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05/11/2014

RAYMOND FÉRAUD TROUBADOUR NIÇOIS

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Raymond Féraud né à Ilonse en 1255 vécut dans la cour de l'illustre Charles d'Anjou, frère du roi Saint Louis, devenu comte de Provence après son mariage en 1246 avec Béatrix, héritière de la Provence. Raymond Féraud, originaire d'un village perdu de la vallée de la Tinée, verra ses deux sœurs entrer dans les grandes familles de la région.

L'une s'alliant à Guillaumes Rostaing de Beuil, l'autre à Laugier de Roquesteron. Rentré pour sa part au monastère de Lérins, il le quittera pour se rapprocher des siens et passer avec eux les trente dernières années de sa vie.

Il composa de nombreux poèmes populaires en langue provençale dont la vie de Saint Hermentaire, très connus au XIIIème siècle, mais hélas disparus. Il nous reste cependant "la Vie de Saint Honoré" grâce à une copie faite au XVIème siècle.

D'un style alerte, mêlant la légende dorée à la geste épique, ce long poème qui lui fut imposé, reprend la tradition latine tout en essayant de plaire à Marie de Hongrie, en montrant que la fondation du célèbre monastère de Lérins était due à un membre de sa famille.

Promenant le lecteur aux quatre coins de la région, cette œuvre sera achevée à Roquesteron. Le célèbre troubadour écrit : "En l'an de Dieu 1300, le prieur acheva son roman, en l'honneur de Dieu et des saints, en sa maison de la Rocca, prieur au val de l'Esteron, et à l'Olive près d'ici".

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07/10/2014

LE PALAIS LASCARIS À NICE, UN TÉMOIN DU PASSÉ HISTORIQUE

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LE PALAIS LASCARIS, 15 RUE DROITE, DANS LE VIEUX NICE

Résidence de la famille Lascaris-Vintimille (Guillaume-Pierre de Vintimille s’unit, en 1261, à Eudoxie, fille de Théodore Il Lascaris,"Basilleus" de Nicée), ce Palais noble fut édifié à partir de quatre maisons acquises en 1648 par Jean-Baptiste, neveu dé Jean-Paul Lascaris de Castellane (1563-1657), 55ème Grand Maître de l'Ordre de Malte. Il demeura la propriété de cette famille jusqu'à la Révolution.

Vendu en 1802, il eut divers propriétaires successifs: banquier, diplomate, sénateur. Acquis par une société et divisé en appartements, qui s'y multiplièrent à partir de 1920, il subit d'importantes dégradations, en particulier à cause du trop grand nombre de ses occupants. Racheté par la Ville dès 1942, classé "Monument Historique" en 1946, le Palais fut entièrement restauré à partir de 1963.

Ce Palais, d'un style génois influencé par les traditions locales, unit à un ensemble du XVIIe siècle des embellissements et des modifications du XVIIIe siècle. Les bâtiments s'ordonnancent autour de deux cours intérieures sur lesquelles, par des baies cintrées, s'ouvre un escalier monumental. La .façade présente une élévation à quatre étages, les éléments décoratifs (pilastres à bossage, fronton curviligne, balcons de marbre…) sont réservés au rez-de-chaussée et à l'étage noble. La voûte du vestibule d'entrée porte les armes des Lascaris-Vintimille: écartelé aux 1 et IV d'or à l’aigle bicéphale de sable couronné sur les deux têtes (Lascaris), aux II et III de gueules à chef d'or (Vintimille), l'aigle bicéphale réapparait en silhouette avec la devise de la famille: "Nec me fulgura" (la foudre même ne me tue pas) ; entre l'aigle et l'écu, une croix de Malte blanche rappelle l'appartenance de plusieurs membres de la famille à cet Ordre.

Ces peintures, comme celles qui ornent les voûtes d'arêtes de l'escalier monumental, datent du XVIIe siècle. Les niches et sculptures baroques ont été rajoutées au XVIIIe siècle.

