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28/11/2010

LES ÉPIDÉMIES DANS LES ALPES MARITIMES

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De temps immémoriaux, des maladies diverses se sont répandues pour frapper régulièrement les populations de l’Europe. Les habitants des Alpes-Maritimes ne furent pas épargnés, payant un lourd tribu à la plus redoutée - la peste - avant de subir plus tard le choléra.

Ce fléau semait l’épouvante, foudroyant périodiquement les gens après des phases de rémission d’une durée variable. L’entassement des agglomérations, l’absence d’hygiène, la misère et la disette qui s’en suivait offraient un terrain propice au développement d’épidémies graves, désignées confusément sous le nom de peste.

542-43  La première peste qui toucha la région est dite de Justinien (en référence au règne de cet empereur byzantin). Elle sévit en 542-543. Cette peste bubonique décrite par Procope frappa l’ensemble du bassin méditerranéen. Ce fut la première pandémie pesteuse sûre. Elle aurait emporté la population du premier village de Gréolières.

1327     La deuxième pandémie se situe au Moyen Age, elle débute en 1327 ; elle emporte la population du Vieux-Castel à Ilonse ainsi que celle du premier village d’Aspremont et d’une partie du bourg de Tende.

1346-53        L’épidémie se poursuit ensuite de 1346 à 1353. Venue de l’Inde par la Méditerranée, elle s’étend à l’Europe entière, anéantissant presque la moitié de la population. Ses ravages vont se prolonger pendant trois siècles. En 1348, Froissard écrira qu’elle détruisit “ la tierce partie du monde ”.

1347        Durante signale : “ Des juifs venus de Marseille la portèrent à Nice au commencement du mois de Juillet de 1347. La mortalité y fut extrême jusqu’à la fin de l’automne ... Dès que la peste eut ralenti sa violence, un aveugle préjugé attribua aux juifs d’avoir provoqué ce fléau, en haine des chrétiens, par des maléfices et d’impies sortilèges. La population, furieuse, se jeta sur ces malheureux et en fit un horrible massacre, sans même respecter les enfants au berceau, en vain, quelques personnes plus éclairées élevèrent la voix en faveur de ces victimes innocentes ; l’exemple gagnant de proche en proche, la nation juive eut été entièrement exterminée si l’autorité du Pape n’eut arrêté l’effusion de sang ... ”.

1348     En 1348, cette “ grande pestilence ” remplit Nice d’une affreuse odeur de cadavres, des familles entières trépassaient soudain dans leurs logis et les corps s’y décomposaient.

            Tout le Comté fut atteint par ce fléau. Ilonse, qui aurait compté près de 3000 habitants selon Martel, fut “ cruellement désolé ”. Puget-Théniers et Clans perdirent plus du tiers de leurs populations. Roccasparvièra vit la sienne entièrement décimée comme celle du village des Pugets Treize Dames, situé au nord de St Laurent du Var.

            Codolis et Lamenour, au-dessus du Col de Braus et du Moulinet, connaîtront le même sort funeste.

1391     La peste reprend en 1391 faisant de très nombreuses victimes dans toute la région. Pendant ces pestes, les populations imploraient Saint Sébastien. A Nice, des compagnies de flagellants, dits “ les Battus ”, processionnaient dans la cité, escortant l’image du Saint “ se donnant la discipline ”, criant “ Pace, Pace, Misericordia ! ”.

1405-06        Le pape avignonnais Benoît XIII arrive à Nice avec ses cardinaux le 21 Décembre 1404. Nice et le bas Comté vont être ravagés par la peste pendant toute l’année où il séjournera à Nice. Le chroniqueur Ludovic Revelli rapporte que l’arrivée de l’antipape Pierre de Luna fut marquée par de mauvais présages : “ Au milieu de la foudre et des éclairs un globe de feu, plus grand que la Lune, apparut dans le ciel. La peste ne tarda pas à s’abattre sur la ville ”. La population voulait porter en procession les reliques de Sainte Réparate, patronne de la cité, déposées au couvent des Franciscains de Sainte Croix, mais les moines refusèrent. L’évêque et le pape durent s’en mêler. Après que la procession eut lieu, la peste disparut. Aussi, ce fléau fut-il regardé comme un châtiment du ciel.

1466-67        En 1467, la peste se déclare dans tout le Comté, Nice perd 7833 habitants dont 211 religieux. Le village de Saint Laurent du Var est entièrement vidé, il sera repeuplé en 1488 par trente familles d’Oneglia (l’actuelle Imperia) à l’initiative de l’évêque de Vence.

            Le village de Saint Jean d’Alloche près de la Tour est également dépeuplé de ses habitants. A Roquebrune, la population implore sa patronne N.-D. des Neiges. La peste cessa et les survivants firent le voeu de se rendre tous les ans, le 5 Août, en pèlerinage à la chapelle de la Madonne de la Pausa, en y représentant les mystères de la passion.

1479     La peste sévit surtout à la Turbie et dans les environs, on y implore Saint Roch.

1498     Elle fut si meurtrière que le gouverneur du Comté, René de Tende, attira les juifs expulsés de Rhodes, pour y rétablir l’industrie et le commerce.

1524        L’épidémie sera précédée de sinistres présages : “ On avait vu le jour décliner dans le ciel, trois soleils et la nuit trois lunes dont celle du milieu barrée d’une croix rouge ”.

            Les populations implorèrent plusieurs saints pour la délivrance de la peste, et leur élevèrent des chapelles votives dont la communauté reconnaissante assura les frais. Celles-ci seront le plus souvent consacrées à Saint Sébastien et à Saint Roch, saints antipesteux éprouvés.

1529        Reprise de la peste à Menton et dans ses environs.

1544     La ville de Nice sera très éprouvée.

1550     On compte de nombreuses victimes dans toutes les localités dont plus de 3500 dans la ville de Nice. Les autorités prennent quelques mesures d’hygiène et installent des lazarets. On interdit les déplacements d’une localité à l’autre. On entretient dans les rues des bûchers de cyprès et de plantes aromatiques. On répand des désinfectants, du vitriol, du soufre et de la poix allumée. Les maisons infectées sont marquées d’une croix blanche.

            Les notaires se tiennent dans les rues et se font dicter le testament par la fenêtre. Les confesseurs vêtus de bleu et munis de “ caustiques ” aux bras et aux jambes, circulent de maison en maison, une clochette à la main. On enterre les morts la nuit, loin de l’agglomération dans un cimetière spécial “ le Pestier ”, dont le nom s’est encore maintenu à Levens et Saint Martin Vésubie.

1580     “ Una crudelissima pesta nella città ” écrit Pastorelli, témoin oculaire. Pendant quatre mois, la peste fit des ravages dans tout le Comté. La population de Nice fut réduite à moins du tiers. On évalua le nombre des morts dans le seul faubourg de Sincaire à 5460, ce qui est peut-être exagéré selon Durante. Dans la ville, les cadavres restèrent sans sépulture. La délivrance du fléau s’obtint à la suite d’un voeu adressé à Saint Sébastien.

1631     Plus terrible encore, l’épidémie se déclara à la suite d’une longue sécheresse de neuf mois et d’une cruelle famine. Sept mois durant, de Mai à Novembre, elle infesta Nice et plusieurs villes et villages du Comté. Aux dires des historiens, elle fit plus de 10 000 victimes dans les Alpes-Maritimes, s’étendant également à la Provence et au Piémont.

            A Nice, la moitié de la population fut emportée. On recourut aux forçats du bagne pour ensevelir les cadavres dans des tranchées que l’on recouvrit de chaux vive au quartier de Saint Roch.

            Châteauneuf, Aspremont, La Turbie, L’Escarène, Villefranche, Monaco, Sospel furent touchés. Curieusement, Contes sera épargné. Châteauneuf verra disparaître 336 habitants, Aspremont 73.

            A Monaco, le mal se propageant en Juillet avec une rapidité foudroyante, les habitants furent séquestrés et conduits sous escorte au bord de la mer pour des bains prolongés.

            Le quart de la population sera emporté. On y célèbre encore la procession à la Vierge le 21 Novembre, en souvenir du jour où l’épidémie s’arrêta. Une pluie diluvienne succéda durant plusieurs jours à la terrible période de sécheresse.

1640-50

            On relève quelques cas mortels d’épidémie cholérique à Nice.

1720     Lors de la redoutable peste de Marseille, les populations du Comté ne seront pas atteintes. Rappelons que la Provence comptera alors 87 650 victimes !

1735     Le choléra frappe quelques habitants à Levens. Cette année sera qualifiée “ d’année mortelle ” à cause d’une affreuse épidémie de fièvres malignes, doublant le nombre des décès habituels dans certains villages comme Châteauneuf de Contes.

1764     En Février, une épidémie de choléra atteint la population de Roquebillière et Belvédère dans la vallée de la Vésubie. Cette calamité provoque un élan de ferveur qui se concrétisera par des processions vers les sanctuaires du lieu.

1799-1800

            D’Octobre 1799 à Mars 1800, le typhus fait selon Durante 80 000 victimes à Nice et dans la région. A Contes, 80 personnes jeunes et robustes seront emportées par la maladie.

