21/11/2006
UN SUPERBE CHATEAU-DONJON PROCHE DE NICE
LE CHATEAU DE TOURRETTE LEVENS
Le vieux village de Tourrette et son château s’élèvent sur la pointe d’un éperon, alors que le bourg plus récent s’étage plus bas sur une déclivité formant un petit col.
A la fin du Xe siècle, Tourrette et ses dépendances sont entre les mains de la famille seigneuriale de Nice.
Au début du XIIIème siècle, le fief de Tourrette passe dans le domaine des Chabaud.
C’est ainsi que les Chabaud vont posséder de temps immémorial le fief de Tourrette, puis par la suite ceux voisins d’Aspremont et Saint Blaise.
Présent dès 1232, Tourrette nous laisse admirer aujourd’hui un magnifique château féodal classé Monument Historique.
La famille Chabaud va se perpétuer à Tourrette y dominant nettement même s’ils partagent la co-seigneurie avec d’autres feudataires dans des proportions variables et suivant les époques.
Ce n’est que le 17 avril 1671 que le Duc de Savoie élève Tourrette au rang de comté.
A cette époque le dernier des Chabaud laisse le fief à un vassal François Canubio de Torrisella.
Il faut grimper pour aboutir aux ruines du vieux village regroupées au pied de l’ancien château partiellement restauré.
L’édifice se présente comme un donjon carré à créneaux avec logis attenant et une enceinte fortifiée. Datable du XIme siècle, il offre l’aspect massif et sévère de ces constructions féodales primitives.
A l’origine de la toponymie du lieu, la Tour a marqué l’Histoire de ce fief. De plus et c’est ce qui expliquerait le pluriel de Tourrette à ses débuts et jusqu’en 1860, le château possédait quatre tours, lesquelles figurent encore sur le blason des Chabaud.
Trois furent détruites au cours des siècles et le château pillé à la Révolution.
Après avoir été propriété privée, le château a été acheté par la municipalité pour devenir un espace culturel.
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18/11/2006
VIOLS REPETES AUX PORTES DE NICE !
L’Escarène, bourg situé au Nord de Nice, au pied du col de Braus, possède une très belle forêt, accessible à 1100m, sur les crêtes dominant la vallée du Paillon : la forêt du Farghet. Les chroniques rappellent une histoire troublante à propos d’une maison isolée au fond des bois qui abrita une femme insatiable, véritable dévoreuse d’amour ! Ni ogre, ni vampire, mais tout simplement une passionnée qui aimait violemment son prochain.
Pour mieux séduire et se faire aimer, elle s’exhibait dans le plus simple appareil devant l’homme, éternellement faible. Gare au berger, au bûcheron ou au promeneur de passage ! Dans ses crises de passion, elle enserrait le malheureux mâle dans ses bras puissants et ne consentait à le délivrer qu’à la fin du rut, jusqu’à complète satisfaction.
Les récits des victimes de la farouche créature, entraînèrent des curieux, pas toujours involontairement égarés dans la forêt du Farghet.
Une de ces dernières conquêtes possédait tous les traits et, parait-il, tous les attributs virils. Il ne put trop longtemps résister aux entreprises trop affectueuses de l’insatiable séductrice. Aussi, quand la diablesse réalisa le déclin naturel des performances de son partenaire, combien de ruses ne déploya-t-elle pas pour raviver cet utile et puissant compagnon qui pendant plusieurs semaines avait fait les délices de ses nuits enfiévrées !
Rien n’y fit, car le pauvre bougre était pour ainsi dire à bout de sève et de souffle, impuissant, absolument « vidé » et hors d’usage.
Brisé, il supporta en patient, sans éprouver aucun plaisir la fin de l’étreinte excessive et s’enfuit épuisé vers les étables pour s’y enfermer avec d’autres bêtes plus calmes, qui semblaient le protéger.
