Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/08/2008

DE SOSPEL A VENCE DANS LES FLAMMES DE L'ENFER

Tout au long du XII ème et XIII ème siècle, l’Eglise dut combattre des hérésies dont les plus importantes furent celles des Vaudois et des Cathares.

Les Cathares, surtout nombreux en Italie du Nord et dans le Midi de la France, croyaient que le monde et la société étaient entièrement mauvais. Ils voulurent remplacer le christianisme par une autre religion et former une autre église.

L’Eglise de Rome mena contre eux, en Languedoc, une terrible croisade. Elle fonda ensuite pour lutter contre les hérétiques un tribunal spécial : l’Inquisition.

Si les Vaudois sont inspirés par la pauvreté, en réaction contre la richesse, les Cathares poursuivent un idéal de pureté, en se réclamant d’une tradition spirituelle orientale, le manichéisme, opposant le bien et le mal.

Le Catharisme se développe surtout en Italie du Nord et dans le sud  de la France actuelle (Provence et Languedoc), le long des routes commerciales qui unissent ces régions aux Balkans byzantins, foyers de manichéens orientaux : les Bogomiles.

Les hérésies, devenant de véritables religions hostiles au christianisme, s’organisent en églises avec leurs rites et leur hiérarchie.

Il y eut des évêques cathares et un grand concile international cathare se tint en 1167 à Saint Félix de Caraman, près de Toulouse.

Cette véritable contre-église s’installe également en Provence orientale et eut à subir à la fin du XII ème siècle l’hostilité de l’église romaine, résolue à exterminer l’hérésie par la force.

L‘Eglise organise contre les Cathares du Midi de la France ou Albigeois, une lutte armée qu’elle reconnut comme une «croisade », avec tous les avantages matériels et spirituels qui s’y rattachaient. Encadrés par des légats pontificaux (moines et abbés cisterciens), les petits seigneurs et les aventuriers venus de la France du Nord surpeuplée, se ruèrent à l’assaut des riches terres et des villes du Languedoc. Malgré les atrocités comme le sac de Béziers (1209) où la ville fut pillée et incendiée (y compris la cathédrale) où des milliers de femmes, enfants, vieillards, réfugiés dans les églises, furent massacrés ; il fallut l’intervention du roi de France à partir de 1219, pour venir à bout de la résistance des Albigeois.

Le traité de Paris de 1229 prépara la réunion de la France du Midi et de la France capétienne du Nord.

Les hérésies, cathares ou vaudoise, recrutaient leurs fidèles dans toutes les classes de la société. Mais les plus fervents adeptes venaient des opposants à l’ordre économique, social et politique du système féodal : marchands, notables des villes, travailleurs des champs et des villes (comme les tisserands), mais aussi quelques nobles. La croisade ne mettant pas fin à l’hérésie, l’Eglise eut alors recours au tribunal de l’Inquisition, pour traquer et juger les hérétiques. Comme les accusés refusaient le plus souvent d’abjurer, l’Eglise les abandonnait alors au «bras séculier », c’est à dire aux autorités publiques et laïques qui étaient tenues de les châtier. En France, la peine consistait le plus souvent à être brûler vif.

Ces moments d’horreur de notre histoire ont laissé des traces dans les chroniques des Alpes Maritimes. Paul Canestrier (Traditions religieuses en Pays niçois) indique : « Des colonies de Cathares, d’Albigeois, de Vaudois et d’autres iconoclastes chassés du Languedoc se fixèrent dans les vallées, notamment à Saint Etienne de Tinée, à Péone, à Sospel, au début du XIV ème siècle. Ces hérétiques troublèrent les esprits, incubèrent des idées ariennes, le satanisme, le goût de la magie et de la sorcellerie, réveillèrent les croyances païennes aux bons et aux mauvais génies. Le résultat le plus clair fut de répandre, dans les masses populaires, la peur du Diable, des esprits du mal et de leurs auxiliaires, les sorciers. ».

G. Beltrutti (Tende et La Brigue) précise, au sujet des sorcières victimes de la sévérité des autorités civiles et religieuses : « En 1426, une femme de La Brigue,  accusée de sorcellerie, fut torturée et brûlée à Sospel ; le 10 octobre 1446, le bailli de La Brigue a recours au souverain pontife et s’oppose à la demande de remettre plusieurs sorcières au vicaire apostolique de Sospel. L’évêque de Vintimille s’occupe aussi des sorcières et des hérétiques. Lors de l’été 1497, il envoie à La Brigue l’inquisiteur Fra Girolamo ». Beltrutti poursuit : « Il est donc prouvé qu’à cette époque, nous nous trouvons en présence d’un mouvement hérétique qui, bien qu’encore circonscrit, détermine déjà la présence d’un inquisiteur à La Brigue. Les premiers éléments  concernant l’apparition des hérétiques dans la vallée de la Roya remontent à 1476, c’est à dire à l’époque où l’évêque de Vintimille faisait monter au bûcher de nombreux hérétiques comme le narre Gioffredo ».

