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07/06/2013

ARNAUD DE VILLENEUVE MEDECIN, ALCHIMISTE,MAGICIEN ET PHILOSOPHE PROVENCAL

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Les chroniques insolites des Alpes Maritimes se devaient d'accorder une place privilégiée à Arnaud de Villeneuve, célèbre médecin, alchimiste, magicien et humaniste de cette époque carrefour du Moyen Age.

Cet esprit universel qui opéra dans tous les domaines de la connaissance mérite l'estime et le respect pour avoir su avec courage innover et transformer des procédés sclérosés depuis l'Antiquité.

Les succès et les résultats probants de ses entreprises touchèrent aux disciplines les plus singulières comme l'alchimie, lui attirant la considération des personnages illustres de son temps, contribuant par la même à sa renommée. C'est grâce à cette estime qu'il sera protégé des jalousies et des accusations de sorcellerie.

Arnaud de Villeneuve vécut à l'une des périodes les plus intéressantes de l'histoire de la France et de l'Europe. La science et la philosophie antiques sont encore transmises à travers les écrits des pères de l'Eglise, alors que nous parviennent ceux des savants juifs et arabes devenus sujets d'études et de discussions dans les facultés des universités en formation.

Une méticuleuse observation des faits comme l'analyse et la synthèse appliquées à la critique stimulent de nouvelles valeurs intellectuelles parmi lesquelles se distinguent des savants comme Avicenne, Averroès et surtout Roger Bacon. Leurs méthodes contestataires s'avéreront souvent préjudiciables à la tranquillité des chercheurs qui s'y livrèrent.

C'est dans ce contexte d'éveil de la connaissance que va s'imposer Arnaud de Villeneuve, qui sera l'un des plus célèbres médecins du Moyen Age.

Reprenant les travaux d'Hippocrate, Galien, Celse, pour en critiquer et en améliorer l'enseignement, il s'intéressa avec succès à l'alchimie et sera même de ce fait qualifié de magicien et de sorcier.

Savant, mais aussi philosophe, il sera attentif à tout et voyagera beaucoup écrivant de nombreux ouvrages. Ses critiques seront appréciées et jugées audacieuses par ses successeurs dans les deux siècles qui suivront.

Considéré comme un maître incontesté par les médecins et alchimistes du Moyen Age, sa renommée sera en partie effacée par celles de Lulle, Paracelse et Nicolas Flamel qui bénéficièrent d'une légende peu conforme à la réalité.

Seuls quelques rares historiens se sont intéressés à l'étude de la vie et de l'œuvre mystérieuse de ce personnage singulier aux origines obscures[1].

SA VIE

Deux suppositions ont été émises sur le lieu de sa naissance. L'une s'inspire d'une lettre du pape Clément V le faisant naître en Espagne près de Valence, mais ce document a été jugé sans valeur.

D'autres biographes ont trouvé suffisamment d'arguments pour en faire un provençal et plus précisément un natif de "Villeneuve de Vence" dans les états de Robert, roi de Naples et comte de Provence.

L'importance donnée à l'ail comme médicament et de certaines recettes dont celle du "pistou" écrites en provençal inclinent à retenir cette origine.

Mais en 1954, un chercheur marseillais, Henri Villard, va apporter une preuve déterminante en citant le testament d'un certain Jean Blaise (neveu maternel de 8 Mai 1359. Ce document révèle ainsi le lieu de naissance de son oncle : l'actuel Villeneuve Loubet.

Bien qu'Arnaud séjourne souvent et longuement en Espagne et qu'il y ait des parents et amis (une fille dans un couvent de Catalogne), il n'en est pas moins provençal.

Il serait né vers 1245, en suivant le déroulement des événements familiaux, et appartiendrait à une modeste famille dont le nom aurait pu être Bachone ou Bachinone, bien que certains lui aient prêté une filiation plus glorieuse avec le célèbre Romée, sénéchal de Provence, titulaire du fief de Villeneuve dès 1230.

Villeneuve compte en 1324 118 maisons, 95 propriétaires, un juif, un hôpital, deux portes (donc des remparts), le tout protégé par un imposant château.

