent ces récits en ayant pris soin de modifier les noms. Toute ressemblance avec des personnages ou des événements ayant existé n'est donc pas fortuite, et les anciens des vallées en reconnaîtront certainement.

Certains laurentins se retrouveront sur les illustrations anciennes parsemées au fil des pages par Edmond Rossi afin de faire revivre l’atmosphère d’antan.

Reviens notamment plusieurs fois le personnage d’un maire radical socialiste, que l’on voit jouer bien malgré lui les Pepone avec le Don Carrillo local un jour où ils se sont retrouvés bien malgré eux naufragés en duo durant des heures dans la nacelle d'une remontée mécani­que.

Contre toute attente, certaines histoires se terminent même à l'autre bout du monde, en Argentine, ou dans le Rif marocain où l’on volt une nonne devenir « reine » du harem d'un caïd local!

La plume est alerte, pleine d'hu­mour, et parfois leste, car dans les villages comme ailleurs, l'amour mène la vie. Mais à travers ces ré­cits, perce beaucoup de tendresse pour les montagnes et leurs habi­tants d'aujourd'hui comme d'hier

Laurent Quilici (Nice Matin)

Savoir +

«Du mistral sur le Mercantour, récits et faits-divers d'antan», d'Edmond Rossi, aux Editions Alan Sutton, 127 pages 21 euros. Une idée de cadeau de fin d’année, disponible en librairie, sur le site des Editions Sutton, ou avec dédicace au 04 93 24 86 55

09:58 Publié dans Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : memoire

28/01/2011

"LES VALLÉES DU SOLEIL", DE BRIANÇON À NICE, LEURS TRÉSORS, LEURS MYSTÈRES...

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« LES VALLÉES DU SOLEIL »

EDMOND ROSSI RACONTE LES ALPES DU SUD

 

Connaître un pays, pas si simple qu’on ne le croit. Un coup d’œil sur les paysages, quelques mots échangés au passage avec les gens, une fleur cueillie au bord de la route, un animal aperçu fugitivement dans un taillis, un monument 'ancien visité au pas de charge: voilà souvent tout ce qu'on retient d’un voyage.

Pour Edmond Rossi l'optique est autre. Tout concourt à la connaissance d'une région, mais les éléments sont généralement épars et le visiteur pressé.

- Quand je voyage, explique-t-il, cela me ferait plaisir d'avoir un livre ou je trouve tout…

Cette idée de départ a guidé la main - et les pas – de cet enfant du val d'Entraunes quand il a écrit « Les Vallées du Soleil » qui est mieux qu'un livre une sorte d'acte d'amour a son pays. Les « Vallées du Soleil » ? Pour qui ne les aurait pas situées, ce sont celles des Alpes du Sud, qui descendent des hautes cimes du Mercantour, vers la Méditerranée, ou des chaînes du Briançonnais vers une Durance pas encore provençale.

Expliquer ces paysages lumineux, ces formes géologiques, ces végétations, retracer dans ce cadre la présence humaine au travers des  siècles, retrouver les légendes anciennes conservées par la tradition orale, c'était une entreprise encyclopédique assez décourageante. Mais Edmond Rossi - la cinquantaine sportive, lunettes, mous taches - qui ne renie pas ses ori­gines terriennes fait partie de la race des opiniâtres. Pendant des années, avec son épouse aussi passionnée que lui il a parcouru les monts et les vaux en gardant les yeux ouverts tant sur la nature que sur la carte de l’I.G.N. au 25 000ème.

Apprendre à voir

-Mais, pendant des années aussi, auparavant, raconte-t-il, j'ai fait des «courses» avec le Club alpin. La course, on la faisait en ignorant, la plante, la pierre, les rui­nes, un cadran solaire, tout ce qui peut se cacher derrière une appa­rence.

- J’ai beaucoup appris des gens, dit-il. Je leur ai demandé de retrou­ver leur mémoire. Je suis monté dans tes vallées avec un magnétophone...
Non seulement. Comme il a de plus un joli coup de crayon, il a pris des croquis d'une quantité de vieil­les habitations, de granges, de fer­mes, de bergeries, arrivant à carac­tériser les modes de construction selon les lieux et les climats. Il s'est plongé dans des archives, a réuni une bibliothèque pléthorique, a accumulé tout ce qui s'était dit et écrit et, miracle, a réussi à en faire une synthèse qui se lit comme un roman.

La preuve qu'un pays, ça peut aussi se raconter.

Un réservoir humain...

