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30/11/2006

LORSQUE LES LOUPS SEMAIENT LA TERREUR

  LE VIELLEUX DE SAINT DALMAS

Au village, la descente des moutons de l'alpage annonçait le départ des hommes valides; bientôt la première neige de la Saint-Michel blanchirait les sommets de Gialorgue, tirant un trait définitif sur l’été.

 J'allai rendre visite à mes compagnons de voyage. Je trouvai César tout attendri, qui me dit, caressant Ninette sa fidèle marmotte; « Tu sais, Étienne, ça fait treize ans cette année que nous partons ensemble pour courir l'Europe et je ne m'habitue pas encore à quitter tout ça ». Sébastien astiquait sa lanterne magique, écartant les enfants toujours intrigués par cette étrange mécanique. Ce soir, nous donnerions une représentation en signe d'adieu à tous les parents et amis du village et au lever du jour nous serions dans le vallon de Sestrières, plein nord pour rejoindre Barcelonnette notre première étape.

 A six heures tapantes, dans la grande cuisine éclairée par les flammes de la cheminée, petits et grands, impatients, attendaient le spectacle que nous présenterions cette année encore, de la Bourgogne à la Flandre, de Bruges à Hanovre ou Copenhague, avant d'amorcer le retour à la fin de l'hiver. Tout commençait avec un air de vielle; par de brèves rotations du poignet, j'attaquai le célèbre « Sauta Ninetta » que chacun reprit en chœur :

 Sauta Ninetta sos la riba dau prat

Diga, Ninetta, ti voles maridar ?

Oh oui ma maïre me voli maridar

 Voli prendre un ome que sache travalhar

 Foire la vinha e vendre de tabac. »

 (Saute Ninette sur la rive du pré

Dis-moi, Ninette, veux-tu te marier ?

Oh oui ma mère je veux me marier

Je veux prendre un homme qui sache travailler

Labourer la vigne et vendre du tabac.)

 Les chanterelles, en notes aiguës, jouaient la mélodie, soulignées par l'accent grave des bourdons. Les vieux tapaient des mains, encourageant mes virevoltes, bientôt les plus jeunes se levèrent pour esquisser quelques entrechats, imités par les enfants. Lorsque s'acheva le dernier couplet, César s'avança avec Ninette sautillant sur ses pattes arrière, tournant sur elle-même comme une gourgandine. Le numéro était au point, et bien que connu de tous, il déclenchait immanquablement rires et plaisanteries. Ninette habillée comme une dame, terminait en soulevant sa robe par une révérence gauche avant de rouler sur le sol sous les applaudissements. Grimpant lestement sur l'épaule de César baissé vers elle, Ninette toute excitée frappait ses petites pattes en couinant de joie.

 Alors entrait en scène Sébastien, annonçant d'une voix de stentor: « Et maintenant, bonnes gens, nous allons vous entraîner à la découverte des extraordi­naires mirages de la lumière! » Je changeais de registre pour un air à la sonorité orientale « la mouquera », pendant que Sébastien, installé devant le mur, allumait sa lampe magique. Bientôt des ombres fantastiques se détachèrent sur la blancheur de l'écran: La chèvre et le loup. La pauvre cabrette, occupée à paître, ne se doutait pas du danger qui la guettait. Sa barbichette au vent, les cornes bien dressée, elle flairait pourtant la présence de l'impor­tun. Commence alors un dialogue où elle essaie de séduire le loup, les péripéties ponctuées par les voix successives de Sébastien et les mouvements d'humeur du public s'achevant rituellement par la fin tragique de la malheureuse cabrette dévorée par le loup. Second tableau: Maître Goupil visite le poulailler du brave Gilecou, les volailles effrayées poussent des cris d'orfraie et se débattent sous les dents du renard. Le réalisme est tel que chacun y va de son commen­taire, rappelant les méfaits dont il a été témoin ou victime. La dernière scène débute aux accents connus du « fantôme du pèlerin ». Terrible histoire que celle de ce pèlerin parti pour le Sanctuaire de Saint-Ours à Meyronnes, obligé de coucher dans une grange de Bousiéyas où il sera détroussé et égorgé par ses hôtes. Le fantôme du malheureux voyageur poursuivra sa vengeance posthume en obligeant ses assassins à quitter la ferme à jamais hantée par son ombre. Les cris des femmes et les rires des hommes viennent en contrepoint aux lugubres commentaires de Sébastien rythmés par les notes de la vielle. Lorsque se rallument les « lanternins », les spectateurs, encore sous le charme, frissonnent au souvenir des dernières images. Marion sort alors, pour les hommes, la bouteille de génépi et les petits verres, dissipant ainsi les funestes présages.

