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30/10/2015

LA COLLE SUR LOUP : LE MYSTÉRIEUX ENCLOS DU MONT GROS

CADASTRE DE 1835.jpg

L’énigmatique enclos du Mont Gros au nord de La Colle sur Loup, dans le bois de la Sine n’a pas fini de troubler les visiteurs, tout comme les spécialistes de l’archéologie (Roger et Paule Joelle Picco, Henri Guigues, Raoul Barbès) venus l’étudier en février 2015.

Voici le résultat de cette prospection qui pose nombre de questions restées sans réponses :

«  Il s’agit d’un grand espace à peu près rectangulaire délimité par des grands murs à double parement courbe (voir dossier Internet: murs à parement courbe ). La hauteur des murs est variable mais peut atteindre près de 3 mètres de haut par endroits.

Le site est traversé par une piste provenant des carrières de la Sine. Autour du site, à l’extérieur, on voit à plusieurs endroits, des accumulations de pierres très importantes, provenant de l’épierrement du site et des déchets de taille notamment près du point A où l’on voit également une petite ruine, et entre les points D et E à l’extérieur du terrain, pierrier visible sur les photos satellite.

Le terrain est en légère pente vers le sud-est.

Sur le côté sud il est en limite du plateau et domine les pentes de la vallée du Loup.

Le mur a été détruit au passage de cette piste au point A. Sur le côté sud-est on voit un passage étroit de largeur 1.10m du côté.

Ce passage ne permettait pas le passage d’une charrette attelée ni même d’un mulet chargé. A cet endroit le mur fait environ 1.70 m de haut, 1.70 m à la base et 1 m au sommet. C’est le seul passage visible actuellement mais on ne peut se prononcer sur un autre passage éventuel là où le mur a été éventré au point A. Cette ouverture C permettait le passage d’un bovin ou de moutons et servait peut être au comptage ou pour faciliter le traitement des animaux. Il pouvait être barré facilement.

Il y avait dans les environs deux bergeries, l’une sur la commune de Vence et appelée « Bergerie » sur la plan topographique et l’autre plus proche sur la commune de la Colle sur Loup nommée « Les Crottes » ou « Crotes » ou « Couladon », du côté du passage dans le mur. Y avait-il un rapport avec cet enclos ? En 1835 un certain Bernard était propriétaire de la Bergerie des Crottes (Couladon en 1835) avec une mention « masure »

Sur le côté nord le mur n’a pas été terminé dans sa partie centrale entre les points G et F du plan.

Les longueurs respectives des côtés de l’enclos sont :

DB=200 m

DE= 127 m

HB = 158 m

HG = 52 m

GE =144 m

FG = 50 m

On observe entre les points E et F une banquette de 30 à 40 cm de haut et 2.50m de largeur environ au pied du mur côté intérieur dont on ignore l’usage, peut-être pour asseoir un échafaudage de service.

A l’intérieur du terrain on peut voir un muret correspondant peut être à la séparation entre les parcelles 4 et 5.

Près de l’angle nord à l’intérieur du terrain, près du point H, un grand trou a été creusé, peut-être pour chercher de l’eau.

Le périmètre du mur est d’environ 680 m et la surface cadastrale 25500 m2 à l’époque ou l’enceinte appartenait à ce Bernard Maurice, d’ailleurs en litige avec un certain Lambert Antoine pour une parcelle (27) de 430m2, suivant ce qui est mentionné sur les documents cadastraux.

Les raisons de ce litige sont inconnues mais on peut se demander si les pierriers extérieurs provenant de l’épierrement du terrain et des déchets de taille, n’ont pas été réalisés chez les voisins. Sur le cadastre napoléonien le terrain est qualifié de vigne.

A l’intérieur du site on observe un mur d’orientation sud-est nord-ouest de 1m de haut et 2 m de large en moyenne, séparant les parcelles numérotées 4 et 5 sur le cadastre récent (anciennement 25).

Le site n’a pas pu être exploré complètement car en juin 2014 une partie n’était pas débroussaillée. La partie observée est très propre avec très peu de pierres au sol

L’exécution des murs a nécessité une main-d’œuvre importante et la justification d’un tel ouvrage est un mystère.

A plusieurs endroits dans les Alpes Maritimes on voit des murs à parement courbe mais comme ce sont des murs de soutènement, un seul parement est visible. Plusieurs sont datés du début du XIXème siècle.

