16/10/2015
HISTOIRE ET PATRIMOINE DE LA TRINITÉ (ALPES MARITIMES)
Le territoire de la commune s'allonge d'est en ouest, de La Turbie aux rives du Paillon. Le vallon de Laghet traverse la commune horizontalement. La Trinité est aujourd'hui le prolongement industriel de Nice. Le sanctuaire de Laghet fait partie du territoire de La Trinité.
« LES RICHES HEURES » DE LA TRINITÉ
Dès la période ligure, le plateau du Tercier était habité. Des enceintes de pierres sont encore visibles. Au quartier de la Gorra (N.E. de Laghet), des mobiliers divers datant du Bronze et du Fer, ont été découverts. Le nom« Ariane » dérive du radical pré-latin « Ar » signifiant « eau courante ».
La tribu ligure des Vedantii ne figure pas sur le Trophée de La Turbie, ce qui laisse penser qu'elle rentre très tôt dans l'alliance romaine.
Les Romains construisirent la Via Julia qui descendait lentement de La Turbie, en empruntant les hauteurs de la rive gauche de Laghet, qu'il traversait en amont de l'hypermarché actuel, passait sur la colline de Sus-Li-Aïga pour toucher le Paillon au lieu-dit encore aujourd'hui Roma. Cette Via Julia Augusta sera pendant des siècles la seule voie de communication entre la France et l'Italie, sur le littoral.
Les premières traces d'habitat dans le haut Moyen Age ont été relevées autour de l'actuelle place Rebat. Mais l'histoire des hameaux plus ou moins éloignés d'Arisana se confond avec celle d'Eze. La première mention de Laghet se trouve dans une charte de 1045 dans une donation de Raimbaud à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille; il cède le village de Laghet avec ses dépendances. Celui-ci sera déserté dès le XII émet siècle, ne laissant que les hameaux de Soannes et Spraés. L'abbaye de Saint-Pons (hôpital Pasteur) attire à l'Arianna, les nobles venus rendre hommage aux moines et à leur abbé. On voit ainsi passer en 1004 Roubaud d'Arles, frère de Guillaume (qui libère la Provence des Sarrasins), en 1210, Sanche, frère du roi d'Aragon, campe à l'Ariane.
Il reste les vestiges d’une tour de garde du XI émet siècle visible en bordure du chemin de Laghet avec les traces d’un pont-levis au premier étage.
Mérindol (castrum de Mirendol), ce castrum se trouvait au confluent du Paillon et du vallon de Saint André. Son territoire correspond à la majeure partie de l’actuelle commune de la Trinité. Il apparaît détruit dans l’Enquête de Charles d’Anjou 1251-52. Vers 1070, Caïs de Pierlas cite les « hommes libres de Mérindol », de même en 1078 « Mirindolio » et au XII émet siècle « Miridol ». Subsisterait selon L. Cappatti (Castra-Dirupta) un ancien château sur l’éperon dominant le confluent du Paillon et du vallon de Saint André.
En 1388, l'arrivée des Comtes de Savoie à Nice, donne de l'importance à la route du sel. En 1592, les Ducs de Savoie entreprirent la réalisation d'une véritable route Nice-Turin. L'origine du bourg entre Laghet et le Paillon, au carrefour des deux axes de communication, est liée à cette origine.
En 1617, les habitants de l'Ariane et du vallon de Laghet construisent la chapelle de la Trinité, succursale du Prieur d'Eze. Ils n'ont plus ainsi à aller jusqu'à Drap pour certains, à Eze pour d’autres.
En 1726, le nom de l'Ariane disparut des pièces officielles, laissant place à celui de sa chapelle: La Trinité.
Cette chapelle dressée sur la place du Tercier, rapproche les habitations pour fonder peu à peu un hameau. Situé sur la route du sel, ce centre prendra une nouvelle importance avec la consécration de la chapelle miraculeuse de Laghet en 1653.
Vers 1777, le trafic annuel est estimé à 16 740 mulets. Au cours du XVIII ème siècle, le hameau double celui de son chef-lieu et revendique peu à peu son autonomie… Hélas, La Trinité est aussi sur le chemin des armées. En 1691, Catinat installe une redoute : 300 soldats et 50 cavaliers cantonnent au village. En 1703, c'est le général la Feuillade qui s'installe à La Trinité (guerre de succession d'Espagne). En 1707, les Français évacuent le comté. Avant de partir, la garnison pilla la Trinité et les hameaux avoisinants laissant les maisons en ruines. Les alliés autrichiens qui leur succédèrent ne se comportèrent pas mieux, et deux mois plus tard, les Français revenaient.