J.P. Domerego (Sospel, l’histoire d’une communauté) confirme : « C’est surtout La Brigue qui, vers le milieu du XV ème siècle, devient un centre très actif ouvert aux idées des Vaudois. Dès cette époque les prêtres de Tende, La Brigue et Saorge prêchent ardemment contre les hérétiques. Cependant beaucoup de croyants se réunissent déjà dans une grotte dite «grotte des Couettes » où des pasteurs commencent à prêcher et à enseigner directement la parole du Christ. De là, l’enseignement gagne Vernante et Sospel où les propositions nouvelles se propagent rapidement dans les masses, prédisposées depuis le siècle précédent, Sospel devient un foyer d’hérétiques. En 1471, l’évêque de Vintimille se présente dans la ville. Avec l’approbation du gouverneur de Nice, il fait élever un grand bûcher sur les rives de la Bévéra et fait brûler vives une dizaine de personnes convaincues d’être hérétiques. La persécution ne cesse pas un seul instant car, dès 1488, le pape Innocent VIII proclame une nouvelle croisade contre les Vaudois. Les ducs de Savoie se montrent très cruels à l’égard de leurs sujets épousant les idées nouvelles. On voit même le vice-gouverneur Claudio Bonardi venir en personne à Sospel afin d’allumer de nouveaux bûchers. ».

La lutte est donc impitoyable, dans l’ensemble du diocèse de Vintimille, contre les partisans de la doctrine vaudoise.

Antérieurement, les Cathares de notre région n’avaient pas été mieux traités.

L. Dailliez (Vence : un diocèse, une cité, un canton) signale que Guillaume Giraud, évêque de Vence de 1176 à 1193, s’attacha surtout comme le fit son prédécesseur Lambert «à combattre les hérétiques qui prêchaient leur doctrine dans le diocèse…Le diocèse de Vence avait ouvert ses portes aux Albigeois et aux Cathares qui commençaient à réunir quelques embryons de communautés à La Gaude et à Gattières ». Plus loin l’auteur poursuit : « Romée de Villeneuve fut dans l’obligation de lutter contre les hérétiques. Venant d’Italie ou chassés par les barons du Nord, faisant la pluie et le beau temps dans le Languedoc, les Vaudois et les Cathares s’installent dans notre région et principalement à La Gaude. Une église est installée et nous trouvons mention d’un évêque cathare dans la région…Les archives inquisitoriales de Lombardie à Milan font état de quatre brûlements à Vence au lieu-dit l’Enfer, en présence de l’inquisiteur de Nice, frère Giacomo et de l’évêque du lieu le 19 juillet 1241. Il en sera de même à La Gaude et Gattières ».

Les Alpes Maritimes ont donc étaient impliquées directement dans la tourmente religieuse du Moyen-Age et durent subir la cruelle répression de l’Eglise de Rome.

Les sinistres bûchers de l’Inquisition s’allumeront ici comme ailleurs, sur les places des villes et des villages pour d’innocentes victimes «diabolisées » qui n’avaient que le seul tort de croire autrement.

Plus tard, en 1593, dans la confusion des Guerres de religion, Guillaume le Blanc, évêque de Vence, sermonne les Vençois pour avoir prêter serment de fidélité à un hérétique, leur seigneur, le baron protestant Claude de Villeneuve.

A titre d’exemple de serment impie, il cite celui prêté en 1575 par Jean André Tombarel au Diable Matagon.

C’est un matin, entre Vence et Saint Paul que le bourgeois Tombarel avait rencontré le Diable sous la forme d’un jouvenceau. Ce dernier lui avait proposé de « grands moyens » pour peu qu’il le reconnaisse comme Roi et Prince Matagon. Après que le Diable se soit assis sur la pierre de Mauvan, Tombarel s’agenouilla et lui jura fidélité. Matagon lui fit ensuite signer une reconnaissance écrite enregistrée par le notaire de Vence. A la suite de cet acte de soumission, Tombarel fut emprisonné par la Justice.

A travers cette étrange relation, il apparaît que l’évêque n’hésita pas à assimiler l’hérésie protestante à la pensée du Diable, afin de mieux convaincre ses fidèles.

Plus que jamais intolérante, l’Eglise poursuivra activement la traque des hérétiques. Les bûchers purificateurs ne s’éteindront seulement qu’au siècle des Lumières.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Où mieux rencontrer le Diable que dans les Alpes Maritimes, sur ces terres chargées de contrastes où s’opposent mer et montagne, au carrefour de la Provence et de l’Italie ?

Ici, le Diable est aussi à l’aise sur la Côte d’Azur où s’étalent d’outrageantes richesses que  vers l’intérieur où se cachent une humilité austère.

Puits du Diable, Château du Diable, Cime du Diable, longue est la liste des sites, marqués par la forte empreinte de celui qualifié par Bernanos de « Singe de Dieu ».

De Nice, à la Vallée des Merveilles, devenue son « domaine réservé », le Diable hante les villages, plastronne sur les murs des chapelles et persiste à enflammer l’imaginaire de ses habitants.

Il fallait raconter l’extraordinaire aventure du Diable dans les Alpes Maritimes. Grâce à Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur l’histoire et la mémoire de son pays, cette lacune est aujourd’hui comblée.

