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05/12/2007

LES LOUPS, VISITEURS INDÉSIRABLES

Jadis, dans le Haut Pays, la vie était simple et les longues veillées hivernales se déroulaient dans la douce chaleur de l’étable à vaches, quand le froid était rigoureux on n’hésitait  pas à y passer la nuit dans une bienfaisante tiédeur. Villeneuve-Bargemont signale « que l’usage est général de passer les soirées et même une partie des journées d’hiver dans l’étable à vaches. » Dans les hautes vallées des Alpes Maritimes cette pratique, développée au nord des Alpes était encore courante au début du XXè siècle. Les veillées favorisaient les rencontres, si on y écoutait les conteurs on s’amusait aussi en jouant  et en chantant. Dans ces villages isolés écrasés sous le poids de la neige et du froid, tout n’était pourtant pas toujours aussi gai. Antoine Froment, chroniqueur régional du XVIIè siècle, rapporte la hardiesse d’un loup, venu s’inviter à l’une de ces soirées à Roya, en mettant la tête à la « fenêtre de l’étable pleine de gens. » Il poursuit, signalant que cette  même nuit « une villageoise éstant sortie pour aller où elle était requise en personne, il l’a saisie, et elle, ne sceut se déffendre si bien, ne le soudain secours, qui à son cri accourut, que cet animal n’emporta partie de sa fesse, par où il l’avait surprise. » Du même auteur voici un autre récit tout aussi cruel : « Le mercredi des Cendres 1633, les loups furent manger deux femmes au terroir de Roubion, l’un d’iceux vint à trois maisons écartées du village de Roure attaquer une autre femme qui attisait son feu dans sa fougaigne, il l’a tiroit derrière par le gros plis de ses robes, elle croyant que se fut quelques caresses de son mari, lui tenoit toujours, dit « laissez cela », jusqu’à ce que le sentant un peu extraordinaire et rude, elle se tourna et toute effrayée et surprise se prit à crier : «  Hay ! lou loup », d’une voix néanmoins moins charmée. » Les bandes de loups étaient encore nombreuses de la Tinée à la Vésubie dans l’entre-deux-guerres. Ainsi, Madame Giuge de Mollières témoigne qu’après l’attaque de son père par un de ces féroces animaux, les gens du lieu allumaient la nuit de grands feux autour du village pour éloigner la menace. Aujourd’hui, le retour du loup ravive le souvenir de ses indésirables visites vécues par nos ancêtres dans les vallées du Pays d’Azur.

Ainsi tout près de nous, en 2003, toujours à la lisière du village prédestiné de Mollières, il nous a été rapporté par un habitant du lieu, M. Capella, l’attaque surprise d’un jeune mouflon, emporté sous les yeux de sa mère par un loup solitaire. La scène observée derrière les carreaux d’une fenêtre, prouve l’audace de l’animal peu soucieux de la présence humaine. Ce même loup réapparut à plusieurs reprises, guettant de manière provocante les allées et venues des gens du village, avec une curiosité tout aussi inquiétante que celle connue jadis par leurs ancêtres.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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28/11/2007

