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16/07/2008

UTELLE: LA RONDE INFERNALE !

Arthur Garnier, parti la veille de Nice avec ses quatre mulets chargés de victuailles avait rejoint le soir Utelle, par Levens, après dix heures de marche soutenue.

Animé de la même ardeur, il avait quitté Utelle au petit matin, avec comme future étape Saint Sauveur qu’il atteindrait le soir, au terme de dix nouvelles heures de marche.

Les mulets transportaient sur leurs bâts quelques sacs de sels, du poisson séché et d’autres marchandises recherchées dans la montagne comme du sucre et du café.

En ce 25 septembre 1857, le temps clair encourageait Arthur, bien que seul sur son chemin. En effet, à l’auberge relais de la Croix Blanche il n’avait rencontré aucun compagnon de route possible et cela, bien que la proximité des foires de la Saint Michel soit prétexte à attirer les  marchands vers le Haut-Pays.

Dans la montée du col, placé en serre file avec une baguette de genêt, l’homme stimulait les bêtes du geste et de la voix. Les mulets cédaient parfois à la tentation de brouter au passage une touffe de thym, plaisir refusé par leur maître peu enclin à musarder. N’avaient-t-ils pas eu leur lot de picotin à la Croix Blanche où le valet d’écurie s’acquittait toujours avec zèle du soin des bêtes.

Après avoir très vite franchi le col d’Utelle, le chemin plongeait sur le versant sauvage du vallon des Carbonnières plus de cinq cent mètres plus bas, pour aboutir à la chapelle Sainte Elisabeth, avant de grimper à nouveau jusqu’à la Tour.

Placé dans l’ombre froide de l’ubac, sous de sinistres barres de roches grises, ce quartier conservait une mauvaise réputation, après avoir été dans un passé récent le théâtre de fréquentes attaques de Barbets, détrousseurs de voyageurs.

De plus, la proximité des bois où s’abritaient les loups favorisait de toutes aussi dangereuses rencontres.

 allait sans dire que les marcheurs empruntant ce parcours accéléraient le pas, pour  s'écarter d’une menace évidente, entretenue et amplifiée par les témoignages des victimes d’attaques répétées.

Arthur, habitué de cette course, faisait confiance à Sainte Elisabeth, patronne du lieu, pour le protéger lui et son équipage, il ne manquait jamais de la remercier, plus bas, à la chapelle qui lui était dédiée.

parvenu à peu de distance du hameau abandonné des Carbonnières, Arthur dût insister de la voix et du geste pour faire avancer ses bêtes. Pressentant quelque chose d’anormal, le muletier, mis en éveil, observa attentivement les alentours.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir apparaître sortant du bois, sur la rive opposée du vallon, une horde de loups bondissant à toute hâte, pour venir à sa rencontre avec l’évident désir de l’attaquer lui et sa cavalerie !

Arthur réagit avec célérité pour forcer ses bêtes à reprendre la descente, afin de rejoindre au plus vite les proches granges du hameau de Carbonnières. Après une cavalcade éperdue, les mulets effrayés furent promptement poussées dans une étable. L’homme eut tout juste le temps de barricader la porte, que déjà la meute hurlante cernait les abords.

son équipage étant à l’abri, Arthur grimpa à l’étage supérieur pour mieux évaluer la menace et observer ses assaillants. Dissimulé derrière le volet de la fenêtre, il put observer une dizaine de loups de tailles différentes, conduits par un grand mâle.

Un rien désappointé, le groupe renifla la trace des mulets, puis conscients de leur présence dans l’étable gratta à la porte en hurlant pour tenter d’y pénétrer. Effrayées, les bêtes de somme hennissaient en sautant pour se dégager de la longe qui les immobilisait. Leurs cris de terreur excitaient davantage les loups, lesquels, impuissants et fous de colère, entreprirent alors de tourner à la queue leu leu autour de la bâtisse, pour rechercher à tout prix un accès.

Le rythme effréné de leur ronde infernale s’accentua très vite, souligné par de féroces aboiements de colère. Le carrousel échevelé entraînait l’ensemble de la meute, avec pour certains quelques hésitations dues à des marques indéniables de faiblesse.

Les retardataires, à bout de force, tentaient de s’écarter de l’hallucinante sarabande, mais bousculés piétinés et mordus ils furent bientôt assaillis par leurs semblables, avant d’être dévorés faute de mieux.

Arthur assistait médusé au carnage,  mesurant le péril auquel il venait d’échapper.

La rage meurtrière qui animait les plus vigoureux paraissait ne plus devoir s’apaiser.

Ni les plaintes, ni les signes de soumission ne semblaient trouver grâce auprès des agresseurs. Poussés par la faim, attisés par la vue et l’odeur du sang, les plus forts égorgeaient les plus faibles. Cette horrible tuerie ponctuée de grognements se poursuivit des heures durant jusqu’à ce que rassasiés les fauves décident de quitter les lieux, en abandonnant les restes de leurs malheureux congénères.

La nuit était fort avancée et seule la lune éclairait de sa lumière blafarde le théâtre de cette abominable tragédie lorsque s’acheva enfin le massacre.