Côté nord du site, à une cinquantaine de mètres à l’extérieur, on voit plusieurs enclos plus ou moins rectangulaires de 15 à 20 mètres de côté. Les murs ne semblent pas dégradés et paraissent bas pour des enclos à moutons.

Raisons d’être de ce grand enclos

L’hypothèse d’un camp militaire est à exclure car tous les murs de pierre exécutés à l’époque de la guerre de Succession d’Autriche, ne dépassaient pas environ 1 m de haut pour permettre à un fantassin de tirer à l’abri, et d’autre part les murs comportaient des redans fréquents pour éviter des tirs en enfilade.

Par ailleurs la rive droite du Var n’a été concernée par le conflit que pendant l’hiver 1746, époque à laquelle la citadelle d’Antibes a été vainement attaquée par les austro-sardes. Des opérations auraient peut-être eu lieu autour du château de la Reine Jeanne dans le Malvan au nord de Vence.

Une vigne, mentionnée sur les documents cadastraux à cet endroit, devait être de mauvaise qualité étant donné la nature du sol. Un enclos pour abeilles est aussi peu probable car les dimensions de ces enclos sont en général d’une trentaine de mètres de côté et avec un point d’eau à proximité.

Il semble donc plus probable d’envisager comme raison un épierrement du site pour permettre l’exploitation, mais la hauteur et la qualité des murs ne sont pas justifiées.

L’hypothèse d’une oeuvre d’art associée à l’épierrement

La réalisation de murs mesurant jusqu’à plus de 100 ml en ligne droite avec double parement courbe extérieur et intérieur réglé au calibre est une affaire de spécialiste. En plus les angles sont arrondis à l’extérieur et à l’intérieur ce qui accroit la difficulté.

La réalisation n’a pas été menée à son terme car entre les points F et G la fouille a été préparée mais le mur non exécuté.

Durée des travaux

En supposant qu’une équipe constituée d’un maçon spécialiste et d’un aide puisse exécuter 1 m3 de mur par jour, compte tenu de l’approvisionnement, de l’échafaudage, etc… et en prenant une section moyenne de 2 m de base et 2m de hauteur ce qui est probablement sous-estimé, cela donnerait pour 650 ml de mur 2600 m3, soit à raison de 300 jours par an, une durée de plus de huit ans. Comme entre les angles E et H le mur a peut-être été exécuté en partant des deux angles on peut éventuellement penser à deux équipes au moins, soit une durée de plus de quatre ans de travail dans ce cas, mais il est possible qu’un personnel nombreux ait été employé.

De toute façon l’investissement en hommes pour un tel travail était probablement très onéreux.

Conclusion

Ce mur semble être une folie en même temps qu’une oeuvre d’art, car un ouvrage d’une telle qualité et d’une telle dimension est une réalisation tout à fait exceptionnelle.

Quant à la date d’édification d’un tel ouvrage, on a observé dans la région des murs de ce type exécutés au début du XIXème siècle mais ce n’est qu’une indication. »

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16/10/2015

HISTOIRE ET PATRIMOINE DE LA TRINITÉ (ALPES MARITIMES)

BLASON DE LA TRINITÉ.PNG

Le territoire de la commune s'allonge d'est en ouest, de La Turbie aux rives du Paillon. Le vallon de Laghet traverse la commune horizontalement. La Trinité est aujourd'hui le prolongement industriel de Nice. Le sanctuaire de Laghet fait partie du territoire de La Trinité.

« LES RICHES HEURES » DE LA TRINITÉ

Dès la période ligure, le plateau du Tercier était habité. Des enceintes de pierres sont encore visibles. Au quartier de la Gorra (N.E. de Laghet), des mobiliers divers datant du Bronze et du Fer, ont été découverts. Le nom« Ariane » dérive du radical pré-latin « Ar » signifiant « eau courante ».

La tribu ligure des Vedantii ne figure pas sur le Trophée de La Turbie, ce qui laisse penser qu'elle rentre très tôt dans l'alliance romaine.

Les Romains construisirent la Via Julia qui descendait lentement de La Turbie, en empruntant les hauteurs de la rive gauche de Laghet, qu'il traversait en amont de l'hypermarché actuel, passait sur la colline de Sus-Li-Aïga pour toucher le Paillon au lieu-dit encore aujourd'hui Roma. Cette Via Julia Augusta sera pendant des siècles la seule voie de communication entre la France et l'Italie, sur le littoral.

Les premières traces d'habitat dans le haut Moyen Age ont été relevées autour de l'actuelle place Rebat. Mais l'histoire des hameaux plus ou moins éloignés d'Arisana se confond avec celle d'Eze. La première mention de Laghet se trouve dans une charte de 1045 dans une donation de Raimbaud à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille; il cède le village de Laghet avec ses dépendances. Celui-ci sera déserté dès le XII émet siècle, ne laissant que les hameaux de Soannes et Spraés. L'abbaye de Saint-Pons (hôpital Pasteur) attire à l'Arianna, les nobles venus rendre hommage aux moines et à leur abbé. On voit ainsi passer en 1004 Roubaud d'Arles, frère de Guillaume (qui libère la Provence des Sarrasins), en 1210, Sanche, frère du roi d'Aragon, campe à l'Ariane.

Il reste les vestiges d’une tour de garde du XI émet siècle visible en bordure du chemin de Laghet avec les traces d’un pont-levis au premier étage.

Mérindol (castrum de Mirendol), ce castrum se trouvait au confluent du Paillon et du vallon de Saint André. Son territoire correspond à la majeure partie de l’actuelle commune de la Trinité. Il apparaît détruit dans l’Enquête de Charles d’Anjou 1251-52. Vers 1070, Caïs de Pierlas cite les « hommes libres de Mérindol », de même en 1078 « Mirindolio » et au XII émet siècle « Miridol ». Subsisterait selon L. Cappatti (Castra-Dirupta) un ancien château sur l’éperon dominant le confluent du Paillon et du vallon de Saint André.

En 1388, l'arrivée des Comtes de Savoie à Nice, donne de l'importance à la route du sel. En 1592, les Ducs de Savoie entreprirent la réalisation d'une véritable route Nice-Turin. L'origine du bourg entre Laghet et le Paillon, au carrefour des deux axes de communication, est liée à cette origine.

En 1617, les habitants de l'Ariane et du vallon de Laghet construisent la chapelle de la Trinité, succursale du Prieur d'Eze. Ils n'ont plus ainsi à aller jusqu'à Drap pour certains, à Eze pour d’autres.

En 1726, le nom de l'Ariane disparut des pièces officielles, laissant place à celui de sa chapelle: La Trinité.

Cette chapelle dressée sur la place du Tercier, rapproche les habitations pour fonder peu à peu un hameau. Situé sur la route du sel, ce centre prendra une nouvelle importance avec la consécration de la chapelle miraculeuse de Laghet en 1653.

Vers 1777, le trafic annuel est estimé à 16 740 mulets. Au cours du XVIII ème siècle, le hameau double celui de son chef-lieu et revendique peu à peu son autonomie… Hélas, La Trinité est aussi sur le chemin des armées. En 1691, Catinat installe une redoute : 300 soldats et 50 cavaliers cantonnent au village. En 1703, c'est le général la Feuillade qui s'installe à La Trinité (guerre de succession d'Espagne). En 1707, les Français évacuent le comté. Avant de partir, la garnison pilla la Trinité et les hameaux avoisinants laissant les maisons en ruines. Les alliés autrichiens qui leur succédèrent ne se comportèrent pas mieux, et deux mois plus tard, les Français revenaient.

En 1709, le froid, la neige et la misère entament le moral des troupes. Les désertions sont très nombreuses. Pour enrayer le phénomène un plan est mis en œuvre : « Il sortira deux détachements de la redoute de La Trinité, dont l'un s'embusquera sur le chemin de Notre-Dame-de-Laghet et l'autre sur le chemin de L'Escarène, à un pont de pierres où se sépare le chemin de Berre».

En 1744, le prince de Conti, à la tête des troupes franco-espagnoles, installe son Etat-major à La Trinité. De violents combats ont lieu dans le vallon de Laghet. Chassés par les Austro-Piémontais, ils reviennent à La Trinité le 3 mars 1746.

En 1792, l'armée du général français Anselme poursuit les troupes sardes qui se retranchent à Saorge. Le village subit encore des réquisitions, tandis que les Pères Carmes de Laghet s'enfuirent en Piémont. Leur sanctuaire est pillé et ravagé. Les exactions commises par les troupes du générai Anselme entraînent une opposition armée de la part de certains hommes, plus dévoués à la Sardaigne qu'à la France. A La Trinité, les nombreux « Barbets » séviront longtemps.