1818     Une nouvelle épidémie désole la vallée de la Vésubie.

1831-38        Le choléra partit du Bengale en 1826 arrive en Europe en 1830 et touche la France en 1832 pour durer jusqu’en 1838. Il fait son apparition en 1835 à Nice, où deux personnes occupées au nettoyage du port en meurent le
23 Juin. Bien que deux bateaux soient placés en quarantaine, l’administration sarde parle de “ miasmes ” propagés par le bagne de Villefranche (un des morts était un forçat).

            Au mois de Juillet, on transfère les forçats au lazaret, où l’on relève 110 cas sur 600 personnes et 62 décès dont 48 forçats.

            De Juillet à Septembre, on recense 401 décès à Nice soit 230 de plus qu’une année normale. Les chiffres sont peu élevés pour la population de Nice, estimée à 26 000 habitants. Mais ils sont concentrés sur une faible durée ce qui frappe l’esprit des Niçois.

            Dès 1834, devant l’importance de l’épidémie en France, un cordon sanitaire avait pourtant été établi sur le Var. C’est ce qui arrêta Lord Brougham désireux de venir à Nice, lui faisant rebrousser chemin jusqu’à un petit village de pêcheurs : Cannes, qui le séduisit.

            Châteauneuf de Contes, l’Escarène et Touët de l’Escarène seront également touchés par la maladie en Juillet et Août 1835 avec 44 et 25 décès pour ces deux dernières communes.

            A la suite d’un voeu de la municipalité niçoise de 1833, celle-ci fera édifier une église (l’église du Voeu) inaugurée en 1852, pour remercier N.-D. des Grâces d’avoir épargné la ville du choléra asiatique.

            Des rumeurs de choléra en 1834 et 1835 autour de Nice à Cimiez et Levens provoquent des cérémonies votives annuelles au mois d’Août.

1857        Epidémie de grippe avec plusieurs cas mortels à Coursegoules.

1871        Epidémie de petite vérole à Bendejun.

            La lèpre qui suscite l’effroi et la répulsion depuis le Moyen Age existait à l’état endémique dans l’ancien Comté et se maintint dans les Alpes-Maritimes jusqu’en 1930.

  

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

  

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20/11/2010

LES TREMBLEMENTS DE TERRE DANS LES ALPES MARITIMES

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Les tremblements de terre sont un mal chronique des Alpes-Maritimes, les spécialistes indiquent de façon formelle que la région est dans “ une zone sismiquement active ”. Aussi, les annales signalent au fil des siècles des secousses telluriques régulières, affolant les populations par leurs effets destructeurs.

Les tremblements proviennent de ce gigantesque mécanisme de collision entre l’Afrique et l’Europe, le fameux phénomène tectonique des plaques, qui a d’ailleurs donné naissance aux Alpes. Cette collision est toujours active dans le domaine alpin. Les Alpes-Maritimes restent la zone la plus concernée de l’arc alpin, là où le choc frontal s’impose particulièrement dans la partie est du département au voisinage de la frontière et dans le nord du Mercantour. La sismicité, bien qu’aujourd’hui surveillée, ne permet pas encore la prévision de séismes ni la nature de leur ampleur.

Maintes fois, ces mouvements du sol malmenèrent effroyablement les pauvres villages plantés sur le roc, sur les crêtes ou accrochés au flanc de la montagne. Le massif hérissé entre Vésubie et Bévéra s’avère effectivement le plus exposé. La toponymie rappelle dans le dialecte les lieux soumis aux caprices des ébranlements sismiques comme à la poussée souterraine des sources, en les désignant sous les noms de “ concas ”, “ créma ” ou “ crémat ”.

566      La première mention dans un manuscrit d’un tremblement de terre à Roquebillière apparaît à cette date.

614        Toujours à Roquebillière, des dégâts considérables sont signalés cette année là, sous le règne de Clotaire II.

1226     Un tremblement de terre à Nice et dans toute la Provence provoque plus de 5 000 morts.

1494     Le 23 Juin à Lantosque, Roquebillière et dans les environs, les maisons s’écroulent secouées par un tremblement de terre. D’énormes masses de pierrailles dévalent des hauteurs et écrasent les fermes.

1556     Le 20 Avril, sous les violentes secousses d’un séisme, des éboulements emportent des fermes à Lantosque. La Bollène est en grande partie détruite et plus de 150 personnes périssent sous les décombres. Le village de Lauda sera complètement anéanti.

1564     Le 20 Juillet, une heure avant le coucher du soleil, se produisit le plus terrible tremblement de terre qui ait été jamais ressenti dans le Comté. Plusieurs historiens de la Provence et plusieurs annalistes italiens en ont fait un récit très détaillé, d’après les relations de divers témoins oculaires de l’horrible catastrophe.

            De nombreuses ondulations, dans la direction Nord-Sud, ébranlèrent le sol semant la terreur parmi la population. Les violentes secousses se succédèrent dans tout le Comté de Nice, détruisant beaucoup de maisons et d’édifices publics. A Nice, presque toutes les maisons furent lézardées, les puits tarirent et la mer subitement tourmentée par d’affreuses convulsions s’élança sur la plage et dépassa ses limites habituelles.