Prudent, Arthur préféra attendre le lever du jour pour reprendre le chemin de La Tour en compagnie de ses mulets. Passant devant la chapelle Sainte Elisabeth, il s’arrêta longuement pour prier et remercier avec une ferveur inaccoutumée, celle à qui il lui paraissait devoir son salut.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

10:36 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

13/07/2008

FETE DES GUEYEURS DU 9-08-2008 A SAINT LAURENT DU VAR

L’idée d’une fête des gueyeurs à Saint Laurent du Var a le mérite d’être ancrée dans une tradition historique remontant à l’origine de la cité, bâtie au bord du Var pour en assurer la traversée.

Tout débute voici près de mille ans lorsque en 1005 l’abbé de Saint Véran reçoit une habitation dans un hameau dénommé Varum, sur la rive droite du fleuve, où Saint Laurent s installe par la suite. A cette époque un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins.

La création d’un hospice confié à des religieux va poursuivre cette coutume pendant les siècles suivants jusqu’au XVè siècle. « La barque de l’hospice » assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.

Lorsque Saint Laurent est repeuplé en 1468 par son seigneur l’évêque de Vence, Raphaël Monso, désireux de garantir la sécurité du gué, obligation est faite aux nouveaux venus, de tenir une barque sur le Var pour en assurer le passage. Ces premiers gueyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et  maintenir leur activité jusqu’au XIXè siècle.

Les gueyeurs disparaîtrons lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière définitive en 1864.

Les gueyeurs ont donc marqué le passé laurentin durant plus de huit siècles.

De nos jours leur souvenir se perpétue dans le Vieux Village par une modeste rue portant leur nom, elle relie la place de la Fontaine à la rue des Remparts.

Récemment, en 2000, un rond point au carrefour des rues du 11 novembre, du Point du Jour et de l’Ancien Pont s’est vu paré d’une sculpture représentant une voyageuse à califourchon sur le dos de l’un de ces porte-faix, acteurs glorieux de l’Histoire de la cité.

Aujourd’hui, la fête des gueyeurs commémore dans la joie la mémoire de ces robustes gueyeurs qui durant des siècles portèrent sur leurs solides épaules les riches heures de Saint Laurent du Var.

Edmond ROSSI

SAMEDI 9 AOUT 08

PLACE DE L’EGLISE

De 7 h 00 à 13 h 00 : Marché de produits locaux, légumes, fleurs, fruits, etc.

11h : Visite guidée du Vieux Village avec Louis Pellegrin

A midi : Apéritif d’honneur suivi de grillades, socca, boissons

14h 45 : « Avec les Gueyeurs » débat animé par l’historien Edmond ROSSI, qui signera ses livres

De 15 h 00 à 16 h 30 : Course et Jeux du gueyeur, pour petits et grands

16h  30 : Démonstration de Pilou, par les champions du Monde

A 17 h 00 : Remise des récompenses

18 h 00 : Procession du St Laurent avec la participation des gueyeurs

18 h 30 : Messe au parc Layet avec la participation des gueyeurs

19 h 45 : Dépôt de gerbes au monument aux morts, cérémonie suivie d’un apéritif d’honneur offert par la Municipalité

20 h 00 ; Bal populaire avec NOSTALGIA : grillades, socca, boissons.

 

19:20 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

09/07/2008

ROURE, BALCON DE LA TINEE: DES FOUS, AU CURÉ DEVERGONDÉ ...

Roure, situé dans une sorte d’amphithéâtre perché, s’étale au-dessus d’un à pic dominant la vallée de la Vionène. Exposé plein Sud, il offre une vue panoramique sur la vallée de la Tinée. Roure est surnommé le « balcon de la Tinée ».

Le matin, tout le val de la Tinée est couvert de nuages ressemblant à une mer. Le plus hardi des Rourois de l’époque, croyant que c’était de l’eau fit le pari de se rendre à Marseille. Il décida de plonger, en indiquant que si tout allait bien, il sifflerait afin qu’ils en fassent autant. Malheureusement dérangé, un merle siffla et tous suivirent !

Sur le plateau dominant le village a été construite au XVème siècle, après les épidémies de peste, la chapelle Saint Sébastien et Saint Bernard. Classée monument historique, elle renferme des fresques murales réalisées en 1510 par André de Cella. Il s’agit de six panneaux consacrés à Saint Bernard de Menthon et six à Saint Sébastien. Sur le mur du fond, le Christ sort d’un tombeau en forme de sarcophage. Au-dessous, dans une niche peinte en trompe l’œil, Saint Bernard tient le Diable enchaîné à ses pieds. A gauche, Saint Sébastien est percé de flèches. La fresque dite « des Vices » est unique par son réalisme.

En 1427, le péché de chair fut commis à Roure entre Delphine, femme de Jean Bovis et l’abbé Pierre Blanqui. La communauté, scandalisée par cet acte, demandera 83 ans plus tard à Andréa de Cella, de représenter le châtiment réservé à ceux qui ont fauté par la chair. Cette fresque, où des diablotins noirs chevauchent la malheureuse coupable dénudée, se veut présenter un rôle moralisateur dans ce village comptant alors 480 habitants.

Ce témoignage atteste par delà les siècles de la passion éternelle des hommes et de la pérennité des dangers qu’ils encourent.

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

11:02 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire