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12/03/2014

CAÏS DE PIERLAS, UNE NOBLE FAMILLE DU COMTÉ DE NICE

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Situé au bout d'une route acrobatique, serpentant à travers les schistes rouges de la région du Cians, Pierlas est un modeste village de montagne, environné d'alpages. Tour à tour, fief des Grimaldi de Beuil puis d'Annibal Badat après 1621, enfin des familles Brès et Léotardi, il sera érigé en comté en faveur des Caïs, derniers seigneurs du lieu.

La famille Caïs ou Cays, originaire du Valdeblore, est certainement une des plus anciennes du comté, déjà connue au Moyen Age en Provence.

Le plus célèbre représentant, le comte Eugène Caïs de Pierlas, naquit à Nice le 14 Octobre 1842. Après avoir fait ses études à Nice puis à Turin, il se destine à la carrière diplomatique puis y renonce après son mariage en 1859.

Il se consacre d'abord à la peinture avec succès, ses tableaux lui valant plusieurs prix décernés par l'Académie des Beaux Arts de Turin. Il se tourne ensuite vers la paléographie et l'histoire de son pays. Son érudition lui vaut d'être reconnu comme le plus éminent historien niçois de la deuxième moitié du XIXème siècle. Parmi ses nombreuses publications, on peut citer : "Documents inédits sur les Grimaldi", "Cartulaire de l'ancienne cathédrale de Nice", "Le XIème siècle dans les Alpes-Maritimes", "Le fief de Châteauneuf", "Le Chartier de l'Abbaye de St Pons" et surtout "La ville de Nice pendant le premier siècle de la domination des princes de Savoie", ouvrage réédité récemment et qui fait toujours autorité pour l'étude du XVème siècle.

Eugène Caïs de Pierlas s'éteindra à Turin le 10 Avril 1900.

Pour mieux connaître le riche passé du Comté de Nice, consulter les livres d’Edmond ROSSI, Site: http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr

05/03/2014

L’ÉNIGME DU GALET GREC DE TERPON À ANTIBES

 

GALET D'ANTIBES.jpg

Antipolis, au témoignage de l'archéologie, à été fondée dans la première moitié du VIème siècle (vers 570-560 ? ) par les Phocéens de Marseille, sur un site précédemment occupé par des indigènes. Antibes fut donc, dans l'Antiquité, une cité grecque, parlant et écrivant le grec, avec des institutions grecques, des cultes grecs, etc. Pourtant, peu d'inscriptions grecques y ont été découvertes, la plus ancienne et la plus importante, la plus mystérieuse aussi, est celle qui est gravée sur la pierre dite «galet d'Antibes» ou «galet Terpon».

Il ne s'agit pas, en effet, d'une pierre taillée, mais d'un galet de grandes dimensions (65 x 21 cm, poids 33 kg), fait d'une roche vert foncé, qu'on appelle la diorite. Ce galet était autrefois incorporé dans le mur d'une petite construction probablement maison de pêcheur, dans le quartier de la Peyregoué à l'ouest d'Antibes, où il semble avoir été pour la première fois remarqué en 1866.

Sur cette pierre très dure, l'inscription n'a pas été gravée, comme c'est le cas d'habitude, régulièrement, au ciseau, mais plutôt entaillée à l'aide d'une pointe, dont les impacts rapprochés et successifs sont visibles en certains endroits. Cette technique assez rudimentaire explique certaines irrégularités dans la forme et la dimension des lettres. Ce sont dans l'ensemble celles de l'alphabet ionien, mais il y a quelques exceptions. D'après leur forme, l’inscription paraît dater de la deuxième moitié du Vème siècle.

Le texte, voir figure, se déchiffre aisément; il s'agit de deux vers (hexamètres).

La gravure détache non seulement les vers, mais aussi les coupes. La seule particularité notable, dans le détail, est que le v avait été oublié par le graveur et a été rajouté au-dessus de la ligne.