            Dans la vallée de la Vésubie, le hameau de Gordolon (près de Roquebillière) fut détruit de fond en comble et il n’en resta plus qu’une chapelle actuellement en ruines. La Bollène, Venanson, St Martin Vésubie, Belvédère (80 morts), Roquebillière, seront en partie ensevelis sous les rochers qui se détacheront de la montagne.

            Les eaux de différentes sources devinrent chaudes et sulfureuses. Le Dr. Fodéré rapporte qu’on vit des flammes jaillir des entrailles de la terre. Il attribue ce phénomène à une éruption volcanique.

            Ce tremblement de terre eut un grand retentissement en Europe et éveilla la curiosité des plus célèbres physiciens de l’époque. La Bollène, en particulier, déjà si éprouvée par le tremblement de terre de 1556, sera entièrement détruite. Les trois quarts des habitants furent tués et les autres blessés (selon Laurenti et Lubonis). D’après Blancardi, le nombre de morts y fut de 600. D’ailleurs, cette malheureuse commune n’a pas cessé de compter des victimes à chacun des tremblements de terre qui suivirent. Il est précisé que lors de celui-ci, 260 victimes furent “ ensevelies dans les ruines de leurs maisons comme dans des tombes, ainsi qu’il résulte d’une inscription gravée autrefois sur un mur de la sacristie paroissiale et des dépositions des témoins oculaires conservées aux archives ”. Dans l’ouvrage “ Histoire de la Provence ”, on insiste : “ Par ce tremblement de terre, Bollène a été ruinée de fond en comble ”.

            Roquebillière et Belvédère seront à moitié détruites : “ A Roccabilliera, assai gente peri nella chiesa ” (Bonifacy). On y dénombra 300 morts. A Clans, 14 maisons s’écroulèrent, un grand nombre d’habitants furent écrasés sous les ruines et beaucoup de bétail tué. A Venanson, l’église et quelques maisons seront renversées, le curé tué ainsi que dix autres personnes. Dans la Vésubie, le Duc de Savoie viendra voir les dégâts sur place. Mais au-delà à Roccasparvièra, Lucéram et Toudon les dommages furent aussi considérables. Des rochers déplacés par la violence du séisme obstruèrent la clue de la Vésubie. On vit même s’abaisser le fond de la rade de Villefranche.

            Après chacun des séismes affectant la vallée de la Vésubie, les populations éprouvées firent des pèlerinages au sanctuaire de N.-D. de Fenestre.

1612     Le 31 Décembre, nouveau violent séisme, un des plus important de ce millénaire (selon Garino).

1618        Plusieurs secousses se font sentir les 14, 16 et 18 Janvier. Mais celles du 18 Janvier seront les plus redoutables. “ Ce jour là vers 8 heures, un grand tremblement de terre se produisit, qui occasionna des dégâts immenses dans le pays et en particulier au village de Roccasparvièra et de Coaraze et entre autres lieux de montagne, faisant tomber des maisons, des églises et des rochers de la montagne.

            C’est pour cela que les habitants de la Bollène, Lantosque et d’autres localités, s’enfuirent et allèrent habiter à la campagne, dans des cabanes ou sous des tentes, dans les meilleures conditions possibles ” (Scaliero).

1644     “ Le 15 Janvier, tout le long de la Côte, depuis Nice où la secousse fut très violente jusqu’à Marseille, où l’ondulation arriva en s’affaiblissant par degrés.

            A Nice et dans une partie du Comté, il y eut six secousses, on assure que la première dura l’espace d’un miserere ce qui ne donne pas sa durée précise : 14 villages furent à moitié ruinés, deux grands châteaux presque renversés, une montagne fut arraché de ses fondements et le village de Châteauneuf près de Nice entièrement détruit. Il parait que c’est au-dessous de ce village qu’était le foyer des mouvements puisqu’on y éprouva des secousses durant plusieurs jours ”.

            Gioffredo et Scaliero indiquent une secousse sismique le 15 Février affectant les montagnes des Alpes-Maritimes et en particulier les villages de Belvédère et Roquebillière.

            A Lantosque, il renversa l’église et plusieurs maisons et ensevelit vivants un grand nombre d’habitants.

1818     Le 24 Février, reprise de l’activité sismique.

1854     Le 30 Décembre, à 3 heures du matin, des secousses sismiques lézardent des maisons de toute la région.

1887     Le 23 Février, Mercredi des cendres, à 6 heures 5 minutes et à 8h30 du matin, un violent tremblement de terre est ressenti de Gênes à Marseille causant de grandes destructions dans tout le département.