En 1794, les habitants demandent l'autorisation de se séparer d'Eze. Le 30 janvier 1818, le roi Victor-Emmanuel érige La Trinité en commune, sous le nom triomphant de La Trinité-Victor. Quant à la délimitation des terres, elle ne se fit pas sans quelques procès. Le 4 mai 1869, une Convention règlera définitivement le litige.

En 1860, La Trinité a voté oui pour le rattachement à la France. En 1900, la ligne de tramway Nice - Contes entre en service, en même temps ·que l'électricité arrive au village. En 1928, la gare est inaugurée.

Pendant la dernière guerre, en mars et août 1942, le fort de la Rovère, proche d’Eze, fut le théâtre de deux évasions retentissantes. La seconde permit à 67 prisonniers de s'évader. Ceux-ci se cachèrent à Laghet, dans le vallon de Spraes et au Castelon. Sur le Tercier, le petit maquis de la Lara reçoit un parachutage d’'armes. La Trinité sera libérée le 28 août 1944.

En 1954, Victor est supprimé du nom de la commune.

DÉCOUVERTE DU PATRIMOINE

L’église Saint-Grat

En 1840, la chapelle de La 'Trinité construite en 1617 étant jugée trop petite, on décida son agrandissement. Mais en septembre 1841, au moment de la couvrir par une toiture neuve, le tout s'effondra. L'église actuelle fut inaugurée le 24 décembre 1848. On prit pour modèle la « Gran Madre di Dio », église récemment construite à Turin sur une copie du Panthéon de Rome. Là encore, les malfaçons furent l'objet de procès qui ne s'éteignirent qu'en 1866 avec la mort des responsables et l'insolvabilité des héritiers.

Au premier orage, le beau toit vernis se révéla poreux et en 1878, un incendie détruisit la chapelle.

Une inscription rappelle la date d'ouverture au culte: « cette église à la gloire de la Très Sainte Trinité a été construite sous l'heureux règne de l'auguste monarque Charles Albert 1er, roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem, Monseigneur Dominique Calvano, évêque de Nice, de l'abbé Honoré Cauvin, de M. André Rebati, maire. Le 13 octobre 1845 - 24 décembre 1848 »,

La Tour

C'est la plus vieille maison du village et elle pourrait bien être un ancien poste de péage sur la route du sel. Une plaque rappelle que dans cette maison naquit le 29 avril 1759, Jean-Dominique Blanqui, député à la Conven­tion.

Jean-Dominique Blanchi

Il fit ses premières classes à l'école du curé du viillage, mais son oncle Nicolas, chapelain de La Trinité, le fit admettre au collège des Jésuites de Nice. Il ne revint au village qu'en 1788 pour vendre au notaire sa part d'héritage de l'oncle Nicolas, comprenant « une maison au quartier de la Tour, une terre au quartier Scarella à Drap et les forêts de Boutin et du Grand Bouosc ».

Il sera ensuite professeur de philosophie et d'astronomie au collège royal de Nice. Blanchi sera d'abord un ardent propagandiste du rattachement à la République. Député de la Convention, il sera emprisonné pendant un an, accusé « d'avoir conspiré ». Libéré par la chute de Robespierre, il fut chargé de mission dans le Sud-Est, alertant le ministre de l'Intérieur sur les exactions de l'armée et la mauvaise gestion (déjà !) de la ville de Nice.

En avril 1800, il est nommé juge au Tribunal des Alpes-Maritimes et sous-préfet de Puget-Théniers. Cet administrateur intègre fut aussi un romantique. En 1794, dans sa prison, il était tombé amoureux d'une fillette de 13 ans, nièce de sa logeuse, qui venait de temps à autres lui apporter des douceurs. Il épousera Sophie de Brionville lorsque celle-ci aura ses 17 ans ; huit de leurs dix enfants survivront.

Après la chute de l'Empire, ni Victor Emmanuel, ni Louis Philippe ne voulurent de lui. Il mourra à Paris du choléra le 1" juin 1832, oublié de tous. Le rattachement des « Alpes­Maritimes» (c'est lui qui donna ce nom en 1793) n'interviendra qu'en 1860 et la plaque lui rendant hommage ne fut posée que le 27 mai 1960, à l'occasion du centenaire.