Laissons-nous entraîner, à travers les siècles, sur la piste attrayante et mouvementée, de l’éternel et fascinant tourmenteur du cœur et de l’âme.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

07:50 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire

06/08/2008

LA COMMANDERIE DE RIGAUD DANS LE HAUT PAYS (1ère partie)

E. Raynaud dans son étude sur les Templiers dans les Alpes Maritimes, après avoir étudié  la présence de l’Ordre  dans les grandes villes épiscopales, note : « Mais c’est surtout dans nos montagnes que les Templiers établirent leur domination. Ils y furent appelés par les populations qui craignant les incursions de Sarrasins, demandaient à être protégées. On leur concéda de grandes étendues de terrain et leurs exploitations agricoles devinrent très florissantes. Ils percevaient une dîme dans les villages ».

La puissante commanderie de Rigaud, implantée au cœur des montagnes, va disposer de positions importantes et rayonner dans les vallées alpines sur divers villages, relevant lors de la saisie de 1308, du bailliage de Puget-Théniers.

Saint Sauveur, Saint Etienne de Tinée, Saint-Dalmas-le-Selvage, Guillaumes, Méailles, Annot, Entrevaux, Amirat, Les Mujouls, Cuébris, Villars, Tournefort, etc… figurent parmi la trentaine de localités où la maison de Rigaud recueillait des services.

Le bailliage de Puget-Théniers s’étendait de la vallée de la Tinée, dépendant de l’évêché de Nice, aux vallées du Var, du Coulomp et de l’Esteron soumises elles, à l’évêché de Glandèves (Entrevaux).

J.A. Durbec a chiffré à 81, les services perçus par la commanderie de Rigaud dans le diocèse de Nice et à 428, ceux prélevés dans celui de Glandèves, soit au total 509 services répartis dans 27 localités. Ces chiffres attestent de la richesse de l’Ordre dans ces diverses vallées.

La naissance et l’évolution des premiers groupes humains qui formeront les villages installés dans le Haut Pays, débutent autour de l’an mille.

Rappelons qu’à la fin du XI ème siècle, mais davantage au XII ème siècle, l’aristocratie locale se voit privée par la réforme grégorienne du contrôle des lieux du culte et par-là même des paysans qui les fréquentent. Pour contrecarrer cette perte d’autorité, elle va réagir et dresser des châteaux destinés à regrouper les populations sous leur tutelle, pour mieux les soumettre et les surveiller.

Le fief seigneurial, centré sur un bourg fortifié autour du Château : « le castrum », cohabite ainsi avec une paroisse, groupée autour d’une église relevant de l’évêché. S’y ajoute parfois un prieuré relevant d’une abbaye bénédictine.

Cinq diocèses : Grasse, Vence, Nice, Glandèves (Entrevaux) et Vintimille se partagent les paroisses de Alpes Maritimes.

Ce maillage explique qu’en 1200, les Alpes Maritimes comptaient 160 agglomérations formant village, avec son église paroissiale, parmi lesquelles 58 étaient des prieurés, avec monastère et église conventuelle.
La fin du XII ème siècle et la première moitié du XIII ème siècle, voient apparaître l’Ordre du Temple. Cette période va être marquée par le conflit opposant les nouveaux comtes de Provence de la Maison de Barcelone, à l’ancienne  aristocratie qui résistera en fortifiant ses châteaux ou maisons fortes.

Ce ne sera qu’à la fin du XIII ème siècle et en partie au XIV ème siècle que châteaux et villages vont se séparer.

Le castrum de Rigaudo apparaît vers 1232, il sera ensuite cité dans l’enquête de Charles d’Anjou de 1252. L. Dailliez signale qu’en 1260, Jean Olier, commandeur de Rigaud recevait la donation d’une maison à Entrevaux, ce personnage sera témoin de la construction d’un four à Biot par Dominique évêque de Grasse.

La maison templière de Rigaud est mentionnée pour la première fois par un document d’avril 1269.

J.A. Durbec suppose que le domaine de Rigaud serait parvenu au Temple par l’intermédiaire de Pons de Rigaud, apparu dès 1179 et qui deviendra maître de l’Ordre en 1195.

Lors de l’enquête de Charles d’Anjou en 1252, seulement quelques biens sont recensés pour la couronne dans l’évêché de Glandèves, laissant supposer un pouvoir comtal mal assuré sur ce territoire.

Selon J.C. Poteur, la commanderie de Rigaud va prendre alors de l’importance de 1252 à 1278 et probablement vers 1260, lorsque Charles d’Anjou, désireux d’en finir avec la résistance de la région de Glandèves, décide de l’encercler.

Installés dans le château voisin de La Croix, les Hospitaliers sont également associés à cette stratégie, comme auxiliaires militaires du Comte.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

17:03 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

DÉDICACE

L’historien Edmond ROSSI signera ses livres le samedi 9 août à la « Fête des Gueyeurs » place de l'Eglise de Saint Laurent du Var.

A 15h il présentera un exposé intitulé : «  Qui étaient les Gueyeurs ?».

16:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, memoire, traditions