Les « Vallées du soleil», on les voit ainsi se former depuis les âges géologiques. Les premiers peuple­ments humains s'y développent, puis de petites sociétés vivant en autarcie dans un Moyen Age peu sûr, protégées par les obstacles naturels. Des épisodes sanglants liés aux guerres de conquêtes, aux guerres de religions, aux invasions diverses expliquent encore une quantité de vestiges qu'on retrouve encore aujourd'hui sur le terrain: gravures de la vallée des Merveil­les, castellaras, castrum, châteaux en ruines, villages perchée pour dis­suader l'agresseur... Derniers vesti­ges sans doute : combien de temps encore les retrouvera-t-on ?

- Il fallait écrire ce livre, affirme Edmond Rossi. Je suis sûr que dans les dix années à venir, un boum spéculatif va tout faire disparaître.

L'amour du pays n'explique pour­tant pas la genèse de l’ouvrage, un gros bouquin de plus de 300 pages, riche de références de toute sorte.

- Bien sûr, dit l'auteur, c'est mon patrimoine culturel, mes raci­nes. Ça me fait plaisir de savoir comment vivaient mes anciens. Mais au départ il y a eu autre cho­se. Ma femme était institutrice à Revest-les-Roches et, à l’intention de ses élèves, j'ai fait des recherches aux archives départementales, qui ont débouché sur une petite monographie, Un peu plus tard, ma femme étant laurentine, j'ai fait le même travail, mais avec beaucoup plus de matière, sur Saint-Laurent-du-Var...

Il restait donc tout le haut pays, sujet extrêmement captivant qui n'avait guère fait l'objet que d'études érudites et ponctuelles, le plus souvent inaccessibles au grand public. Si l'on veut être lu utilement, il ne faut pas s’enfermer dans un langage pour initié, la barre ne doit pas être placée trop haut.

Il n'en est nul besoin pour voir revivre ces communautés humaines repliées sur elles-mêmes, à l’époque où trois jours de marche suffisaient à peine pour aller (à pied) de Nice à la Tinée (par Levens, Utelle et La Tour) ou de Nice au val d'Entraunes par    Aspremont, Saint Martin du Var, Gilette, Ascros, le col Saint-Raphaël, Puget-Théniers, la Roudoule !) pays peuplé à cette époque.

- j’ai toujours été étonné par ce fait : les vallées étaient le réservoir humain, bien plus que le littoral balayé par tous les envahisseurs. Mais à partir du XVe siècle les gens commencent à descendre vers la mer…

Un mouvement qui n’allait plus cesser jusqu’à la dépopulation actuelle. Mais ce ne sont là que quelques aspects de ce livre bourré d’informations historiques, géographiques et d’anecdotes : de quoi donnes à ses lecteurs le goût d’y aller voir de plus près.

- J’espère qu'ils feront d’autres découvertes, dit encore Edmond Rossi, je n’ai pas la prétention d’avoir tout trouvé. Mais j’espère que tous, qu ‘ils soient natifs d’ici ou d'ailleurs, puiseront là des raisons nouvelles d'aimer leur pays et saisiront le fil conducteur pour en retrouver l’âme.

 

Jean Magnet (Nice Matin 24-06-1982)

 

 “Les Vallées du Soleil” collection les “Enigmes de l’Univers” Robert Laffont, Paris

 

Ce livre est disponible dédicacé  au prix de 10 € en téléphonant au 04 93 24 86 55

16/12/2010

CONTE DE NOËL : A VENCE, OÙ FLEURIT L'AUBEPINE…

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Après avoir été accusée de la mort de son mari, André de Hongrie, trouvé étranglé dans son château d'Aversa, sa jeune femme de dix-huit ans, Jeanne, reine de Naples, comtesse de cette Provence qu'elle ne connaît pas, décide de quitter Naples pour aller en Avignon. La reine souhaite par cette démarche auprès du pape Clément VI être blanchie des soupçons qui pèsent sur elle. Un long voyage maritime la conduit alors jusqu'à Nice où elle débarque en octobre 1345. De là, elle rejoint Vence où elle décide de se recueillir avant de comparaître devant le consistoire de Clément VI.

Ce voyage avait mal débuté. En effet, l'éminence grise de son mari, le moine Robert, lui avait interdit d'emmener dans sa suite un jeune page provençal du nom d'Aubépin. Au fil des soirées, Aubépin avait su retenir l'intérêt de la reine en la berçant de ses douces chansons. Séduite, elle s'était Souvent laissée aller à l'écouter. Aussi elle regretta de devoir se séparer de sa présence et lui fit promettre en secret de venir la rejoindre avant Noël, dans cette Provence des rêves. La vie s'était organisée au château de Malvan, situé au-dessus de Vence. Jeanne continuait à gouverner ses vastes terres depuis ce manoir perdu au pied de la montagne, où un large panorama s'étend d' Antibes à l'embouchure du Var. Les chroniques ont décrit la reine Jeanne comme une femme douée d'un fort tempérament, et « d'un désir insatiable au lit », si bien que ses quatre époux ne purent jamais « l'appointer » suffisamment. Veuve, esseulée, elle se morfondait dans cet isolement champêtre lorsque les circonstances lui offrirent enfin l'occasion de se distraire.