Deux de ses fils furent célèbres : l'économiste Adolphe, mais surtout le révolutionnaire Auguste Blanchi, né à Puget-Théniers.

Le pont de l'Ariane

Il fut construit en 1893. Jusque-là, il fallait traverser le torrent à pied, ce qui représentait un danger par temps de crue.

La stèle du Bi-Centenaire, au Rond-Point

Elle a été érigée en 1989.

Le château Sainte-Anne

Cette résidence des comtes Ongrand a été transformée en école en 1987.

La chapelle Sainte-Anne, au Sud.

L'hôtel de ville, avec son jardin, a été réhabilité.

LES VISITES

- Les vestiges de la tour de garde, du XI ème siècle, en bordure du vieux chemin de Laghet ; traces de pont-levis au 1er étage.

- Le plateau du Tercier (562 m) : enceintes ligures, murs cyclopéens.

- L'observatoire de Nice est installé pour plus de 15 hectares sur des terrains achetés en 1879 à la commune par le banquier-politicien Bischofsheim. Le site est classé.

- Le parc départemental de la Justice, au Sud. L'Astrorama est installé dans la Batterie des Feuillerins, près du fort de la Rovère. Ce centre de vulgarisation spatiale accueille les scolaires : initiation, observation du ciel, conférences, séminaires ...

 

- Le rocher du Pin. : situé route de Laghet, au quartier Rolland, à 2 km 700 de La Trinité, on s'interroge beaucoup sur la présence de ce pin

sur un rocher ."

La légende du Baù doù Pin

La légende veut que, dans l'antiquité, le culte de Cybèle ait été célébré ici, auprès d'un petit lac dont on ne connait plus aujourd'hui l'emplacement et auquel le ruisseau de Laghet, qui le traversait devait son nom.

Loin des appétits matériels et grossiers, en de fraîches cavernes aux couches de feuillage, les prêtres de la déesse y goûtaient de profondes paix. Un des serviteurs de ce pieux collège céda à l'amour bas et sensuel. Il était jeune et se plaisait à s'attarder au fond des bois où dyades et faunes, jouant de la flûte, s'adonnaient à leur danse lascive, prémices d'orgiaques mêlées. Poursuivi par une nymphe rieuse et belle entre toutes, il en fut troublé et ressentant soudain une soif de puissance inconnue, il oublia le vœu de continence pour céder à l'attrait du plaisir. Longtemps la déesse feignit d'ignorer l'outrage répété.

Une nuit, la passsion le faisant sortir de la grotte, il entraîna l'objet de sa flamme sur les bords des eaux sacrées. Le miroir du lac ayant reflété la criminelle étreinte, le courroux de Cybèle, insensible à la radieuse beauté de la nymphe, se manifesta impitoyablement : la coupable fut terrassée dans ses bras, le prêtre s'enfuit éperdu de douleur et de remords.

Durant des jours et des nuits, il erra dans ces parages, l'esprit disputé par l'angoisse du châtiment qu'il sentait peser sur lui. De désespoir, il allait céder à l'attraction du gouffre lorsque la déesse le métamorphosa en pin.

La légende attribue à ce tragique amour charnel, l'étonnante présence de cet arbre sur ce rocher.

LAGHET

Au centre d'un vaste entonnoir de montagnes parsemées de pinèdes et d'oliveraies, une butte plantée d'agaves et de chênes verts supporte un imposant carré de murailles jaunes et roses d'où fuse un clocher encapuchonné de faïences claires: c'est le sanctuaire de Laghet.

150000 personnes y viennent chaque année en pèlerinage.

RAPPEL HISTORIQUE

La première mention de Laghet est contenue dans une charte du XI ème siècle, par laquelle Raimbald, co-seigneur de Nice et de Vence, donne à l'abbaye bénédictine de Saint-Victor de Marseille le village de Laghet avec ses dépendances. Mais au XII ème siècle, tout a disparu sauf une chapelle et ses terres, dépendante du fief d'Eze. L'origine du nom se rattacherait à un « petit lac » ou au « quartier des lacs » qui apparait dès le XI ème siècle.

On sait par des documents, qu'au XVI ème siècle, les habitants de Villefranche venaient tous les ans en pélerinage à une chapelle de la Vierge de Laghet. Ils durent y renoncer en raison de  l'effondrement de la toiture.