En 1709, le froid, la neige et la misère entament le moral des troupes. Les désertions sont très nombreuses. Pour enrayer le phénomène un plan est mis en œuvre : « Il sortira deux détachements de la redoute de La Trinité, dont l'un s'embusquera sur le chemin de Notre-Dame-de-Laghet et l'autre sur le chemin de L'Escarène, à un pont de pierres où se sépare le chemin de Berre».
En 1744, le prince de Conti, à la tête des troupes franco-espagnoles, installe son Etat-major à La Trinité. De violents combats ont lieu dans le vallon de Laghet. Chassés par les Austro-Piémontais, ils reviennent à La Trinité le 3 mars 1746.
En 1792, l'armée du général français Anselme poursuit les troupes sardes qui se retranchent à Saorge. Le village subit encore des réquisitions, tandis que les Pères Carmes de Laghet s'enfuirent en Piémont. Leur sanctuaire est pillé et ravagé. Les exactions commises par les troupes du générai Anselme entraînent une opposition armée de la part de certains hommes, plus dévoués à la Sardaigne qu'à la France. A La Trinité, les nombreux « Barbets » séviront longtemps.
En 1794, les habitants demandent l'autorisation de se séparer d'Eze. Le 30 janvier 1818, le roi Victor-Emmanuel érige La Trinité en commune, sous le nom triomphant de La Trinité-Victor. Quant à la délimitation des terres, elle ne se fit pas sans quelques procès. Le 4 mai 1869, une Convention règlera définitivement le litige.
En 1860, La Trinité a voté oui pour le rattachement à la France. En 1900, la ligne de tramway Nice - Contes entre en service, en même temps ·que l'électricité arrive au village. En 1928, la gare est inaugurée.
Pendant la dernière guerre, en mars et août 1942, le fort de la Rovère, proche d’Eze, fut le théâtre de deux évasions retentissantes. La seconde permit à 67 prisonniers de s'évader. Ceux-ci se cachèrent à Laghet, dans le vallon de Spraes et au Castelon. Sur le Tercier, le petit maquis de la Lara reçoit un parachutage d’'armes. La Trinité sera libérée le 28 août 1944.
En 1954, Victor est supprimé du nom de la commune.
DÉCOUVERTE DU PATRIMOINE
L’église Saint-Grat
En 1840, la chapelle de La 'Trinité construite en 1617 étant jugée trop petite, on décida son agrandissement. Mais en septembre 1841, au moment de la couvrir par une toiture neuve, le tout s'effondra. L'église actuelle fut inaugurée le 24 décembre 1848. On prit pour modèle la « Gran Madre di Dio », église récemment construite à Turin sur une copie du Panthéon de Rome. Là encore, les malfaçons furent l'objet de procès qui ne s'éteignirent qu'en 1866 avec la mort des responsables et l'insolvabilité des héritiers.
Au premier orage, le beau toit vernis se révéla poreux et en 1878, un incendie détruisit la chapelle.
Une inscription rappelle la date d'ouverture au culte: « cette église à la gloire de la Très Sainte Trinité a été construite sous l'heureux règne de l'auguste monarque Charles Albert 1er, roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem, Monseigneur Dominique Calvano, évêque de Nice, de l'abbé Honoré Cauvin, de M. André Rebati, maire. Le 13 octobre 1845 - 24 décembre 1848 »,
La Tour
C'est la plus vieille maison du village et elle pourrait bien être un ancien poste de péage sur la route du sel. Une plaque rappelle que dans cette maison naquit le 29 avril 1759, Jean-Dominique Blanqui, député à la Convention.
Jean-Dominique Blanchi
Il fit ses premières classes à l'école du curé du viillage, mais son oncle Nicolas, chapelain de La Trinité, le fit admettre au collège des Jésuites de Nice. Il ne revint au village qu'en 1788 pour vendre au notaire sa part d'héritage de l'oncle Nicolas, comprenant « une maison au quartier de la Tour, une terre au quartier Scarella à Drap et les forêts de Boutin et du Grand Bouosc ».
Il sera ensuite professeur de philosophie et d'astronomie au collège royal de Nice. Blanchi sera d'abord un ardent propagandiste du rattachement à la République. Député de la Convention, il sera emprisonné pendant un an, accusé « d'avoir conspiré ». Libéré par la chute de Robespierre, il fut chargé de mission dans le Sud-Est, alertant le ministre de l'Intérieur sur les exactions de l'armée et la mauvaise gestion (déjà !) de la ville de Nice.