Traduire, c'est déjà interpréter, et les problèmes apparaissent d'emblée. On peut proposer la traduction suivante : «Je suis Terpon, serviteur de l'auguste Aphrodite ; puisse Cypris, en échange, accorder sa grâce à ceux qui m'ont confié cette charge.» Le sens, on le voit, n'est pas très clair. Quelques explications sont nécessaires, qui, malheureusement, prendront la forme d'interrogations plus que d'affirmations.

Le premier mot pose déjà un problème, car il peut s'interpréter soit comme un nom propre, soit comme le participe présent (masculin singulier) du verbe signifiant «réjouir» (et non : «se réjouir»). La deuxième hypothèse ne menant à aucune construction raisonnable, il vaut mieux considérer ce mot comme un nom propre. Terpon est fort possible comme nom d'homme, mais il est connu aussi comme le nom d'un des Silènes qui forment le cortège soit de Dionysos, soit d'Aphrodite. L'inscription s'adressant au vers deux, à Aphrodite, on est tenté de penser qu'il ne doit pas s'agir d'une coïncidence; mais que viendrait faire ici le Silène ? La dédicace ne peut être le fait que d'un homme. Sur ce point, on est donc pour le moment dans l'impasse.

La deuxième difficulté concerne le sens de l'expression. Certains commentateurs, considérant que c'est la pierre elle-même qui parle (usage très répandu dans les inscriptions grecques, surtout à l'époque archaïque, ont pensé que l'expression désignait ceux qui l'ont déposée, érigée, dédiée : «Que Cypris accorde sa grâce à ceux qui m'ont érigée.» Mais le grec, en ce sens, emploie normalement un autre verbe. Le sens du verbe que nous avons ici, est, dans la majorité des cas, celui de nommer quelqu'un à une charge ou à une fonction. On est donc renvoyé à «serviteur», et on entrevoit le schéma suivant : quelqu'un a été nommé «serviteur» d'Aphrodite, c'est-à-dire en quelque façon prêtre, membre du clergé,  en reconnaissance pour cet honneur, il appelle sur ceux qui lui ont confié cette charge la bénédiction de la déesse.

Ce point de départ relativement solide nous permet de revenir à Terpon. Le sens exact  permet en effet d'écarter définitivement la thèse selon laquelle le Terpon de l'inscription serait le Silène: nul ne saurait, en effet, le «nommer» ou «I’ instituer». Faut-il pour autant admettre que c'est par hasard que le personnage nommé «serviteur» d'Aphrodite s'appelait précisément Terpon ? La chose parait difficile. Il vaut mieux penser que c'est justement à la suite de, sa «nomination» que le personnage en question a pris l'identité de Terpon, est «devenu» Terpon. Dans certaines associations cultuelles et notamment dans les mystères de Dionysos, certains membres de l'association étaient chargés, lors de certaines cérémonies, de tenir le rôle de divinités ou de personnages mythiques associés à la «geste» du dieu, qui était représentée devant l'assemblée des fidèles. Or, Terpon fait partie de la suite aussi bien de Dionysos que d'Aphrodite, Nous aurions donc affaire ici non à un culte de la cité, mais à une association privée, une sorte de thiase vénérant Aphrodite dans des formes comparables à celles que prend ailleurs le culte de Dionysos. Etre admis dans un de ces thiases supposait une initiation; s'y voir confier une fonction comme celles dont il vient d'être question signifiait que l'on avait franchi un degré dans la hiérarchie, stricte et complexe, de ces associations. C'est ce qui serait arrivé à notre «Terpon» ; pour marquer sa dévotion à la déesse, il ne se désigne que par son nom d'initié; il est fier de sa promotion et reconnaissant envers les membres du thiase qui l'ont promu.

Mais il y a d'autres problèmes. Une inscription ne peut être considérée indépendamment de son support. Or, celui-ci est tout à fait singulier. Il n'y aurait aucun problème si l'inscription était gravée sur une statue ou sur une base, comme c'est l'usage: il s'agirait de l'effigie de «Terpon», consacrée par lui-même à Aphrodite et proclamant par l'écrit son identité. Mais cette pierre brute peut difficilement avoir fait partie d'une base. Toute la difficulté vient donc de ce que ce document n'entre pas dans une série, de ce qu'il n'est semblable à aucun autre.