En 1625, Don Jacques Fighiera, chapelain de  La Trinité restaura la chapelle à ses frais et fit sculpter une statue de la Vierge par un artiste itinérant parisien Pierre Moïse; il rouvrit le sentier qui menait jadis de Laghet à Eze. Deux miracles attirèrent aussitôt l'attention sur Laghet : une jeune possédée de La Trinité Marie Aicard fut délivrée du démon, un monegasque, Hyacinthe Casanova, gravement malade, fut guéri subitement dans la chapelle où on l'avait transporté.

En 1653, l'évêque de Nice, Mgr Palletis, conclut à leur authenticité et approuva le culte de Notre-Dame-de-Laghet. Une nouvelle chapelle fut construite, près de terrains dont le chapitre tirait les bénéfices. Le 26 avril 1653, il présidait le premier pèlerinage officiel  et le 21 novembre 1656 les offrandes aidant, la nouvelle église fut inaugurée.

Peu après, on l'entoura d'un vaste cloître qui  servit de base au monastère où les armes Déchaussés s'installèrent en 1675.

En 1708, « les Carmes des Chaux de N Dame-de-la-Ghetto » ayant protesté auprès de Louis XIV contre l'établissement d'une garde auprès du couvent, le Lieutenant-

Général de Provence d'Artagnan, répondit au Roi: «… le seul embarras qu'ils en reçoivent est qu'Ils peuvent aller chez eux, à Nice ni à Turin qu'avec un billet de l'officier, tous ces moines étant piémontais et affectant de n'en recevoir aucun parmi eux que de cette nation».

Les Carmes durent quitter leur monastère 1792, lors de l'invasion du Comté par les troupes de d'Anselme. Ils fuirent précipitamment en emportant leurs trésors, mais oubliant la statue miraculeuse qui fut cachée par un berger tendasque à La Turbie. En 1814 ils étaient de retour avec la Restauration Sarde. La chapelle avait été rendue au culte dès 1796, la Vierge retrouva sa place et les pèlerinages reprirent.

En 1903, en application de la loi sur les congrégations les Frères Carmes furent expulsés, le sanctuaire fermé. Deux années plus tard le chanoine Dalbera rachetait la chapelle. L'évêque de Nice complétait cet achat en 1907 en se rendant acquéreur aux enchères de l'ensemble des bâtiments conventuels de Laghet où fut installé jusqu'en 1930 le petit séminaire diocésain.

En 1978, des sœurs Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre dont l'ordre a été chargé de l'animation des pèlerinages, s'installèrent à Laqhet.

Laghet est le principal centre de pèlerinage de Provence et d'Italie du Nord.

LES DIVERSES LEGENDES SUR L'ORIGINE DU SANCTUAIRE

- On vit, on ne sait quand, une statue de la Vierge flotter sur le petit lac, environnée d'une lumière. Dès qu'on eut recueilli la statue, les eaux se retirèrent, laissant à sec le roc où l'on bâtit le sanctuaire.

- Un berger entendit des sanglots venant d'un fouillis de broussailles qui recouvraient des décombres. Il y découvrit une statue de la Vierge, les yeux trempés de larmes. Il emporta la statue à Eze et, dans la nuit la statue revint elle-même dans les broussailles, marquant ainsi l'endroit où elle voulait qu'on lui éleve un sanctuaire.

- Un jeune chasseur maladroit, tirant un oiseau juché sur les roncières de cet endroit perça le sein de la Vierge peinte sur un mur délabré et vit couler du sang du sein déchiré. Pour réparer ce sacrilège, sa famille fit élever une chapelle à la place du vieux-mur.

- Une dame pieuse de Monaco, affligée d'un mal incurable fut transportée dans les ruines d'une chapelle de Laghet, y pria et s'en retourna guérie. En reconnaissance, elle fit reconstruire la chapelle.

VISITE

Le sanctuaire de la Madone est classé M.H.. La construction du sanctuaire, en 1654-1656, avait été menée tambours battants, grâce aux offrandes des fidèles, à la ville de Nice qui avait donné cent écus pour le captage d'une source et l'installation d'une fontaine.