Au petit matin, alors que la fraîcheur de la nuit ne s'est pas dissipée, les parents et les amis nous accompagnent jusqu'à la chapelle Saint-Sébastien au-dessus du village. Puis, après les ultimes effusions, chacun reprend sa route, nous vers l'aventure, eux vers l'engourdissement de l'hiver qui saisit déjà les maisons blotties au fond de la vallée, sous un voile de fumée bleue. Quelques pas de plus et le dernier tournant du sentier efface pour plusieurs mois l'image de notre cher Saint-Dalmas le Selvage. Après avoir passé le col de la Moutière, nous avançons dans un paysage sauvage et désolé, qui n'est ni la France ni les États de Savoie mais le royaume silencieux des chamois et des marmottes. Le soir nous couchons, après une rude étape, au-dessus de Barcelonnette, dans la grange hospitalière d'Auguste Pons, un lointain cousin de César. Ce n'est qu'à partir du lendemain que commencera notre errance.

 Par petites étapes émaillées de découvertes et de surprises bonnes ou mauvaises, recette ou vol, temps doux ou tempête de neige, nous remonterions comme chaque année vers Gap et Grenoble, puis de là vers la Bresse, la Franche-Comté et l'Alsace. Rencontrant les colporteurs, nos frères de misère, nous irions vers les grosses fermes aux cheminées accueillantes, les places des bourgs prospères, distraire petits et grands pendant de longues semaines. Une assiette de soupe chaude et de la paille pour dormir tel serait notre lot habituel. Quelquefois un bourgeois bien sympathique au teint rose et au ventre rond nous offrirait l'hospitalité le temps d'un baptême ou d'un mariage. Il arrivait que certains notables nous recommandent à des connaissances. Ainsi la chaîne de l'amitié franchissait les frontières vers le Nord, où l'argent facile né du négoce, nous entraînait à la recherche de quelques miettes. Le succès poussa un jour mon oncle avec sa vielle jusqu'à la cour d'Angleterre. A la suite d'un article élogieux vantant ses mérites dans le « Morning Post », le roi voulut l'accueillir. Georges III riait comme un benêt aux facéties de la marmotte. Pour le remercier il lui donna une bourse bien remplie qui le dédommagea amplement d'un aussi long voyage. Mon père, lui avait eu un privilège semblable, celui d'être reçu à Gand par Louis XVIII exilé au moment des Cent­-Jours. Le concert des vielleux de Saint Dalmas avait redonné le sourire au monarque tracassé et abattu par le retour de l'Empereur. Là encore leur peine avait été largement récompensée de pièces d'or.

Aujourd'hui, dans l'Europe apaisée, nous poursuivions cette mission ancestrale de musiciens ambulants et d'amuseurs publics, nous égarant à Hanovre, Hambourg et même plus loin jusqu'au Danemark où nos petits spectacles faisaient merveille. De longs mois d'hiver dans les chemins boueux, la neige et le froid pour gagner notre pain. Je comprenais ceux du village qui avaient abandonné la route pour vendre bois et charbon à Lyon où l'un des nôtres s'était installé.

L 'hiver se passa sans histoire, sauf un incident sur le retour: Ninette en dépit du « bastounet », la baguette destinée à la faire sauter, refusait de faire ses tours. César avait beau essayer noix et noisettes, les friandises qui d'habitude la stimulaient, rien n'y faisait. Fatiguée, la pauvre bête s'endormit un soir pour ne plus se réveiller. La perte était irréparable pour notre petit groupe. César demanda l'aumône, nous l'aidions de notre mieux. Déjà, après la période joyeuse de Pâques, l'air s'adoucissait annonçant le dégel et le retour du printemps. Nous avions entamé la remontée des Alpes et bientôt nous serions chez nous après six mois d'errance. A Saint-Bonnet, nous avions retrouvé des parents et amis qui prenaient eux aussi le chemin de notre village, chacun échangeant ses impressions, donnant des nouvelles des uns et des autres. En effet certains relais connus de tous servaient de gîte d'étape, permettant aux informations de circuler d'un voyageur à l'autre, beaucoup mieux que par la poste. Au village l'hiver avait été particulièrement rude, et d'abondantes couches de neige couvraient encore toute la région, selon un marchand ambulant piémontais originaire de Coni. Malgré cela, nous décidâmes d'effectuer notre retour par l'itiné­raire suivi à l'aller. A Barcelonnette, Auguste Pons nous indiqua que le col était franchissable sur la neige gelée, d'après un paysan de Bayasse descendu la veille pour voir le notaire.

Le dégel obligeait à régler ce que l'hiver n'avait pas permis et en particulier les successions causées par la mort d'un proche. Souvent les chers disparus n'avaient pu être enterrés tant le sol était gelé ou recouvert d'une épaisse couche de neige. La vie reprenait ses droits, on descendait alors le cercueil placé sous le toit dans le « poli », cette aire intérieure où le mort se momifiait dans l'air sec et glacé de l'hiver.

Du hameau du Pra on transportait le cercueil jusqu'à Salnt-Étienne-de-Tinée, pour y effectuer un enterrement digne du défunt. Mais le passage de Mallemort, avec ses avalanches, obligeait à plusieurs pauses pour permettre aux porteurs d'atteindre leur but. Aussi, depuis quelques années on avait recours à la chaux vive pour détruire la dépouille des malheu­reux décédés en hiver.

Je remuais ces pensées dans ma tête pendant qu' Auguste et Marie précisaient la chronique des morts et des naissances qui s'étaient échelonnées durant notre absence. J'avais offert une croix en vermeil rehaussée d'une boule d'ambre à leur fille cadette Victorine pour les remercier de leur hospitalité fidèle et chaleureuse. Cet étrange bijoux venait de Copenhague où je l'avais acquis d'un marin ému par mes ritournelles... Venait-il de plus loin et de quel port de la Baltique ? Nous ne le saurions jamais, il m'avait dit en me le donnant: « Porte-bonheur, de la chance pour toi! »

Le lendemain, le ciel était clair et l'air tiède, Auguste nous demanda tout de même de rester, prétextant que le comportement des animaux ne lui disait rien de bon: « La tempête est en route et ils la sentent. » Le chien grattait, les moutons s'énervaient en bêlant à tue-tête, même le mulet d'habitude si paisible tirait sur sa chaîne en refusant sa nourriture. Deux heures plus tard, devant le ciel serein et le calme apparent de l'atmosphère, César et Sébastien m'invitèrent à partir. Si nous passions le col avant la nuit ce serait gagné, nous serions le soir chez nous au village, plus une minute à perdre, nous n'avions que trop tardé. Après avoir salué Pons et sa petite famille, nous rejoignîmes Enchastrayes, le col de Fours et Bayasse. En début d'après-midi nous remontions le vallon de la Moutière quand le ciel se boucha, cachant les sommets dans une ouate épaisse de nuages bas, bientôt la neige commença à tomber drue et lourde. Mes compagnons et moi-même avancions à tour de rôle en tête pour faire la trace. Le poids de nos bagages ne facilitait pas la marche. La crête du col s'estompait dans les tourbillons de neige et il fallait toute notre connaissance du passage pour l'atteindre sans encombre. Glissant dans la neige épaisse, aveuglés par les rafales, nous décidâmes de nous abriter sous un rocher. Mais la densité des flocons était telle qu'il nous fallut poursuivre pour éviter d'être bloqués par 1a couches de neige.

La descente du col s'avéra pénible, le mauvais temps venait du bas et nous fûmes assaillis par une véritable tourmente. Attachés l'un à l'autre par une corde pour ne pas se perdre, nous progressions en chantant pour nous donner du cœur. Par deux fois, César glissa dans la pente, perdant son sac qui roula enfin définitivement dans le vallon du Sagnas. Sébastien commençait à avoir l'onglée. Aveuglé, je suivais la pente, buttant dans des monticules de neige. La clarté du jour s'amenuisait très vite. Mon espoir: atteindre la première grange de Sestrières où nous pourrions nous abriter. Elle apparut enfin dans le lointain avec ses rondins de bois imbriqués, aux trois quarts couverte par l'épaisseur du manteau blanc. Il fallut creuser pour dégager une ouverture et pouvoir pénétrer dans ce refuge providentiel. César, les pieds gelés ne pouvait plus avancer. Sébastien entreprit de le frictionner avec de l'eau-de-vie.

La situation devenait critique. A deux nous ne pouvions transporter César.

Sébastien resterait près de lui pendant que j'irai chercher du secours au village.

Je partis dans la tourmente qui semblait ne pas devoir se calmer. Bientôt les premiers arbres de la forêt commencèrent à me protéger des violences du vent. J'avançais comme un somnambule dans l'épais­seur du bois, cherchant le passage qui me permettrait d'éviter les rochers du vallon. Mes forces déclinaient, je fus gagné par une douce torpeur qui m'incita soudain à m'arrêter. Je m'assis contre le tronc d'un sapin, je fermai les paupières, voyant défiler les images de paysages ensoleillés où apparaissait Félicie les cheveux dénoués dans une prairie fleurie... J'ouvris les yeux, on m'observait.

Un regard gris métallique, celui d'un loup attentif, était posé sur moi, le museau pointé flairant déjà la proie possible. Honteux de ma défaillance, je me redressai et me mis à crier, la bête surprise recula. Sortant alors ma vielle je me mis à jouer frénétiquement. L 'animal peu sensible à la musique baissa les oreilles et fit demi-tour. Fort de l'effet produit, je continuai de tourner la manivelle avec acharnement en dépit de mes doigts gourds. Ces airs me donnèrent du cœur et de l'espoir, je repris avec courage le chemin du village. Quand j'arrivai enfin à Saint Dalmas, titubant de fatigue, tout le monde comprit très vite la nature du drame que j'avais vécu. Mais la nuit et le mauvais temps rendaient impossible la remontée des hommes vers Sestrières dans la neige fraîche et profonde.

