09/03/2015
L’ABBAYE DU CANADEL À LA COLLE SUR LOUP
Le miracle se produisit et Euric épargna la cité de Vence. La chance ne se renouvela pas puisqu’en 730, le petit monastère fut saccagé et ses moines massacrés par les bandes sarrasines.
Trois siècles passeront sur les ruines, mais « la providence, en ses mystérieux desseins et l’histoire en ses surprenants retours » vont faire refleurir ce désert ”. C’est Pierre Laugier évêque de Sisteron, fils du Comte Laugier Ruffi, seigneur de Vence, qui fit cadeau du domaine et du manoir du Canadel au nouvel abbé de Saint Véran qui s’empressa d’ériger le bâtiment en prieuré (1050), à la tête duquel il nomma Clari Adalbert. De cette époque (XI ème siècle), subsistent une porte fortifiée et une remarquable chapelle de style roman provençal, encastrées dans la masse du château.
Le donjon crénelé et les tourelles couronnées de bâtisses plus récentes, signent leur fonction de résidence seigneuriale. En effet, au XI ème siècle, lors de la donation de l’abbaye de Saint Véran (située à l’embouchure du Loup), le prieuré du Canadel fut réservé aux évêques de Vence. Ainsi détaché et devenu épiscopal, il va s’envelopper, durant près d’un demi-millénaire, d’un silence mystérieux.
Le 1er février 1570 Mgr Grimaldi, évêque de Vence cède ses droits à Jean de Villeneuve seigneur de Vence, contre une pension de 200 écus, par acte passé devant le notaire de Vence, Georges Isnard. Les évêques conservent, eux, une Bstide appelée « Bastide seigneuriale » au domaine du Roure.
Le noble castel gardera toutefois, grâce à la piété de ses nouveaux seigneurs et ce, deux siècles durant, la chapelle monacale qui résonnera de la mélodie des oraisons.
Ainsi en 1632, Isabeau - épouse de Villeneuve Thorenc, gouverneur de Saint Paul - fonde au Canadel une “ chapellerie ” dotée de 300 livres avec charge d’une messe hebdomadaire à son intention. Cette initiative pieuse sera suivie de beaucoup d’autres puisqu’en 1700 on comptait une dot de plus de 5000 livres !
“ En 1789, notre histoire qui vit la plus juste des causes fut bien souvent desservie par de coupables moyens. La Provence ne sera pas épargnée par la tourmente révolutionnaire. La famille Villeneuve perdra alors la jouissance de l'abbaye.
Le chapelain du Canadel, condamné à suivre le triste sort des châtelains, abandonne le prieuré. La chapelle magnifique, écrin d’architecture religieuse, classée aujourd’hui par les beaux-arts, ne put hélas échapper aux outrages du temps et à la profanation des hommes.
Rendez-vous de chasse au temps des rois, folie au début de ce siècle, un nouveau destin s’ouvre à l’austère demeure en 1937, lorsqu’un certain Joseph Vighi (ancien chef de cuisine à l’hôtel Négresco) s’appropria ces vestiges vénérables pour en faire une auberge accueillante aux artistes. Un adorable jardin-patio, des salles, couloirs et escaliers décorés de tableaux offrant une exposition permanente dans un décor original, même si les toiles ont été quelquefois “ atrocement figuratives ” pour certains.
Le goût un peu naïf pour les choses de l’art ne retirera rien à cette cordiale maison qu’il gérera trente ans durant. Lieu de rendez-vous de nombre de peintres, d’écrivains et vedettes du septième art, l’Abbaye possède alors un substantiel et éclectique livre d’or où se mêlent les grands noms des visiteurs de la Côte.
Ceux-ci oubliaient là l’atmosphère plus guindée des palaces en dégustant un bœuf en daube très provençal et d’énormes pâtisseries à la crème. On y dînait aux chandelles : d’inimitables bougies multicolores, faisant penser avec leurs couleurs à des stalagmites toujours renouvelées. Le tout dans une ambiance de bel canto et de “ canzonetta ” napolitaine à l’exotisme inattendu qui entraînait les convives à reprendre en cœur ces refrains éternels.