Les dimensions de la nef sont modestes, 8 mètres de large pour 12 mètres de long, le plafond est voûté de plein cintre, la façade extérieure ne comporte pas d'ornementation. L'église a été construite dans le style baroque italien. L'intérieur de la nef est plus chaleureux, plus richement décoré de pilastres colorés supportant une corniche où règnent des angelots de stuc. L'unité de la voûte a été malheureusement détruite par le tremblement de terre de 1887 où une partie de la toiture et du plafond s'effondrèrent.

La statue de Notre-Dame-de-Laghet, don du chanoine Fighiera, date du début du XVII ème siècle. Haute de 1m14, elle fut sculptée par Pierre Moïse dans du bois de sorbier. La statue est habillée, selon la coutume provençale, d'une grande robe rouge et d'un manteau bleu foncé semé d'étoiles d'or. Le visage et les mains sont très finement taillés.

Le cloître se résume aux allées qui entourent la chapelle, et où sont exposés les ex-voto.

Les cellules situées au premier étage, communiquaient directement par des galeries, avec l'église. Les moines pouvaient suivre les services dans des alvéoles s'ouvrant sur le premier étage de la nef.

LES EX-VOTO

L'ex-voto se veut d'abord une représentation du réel, naïve certes mais minutieuse, détaillée, faite pour convaincre dont le seul élément mystique est l'apparition de Notre-Dame-de-Laghet ou la prière. Par sa précision il appartient à l'ethnologue et fournit des renseignements précieux sur l'intimité familiale, le travail, les moyens de locomotion depuis la calèche jusqu'à l'automobile.

Dès la consécration du sanctuaire, la Madone de Laghet se signala par tant de miracles que les souverains eux-mêmes implorèrent sa protection et lui adressèrent de riches ex-voto. Le duc de Savoie Charles Emmanuel II offrit un Enfant-Jésus en or massif pesant 8 livres 6 onces, comme le fils qu'il venait d'avoir, et ce fils, devenu Victor Amédée II, vint avec son épouse en 1689, remercier la Madone.

Madame Royale, guérie d'une maladie à la jambe, fit suspendre près de l'autel une jambe en argent massif de grandeur nature. Le Prince de Monaco Louis 1er, nommé chevalier du Cordon Bleu par Louis XIV, fit la profession de foi requise par les statuts de l'Ordre du Sanctuaire de Laghet, le 20 janvier 1689. Les Princes de Monaco ont toujours concouru, par leur générosité, à l'agrandissement et à la décoration du sanctuaire.

Dans les encoignures sont accumulés des lots considérables de bâtons, de béquilles, de gouttières, de fusils éclatés, de moulages de membres guéris.

De la voûte descendent des bannières, des petits bateaux de tous modèles montrant leurs carènes ventrues, leurs armatures bien tendues des trois-mâts, des galères, des longs courriers, des corvettes, des chalutiers, des milliers de tableautins ingénus, brossés à la hâte, rappelant des accidents, des catastrophes, des dangers de mort.

Haut lieu de recueillement, la piété et la reconnaissance des miraculés ont fait du sanctuaire un centre exceptionnel d'art populaire.

Six mille ex-voto y ont été déposés depuis près de deux siècles, actes religieux de remerciements à la Vierge.

Il en reste 3 000 dont les plus anciens datent de 1792-1793, avec pour le premier, une très rare représentation d'un combat opposant dans nos vallées troupes sardes et Républicains.

Les ex-voto des XVII ème et XVIII ème siècles furent, hélas, brûlés pendant la Révolution, le monastère ayant été transformé en magasin militaire. Une centaine témoignent de la vogue de la peinture sur verre dans les années 1800 à 1820.

D'autres plus récents reflètent, maladroitement, les modes et les styles de la fin du XIX ème siècle et de l'art moderne.

Dans le musée une belle sculpture gothique en bois datant du XV ème siècle représente Sainte Anne, Marie et Jésus, la grând-mère, la mère et l'enfant.

Dans la chapelle primitive, se trouve une Vierge Noire. La crypte abrite les caveaux des Pères Carmes.

Le monastère date du XVII ème siècle.

La fontaine date de 1654.

DÉCOUVERTE DES ALENTOURS

- La route de La Trinité a été ouverte en 1900.

- Le hameau de Spraes, au Nord.

- Le quartier de l'Avellan.

- Le rocher du Pin.