Au matin le ciel bleu et le soleil revenus, la colonne quitta le pays refusant mon concours. Soignant mes doigts gelés, j'attendis donc avec impatience le retour de mes amis au coin du feu, en évoquant auprès des femmes et des vieux, ce qu'avaient été nos mois de voyage. Dans la soirée, Hippolyte le fils de César qui guettait au bout du village, pénétra en trombe annon­çant : « Ils reviennent, ils reviennent! » En effet ils revenaient portant sur leurs épaules deux brancards faits de branchages sur lesquels reposaient les corps de mes compagnons de voyage, morts de froid là-haut dans la tourmente, à deux heures de marche du village, avant d’être à moitié dévorés par les loups.

Le bel été qui suivit fut bien morne, je portais en moi le deuil de ces fidèles amis, me reprochant à jamais de les avoir quittés. A la Saint-Michel, je décidai de m'employer à Lyon, comme livreur de bois et charbon chez un parent éloigné, refusant pour toujours la perspective d'un nouveau voyage vers le Septentrion. L'année suivante j'épousai Félicie dans l'église de Saint Dalmas... La cérémonie fut célébrée avec l'aubade de 17 vielleux. Nous eûmes deux garçons: César et Sébastien.

Une fois passant par Barcelonnette j'appris que Victorine Pons s'était placée à Nice chez une princesse russe. A la mort de sa maîtresse elle hérita d'une vaste propriété sur la Côte. La petite croix ambrée avait attiré l’œil de la vieille dame. En effet elle portait un bijoux similaire, création originale d'un orfèvre juif de Saint-Pétersbourg.

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09:00 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

27/11/2006

LES TRESORS DES TEMPLIERS DANS LES ALPES MARITIMES

LES TRESORS DES TEMPLIERS

Qui n’a pas rêvé de chasse au trésor, de ces trésors cachés, oubliés au carrefour du passé ?

La tradition populaire en relie à chaque période troublée de l’histoire des civilisations, de sorte que certains, comme celui des Templiers, hantent indéfiniment l’imaginaire collectif.

Le trésor des Templiers est recherché un peu partout en France, selon Didier Audinot, auteur du célèbre « Dictionnaire des Trésors » qui s’est fait une spécialité dans ce type de recherche, il serait encore caché en Champagne.

En effet, la persécution de l’Ordre dans sa soudaineté, n’aurait pas permis aux commanderies de faire remonter leurs valeurs jusqu’à la Maison Mère de Paris, comme le leur ordonnaient les Grands-Maîtres.

Certaines de ces richesses seraient peut-être encore enterrées quelque part, aux alentours des principales places templières, à moins qu’elles aient été depuis discrètement découvertes, n’oublions pas que la chasse au trésor des Templiers a commencé dès 1307.

Il n’est donc plus question d’un unique trésor, mais de plusieurs magots, disséminés sur l’ensemble du territoire national, Provence comprise.

Nous verrons que dans les Alpes Maritimes, les histoires de trésors templiers les plus passionnantes ont pour cadre les ruines de la commanderie de Vence, les souterrains de l’ancien château de Nice et les hauteurs sauvages de la vallée de l’Esteron.

Dans un ouvrage antérieur : « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », nous recensions les pistes les plus crédibles qui font de la Côte d’Azur, une région où les richesses ne sont pas qu’apparentes, mais souvent secrètes et enfouies dans son sol depuis des siècles.

Les prospecteurs actuels, très organisés, armés de détecteurs de métaux ultrasensibles, de photos satellites et de caméras à infrarouge, arpentent inlassablement forêts, châteaux, abbayes, fermes, caves, cimetières et ruines, à la recherche du moindre indice.

La chasse, au-delà de la mise en œuvre de ces moyens sophistiqués, s’élabore parfois au départ, sur des données totalement irrationnelles où l’Histoire se mêle à la légende.

Certaines traques naissent même de songes prémonitoires ou de contacts supposés avec l’au-delà (!) où quelques Templiers prévenants, visiteurs dévoués, se proposent pour orienter la recherche, en délivrant des messages sibyllins.

Nombreuses sont les rencontres extraordinaires de ce type, mêlant les fantasmes hallucinés d’une quête hasardeuse où le chercheur reste évidemment sur sa faim.

Si les Templiers troublent par leur réputation d’hommes secrets, leurs trésors cachés contribuent à épaissir encore davantage la part de mystère qui les entoure.

Le Temple s’est vu prêter une tradition occulte et des ressorts ésotériques, particulièrement évoqués par les historiens du XIX ème siècle, dans l’atmosphère du Romantisme et plus près de nous dans les années soixante dix, avec le courant du Réalisme Fantastique.