En avril 1800, il est nommé juge au Tribunal des Alpes-Maritimes et sous-préfet de Puget-Théniers. Cet administrateur intègre fut aussi un romantique. En 1794, dans sa prison, il était tombé amoureux d'une fillette de 13 ans, nièce de sa logeuse, qui venait de temps à autres lui apporter des douceurs. Il épousera Sophie de Brionville lorsque celle-ci aura ses 17 ans ; huit de leurs dix enfants survivront.
Après la chute de l'Empire, ni Victor Emmanuel, ni Louis Philippe ne voulurent de lui. Il mourra à Paris du choléra le 1" juin 1832, oublié de tous. Le rattachement des « AlpesMaritimes» (c'est lui qui donna ce nom en 1793) n'interviendra qu'en 1860 et la plaque lui rendant hommage ne fut posée que le 27 mai 1960, à l'occasion du centenaire.
Deux de ses fils furent célèbres : l'économiste Adolphe, mais surtout le révolutionnaire Auguste Blanchi, né à Puget-Théniers.
Le pont de l'Ariane
Il fut construit en 1893. Jusque-là, il fallait traverser le torrent à pied, ce qui représentait un danger par temps de crue.
La stèle du Bi-Centenaire, au Rond-Point
Elle a été érigée en 1989.
Le château Sainte-Anne
Cette résidence des comtes Ongrand a été transformée en école en 1987.
La chapelle Sainte-Anne, au Sud.
L'hôtel de ville, avec son jardin, a été réhabilité.
LES VISITES
- Les vestiges de la tour de garde, du XI ème siècle, en bordure du vieux chemin de Laghet ; traces de pont-levis au 1er étage.
- Le plateau du Tercier (562 m) : enceintes ligures, murs cyclopéens.
- L'observatoire de Nice est installé pour plus de 15 hectares sur des terrains achetés en 1879 à la commune par le banquier-politicien Bischofsheim. Le site est classé.
- Le parc départemental de la Justice, au Sud. L'Astrorama est installé dans la Batterie des Feuillerins, près du fort de la Rovère. Ce centre de vulgarisation spatiale accueille les scolaires : initiation, observation du ciel, conférences, séminaires ...
- Le rocher du Pin. : situé route de Laghet, au quartier Rolland, à 2 km 700 de La Trinité, on s'interroge beaucoup sur la présence de ce pin
sur un rocher ."
La légende du Baù doù Pin
La légende veut que, dans l'antiquité, le culte de Cybèle ait été célébré ici, auprès d'un petit lac dont on ne connait plus aujourd'hui l'emplacement et auquel le ruisseau de Laghet, qui le traversait devait son nom.
Loin des appétits matériels et grossiers, en de fraîches cavernes aux couches de feuillage, les prêtres de la déesse y goûtaient de profondes paix. Un des serviteurs de ce pieux collège céda à l'amour bas et sensuel. Il était jeune et se plaisait à s'attarder au fond des bois où dyades et faunes, jouant de la flûte, s'adonnaient à leur danse lascive, prémices d'orgiaques mêlées. Poursuivi par une nymphe rieuse et belle entre toutes, il en fut troublé et ressentant soudain une soif de puissance inconnue, il oublia le vœu de continence pour céder à l'attrait du plaisir. Longtemps la déesse feignit d'ignorer l'outrage répété.
Une nuit, la passsion le faisant sortir de la grotte, il entraîna l'objet de sa flamme sur les bords des eaux sacrées. Le miroir du lac ayant reflété la criminelle étreinte, le courroux de Cybèle, insensible à la radieuse beauté de la nymphe, se manifesta impitoyablement : la coupable fut terrassée dans ses bras, le prêtre s'enfuit éperdu de douleur et de remords.
Durant des jours et des nuits, il erra dans ces parages, l'esprit disputé par l'angoisse du châtiment qu'il sentait peser sur lui. De désespoir, il allait céder à l'attraction du gouffre lorsque la déesse le métamorphosa en pin.
La légende attribue à ce tragique amour charnel, l'étonnante présence de cet arbre sur ce rocher.
LAGHET
Au centre d'un vaste entonnoir de montagnes parsemées de pinèdes et d'oliveraies, une butte plantée d'agaves et de chênes verts supporte un imposant carré de murailles jaunes et roses d'où fuse un clocher encapuchonné de faïences claires: c'est le sanctuaire de Laghet.
150000 personnes y viennent chaque année en pèlerinage.