Le lendemain, il s’en fut raconter à Monsieur le Maire du petit bourg proche ses peines inouïes, les abus sexuels et les mésaventures conjugales qui en découlaient.
On ne connaît pas les mesures prises par l’autorité après que la brigade de gendarmerie fut avisée de ces viols réitérés. Mais le fait est que la plainte est authentique. Devenu plus paisible de nos jours, les parages de la Forêt du Farghet n’exposent plus les promeneurs à ces hasardeuses et dangereuses rencontres, à moins que quelque fantôme ne hante encore les bois dans la quête de nouvelles victimes !
D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
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15/11/2006
AVEC LE DIABLE DANS LE PAYS NICOIS
Il y a bien longtemps de cela, les paroissiens du petit village de Berre les Alpes au Nord de Nice décidèrent tout simplement de connaître enfin la paix et le paradis sur terre. Pour y parvenir, rien de plus facile : faire disparaître celui qui est à l’origine de tous les tourments et de toutes les tentations perfides : le Démon.
Encore fallait-il le rencontrer et parvenir à le neutraliser grâce à un piège habile capable de tromper sa vigilance. Chacun entreprit de bon cœur et à sa façon de provoquer et d’attirer l’attention du Malin en péchant ostensiblement. Ceci, tout en proclamant être prêt à vendre son âme pour continuer à satisfaire son vice sans retenue. Ainsi, le village devint très vite et pour la meilleure cause une infâme banlieue de l’Enfer !
Pétou le bourrelier, d’habitude si calme, s’emporta un jour et fou de colère s’en prit à son voisin le paisible Firmin qu’il accusa de venir chaque soir uriner contre son mur.
Le vieux Massa, meunier prudent et économe refusant désormais tout crédit, se mit à compter ses écus la nuit à la lueur de la chandelle, comme un vieil avare.
Barraya l’aubergiste, jusque là sobre et respectueux des préceptes de l’église, céda sans retenue à la gourmandise, n’hésitant pas à avaler une daube de marcassin le vendredi en trempant le pain dans la sauce, y ajoutant quelques douzaines de châtaignes rôties, le tout accompagné de force rasades de vin du Vignal.
Plus que jamais, Fernand, le fils du notaire Lavagna, véritable coq de village, arpentait les abords du lavoir en tortillant ses moustaches du bout des doigts, l’œil de velours et le sourire aux lèvres. Orgueilleux et sûr de lui, il n’hésitait pas à arborer une plume de paon mordorée à son chapeau de feutre, comme les Piémontais élégants. Mais ses mines et son accoutrement ne réussissaient qu’à faire pouffer de rire les jolies lavandières.
Quant à Jacoulin Galléan, seigneur du lieu, sa proverbiale propension à la paresse s’affirmait par des grasses matinées interminables relayées de siestes sans fin sous le figuier de son jardin.
Finette, la veuve joyeuse du boulanger aguichait plus que jamais les hommes réunis sur la placette, se mêlant même à eux pour jouer aux boules, penchée en avant avec un large décolleté plongeant ! ... A la suite de ces exhibitions, les maris tous échauffés annonçaient le soir même à leur femme leur soudaine intention d’aller chasser la grive à l’espère.
Disparaissant à tour de rôle jusqu’à la nuit pour toujours revenir bredouilles, leurs pas les entraînaient insensiblement vers la Gréou, quartier où demeurait Finette la coquette « fournièra ».
Dans cette atmosphère où chacun s’enfonçait chaque jour un peu plus dans les pires turpitudes du péché, le curé Don Tirignoun qui avait encouragé ce singulier stratagème commençait à s’inquiéter. Le Diable ne se montrait toujours pas en dépit du zèle de ses paroissiens. Le curé répétait en chaire que le premier à croiser le Diable avait pour mission de l’attirer à la grotte de la Baouma du Trabuquet, sous le prétexte d’y rencontrer sa vieille complice la sorcière Mascarelli. Des fagots entassés au fond du trou et un bloc de rocher prêt à pivoter pour en fermer l’entrée feraient le reste ...