Un soir, Aubépin se présenta au château, mécon­naissable, portant la barbe, sous l'aspect d'un troubadour de passage venu pour amuser la cour. Jeanne très vite reconnut sa voix et ses couplets enflammés. Le moine Robert étant parti en avant vers A vignon pour organiser l'entrevue de la reine et du pape, rien ne s'opposait à ce que le jeune page reprenne désormais sa place auprès d'elle.

Les fêtes de fin d'année approchaient et la reine décida de s'y apprêter dignement. On prépara son bain en faisant chauffer force chaudrons d'eau parfu­mée au jasmin, que ses suivantes versèrent dans un vaste baquet de chêne où elle trempa son corps voluptueusement. La chaleur du bain et les soins de ses servantes éveillèrent les sens de la dame qui invita son page à venir partager ces délices. Les jeux de l'amour complétèrent agréablement cette séance. Aubépin s'y révéla comme un partenaire acceptable en tout point. Chaque soir le nouveau favori venait chanter ses poèmes exaltés et partager ensuite la couche de sa  lascive maîtresse, en guise de suprême récompense. Très vite envié et jalousé, Aubépin savait doser le compliment et la caresse pour conserver ce rare privilège.

La passion aveuglant les jeunes amants, il fut convenu que la nuit de Noël, une des plus longues de l'année, serait consacrée au plaisir en dépit de son caractère religieux. Le soir venu les cloches de Vence et des villages alentour sonnent à toute volée. Après que le chapelain, messire de Vaugelade, eut expédié la messe de minuit, Jeanne se prépare à recevoir les hommages de son bien-aimé mais celui-ci tarde à venir. Impatiente, elle entend soudain les doux accords d'une viole suivis d'un chant venant du dehors. Elle se penche à la croisée pour mieux écouter les paroles de la douce sérénade et reconnaît dans l'obscurité la voix du ménestrel: c'est celle d'Aubé­pin! En proie au désir, Jeanne répond aux propos flatteurs en invitant son ami à venir la rejoindre sans plus attendre. C'est alors qu'un cri de souffrance répond à son appel. La voilà qui court au pied de la fenêtre pour recueillir le jeune page livide, mourant dans ses bras, un poignard planté dans le dos.

Folle de douleur, Jeanne quittera le château de Malvan, hanté par le cruel souvenir de celui qu'elle aimait.

Une vingtaine d'année plus tard, la reine repassa dans la région de Vence ; elle fit alors un détour pour venir en pèlerinage sur les lieux de cet amour perdu. Les murs gris de la sinistre demeure s'accordaient au trouble de son cœur. A l'endroit précis où le page avait rendu l'âme poussait un étrange buisson d'aubépine.

Jeanne se prosterna, éplorée, au pied de ce symbole d'un amour éphémère.

Lorsqu'elle caressa les branches de l'arbuste un miracle se produisit: il fleurit aussitôt.

Quelques mois plus tard, Jeanne de Naples, comtesse de Provence était décapitée.

Aujourd'hui le château de Malvan dresse encore deux pans de murs rongés par le lierre, sur un tertre rocheux accroché au versant oriental du puy de Tourrettes.

Les ruines du manoir dominent le vallon desséché qui lui donna son nom.

En ce lieu, les buissons d'aubépine parsèment abondamment les pentes incultes.

 

D’après «Les Contes et Légendes du Pays d’Azur» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 23 euros, plus frais d’envoi, en téléphonant au 04 93 24 86 55

Les « Contes du Pays d’azur » ont pour cadre l’extraordinaire décor qui s’étend des Alpes du massif du Mercantour aux rivages de la Côte d’Azur. Dans cet univers tout est possible, puisque les outrances de la nature dépassent souvent les excès de l’imaginaire. Les contes, histoires orales nées de la tradition populaire, attestent au travers du merveilleux de réalités historiques authentiques. Reflets du passé, ces récits constituent les fondements de la mémoire collective d’un terroir au particularisme évident. Edmond Rossi, écrivain niçois, auteur de différents ouvrages traitant de la riche histoire de sa région, témoigne à nouveau ici, en présentant une anthologie des contes les plus passionnants du Pays d’Azur. Ce fabuleux florilège s’étend des mythes des origines aux relations insolites précédant l’apparition de la télévision, fatale à l’expression orale des veillées. Les « Contes du Pays d’Azur » nous ouvrent la porte d’un  univers où l’émotion se mêle souvent à la magie du mystère. Pour un temps, laissons-nous entraîner vers ce monde troublant pour y retrouver la chaude et naïve simplicité des récits de nos ancêtres.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com