RAPPEL HISTORIQUE
La première mention de Laghet est contenue dans une charte du XI ème siècle, par laquelle Raimbald, co-seigneur de Nice et de Vence, donne à l'abbaye bénédictine de Saint-Victor de Marseille le village de Laghet avec ses dépendances. Mais au XII ème siècle, tout a disparu sauf une chapelle et ses terres, dépendante du fief d'Eze. L'origine du nom se rattacherait à un « petit lac » ou au « quartier des lacs » qui apparait dès le XI ème siècle.
On sait par des documents, qu'au XVI ème siècle, les habitants de Villefranche venaient tous les ans en pélerinage à une chapelle de la Vierge de Laghet. Ils durent y renoncer en raison de l'effondrement de la toiture.
En 1625, Don Jacques Fighiera, chapelain de La Trinité restaura la chapelle à ses frais et fit sculpter une statue de la Vierge par un artiste itinérant parisien Pierre Moïse; il rouvrit le sentier qui menait jadis de Laghet à Eze. Deux miracles attirèrent aussitôt l'attention sur Laghet : une jeune possédée de La Trinité Marie Aicard fut délivrée du démon, un monegasque, Hyacinthe Casanova, gravement malade, fut guéri subitement dans la chapelle où on l'avait transporté.
En 1653, l'évêque de Nice, Mgr Palletis, conclut à leur authenticité et approuva le culte de Notre-Dame-de-Laghet. Une nouvelle chapelle fut construite, près de terrains dont le chapitre tirait les bénéfices. Le 26 avril 1653, il présidait le premier pèlerinage officiel et le 21 novembre 1656 les offrandes aidant, la nouvelle église fut inaugurée.
Peu après, on l'entoura d'un vaste cloître qui servit de base au monastère où les armes Déchaussés s'installèrent en 1675.
En 1708, « les Carmes des Chaux de N Dame-de-la-Ghetto » ayant protesté auprès de Louis XIV contre l'établissement d'une garde auprès du couvent, le Lieutenant-
Général de Provence d'Artagnan, répondit au Roi: «… le seul embarras qu'ils en reçoivent est qu'Ils peuvent aller chez eux, à Nice ni à Turin qu'avec un billet de l'officier, tous ces moines étant piémontais et affectant de n'en recevoir aucun parmi eux que de cette nation».
Les Carmes durent quitter leur monastère 1792, lors de l'invasion du Comté par les troupes de d'Anselme. Ils fuirent précipitamment en emportant leurs trésors, mais oubliant la statue miraculeuse qui fut cachée par un berger tendasque à La Turbie. En 1814 ils étaient de retour avec la Restauration Sarde. La chapelle avait été rendue au culte dès 1796, la Vierge retrouva sa place et les pèlerinages reprirent.
En 1903, en application de la loi sur les congrégations les Frères Carmes furent expulsés, le sanctuaire fermé. Deux années plus tard le chanoine Dalbera rachetait la chapelle. L'évêque de Nice complétait cet achat en 1907 en se rendant acquéreur aux enchères de l'ensemble des bâtiments conventuels de Laghet où fut installé jusqu'en 1930 le petit séminaire diocésain.
En 1978, des sœurs Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre dont l'ordre a été chargé de l'animation des pèlerinages, s'installèrent à Laqhet.
Laghet est le principal centre de pèlerinage de Provence et d'Italie du Nord.
LES DIVERSES LEGENDES SUR L'ORIGINE DU SANCTUAIRE
- On vit, on ne sait quand, une statue de la Vierge flotter sur le petit lac, environnée d'une lumière. Dès qu'on eut recueilli la statue, les eaux se retirèrent, laissant à sec le roc où l'on bâtit le sanctuaire.
- Un berger entendit des sanglots venant d'un fouillis de broussailles qui recouvraient des décombres. Il y découvrit une statue de la Vierge, les yeux trempés de larmes. Il emporta la statue à Eze et, dans la nuit la statue revint elle-même dans les broussailles, marquant ainsi l'endroit où elle voulait qu'on lui éleve un sanctuaire.
- Un jeune chasseur maladroit, tirant un oiseau juché sur les roncières de cet endroit perça le sein de la Vierge peinte sur un mur délabré et vit couler du sang du sein déchiré. Pour réparer ce sacrilège, sa famille fit élever une chapelle à la place du vieux-mur.
- Une dame pieuse de Monaco, affligée d'un mal incurable fut transportée dans les ruines d'une chapelle de Laghet, y pria et s'en retourna guérie. En reconnaissance, elle fit reconstruire la chapelle.
VISITE
Le sanctuaire de la Madone est classé M.H.. La construction du sanctuaire, en 1654-1656, avait été menée tambours battants, grâce aux offrandes des fidèles, à la ville de Nice qui avait donné cent écus pour le captage d'une source et l'installation d'une fontaine.