LA TOUR SUR TINÉE: LE TRIOMPHE DU DIABLE

Pris dans un univers accidenté entre la pierre et le soleil, soumis à l’autorité de l’Eglise, l’homme des Alpes Maritimes a su ménager la part secrète de l’imaginaire. Malgré son adaptation aux croyances agraires issues du paganisme, l’Eglise n’a pu canaliser les comportements nés du rêve et de la superstition. Ainsi apparaissent ces recettes venues de la nuit du temps qui rassurent face aux périls inexpliqués qu’apporte la vie de tous les jours. Ces réalités ne sont pas à reléguer dans le catalogue des pratiques oubliées, puisqu’en 1960, on allait encore consulter la sorcière du village et  que, récemment encore, le clergé se distinguait en conjurant à force d’incantations les possibles menaces visant les récoltes. Plus qu’ailleurs, les régions intérieures écartées, placées dans un isolement propice, devaient accueillir et faire foi aux messages obscurs de la magie et de la sorcellerie. Les artisans en étaient «le magou », tour à tour mage et rebouteux ou encore «la masca », plus inquiétante et redoutable, jeteuse de sorts, bien souvent associée au Diable, «lou diaou ». Ce personnage central, se retrouve dans un grand nombre d’expression et dans la toponymie, servant d’explication commode à tous les mystères et principalement aux pires. Les roches aux formes étranges, les colonnes chapeautées d’une pierre, les sources intermittentes, les signes gravés dans la Vallée des Merveilles étaient mis au crédit de ce grand pertubateur. Pour écarter cet intrus, le clergé médiéval et celui des époques plus récentes n’hésitaient pas. A titre d’exorcisme permanent, il faisait planter des croix le long des chemins, dresser des oratoires sur les cols et autour des villages, comme de véritables cordons sanitaires. Présent dans la nature, il est aussi dans les esprits : particulièrement dans les peintures murales des chapelles de Clans, Roubion, La Tour, Venanson qui font la part belle aux sept vices. Ils se suivent dans une pittoresque cavalcade tirée vers l’Enfer par un Diable énergique ; attachés l’un à l’autre par une longue chaîne, un second diablotin en queue presse la colonne. L’étonnante caravane défile sur les murs de plusieurs sanctuaires des Alpes du sud. L’Orgueil, plume au chapeau, tout fringuant, chevauche un lion ; l’Avarice, sac d’écus en main, monte un quadrupède variable ; la Luxure est à califourchon sur un bouc ou un chamois (Roubion), elle est figurée parfois sous les traits d’une élégante, robe retroussée, se regardant dans un miroir ; la Colère placée sur un ours ou un dragon (Roubion) se perce la gorge avec une épée ; la Gourmandise à cheval sur un porc ou un loup porte un jambon sur l’épaule, l’autre main brandissant une bouteille de vin bue au goulot ; l’Envie sur un léopard ou un renard indique du doigt son mauvais œil ; la Paresse, enfin, s’endort sur un âne aux pattes chancelantes. Le Diable s’active, entraînant la marche au son du fifre et du tambour ; à La Tour il s ‘agite sur l’épaule de l’Avarice. A Notre Dame des Fontaines, les démons tourmentent les damnés avec divers instruments de torture, dévorent déchiquettent, étranglent, aidés par de monstrueux serpents.   La chapelle des Pénitents Blancs de La Tour, possède des fresques datées de 1491, œuvre de Gérard Nadal et Brevesi Curraudi. Dans un panneau Saint Bernard tient en laisse un diable qui est ici le démon des cols alpestres. Comme les vertus, les vices sont vigoureusement représentés, enchaînés les uns aux autres par le cou et montés sur des animaux divers, ils se dirigent vers la bouche de l’Enfer, portant de petits diables sur leur épaule. L’Orgueil est assis sur un lion, la Luxure sur un bouc, la Colère sur un léopard, la Paresse sur un âne, les trois autres, détériorées, chevauchent des montures mal aisées à définir. Ici, la Luxure parée d’un collier en torsade monte  impudemment un bouc des plus hauts, fortement encorné et doté de puissants attributs sexuels. Une main prude a délicatement gratté la peinture à cet endroit. Bien que tenant un miroir, elle se tourne face au spectateur, la main sur la hanche, dans une provocante attitude d’invite. Le chevet porte un remarquable Jugement dernier. Au sommet le Christ, avec l’épée de l’apocalypse sortant de la bouche, est assis sur un arc-en-ciel, entouré de Marie et Saint Jean Baptiste. Les anges sonnent de la trompe, alors que les morts sortent de leurs tombes rectangulaires creusées dans le sol herbeux. Plus bas à droite du Juge, un gigantesque Saint Pierre, aidé d’un ange, conduit six petits élus entièrement nus vers le Paradis, représenté par une citadelle crénelée. Il enfonce sa clé dans la serrure pour leur ouvrir la porte, au-dessus de laquelle veille un ange. A l’opposé, un grand diable lui fait pendant du côté des réprouvés, muni de quatre cornes, avec un croc unique retroussant sa lèvre inférieure. Il avance déterminé à grand pas vers la gueule de l’Enfer, pour y verser le contenu de sa hotte composé de quatre damnés grelottants, désormais assurés d’être au chaud. Ce pourvoyeur de géhenne porte sur l’épaule un bâton, au bout duquel est ficelé un minuscule bonhomme coiffé dérisoirement d’une mitre en papier, sur laquelle est dessiné un allègre diablotin. Ce bonnet infamant était réservé aux victimes de la terrible Inquisition, condamnées à l’autodafé comme suppôts de Satan.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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24/11/2007

