03/11/2006
LA PRESENCE DE SAINT ARNOUX DANS LA VALLEE DU LOUP
L’HORRIBLE MEPRISE DE SAINT-ARNOUX
Homme ordinaire à tous égards, ne s’étant jusque-là jamais fait remarquer par aucun acte saillant dans son existence, Arnoux, marié, résidait près de Tourrettes-les-Vence à proximité de son père et de sa mère qu’il chérissait et qui le lui rendaient bien.
Un jour, devant se rendre à la foire de Grasse, il quitte sa femme en la prévenant qu’il ne reviendrait que trois jours plus tard. Mais en cours de route, il réalise avoir oublié sa bourse de sorte qu’il rebrousse chemin.
Parvenu chez lui dans la nuit, il se propose de surprendre agréablement sa femme en pénétrant discrètement dans la chambre à coucher. Mais surprise ! Au moment de se glisser dans le lit conjugal, il s’aperçoit de la présence incongrue de deux têtes sur l’oreiller. Profitant de son absence, un homme et une femme sont étendus là sans vergogne. Fou de rage, aveuglé par la colère, Arnoux tire le couteau de sa ceinture et le plonge dans le coeur de celui qu’il croit être son rival, en compagnie de sa femme infidèle.
Les deux victimes ont tout juste rendu le dernier soupir qu’il réalise avec terreur avoir tué son père et sa mère. En effet, peu de temps après son départ, ses parents arrivaient chez lui avec l’intention d’y passer un court séjour. Sa jeune femme, pleine de déférence et d’affection pour ses beaux-parents les avait accueillis de son mieux. Après leur avoir servi un bon souper et pour qu’ils puissent être plus à l’aise, elle leur offrit sa chambre, allant elle-même coucher au grenier.
Arnoux, fou de douleur après cette horrible méprise, sortit de la chambre et quitta la maison pour partir droit devant lui. Il erra dans la nature songeant à quelque précipice où plonger pour se donner la mort. Mais, homme pieux, il ne voulut pas ajouter un nouveau crime à ceux qu’il avait commis, aussi évita-t-il la tentation offerte par les gouffres qu’il rencontra.
Parvenu dans les sauvages gorges du Loup, il s’installa dans la grotte qui porte encore son nom. Il passa là le restant de ses jours comme un ermite, en faisant pénitence, ne subsistant que grâce à des végétaux et à quelques racines, couchant sur la roche dure. La recherche du pardon dura si longtemps dans cette austère retraite que son crâne laissa son empreinte sur la roche qui lui servait d’oreiller.
Le repentir exemplaire du malheureux Arnoux, ajouté à la pureté admirable de son existence, le distinguèrent pour être sanctifié après sa mort.
La source fraîche, issue de la grotte où il s’était retiré, reçut alors le don de guérir nombre de maladies rebelles et plus particulièrement celles affectant la peau.
Sur la route de Vence à Grasse, après Tourrettes sur Loup, il faut bifurquer pour remonter la vallée du Loup et s’engager dans les gorges. Au début de cette route pittoresque, sur la gauche un étroit chemin descend vers la rivière pour atteindre un lieu chargé de légendes : l’ermitage de Saint Arnoux.
Une petite chapelle du XVIIIème siècle, située au bord de la rivière, rappelle la ferveur populaire qui attirait là les foules, en quête de miracles.
Les eaux qui circulent sous la modeste bâtisse, aujourd’hui restaurée, passent dans un réservoir où elles peuvent être recueillies par les pèlerins, pour obtenir des guérisons miraculeuses.Saint Arnoux, évêque de Metz, mort en 641 est sensé protéger contre les maladies de la gorge et de la peau. Les populations de la région venaient jadis en pèlerinage en Juillet et en Août, à la chapelle des gorges du Loup, où il fut ermite, selon la légende.
On découvrait sur place sa grotte, la source où il avait bu, le creux du rocher où il s’étendait. Les malades atteints d’affections de la peau, les estropiés se baignaient trois fois dans l’eau miraculeuse. Tous les pèlerins s’asseyaient dans la conque de pierre, buvaient trois fois dans le creux de la main à la source.
Saint Arnoux, maire du palais d’Austrasie, maria son fils à celle qui devint Sainte Begga, se dépouilla de tous ses biens et partit se faire moine à Lérins. La population de Metz l’ayant réclamé pour évêque, il s’enfuit dans les gorges du Loup.
Découvert, il dut se résigner à devenir évêque pendant quelques années. Il se retira enfin dans un ermitage près de Remiremont où il mourut.
La tradition locale confondrait Saint Arnoux avec Saint Julien l’Hospitalier, lequel était un homme de condition moyenne vivant sur ses terres avec sa femme. Revenu prématurément de voyage pendant la nuit, il poignarda par méprise son père et sa mère, couchés dans son lit. Sa femme leur avait abandonné la chambre nuptiale et la pénombre empêcha le malheureux Julien d’y reconnaître les siens alors qu’il croyait à l’infidélité de son épouse.
Fou de douleur, il s’enfuit et chemina longtemps avant de parvenir dans les gorges du Loup. C’est là qu’il passa le restant de ses jours dans le dénuement le plus total, se nourrissant de racines et de fruits sauvages, couchant sur la pierre froide à l’écart du monde.
Les mérites confondus sur la personne de Saint Arnoux, vénéré dans ces lieux, où l’abondance de l’eau en fait aussi un dispensateur éventuel de cette manne en période de sécheresse, contribuèrent des siècles durant à l’attrait de ce pèlerinage aujourd’hui oublié.
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