Même si son animateur n’est plus, même si l’on a badigeonné la décoration d’une voûte qui insinuait que les moines n’étaient pas toujours sages, il faut humer ce lieu classé. L’ancien propriétaire avait, par un sentiment chrétien et un sens du beau et du bien, rendu la chapelle à son ancienne destination. De nombreux couples des alentours se marièrent là. Il faut voir les deux magnifiques statues en pied de l’entrée et cette chapelle riche de souvenirs, s’attarder et s’asseoir peut-être à la table qu’occupait Brigitte Bardot, qui se maria dans cette fameuse chapelle historique.
L’Abbaye du Canadel est inscrite aux Monuments historiques depuis le 24 janvier 1927.
Pour en savoir plus sur le riche passé des bourgs et villages des cantons de Cagnes, Carros, Vence, consulter le livre "Histoires et Légendes des Balcons d'Azur", chez vous sur simple demande à:
09:55 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
21/02/2015
HENRI SAPPIA UN VISIONNAIRE PROGRESSISTE
Henri Sappia dont la personnalité controversée et l'érudition ont marqué la fin du XIXème siècle a contribué à l’évolution historique du Comté de Nice.
Henri Sappia est né le 17 avril 1833 à Touët de l’Escarène, il passa son enfance à Nice où il fit ses premières études. Jeune homme, il quitta Nice, y revenant quelques fois pour de brefs séjours.
Après un demi-siècle d’absence et de vie tumultueuse, il put enfin, au soir de sa vie, se réinstaller dans cette ville qu’il aimait et dont le souvenir ne l’avait jamais quitté.
Il passa les dix dernières années de sa vie à exhumer et à glorifier le passé de Nice et du pays niçois et en fondant l’Académia Nissarda ainsi que la revue Nice-Historique, toujours existante aujourd’hui.
Décédé le 29 septembre 1906, dans son modeste logis du 28 rue de la République, à Nice, ses obsèques eurent lieu le matin du 1er octobre. Il fut inhumé au cimetière de Caucade, dans quelques mètres de terre attribué à titre gracieux par la municipalité de l’époque, ceci en considération des services éminent qu’il avait rendus à Nice.
Sa vie fut une aventure et un combat pour la liberté.
Titulaire de quatre doctorats des universités de Turin et de Naples, Henri Sappia ne fut pas seulement un grand érudit, mais aussi un grand défenseur de la liberté en Europe.
Conspirateur, propagandiste des idées nouvelles, révolutionnaire progressiste et grand défenseur de Nice, il fut trois fois condamné : la première pour avoir conspirer contre le tyran Ferdinand II de Naples, la seconde pour avoir comploté contre Napoléon III, et une troisième fois par contumace pour sa participation à la Commune de Paris !
En février 1871, après les élections qui donnèrent une écrasante majorité aux indépendantistes niçois, il assista à l’invasion militaire de Nice. Il relata cet événement et tous les détails des turpitudes de l’administration impériale à Nice dans un livre, Nice-contemporaine, qui dénonçait également la bourgeoisie niçoise corrompue laquelle, par vénalité, avait vendu Nice à Napoléon III.
Il partit pour Londres afin de faire imprimer cet ouvrage capital pour les Niçois.
Mais tous les exemplaires furent saisie à la frontière et détruit par la police française. Il n’en resta que quelques rares exemplaires, dont un fut traduit en français et réédité récemment.
Son côté visionnaire s'inspire de sa parfaite connaissance d'une région dont il percevait tous les aspects de son évolution vers le futur.
Aujourd’hui un boulevard de Nice perpétue le souvenir de ce grand visionnaire qui lutta inlassablement pour l’évolution de son pays vers la liberté et la démocratie.
Pour connaître le es belles pages de l'Histoire des Alpes Maritimes, consulter le livre "Histoires et Légendes du Pays d'Azur". Chez vous sur simple demande à:
10:29 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
30/01/2015
LE LOUP S'INVITE AU CONSEIL D'ÉTAT !
Le loup fait son entrée au Conseil d’État. Trois arrêtés du ministère de l'Écologie étaient attaqués, récemment, devant la haute juridiction administrative à Paris, par le Collectif des éleveurs de la région des Causses, de la Lozère et leur environnement (Cercle).