LE SINISTRE FESTIN DE ROCCASPARVIERA

Roccasparviera, village ruiné perdu au fond de la vallée du Paillon au dessus de Coaraze, reste un site marqué de funestes légendes. Quelques pans de murs gris accrochés au rocher, un peu à l’écart sur un piton une modeste chapelle dédiée à Saint Michel exorciseur du Démon, c’est tout ce qui subsiste de ce lieu riche en récits tragiques mêlant meurtre et trahison. Ici, l’imaginaire retrouve la brutale réalité d’un décor lugubre, propre à raviver la mémoire de ces conteurs de jadis, évoquant dans leurs relations le sang du crime, la malédiction et la vengeance. Peu connue et en rapport avec la tradition orale, l’histoire suivante est due à Paul Canestrier qui sut s’intéresser au destin dramatique de ce malheureux village. Le seigneur de Roccasparvièra avait deux fils, Antonio et Paolo, qui s’éprirent de la plus jolie demoiselle, fille d’un baron voisin. Le seigneur de Roccasparvièra mourut et la demoiselle préféra Antonio, l’aîné, parce qu’il héritait du fief de son père. Paolo dévorait sa rage en silence. La noce fut célébrée en grande pompe, en présence de tous les châtelains de la région. Dans la grande salle du château, on mangea beaucoup de venaison arrosée de vins généreux. Quatre serviteurs posèrent sur la table un sanglier rôti qu’entouraient des marcassins enrobés de pâte dorée. Paolo leva sa coupe, en l’honneur de la jeune épousée, rayonnante de joie. « Belle sœur, dit-il je compte vous rendre un jour ce repas de noces ». Puis il disparut. La tradition rapporte qu’il avait pris soin de ferrer son cheval à rebours pour que l’on ne sût de quel côté il était parti. Le bonheur régnait au château de Roccasparvièra, trois fils comblaient les vœux les plus chers d’Antonio. Son aîné avait 20 ans, quand un jour, au retour de la chasse, Antonio apprit que les Sarrasins du Fraxinet de saint Hospice dévastaient la vallée du Paillon et s’étaient approchés de Coaraze. Ils avaient à leur tête un homme de haute taille qui se distinguait  par son acharnement féroce contre les malheureux villageois. Il portait l’armure de fer des chevaliers chrétiens, et on l’avait surnommé le renégat. Antoine fit barrer les deux portes du village où aboutissaient les deux sentiers en zigzag dans le rocher. Des hommes postés au bord de l’abîme tout autour du village étaient prêts à rouler des blocs sur les assaillants. Par une nuit noire, orageuse, les Sarrasins s’insinuèrent dans un souterrain, connu seulement du châtelain, et parvinrent au manoir. L’homme à l’armure de fer dirigea le massacre. Il égorgea lui même le seigneur de Roccasparvièra et se penchant sur sa victime, lui murmura quelques mots à l’oreille. Le mourant le regarda avec effroi et rendit l’âme. L’homme à l’armure de fer entra dans les appartements de la châtelaine. - Madame, lui dit-il je suis Paolo votre beau-frère et je viens vous rendre votre repas de noce, selon ma promesse. A ce moment, un sarrasin entra et annonça « Monseigneur est servi. » Paolo offrit le bras à la châtelaine apeurée, tremblante. Sur la table de la grande salle, un plat immense était recouvert d’un voile. Paolo le fit découvrir. Alors apparurent les cadavres ensanglantés du seigneur de Roccasparvièra et de ses deux fils. - Madame ajouta Paolo, plat pour plat : Voici le sanglier et les marcassins. N’ai-je pas tenu parole ! La châtelaine jeta un grand cri et s’évanouit. Quand elle eut repris ses sens, elle était folle et ne cessait de chanter une vieille complainte qui prédisait la ruine du château.

Vai, ô rocca, roquina

Va, roche, rochette
Un, aultre temp sara Un jour viendra
que sobre te reina Où sur tes ruines
Plu noun li cantera Ne chantera plus
Le gal ni la gallina Le coq ni la poule,
Ma les crôos, los sparviers, Mais les corbeaux et les éperviers
El altre aosels salvagiere Et autres oiseaux de proies

Elle mourut quelques jours après. Heureusement, le plus jeune fils d’Antonio se trouvait dans la montagne, chez un paysan qui l’entraînait à chasser le chamois. Paolo s’installa au château de Roccasparvièra avec des sarrasins. Il se livrait à l’orgie, au meurtre, au pillage et terrorisait les habitants. Une fois, il s’en alla très loin, dans un val qu’il ne connaissait point, à la poursuite d’une harde de chamois et s’égarât à la tombée de la nuit. Il rencontra un jeune chasseur vêtu comme un gentilhomme. « Manant, cria-t-il, ramène-moi à Roccasparvièra et tu auras une bonne récompense. » Monseigneur répondit le jeune homme, nous en sommes à plus de huit heures de marche ; la nuit descend et les sentiers sont très dangereux. Venez vous reposer dans mon pavillon de chasse, à quelques pas d’ici ; je vous recevrai de mon mieux et au petit jour, je vous accompagnerai ! Paolo le suivit sans méfiance dans une chaumière spacieuse, bien tenue. Le jeune homme l’installa devant un bon feu, le laissa quelques instants et revint. - Sa seigneurie est servie ! prononça-t-il d’une voix profonde et calme. A ces mots, Paolo tressaillit. Il suivit le jeune homme dans la pièce voisine. Un voile recouvrait un objet volumineux placé au centre de la table. Monseigneur, dit le jeune homme, je ne puis vous offrir ni sanglier ni marcassin, je le regrette, mais chacun fait selon son pouvoir ...

Il souleva le voile. Un cercueil vide apparut. Deux hommes embusqués sous la table saisirent Paolo et le couchèrent dans la bière qu’ils descendirent dans un caveau.

Toutes les nuits, à l’heure où Paolo avait égorgé son père et deux de ses frères, le justicier ouvrait la trappe du caveau et montrait au prisonnier des quartiers de sangliers. « Monseigneur est servi. » Le douzième jour, Paolo mourut de faim et de rage. Le jeune seigneur de Roccasparvièra se mit à la tête des habitants et chassa les sarrasins du village. Puis il mit le feu au château qui avait été le théâtre de tant de forfaits. Ayant ainsi vengé sa famille, il s’en alla en pèlerinage à Jérusalem.

Edmond ROSSI

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

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