C'est donc dans ce bourg conséquent qu'Arnaud passe son enfance, avant d'être instruit par les Dominicains, dont l'ordre à été crée en 1215-16, dans un centre voisin de son village
(Vence ?) où il a sans doute exercé comme apprenti médecin.

Il se rend ensuite à Aix où on lui enseigne la philosophie et la littérature, avant de poursuivre ses études à Paris pour devenir "maître-es-arts", il y côtoiera Bacon, Albert le Grand, Pierre d'Apono pendant dix ans.

Après cette solide formation philosophique et théologique, Arnaud s'installe à Montpellier pour une dizaine d'années afin d'y compléter ses études médicales. Il ira au-delà en se rendant à Valence en Espagne, pour se mettre en relation avec des professeurs et savants arabes et juifs.

Arnaud est à Barcelone en 1285 auprès du roi d'Aragon Pierre III, puis il voyage en Italie à Naples, Padoue et dans diverses villes de l'Italie du Nord.

Bien que considéré comme un médecin exceptionnel, il sera surtout renommé comme un brillant alchimiste et philosophe hermétique. C'est en 1288 qu'il réalise à Rome devant la cour pontificale une spectaculaire transmutation du fer en or.

De retour à Montpellier, il y devient professeur puis régent. Ce sera la période la plus glorieuse de cette faculté qui bénéficie alors de fructueux apports d'origines différentes : romain, gréco-arabe, mais aussi venus de la médecine celte basée sur d'excellentes formules végétales.

De par son éducation et les nécessités de ses études, Arnaud vit en étroit contact avec les gens d'Eglise et plus particulièrement avec les moines.

S'intéressant aux doctrines religieuses, il écrit avec beaucoup de liberté d'esprit, au point d'encourir les risques sévères de l'excommunication et de la prison qu'il n'évitera que grâce à de puissantes relations telles que celles des papes Boniface VIII, Benoît XI et Clément V.

Au contact des grands de son temps, il rencontre en 1299 Jacques II d'Aragon, qui, de passage à Montpellier, lui délivre un message pour Philippe le Bel. Cela n'a rien d'étonnant car Arnaud est très lié avec Guillaume Nogaret. A Paris en 1300, il doit s'enfuir poursuivi par l'Official, il quitte précipitamment la France pour réapparaître en 1301 à Gênes et en 1304 à la cour du pape !

Devenu médecin et conseiller de Frédéric roi de Sicile, il sera appelé en 1308 par le frère de ce monarque, Jacques roi d'Aragon, pour connaître la signification de l'un de ses songes. C'est à l'occasion de ce voyage qu'il s'arrête à Avignon où vient de s'installer le pape Clément V. Le Saint Père le consulte avant de prendre des décisions concernant l'organisation de la faculté de Montpellier.

A son retour, il rencontre Robert, comte de Provence couronné roi de Naples, il le suit dans cette ville de l'Italie du Sud pour y approfondir ses travaux d'alchimiste.

Bien qu'à nouveau sollicité en 1311 par le pape pour devenir son premier médecin, il décline l'offre et retourne à Paris. A nouveau poursuivi pour ses écrits qualifiés d'hérétiques, il repart en Sicile chez son ami le roi Frédéric.

Son protecteur, le pape d'Avignon Clément V, atteint de gravelle, le réclame en 1313, il s'embarque et décède durant la traversée, il sera inhumé à Gênes.

Le pape décédera en 1314, et aussitôt le tribunal de l'Inquisition s'empresse de condamner les écrits philosophiques d'Arnaud contribuant ainsi à sa réputation de sorcier.

QUELQUES REPAIRES

En cette fin du XIIIème siècle, s'achève l'épopée des croisades et l'édification des cathédrales.

Une communauté de pensée relie les habitants de l'Europe, et, le latin permet aux savants de voyager et de se faire comprendre.

Si l'Université essaie de se dégager de la pesante tutelle de l'Eglise, les bibliothèques intéressantes sont conservées dans les couvents et l'Inquisition écarte toute velléité de critique.