Une nuit où Massa recomptait pour la énième fois les pièces contenues dans une des quatre bourses en cuir, quelqu’un choqua le carreau de la fenêtre. Approchant sa lampe, le meunier vit un visage grimaçant un sourire et une main s’agitant en signe d’amitié. Méfiant, Massa recula alors que l’autre persistait, montrant du doigt la porte. Déjà, il y tambourinait d’une façon insistante. Prenant le fusil d’une main et la lampe de l’autre, le meunier ouvrit et entrebâilla la lourde porte en chêne.
Fraternel et joyeux, l’espiègle visiteur expliqua que sa méconnaissance des lieux l’avait conduit à s’égarer sur les chemins conduisant de l’Escarène à Contes. Très à l’aise, il s’assit, sans y être invité, puis retira son chapeau découvrant une ample chevelure rousse où pointaient deux petites excroissances symétriques juste au-dessus du front. Ses yeux verts semblables à ceux d’un chat ne quittaient pas le visage du pauvre Massa saoulé par un flot de paroles. Il proposait de l’or, beaucoup d’or si le meunier le voulait ... Oh ! c’était facile ! Une simple promesse suffirait : lui confier sa destinée après la mort ! « Vous me laisserez m’occuper de tout et vous ne le regretterez pas ... » Puis, sortant des plis de son manteau une bourse lourde et gonflée, il la posait déjà sur la table, l’ouvrait, la secouait pour en faire tomber une pluie de lourdes pièces jaunes tintant agréablement à l’oreille du meunier. Se baissant pour ramasser un écu qui avait roulé sous la table, Massa remarqua les pieds fourchus de son hôte. Pas de doute, c’était bien le Diable en personne !
Tout devenait clair, vendre son âme contre de l’or, la damnation était au bout du marché ! Tremblant d’émotion, le malheureux « moulinier » bredouilla qu’il devait réfléchir avant de s’engager. Puis il avoua soudainement avoir rencontré le soir même la mère Mascarelli dirigeant ses pas vers la Baouma, où elle devait avoir encore rendez-vous avec le Diable pour quelque affaire sérieuse ! ... Le visiteur, surpris par cette révélation, rafla d’un geste les pièces, les remis dans le sac qui disparut aussitôt. Puis, empruntant une lampe il s’enfuit dans la nuit, petite lumière sautillante le long du chemin.
Massa courut réveiller les gens du village, excepté Jacoulin toujours endormi comme une marmotte. Tous foncèrent, Don Tiragnoun en tête, vers la Baouma du Trabuquet. Pas de doute, le Diable y était bien, comme l’attestait la lueur mobile de sa lampe. On poussa sans bruit la lourde pierre, pour bloquer l’entrée de la grotte après avoir lancé un brandon enflammé sur les fagots de bois.
Une épaisse fumée se dégagea très vite du foyer, accompagnée de cris mêlés de jurons et de menaces. Le Diable apparut au milieu des flammes, visible aux Berrois par une étroite faille. Il essaya même de pousser la pierre, pour l’en dissuader, le curé l’aspergea d’eau bénite, ce qui eut pour résultat de le faire se tordre de douleur.
L’Ange du mal s’enfuit enfin au fond de l’antre, pour disparaître à jamais. Le lendemain, les cloches sonnèrent à toute volée, une messe d’action de grâce réunit l’ensemble des gens de Berre à l’église, puis en une joyeuse procession sur le chemin de la Baouma du Trabuquet, qui devint « le trou du Diable ».
Après ce glorieux exploit, les Berrois enfumeurs de Démon acquirent le flatteur surnom « d’Estubas ».
Depuis, Berre est presque un paradis, on ne s’y ennuie pas seuls quelques péchés véniels sont parfois révélés en confession. Vraiment, pas de quoi inquiéter les successeurs de Don Tirignoun.
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