Ces dispositions ministérielles, prises les 15 et 16 mai 2013, fixent le nombre de loups pouvant être tués à vingt quatre par an. Elles déterminent également les conditions
pour appliquer ces «destructions» qui doivent demeurer exceptionnelles, ainsi que les quatorze départements concernés (Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes, Drôme, Isère, Lozère, Pyrénées Orientales, Savoie, Haut Rhin, Haute Saône, Haute Savoie, Vosges, Var, Vaucluse).
Après avoir totalement disparu de France en 1930, le loup a fait sa réapparition dans les Alpes en 1992. Depuis mai 2009, il n'est plus considéré comme menacé d'extinction. Au contraire, il ne cesse de coloniser de nouveaux territoires. Le nombre de ces canidés aujourd'hui présents en France dépasse les trois cent individus (chiffre 2014). Leur population croit de 20 % chaque année, soit soixante loups supplémentaires.
Devant les magistrats du Conseil d'État, le rapporteur public· Suzanne von Coester
a d'abord annoncé que les éleveurs avaient dénombré en France, depuis 2013, « six mille bêtes d'élevage tuées» par les loups, ce qui représentait douze millions d'euros de préjudice. La magistrate a décrit les plaignants comme «exaspérés», en précisant qu'ils « plaident pour la création de zones d'exclusion loups » où ils pourraient les
tuer. Les bergers, les éleveurs considèrent les trois arrêtés comme « illégaux ».
Mais pour le rapporteur ils sont conformes à la loi qui prévoit la protection de ces canidés.
Dans un second temps Suzanne von Coester rappelle que les tirs d’armes à feu étaient totalement interdits dans les parcs et réserves, même pour faire peur aux prédateurs.
« Mais les loups peuvent être effarouchés au moyen de lumière et de bruit. Les chiens, du reste, sont là pour protéger les troupeaux. Les bergers ne sont donc pas dépourvus de moyens (pour maintenir leur activité).» Considérant enfin que les mesures des décrets étaient suffisamment « ciblées» en fonction des départements, la magistrate a demandé que la requête du Collectif des éleveurs de la région des Causses et de la Lozère et leur environnement soit rejetée.
Le Conseil d’État rendra sa décision dans les semaines à venir.
« HISTOIRES DE LOUPS AU PAYS D’AZUR »
Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour.
Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.
Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.
Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.
Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.
Notre propos sera de recueillir et présenter une anthologie d’une trentaine des récits illustrés les plus remarquables, relatifs aux diverses péripéties prêtées au loup, dans ce vaste territoire.
Issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.
Partons vers les quatre coins du département, sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de nos propres fantasmes.
De nos jours, si la présence du loup ravit les écologistes urbains tournés vers la nature et les défenseurs des animaux, elle inquiète les éleveurs de moutons et les chasseurs.
Sujet brûlant, au centre d’une controverse passionnée divisant même les familles, au sein desquelles s’opposent parfois les générations séparées entre partisans inconditionnels du retour du loup et les farouches défenseurs des bergers, victimes des attaques du prédateur, protégé par loi.
Dans ce débat où le premier intéressé n’a pas choisi le sort qui lui est dévolu, tous les coups bas sont permis.
L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête avec sa propre logique.
Optant pour une approche éclairée des différents acteurs de cette impitoyable mêlée nous avons regroupé des éléments permettant au lecteur de forger son propre jugement.
Au premier plan de cette connaissance nous situons bien évidemment le loup, présenté à travers les chroniques historiques de la Provence orientale et du Comté de Nice.
Témoignages authentifiés, relations, anecdotes groupés dans une vingtaine de récits attrayants rappellent le difficile face à face auxquels furent confrontés nos ancêtres.
Aujourd’hui encore, et plus que jamais, l’ouverture d’un « Parc à Loups » à Saint Martin Vésubie, aux portes du Mercantour, atteste de l’engouement et de l’éternelle fascination suscités par ce mythique animal.
Les « Histoires de Loup en Pays d’Azur » racontent sa présence dans les Alpes Maritimes à travers les chroniques du passé et les anecdotes de nos anciens. Un livre passionnant chez vous, dédicacé par l’auteur en contactant ;
11:46 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, Loisirs, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)