Les dimensions de la nef sont modestes, 8 mètres de large pour 12 mètres de long, le plafond est voûté de plein cintre, la façade extérieure ne comporte pas d'ornementation. L'église a été construite dans le style baroque italien. L'intérieur de la nef est plus chaleureux, plus richement décoré de pilastres colorés supportant une corniche où règnent des angelots de stuc. L'unité de la voûte a été malheureusement détruite par le tremblement de terre de 1887 où une partie de la toiture et du plafond s'effondrèrent.
La statue de Notre-Dame-de-Laghet, don du chanoine Fighiera, date du début du XVII ème siècle. Haute de 1m14, elle fut sculptée par Pierre Moïse dans du bois de sorbier. La statue est habillée, selon la coutume provençale, d'une grande robe rouge et d'un manteau bleu foncé semé d'étoiles d'or. Le visage et les mains sont très finement taillés.
Le cloître se résume aux allées qui entourent la chapelle, et où sont exposés les ex-voto.
Les cellules situées au premier étage, communiquaient directement par des galeries, avec l'église. Les moines pouvaient suivre les services dans des alvéoles s'ouvrant sur le premier étage de la nef.
LES EX-VOTO
L'ex-voto se veut d'abord une représentation du réel, naïve certes mais minutieuse, détaillée, faite pour convaincre dont le seul élément mystique est l'apparition de Notre-Dame-de-Laghet ou la prière. Par sa précision il appartient à l'ethnologue et fournit des renseignements précieux sur l'intimité familiale, le travail, les moyens de locomotion depuis la calèche jusqu'à l'automobile.
Dès la consécration du sanctuaire, la Madone de Laghet se signala par tant de miracles que les souverains eux-mêmes implorèrent sa protection et lui adressèrent de riches ex-voto. Le duc de Savoie Charles Emmanuel II offrit un Enfant-Jésus en or massif pesant 8 livres 6 onces, comme le fils qu'il venait d'avoir, et ce fils, devenu Victor Amédée II, vint avec son épouse en 1689, remercier la Madone.
Madame Royale, guérie d'une maladie à la jambe, fit suspendre près de l'autel une jambe en argent massif de grandeur nature. Le Prince de Monaco Louis 1er, nommé chevalier du Cordon Bleu par Louis XIV, fit la profession de foi requise par les statuts de l'Ordre du Sanctuaire de Laghet, le 20 janvier 1689. Les Princes de Monaco ont toujours concouru, par leur générosité, à l'agrandissement et à la décoration du sanctuaire.
Dans les encoignures sont accumulés des lots considérables de bâtons, de béquilles, de gouttières, de fusils éclatés, de moulages de membres guéris.
De la voûte descendent des bannières, des petits bateaux de tous modèles montrant leurs carènes ventrues, leurs armatures bien tendues des trois-mâts, des galères, des longs courriers, des corvettes, des chalutiers, des milliers de tableautins ingénus, brossés à la hâte, rappelant des accidents, des catastrophes, des dangers de mort.
Haut lieu de recueillement, la piété et la reconnaissance des miraculés ont fait du sanctuaire un centre exceptionnel d'art populaire.
Six mille ex-voto y ont été déposés depuis près de deux siècles, actes religieux de remerciements à la Vierge.
Il en reste 3 000 dont les plus anciens datent de 1792-1793, avec pour le premier, une très rare représentation d'un combat opposant dans nos vallées troupes sardes et Républicains.
Les ex-voto des XVII ème et XVIII ème siècles furent, hélas, brûlés pendant la Révolution, le monastère ayant été transformé en magasin militaire. Une centaine témoignent de la vogue de la peinture sur verre dans les années 1800 à 1820.
D'autres plus récents reflètent, maladroitement, les modes et les styles de la fin du XIX ème siècle et de l'art moderne.
Dans le musée une belle sculpture gothique en bois datant du XV ème siècle représente Sainte Anne, Marie et Jésus, la grând-mère, la mère et l'enfant.
Dans la chapelle primitive, se trouve une Vierge Noire. La crypte abrite les caveaux des Pères Carmes.
Le monastère date du XVII ème siècle.
La fontaine date de 1654.
DÉCOUVERTE DES ALENTOURS
- La route de La Trinité a été ouverte en 1900.
- Le hameau de Spraes, au Nord.
- Le quartier de l'Avellan.
- Le rocher du Pin.
EDMOND ROSSI
Écrivain, Historien
http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr/
09:51 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, Loisirs, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
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