La science en gestation reste encore prisonnière des doctrines philosophiques de Platon, Aristote et Averroès, bien qu'adaptées aux nouvelles réalités sociales par St Augustin et
St Thomas d'Aquin.

Les élites ont une vision simpliste de l'univers limité à une seule matière soumise à l'action de quatre attributs : le Sec, l'Humide, le Froid et le Chaud. Ces forces modifiant l'aspect et la nature de la matière produisent : la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu avec des formes intermédiaires répertoriées dans le "Monde subliminaire ou élémentaire".

Ce monde visible est enveloppé par le spirituel ou le divin. L'homme n'est que le microcosme de l'Univers (le macrocosme). Son corps est vivifié par quatre humeurs (sang, flegme, mélancolie, et colère) leurs proportions déterminent les tempéraments et leur excès ou leur manque déclenchent les maladies. L'homme et l'univers sont interdépendants et les changements de ce dernier provoquent d'importants retentissements sur le premier.

Ainsi, la position des étoiles étant fixe, seuls les astres mobiles comme le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et les comètes peuvent amener des perturbations que le médecin doit apprécier pour traiter ses malades.

La défiance à l'égard des possibilités humaines, entraîne à considérer toute nouveauté comme le résultat d'une inspiration divine ou d'un commerce avec Satan.

Les savants, dans ce climat de méfiance, consignaient prudemment leurs découvertes sous une forme symbolique et quelquefois ésotérique. L'interprétation des recettes et des procédés restaient favorables ou néfastes, seulement décelables par les moyens de la magie ou de la sorcellerie.

Arnaud de Villeneuve, animé d'un esprit de recherche positif, dû comme ses confrères s'intéresser à des degrés divers à l'alchimie, à l'astrologie comme à la magie pour un exercice complet de la médecine.

Ses idées novatrices opposées aux croyances de son temps heurtèrent, et lui attirèrent les critiques et la haine de ses contemporains.

Ces rivalités calomnieuses contribuèrent à établir sa réputation de sorcier avec comme conséquence la menace du bûcher.

Personnage énigmatique, Arnaud de Villeneuve va marquer son époque en approfondissant par ses défis les domaines les plus variés de la connaissance.

LE MEDECIN

Les conceptions physiologiques de son temps entraînent Arnaud de Villeneuve, comme ses contemporains, sur les traces des théories dérivées des enseignements de Celse et Galien.

Pratiquant des analyses de sang, il y trouva colère, flegme et mélancolie, mais également un fluide : le spiritus, sorte de quintessence propre à l'homme. Il conclut que la maladie provient d'intoxications d'origine intérieure ou extérieure.

L'équilibre d'un corps est selon lui exceptionnel dans la nature et chacun possède dès sa naissance un tempérament sanguin, colérique, flegmatique ou mélancolique, le spiritus s'efforçant d'équilibrer le tout. Si un agent extérieur le déstabilise, la maladie s'installe et son pouvoir néfaste n'est plus limité que par l'influence du spiritus.

Arnaud fait preuve de nouveauté à une époque ou prévalait la méthode scolastique détachée du concret. En effet, il met en avant "la science du particulier" qui va au-delà des "universaux". Dans ses exposés, il divise les causes des maladies en choc, blessure, etc … selon les antécédents (tempérament, donc hérédité) et conjointe (mauvais fonctionnement d'un organe, prédispositions dues à des affections antérieures). Les symptômes y sont précisés, décrits et divisés en fonctionnels, physiques et subjectifs laissant entrevoir par cette démarche les prémices d'une médecine moderne.

Ses études révèlent à propos des maladies nerveuses l'existence des nerfs sensitifs et moteurs, on y trouve la description exacte de l'opération d'une fistule lacrymale, des connaissances sur la tuberculose et ses cavernes, un traitement iodé (précurseur) à base d'algues pour le goitre, des prescriptions de soins pour la lithiase urinaire et même l'humaturie du cancer de la vessie.

