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14/05/2008

LES TEMPLIERS A NICE, LEURS POSSESSIONS, 3éme partie

Roquebillière : La tradition populaire attribue aux Templiers l’église Saint Michel de Gast, soit disant élevée par l’Ordre en gothique entre 1130 et 1140.

Aujourd’hui encore appelée et visitée par les touristes comme l’église des Templiers, Saint Michel de Gast, lassée M.H., mérite que soit rappelée ses origines authentiques.

Seul Moris a attribué cette église aux Templiers dans son livre « Au Pays Bleu ». Dans sa monographie sur Roquebillière, J. Musso rappelle : « C’est à Gastum que l’ancienne église de Roquebillière est donnée en 1141, par Pierre évêque de Nice, à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. Le quartier dénommé aujourd’hui Plan de Gast reçu ainsi l’église Sainte Marie du Gast devenu ensuite la paroisse Saint Michel ».

L’auteur se réfère  au  « Cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice » de Caïs de Pierlas. Il rappelle que les chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, furent ensuite, au gré de leurs exils successifs, chevaliers de Rhodes, puis en 1550, lorsque Charles Quint leur céda l’île de Malte, chevaliers de Malte.

Cité en 1338 comme siège d’une maison des Hospitaliers avec son église de l’Ordre, Roquebillière où sont cultivés 100 séterés de terre, fournissait à l’Hôpital 200 séterés de seigle. Avec possession d’un moulin arrenté, des dîmes prélevées sur le blé, la récolte du raisin (20 saumées de vin), l’élevage d’agneaux, ces gens et services divers, cette riche commanderie apparaît comme la troisième de l’Ordre dans le bailliage de Nice.

Comme ces biens appartenaient en propre aux Hospitaliers depuis le XII ème siècle, il n’est pas question dans cette localité d’une présence des Templiers.

L. Dailliez cite Roquebillière comme l’un des premiers prieurés de l’Ordre des Trinitaires que fonda Jean de Matha, en citant le cartulaire général de cet Ordre. Si rien ne s’oppose à la présence d’un prieuré trinitaire, l’église Saint Michel de Gast appartint incontestablement aux Hospitaliers.

Saint-Martin-Vésubie : Au pied des cols franchissant la chaîne alpine pour rejoindre la fertile plaine du Piémont, ce joli bourg médiéval, jadis nommé Saint Martin de Lantosque, est souvent cité comme une importante place templière.

La Haute Vésubie est dominée au Moyen-Age par la famille des Garac, mentionnée en 1067 comme détentrice du château de Venanson. Ces feudataires fondent dans la vallée une église dédiée à leur saint patron Saint Martin, confiée au monastère bénédictin de Saint-Dalmas-de-Valdeblore.

La paroisse regroupe un village protégé par un château, signalé en 1232.

Plus tardive, l’hypothétique présence templière est surtout attestée par la possession d’un hospice et de la chapelle de la Madone de Fenestre, construits au VIII ème siècle par les bénédictins, puis cédés vers 1147 à l’Ordre du Temple jusqu’en 1308.

Situé au pied du col de Fenestre, le plus bas de la chaîne de montagnes environnantes, cette maison va devenir  un sanctuaire important à la suite d’une apparition de la Vierge matérialisée et vénérée ensuite par une statue du XIII ème siècle.

La tradition fait de Saint Luc l’auteur de cette statue en bois de cèdre du Liban apportée d’Orient par les Templiers.

L’arrestation des frères de l’Ordre et leur mort après d’atroces supplices, alors qu’ils veillaient pieusement sur l’hospice en accueillant charitablement les pèlerins, apparurent comme autant de maléfices, à l’origine d’effroyables légendes. Ces récits populaires admettent, qu’impitoyables et vindicatifs, les spectres des malheureux Templiers assassinés, persistent à hanter les abords désolés du sanctuaire.