            Le séisme ébranle les maisons dans toute la contrée, fait effondrer tout le village de Castillon, plusieurs constructions à Châteauneuf de Contes, La Bollène, Clans, au Cros d’Utelle, lézardant nombre d’églises dont celle du sanctuaire de Laghet que l’on ferma pour cause de danger.

            A Nice, de nombreuses maisons sont abîmées ; on compte un mort, une dizaine de blessés graves et 1001 sinistrés. Monaco n’éprouve que des tressaillements. A Menton, les voûtes des églises et chapelles sont crevées, des centaines de maisons effondrées ou disloquées. La ville ressemble à une place ruinée par un bombardement. Au-delà de Menton, le malheur devient désastre.

            Porto Maurizio, Oneglia et tant d’autres petites villes sont au trois quarts détruites. Plus de 2000 victimes ensevelies sous les décombres, de Vintimille à Savone, 500 à Diano-Marina. "La première émotion apaisée, les populations organisent des pèlerinages. Quand, d’une seule chute, Diano-Marina s’effondre, ce qui reste de la foule décimée se rend dans une chapelle sans toit, se presse sous la statue de Marie, implore la Mère de Celui qui sauva le monde" (S. Liégeard).

            Classé de magnitude 6,4, ce séisme raya entièrement de la carte le village de Bussana Vecchia, près de San Remo.

            Dans certains villages des Alpes-Maritimes comme à Berre, les sinistrés s’abritent dans les caves et les corridors des maisons afin d’être le plus près possible de la sortie en cas de nouvelles secousses. Effarée, la population tente de s’organiser alors que les pouvoirs publics tardent dans la mise en place des premiers secours.

            Très vite, on essaie de calmer les esprits pour ne pas effrayer la riche clientèle internationale qui, l’hiver, vient se prélasser au soleil, alors qu’à Paris on relate dans la presse les moindres faits.

            L’émotion passée, les réflexes de la ferveur traditionnelle entraînèrent les Niçois en pèlerinage à N.-D. de Cimiez, ailleurs la pieuse confiance s’exprima également en direction des sanctuaires de Laghet, N.-D. de Fenestre et des Miracles.

1909     Le Sud-Est est à nouveau frappé par un séisme, à Nice on observe à cette occasion un spectaculaire raz de marée qui n’occasionnera que des dégâts matériels limités. Les deux chocs principaux ressentis sur le littoral ces dernières années d’une magnitude de 4,5 remontent au 26 Décembre 1989 et au 14 Avril 1990.Le département des Alpes-Maritimes n’a plus connu de séismes graves depuis un siècle. Résultat, la mémoire collective s’est endormie. Pour les mêmes raisons qu’au XIXème siècle, le tourisme, l’économie, personne n’aime parler des tremblements de terre. Pourtant, Nice est placé sur une faille. Si les risques sont réels, la localisation dans le temps est impossible et les annales témoignent de la variabilité imprévisible de ces phénomènes destructeurs.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

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13/11/2010

CATACLYSMES NATURELLES DES ALPES MARITIMES, CHRONOLOGIE

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Les pluies et les Inondations

Les pluies extraordinaires et les inondations consécutives seront au long des siècles tout aussi destructrices.

1094     Une terrible inondation emporte tous les moulins de Roquebillière.

1330     La pluie va tomber six mois durant sans discontinuer détruisant l’ensemble des récoltes. La misère la plus noire va sévir dans le Comté ainsi que la famine et la maladie qui emporteront le tiers de la population.

1525     Le 20 Octobre, à Puget-Théniers, la crue des torrents anéantit des quartiers d’habitation.

1530     “ Des pluies continuelles pendant l’été et l’automne 1530 ruinèrent entièrement les récoltes.

            Le Dimanche 9 Octobre, les campagnes essuyèrent une inondation générale. Le Var et le Paillon couvrirent de leurs eaux orageuses toute la plaine qui s’étend le long des collines, renversant murailles, maisons et arbres. Ces inondations firent plus de 300 morts à Nice.

            La peste suivit, s’étendit du midi vers le Nord, elle emporta Jeanne de Savoie ”. Durante après Gioffredo nous a conservé les noms de plusieurs riches gentilshommes qui se dévouèrent lors de la grande inondation du Paillon.

            Les habitants du faubourg Sincaire abandonnèrent leurs foyers pour chercher asile dans l’intérieur de la ville. Le faubourg Sincaire s’étendait le long du quartier de Riquier, où s’élevaient plusieurs couvents.

            Le Paillon coulait entre la ville de Nice et son faubourg, qu’il séparait dans toute son étendue. Il a souvent “ semé la dévastation ” sur ses deux rives.

            Ludovic Revelli indique à propos de cette inondation de 1530 : “ La violence des eaux fut telle que la plaine de Roquebillière et de Lympia en furent couvertes, aucune partie du sol ne paraissait plus ”. L’année suivante, le pont fut reconstruit plus solidement aux frais de la ville. Les trois quarts de la population y travaillèrent avec une ardeur infatigable. L’évêque attacha le bénéfice d’indulgences à cette œuvre d’utilité publique.

1576        Nouvelle crue signalée à Nice.

1596     Pluie ininterrompue du 22 Septembre à la fin Mai. A la même époque, des inondations dues à des débordements de torrents de montagne anéantissent des quartiers d’Isola, Entraunes et la Brigue.

1601     Le 15 Août, un gros nuage provoqua une inondation telle “ que le territoire de Nice n’en avait connu de pareil depuis plusieurs siècles ”. Des pluies torrentielles dévastèrent toute la plaine et les collines jusqu’au Var, entraînant tout sur leur passage.

            Le Paillon déborda renversant les remparts sur la rive gauche et les maisons du faubourg St Jean Baptiste sur la rive droite. Une partie du pont St Antoine fut emportée, on le répara en plaçant sur une arcade une statue de la Madone.

1610        Villeneuve d’Entraunes, situé dans la haute vallée du Var, fut ravagé plusieurs fois par les débordements du torrent du Bourdous. La chapelle votive de N.-D. des Grâces conserve un grand tableau ex-voto en souvenir d’un sinistre analogue survenu en 1610.

1616     Le 29 Novembre, le Paillon emporta deux arches du pont à Nice, et la Vésubie renversa 22 maisons à Lantosque. Leur effondrement causa la mort de plusieurs personnes.

1743     Le 22 Février, tout un quartier de Roquebillière est détruit par une inondation.

1751        Nouveau débordement du Paillon qui, modifiant son cours, se jette dans le port Lympia.

1772     Le 29 Septembre, une crue catastrophique provoque de sérieux dégâts à Roquebillière.

1800     “ En Novembre 1800, la jolie plaine de Drap est inondée par les eaux du vallon de Châteauneuf, et les dommages furent irréparables ” (Abbé Raveu).

1802     “ Les 20 et 21 Novembre, de fortes pluies sur les montagnes des environs de Nice déclenchèrent de terribles inondations au quartier de l’Abre et de la Bourgade. Les eaux furieuses du Paillon entrèrent dans l’église et dans les maisons. Les dégâts furent considérables ; on a prétendu qu’ils s’élevèrent à deux millions ” (Bonifacy).

1828     En Mai, a Bendejun et dans le canton de Contes, une pluie abondante et persistante emporta au sol la récolte d’olives. Les habitants ne purent les ramasser et les faire triturer rapidement. Imbibées d’eau, les olives ne pouvant se conserver furent perdues.

1889-92        Violentes crues destructrices dans la Moyenne Vésubie.

Sécheresses, famines

Toute aussi préjudiciable, la sécheresse va semer la désolation au cours des siècles avec son cortège de misère et de famine.

1138     “ On éprouva depuis le 1er Mai 1138 jusqu’à la fin Mars de l’année suivante, une sécheresse si grande qu’à peine tomba-t-il une pluie aussi légère que la rosée du matin. Toutes les sources tarirent, celles qui, auparavant, étaient abondantes même dans le fort de l’été ne fournissaient pas cette année là, de l’eau pour boire dans le cœur de l’hiver ... La mauvaise qualité des aliments jointe aux influences malignes d’un air embrasé suffirent pour occasionner la plus grande mortalité. L’année suivante, les arbres périrent en grand nombre ”.

1364        Longue période de sécheresse.

1500     La sécheresse débute cette année là pour persister cinq années durant. Le sol reste stérile et la population manquant de vivres fut poussée au ésespoir.

 1630     Il ne plut pas pendant neuf mois, faute de récolte, une famine s’ensuivit.

1660     “ La plupart des habitants des montagnes furent réduits à se nourrir d’herbes et de racines sauvages ” (Alberti).

1733-34 Durante indique une sécheresse exceptionnelle. Aucune pluie ne tombe pendant deux ans et demi. Les habitants de Contes, Tourrette, etc ... conduisaient leurs troupeaux jusqu’au Var pour les abreuver.

            Aussi ce furent deux années d’affreuse famine. Plusieurs personnes durent se nourrir de glands, de baies de genièvre, de paille hachée, de racines, car même l’herbe n’avait pu pousser.

            Ces privations provoquèrent une épidémie qui fit un grand nombre de victimes de tous âge dans l’ensemble du Comté.

            A Nice, en dépit d’une procession à St Alexandre et de pénitences, la sécheresse ne prit fin qu’à la St Michel de 1734. L’historien Bonifacy précise : “ A Contes, beaucoup se nourrissaient de glands, heureusement il y en avait d’une saveur douce. Les vieux du pays racontent encore ce qu’ils avaient entendu de cette terrible calamité. A Lucéram, on allait abreuver les bœufs et le gros bétail à la rivière (St Jean la Rivière, au bord de la Vésubie)  On construisit des moulins au Var, vu que les sources avaient séché, ainsi que les eaux qui alimentaient les moulins de campagne. Ce fléau s’étendit à tout le Comté. Une pluie abondante vint vers la fin Septembre 1734 ”.

            A cause de cette grande sécheresse, 1734 fut surnommée “ l’année mortelle ”.

1802     La maladie des oliviers est imputée à la sécheresse.

1816-17

            Cette année va connaître une des plus grandes sécheresses vécues dans le Comté de Nice.

            “ Le 23 Juin 1816, l’atmosphère se couvrit de nuages noirs, le ciel était menaçant, nous nous attendions à quelques orages proches lorsqu’une pluie douce et tranquille vint d’abord arroser notre sol brûlant, mais bientôt succéda un déluge et ce que l’on avait peine à croire, c’est qu’en dépit de la saison, l’eau tombait à gros bouillon se montrant toujours au même degré et ne discontinuant que sur la fin du quatrième jour. Tous les torrents grossirent, débordèrent et dévastèrent tout ce qui s’opposa à leur passage. Depuis cette époque, le ciel se ferma à la pluie et se montra sec obstinément jusqu’à la nuit du 12 au 13 Avril 1817 ”.

            La sécheresse fut telle, que la ville de Nice fut obligée de prendre des mesures pour faire construire des moulins à farine sur la rive droite du Var ; on fut tenté de faire des moulins à vent !

            “ Les sources avaient tellement décru que le petit nombre qui en restait fut loin de pouvoir suppléer aux besoins journaliers ”.

1845-1851-1877

            Les chroniques mentionnent des processions répétées en vue d’obtenir la pluie.

Destruction des récoltes par les insectes

Autres agents dévastateurs des campagnes : les insectes et chenilles qui apporteront leur lot de misère tout au long des siècles.

1364     Fin Mai, à la suite d’une longue sécheresse un vent impétueux et violent souffla du fond de l’Afrique apportant dans les Alpes-Maritimes et la Provence une invasion de sauterelles.

            Ces prédateurs obscurcirent le ciel de leurs nuages avant de tomber au sol pour y dévorer l’herbe, les plantes et jusqu’aux feuilles des oliviers. Un témoin indique : “ Tout ce qui peut leur servir de nourriture fut dévoré en un instant, et on eut dit que le feu y était passé ”.

            La Reine Jeanne vint au secours des habitants en leur faisant envoyer du blé et des légumes de la Sicile et du Royaume de Naples.

1601     En plus des terribles inondations signalées plus haut, il y eut un autre fléau tout aussi déplorable. Des nuées d’insectes dénommés “ vers-chenilles ” détruisirent toutes les récoltes, n’épargnant pas même les feuilles des arbres.

Les ouragans

Plus subits et destructeurs, les ouragans ont laissé leur trace redoutable dans la mémoire collective. Leur soudaine brutalité a surpris à plusieurs reprises les habitants des Alpes-Maritimes toujours désarmés face à ces tornades dévastatrices.

1516     Le 15 Septembre, une tempête épouvantable ravage le littoral. Les dégâts seront nombreux dans tout le Comté de Nice, où l’on ne compte pas les arbres déracinés et les toitures envolées.

            A Nice, les toits des maisons furent arrachés, la darse ensablée et les remparts de la Marine crevés par les flots à l’occasion de ce formidable coup de vent d’ouest.

            A Villefranche, beaucoup de maisons seront abattues par le vent, alors que dans la rade 26 vaisseaux ayant rompu leurs chaînes se brisèrent sur les rochers. A Monaco, les assises du rocher tremblaient sous les assauts de la mer en furie. Bosio rapporte : “ le clergé sortit processionnellement, portant le Saint Sacrement et les reliques des Saints. Le Prince Lucien et Anne de Pontevès sa femme marchaient derrière, ceints d’une corde. Les habitants les suivaient marchant pieds nus ”.

1536     Une forte tempête se lève le 24 Septembre. Elle engloutit 24 navires à Nice et à Villefranche.

1576     Un ouragan détruit sept galères.

1732     Un très violent orage détruit presque la totalité des récoltes.

1857     Le 19 Octobre, un ouragan se déchaîne sur la ville de Nice entre quatre et cinq heures. Un très violent vent d’est, accompagné de pluie, emporte de nombreux arbres.

            Des oliviers centenaires seront déracinés. Des meules de paille sont emportées comme de simples fétus. Les dégâts furent considérables dans la ville.

            L’orage ne se termina qu’à 22 heures, mais les pluies continuèrent pendant trois jours.

Eboulements en montagne

Le relief accidenté des Alpes-Maritimes le prédispose naturellement aux mouvements de terrain. Les chroniques nous transmettent les plus spectaculaires d’entre eux.

1612     “ Ce qui ne fut ailleurs qu’une secousse sismique se traduisit en catastrophe dans le Val de Blore : une crevasse s’ouvrit dans le sol, des flammes jaillirent et brûlèrent le petit village de Saint Jacques, que l’on a reconstruit plus bas sous le nom de la Bolline avec St Jacques pour patron. Une dalle rustique marque l’emplacement du village disparu : “ Hic omnes disparuerunt recquiesant in pace - 1612 ” (P. Canastrier).

            Un phénomène analogue, d’origine volcanique se produisit à la même époque sur le mont Raton, près de Beuil. Le savant Peyresc y fit prélever des fragments de lave vomie au cours de l’irruption.

1694     A la suite de pluies abondantes, une partie du village de Lucéram est emporté par une formidable masse de terre et pierrailles, partie du quartier dit la Terra sur les contreforts du Mont Auri.

1926     Dans la nuit du 24 au 25 Novembre, la veille de la grande foire de la Ste Catherine, un sinistre effroyable vint semer l’épouvante et la consternation dans le village de Roquebillière.

            Après plusieurs jours de fortes pluies, une crevasse se produisit au nord de Belvédère, puis, brusquement, une immense masse de terrain s’abattit sur la partie sud du village de Roquebillière, ensevelissant 15 maisons et causant la mort de 19 personnes. La catastrophe se produisit à trois heures du matin, au milieu de l’obscurité la plus complète. Ce ne fut qu’avec le jour que l’on put se rendre compte de l’ampleur du désastre. Les secours affluèrent de tous côtés, mais on ne put rien entreprendre de peur de provoquer un nouveau glissement de terrain.

            Il fallut se résigner à abandonner les morts au sein des décombres et le village dû être évacué. Le malheureux Roquebillière détruit pour la troisième fois au cours des siècles, sera reconstruit au quartier du Cros selon le désir des survivants. Une croix est plantée au-dessus de la masse d’éboulis, tous les ans une cérémonie commémorative y est célébrée.

1948     Le 31 Janvier, un flanc de la montagne glisse à 3km en aval de Puget-Théniers, barrant le lit du Var et formant un immense lac artificiel auquel les Services Techniques durent trouver une issue. Aucune victime ne sera à déplorer.

La foudre et les incendies

Autre composante néfaste des orages, la foudre qui souvent a provoqué des dégâts considérables en déclenchant des incendies. J.B. Martel dans sa monographie de Châteauneuf de Contes, a recensé en 1677, 1670, 1871, 1876, 1879 et 1906 des décès de personnes du lieu, frappées par la foudre dans des circonstances diverses. Il signale en particulier les dégâts sérieux de la nuit du 23 Février 1879 où la foudre tombant sur l’église endommagea le clocher, la toiture et brisa les vitres des habitations voisines.

Nul doute que des atteintes similaires ont endeuillé et détruit des villages du Comté de Nice, bien que non signalées dans les annales consultées.

1470     Le 25 Janvier, le feu consume une grande partie de St Martin Vésubie. Fabriques de draps, entrepôts de laine et marchandises diverses d’une valeur de 160.000 florins or sont la proie des flammes.

            Depuis cet événement, la population effectue annuellement un pèlerinage spécial au sanctuaire de N.-D. de Fenestre qui préserva plusieurs quartiers du bourg et épargna les habitants.

            Dans l’église paroissiale de Saorge, un bas relief atteste là encore de la protection du village, menacé d’un incendie, par la Vierge aidée de
St Claude. Dans les villages de montagne, les toits serrés de bardeaux de mélèze furent de tout temps exposés à devenir la proie du moindre incendie.

            On relève en :

1565     Celui qui détruisit Villeneuve d’Entraunes et trois autres à Entraunes en l’espace d’un siècle !

1594     Le 19 Juillet, St Etienne flambe à l’exception de son beau clocher en pierres de taille.

1682     Le feu ravagea la citadelle de Guillaumes, et commença à dévorer le bourg lorsque la Vierge l’aurait protégé.

            Un imposant tableau de 1722, placé dans la chapelle champêtre de N.-D. du Buey la représente planant au-dessus de Guillaumes menacé. Les soldats et les habitants emportent les enfants et les malades, déménageant hâtivement les hardes et les meubles.

1924        Villeneuve d’Entraunes est à nouveau partiellement détruit par le feu.

1929     En Août, St Etienne de Tinée est encore ravagé par les flammes.

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

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