A l'étage· noble, trois plafonds portent des fresques du XVIIe siècle à thèmes mythologiques, dont une "Chute de Phaéton", attribuée à Jean-Baptiste Carlone, vers 1670 et un "Mercure emportant Psyché dans l'Olympe". Des tapisseries flamandes illustrent, sur des cartons de Rubens" des scènes de la .vie d'Achille. Les appartements particuliers présentent des plafonds du XVIIIe siècle ou les stucs cernent des médaillons .peints ; des boiseries d’époque Louis XV, incrustés à la feuille d’argent, sont surmontés de trumeaux à paysages.

Une pharmacie, créée en 1738 à Besançon, comprenant une belle collection de vases et de chevrettes du XVIIIe siècle, occupe une pièce du rez-de-chaussée.

EDMOND ROSSI

13/07/2014

L’ASSASSINAT D’HONORE LASCARIS COMTE DE TENDE

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Après la dédition du Comté de Nice à la Savoie en 1388, va se poser le problème d’une liaison sûre et commode à travers les Alpes pour relier les terres savoyardes du Piémont et de Nice.

Les seigneurs de Tende, véritables portiers, tiennent le passage le plus aisé, le célèbre col de Tende. En 1430, cette situation contraint le Duc de Savoie à tracer un chemin muletier conduisant de Nice à Cuneo par la vallée de Lantosque, Saint Martin de Vésubie et le col de Fenestre. Une stratégie habile avait conduit la Maison de Savoie à acquérir en 1425 une partie des droits sur La Brigue et d’entreprendre de la raccorder à Menton par Breil, avant de prolonger la voie jusqu’à Mondovi par Uperga et Carnino.

Mais en dépit de ces contournements, le comté de Tende restait toujours le noyau bloquant le passage naturel le plus commode.

Devant cet encerclement, se sentant menacé, le comte de Tende se place prudemment sous la tutelle du Roi de Provence, René d’Anjou, dès 1437. Cet hommage sera répété le 6 Août 1453 par Honoré Lascaris, comte de Tende, qui conclut également une alliance avec le Duc de Milan, Francesco Sforza.

Bientôt, la tension débouche sur une guerre en Piémont menée contre le Duc de Savoie, elle s’achève en 1458, sans altérer la puissance des seigneurs de Tende. Déterminée, la Maison de Savoie décide alors de se débarrasser du comte de Tende par un habile complot. Les conjurés se réunissent en Octobre 1472, y participent : le comte Lambert Grimaldi, seigneur de Monaco, Barthélemy Lascaris, seigneur de La Brigue et Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève, frère du Duc Amédée.

La stratégie militaire s’avère difficile dans cette vallée étroite où l’on pénètre par des routes plutôt destinées aux chamois qu’aux hommes, hérissée de redoutes, entourée de vastes forêts, habitée par des gens accoutumés à la lutte, au brigandage, où se réfugient les bandits ligures et piémontais guidés par des chefs rompus à la guerilla, soutenus de plus par d’immenses richesses accumulées pendant des siècles par de lentes et infatigables rapines.

A l’incertitude des batailles, on préfère l’arme plus sûre du poison.

Barthélemy Lascaris prend alors contact avec Pierre Parpaglia, vicomte de Rovigliasco et gouverneur pour le comte Honoré du château de Tende et l’invite à Turin, où les deux hommes rencontrent l’évêque de Genève, cerveau du complot, pour établir les détails du plan.

Le poison est confié à Parpaglia et la date de l’empoisonnement est fixée au 5 Février.

La nuit du 4, les bandes de Lambert Grimaldi descendront des bois et Parpaglia ouvrira les portes du château. Le poison sera administré au comte Honoré par son cuisinier dans la journée du 4.

La première phase de l’opération se déroulera comme prévue, le comte aura le temps de dicter son testament et cessera de vivre le 5 Février 1473. Ayant reçu confirmation de l’empoisonnement par le médecin, Marguerite del Carretto, veuve du comte Honoré, fait arrêter le cuisinier puis Parpaglia qui s’apprêtait à ouvrir les portes du château.

Barthélemy Lascaris de La Brigue avait reçu 200 ducats versés par l’évêque Jean-Louis de Savoie, pour le prix de sa traîtrise. Par ordre de la veuve Marguerite, le nom de Parpaglia, l’assassin, sera gravé sur la pierre tombale du comte Honoré Lascaris.

Voici sous forme de légende, rapportée par Euclide Milano, la conclusion morale de ce tragique épisode, toujours présent dans la mémoire des gens de Tende. “ Beaucoup de temps était déjà passé depuis ces tristes événements sur lesquels commençait déjà à s’étendre le voile de l’oubli quand, un soir, on vit entrer à Tende et gravir lentement les ruelles étroites et tortueuses, de son pas incertain et las, un humble pèlerin. Sa bure était déchirée, sa barbe longue et touffue, son visage émacié, mais ses yeux lançaient d’étranges éclairs et son corps était parcouru de frémissements fébriles. Il provoquait l’étonnement plutôt que la pitié. C’était Pietrino Parpaglia, celui qui avait empoisonné le comte. Pendant son long emprisonnement, une idée fixe, insistante, implacable, avait rendu plus angoissante sa solitude, ses insomnies plus tourmentées, son remords plus aigu ; l’idée que cette inscription placée sur ce sépulcre rendait son nom plus infâme pour l’éternité.

Alors que cette pensée, telle un parasite, lui rongeait l’âme et le corps, une ferme résolution avait mûri en lui, celle de rayer l’inscription, arrachant au sépulcre de son seigneur le témoignage du délit perpétré par lui. Et maintenant, il venait exécuter le projet qu’il avait préparé dans la dure prison, l’idée qui avait dévoré le sommeil de beaucoup de ses nuits, en lui apportant en même temps le tourment et le réconfort. Personne ne l’a reconnu. Alors que déjà les ombres de la nuit descendent et que les proches sommets escarpés qu’il connaît bien semblent devenir géants et plus effrayants, il entre furtivement dans l’église et il s’y cache. Peu après, il entend la porte se refermer, les dernières voix se taisent dans les rues environnantes, partout règne un profond silence.

La faible clarté de étoiles qui filtre des fenêtres lui suffit pour distinguer sur le sol la pierre portant les mots qui lui crient : “ Assassin ”, ces mots que pendant ses années de prison, il voyait lui apparaître, noirs, énormes, horribles, il les tâte convulsivement puis il tire d’une poche le marteau et un ciseau et il se dispose à détruire, une à une, les lettres en relief, son cœur éclate d’émotion.

Il va enfin obtenir le soulagement tant espéré ... Mais l’œuvre de Parpaglia vient de commencer et, fébrilement, il continue à donner sur le marbre de rapides coups de marteau qui résonnent dans le vaste silence, quand, soudain, il s’arrête comme pétrifié et un froid de mort parcourt toutes ses veines. La grande plaque de marbre se déplace sous sa main, elle se soulève, s’incline d’un côté, il s’arrête, horrifié, et il voit le spectre du comte se dresser peu à peu hors du sépulcre, menaçant et horrible, le fixant farouchement de ses orbites vides, levant un bras vengeur.

Il voudrait crier pitié mais sa voix s’étrangle dans sa gorge, il voudrait fuir, mais la terreur le cloue au sol, agenouillé, immobile. Et le spectre, les flancs enveloppés du linceul funèbre, continue à se lever et son regard poursuit l’ancien écuyer tranchant et courtisan comme pour lui demander raison de sa trahison ignoble ... Finalement, Parpaglia se secoue, se demande à lui-même un dernier effort et se met debout puis, vacillant, il tourne le dos au fantôme horrible. Il s’enfuit, courant au hasard, il délire, sa course est folle et sans destination dans la grande église obscure, il lui semble encore que le comte le menace, que le comte le suit, jusqu’à ce que sa tête heurtant avec violence une colonne en marbre, il tombe à terre, foudroyé ”.

Dans la chapelle St Louis de l’église de l’Annonciation, la dernière phrase de l’épitaphe gravée que porte la tombe d’Honoré Lascaris indique “ Venenatum per Petrinum Parpag ... ” (empoisonné par Pierre Parpaglia). On remarquera effectivement que les dernières syllabes on été curieusement détruites et effacées par un ciseau anonyme.

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