Les recommandations en matière d'hygiène et de soins dénotent une excellente connaissance du corps humain. La santé dépendant d'un équilibre des humeurs toujours fragile à obtenir, compte tenu du tempérament de chacun, il faut veiller à éviter le développement excessif de l'humeur dominante. Lorsque la maladie se déclenche, il est indispensable de soutenir la nature (le spiritus) en fortifiant le malade sans excès.

Sa sage thérapie impose la modération en toute chose. Il conseille le délassement intellectuel sous la forme de musique, de théâtre et de voyages ! Il invite à fuir les régimes drastiques et à éviter les changements brusques. Il préconise l'aération des maisons et encourage au chauffage par le feu de bois, il s'attache aussi à l'importance du choix des vêtements et recommande un bain quotidien pour les nouveaux nés, ainsi que le lavage régulier de la cavité buccale.

Les médicaments sont classés selon les effets à combattre (échauffer ou refroidir), selon les résultats à produire (mûrir, ouvrir, calmer), les organes à traiter (vessie, estomac, pour uriner ou digérer), ils sont essentiellement d'origine végétale. Les sels, acides et bases n'indiquent pas encore les corps qui aujourd'hui portent ces noms.

Dans un temps où la connaissance se préoccupait de la découverte de la pierre philosophale et de sa panacée, les remèdes étaient complexes. Arnaud donne les recettes pour les élaborer à partir des plantes : infusion, macération, décoction, concentration.

Il utilise également des vins aromatiques, de l'alcool en friction, tout comme du sérum rendu médicamenteux par une nourriture appropriée.

Héritier en cela des musulmans, il lui est attribué la découverte du procédé de distillation permettant d'obtenir de "l'eau ardente" (l'alcool) à partir du moût de raisin ou du vin. Cette eau aromatisée, '"l'eau d'or" - élixir de longue vie, fera sa célébrité ainsi que certains électuaires (plantes pétries avec du miel) tout comme les thériates (médicaments élaborés à partir de l'opium).

Arnaud dispense des conseils de prudence en invitant à tenir compte lors des traitements de l'âge, du sexe et des habitudes du patient, les doses se doivent d'être progressives et il faut veiller à une possible élimination. La chirurgie est rare, on lui préfère les caustiques, il mentionne néanmoins la suture des plaies par la soie et par emplâtres, l'intervention pour des flegmons, l'usage d'appareils orthopédiques pour redresser des membres ou la colonne vertébrale ainsi que des trépanations.

La saignée répandue à cette époque n'est préconisée que dans des cas exceptionnels. L'homme et le cosmos doivent être en harmonie, aussi l'usage des médicaments est-il soumis à l'influence des planètes et des signes du zodiaque, comme cela se pratique depuis la nuit des temps dans les civilisations orientales (Tibet, Chine, Inde).

Les éléments qui composent certains remèdes relèvent parfois du merveilleux comme les cendres d'abeilles, les cheveux de Vénus (?) et l'huile de rose dont l'assemblage favorise la repousse capillaire comme celle des cils et sourcils.

Arnaud de Villeneuve avec sagesse et modération reprend les théories de son époque et, par l'expérience et une brillante synthèse, il les adapte à une meilleure connaissance du corps humain, sous ses aspects les plus divers.

Observation des réactions du patient, équilibre de l'organisme, respect de certaines règles élémentaires d'hygiène orientent une recherche fructueuse vers les diverses fonctions du corps.

La mise en relief de l'aspect subjectif du malade, dans la démarche incertaine de la médecine de ces temps obscurs, bouleverse les règles théoriques établies jusque là.

L'ALCHIMISTE, MAGICIEN ET PHILOSOPHE

Homme universel, doué d'un talent aux multiples facettes, Arnaud de Villeneuve, reconnu pour sa science médicale, a été très contesté pour ses opinions philosophiques et religieuses, tout comme pour ses recherches touchant au domaine du surnaturel.

Le dominicain de Bologne, Bzovius, affirma en 1620 qu'Arnaud avait été un "homme exécrable par le commerce qu'il entretenait avec le Diable pour se permettre d'opérer la transmutation des métaux". Kircher prétend à la même époque (1664) qu'Arnaud était parvenu "à un tel degré de folie qu'il se vantait d'avoir crée un homme par la chimie".

Au-delà de cette réputation de Frankenstein, il faut néanmoins reconnaître que les alchimistes et les mystiques philosophes qui lui succédèrent l'ont toujours considéré comme le plus grand des leurs. Si Raymond Lulle le cite comme son maître, Nicolas Flamel dit s'inspirer de sa science et Michel Maier reconnaît sa paternité dans ses écrits rosicruciens.

Bien que certains biographes aient qualifié d'apocryphes toutes les théories d'Arnaud qui ne touchaient pas à la médecine pour mieux valoriser ces dernières, il faut admettre qu'à cette époque, un savant ne pouvait ignorer les sciences occultes.

Marc Haven a dressé en 1896 un catalogue de ses études réparties dans diverses bibliothèques d'Europe et qui ont échappées aux foudres du tribunal de l'Inquisition. Une relecture de ces textes souvent mystérieusement codés aboutira certainement à des révélations étonnantes.

La magie y apparaît comme une donnée naturelle assez proche de la science. Arnaud n'écarte aucun phénomène et ne rejette en principe aucune manifestation que l'intelligence humaine ne peut expliquer, tout en restant prudent vis à vis de la sorcellerie au nom de la science et de la religion. Il s'intéresse à l'interprétation des songes comme autant de messages de l'inconscient, offrant des pistes capables d'aider le médecin traitant, tout comme le sert la biographie du patient.

Il signale dans son "Physicis Ligaturis" l'importance des maléfices, admettant déjà l'influence du psychisme sur le physique. Cette démarche dépasse le domaine de la magie pour atteindre à celui de la psychologie largement développée aujourd'hui.

L'astrologie démarre au IIème siècle après J.C. lorsque Ptolémée crée les douze signes du zodiaque. Elle sera vite condamnée par les chrétiens. Selon eux, seul Dieu décide du destin des hommes.

Pratiquée au Tibet, en Chine et en Inde, utilisée à des fins médicales, agricoles, politiques ou spirituelles, l'étude de l'influence des astres continue de conditionner profondément le quotidien de ces peuples.

L'astrologie omniprésente au Moyen Age occupe une part importante dans les travaux d'Arnaud de Villeneuve. Il s'essaya à faire des prévisions sur le long terme sans atteindre la réussite de son successeur Nostradamus.

Admettant l'influence du fluide astral sur le comportement des êtres et des phénomènes naturels, il plaçait le Soleil, la Lune et les planètes à l'origine des événements de la vie et des variations de la santé, tout en en reconnaissant les limites.

Mais tout comme la médecine, l'alchimie sera le domaine privilégié de ses succès. Ses travaux et ses enseignements d'une grande clarté inspireront ses successeurs. Ces idées prémonitoires ont trouvé aujourd'hui leur confirmation dans les principes établis par la chimie moderne : "La matière de tous les métaux est une et ils ne diffèrent que par des accidents", et encore : "dans la transmutation où l'art imite la nature, rien ne saurait être crée ou détruit".

Il reste beaucoup plus secret lorsqu'il s'agit d'exposer les doctrines du Grand Œuvre. Prudent, il reconnaît que malgré les apparences, l'or obtenu ne vaut pas le vrai (?).

Il semble que les méthodes développées ne furent qu'une manière d'intéresser les puissants à des recherches moins spectaculaires, mais aux résultats plus certains.

La pierre philosophale apparaît dans ce contexte comme le symbole concret d'une démarche aboutissant à une réalisation toute spirituelle.

Il est incontestable que l'étude inachevée de la synthèse de ses recherches réserve encore des surprises dans un aussi vaste domaine où se mêle l'hermétisme et l'expérience matérielle.

Homme de laboratoire, Arnaud de Villeneuve apporte les preuves de son savoir pratique, en découvrant comme l'indiquent les encyclopédies : l'alcool, l'acide nitrique et la transformation de la nature des métaux attestée par ses contemporains. Si la médecine arabe semble lui avoir ouvert la voie de certain de ces travaux de chimiste, Hoeffer admet qu'il aurait identifié le sélénium dans un état du soufre rouge.