 Certains ont cru pouvoir donner un sens à ce galet en expliquant qu'il s'agit d'une représentation ou d'un symbole phallique, ce qui n'étonnerait pas dans le contexte. Mais cette pierre n'a vraiment pas une forme suggestive, et, d'ailleurs, lorsque

les Grecs représentent, en général dans un but religieux, le sexe masculin, ils le font d'une façon qui ne laisse aucune place au doute. Les Grecs n'avaient, en ce qui concerne les choses du sexe, ni complexes ni tabous, le symbolisme et l'allusion étaient donc, en ce domaine, superflus. D'autre part, si phallus il y avait, il aurait nécessairement été présenté en position dressée (oblique plutôt que verticale), or, il n'y a, sur la pierre, aucune trace indiquant une fixation quelconque sur une base. Il est probable que, comme le suggère la disposition du texte, elle gisait horizontalement.

Faut-il chercher la solution du côté des argoi lithoi, pierres (plus ou moins) brutes dressées, auxquelles les Grecs, dans certaines régions, rendaient un culte? La chose parait impossible; outre qu'on trouve la même objection technique que précédemment, ces pierres brutes étaient toujours censées représenter une divinité. On serait alors obligé d'interpréter Terpon comme le Silène (encore ceci ne serait-il qu'à moitié satisfaisant, car Terpon n'est pas vraiment une divinité, mais un membre d'une «collectivité mythique»), ce qui, nous l'avons vu, ne s'accorde pas avec le sens normal de l’inscription.

On constate ainsi que la véritable difficulté n'est pas de reconstituer ce qu'a pu être l'«histoire» de «Terpon», elle est de comprendre pourquoi un galet proclame «Je suis Terpon»...

On aimerait pouvoir conclure: quoi qu'il en soit, cet énigmatique monument est à coup sûr un témoignage sur le culte cl 'Aphrodite à Antipolis. Malheureusement, cela même n'est pas possible, du moins pas avec une certitude totale. La graphie et la langue ne sont pas réellement typiques, ce pourrait être du style poétique, d'un peu n'importe où. La pierre peut fort bien avoir été apportée à Antibes d'un lieu quelconque et à une époque indéterminée, soit en tant que pierre (pour lester un navire, par exemple), soit parce que l'inscription avait attiré l'attention d'un voyageur. Même l'hypothèse d'un faux ne peut être complètement écartée.

Le galet grec dit de Terpon est visible au musée archéologique  (Musée Picasso) d’Antibes.

Pour en savoir plus, consulter le livre « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », vous pouvez obtenir ce livre dédicacé par l’auteur en contactant : edmondrossi@wanadoo.fr

 

27/02/2014

LES TEMPLIERS À BIOT

TEMPLIERS A BIOT.jpg

Maison du Temple de Biot
Département : Alpes-Maritimes, Arrondissement : Grasse, Canton : Antibes-Biot - 06