Là encore objet de polémique, la présence du Temple à Saint-Martin-Vésubie mérite qu’on s’y arrête, en citant les sources soutenant cette thèse et les objections soulevées par ses détracteurs.

Durante est clair lorsqu’il affirme : «  A Saint Martin de Lantosque – Raymond  Bérenger IV, Comte de Provence, accorda aux habitants le privilège d’y établir une foire annuelle où les marchands de la Provence et du Piémont venaient acheter les bêtes à laine et vendre leurs denrées. Au profit que donnaient ces échanges se joignaient les produits agricoles obtenus par l’établissement des Templiers.

Ces moines chevaliers y acquirent des terres considérables, s’enrichirent par des défrichements étendus et  leur exemple encouragea cette population à chercher dans la culture d’un sol vierge de nouvelles sources de prospérité.

Une pieuse inspiration décida l’abbé Hugues Régaldo à fonder, près  du col de Fenestre un hospice destiné à secourir les pèlerins et les voyageurs au passage périlleux de cette montagne. Il y fit bâtir un sanctuaire dédié à la vierge des Grâces et décoré de la statue moresque d’une madone rapportée de Palestine.

Lorsque l’Ordre des Templiers fut supprimé, l’hospice avec ses dépendances passa sous la juridiction du chapitre de la cathédrale de Nice, acte du 13 mai 1343 ».

L. Raiberti dans ses écrits sur l’histoire de Saint-Martin-Vésubie et de la Madone de Fenestre insiste sur la fondation bénédictine de l’hospice au VIII ème siècle, devenu sanctuaire après l’installation de la statue attribuée à Saint Luc. Celle-ci transportée en Provence par Marie Madeleine dans sa retraite de la Sainte Baume, aurait été transférée à Fenestre au XII ème siècle par les Templiers.

Selon ce même auteur, Fenestre cité dès 1130, verra s’édifier une église dédiée à Sainte Marie vers la fin du XII ème siècle. Passant des Templiers aux chevaliers de Saint Jean de Jérusalem puis au XIX ème siècle, au chapitre de Nice, le sanctuaire deviendra « commanderie ».

La légende la plus courante prétend qu’en 1308, une troupe d’hommes d’armes pénétra dans le sanctuaire de Fenestre où elle surprit et mis à mort une quinzaine de chevaliers du Temple. Ils auraient été décapités et enterrés dans les décombres de l’église.

Lorqu’au XVIII ème siècle, on retrouva leurs squelettes, avec les têtes séparées des corps, cette tragique découverte remis en mémoire la malédiction qui pesait sur ces lieux.

Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui fréquentant la région, prétendent avoir vu les fantômes des chevaliers à la croix pattée, errer sur les sommets environnants nimbés de brouillard.

Avec la volonté de démystifier une présence templière qu’il se refuse à admettre, L. Dailliez ne voit à Fenestre qu’un sanctuaire bénédictin où l’on venait adorer une représentation de la vierge peinte par Saint Luc (document de 1136).

Il confirme : « Là encore nous n’avons aucune preuve d’une possession templière, tandis que le contraire est flagrant ».

J.A. Durbec va dans le même sens, en insistant sur le fait que les Hospitaliers, héritiers du Temple, n’avaient aucun droit à Saint-Martin-Vésubie au début du XIV ème siècle : « ce qui enlève toute vraisemblance à une présence antérieure du Temple dans cette localité, partant à l’authenticité des «vestiges »qu’il y aurait laissés ». Prudent, il laisse tout de même planer le doute, en classant Saint-Martin-Vésubie dans les « cas incertains ».

Insensible à ces supputations, la vénérable statue de la Vierge Mère, richement ornée, persiste à attirer les foules tout particulièrement au grand pèlerinage du 15 août.

Depuis 1846, la Madone voyage chaque automne jusqu’à l’église du village, elle remonte ensuite au début de l’été avec les transhumants vers son sanctuaire, pour y apporter la paix et exorciser ces lieux infestés de douloureuses présences.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé :

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09:09 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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