Arnaud n'en reste pas moins comme Roger Bacon un des précurseurs de la science moderne. Esprit libre, il apparaît extrêmement critique à la lecture des textes de 1308 condamnant ses positions religieuses. En effet, il n'hésite pas à déclarer que les bulles papales et les décrets canoniques ne sont que "des ouvrages humains", de plus "que les moines corrompent la doctrine de Jésus Christ et que le peuple chrétien sans charité court à sa damnation", et aussi que "la nature humaine dans le verbe divin a été égalée en tout à la divine" enfin que "les œuvres de la miséricorde sont plus agréables à Dieu que l'auguste sacrifice de l'autel".

Ces écrits annoncent déjà les théories du XVIème siècle à l'origine de la Réforme.

Humaniste dégagé de toute intention polémique, Arnaud de Villeneuve approcha la détresse humaine par le biais de la médecine. Eliminer la souffrance, retarder l'issue fatale et pour cela se pencher vers le patient en étant sensible à son psychisme tout en synchronisant le traitement avec la nature, relèvent de la démarche originale d'un précurseur.

Ses découvertes et sa réputation d'alchimiste, jointes à son indépendance d'esprit situent Arnaud de Villeneuve parmi les grands hommes du Moyen Age, ses mérites sont à la mesure de la protection qu'accordèrent les puissants à cet homme universel, né au cœur des Alpes Maritimes.

Edmond Rossi

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr

 

Voir les travaux de Jacques Boissier "Arnaud de Villeneuve est né à Villeneuve Loubet" (1962), d'Octave Teissier "Les hommes illustres du Var" - 1858, et du Docteur Marc Haven "La vie et l'œuvre de maître Arnaud de Villeneuve", 1896.

 

31/05/2013

LE LOUP AUJOURD’HUI MAÎTRE DES PÂTURAGES DES ALPES MARITIMES…

LOUPS EN CHASSE.JPG

Voici un cri d’alarme du représentant des éleveurs en colère suite aux attaques perpétuelles du Loup.

« Les mesures de l'État ne servent à rien, on va faire une opération coup de poing ». Où et comment? Le secret est bien gardé. Mais elle devrait avoir lieu ces jours-ci, car l'urgence est là. Les éleveurs la vivent tous les jours, surveillant leurs bêtes jour et nuit, sans succès : « Les loups n'ont plus peur des chiens-patous, ni de nous ».

«On pense que les loups sont plus de 100 dans le département. Ils se multiplient très vite et attaquent partout. À Saint-Jeannet, à Duranus, dans le Férion, à deux pas de Levens, à Gourdon, à Escragnolles, dans le Mercantour où les bergers n'ont pas l'autorisation préfectorale de tirer pour défendre leurs troupeaux attaqués.

On sait par les codes génétiques que ce sont des bêtes qui ont été lâchées, pas des loups des Abruzzes ou des Pyrénées, comme on a voulu le faire croire. Ils font cinq ou six petits par an et, faute de prédateurs, se permettent tout. Ils adoptent un comportement de chiens, tuent pour massacrer, parfois une quarantaine de bêtes dont deux seulement sont mangées ...

Quelques chiffres: les éleveurs sont 230 dans les Alpes Maritimes. Le cheptel ovin de 45000 bêtes de plus de six mois, les caprins 5000. En 2012, 2580 bêtes retrouvées mortes ont été dénombrées. Pas celles qui ont fui et disparu, pas plus que les avortements ou les agneaux morts faute de mère, en 800 attaques répertoriées.

 «En 2013, ce sera exponentiel. L'an dernier sept bergers ont arrêté sans transmettre un troupeau voué à la catastrophe. Et ça, c'est du jamais vu ", résume Jean-Philippe Frère secrétaire de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles.

De nos jours, la réalité de la présence du Loup dépasse la légende et bien des non-dits persistent à cacher sa menace…

Pour en savoir plus, lire «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : contacter  edmondrossi@wanadoo.fr

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

23/05/2013

ROQUEBRUNE CAP MARTIN, LÉGENDES ET PASSION...