L'étude de la commanderie de Biot est de beaucoup plus intéressante étant donné l'importance de la seigneurie que possédèrent les Templiers. La fondation de Biot en tant que maison du Temple possède les mêmes origines que Montfort-sur-Argens. A la fin du mois de mars 1209, Alphonse II, comte de Provence, donnait à la milice du Temple, représentée par Guillaume Candeil, maître de Provence, tous les droits qu'il avait sur la ville, la châtellenie et le territoire de Biot (1). L'acte fut passé à Grasse et Bernard Cornut, évêque de Fréjus assistait à la passation des pouvoirs. Les Templiers s'installèrent bientôt, non loin d'Antibes, siège de l'évêché et aussi port sur la Méditerranée. La dernière invasion musulmane venait d'avoir lieu sur les côtes. Les Templiers de Nice durent se retirer à l'intérieur des terres et en 1195, l'évêque de Vence leur donnait la bastide Saint-Laurent.
Alphonse II voulait-il, par là faire comme son ancêtre en Aragon pour protéger les grands axes face à de futures invasions ? Peut-être.
A Biot, les frères reçurent de nombreuses donations tout en restant sous la dépendance directe du commandeur de Grasse qui prit rapidement le titre de commandeur de Grasse et Biot. Dès 1211, des frères résidants sont cités (2). Les habitants connaissaient cette particularité et lorsque, 1e 9 mars 1213, Narbona et ses fils vendent une pièce de terre située à Biot, ils le font à la maison du Temple de Grasse (2). Tout comme Raimonde qui donne sa terre de Biot au lieu dit Touche Bosse au commandeur de Grasse, Olivier Aidier (2). Biot devint maison régulière, semble-t-il, le 15 août 1233, encore faut-il y voir une union avec Grasse et Nice, ces deux dernières étant déjà réunies sous un même commandeur. Ce jour-là, Bernard de Cambolano, commandeur des maisons de Grasse et Biot par la voie du retrait féodal, prenait possession, au nom de l'Ordre de tous les biens situés à Biot et Saint-Julien, qu'il venait d'acheter à l'évêque d'Antibes, lequel les avait obtenus le 15 octobre 1227 de Raimond de Biot et ses fils (2).
Les achats effectués par les Templiers sont de plus en plus nombreux et même que le commandeur porte le titre des trois, la maison de Biot fut la plus importante si bien que l'on peut sans risque de se tromper dire que vers 1240-1250, le commandeur porte plus facilement sa résidence à Biot plus qu'à Grasse. A Biot le commandeur était tout de même châtelain et surtout il se trouvait tout près de l'évêque qui avait sa résidence à Antibes. C'est aux environs du milieu du XIIIe siècle que l'évêque d'Antibes choisit Grasse comme siège épiscopal. Des divergences éclatèrent. Il faut dire que l?évêque ne demeura pas longtemps sur le siège n'étant pas très commode pour ses ouailles. Lors de son départ d'Antibes la population accepta difficilement ce changement. Il en fut de même des populations environnantes. Plusieurs différents eurent lieu entre Biot et Grasse. Deux arbitres furent désignés et rendirent leur sentence le 3 janvier 1247. L'évêque de Grasse, Raimond de Villeneuve et Geoffroi de Grasse, commandeur de Grasse, Nice et Biot, choisirent Guillaume, évêque de Vence et Rostang de Comps, maître du Temple en Provence (2). Les problèmes de la Provence et surtout l'héritage de Béatrice, fille de Raimond Bérenger V occasionnèrent de nombreuses enquêtes. Ayant épousé le roi de Naples, la comtesse de Provence l'associa au trône et en 1250, lors de l'enquête sur les droits du nouveau comte, le frère P. Capion, commandeur de Biot est cité en témoin (3).
Les biens du Temple de Biot s'étendaient dans la région immédiate. A Valbonne ce furent des biens donnés par R. Salnioze, moine de Valbonne, de l'Ordre de Chalais qui se faisant templier entraîne avec lui tous ses biens meubles et immeubles, ecclésiastiques et laïcs (3)
A la fin du XIIIe siècle deux grandes affaires éclatèrent entre les habitants d'Antibes et de Villeneuve et les templiers de Biot. Il en fut de même au sujet des bois de Clausonne.
Au lieu de Clausonne, les Templiers acquirent quelques biens. Le 12 décembre 1258 une sentence était rendue par Guillaume Aicard bailli de Vence au sujet des biens situés à Clausonne que les habitants contestent. Les Templiers ayant été reconnus dans leurs droits, le bailli de Vence rendit le fief de Clausonne à frère Guillaume Clumans, commandeur de Biot, au nom de Bernard de Bellano, commandeur de Grasse et Nice (4). Les habitants d'Antibes ne paraissent pas avoir été en mesure de tenir cette décision. Le 26 décembre 1286, les antibois après avoir molesté les frères du Temple, se retrouvèrent et volèrent plusieurs têtes de bétails qu'ils transportèrent sur leur propriété. Devant ces crimes, Foulques Bérenger, commandeur des maisons du Temple de Nice, Grasse et Biot demande aux officiers de la cour de Grasse d'ouvrir une instruction judiciaire contre plusieurs habitants d'Antibes qu'il accuse des méfaits proférés sur le territoire du castrum de Biot. Le juge de Grasse confie l'enquête au notaire Amboise qui s'en voit dessaisir à la demande de l'évêque qui montre un privilège de juridiction (5). Plusieurs sentences furent rendues par la cour de Grasse. Une affaire à peu près semblable eut lieu avec les habitants de Villeneuve. Certains habitants furent surpris par les hommes du Temple en délit de ramassage de bois dans les forêts de l'Ordre. Les villageois répliquèrent aux semonces en dérobant une ânesse et deux boeufs à la maison du Temple de Biot. Le commandeur s'adressa alors aux juges de Nice qui répondirent vouloir faire le nécessaire pour que les animaux soient restitués (2). Les templiers gagnèrent juridiquement, mais les habitants de Villeneuve ne s'arrêtèrent pas là. En juin 1298, le bailli de Villeneuve fit enlever deux hommes du Temple qu'il fit enfermer dans la forteresse. Un fut libéré, tandis que l'autre resta dans cette prison forcée, aussi le frère Pons Ycard, au nom de Pierre Ricaud son commandeur s'adressa au viguier de Nice lui demandant de faire libérer leur homme surtout que non contents de cela, les habitants continuèrent à commettre toujours quelques méfaits sur le domaine du Temple (2). Les Templiers voyant la lenteur et la carence de la justice du viguier de Nice et du juge de Grasse, furent comme les habitants de Villeneuve et s'emparèrent d'objets appartenant à plusieurs villageois. Le contraire n'étonne pas, le juge de Grasse intervint aussitôt et rendit sa sentence obligeant les Templiers à restituer le plus rapidement possible les biens pris aux villageois. Les frères du Temple furieux de voir comment ils étaient traités, alors que leurs hommes étaient toujours dans la forteresse de Villeneuve déléguèrent le frère Pons Ycard interjeter appel de la sentence, ce qui fut fait le 4 septembre 1298 (2). La lutte ne s'arrêta pas malgré deux sentences rendues par les cours de Nice et de Grasse. Au mois de mai 1300 un autre enlèvement eut lieu. Les habitants de Villeneuve, sous la direction de leur propre bailli enlevèrent 23 juments et 8 poulains aux Templiers de Biot. Le 9 mai, le juge de Grasse, Jean Rodolphe, saisi les officiers de la cour de Nice et leur précisa qu'ils restituent les délinquants à sa juridiction et qu'ils fassent rendre le bétail usurpé (6). Le lendemain, 10 mai, le juge de Grasse recevait la réponse des Chevaliers Bertrand de Reggio et Isnard de Rosseto. Les deux officiers sont prêts à leur donner satisfaction, mais avant tout, ils voulaient entendre les explications des habitants de Villeneuve.
Pour cela le frère Pons Ycard devait se rendre à Villeneuve le jeudi suivant (7).
Cette affaire alla jusque par devant le sénéchal de Provence, Raimond de Lecto qui écrivit au viguier et juge de Grasse ainsi qu'au baillie de Villeneuve leur signifiant qu'il avait appris l'enlèvement du bétail des Templiers de Biot. Il leur ordonne de faire restituer le bétail aux Templiers, lesquels devaient rendre les gages pris aux gens de Villeneuve (7). Quoiqu'il en soit l'homme resta dans la forteresse. On ne sait s'il y mourut ou quoi, la seule chose dont nous sommes certains, c'est que le conflit fut définitivement réglé par le commandeur de l'Ordre de Saint Jean en 1320.
Cela n'empêcha pas les Templiers d'acquérir d'autres biens pendant cette période.
1. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5270.
2. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5268.
3. Paris Bibliothèque Nationale, ms. latin. 10125.
4. Nice Archives Départementales, H 516.
5. Nice Archives Départementales, G 192.
6. Marseille. Archives Départementales, 56 H 5269.
Sources : Laurent Dailliez - Les Templiers en Provence - Alpes-Méditerranée-Editions - Nice 1977

Maison du Temple de Biot
En octobre 1207, Alphonse II remit au maître du Temple en Provence, Guilhem Jaufred, le castrum de Montfort avec tous ses droits, dont l'albergue, les cavalcades et les justices. Ce site, où l'ordre établit ou bien réoccupa un point d'appui fortifié « fortalicium », fut rattaché à la maison du Ruou. Deux années plus tard, le comte devait encore concéder aux Templiers la seigneurie sur la villa de Biot. Cette investiture en franc-fief fut à nouveau accompagnée de tous les droits régaliens - albergues, questes, cavalcades, justices.
Raimon Bérenger V, continua à favoriser les établissements des Templiers en Provence orientale, et notamment les commanderies du Ruou, de Biot et de Grasse. En avril 1233, il fait une donation aux maisons de Biot et de Grasse et en novembre 1235, il exempte de péage la commanderie du Ruou, « Recueil des Actes des Comtes de Provence Raimon Bérenger V, n° 176 et 248. »
A Biot, le commandeur du Temple refusa à la fin du XIIIe siècle, de s'acquitter de la taxe imposée par le comte pour la surveillance maritime. En outre, l'érudition a fait remarquer depuis longtemps la pauvreté de l'armement conservé dans les commanderies au moment de l'arrestation des Templiers.
Sources : Damien Carraz - l'Ordre du Temple dans la Basse Vallée du Rhône - 2005. Lyon

