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07/05/2008

PÉONE, BERCEAU D'UN EMPEREUR ET DE DEUX REINES

Péone dresse ses maisons sur une colline à 1164m d’altitude, au confluent des torrents du Tuébi et de l’Aygue Blanche, à une centaine de kilomètres de Nice, sous la station de Valberg.

Bien que possédant un curieux nom de berger espagnol, sa toponymie dériverait de Pédona signifiant hauteur rocheuse. La tradition raconte que Raymond Bérenger V, Comte de Provence, originaire de Barcelone, aurait repeuplé Péone au XIIIème siècle avec des colons venus de Catalogne, d’où le nom de “ Catalans ” donné depuis aux Péonois.

Une autre version cite des ouvriers de passage dans ces lieux, après avoir été employés à la construction de Barcelonnette et qui fondèrent là, vers 1240, un village auquel ils donnèrent le nom de la ville natale de leur chef, Péona en Catalogne. L’occupation espagnole de 1743 à 1749 aurait conforté cette marque originelle. De plus, le port du béret basque, de la veste où une seule manche est enfilée propre aux gens de Péone, seraient typique des Catalans ! Pourtant l’historien local G. Barbier écarte cette origine d’outre-Pyrénées pour celle tout aussi exotique d’une colonie grecque en provenance de la lointaine Péonie, une province de la Thrace antique, venue là plusieurs siècles avant Jésus-Christ !

Plus sûrement née vers le Xème siècle, Péone ne sera cité pour la première fois qu’en 1315 avec 75 habitants. Selon P. Canestrier, au début du XIVème siècle, des Cathares chassés du Languedoc se fixèrent à Péone. Des querelles de voisinage avec les proches Guillaumois provoqueront une véritable guerre entre les deux communautés. Péone sera pris d’assaut, pillé et incendié avec une rage destructrice, le 5 Novembre 1391, comme en témoignent les archives communales. Durant la guerre de “ Trente ans ” (1618-1648), les milices locales du capitaine Boniface de Sauze, cernées par les Français, capitulèrent à Péone.

Carrefour de transhumance, au débouché du col de Crous faisant communiquer les vallées de la Tinèe et du Var, ses rivalités avec Guillaumes s’expliquent par l’importance de son rôle économique dans la société du Moyen Age. Péone possède un fort potentiel de pâturages sur le plateau du Quartier où s’installera plus tard Valberg, avec une superficie voisinant déjà les 5000 hectares au XVIIIème siècle.

Après ce saccage, Péone aura du mal à renaître. Pourtant, à la veille de la Révolution, on y recense : quatre maçons, six maréchaux-ferrants, sept cordonniers, un cabaretier, un boulanger, un boucher, deux maîtres d’école, deux notaires, un chirurgien, cinq prêtres.

Tournent : une fabrique de papier, une de draps, chaque famille tisse l’hiver et quatre foulons produisent feutre et drap. Bois, cuir et laine font vivre la petite communauté. On signale aussi un martinet à eau, chez l’un des maréchaux-ferrants, fournissant quelques gueuses extraites du minerais local.

En effet, au XIXème siècle avec l’industrie naissante, on s’activera autour de la mine de plomb argentifère de Saint Pierre (vallon de l’Aygue Blanche), avec des fortunes diverses de 1821 à 1906. Patrie des mulets de prix, Péone connut jadis une grande renommée pour ce type d’élevage.

Ici, comme dans d’autres villages isolés de fond de vallée (Allos, Entraunes, Saint Dalmas le Selvage), on fabrique dès le XVIIème siècle des violes rustiques. Ces “ sansougnas ” sont caractérisées par leurs formes épaisses. L’immigration offre la possibilité de s’occuper ailleurs durant les longs hivers, l’abandon définitif vient ensuite. Marseille est un pôle d’attraction invariable au cours des siècles. Au XIXème, les gens de Péone se transforment en laitiers à Marseille et à la Ciotat. Au début du XXème, une rue de la cité phocéenne sera investie par cinquante familles de Péone.

La réussite économique viendra plus tard en 1935-36 avec la création d’une des premières stations de sports d’hiver et estivale des Alpes-Maritimes : Valberg, à 1700 mètres d’altitude. Cette dernière dépassera très vite en constructions et en habitants le chef-lieu relégué au fond de la vallée. On recensait 820 habitants en 1838, 646 après le rattachement à la France et seulement 404 en 1954. Aujourd’hui Péone compte 530 habitants rivalisant encore avec Guillaumes !

Fin Août, pour la Saint Vincent - patron du village qui a détrôné le malheureux Saint Erige - on déguste “ l’agnocous ” (sorte de gnocchis à la niçoise). La semaine sainte, les cloches devenues silencieuses, on sortait des crécelles (les tarabas) pour les remplacer.