Aujourd’hui, beaucoup plus concret, L. Dailliez affirme à ce sujet : « Il n’y a aucun mystère qui reste entier ou à moitié ou au tiers. Les mystères des Templiers existent mais ils ne sont pas ceux qu’on a voulu nous mettre sous les dents, car ceux-ci ne tiennent pas debout et s’écroulent au moindre coup de vent et toutes les théories s’effondrent les unes à la suite des autres. Les Templiers ne cachèrent jamais leurs secrets…On a voulu compliquer les Templiers par de pseudo-règles, des hiérarchies secrètes qui n’ont jamais existé nous en avons les preuves flagrantes ».

Régine Pernoud dénonce également «l’hermétisme » et «l’ésotérisme de pacotille » dans lesquels on a voulu enfermer les Templiers, ajoutant que leur «trésor » à découvrir, reste tout simplement, celui d’une exploration archéologique méthodique de leurs anciennes commanderies et des vestiges qui en subsistent.

Quant au culte secret du Baphomet, sorte d’idole adorée par les frères, les historiens ne voient dans cette appellation que la simple déformation du nom de Mahomet. Son assimilation à une sorte d’Antéchrist ferait parti du folklore du temps.

Enfin les discrétions relatives à la règle et aux réunions du chapitre n’auraient rien de mystérieux, cette démarche étant commune à tous les ordres religieux. Elle éviterait de plus, la violence qu’aurait pu faire naître, chez des hommes d’armes, la révélation de fautes dévoilées au chapitre.

Ces «mystères » écartés, la possibilité pour les Alpes Maritimes de tenir dissimulés un ou plusieurs trésors templiers sur leur territoire, reste fort possible et n’aurait rien d’extravagant.

Le contexte historique est déjà favorable à cette hypothèse, compte tenu du décalage de trois mois, séparant la rafle opérée dans le Royaume de France, de celle effectuée en Provence.

Le comté de Provence a pu servir de base arrière, de terre d’asile, voir d’abri pour accueillir ou soustraire pour un temps, les valeurs menacées par la convoitise respective des deux souverains.

C’est vers l’extrémité orientale des terres provençales, dans les Alpes Maritimes, avec ses ports et au voisinage des principautés autonomes d’Italie que pouvait s’organiser au mieux, une entreprise de dissimulation des biens les plus précieux.

De plus, si le coup de filet lancé par Philippe le Bel avait bénéficié d’un effet de surprise certain, celui opéré trois mois plus tard en Provence, laissera à l’Ordre le temps de se reprendre, en préparant un prudent repli stratégique, évitant l’arrestation massive des frères, comme la saisie de leurs valeurs
Averti, comme nous l’avons vu, le Temple avait pu organiser la fuite de ses membres et le recel de ses richesses.

Pour retrouver les cachettes probables, plusieurs pistes sont possibles, certaines fondées sur d’authentiques possessions détenues par l’Ordre restent les plus valables.

D’autres, plus aléatoires, trouveront tout de même leur place ici, pour la merveilleuse légende qui les a portées jusqu’à nous.

La commanderie de Vence, installée à la Bastide-Saint-Laurent, en situation dominante, au sommet et au bord des falaises du Baou des Blancs, surplombant la « Cité des Arts », a toujours bénéficié d’une position défensive idéale.

Sous les murs aujourd’hui écroulés, de ce qui fut l’une des cinq commanderies majeures des Alpes Maritimes, serait caché le fameux trésor du Temple. L’hypothèse prit forme, lorsque, après la seconde guerre mondiale, le chancelier allemand, Konrad Adenauer, vint régulièrement séjourner au tout proche château Saint-Martin. Erudit et grand amateur de l’histoire médiévale de l’Occident chrétien, ce haut personnage visita à plusieurs reprises les ruines de la citadelle templière du sauvage Baou des Blancs.

Possédait-il des indices sérieux pour orienter ses recherches vers ce nid d’aigle ? Son obstination nous force à l’admettre.

A Nice où le Temple possédait une importante Maison située, selon certains actes, à l’ouest de la ville, avec des dépendances intra-muros, le magot réapparaît sous le titre « Le Trésor du Malonat », dans une relation d’Alexandre Lacoste, tirée de son ouvrage « Nice et Monaco à travers les âges ». Etayée par aucune donnée historique référencée, le romanesque récit évoque les amours coupables d’un Templier nommé Guillaume Guigonis (nous l’avons rencontré à Biot) avec la fille du bailli de Nice, Bertrade d’Arlac. Les deux tourtereaux se rejoignaient la nuit venue, en empruntant les souterrains du château paternel.

Prévenus de la prochaine arrestation des Templiers, grâce à la complicité de la belle, les frères de la commanderie niçoise auraient alors transporté le trésor, en secret, dans les sous-sols du château, en profitant de la confusion du Carnaval et d’une distribution charitable.

L’or et les bijoux amassés dans la Maison du Temple, cachés ainsi dans les souterrains de la forteresse, grâce à ce subterfuge, attendraient encore les chercheurs après la disparition tragique des deux amants.

Le sous-sol de la colline calcaire du Château de Nice, percé comme un véritable gruyère, avec des galeries souterraines multiples, n’a jamais été totalement exploré. Mais au-delà d’un site propice, comment à pu naître cette passionnante histoire, soutenue par quelques éléments crédibles ?

Il est fait notamment état d’une dalle gravée des mystérieuses initiales des protagonistes, datée de 1307 qui aurait été mise au jour en 1822, lors de l’aménagement de la colline du château (?).

Reconnaissons le talent du conteur qui s’adresse aux touristes visiteurs de la Côte d’Azur, pour leur offrir une fiction historique, habillement élaborée, chargée de tout l’attrait souhaitable.

Au-delà de ce qui peut être jugé comme une anecdote fantaisiste, il faut se rappeler qu’une légende est par définition un récit merveilleux et populaire, reposant sur un fondement historique.

Dans le cas présent, le fait que les Templiers aient pu être avertis de l’imminence de leur arrestation et qu’ils aient alors dissimulé leurs biens les plus précieux, est effectivement attesté par les recherches historiques : peu de frères arrêtés et saisie dérisoire de quelques objets usuels dans les Maisons de l’Ordre.

Une légende, tout aussi passionnante, hante encore la mémoire de la pittoresque et âpre vallée de l’Esteron. C’est vers les sources de cette rivière, dans un lieu reculé que les Templiers auraient prudemment caché le butin de quelques pillages effectués en Terre Sainte. Le magot rapporté d’Orient après la chute de Saint Jean d’Acre, enfoui dans une bastide accrochée aux pentes de la montagne du Teillon, dominant le village de Solheias, devait réapparaître curieusement au XV ème siècle, dans de bien troublantes circonstances.

Peu de temps après la disparition des Templiers, en 1388, une bande de mercenaires à la solde des Duras, venue pour investir le village aux mains des Angevins, ne fut repoussée que par l’incendie de la forêt du Teillon. La bastide du Temple disparut alors dans les flammes. Ce n’est que deux siècles plus tard, qu’un berger découvrit une pépite d’or charriée par l’Esteron. Il eut la candeur de l’apporter au seigneur du lieu. Ayant deviné sans mal son origine, le baron réduisit au silence son naïf serviteur, en lui tranchant la langue. Puis ingénieux, il fit placer un fin grillage en travers de l’étroit cours d’eau, sous le prétexte d’user de son droit de pêche.

Pendant les décennies qui suivirent, la famille du hobereau s’enrichit au gré des crues, puisant l’or dans les limons du ruisseau. Un malheureux éboulement ensevelit un jour la grille et le filon, mettant un terme à la précieuse dîme prélevée sur l’Esteron.

Historiquement, la commanderie du Ruou, une des plus importantes de Provence, possédait effectivement des biens recensés à Solheias. En plus de cette certitude historique, des combats violents opposèrent en 1388 dans la vallée de l’Esteron, les fractions rivales, se disputant la succession de la Reine Jeanne.

Signalons également que l’orpaillage dans la rivière de l’Esteron, est une pratique authentifiée par la géologie.

Enfin, en 1706, la présence au château voisin de Saint Auban, du célèbre « faiseur d’or » De Lisle, venu y procéder à des expériences concluantes, explique peut-être aussi cette anecdote ?

Au-delà de ces réalités tangibles, s’installe là encore, la part de la légende, tissant le thème de cette attrayante histoire, depuis des pistes où la recherche de l’or semble avoir toujours préoccupé cette haute vallée perdue des Alpes Maritimes.

Comme la tradition ne prête qu’aux riches, la chapelle de Vérimande, édifiée en 1130 par les Templiers, à proximité d’Annot, aurait possédé une cloche d’or qui carillonnait  agréablement pour appeler les frères à leurs dévotions.

La tour voisine, dite des Templiers, serait reliée à la chapelle par un souterrain qui recèlerait encore la précieuse cloche, ainsi que bien d’autres richesses ! Nous verrons qu’Annot accueillit une importante communauté templière sur le domaine de Vérimande, avec une Maison mère au Fugeret et des dépendances à Méailles, Braux et Saint Benoît.

Tout aussi fabuleux, mais sans fondement sérieux, signalons les cachettes templières souvent citées de Vallauris, La Gaude, Falicon, Utelle, Toudon, Saint Martin Vésubie et Saint Martin d’Entraunes.

Le territoire de Vallauris est cédé en 1038 par l’évêque d’Antibes, à l’Abbaye de Lérins qui y conservera ses droits jusqu’au XVIII ème siècle, excluant de ce fait toute présence de l’Ordre du Temple en ces lieux. Il est donc improbable que puisse s’y cacher un trésor templier.

A La Gaude, la chapelle Saint Pierre appartenait aux moines de Lérins dès le X ème siècle et le château voisin construit en 1280 par Pierre de Villeneuve (second fils du grand Romée de Villeneuve) n’avaient en dépit de certaines affirmations aucun lien particulier avec les Templiers.

Néanmoins, si l’Ordre possédait 10 services dans cette localité, il est douteux qu’il puisse y avoir dissimulé quelque magot.

Avec Falicon et sa grotte de la « Ratapignata » surmontée d’une pyramide, nous abordons le domaine des élucubrations ésotériques les plus fantaisistes. Nous avons fourni l’explication archéologique la plus convaincante dans « Histoires et Légendes du Pays d’Azur », sur l’usage de cette cavité à l’époque romaine, comme lieu du culte au dieu Mithra.

En faire ensuite un lieu secret de célébration templier, destiné à adorer le Baphomet et peut-être y abriter un trésor de l’Ordre, relève de la plus totale invraisemblance.

Un tunnel aurait permis jadis une liaison souterraine entre la bastide voisine, soi-disant occupée par les Templiers et la grotte, consacrée à un culte mystérieux, bien que la légende soit belle, aucune preuve historique n’atteste de la présence de l’Ordre du Temple dans ces lieux.

Utelle, plaque tournante du commerce médiéval, au carrefour des voies muletières de cette époque, avec ses anciennes maisons aux linteaux de pierre sculptés d’inscriptions et de gravures énigmatiques, ne pouvait manquer d’évoquer la mystérieuse présence des Templiers, associée à un trésor dissimulé sous ses vieux murs.

Hélas, aucun acte n’atteste du séjour des chevaliers à la croix pattée dans cette localité, à l’époque où ses hommes libres pouvaient porter le couteau à la ceinture.

Toudon, avec un seul service, prélevé par le Temple de Biot, recensé à la saisie de 1308, possède encore les vestiges de l’ancien château seigneurial. L’édifice était occupé au XIII ème siècle, (1232),  par Jean de Glandèves, assiégé et chassé en 1252, par son voisin Raibaud d’Ascros. Construite avec les pierres d’un ancien château seigneurial, l’église Saint Jean, dite templière (selon Urbain Bosio), de facture romane avec clocher pyramidal du XII ème siècle, a été en partie restaurée au XVII ème siècle.

La faible implantation du Temple dans ce village, écarte toute possibilité de receler un trésor.

A Saint Martin Vésubie, l’installation des Templiers à la Madone de Fenestre dès 1136, à la suite des bénédictins, est toujours discutée par les historiens, faute de document l’authentifiant sans ambiguïté.

Occupant l’hospice, devenu sanctuaire de la Madone à leur arrivée, à proximité du col passant le plus direct entre Nice et le Piémont, les Templiers y auraient été surpris, arrêtés et suppliciés en 1308.

Cet événement fatal sera prétexte à de nombreuses légendes, mettant en scène les spectres des malheureux frères persécutés dans leur chair, venant régulièrement hanter les abords du sanctuaire de la Madone.

Peut-on supposer trouver dans ce brouillard d’incertitudes, autre chose que des hallucinations et des superstitions, nées du sort funeste prêté aux Templiers arrêtés ?

Saint Martin d’Entraunes, au bout de la vallée du Var, ne connut aucune présence templière attestée, seule son église, véritable forteresse du XIII ème siècle, à l’architecture dépouillée, avec un portail latéral gothique, surmonté d’un emblème ressemblant à celui des Templiers : croissant, soleil, glaive cruciforme, a pu troubler les convictions de plus d’un historien. Fort de l’hypothèse de la construction de l’édifice par l’Ordre du Temple qui y aurait caché un trésor, des fouilles seront entreprises en 1921. Les recherches aboutirent à la découverte d’une niche funéraire dissimulée dans le mur nord.

Si les Templiers font rêver les chercheurs de trésor, les Alpes Maritimes leur offrent des pistes diverses, souvent hasardeuses, puisque nées de fabuleuses histoires que seule la certitude historique pourrait étayer.

En attendant la découverte de documents inédits, sources d’une démarche de recherche archéologique rationnellement fondée, seule l’intuition peut conduire à vérifier ces légendes, transportées jusqu’à nous depuis la nuit des temps.

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09:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : HISTOIRE

24/11/2006

FAUT-IL SE MEFIER DES CHATS NOIRS ?

PLAIDOYER EN FAVEUR DU CHAT NOIR 

Peu enclin à m’intéresser aux chats, je vis un matin d’hiver s’installer sur le bord de la fenêtre de mon bureau, une chatte noire efflanquée miaulant désespérément derrière la vitre et me fixant avec insistance de ses yeux d’or. J’étais encore sous le coup douloureux de la perte de ma mère, emportée trois jours plus tôt par la maladie.

Après avoir restauré l’animal affamé, je m’enquis de savoir s’il n’appartenait pas à quelque voisin négligent. Non, Minette était abandonnée et sans famille. Couchant d’abord sous le porche d’entrée, elle fut visitée par un vétérinaire qui le trouva pleine ! Débarrassée de son fardeau et stérilisée, elle devint notre chatte nous apportant reconnaissance, tendresse et réconfort. Bonne chasseuse, triomphante et maternelle, elle ne manquait pas de nous offrir ses prises, déposées sur le paillasson de l’entrée.