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Il y a bien longtemps, les jeunes hommes de Roquebrune se laissaient attirer par le chant des sirènes montant de la mer. Sensibles aux appels charmeurs de ces créatures de rêve, les malheureux captivés les suivaient jusque dans l’écume avant de disparaître, engloutis par les flots.

Se sentant impuissante face à ce sortilège, une jeune fille du lieu décida d’aller implorer la Vierge pour lui demander d’épargner son fiancé. Chemin faisant, elle rencontra une vieille femme qui lui donna trois brins de genêts. Il en poussa trois genêts qui se multiplièrent en dix, puis cent genêts formant une haie piquante aux fleurs jaunes parfumées, barrant irrémédiablement l’accès vers la mer.

Les sirènes dépitées, voyant leur pouvoir annihilé par cet artifice, décidèrent d’utiliser un suprême maléfice. Cette fois, elles attirèrent le village entier vers la côte en le faisant glisser sur la pente.

Roquebrune et ses habitants furent miraculeusement arrêtés par les buissons de genêts au grand dam des ensorceleuses naïades.

Depuis cet épisode, sérieux et fidèles les hommes de Roquebrune évitent la plage où s’exposent aujourd’hui encore les belles étrangères.

Roquebrune se souvient de cette lointaine année 1467 où la peste décimait le Midi. L’épidémie était aux portes du village, lorsque les habitants décidèrent de faire une neuvaine à la Madone. Pieds nus, ils processionnèrent le 28 Juillet jusqu’à la chapelle de Notre-Dame-de la Pausa, à l’extérieur du village. Le neuvième jour, le 5 Août, le fléau s’arrêta brusquement.

En signe de reconnaissance, la population fit le vœu de se rendre à cette date, chaque année, en procession jusqu’à la chapelle de la Pausa. Le cortège débute à l’église paroissiale Sainte Marguerite et parcourt les ruelles de Roquebrune en célébrant pour cette occasion les mystères de la Passion en autant de tableaux vivants. « Dans le pittoresque d’une fidèle reconstitution historique, dans le chatoiement, le clinquant, les couleurs vives des costumes et des uniformes d’époque, dans un grand concours d’affluence, où le curieux, le profane et le religieux, l’indigène et l’étranger se pressent, s’agglomèrent, s’agrippent aux parois des ruelles étranglées.

Pour interpréter ce drame, ils sont 150 acteurs amateurs qui, depuis 1467, se transmettent les rôles de père en fils ou en cousins. Du parvis de l’église Sainte Marguerite, ils sortent le masque empreint de gravité, solennels, les uns farouches, les autres dolents, les uns cyniques, les autres éplorés.

Ces hommes et ces femmes transfigurés n’appartiennent plus à notre temps, mais à l’imagerie ; ils animent des tableaux de maître. Ainsi, ils vont jusqu’à la chapelle de la Pausa, mimant tous les cinquante pas le tableau dont ils sont les protagonistes.

La procession de Roquebrune n’a pas l’éclat grandiose des processions Sévillanes ; elle a mieux : le cachet des bas reliefs. » (D’après Mario Brun, Nice Matin).

Figurent dans ces scènes Sainte Marguerite, des jeunes gens en costume médiéval, des légionnaires romains, tous les habitants du village. De place en place, le cortège s’arrête et des scènes de la Passion du Christ sont mimées par ces Roquebrunois qui, fréquemment, ont hérité d’un rôle précis, transmis de génération en génération : le Jardin des Oliviers, le Jugement du Christ, la Flagellation, la Présentation au peuple, la Montée au calvaire, la Crucifixion et la Mise au tombeau. Dans ces deux dernières saynètes, le Christ est représenté par une statue processionnelle portée par des assistants.

Sous le soleil éprouvant du mois d’Août, tous les ans ainsi depuis cinq siècles, cent cinquante Roquebrunois sont acteurs de cette célébration. Qu’ils soient croyants ou libres penseurs, ils restent profondément attachés à cette ancestrale coutume, témoignant d’une ferveur grandiose et émouvante.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

 

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

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