Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/10/2015

LA COLLE SUR LOUP : LE MYSTÉRIEUX ENCLOS DU MONT GROS

CADASTRE DE 1835.jpg

L’énigmatique enclos du Mont Gros au nord de La Colle sur Loup, dans le bois de la Sine n’a pas fini de troubler les visiteurs, tout comme les spécialistes de l’archéologie (Roger et Paule Joelle Picco, Henri Guigues, Raoul Barbès) venus l’étudier en février 2015.

Voici le résultat de cette prospection qui pose nombre de questions restées sans réponses :

«  Il s’agit d’un grand espace à peu près rectangulaire délimité par des grands murs à double parement courbe (voir dossier Internet: murs à parement courbe ). La hauteur des murs est variable mais peut atteindre près de 3 mètres de haut par endroits.

Le site est traversé par une piste provenant des carrières de la Sine. Autour du site, à l’extérieur, on voit à plusieurs endroits, des accumulations de pierres très importantes, provenant de l’épierrement du site et des déchets de taille notamment près du point A où l’on voit également une petite ruine, et entre les points D et E à l’extérieur du terrain, pierrier visible sur les photos satellite.

Le terrain est en légère pente vers le sud-est.

Sur le côté sud il est en limite du plateau et domine les pentes de la vallée du Loup.

Le mur a été détruit au passage de cette piste au point A. Sur le côté sud-est on voit un passage étroit de largeur 1.10m du côté.

Ce passage ne permettait pas le passage d’une charrette attelée ni même d’un mulet chargé. A cet endroit le mur fait environ 1.70 m de haut, 1.70 m à la base et 1 m au sommet. C’est le seul passage visible actuellement mais on ne peut se prononcer sur un autre passage éventuel là où le mur a été éventré au point A. Cette ouverture C permettait le passage d’un bovin ou de moutons et servait peut être au comptage ou pour faciliter le traitement des animaux. Il pouvait être barré facilement.

Il y avait dans les environs deux bergeries, l’une sur la commune de Vence et appelée « Bergerie » sur la plan topographique et l’autre plus proche sur la commune de la Colle sur Loup nommée « Les Crottes » ou « Crotes » ou « Couladon », du côté du passage dans le mur. Y avait-il un rapport avec cet enclos ? En 1835 un certain Bernard était propriétaire de la Bergerie des Crottes (Couladon en 1835) avec une mention « masure »

Sur le côté nord le mur n’a pas été terminé dans sa partie centrale entre les points G et F du plan.

Les longueurs respectives des côtés de l’enclos sont :

DB=200 m

DE= 127 m

HB = 158 m

HG = 52 m

GE =144 m

FG = 50 m

On observe entre les points E et F une banquette de 30 à 40 cm de haut et 2.50m de largeur environ au pied du mur côté intérieur dont on ignore l’usage, peut-être pour asseoir un échafaudage de service.

A l’intérieur du terrain on peut voir un muret correspondant peut être à la séparation entre les parcelles 4 et 5.

Près de l’angle nord à l’intérieur du terrain, près du point H, un grand trou a été creusé, peut-être pour chercher de l’eau.

Le périmètre du mur est d’environ 680 m et la surface cadastrale 25500 m2 à l’époque ou l’enceinte appartenait à ce Bernard Maurice, d’ailleurs en litige avec un certain Lambert Antoine pour une parcelle (27) de 430m2, suivant ce qui est mentionné sur les documents cadastraux.

Les raisons de ce litige sont inconnues mais on peut se demander si les pierriers extérieurs provenant de l’épierrement du terrain et des déchets de taille, n’ont pas été réalisés chez les voisins. Sur le cadastre napoléonien le terrain est qualifié de vigne.

A l’intérieur du site on observe un mur d’orientation sud-est nord-ouest de 1m de haut et 2 m de large en moyenne, séparant les parcelles numérotées 4 et 5 sur le cadastre récent (anciennement 25).

Le site n’a pas pu être exploré complètement car en juin 2014 une partie n’était pas débroussaillée. La partie observée est très propre avec très peu de pierres au sol

L’exécution des murs a nécessité une main-d’œuvre importante et la justification d’un tel ouvrage est un mystère.

A plusieurs endroits dans les Alpes Maritimes on voit des murs à parement courbe mais comme ce sont des murs de soutènement, un seul parement est visible. Plusieurs sont datés du début du XIXème siècle.

Côté nord du site, à une cinquantaine de mètres à l’extérieur, on voit plusieurs enclos plus ou moins rectangulaires de 15 à 20 mètres de côté. Les murs ne semblent pas dégradés et paraissent bas pour des enclos à moutons.

Raisons d’être de ce grand enclos

L’hypothèse d’un camp militaire est à exclure car tous les murs de pierre exécutés à l’époque de la guerre de Succession d’Autriche, ne dépassaient pas environ 1 m de haut pour permettre à un fantassin de tirer à l’abri, et d’autre part les murs comportaient des redans fréquents pour éviter des tirs en enfilade.

Par ailleurs la rive droite du Var n’a été concernée par le conflit que pendant l’hiver 1746, époque à laquelle la citadelle d’Antibes a été vainement attaquée par les austro-sardes. Des opérations auraient peut-être eu lieu autour du château de la Reine Jeanne dans le Malvan au nord de Vence.

Une vigne, mentionnée sur les documents cadastraux à cet endroit, devait être de mauvaise qualité étant donné la nature du sol. Un enclos pour abeilles est aussi peu probable car les dimensions de ces enclos sont en général d’une trentaine de mètres de côté et avec un point d’eau à proximité.

Il semble donc plus probable d’envisager comme raison un épierrement du site pour permettre l’exploitation, mais la hauteur et la qualité des murs ne sont pas justifiées.

L’hypothèse d’une oeuvre d’art associée à l’épierrement

La réalisation de murs mesurant jusqu’à plus de 100 ml en ligne droite avec double parement courbe extérieur et intérieur réglé au calibre est une affaire de spécialiste. En plus les angles sont arrondis à l’extérieur et à l’intérieur ce qui accroit la difficulté.

La réalisation n’a pas été menée à son terme car entre les points F et G la fouille a été préparée mais le mur non exécuté.

Durée des travaux

En supposant qu’une équipe constituée d’un maçon spécialiste et d’un aide puisse exécuter 1 m3 de mur par jour, compte tenu de l’approvisionnement, de l’échafaudage, etc… et en prenant une section moyenne de 2 m de base et 2m de hauteur ce qui est probablement sous-estimé, cela donnerait pour 650 ml de mur 2600 m3, soit à raison de 300 jours par an, une durée de plus de huit ans. Comme entre les angles E et H le mur a peut-être été exécuté en partant des deux angles on peut éventuellement penser à deux équipes au moins, soit une durée de plus de quatre ans de travail dans ce cas, mais il est possible qu’un personnel nombreux ait été employé.

De toute façon l’investissement en hommes pour un tel travail était probablement très onéreux.

Conclusion

Ce mur semble être une folie en même temps qu’une oeuvre d’art, car un ouvrage d’une telle qualité et d’une telle dimension est une réalisation tout à fait exceptionnelle.

Quant à la date d’édification d’un tel ouvrage, on a observé dans la région des murs de ce type exécutés au début du XIXème siècle mais ce n’est qu’une indication. »

Pour découvrir les sites insolites de la Côte d’Azur et du Pays d’Azur, à travers les ivres d’Edmond ROSSI consuter :

http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr/

Les commentaires sont fermés.