Notre vie commune dura quatre ans et demi, jusqu’au jour fatal où, traversant la route, elle passa sous une auto. Ce jour là, nous étions absents et cette fin tragique nous culpabilisa doublement. Le chagrin qui s’ensuivit confirma notre résolution de ne plus avoir de chat.

Quatre mois plus tard, de nouveaux gardiens vinrent s’installer à la villa, ils arrivèrent avec une chatte noire aux étranges yeux d’or qu’ils venaient de recueillir, prénommée Minette !

Minette II, persane de sept kilos, moins fine que sa précédente, tout aussi chasseuse, annexa très vite le jardin, partageant au début son existence entre deux foyers. Sentit-elle notre désarroi face à cette réincarnation ? Toujours est-il qu’elle choisit ensuite de vivre chez nous, imposant son rythme de vie ponctué de pâtées, de petits miaulements significatifs, de caresses et de siestes du fauteuil au lit !

Le règne de la princesse se poursuit sans partage, vous la rencontrerez peut-être, assise sur la rebord de la fenêtre du bureau, guettant de longues heures durant le trafic de la rue à travers le portail. Lorsqu’elle réclame son câlin, elle grimpe sur les pages manuscrites ou les journaux et s’y étale, sans vergogne, en ronronnant.

Nos deux Minettes entièrement noires, sans la moindre tâche blanche (ce « doigt de Dieu » qui leur évitait jadis d’être tuées comme réincarnation du Diable), n’ont pas manqué de nous troubler. Aussi, j’ai eu la curiosité de rechercher ce que rapportaient la tradition et l’Histoire au sujet de ces êtres si proches de l’homme, mais pas toujours aimés pour ne pas dire plus. Le symbolisme du chat, variable selon les pays, prouve que cet animal n’a jamais laissé l’homme insensible.

Alors qu’en Chine le chat est considéré comme dans le Bouddhisme, le chat énigmatique associé au serpent, indique le péché et l’abus des biens de ce monde. Par contre, l’Egypte ancienne l’a vénéré comme une Déesse protectrice de l’homme : Bastet, symbolisant la force et l’agilité du félin.

S’il reste entouré de méfiance dans la tradition celtique, il est plutôt jugé favorable chez les musulmans et doué de « baraka », plus particulièrement le chat noir doté de qualités magiques. Il possède sept vies !

Le chat noir (toujours lui) peut aussi être considéré comme un « ginn » (génie) malfaisant, qu’il faut respecter et saluer quand il pénètre la nuit dans une chambre. En Perse, si on tourmente ce même chat noir, on risque d’avoir à faire sous cette apparence à son propre « hemzâd » (ange gardien) et de se nuire ainsi à soi-même.

Plus près de nous, en Provence, après sa mort, le sorcier se réincarne le plus souvent en chat noir, ce dernier (le chat sorcier ou Matagot) est alors nanti des pouvoirs du défunt. De plus, ces animaux au pelage sombre enrichissent ceux qui les possèdent, aussi leur maître leur doit-il la première bouchée de tout ce qu’il mange (selon J.L. Demenge : « Sorcellerie en Provence orientale »).

Annie Sidro donne une place importante au chat noir dans son « Univers fantastique et diabolique dans le Carnaval de Nice », expliquant que le chat noir venu des ténèbres est un bouc émissaire à sacrifier pour fêter le retour de la lumière printanière. Représentant le Diable, comme la « Ratapignata » (chauve-souris), mais plus faciles à atteindre, les malheureux félins furent massacrés des siècles durant à l’occasion de ces réjouissances païennes.

Si ces mœurs barbares se prolongent au Brésil, ce sort funeste marque chez nous la mémoire du sinistre « mercredi des cendres » (suivant le Mardi Gras). Rôti vivant au bout d’une perche, de l’Isère aux Ardennes, ou mis en croix et écrasé à coups de tête dans la Venise de la Renaissance (jeu du chat), le chat a vécu un long martyre, né de l’hystérie collective des hommes.

Sa peau, recherchée pour la confection de divers tambours sortis pour ces fêtes, aggrave encore cette chasse odieuse. Pourquoi une telle folie meurtrière pour un animal doux et paisible, si attaché à l’homme ?

La sagesse populaire se rachète en promettant sept ans de malheur à qui tue un chat, bien modeste revanche du destin pour une innocente victime.

Si un jour, par hasard, vous rencontrez un chat noir au bord de votre chemin, souvenez-vous de la longue série de misères subies par ses congénères tout au long du passé. Parlez-lui gentiment et tendez-lui une main caressante, il serait bien étonnant qu’il ne vous pardonne pas. A moins qu’un matin, plus entreprenant, il vienne vous rendre visite pour vous adopter.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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