EDMOND ROSSI

Écrivain, Historien

http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr/

 

10/10/2015

A LA BRIGUE : LES MIRACULEUSES SOURCES DE NOTRE DAME DES FONTAINES

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L’Empereur grec d’Orient, Théodore II Lascaris, est chassé en 1259 de son trône de Constantinople par les Croisés qui établissent un Empire latin sur les rives du Bosphore.

Il meurt en laissant un fils âgé de huit ans, Jean IV, soumis à la régence d’un général, Michel Paléologue, qui décide de tourner la situation à son avantage. Après s’être fait nommer empereur, il s’enhardit, obtenant la restitution de Constantinople en 1261. Pour assurer son autorité, il prétexte un complot, fait aveugler Jean IV et le condamne à la prison perpétuelle.

C’est dans ce contexte que Pierre Guillaume de Vintimille, seigneur de Tende et La Brigue, envoyé en mission par la République de Gênes, est reçu à la Cour Impériale. Il conclut le 13 Mars 1261 avec Michel VIII le traité de Nymphée, un important accord commercial contre Venise. Pierre Guillaume épouse alors Eudoxie Lascaris, sœur de Jean IV. Le couple rejoint Gênes et les terres de Vintimille assez éloignées des tragédies byzantines. A dater de cet événement, les Vintimille-Lascaris ajoutèrent à leurs armes l’aigle bicéphale, attribut de l’ancienne famille impériale.

Un jour de début Décembre, à midi précise, la montagne dominant le village de
La Brigue fut prise dans une épaisse brume avant d’être secouée par un violent tremblement de terre. Soudainement, les sources se tarirent. La jeune comtesse Eudoxie de Tende annonça la nuit de Noël que les sources couleraient de nouveau si la population construisait une chapelle expiatoire. On choisit un site proche du village mais, la nuit, les travaux entrepris furent détruits.

Sur les conseils de la comtesse, la construction de la chapelle fut reprise en face des sources asséchées. C’est alors que pendant les travaux, l’une des sources se changea en vin à l’heure des repas. Mais ceux, avides, qui voulaient l’emporter chez eux ne retrouvaient que de l’eau.

Par un caprice inexplicable, les sept sources ne reprirent leur débit que de manière intermittente, troublant encore davantage ceux qui croyaient au caractère miraculeux de cette renaissance. Déjà, le sept qui gouverne le cycle des gestations, symbole vivifiant de la perfection réalisée, marquait de son empreinte la magie du retour de l’eau. Le mystère se corsait avec l’intermittence du débit, soumise à des règles dirigées par des forces obscures.

Pour remercier la Madone d’avoir répondu favorablement au vœu émis par la population de La Brigue, la chapelle devint très vite un sanctuaire, agrandi à la fin du XVème siècle. La grâce divine qui avait fait jaillir l’eau un siècle plus tôt fut honorée par les pèlerins qui trouvèrent là quelque petite maison pour y être reçus. L’église reçue une extraordinaire décoration de Baleison, puis de Canavasio, visible de nos jours.

Quand au caractère merveilleux de l’intermittence des sources, son explication relève des lois de la physique. Le phénomène naturel est dû au siphonnage d’une cavité qui se remplit par le haut d’une façon continue, pour se vider ensuite brusquement par différence entre la pression atmosphérique qui pénètre par l’orifice de la source et celle du débit de l’eau.

Le sanctuaire de Notre Dame des Fontaines est situé à 4,5 km du village de
La Brigue, au-dessus des sept sources aux vertus réputées miraculeuses. Dressé dans un beau cirque verdoyant, au milieu de hautes montagnes, il borde l’ancien chemin muletier conduisant à Triora en Italie.

A l’intérieur de l’église, les murs sont couverts de fresques ainsi que le chœur. Scènes de la Passion et du Jugement Dernier peintes par Canavesio, représentations de la vie de la Vierge et des Evangélistes décrites par Baleison, retiennent l’attention du visiteur transporté au XVème siècle par le décor et les costumes des personnages. Le réalisme est poussé à l’extrême dans le “ Judas pendu ” de Canavesio au visage convulsé, au corps déchiré d’où l’âme est arrachée des entrailles pendantes par un diable.

Lieu où se confondent les influences antagonistes du Bien et du Mal, révélées par une lutte souterraine apportant au jour la victoire, acquise grâce au miracle de la prière. Ce message transmis par delà les siècles n’échappera pas au visiteur sensible à la beauté du cadre et à la majesté du décor

Edmond ROSSI

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