COMMANDEURS DE NICE - GRASSE – BIOT

La maison de Biot se trouve dans les Alpes Maritimes, arrondissement de Grasse, canton d'Antibes.
Ces maisons semblent presque toujours réunies sous l'autorité d'un seul commandeur.
Guillaume Jaufred (Guillelmus Jaufredus) 1202
Appelé commandeur de Nice.
Raymond de Pamias (Raimundus de Pamias) 1205, 1206
Appelé commandeur de Nice.
(Pamiers, Ariège ?)
Olivier Audier (Olivierus Audierus) 1211-1219
appelé commandeur de Grasse.
Bernard Aimeric (Bernardus Aimericus) 1219
appelé commandeur de Grasse.
Les suivants portent le titre de Commandeur de Nice et Grasse, ou de Nice, Grasse et Biot.
Rostan de Saint-Laurent (Rostagnus de Sto. Laurentio) 1222
Bertrand Faraud (Bertrandus Faraudus) 1226
Commandeur de Montfrin en 1213
Bernard de Cambolan (Bernardus de Cambolano ou de Chamboleto) 1233-1236, 1240
Isnard (Isnardus) 1237
Bertrand Austard (Bertrandus Austarda) 1243
Geoffroi de Grasse (Gaufridus de Grassa) 1244-1248
(Grasse, Alpes Maritimes)
Raymond de Lamandelaye (Raimundus de Amenlerio) 1252
Commandeur de Montfrin en 1227-1228 q.v.
P. Geoffroi (P. Gaufridus) 1256, 1264
Bernard de Bessan (Bernardus de Bessano ou Bellano) 1258-1259
(Bessan, Hérault, arrondissement Béziers)
Geoffroi d'Alanson (Gaufridus de Alansone) 1263
Commandeur de Bras en 1287
Pierre Girard (Petrus Girardus) 1267-1269
Hugues de ....Lione (Hugo de ... Lione) 1274
Pierre de Roset (Petrus de Roseto) 1277
G. Capion (G. Capionus) 1285
Foulques Bérenger (Fuloco Berengarius) 1286, 1288, 1298
Arnaud de Fons (Arnaud de Fontis) 1291
(Fons, Gard, arrondissement Nîmes, ou Ardèche, arrondissement de Privas)
Ricaud de Pierre (Ricavus Pétri) 1295-1301
Commandeur d'Arles en 1288
Sources : E. G. Léonard - Tableau des Maisons du Temple en France et de leurs commandeurs (1150-1317).

Prochainement sortie en librairie des "Templiers en Provence orientale" d'Edmond ROSSI, pour être averti de cet événement inscrivez vous dès à présent en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr