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28/11/2010

LES ÉPIDÉMIES DANS LES ALPES MARITIMES

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De temps immémoriaux, des maladies diverses se sont répandues pour frapper régulièrement les populations de l’Europe. Les habitants des Alpes-Maritimes ne furent pas épargnés, payant un lourd tribu à la plus redoutée - la peste - avant de subir plus tard le choléra.

Ce fléau semait l’épouvante, foudroyant périodiquement les gens après des phases de rémission d’une durée variable. L’entassement des agglomérations, l’absence d’hygiène, la misère et la disette qui s’en suivait offraient un terrain propice au développement d’épidémies graves, désignées confusément sous le nom de peste.

542-43  La première peste qui toucha la région est dite de Justinien (en référence au règne de cet empereur byzantin). Elle sévit en 542-543. Cette peste bubonique décrite par Procope frappa l’ensemble du bassin méditerranéen. Ce fut la première pandémie pesteuse sûre. Elle aurait emporté la population du premier village de Gréolières.

1327     La deuxième pandémie se situe au Moyen Age, elle débute en 1327 ; elle emporte la population du Vieux-Castel à Ilonse ainsi que celle du premier village d’Aspremont et d’une partie du bourg de Tende.

1346-53        L’épidémie se poursuit ensuite de 1346 à 1353. Venue de l’Inde par la Méditerranée, elle s’étend à l’Europe entière, anéantissant presque la moitié de la population. Ses ravages vont se prolonger pendant trois siècles. En 1348, Froissard écrira qu’elle détruisit “ la tierce partie du monde ”.

1347        Durante signale : “ Des juifs venus de Marseille la portèrent à Nice au commencement du mois de Juillet de 1347. La mortalité y fut extrême jusqu’à la fin de l’automne ... Dès que la peste eut ralenti sa violence, un aveugle préjugé attribua aux juifs d’avoir provoqué ce fléau, en haine des chrétiens, par des maléfices et d’impies sortilèges. La population, furieuse, se jeta sur ces malheureux et en fit un horrible massacre, sans même respecter les enfants au berceau, en vain, quelques personnes plus éclairées élevèrent la voix en faveur de ces victimes innocentes ; l’exemple gagnant de proche en proche, la nation juive eut été entièrement exterminée si l’autorité du Pape n’eut arrêté l’effusion de sang ... ”.

1348     En 1348, cette “ grande pestilence ” remplit Nice d’une affreuse odeur de cadavres, des familles entières trépassaient soudain dans leurs logis et les corps s’y décomposaient.

            Tout le Comté fut atteint par ce fléau. Ilonse, qui aurait compté près de 3000 habitants selon Martel, fut “ cruellement désolé ”. Puget-Théniers et Clans perdirent plus du tiers de leurs populations. Roccasparvièra vit la sienne entièrement décimée comme celle du village des Pugets Treize Dames, situé au nord de St Laurent du Var.

            Codolis et Lamenour, au-dessus du Col de Braus et du Moulinet, connaîtront le même sort funeste.

1391     La peste reprend en 1391 faisant de très nombreuses victimes dans toute la région. Pendant ces pestes, les populations imploraient Saint Sébastien. A Nice, des compagnies de flagellants, dits “ les Battus ”, processionnaient dans la cité, escortant l’image du Saint “ se donnant la discipline ”, criant “ Pace, Pace, Misericordia ! ”.

1405-06        Le pape avignonnais Benoît XIII arrive à Nice avec ses cardinaux le 21 Décembre 1404. Nice et le bas Comté vont être ravagés par la peste pendant toute l’année où il séjournera à Nice. Le chroniqueur Ludovic Revelli rapporte que l’arrivée de l’antipape Pierre de Luna fut marquée par de mauvais présages : “ Au milieu de la foudre et des éclairs un globe de feu, plus grand que la Lune, apparut dans le ciel. La peste ne tarda pas à s’abattre sur la ville ”. La population voulait porter en procession les reliques de Sainte Réparate, patronne de la cité, déposées au couvent des Franciscains de Sainte Croix, mais les moines refusèrent. L’évêque et le pape durent s’en mêler. Après que la procession eut lieu, la peste disparut. Aussi, ce fléau fut-il regardé comme un châtiment du ciel.

1466-67        En 1467, la peste se déclare dans tout le Comté, Nice perd 7833 habitants dont 211 religieux. Le village de Saint Laurent du Var est entièrement vidé, il sera repeuplé en 1488 par trente familles d’Oneglia (l’actuelle Imperia) à l’initiative de l’évêque de Vence.

            Le village de Saint Jean d’Alloche près de la Tour est également dépeuplé de ses habitants. A Roquebrune, la population implore sa patronne N.-D. des Neiges. La peste cessa et les survivants firent le voeu de se rendre tous les ans, le 5 Août, en pèlerinage à la chapelle de la Madonne de la Pausa, en y représentant les mystères de la passion.

1479     La peste sévit surtout à la Turbie et dans les environs, on y implore Saint Roch.

1498     Elle fut si meurtrière que le gouverneur du Comté, René de Tende, attira les juifs expulsés de Rhodes, pour y rétablir l’industrie et le commerce.

1524        L’épidémie sera précédée de sinistres présages : “ On avait vu le jour décliner dans le ciel, trois soleils et la nuit trois lunes dont celle du milieu barrée d’une croix rouge ”.

            Les populations implorèrent plusieurs saints pour la délivrance de la peste, et leur élevèrent des chapelles votives dont la communauté reconnaissante assura les frais. Celles-ci seront le plus souvent consacrées à Saint Sébastien et à Saint Roch, saints antipesteux éprouvés.

1529        Reprise de la peste à Menton et dans ses environs.

1544     La ville de Nice sera très éprouvée.

1550     On compte de nombreuses victimes dans toutes les localités dont plus de 3500 dans la ville de Nice. Les autorités prennent quelques mesures d’hygiène et installent des lazarets. On interdit les déplacements d’une localité à l’autre. On entretient dans les rues des bûchers de cyprès et de plantes aromatiques. On répand des désinfectants, du vitriol, du soufre et de la poix allumée. Les maisons infectées sont marquées d’une croix blanche.

            Les notaires se tiennent dans les rues et se font dicter le testament par la fenêtre. Les confesseurs vêtus de bleu et munis de “ caustiques ” aux bras et aux jambes, circulent de maison en maison, une clochette à la main. On enterre les morts la nuit, loin de l’agglomération dans un cimetière spécial “ le Pestier ”, dont le nom s’est encore maintenu à Levens et Saint Martin Vésubie.

1580     “ Una crudelissima pesta nella città ” écrit Pastorelli, témoin oculaire. Pendant quatre mois, la peste fit des ravages dans tout le Comté. La population de Nice fut réduite à moins du tiers. On évalua le nombre des morts dans le seul faubourg de Sincaire à 5460, ce qui est peut-être exagéré selon Durante. Dans la ville, les cadavres restèrent sans sépulture. La délivrance du fléau s’obtint à la suite d’un voeu adressé à Saint Sébastien.

1631     Plus terrible encore, l’épidémie se déclara à la suite d’une longue sécheresse de neuf mois et d’une cruelle famine. Sept mois durant, de Mai à Novembre, elle infesta Nice et plusieurs villes et villages du Comté. Aux dires des historiens, elle fit plus de 10 000 victimes dans les Alpes-Maritimes, s’étendant également à la Provence et au Piémont.

            A Nice, la moitié de la population fut emportée. On recourut aux forçats du bagne pour ensevelir les cadavres dans des tranchées que l’on recouvrit de chaux vive au quartier de Saint Roch.

            Châteauneuf, Aspremont, La Turbie, L’Escarène, Villefranche, Monaco, Sospel furent touchés. Curieusement, Contes sera épargné. Châteauneuf verra disparaître 336 habitants, Aspremont 73.

            A Monaco, le mal se propageant en Juillet avec une rapidité foudroyante, les habitants furent séquestrés et conduits sous escorte au bord de la mer pour des bains prolongés.

            Le quart de la population sera emporté. On y célèbre encore la procession à la Vierge le 21 Novembre, en souvenir du jour où l’épidémie s’arrêta. Une pluie diluvienne succéda durant plusieurs jours à la terrible période de sécheresse.

1640-50

            On relève quelques cas mortels d’épidémie cholérique à Nice.

1720     Lors de la redoutable peste de Marseille, les populations du Comté ne seront pas atteintes. Rappelons que la Provence comptera alors 87 650 victimes !

1735     Le choléra frappe quelques habitants à Levens. Cette année sera qualifiée “ d’année mortelle ” à cause d’une affreuse épidémie de fièvres malignes, doublant le nombre des décès habituels dans certains villages comme Châteauneuf de Contes.

1764     En Février, une épidémie de choléra atteint la population de Roquebillière et Belvédère dans la vallée de la Vésubie. Cette calamité provoque un élan de ferveur qui se concrétisera par des processions vers les sanctuaires du lieu.

1799-1800

            D’Octobre 1799 à Mars 1800, le typhus fait selon Durante 80 000 victimes à Nice et dans la région. A Contes, 80 personnes jeunes et robustes seront emportées par la maladie.

1818     Une nouvelle épidémie désole la vallée de la Vésubie.

1831-38        Le choléra partit du Bengale en 1826 arrive en Europe en 1830 et touche la France en 1832 pour durer jusqu’en 1838. Il fait son apparition en 1835 à Nice, où deux personnes occupées au nettoyage du port en meurent le
23 Juin. Bien que deux bateaux soient placés en quarantaine, l’administration sarde parle de “ miasmes ” propagés par le bagne de Villefranche (un des morts était un forçat).

            Au mois de Juillet, on transfère les forçats au lazaret, où l’on relève 110 cas sur 600 personnes et 62 décès dont 48 forçats.

            De Juillet à Septembre, on recense 401 décès à Nice soit 230 de plus qu’une année normale. Les chiffres sont peu élevés pour la population de Nice, estimée à 26 000 habitants. Mais ils sont concentrés sur une faible durée ce qui frappe l’esprit des Niçois.

            Dès 1834, devant l’importance de l’épidémie en France, un cordon sanitaire avait pourtant été établi sur le Var. C’est ce qui arrêta Lord Brougham désireux de venir à Nice, lui faisant rebrousser chemin jusqu’à un petit village de pêcheurs : Cannes, qui le séduisit.

            Châteauneuf de Contes, l’Escarène et Touët de l’Escarène seront également touchés par la maladie en Juillet et Août 1835 avec 44 et 25 décès pour ces deux dernières communes.

            A la suite d’un voeu de la municipalité niçoise de 1833, celle-ci fera édifier une église (l’église du Voeu) inaugurée en 1852, pour remercier N.-D. des Grâces d’avoir épargné la ville du choléra asiatique.

            Des rumeurs de choléra en 1834 et 1835 autour de Nice à Cimiez et Levens provoquent des cérémonies votives annuelles au mois d’Août.

1857        Epidémie de grippe avec plusieurs cas mortels à Coursegoules.

1871        Epidémie de petite vérole à Bendejun.

            La lèpre qui suscite l’effroi et la répulsion depuis le Moyen Age existait à l’état endémique dans l’ancien Comté et se maintint dans les Alpes-Maritimes jusqu’en 1930.

  

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

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