Péone se signale aussi comme le berceau de célébrités régnantes. La légende rapporte que l’empereur romain Pertinax serait né en 126 au hameau de St Pierre, où une petite colonie romaine vivait proche de la mine de plomb argentifère. Il finira égorgé en 193 après un règne éphémère de  87 jours ...

Mais l’originalité qui fait la renommée internationale et le plus beau titre de noblesse de ce petit village, vient justement de cette immigration marseillaise où s’illustra la famille Clary à l’origine de deux reines.

François Clary (1725-1794), riche négociant marseillais venu de Péone eut neuf enfants parmi lesquels : Marie-Julie (1771-1845), mariée le 1er Août 1794 à Joseph Bonaparte - souverain de Naples (1806-1808) et d’Espagne (1808-1813) - et sa sœur, plus connue, Eugénie Bernardine Désirée (1777-1860) qui épousa Bernadotte en 1798, lequel deviendra roi de Suède en 1818.

L’actuelle maison régnante de Suède est issue de cette union. Napoléon, jeune général en 1794, avait ébauché une idylle avec Désirée Clary, belle-sœur de Joseph, mais elle lui préférera Bernadotte. Le nom de la famille Clary ne s’est pas éteint. Il se perpétue encore de nos jours à Péone.

 

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé :

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08:56 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : histoire

30/04/2008

CAGNES, UN CHATEAU FEODAL DU XIVe SIECLE

Le castrum de Cagna ou Caïna existe dès le XIme siècle nanti d’un château cité en 1032, la seigneurie appartient alors aux Vicomtes de Nice.

Lors de la guerre de conquête entreprise par le Comte de Provence, le castrum cagnois est investi et confié à son capitaine et fidèle compagnon Romée de Villeneuve.

En 1300 le fief appartient à Robert d’Anjou, Comte de Provence qui le restitue aux Grimaldi de Monaco.

C’est ainsi qu’en 1309, Rainier, souverain de Monaco et amiral de France, y fait élever un château. On y accède alors par une voie souterraine.

La forteresse médiévale subit de graves dégâts lors des invasions de la Provence en 1524 et 1536.

Jean Henri Grimaldi transforme en 1620 l’austère château en demeure seigneuriale. De grandes fenêtres sont ouvertes, un jardin extérieur, sorte de patio, est aménagé, un vaste escalier de marbre grimpe vers une salle des fêtes, alors qu’une large porte perce la façade donnant sur la place intérieure.

Devenu en 1635 Maréchal de camp des armées du Roi, le lieutenant général Jean Henri, sacré Baron de Cagnes, organise de nombreuses réceptions dans son élégante demeure. A sa mort en 1651, son fils Honoré sera fait Marquis de Cagnes.

Le 11 juin 1707, la flotte hollandaise débarque 1200 hommes à Cros de Cagnes, le bourg résiste cinq jours avant d’être pillé et le château saccagé par les Austro-sardes.

Le 5 avril 1710, sur l’ordre de Sa Majesté le Roi Louis XIV, le Comte d’Artagnan arrête dans le château de Cagnes le Marquis de Grimaldi, pour la fabrication et le trafic de fausse monnaie.

Une perquisition permet de découvrir un atelier installé dans les caves !…

Le dernier seigneur, Sauveur Grimaldi, se rendit célèbre par un procès où il réclama, sans résultat, la couronne des Princes de Monaco.

Emigré à Gênes à la Révolution, son château fut pillé en 1790, les marbres descellés et emportés, les boiseries utilisées comme bois de chauffage.

Vendu à plusieurs reprises le château est acquis en 1937 par la ville de Cagnes. Il abrite aujourd’hui un musée et un centre de manifestations culturelles.

 D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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10:31 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire

23/04/2008

VENCE, LA SOURCE DES LOUPS

Au pied des Baous, ces rochers dont les sommets s’irisent au point du jour des couleurs les plus tendres, sous la verdure, coule la jolie source du Riou.

A une époque fort lointaine où les nymphes des bois se baignaient nues dans les eaux limpides de la source, les dieux d’alors jaloux de leur beauté, et pour en défendre l’accès aux mortels, coupèrent les rochers à-pic.

Lorsque plus tard, de séduisants chevaliers vinrent au bord de l’onde, attirés par l’aimable spectacle de ces désirables naïades  aux croupes rebondies, les nymphes, pudiques disparurent les plongeant dans le plus grand désarroi.

Fâchés par l’intrusion de ces humains indiscrets, les dieux les changèrent en loups, les condamnant à errer dans les forêts alentour pour y trouver leur pitance.

La source du Riou leur étant désormais interdite, ils durent s’abreuver à celle de la Foux, devenue la Loubiane, que les dieux compatissants firent jaillir à leur intention.

Depuis ce jour, elle coule fraîche et pure vers Vence, mais sans jamais égaler celle mythique et plus abondante du Riou.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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09:39 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire